Hae sunt coniecturae quibus antiquum librum manu scriptum emedare studuimus.
Francesco Robortello

Présentation du paratexte

Ces quelques remarques liminaires ferment la liste des corrections que Robortello a apportées au manuscrit d’Eschyle. Le texte évoque très brièvement la différence de traitement qui fut réservée par les copistes aux différentes pièces antiques.

Traduction : Sarah GAUCHER

Hae sunt coniecturae quibus antiquum librum manu scriptum emedare studuimus.

Voilà les conjectures par lesquelles nous avons souhaité corriger le manuscrit ancien.

Ac sane cuiumodi sint facile perspiciet quiuis, atque cognoscet in manu scriptis libris, qualia sint librariorum errata, et quomodo tolli possint.

Et n’importe qui pourra très facilement saisir de quelle manière elles ont été faites et connaître quelles sont les erreurs des copistes dans les manuscrits et comment elles peuvent être supprimées.

In allis tragoediis coniecturae opus non fuit, quod apte, et recte fuerunt a librariis descriptae : uidentur enim ueteres illas in primis adamasse, quo factum est, ut, cum eas potissimum in scholis suis auditoribus interpretarentur, nulla in iis inhaeserit macula.

Pour d’autres tragédies il n’est pas besoin de conjectures parce qu’elles ont été correctement et convenablement retranscrites par les copistes : c’est que les Anciens, semble-t-il, les ont préférées, ce qui a fait que, puisqu’ils les expliquaient de préférence dans les écoles pour leurs élèves, elles n’ont conservé aucune tache.

Conuersa ratio in aliis fuit.

Cette raison s’est retournée contre les autres.

Cum enim a paucis legerentur et describerentur, amissis uetustis exemplaribus, uix unus et alter inuenitur liber, in quo illae descriptae sint atque utinam recte, cum enim minus tritae essent hominum lectione, factum est, ut minus etiam splenderent, plurimisque inficerentur maculis.

En effet, puisque peu de gens les ont lues et les ont copiées et qu’on a perdu les exemplaires anciens, on trouve à peine un ou deux livres dans lesquels elles ont été copiées correctement (et encore !) : en effet, puisqu’on les a moins lues, il est advenu qu’elles ont également moins resplendi et qu’elles ont été recouvertes de bien des taches.

Venetiis Calendis Martiis. M D L I I. . S. D.

A Venise, aux calendes de Mars, 1552.