Τὰ τοῦ δράματος πρόσωπα
Mathias Garbitius

Présentation du paratexte

Le texte de Mathias Garbitius s’attache à décrire l’ensemble des personnages du Prométhée enchaîné et leur intentions. Un long développement est consacré au personnage éponyme et aux différentes sources qui évoquent sa figure (§5-30) ; suivent Kratos et Bia (§31-37), Vulcain (§38-39) ; les nymphes et l’Océan (§40-43) ; Io (§44-45) ; Mercure (§46). On trouve enfin de courtes remarques sur le recours aux personnages divins (§47-48) et sur les dialogues de la pièce (§49-50).

Traduction : Sarah GAUCHER

Τὰ τοῦ δράματος πρόσωπα

Les personnages de la pièce.

De moribus personarum, quae a poeta inducuntur in hac fabula, nihil dicitur neque de earum consiliis et occupationibus in hoc negotio.

Concernant les caractères des personnages que le poète introduit dans cette pièce, rien n’est dit de leurs intentions ni de leurs occupations dans cette affaire.

De his uidentur quaedam subicienda esse, ad consilium poetae expeditius et plenius deinde cognoscendum, et in uniuersum et per partes in singulis fabulae locis.

Il faut, semble-t-il, exposer certains éléments sur ce sujet pour comprendre ensuite plus facilement et plus pleinement le projet du poète, à la fois en général et au travers des rôles dans chacun des passages de la pièce.

Ex definitione supra tradita Tragoediae, cognouimus eam esse imitationem πράξεως, negotii humani.

La définition précédemment donnée de la tragédie nous fait comprendre qu’elle est l’imitation de "l’action", des affaires humaines.

Haec πρᾶξις non est nisi personarum, et ex moribus et affectionibus earum proficiscitur, pro quibus διανοίας et προαιρέσεις habent.

Cette action n’est rien que le fait des personnages et découle de leurs caractères et de leurs sentiments, qui leur font avoir pensées et préférences.

Principalis persona in hac fabula est Προμηθεύς, et is quidem δεσμώτης, constrictus et ligatus.

Le personnage principal dans cette pièce est Prométhée, et même Prométhée δεσμώτης (desmôtès), enchaîné et attaché.

Propter hunc praecipue et constringendum et consolandum, mitigandumque in uinculis, adiunguntur reliquae personae.

C’est principalement pour l’emprisonner, le consoler et l’apaiser dans ses chaînes que sont introduits tous les autres personnages.

De principali persona sunt quaedam altius sed quam breuissime adducenda aut potius loca tantum indicanda, unde peti eorum plenior cognitio possit.

On doit creuser plus profondément mais le plus brièvement possible certains aspects du personnage principal ou plutôt indiquer des passages à partir desquels on peut les saisir plus pleinement.

Προμηθεύς exponi potest prudens, consultus et consideratus, qui ante factum sapit nec quicquam dicit aut agit nisi cogitato et ex praecedenti pensitatione.

On peut présenter Prométhée comme un personnage prévoyant, réfléchi et prudent, qui raisonne avant d’agir et ne dit ou ne fait rien à moins de l’avoir pensé et déduit d’une réflexion précédente.

Vox est ducta a πρὸ et μήδειν, ab eo quod est meditari et consultare, atque considerate quid machinari, δ uerso in θ, sicut Phauorinus tradit.

Son nom est tiré de πρὸ (pro) et de μήδειν (mèdein), c’est à dire réfléchir, délibérer et machiner avec réflexion, le δ (d) ayant été changé en θ (th), comme le rapporte Favorinus.

Haec uox interdum a doctis et sapientibus uiris Deo attribuitur, qui est in primis et uere prudens et sapiens, et πρωτοπλάστης, primus ut totius uniuersi, ita generis humani conditor et formator.

Des hommes savants et sages ont attribué ce qualificatif à Dieu qui est absolument et véritablement prudent, sage et le premier artisan, fondateur et créateur de l’univers tout entier de même que du genre humain.

Et προμήθεια usurpatur pro diuina prouidentia nec dubium est, quin qui primus ex hominibus est uocatus Prometheus, inde sit ita dictus, quia putaretur sua prudentia et sapientia quasi deus quidam esse inter homines, et prae aliis intelligens, consideratus et prudens.

En outre, le terme προμήθεια est utilisé pour désigner la providence divine et il n’y a pas de doute que le premier des hommes qu’on a appelé Prométhée a été nommé ainsi parce que sa prudence et sa sagesse ont permis de le considérer comme un Dieu parmi les hommes et comme plus intelligent, prudent et prévoyant que les autres.

Nec male quilibet homo, ut ad imaginem mentis, bonitatis et sapientiae diuinae creatus, potest ita uocari, praecipue autem, qui prae aliis est mentis prouidae, et solertis industriae.

Et n’importe quel homme peut sans mal être nommé ainsi puisqu’il été créé à l’image de la pensée, de la bonté et de la sagesse divines, surtout celui qui fait preuve d’une pensée plus prévoyante et d’une activité plus ingénieuse que d’autres.

Sed qui a Graecis scriptoribus primo et proprie est uocatus Prometheus, propter singularem ingenii, solertiae et industriae uim, de quo est haec fabula, ille perhibetur fuisse filius Iapeti ex Asia nympha, aut ex Clymene1 ,iuxta Hesiodum , aut ex Themide 2, ut noster uidetur sentire.

Mais celui que les auteurs grecs ont nommé en premier et à juste titre Prométhée en raison de la force remarquable de son esprit, de son habileté et de son activité, celui qui est le sujet de cette pièce, on raconte qu’il fut le fils que Japet eut de la nymphe Asia ou de Clymène, selon Hésiode, ou de Thémis, comme notre auteur semble le penser.

De hoc multa passim in sacris et profanis scriptoribus.

On trouve partout chez les auteurs sacrés et profanes de nombreux récits à son propos.

Augustinus de Ciuitate Dei libro 18, capite 8 ita scribit de eo : Regnantibus hisce regibus, Saphro Assyriis, Ortopholo Sicyoniis, Chryaso Argiuis quo tempore natus Moses, creditur a quibusdam fuisse Prometheus, quem propterea ferunt de luto formasse homines, quia optimus sapientiae doctor fuisse perhiberetur nec tamen ostenditur, qui eius temporibus fuerint sapientes. 3

Augustin écrit ceci à son propos dans la Cité de Dieu livre 18, chapitre 18 : « Alors que régnaient ces rois, Saphrus sur les Assyriens, Orthopolis sur les Sicyoniens, Criasus sur les Argiens, à l’époque de la naissance de Moïse, certains croient que vécut Prométhée, dont on rapporte en outre qu’il a modelé des hommes d’argile, parce qu’il fit, dit-on, haute profession de sagesse et cependant on ne sait pas qui furent les sages de son temps. »

Super quem locum Ludouicus Viues multa ex uariis auctoribus addit, quae inde peti possunt.

En plus de ce passage, Luis Vives4 ajoute beaucoup d’éléments empruntés à divers auteurs, éléments qu’on peut chercher à partir de là.

Suidas etiam in nomine Προμηθεύς uult ex inuentione et professione sapientiae excolendi homines rudes et idiotas, famam ortam de ipso, ut hominum de luto formatore 5 : quod et Theophrastus et plerique alii sentiunt.

Concernant le nom de Prométhée, Suidas veut également que la tradition qui fait de lui le créateur d’hommes d’argile soit née de son invention et de sa profession de sagesse qui consistait à cultiver esprits rudes et stupides : c’est un point sur lequel s’accordent à la fois Théophraste et la plupart des autres auteurs.

Lactantius putat eum primum hominis simulacrum ex luto formasse. 6

Lactance pense qu’il fut le premier à avoir modelé à partir de l’argile une statue d’homme.

Alii uolunt eum regem Thessaliae fuisse, sed tradita regni administratione fratri Epimetheo, se studio Astrologiae totum dedidisse.

D’autres veulent qu’il ait été roi de Thessalie mais que, déléguant l’administration du royaume à son frère Épiméthée, il se soit complètement consacré à l’astrologie.

Poetae fere inuentionem artium ad eum referunt, et fingunt eum illarum studio immodico et se confecisse, et hominibus a simplicitate uitae abductis, labores uarios induxisse, unde uitae ratio sit facta difficilior ; tum uero Iouis aduersus se indignationem concitasse, propter earumdem artium inuentionem et praecipue propter imposturam factam ipsi, et ignem subreptum, cuius usu sint artes inuentae et excultae ad calamitosam περιεργίαν.

Les poètes lui attribuent généralement l’invention des techniques et ils disent que c’est par leur étude constante qu’il s’est parfait et que, tirant les hommes d’une vie simple, il a introduit des travaux variés, d’où les conditions de vie sont devenues plus difficiles, mais qu’alors il attira contre lui l’indignation de Jupiter à cause de l’invention de ces mêmes techniques et surtout à cause de la tromperie qu’il avait commise et du vol du feu, dont l’usage servit à l’invention et au perfectionnement des techniques pour une curiosité pernicieuse.

Prisci poetae multum elaborarunt in hoc argumento et studuerunt in eo exprimere curiositatem, solertiam et industriam ingenii humani uidenturque huius rei ansam sumpsisse ex iis quae ex historia sacra ab Hebraeis cognouerunt de primo parente, qui ad simplicitatem et rectitudinem a Deo creatus, per esum uetiti fructus de arbore scientiae boni et mali, se et omnem posteritatem in perpetuas difficultates et miserias praecipitauit.

Les poètes anciens ont beaucoup produit sur ce sujet et ont cherché en cela à exprimer la curiosité, l’habileté et l’activité de l’esprit humain ; ils semblent avoir saisi l’occasion de le faire à partir des éléments de l’histoire sainte qu’ils ont appris des Hébreux à propos de leur premier ancêtre qui, créé par Dieu pour une vie simple et droite, a entraîné, en mangeant le fruit défendu issu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, sa chute et celle de toute sa postérité dans des difficultés et des misères perpétuelles.

Non autem eodem modo tractarunt hoc argumentum, sed alii ad alia in natura humana et uita communi exprimenda, id applicarunt.

D’autre part, ils n’ont pas traité de la même manière ce sujet mais l’ont abordé de différentes façons pour donner à voir la nature humaine et la vie commune.

Noster imitatus est Hesiodum, qui ante ipsum Prometheum ita solertem et industrium finxit ut et sibi et aliis hominibus quam maxime incommodarit et omnino uitam communem reddiderit quidem uarietate artium excultiorem, sed eo ipso difficiliorem et calamitosiorem.7

Notre auteur imita Hésiode, qui dépeignit avant lui un Prométhée si habile et industrieux qu’il causa le plus grand embarras possible à la fois à lui-même et à d’autres et qu'il rendit certes l’existence de tous moins sauvage grâce aux différentes techniques mais, pour cette raison même, plus difficile et plus pernicieuse.

Quod expressit ille perquam grauiter et sapienter, sed obiter et breuius atque obscurius: noster poeta ex professo hoc unum hic satis prolixe et plane agit.

Et ce qu’Hésiode exprime de manière très grave et très sage mais en passant, assez brièvement et de manière assez obscure, notre poète le traite ouvertement ici assez abondamment et clairement.

Principaliter quidem eius captiuitatem repraesentat, sed ita ut interim apte suis locis inserat commemorationem omnis eius solertiae et industriae, ut hanc ostendat esse causam ipsius captiuitatis.

Certes, c’est avant tout son emprisonnement qu’il représente mais en insérant merveilleusement dans ses passages le souvenir de toute son habilité et de son travail afin de faire voir qu’ils sont la cause de son emprisonnement.

Vnde dici non potest, quam exaggeretur fortunae eius indignitas miserabilis, quia propter suam solertissimam, humanissimam atque amplissimam industriam ita affligatur.

De là, il n’est pas possible de dire combien il a magnifié la misérable indignité de son sort, parce que c’est à cause de son industrie si ingénieuse, si humaine et généreuse qu’il est ainsi affligé.

Inducitur autem hic, ut in ista tam graui captiuitate, admodum concitatus, uehemens, impatiens, αὐθάδης, querulus, acerbus et implacabilis.

D’autre part, ce personnage est présenté, dans cet emprisonnement si pénible, comme tout à fait enflammé, véhément, impatient, arrogant, geignard, acerbe et implacable.

Alias autem fingitur fuisse commodus, sedatus, facilis, iucundus et humanus ac perpetuo omnibus uiribus ingenii sui occupatus in iuuandis hominibus uariarum artium inuentione et elaboratione.

Or, ailleurs, on le représente bienveillant, calme, facile, agréable et humain et s'appliquant sans cesse et de toutes ses forces à aider les hommes par l’invention et l’élaboration de diverses techniques.

Consilium autem poetae hoc uidetur esse, ut exprimat uim et naturam mentis humanae et ἦθος hominum ingeniosorum et solertium, tum uero ut ostendat, eorum solertiam saepe esse immodicam, etiam in optimis studiis et conatibus et ideo interdum ad tempus esse reprimendam, sed non ita facilem esse repressu nec unquam omnino et ad aliquam diuturnitatem reprimi posse.

Le projet du poète, semble-t-il, est d’exprimer la force et la nature de la pensée humaine et le comportement des hommes ingénieux et habiles tout en montrant que, même dans les meilleures recherches et entreprises, leur ingéniosité est souvent immodérée et que pour cette raison il faut la réprimer selon les circonstances, mais qu’elle n’est pas si facile à réprimer et qu’il est impossible de la réprimer longtemps complètement.

Haec iam satis de ista persona : reliqua suis locis commodius in explicatione ipsa indicabuntur.

C’est assez sur ce personnage : on verra plus facilement en temps voulu le reste de son caractère au travers de ses répliques.

Κράτος καὶ Βία, hae duae personae et Vulcanus una inducuntur ad ipsum Prometheum capiendum et constringendum.

Les deux personnages de "Kratos" et "Bia", sont introduits en même temps que Vulcain pour capturer et enchaîner Prométhée.

Κράτος significat imperium, potentiam et potestatem.

"Kratos" signifie la domination, le pouvoir et la puissance.

Hic per istam uocem intelligitur ille, qui ex ministris louis acceperat supremam potestatem de capiendo et constringendo Prometheo.

Au travers de ce nom on comprend que ce personnage est celui qui avait reçu des ministres de Jupiter le pouvoir suprême de saisir et d’enchaîner Prométhée.

Facilioris intelligentiae gratia potest uocari Dux cum imperio et mandato aut simpliciter Dux.

Pour faciliter la compréhension, on peut l’appeler Général doté d’un pouvoir d’action et d’un mandat ou simplement Général.

Βία significat uim et uiolentiam et ista uoce intelliguntur reliqui, qui τῷ κράτει adiuncti erant ad ipsum Prometheum inuadendum et pertrahendum in montem Caucasum : et possunt uocari Satellites, siue satellitium.

"Bia" signifie la force et la violence et, au travers de ce nom, on comprend le reste de ceux qui avaient été adjoints à "Kratos" pour saisir Prométhée et l’emmener sur le Caucase : ils peuvent aussi être appelés Gardes du corps, ou escorte.

Pulchre seruatur decorum in his personis.

Le decorum est magnifiquement respecté pour ce qui concerne ces personnages.

Inducuntur ut ministri potentissimi Regis, imperiosi, uiolenti, immites et rigidi executores mandati accepti atque asperi exacerbatores delictorum Promethei.

Ils sont présentés comme de très puissants ministres du roi, dominateurs, violents, cruels, des exécuteurs rigides du mandat qu’ils ont reçu et des hommes sévères qui accablent les fautes de Prométhée.

Vulcanus, ut deus ignis et solertissimus caelicolarum artifex, habet quidem iustissimam causam durius tractandi Prometheum, ut suarum artium profanatorem, sed compatitur illi, ut paris diuinitatis consorti, et miseratur eius fortunam nec tamen uult mandatum regium praeterire, utcunque id grauate exequitur.

Vulcain, en tant que dieu du feu et artisan le plus ingénieux des habitants du ciel, a une raison certes tout à fait justifiée de traiter assez durement Prométhée, parce qu’il est le profanateur de ses techniques, mais il compatit avec lui parce qu’il partage la même nature divine et il déplore sa fortune sans cependant vouloir passer outre l’ordre du roi, si bien qu’il l’exécute à contrecœur.

Declarat ergo et bonum atque fidelem cognatum, et subditum obsequentem.

Il représente donc à la fois le parent bon et fidèle et le sujet obéissant.

Nymphae Oceani partes chori sedulo obeunt, sed, ut uirgines pro sexu muliebri et compatiuntur Prometheo et eum solantur, erigunt et mitigant in ipsius impatientia, quibus possunt modis.

Les nymphes de l’océan, rôles du chœur, obéissent consciencieusement, mais, en tant que vierges et en raison de leur sexe féminin, elles compatissent avec Prométhée en même temps qu’elles le consolent, lui redonnent courage et apaisent sa souffrance par tous les moyens possibles.

Oceanus et ipse ex affectu συμπαθείας aduenit ad Prometheum et ut deus potens, sapiens, grauis, clemens et pacificus conatur negotium componere per suam apud louem intercessionem.

C’est également plein de sympathie que l’Océan vient vers Prométhée et c’est en tant que Dieu puissant, sage, grave, clément et pacifique qu’il s’efforce de régler l’affaire en intercédant auprès de Jupiter.

Sed Prometheus non uult hoc concedere.

Mais Prométhée ne veut pas céder.

Est hoc in primis graue colloquium istorum duorum deorum et fortasse poeta in inducendis personis istis, Oceano et eius Nymphis, hoc recte respexit, quia ad extinguendam uim igneam conueniat aqua et ad hanc quidem ingeniosam illa quamlibet multa interdum non sufficiat.

C’est surtout un dialogue énergique qui s’établit entre ces deux dieux et peut-être le poète, en introduisant ces personnages de l’Océan et de ses Nymphes, a-t-il été clairvoyant, puisque l’eau peut éteindre la force du feu et que quelquefois, pour éteindre cette force ingénieuse, cette eau, quelle que soit sa quantité, ne suffit pas.

Ἰὼ exprimitur uagabunda, ad modum uaccae oestro percitae et est quidem sors ipsius perquam miserabilis ex fatali quadam necessitate, sed non sine omni culpa ipsius etiam animi: quem pro sua regia stirpe et praestanti forma ita habuit ab initio affectum, ut inde peruenerit in commercium cum loue, et ex eo iam propter lunonis zelotypiam circumiactetur.

Io est dépeinte comme vagabonde, à la manière de la vache tourmentée par un taon, et son sort, certes, est tout à fait misérable en raison d’une fatale nécessité mais elle n’est pas exempte de faute : en effet son origine royale et sa beauté remarquable l’ont disposée en premier lieu à entretenir une relation avec Jupiter et dès lors à s’exposer à la jalousie de Junon.

Multa sub hac persona recte a poeta subiciuntur intelligentioribus, quae postea nonnihil explicabuntur.

Sous ce masque, le poète expose aux gens suffisamment intelligents de nombreux sujets qui seront ensuite développés dans une certaine mesure.

Mercurius hic tantum legatum agit, sed prudentem, serium et imperiosum pro negotii grauitate.

Mercure se contente de jouer ici le légat, mais un légat prudent, sérieux et impérieux en raison de la gravité de l’affaire.

Omnes personae in hoc negotio sunt insignes, et aut diuinae, aut heroicae, exceptis ministris louis, ex quo huius fabulae excellentia est consideranda, quia alioqui raro inducitur aliquod numen nec induci debet, nisi negotio id exigente, de quo est hoc Horatii:

Tous les personnages dans cette affaire sont éminents, divins ou héroïques, à l’exception des ministres de Jupiter : de là il faut remarquer l’excellence de cette pièce, parce qu’ailleurs il est rare qu’on introduise une divinité et elle ne doit pas être introduite à moins que l’affaire ne l’exige, à propos de quoi on trouve ce vers d’Horace.

Nec deus intersit, nisi dignus uindice nodusincidat. 8

« Pas d’intervention divine à moins que le dénouement n’exige un dieu »

Colloquia in tractatione negotii huius sunt quinque praecipue et illa singula perquam apta et grauia.

Il y a principalement cinq dialogues pour régler cette affaire et chacun est tout à fait approprié et grave.

Primum est, ministrorum Iouis et Vulcani ; alterum, chori Nympharum cum Prometheo, quod subinde usque ad finem negotii iteratur ; tertium, Oceani cum Prometheo ; quartum, Ius ; quintum Mercurii cum eodem.

Le premier est celui des ministres de Jupiter et de Vulcain ; le deuxième celui du chœur des Nymphes avec Prométhée, qui est ensuite répété jusqu’à la fin de l’affaire ; le troisième celui d’Océan avec Prométhée ; le quatrième, celui d’Io ; le cinquième celui de Mercure avec le même.


1. Hes., Th. 507-512.
2. Eschl., Pr. 209.
3. Aug., Civ. 18.8.1.. Le texte diffère légèrement de celui des éditions modernes.
4. Erudit espagnol et humaniste de la Renaissance (1493-1540) ayant passé la majeure partie de sa vie adulte aux Pays-Bas. Il est l’auteur d'un commentaire élaboré sur le De Ciuitate Dei d'Augustin, qui a été publié en 1522 avec une dédicace à Henri VIII d'Angleterre.
5. Suid., Lexicon π, 2506.
6. Lact., Inst. 2.10.11.
7. Hes., Th. 535-616.
8. Hor., P. 191-192.