Hypothesis uel (ut uocant) argumentum Aeschyli Tragoediae, quae inscribitur Septem ad Thebas
Florens Christianus

Présentation du paratexte

Argument des Sept contre Thèbes par Florent Chrestien

Bibliographie :
Traduction : Sarah GAUCHER

Hypothesis uel (ut uocant) argumentum Aeschyli Tragoediae, quae inscribitur Septem ad Thebas

Hypothèse ou (comme on dit) argument de la tragédie d’Eschyle intitulée Les sept contre Thèbes.

Laius Labdaci filius cum regnaret Thebis uxorem habuit Iocastam filiam Menoecei, quam cognoscere ad liberos procreandos cauebat, metuens diras Pelopis imprecationes.

Alors qu’il régnait sur Thèbes, Laïos, fils de Labdacus, eut pour épouse Jocaste, fille de Ménécée, qu’il se gardait de connaître charnellement pour éviter d'engendrer des enfants, par crainte des terribles imprécations de Pélops.

Ferunt enim Laium amore incensum Chrysippi (qui Pelopis filius erat ex alia uxore quam Hippodamia Œnamai filia) raptum ipsum abduxisse, et cum ipso fuisse, primumque eum corrumpendorum masculorum amorem hominibus monstrasse, Iouis apud Deos exemplo qui Ganymedem rapuerat.

On rapporte en effet que Laïos, enflammé d’amour pour Chrysippe (qui était le fils que Pélops avait eu d’une autre épouse qu’Hippodamie, fille d’Œnomaos) l’avait soustrait après l’avoir enlevé de force, qu’il l’avait violé et que le premier il avait montré aux mortels le goût de coucher avec des garçons, à l’exemple, chez les Dieux, de Jupiter qui avait enlevé Ganymède.

Hoc ubi resciuit Pelops diris Laium deuouit, imprecatusque est ut a propria sobole necaretur.

Lorsqu’il l’apprit, Pélops voua Laïos aux Furies et il exprima dans ses imprécations le vœu de le voir mourir de la main de sa propre descendance.

Cum igitur Laius propter dictam causam iam prouectam aetatem improlis attingeret, uenit ad Apollinis oracula, rogauitque daturusne esset liberis operam.

Alors donc que Laïos, pour la raison susmentionnée, atteignait sans descendance un âge avancé, il vint consulter l’oracle d’Apollon et demanda s’il aurait des enfants à qui donner ses soins.

Cui responsum hoc Deus reddidit : Ne consere aruum uxoris, inuitis diis.

Et le dieu lui fit cette réponse : « N’ensemence pas le champ de ton épouse contre le gré des dieux ».

Audito Oraculo discessit, et sedulo cauit ne concumberet cum propria uxore.

Après avoir entendu l’oracle, il partit et veilla consciencieusement à ne pas coucher avec sa propre épouse.

Tandem die quodam, cum se dapsilius inuitasset et plusculum potasset, conuenit in lectum cum uxore et ex ea Œdipum genuit : sed metu oraculi dicentis, Nam seminata te neci proles dabit. secundum Pelopis imprecationem, cum genitus fuisset Œdipus, perforatis ipsius pedibus et aureis numellis adfibulatis, in Cithaerone ipsum exposuit : quem ubi reperissent pastores quidam, tollentes detulerunt Polybo qui tum rex erat Corinthi ; qui acceptum eum magna cum cura aluit, et in uiri aetatem eduxit : paulo post cum per iniuriam exprobrasset aliquis Œdipo nothum eum esse neque legitima Polybi sobolem, scitatum uenit Pythiam, oraculum scilicet Apollinis, Quis et cuius esse filius.

Finalement un jour, comme il avait trop festoyé et qu’il avait un peu trop bu, il se coucha auprès de son épouse et d’elle il engendra Œdipe : mais, par crainte des paroles de l’oracle (« En effet, la descendance que tu auras semée te livrera au trépas »), qui concordaient avec l’imprécation de Pélops, à la naissance d’Œdipe, il lui perfora les pieds après les avoir uni avec une numelle d’or et l’exposa sur le Cithéron ; et, comme des bergers l’avaient trouvé, ils l’emportèrent et l’emmènerent à Polybe qui était alors roi de Corinthe ; lui éleva avec un grand soin celui qu’il avait adopté et l’éduqua jusqu’à l’âge adulte ; peu après, comme un homme avait par bravade reproché à Œdipe d’être un bâtard et de n’être pas le descendant légitime de Polybe, Œdipe vint consulter la Pythie, l’oracle d’Apollon donc, pour demander qui il était et de qui il était le fils.

Respondit ei oraculum, Tibi est in fatis et patrem occidere, et matri concumbere.

L’oracle lui répondit : « Ta destinée est de tuer ton père et de coucher avec ta mère ».

Hoc ubi intellexit desiit Corinthum redire ad Polybum, propter oraculi monita, existimans oraculo patrem Polybum innui, eiusque uxorem.

Lorsqu’il l’apprit, il renonça à rentrer à Corinthe chez Polybe, à cause des avertissements de l’oracle, pensant que l’oracle se référait à son père Polybe et à son épouse.

Statimque ad Thebas uiam institit.

Et aussitôt il fit route vers Thèbes.

Forte accidit ut eandem tum insisteret uiam pater Laius, oraculum scitaturus de exposito filio Œdipode, qui euentus : cumque alter alteri obuiam factus esset et temere occurrisset, Laii satellites praetoriani Œdipum sic compellarunt, Hospes discede de uia in gratiam regis.

Par hasard, son père Laïos faisait alors la même route afin de demander à l’oracle ce qu’il était advenu de son fils Œdipe qu’il avait exposé : et comme l’un et l’autre s’étaient retrouvés face-à-face au hasard d’une rencontre, les serviteurs de Laïos apostrophent ainsi Œdipe : « Hôte, quitte la route pour la grâce du roi ».

Negauit ille : cumque a Laio pulsaretur, in furias se dedit, occiditque eum, et omnes qui cum eo erant : unum solum reliquit qui domum reuersus omnia nuntiauit.

Et lui refusa : et alors que Laïos l’avait bousculé, il s’abandonna à la fureur et le tua et tous ceux qui étaient avec lui : il en laissa un seulement qui, revenu chez lui, rapporta toute l’affaire.

Post cum Thebas uenisset Œdipus, magnum repperit quod ipsas urebat malum, Sphingem scilicet quae Aenigmata pronuntiabat, et eum qui ea enodare non poterat deuorabat.

Ensuite, comme Œdipe était venu à Thèbes, il trouva un grand mal qui oppressait la cité, la Sphinge évidemment, qui énonçait les énigmes et dévorait celui qui n’avait pu les résoudre.

Tum uero propositum erat praemium defuncti Laii uxor Iocasta, ad nuptias conuolatura eius qui Aenigma soluisset.

La recompense alors promise était Jocaste, femme du défunt Laïos : elle épouserait celui qui aurait résolu les énigmes.

Cumque Sphinx hoc enuntiasset Aenigma : Quod quadrupes, bipesque mox, rursum tripes : quo innuitur homo, inuenissetque Œdipus, ipsa se furiis acta Sphinx occidit.

Et comme la Sphinge avait énoncé cette énigme : « Qu’est ce qui a quatre pieds, puis deux, ensuite trois ? », ce qui désigne l’homme, et qu’Œdipe l’avait deviné, la Sphinge, sous l’effet des Furies, se tua.

Itaque ex matre propria quatuor liberos Œdipus procreauit, Polynicem et Eteoclem, Antigonam et Ismenam.

C’est ainsi que de sa propre mère Œdipe engendra quatre enfants, Polynice et Etéocle, Antigone et Ismène.

Postea cum impium quod patrauerat facinus intellexisset, seipsum occaecauit, filiisque suis reliquit imperium.

Ensuite, comme il avait pris connaissance de l’acte impie qu’il avait perpétré, il se creva les yeux et laissa le pouvoir à ses fils.

Sed cum caecum patrem filii domi coercitum arcte haberent, diris eos diuisit, et precatus est ut regnum per gladium bellumque erciscerent.

Mais comme ses fils avaient strictement confiné leur père aveugle dans le palais, il les divisa par ses imprécations et souhaita qu’ils partagent le trône par l’épée et la guerre.

Quo metu perculsi desierunt et simul esse et Thebis imperare.

Frappés par cette crainte, ils cessèrent de cohabiter et de gouverner Thèbes ensemble.

Tandem inter eos pactum et conuentum fuit, ut altero urbe cedente, et absente, regnaret alter ad dictum tempus et inuicem succedente et redeunte isto, abiret ille de imperio, ut hoc pacto uitarent imprecationem.

Il fut finalement convenu et établi entre eux qu’alors que l’un quitterait la ville et s’absenterait, le second règnerait pour le temps convenu et qu’alors que le premier lui succéderait et reviendrait, l’autre quitterait le pouvoir, si bien que de cette façon, ils éviteraient l’imprécation.

Itaque primus Polynices cum regnasset ad dictum tempus discessit, et Eteocli succedenti cessit in imperio.

C’est pourquoi le premier, Polynice, alors qu’il avait régné pour le temps convenu, partit et céda le trône à Etéocle qui lui succéda.

Sed cum post exactum tempus Thebas iterum uenisset Polynices, ut imperaret, neque cedere uellet Eteocles, prout consensum et pactum erat, aufugit ad Adrastum Argiuorum regem, generque ipsius factus est, hac conditione et pacto, ut sibi auxilium ferret Adrastus, ad regnum recuperandum et reditum in patriam ferendum.

Mais comme, une fois le temps écoulé, Polynice était venu à Thèbes pour gouverner et qu’Etéocle ne voulait pas lui céder le pouvoir selon ce qui avait été convenu et établi, il s’enfuit chez Adraste, roi des Argiens, et devint son gendre, posant cette condition et ce préalable qu’Adraste lui apporterait de l’aide pour récupérer son trône et pour retourner dans sa patrie.

Sumptis igitur Argiuorum ingentibus copiis, expeditionem facit contra proprium germanum, Thebasque petit, ubi mutua occisione ceciderunt.

Après avoir rassemblé d’importantes troupes argiennes, il lance une expédition contre son propre frère et il gagne Thèbes où ils tombèrent sous leurs coups respectifs.

Scena dramatis uel fabulae Thebis est.

La scène du drame ou de la pièce est à Thèbes.

Chorus, Thebanarum Virginum.

Le chœur est composé de vierges thébaines.

Hypothesis uero exercitus est Argiuorum, obsidione premens Thebanos, qui tandem uictoriae potiti sunt, mortuis Eteocle et Polynice.

Le sujet est l’armée des Argiens, pressant par un siège les Thébains qui l'emportèrent finalement après la mort d’Etéocle et Polynice.

Inscribiturque Hypothesis, Septem ad Thebas : quod septem duces custodirent portas Thebanorum.

L’hypothèse est intitulée les Sept contre Thèbes parce que sept chefs gardent les portes de Thèbes.

Nam septem portas habuerunt istae Thebae : quae uero in Aegypto sunt, centum.

En effet, cette Thèbes avait sept portes, mais la Thèbes d’Egypte en avait cent.