Tranquilli Molossi Cremonensis Apologeticon.
Franciscus Passius Carpensis

Présentation du paratexte

Ce poème est en sénaires iambiques.

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Tranquilli Molossi Cremonensis Apologeticon.

Eloge de Tranquillus Molossus de Crémone1

Comoediam poeta uobis attulit : Veterem quidem : sed quae uidebitur noua Fortasse multis qui nihil tecte sciunt. Atque id reprehendunt maxime : quod Naeuium Plautum : Pacuuium : poetas optumos : Non est sequutus.quos non improbat quidem Sed quaerit : illis : hinc et inde : si licet Sententias : et mutuarios locos Ex commodo transferre : cur uitio sibi Vortant : latinam quod facit comoediam Plutum : prius quae graeca fuerat integra ? Nam si facere furtum licet : cur mutuum Reddere sibi minus licet ? sed obsecro Vos ne putetis : non probare eum tot saeculis Ab omnibus iam comprobatos comicos Sed is negat sentire recte : qui secus. Comoedia est uetus : ueteremque is esse praedicat. Cui fabulae uos nunc operam quaeso date : Adeste cum silentio : si uiderit Plutus fauere uos sibi : non est metus Quin ilico omnes uos meros faciat Midas. Debemus autem gratias quammaximas Illuminatori quidem Aesculapio Primum : deinde Passio : sub quo auspice Loquitur latine Plutus : et bonis fauet.

Le poète vous a apporté une comédie, ancienne, certes, mais qui paraîtra nouvelle peut-être à ceux, nombreux, qui ne savent rien au fond. Et ils lui reprochent surtout de ne pas avoir suivi Naevius, Plaute, Pacuvius, les meilleurs poètes. Ceux-là, ce n’est pas qu’il les repousse, évidemment, mais il pose la question : si ces poètes, ici et là, ont le droit de transposer tranquillement des sentences et des passages empruntés, pourquoi lui reproche-t-on à lui de faire une comédie en latin du Plutus, qui était déjà une pièce intégrale en grec ? Car si on a le droit de commettre un larcin, pourquoi n’est-il pas permis de s'attribuer ce qu'on a emprunté ?2 mais par pitié, n’allez pas penser que lui désapprouve des comiques approuvés par tous depuis tant de siècles ; non, mais il dit que n’a pas le sens commun celui qui pense autrement. C’est une comédie ancienne et il revendique son ancienneté. A cette pièce désormais, vous autres, prêtez votre attention. Assistez-y en silence : si Plutus constate que vous lui êtes favorables, nul doute qu’il vous transformera dans l’instant en purs Midas ! Mais nous devons les plus vifs remerciements d’abord, certes, à Esculape qui rend la lumière, ensuite à Passius, sous l’égide duquel Plutus parle en latin et donne sa faveur aux hommes de bien.


1. Baldassarre Malosso de Casalmaggiore, dit Tranquillus Molossus, né à Casalmaggiore sur le Pô en 1466. Poète néolatin assez réputé, il fut aussi le précepteur de Pierre Louis (Petrus Aloysius, Pierluigi) Farnese, fils du cardinal (!) Alexandre Farnese, futur pape Paul III.
2. Voir prologue de L’Eunuque de Térence sur querelles de plagiat et d’emprunt, de transposition ou traduction du grec au latin, liberté de création. Par exemple, sur le vol Ter., Eun. 27-28 : Si id est peccatum, peccatum inprudentiastpoetae, non quo furtum facere studuerit.