Présentation du paratexte
1. Sur la page de titre figure un extrait de l’épitaphe de Bion attribuée tantôt à Moschos et tantôt à Théocrite dans les manuscrits - attribution impossible puisque Bion vécut après eux (édition A.S.F. Gow, 1952): ἄρχετε Σικελικαί, τῶ πένθεος ἄρχετε, Μοῖσαι. ϕάρμακον ἦλθε, Βίων, ποτὶ σὸν στόμα, ϕάρμακον ἦδες. τοιούτοις χείλεσσι ποτέδραμε κοὐκ ἐγλυκάνθη; τίς δὲ βροτὸς τοσσοῦτον ἀνάμερος ἢ κεράσαι τοι ἢ δοῦναι καλέοντι τὸ ϕάρμακον; ἦ ϕύγεν ᾠδάν. ἄρχετε Σικελικαί, τῶ πένθεος ἄρχετε, Μοῖσαι. « Commencez, Muses de Sicile, commencez à mener le deuil. Un poison est venu à ta bouche, Bion. Quelle sorte de poison toucha tes lèvres et ne s’adoucit pas ? Quel mortel fut assez sauvage pour préparer ce poison contre ou pour te le donner à ton appel ? Il s’est dérobé à mon chant. » (Traduction Ph. E. Legrand). En 1516, Eufrosino Bonini, l’éditeur des deux comédies d’Aristophane, fit également paraître à Florence une édition de Théocrite. (Sicherl, 575 et https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc98335h). Un exemplaire à la BnF : RES-YB-650
2. L’éditeur date son texte de février 1515, or dans l’édition de septembre 1515 Aristophanis Comoediae Novem Bernardo Giunta signalait que les Thesmophories et Lysistrata n’étaient pas encore prêtes à être publiées mais le seraient bientôt ; il faut donc lire février 1516 pour ce volume. En effet, l’année commençait et s’achevait alors, selon les lieux, le jour de l’Annonciation, ou à Pâques, ou encore à Noël. Il s’agit donc selon le calendrier grégorien de février 1516.
Bibliographie :- Bucoliques grecs T.II : Pseudo-Théocrite, Moschos, Bion, divers, texte établi et traduit par Ph. E. Legrand, Les Belles Lettres, 1927
Bernardus Iunta, nobili patritio domino Francisco Accolto electo Epo anconitano. S.P.D.
Bernardo Giunta salue le noble seigneur patricien Francisco Accolta, évêque élu d’Ancône
Aldus Manutius Romanus Romanus uir sane eruditus studiosorumque amicissimus nouem iampridem Aristophanis comoedias cudendas diligentissime curauit.
Alde Manuce de Rome, homme très érudit et très ami des savants s’est occupé jadis d’imprimer avec beaucoup de soin neuf comédies d’Aristophane.
Easdem hic quoque nos maxima diligentia recognitas, summoque labore castigatas nostris typis meliores reddere conati sumus.
Nous aussi nous sommes efforcés d’améliorer grâce à nos presses ces mêmes comédies après les avoir révisées ici avec le plus grand soin et corrigées avec le plus grand zèle
Quibus absolutis tuoque nomini dicatis, polliciti sumus, data copia, alias quoque nouem illis addere.
Après les avoir imprimées et te les avoir dédiées, nous avons promis d’ajouter aussi à ces neuf comédies d’autres comédies, quand la situation le permettrait
Venit mi Francisce expectata dies illa in qua ex urbinate bibliotheca antiquissimum aristophanis exemplar nacti sumus ibique inter alias Λυσιστράτην καὶ θεσμοφοριαζούσας, id est Lysistratem et Cereri sacrificantes feminas non alias uisas comoedias inuenimus, hasque et tuo nomine cudere tibique dicare amicorum optime uisum est.
Il est arrivé, mon cher Franciscus, ce jour attendu où nous avons obtenu un exemplaire très ancien d’Aristophane dans une bibliothèque d’Urbino et là nous avons trouvé parmi les autres comédies Λυσιστράτην καὶ θεσμοφοριαζούσας, c’est à dire Lysistrata et Les femmes sacrifiant à Cérès, comédies qui n’avaient pas été vues ailleurs, et il m’a semblé bon de les imprimer en ton nom et de te les dédier à toi, le plus cher de mes amis.
Nec te ignorare uelim uir doctissime plus aliis truncatas, mutilatasque has esse comoedias.
Et je ne voudrais pas que tu ignores, homme très savant, que ces comédies sont plus abimées et plus mutilées que les autres.
Quibus emendandis lynceis ut aiunt oculis opus fuisse non dubites, quamobrem siquid in eis fortasse inuenies quod tuas plus aequo purgatissimas ledat, laceretque aures non nobis, nostraeque erga te amicitiae ac potius obseruantiae, sed exemplarium penuriae tribuas atque raritati concedas, uale nostri nostrarumque lucubrationum non immemor.
Tu ne douteras pas qu’il a été nécessaire d’avoir des yeux de Lyncée, comme on dit, pour les corriger, c’est pourquoi, si tu trouves en elles peut-être quelque chose qui blesse et fait souffrir tes oreilles très pures, attribue-le non pas à nous et à notre amitié pour toi et plus encore à notre considération, mais à la pénurie d’exemplaires et mets-le sur le compte de la rareté; porte-toi bien et ne nous oublie pas, nous et nos travaux
Florentiaedate
à Florence, le 10 janvier 1515