Présentation du paratexte
Lambertus Hortensius (1500-1574): Lambertus Hortensius est un prêtre historien et humaniste néerlandais. Il est recteur de l’école latine (Gymnasium) de Naarden en 1544 et bien qu’il ne s’éloigne pas vraiment de la foi catholique, il sympathise avec les idées de la réforme. Son nom en langue vernaculaire n’est pas connu. Il a beaucoup commenté les auteurs anciens, et notamment Aristophane, Virgile et Lucain et il a également écrit des œuvres historiques en latin, notamment autour de la Réforme et des Anabaptistes (comme l’Histoire des Anabaptistes ou Relation curieuse de leur doctrine) qui ont un rayonnement international. Ses commentaires sur l’Enéide de Virgile, Enarrationes in sex priores libros Aeneidos Virgilianae ont été publiés en 1559, suivi en 1577 d’une édition complétée avec les commentaires de Lambertus Hortensius sur les six livres suivants. Cependant, les commentaires sur les livres VII à XII sont moins nombreux.
Traduction : Sarah GAUCHERScopus praesentis dramatis
But de la présente pièce.
Athenis usque adeo omnium bonorum morum corruptela inualuerat, ut difficillimum esset corrigere.
La corruption de toutes les bonnes mœurs était si forte à Athènes qu’il était très difficile de la corriger.
Nihil enim pensi publice priuatimque habebatur, ut uiueretur, modo quibuscunque artibus opes atque copias consequerentur.
En effet, en public et en privé, on n’avait aucun scrupule sur la manière de vivre, pourvu de chercher les richesses et les ressources par n’importe quel procédé.
Audiebant autem hoc nomine non solum pessime ii qui illiberalibus artibus sordidum quaestum faciebant, uerum etiam iudiciorum praesides rhetores, philosophi, atque in uniuersum omnes religionis antistites.
À ce titre avaient très mauvaise réputation non seulement ceux qui tiraient un profit infâme de procédés mesquins mais aussi les premiers des juges, les rhéteurs, les philosophes et les général tous les prêtres.
Itaque cum poeta principi ciuitatis tum gratum uellet facere, hanc comoediam Plutum scripsit, in qua Plutum deum finxit bonos declinantem, uersantem degentemque inter malos atque flagitiis coopertos.
C’est pourquoi, comme le poète voulait alors produire quelque chose d’agréable à l’archonte, il écrivit cette comédie, le Ploutos, dans laquelle il représenta le dieu Ploutos détournant les gens de bien, vivant et passant son temps au milieu de gens mauvais et plongés dans les vices.
Hoc commento palam coarguebat, ut quisque uir esset optimus, ita fore in uita humana eum esse infelicissimum, atque tenuissime uiuere, quod malis artibus ditescere nequeat ; rursus opes fere ad indignos dilabi, quod a paucis atque iuste parentur atque recte collocentur.
Grâce à cette fiction, il démontrait ouvertement que dans la vie les individus les meilleurs étaient les plus malheureux et vivaient dans la plus grande pauvreté, parce qu’ils ne pouvaient s’enrichir par de mauvais procédés ; qu’au contraire, les richesses se perdaient, pour ainsi dire, au bénéfice des gens indignes, parce que peu de gens les distribuaient avec justesse et les plaçaient avec droiture.
Quare fieri uidemus, quod iuxta paroemiam paupertas sapientiam sortiatur atque sub trita lacerna saepenumero non solum summa eruditio, uerum etiam sanctimonia atque iustitia delitescat.
C’est pourquoi nous voyons qu’il arrive que, suivant le proverbe, la pauvreté choisit la sagesse et que sous un manteau usé se cachent bien souvent non seulement un immense savoir mais aussi la vertu et la justice.
Iam ut opes nunquam auaritiam cuiusquam explent, ita neminem reddunt meliorem : ut etiam optimos quosque qui eas possideant saepenumero ab aequo atque bono transuersos agant, reddantque proteruos magis atque insolentiores : ut Chremylum, Blepsidemum, aliamque plebem agrariam, qui a tenui re ad magnas fortunas Pluti benificio hic euadunt.
Dès lors, de même que les richesses ne comblent jamais l’avarice d’un homme, elles ne rendent personne meilleur, si bien qu’elles détournent bien souvent de la justice et du bien tous les gens les meilleurs, parce qu’ils les possèdent, et les rendent plus effrontés et plus insolents, comme Chrémyle, Blepsidème et le reste des petits paysans, qui, grâce au bienfait de Ploutos, passent de la pauvreté à une importante richesse.