Nebularum siue nubium Aristophanis, Comici clarissimi, argumentum.
Lambertus Hortensius Montfortius

Présentation du paratexte

Lambertus Hortensius (1500-1574) Lambertus Hortensius est un prêtre historien et humaniste néerlandais. Il est recteur de l’école latine (Gymnasium) de Naarden en 1544 et bien qu’il ne s’éloigne pas vraiment de la foi catholique, il sympathise avec les idées de la réforme. Son nom en langue vernaculaire n’est pas connu. Il a beaucoup commenté les auteurs anciens, et notamment Aristophane, Virgile et Lucain et il a également écrit des œuvres historiques en latin, notamment autour de la Réforme et des Anabaptistes (comme l’Histoire des Anabaptistes ou Relation curieuse de leur doctrine) qui ont un rayonnement international. Ses commentaires sur l’Enéide de Virgile, Enarrationes in sex priores libros Aeneidos Virgilianae ont été publiés en 1559, suivi en 1577 d’une édition complétée avec les commentaires de Lambertus Hortensius sur les six livres suivants. Cependant, les commentaires sur les livres VII à XII sont moins nombreux. Dans ce paratexte, Hortensius se livre au résumé des Nuées.

Bibliographie : Traduction : Christian NICOLAS

Nebularum siue Nubium Aristophanis, Comici clarissimi, argumentum.

Les Nuées ou Les Nuages d’Aristophane, comique très fameux ; argument de la pièce

Cum Anytus et Melitus infestissimi Socratis inimici per inuidiam eum perditum cuperent, animaduertentes se illum nulla ratione laedere posse, grandi pecunia Aristophanem comicum corrumpere hac lege aggressi sunt, ut in eum Comoediam scriberet.

Alors qu’Anytos et Mélitos, les plus virulents ennemis de Socrate, souhaitaient sa perte mais constataient qu’ils n’arrivaient en aucune façon à le blesser, ils entreprirent d’acheter le comique Aristophane avec le contrat de composer contre lui une comédie.

Hac mercede inductus poeta, quendam Strepsiadem senem propudiosum, qui filii prodigalitate in equis alendis, aeri alieno obnoxius erat, inducit.

Marché conclu, le poète montre sur scène un certain Strepsiade, vieillard obscène, surendetté à cause des dépenses de son fils éleveur de chevaux.

Rebus in hunc modum ex compacto inter ipsos constitutis, Strepsiades senex cum non perspiceret satis, quid de aere alieno statueret, et qua uia inde se explicaret, ex tempore consilium capit, de filio suo Phidippide in disciplinam Socrati tradendo, ut ab eo iniustam dicendi facultatem disceret, quo ea potissimum uia, malam caussam faciendo bonam, feneratores, et in uniuersum omnes creditores eluderet.

Les deux se mettent d’accord et établissent le plan suivant : le vieux Strepsiade, qui ne voyait pas bien quoi faire de sa dette et par quel biais s’en dégager, prend la décision immédiate d’envoyer son fils Phidippide à l’école de Socrate pour qu’il apprenne de lui la faculté de plaider l’injuste, la meilleure méthode (en rendant une mauvaise cause bonne) pour se jouer à jamais des usuriers et des prêteurs.

Vrget pater improbis precibus filium Phidippiden, uerum is induci non potuit, ut scholam Socraticam frequentaret.

Le père presse son fils Phidippide de ses prières malhonnêtes mais ne réussit pas à lui faire fréquenter l’école de Socrate.

Senex hic spe sua frustratus de filio, aliam uiam tentandam duxit.

Le vieillard, alors, trompé dans son attente, pensa qu’il fallait tenter une autre voie.

Nulla aetatis habita ratione, cum non reputaret, quam indecorum, et deforme uideretur, hominem senio confectum, quasi uiridi florentique, aetate adolescens esset, extrema senectute incipere literas discere, sed hoc unum spectaret solum, qui creditores persuadendi uia sua pecunia defraudaret, ipse Socratem adiit.

Sans tenir compte de son âge, sans penser à l’inconvenance et à la honte possible de voir un homme confit par l’âge, comme s’il était un jeune garçon dans la fleur de la jeunesse, commencer dans son extrême vieillesse des études littéraires, mais en ayant comme seul but de priver ses créditeurs, par la voie de la persuasion, de l’argent qu’il leur doit, alla en personne chez Socrate.

Verum cum ingenio adeo esset bardo ac stupido, ut prorsus nihil assequeretur, maneretque idem ingenio, qui suerat, antequam se in disciplinam traderet, de profectu studiorum plane desperare coepit, et in totum sibi diffidere.

Mais comme, borné et stupide, il ne comprenait à peu près rien et gardait le même intellect que celui qu’il avait avant de venir à l’école, il commença à désespérer des bénéfices des études et perdit toute confiance en lui.

Rursum filium magnis tum precibus, tum pollicitationibus adoritur, ut patri morem gerens Socratis auditoribus se intermisceat.

Il revient voir son fils, le prie, lui fait des promesses, pour l’engager à obéir à son père et à se mélanger aux auditeurs de Socrate.

Recipit id se facturum filius, et scholam frequentare occipit.

Le fils accepte de le faire et commence à fréquenter l’école.

Constat autem haec fabula ex choro Nebularum.

Quant au titre de la pièce, elle vient du chœur des Nuées.

Nam cum Socratis accusationem contineat, fingit poeta eum, communibus Diis repudiatis, nouos deos Aerem, Nubes, et id genus nugas existimare ac constituere.

Car, comme elle contient l’accusation faite à Socrate1, le poète imagine que ce dernier, après avoir récusé les dieux de la cité, a imaginé et instauré comme nouvelles divinités l’Air, les Nuées et d’autres balivernes de ce genre.


1. Celle d’introduire de nouveaux dieux dans la cité.