Argumentum fabulae Equitum
Lambertus Hortensius Montfortius

Présentation du paratexte

Lambertus Hortensius (1500-1574) Lambertus Hortensius est un prêtre historien et humaniste néerlandais. Il est recteur de l’école latine (Gymnasium) de Naarden en 1544 et bien qu’il ne s’éloigne pas vraiment de la foi catholique, il sympathise avec les idées de la réforme. Son nom en langue vernaculaire n’est pas connu. Il a beaucoup commenté les auteurs anciens, et notamment Aristophane, Virgile et Lucain et il a également écrit des œuvres historiques en latin, notamment autour de la Réforme et des Anabaptistes (comme l’Histoire des Anabaptistes ou Relation curieuse de leur doctrine) qui ont un rayonnement international. Ses commentaires sur l’Enéide de Virgile, Enarrationes in sex priores libros Aeneidos Virgilianae ont été publiés en 1559, suivi en 1577 d’une édition complétée avec les commentaires de Lambertus Hortensius sur les six livres suivants. Cependant, les commentaires sur les livres VII à XII sont moins nombreux.

Hortensius donne ici le résumé (Argumentum) de la comédie Les Cavaliers.

list Bibliographie :
  •  Kristine Louise Haugen, “A French Jesuit’s Lectures on Vergil, 1582-1583: Jacques Sirmond between Literature, History, and Myth”, in Sixteenth Century Journal, Vol. 30, No. 4, 1999, pp. 967-985
Traduction : Christian NICOLAS

Argumentum fabulae Equitum

Argument de la pièce Les Cavaliers.1

Oppressa per Tyrannidem Atheniensium Republica a Cleone, qui e coriario Imperator factus erat, Demosthenes (non orator ille, sed Imperator exercitus) et Nicias collegae, a quibus longa obsidione Pylus in rerum desperationem adducta fuerat, quibusque abrogatum imperium Cleoni demandatum fuerat, inter se de impotenti hominis administratione queruntur.

Alors que la cité athénienne est opprimée sous la tyrannie de Cléon, qui de marchand de cuir était devenu général, Démosthène (non pas l’orateur mais un général de l’armée) et Nicias, deux collègues qui, grâce à un long siège, avaient réduit Pylos au désespoir et à qui l’on avait retiré le pouvoir pour le confier à Cléon, se plaignent entre eux de l’administration irresponsable du bonhomme.

Consilium capiunt, quo hominis potentia iam utcunque confirmata, frangatur.

Ils décident de briser le pouvoir de Cléon, désormais consolidé par tous les moyens.

Ad ultimum Allantopolam quendam, hoc est, intestinorum, et lucanicarum diuenditorem persuadendo huc inducunt, ut hominis dominatui se opponat, et Rempublicam inuadat.

En définitive, ils entreprennent un certain « Allantopolès » (ce qui signifie ‘vendeur de tripes et de boudins’)2 et à force de persuasion l’entraînent à s’opposer à la domination du bonhomme et à prendre le pouvoir.

Eam prouinciam ut lubentius capessat, ad id se adiutores fore promittunt, una cum mille equitibus.

Pour qu’il accepte ce marché plus volontiers, ils promettent qu’ils l’aideront avec mille cavaliers.

Cleon detecta horum coniuratione saeuit, minatur exitium coniuratis.

Cléon découvre le complot, sévit, menace de mort les comploteurs.

Denique magno certamine utrinque conuicia iaciuntur.

Puis dans un grand combat, des deux côtés fusent les insultes.

Redit e concilio Allantopola, prouocatque ad populum.

De retour de l’assemblée, le Charcutier en appelle au peuple.

Inde narrat se uicisse, et senatum in suam traxisse sententiam.

Il raconte qu’il a gagné et que le sénat s’est rallié à sa cause.

Prodit Cleon, agit cum Allantopola ferociter conuiciis, prouocat ad populum, itur.

Cléon s’avance, échange avec le Charcutier de violentes insultes, en appelle au peuple et l’on y va.

Vterque suam caussam agit commemorando beneficia : Cleon serio, alter risu, ac iocis.

Chacun plaide sa cause en rappelant ses bienfaits, Cléon sérieusement, l’autre en riant et plaisantant.

Obtinet palmam in hac contentione Allantopola, ac reiecto Cleone, populum sibi conciliat, acciptque annulum Cleoni detractum ab eo, una cum imperio.

La palme dans ce débat va au Charcutier ; Cléon mis dehors, il se concilie les faveurs du peuple et reçoit l’anneau qu’on arrache à Cléon avec son pouvoir.

Vterque sub haec populi iussu suum profert oraculum, et interpretatur.

Tous les deux, sur ces entrefaites, sur l’ordre du peuple, font entendre leur oracle et l’interprètent.

Abrogatur imperium Cleoni, detracta corona, ac committitur Allantopolae.

On abroge son pouvoir à Cléon, on lui enlève sa couronne et on les confie au Charcutier.

Recensetur hoc drama inter ea, quae eleganter, et artificiose scripta sunt. […]

On compte cette pièce parmi celles qui sont écrites avec élégance et art.


1. Ce paratexte est un résumé de l’argument en prose (hypothesis) qui inaugure le texte de la pièce dans la plupart des manuscrits, plus particulièrement du passage I 1.
2. C’est à la fois un nom de métier et le « nom d’usage » du personnage, par ailleurs nommé Agoracritos.