Présentation du paratexte
Traduction latine de cinq comédies d’Aristophane.
Bibliographie :-
Thomas Baier « Nicodemus Frischlin als Aristophanes-Übersetzer »editorDramatische Wäldchen. Festschrift für Eckard Lefèvre zum 65. GeburtstagpubPlacepublisherdate -
Patrick Lucky Hadley Athens in Rome, Rome in Germany. Nicodemus Frischlin and the Rehabilitation of Aristophanes in the 16th Century pubPlace publisher date -
David Price The Political Dramaturgy of Nicodemus Frischlin : Essays on Humanist Drama in GermanypubPlace publisher, date
Epistola. Illustri et generoso Domino D. Ferdinando Hofmanno, Baroni in Gruenenphyel et Strechau, magno et hereditario Curiae magistro in Styria, Archimarschalo Austriae et Styriae, Consistorii Imperialis Praesidi et Capitaneo Neostadiensi, domino suo obseruando, s<alutem> p<lurimam> d<at> Nicodemus Frischlinus.
Epître dédicatoire. A l’illustre et noble seigneur Ferdinand Hofmann, Baron de Grünbüchel und Strechau1, grand maître héréditaire de la Cour en Styrie, Maréchal en chef d’Autriche et de Styrie, Président du Consistoire impérial, capitaine de Neustadt, son seigneur digne de respect, Nicodème Frischlin donne un salut appuyé.
Equites ad te mitto, generose et illustris Baro.
Ce sont des Cavaliers que je vous envoie, noble et illustre baron.
Nam tu ex illustrium equitum familia es natus et re equestri non minus clares quam re forensi ; tu socerum quoque habes aurei uelleris equitem, generosum illum et illustrem Baronem D. Leonhardum ab Harrach, Baronem in Rorau et Piechenstein, necnon et fratrem Ioannem illum Fridericum Hofmannum, cuius fama uniuersum prope terrarum orbem praeclaris in ecclesiam et rempublicam meritis nunc olim impleuit.
De fait, vous êtes, vou, issu d’une famille d’illustres chevaliers et vous ne brillez pas moins en chevalerie qu’en chancellerie ; votre beau-père aussi est chevalier de la Toison d’Or, le noble et illustre Baron Leohnard von Harrach, Baron de Rohrau et Piechenstein, et également votre frère, l’illustre Hans-Friedrich Hofmann, dont la renommée, que lui valent ses notoires bienfaits envers l’église et l’état, a empli depuis quelque temps déjà tout l’univers ou presque.
Sed quosnam equites ? Athenienses, Generose domine, uiros nobiles, osores Cleonum et turbulentorum ciuium, amatores pacis et tranquillitatis, custodes salutis publicae ac omnino tui perquam similes.
Mais de quels cavaliers est-il question ? De ceux d’Athènes, noble seigneur, des hommes de haut rang, adversaires farouches des Cléon et des citoyens factieux, amoureux de la paix et de la sérénité, défenseurs du salut public et en tout point semblables à vous.
Tu enim unus es, si quisquam alius, μύθων τε ῥητὴρ ἀγαθός, πρηκτὴρ δὲ ἔργων2, ut qui summis ornatus eloquentiae studiis et uaria multarum linguarum cognitione praeditus, tum iuris et legum peritia mirifice instructus, totum aulae imperialis forum cum laude administras gubernasque.
Car c’est de vous plus que de n’importe qui que l’on peut dire « parleur de beaux récits et grand faiseur de choses », dans la mesure où, armé des meilleurs outils de l’éloquence et connaisseur de nombreuses langues très diverses, spécialiste accompli de la jurisprudence, vous administrez et dirigez tout le tribunal de la cour impériale de la meilleure façon.
Nam iniuste oppressis opem fers legum praesidio et improborum hominum conatus iuris et aequi habenis coerces ac remoraris.
Car aux victimes d’injustices, vous offrez le secours des lois sous votre présidence ; quant aux manœuvres des méchants, vous les réfrénez et les empêchez avec les rênes du droit et de la justice.
Itaque multorum hominum oculi in te solum nunc respiciunt teque obseruant et suas in te spes et fiducias collocant ; ii praesertim quibus tu iam ante aliquod signum tuae pietatis, uirtutis et sapientiae extulisti.
Aussi les yeux de la multitude sont-ils braqués sur vous et vous observent et tous placent en vous leurs espoirs et leur confiance, surtout ceux à qui vous avez déjà auparavant montré des signes de votre piété, de votre vertu et de votre sagesse.
Cum enim non desint hodie qui nihil nisi de pernicie reipublicae cogitent, tu certe is es cuius consilia non turbarum et armorum, sed pacis et publicae tranquillitatis sunt socia.
Car, alors qu’on ne manque pas aujourd’hui de gens pour comploter à la ruine de l’état, vous, au moins, vous êtes à même de délivrer des conseils qui prônent non pas la sédition ou la guerre, mais la paix et la sérénité publiques
Quo etiam accedit animi tui magnitudo atque alacritas, ut qui non modo considerate et sapienter agas, quicquid agis, sed etiam animose et fortiter.
S’ajoutent à cela en outre votre grandeur d’âme et votre entrain, dans la mesure où tout ce que vous faites, vous le faites non seulement avec respect et sagesse, mais aussi avec ardeur et courage.
Quapropter a me accipe, Baro illustris, hosce Aristophanios Equites et contemplare in illis quid equestrem ordinem deceat in reprimendis et legum repagulo cohibendis nostrae aetatis Cleonibus.
Aussi, recevez de moi, illustre Baron, ces Cavaliers aristophaniens et observez en eux ce que doit faire l’ordre des chevaliers quand il réprime et contraint dans les barrières de la loi les Cléon d’aujourd’hui.
Sed accipies istaec aequo animo et eodem quo a me uides e scenis Graecorum produci in Romana theatra.
Mais vous les recevrez avec la même équanimité dont j’ai fait preuve, vous le savez, en les mettant en scène sur un théâtre romain.
Nam inuenies hic (nisi ualde animi fallor) quam plurima quae te de statu reipublicae, de praesidibus, de ordine equestri, deque aliis rebus aut utiliter poterunt commonefacere aut certe suauiter oblectare.
Car vous trouverez là (sauf lourde erreur de ma part) majoritairement, sur les types d’état, sur les chefs, sur l’ordre équestre et d’autres sujets, de possibles recommandations utiles ou, à tout le moins, des amusements agréables.
Nam eruditi, ut scis,
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Car quand ils sont cultivés, comme vous savez, « les poètes veulent être utiles ou délectables ou donner d’un seul coup des leçons de vie agréables et adaptées ».
Deum aeternum, qui est pater Domini ac Seruatoris nostri Iesu Christi, tota mente atque animo precor ut is te non modo familiae tuae, sed etiam ecclesiae suae et reipublicae Germaniae quam diutissime reseruet incolumem, felicem et fortunatum.
Que Dieu Éternel, Père de Notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, de toute sa volonté et de tout son cœur, j’en fais la prière, non seulement pour le bien de votre famille mais aussi de son église et de l’état allemand, vous préserve le plus longtemps possible sain et sauf, heureux et fortuné.
Exaraui haec Francofordiae ad Moenum, plenus occupationum et remotus a libris meis, quae ut tua Celsitas boni et aequi faciat atque in optimam partem interpretetur, iterum atque iterum rogo, oro et obsecro.
Je trace ces mots depuis Francfort sur le Main, suroccupé et loin de mes livres et sans cesse renouvelle mes demandes, prières et supplications pour que Votre Seigneurie les juge estimables et justes et les interprète de la meilleure façon.
XVI Cal. Iunii, Anno etc.86
17 mai 1586.