In Aristophanem Latinum Nicodemi Frisclini, Epigramma Friderici SYLBURGII
Fridericus Sylburgius

Présentation du paratexte

Cette épigramme est faite de distiques inédits constitués à chaque fois d’un hexamètre et d’un sénaire iambique. C’est un échange de bons procédés car Frischlin fait de son côté un compliment versifié de Sylburg dans l’édition que ce dernier fait de Denys d’Halicarnasse, imprimée la même année. Friedrich Sylburg (Fridericus Sylburgius) naît en 1536 à Wetter. Dans les années 1550, il étudie dans plusieurs villes européennes, notamment Genève, Strasbourg et Paris, où il travaille avec Henri Estienne à l'édition du Thesaurus Linguae Graecae. A son retour, il refuse la chaire de Grec de l'Université de Marbourg pour se consacrer à son travail de traduction et d'édition des textes grecs. En 1583, il s'installe à Francfort où il travaille avec la famille Wechel, qui dirige le principal atelier d'imprimeurs de textes grecs de la ville. Il y donne des éditions complètes, avec traduction latine et nombreuses annexes, d'Aristote, d'Hérodote, de Denys d'Halicarnasse, entre autres. En 1591, il quitte Francfort pour Heidelberg et commence un collaboration avec l'imprimeur Jérôme Commelin. C'est chez ce dernier qu'il édite notamment Clément d'Alexandrie, Justin Martyr, Xénophon, Nonnos de Panopolis, et une anthologie des poètes gnomiques. En 1595, un an avant sa mort, il devient directeur de la Bibliotheca palatina, ce qui lui permet de dresser un catalogue complet des manuscrits qu'elle contenait. Parmi ses oeuvres personnelles, on compte des manuels de grammaire et de syntaxe grecques, un dictionnaire de grec byzantin et des recueils de poésie en grec. Source : Julien Berguer, doctorant qui travaille sur Sylburg.

Bibliographie :
  • Thomas Baier« Nicodemus Frischlin als Aristophanes-Übersetzer »editorDramatische Wäldchen. Festschrift für Eckard Lefèvre zum 65. GeburtstagpubPlacepublisherdate
  • Patrick Lucky Hadley Athens in Rome, Rome in Germany. Nicodemus Frischlin and the Rehabilitation of Aristophanes in the 16th Century pubPlace publisher date
  • David PriceThe Political Dramaturgy of Nicodemus Frischlin : Essays on Humanist Drama in GermanypubPlace publisher, date
Traduction : Christian NICOLAS

In Aristophanem Latinum Nicodemi Frisclini, Epigramma Friderici SYLBURGII

Sur l’Aristophane latin de Nicodemus Frischlin, épigramme de Friedrich Sylburg

Graecus Aristophanes longo iam tempore dignum Facetiis interpretem quaerens suis, Nullum tot saeclis potuit reperire uenustos Qui posset Atticae elegantiae sales, Cecropiosque pedes Latio uestire cothurno Et metra metris, sensa sensis reddere. Tandem Germanis unus se ostendit ab oris Qui scaenicam subiret hanc prouinciam. Cuius si nomen rogites famamque requiras, Camena nouit Graeca, nouit Itala. Praenomen puero νίκη dedit inclyta δήμου, Nomenque stirpi uegeta dedit alacritas. Mercurius docuit, docuit citharoedus Apollo : Docuit Minerua, Gratia, Parnassides. Herois celsus numeris elegisque politus, Grauisque tragicis, comicis salsus iocis ; Aptus, seu carmen seu uerba soluta requiras, Res hoc uel illo prosequi dextre modo. Hoc igitur tandem fidens interprete Graecus, Scaenas serena fronte scandit Romulas ; Et Graecis Latiisque simul salibusque iocisque, Plautos lacessit, Ennios, Pacuuios.

Aristophane, Grec, depuis longtemps cherchant un digne traducteur pour ses plaisanteries, n’en put trouver aucun, depuis de si longs siècles, pour vêtir ses bons mots tout d’élégance attique et ses pieds théséens du cothurne latin, rendre mètre pour mètre, et rendre sens pour sens. Enfin, de Germanie, un homme s’est montré pour conquérir aussi la province scénique. Tu demandes son nom et ce qu’on dit de lui ? La Muse grecque sait, et celle d’Italie. Enfant il a reçu son prénom de Victoire acquise sur le Peuple et son nom de famille, il le doit à sa vive et allègre nature. Son maître fut Mercure, Apollon citharède, les Grâces, Athéna, les Muses du Parnasse. Il est haut dans l’épos, poli dans l’élégie, grave dans le tragique et drôle en comédie, capable en poésie, en prose à la demande, d’atteindre adroitement son but par l’une ou l’autre. Donc notre Grec, tranquille avec cet interprète, monte le front serein sur les scènes romaines et par ses jeux de mots et ses plaisanteries en grec et en latin vient provoquer chez eux un Plaute, un Ennius voire un Pacuvius.