Présentation du paratexte
Ce prologue est en sénaires iambiques.
Traduction : Malika BASTIN-HAMMOUPROLOGVS.
Prologue.
« Je salue abondamment mes lecteurs que j’affirme être à présent à la place de mes spectateurs. De fait, personne ne lit, qui ne peut voir, et je ne fais pas venir les quinze-vingts, mendiants expressifs de la ville boueuse Qui portent de petits yeux amovibles en bois et qui, soumis à un bâton comme chef avec effort Vont à travers les temples, les rues, les carrefours.
Est-ce que « porte-toi bien » suffit, si j’arrive en bonne paix ?
Je suis présent pour donner La Paix, et je vous l’apporte. Quels sifflets, quelles menaces j’entends, houla ! La foule en grand nombre réfute et repousse la paix quoiqu’elle soit ignorante des farouches travaux de Mars.
Alors elle répand de grands mots, bientôt des coups, en sécurité, jusqu’à ce qu’Annibal ait frappé aux portes, et jamais (ce que paraît-il Démade a dit au sujet d’Athènes) elle n’ira aimer la Paix, si ce n’est en manteau noir, usé par de très grands préjudices.
Donc, je m’en vais ? Ou bien il vaut mieux que je réclame et mette en œuvre une trêve ? Je ne veux pas que la foule écumante s’attaque à moi comme à un forcené en me jetant une pluie de pierres ou que le son de la flûte me ramène au berger comme un mal-aimé. Mais les voilà qui crient qu’un Chrestien ne doit pas souhaiter la Paix ; que qui demande la Paix, mérite la mort. Sans doute Christ a apporté une loi absolument semblable, en effet il n’est pas venu Donner la Paix, mais les armes. Laissez votre colère et votre haine, vous les obstinés, je vous vous fréquenter paisibles et bienveillants. De même qu’un Lacédémonien a reconnu que les Athéniens sont courageux, mais en peinture, de même on peut jouir d’une Paix sur papier et que les Aquitains ne veulent pas.
Donc c’est en poésie, ou en peinture seulement, que vous aurez été dotés de ce désagrément de la Paix. En réalité, la Paix à laquelle vous pensez dans le malheur, je ne pourrais pas la donner et si je pouvais je ne la donnerais pas.
Qui sauve quelqu’un malgré lui le tue pour ainsi dire. Donc si le salut est dans la guerre, alors adieu, Paix !
Je ne suis pas l’auteur de la Paix, mais plutôt le traducteur. Pourquoi en revanche détournez-vous le visage ? Nous n’avons pas fait une traduction, comme ceux qui font trop retentir les guerres.
La Paix d’Aristophane est une Comédie ancienne, Florent la répète et la traduit en langue barbare : c’est-à-dire en latin, autant qu’il a pu, et il ne fait pas grand cas des vains aboiements de ceux qui dénigrent les efforts savants, en demandant qu’on écrive en français, pour que ce qu’ils n’ont pas eux-mêmes et ignorent ne soit pas à nous seuls, même si on y trouve aussi ce qu’ils ont en abondance.
Si la traduction vous a plu, applaudissez, ou bien, si rien de ce qui est ancien ne vous plaît, fermez maintenant. En vérité, la pièce n’a pas été jouée et n’a pas été sifflée.
Et je n’en donnerais pas un zeste pour qu’elle marche ou qu’elle échoue. C’est décidé, dans ce cas la louange est publique, ça suffit, adieu ; Je n’ai pas voulu que vous ignoriez cela. »
Demades, auctore Plutarcho, dicere solebat, Athenienses nunquam decernere pacem, nisi pullis uestibus indutos, innuens eos bellandi cupidiores, quam sat esset, nec nisi clade suorum admonitos de pace cogitare, « Démade, cité par Plutarque, disait souvent que les Athéniens ne votaient jamais la paix qu’en manteau de deuil, signifiant par là qu’ils étaient belliqueux au-delà du raisonnable et ne songeaient à la paix qu’avertis par la défaite ».