Présentation du paratexte
- Malika Bastin-Hammou, « Aemilius Portus, Greek Scholar and Latin Humanist. Some Reflexions on Aemilius Portus’s Edition of Aristophanes (1607) », in Vaios Vaiopoulos, Ioannis Deligiannis & Vasileios Pappas (ed.) Post-Byzantine Latinitas. Latin in post-Byzantine Scholarship (1453-1821), Brepols, Turnhout, 77-90.
Insigni Pietate, nobilitate et doctrina ornatissima uiro, Domino Odoardo Biseto, Domino de Charlay, Domino suo plurimum obseruando Aemilius Portus Francisci Porti Cretensis Filius S. P.
Aemilius Portus, fils de Franciscus Portus de Crète adresse son salut au Seigneur Odoardus Bisetus, seigneur de Charlay, homme à la piété remarquable, à la noblesse et au savoir tout à fait exceptionnels, son seigneur très respectable.
Cum propter facinus ab illis ausum (nobilissime uir) qui turris Babylonicae fastigium ad ipsos usque coelorum uertices moliri statuerant, ut sui conatus et audaciae uix credendae monumentum posteritati relinquerent, tanta linguarum uarietas olim sit orta, quarum cognitio generis humani societatem fouet ac tuetur, nullus sana mente praeditus homines harum discendarum studiosos iure damnarit.
Alors qu’est née, à cause de ce qu’avaient osé entreprendre, homme tout à fait noble, ceux qui avaient décidé de faire parvenir jusqu’aux cieux le sommet de la tour de Babel afin de laisser à la postérité une trace de leur entreprise et de leur audace à peine croyables, une telle diversité de langues dont la connaissance soutient et protège la société humaine, aucun homme sensé ne condamnerait à bon droit les hommes qui cherchaient à les apprendre.
Sed ut caeteras quarum maximus est usus, silentio praeteream, de Graeca tantum uerba faciam.
Mais, pour passer sous silence le reste des langues qu’il y a grande utilité à connaître, je ne parlerai brièvement que de la langue grecque.
Quis rerum adeo est imperitus, quin hanc omnium scientiarum quasi matrem quandam esse fateatur ?
Qui est à ce point ignorant qu’il ne reconnaisse pas qu’elle est comme la mère de toutes les sciences ?
Quamuis autem linguae Graecae plurimos, optimosque scriptores esse constet, quos magna cum laude possumus imitari, si quis tamen Aristophanem, ut eximium Attici leporis exemplar, caeteris anteponat, à ueritatis scopo fortasse non aberrarit.
Or, bien qu’il soit établi que sont de langue grecque bon nombre des meilleurs auteurs, que nous pouvons imiter avec une gloire immense, si cependant quelqu’un plaçait Aristophane, en tant qu’exemple remarquable du charme attique, avant les autres, sans doute ne s’éloignerait-il pas de la vérité.
Facundiam enim et in discendo suauitatem incredibilem habet.
Son discours possède en effet une éloquence et une douceur incroyables.
Haec in multorum animis ingens huius auctoris studium excitarunt.
Ces qualités provoquèrent dans l’esprit de nombre de gens un immense engouement pour cet auteur.
Haec Aristophani multos amatores conciliarunt.
Elle gagnèrent à Aristophane nombre d’admirateurs.
Haec Iohannem illum Antiochenum, summorum Theologorum lumen, qui propter aureum eloquentiae flumen, Chrysostomi cognomen obtinuit, ad huius poetae quotidianam lectionem impulerunt, ex qua maximam tum facundiae, tum uehementiae suae partem in corripiendis uitiis hausisse fertur.
Elles poussèrent l’illustre Jean d’Antioche, lumière des plus grand théologiens, qui, grâce au fleuve doré de son éloquence, obtint le surnom de Chrysostome, à la lecture quotidienne de ce poète, duquel, dit-on, il puisa une partie de son éloquence et de sa véhémence pour blâmer les vices.
Vt Alexander Homeri poema, sic etiam praestantissimus iste Theologus Aristophanem puluillo subdere solebat1, quemadmodum a uiris fide dignis memoriae proditum.
De même qu’Alexandre avait l’habitude de placer sous son oreiller le poème d’Homère, de même ce théologien très éminent y plaça Aristophane, ainsi que nous le rapportent des hommes dignes de confiance.
Quare nihil praeter pietatem ab illis factum uidetur, qui nunc, ut iuuentutem Graecarum literarum studiosam iuuarent, eique ad Atticae eloquentiae intelligentiam, ac notitiam aditum faciliorem patefacerent, amplissimam grauissimorum errorum in hoc auctore per uetustatis inuidiam, et hominum incuriam natorum segetem pro uiribus purgare, et obscurissimos quosque locos dilucidius explicare sunt conati.
Voilà pourquoi ils n’ont rien fait d’autre qu’un acte de piété ceux qui, pour aider les jeunes étudiants des lettres grecques et pour les faire accéder plus facilement à la compréhension et à la connaissance de l’éloquence attique, se sont aujourd’hui efforcés de récolter dans la mesure de leurs forces la très grande moisson des très lourdes erreurs que l’injure du temps et l’incurie des hommes avaient fait germer chez cet auteur et d’expliquer tous les passages les plus obscurs avec davantage de clarté.
Huius tamen poetae scripta, ut suauissimas rosas spinis acutissimis circumseptas, prudenter legere debemus.
Cependant il faut cueillir avec prudence, comme les roses d’une beauté remarquable entourées d’épines très pointues, les écrits de ce poète.
Quicquid nostra literarum studia promouere potest, hoc arripiendum, hoc magna cura seruandum.
Tout ce qui peut promouvoir nos études des lettres, il faut s’en saisir, y veiller avec un grand soin.
Quicquid ad uirtutis amorem nos impellit, hoc strenue sectandum.
Tout ce qui nous pousse à l’amour de la vertu, il faut le rechercher activement.
Quicquid uero bonos mores labefactare et corrumpere uidetur, hoc pro uirili fugiendum.
Mais tout ce qui semble affaiblir et corrompre les bonnes mœurs, il faut le fuir autant qu’on le peut.
Quod si quis Aristophanem ob multa cum dicta, tum facta uere flagitiosa, quae priscum illud dicendi genus comicum redolent, de medio tollendum censeat, idem et ceteros omnes tam Graecos, quam Latinos scriptores eadem de causa perdendos esse censet.
Et si quelqu’un estime qu’il faut, en raison de ses multiples paroles et actes honteux qui ont le parfum de ce vieux genre comique, bannir Aristophane, il pense aussi qu’il faut également, pour la même raison, perdre tous les autres auteurs, tant grecs que latins.
Nam ut Ouidius Trist. 2. canit,
En effet, comme Ovide le chante dans les Tristes 2 :
2
« Qu’est-ce que l'Iliade sinon une femme adultère pour laquelle son amant et son mari se sont disputés ? N’est-ce pas, au commencement, la passion ardente pour Chryséis et la querelle que fait naître entre les chefs l’enlèvement de la jeune fille ? Qu'est-ce que l'Odyssée, sinon l'histoire d'une femme courtisée par de nombreux prétendants amoureux en l'absence de son mari ? Qu’est-ce d’autre qu’Homère mettant en scène Vénus et Mars enlacés et enchaînés sur un lit adultère ? De quel témoignage, si ce n'est de celui du grand Homère, pouvons-nous apprendre que deux déesses s'enflamment de passion pour leur hôte ? La tragédie surpasse en sérieux tous les genres d'écriture, mais elle traite aussi constamment du thème de l'amour. »
Et paulo post,
Et peu après,
3
« La tragédie est même descendue à des rires obscènes et elle offre beaucoup de passages où la pudeur n’est pas respectée. »
Hoc unum exemplum nobis omnium instar erit.
Ce seul exemple est une preuve universelle.
Hinc facile coniici potest quidnam de ceteris sit sentiendum, quid iudicandum.
De là, on peut facilement déduire comment il faut appréhender tous les autres, ce qu’il faut en penser.
An igitur Homerum, qui suorum Heroum, quin etiam Deorum furta, mendacia, periuria, rixas, iracundiam, pugnas, uulnera, uenereos amores, adulteria, incesta, et scelera, quae ne honeste quidem nominari possunt, prolixè descripsit, absolues, utque poetarum principem laurea coronandum censebis, Aristophanem uero, qui grauius non peccauit, omnibus suffragiis damnabis, eiusque nomini sempiternam infamiae notam inures ?
Est-ce que donc Homère, qui a largement dépeint les vols, les mensonges, les parjures, les disputes, la colère, les combats, les blessures, les plaisirs de l’amour, les adultères, les incestes et les crimes, dont le nom même ne peut être énoncé honorablement, de ses Héros, et bien plus des Dieux, tu l’acquitteras et tu jugeras qu’il faut, en tant que prince des poètes, le couronner du laurier, tandis qu’Aristophane, qui n’a pas commis de crime plus grave, tu le condamneras absolument et tu marqueras son nom du sceau éternel de l’infamie ?
Quodnam fuerit hoc iudicium, quod ius, quae lex ?
Quels seraient ce jugement, ce droit, cette loi ?
O formidabilem Censorum seueritatem !
O redoutable sévérité des censeurs !
Quod si ne Homero quidem parcas, quis de reliquis poetis aut oratoribus aut historicis manus istorum et suffragia uitabit ?
Et si on n’épargne pas même Homère, qui, parmi le reste des poètes ou des orateurs ou des historiens évitera leurs votes et leurs suffrages ?
Actum de omnibus.
C’en est fait de tous.
Nullum enim eorum inuenias, quin multa multorum nefaria scelera narret.
En effet, on ne trouve personne qui ne raconte nombre de crimes impies de nombre de gens.
Omnes igitur cum suis scriptis perdendi, ne scelerum ab impiis perpetratorum narratione piorum mores corrumpant.
Par conséquent, tous devraient être perdus en même temps que leurs écrits, pour que leurs récits des crimes perpétrés par des hommes impies ne corrompent pas les mœurs des hommes pieux.
Huc enim spectat tantae seueritatis iudicium.
En effet, c’est à ce résultat que conduit un jugement d’une si grande sévérité.
Sed quis, quaeso, medicam artem damnandam ac abolendam censebit, quia non solum de bonis : sed de malis etiam pharmacis agit, quibus multi mortalium perimuntur ?
Mais qui, je te le demande, jugera que la médecine doit être condamnée et abolie sous prétexte qu’elle traite non seulement des remèdes mais aussi des poisons qui ont fait périr nombre de mortels ?
Quis rerum nauticarum scientiam de medio tollendam dicet, quod multi saepe cum ipsis nauibus pereant ?
Qui dira qu’il faut supprimer l’art de la navigation, sous prétexte que nombre d’hommes ont souvent péri en même temps que leurs navires ?
Quis artes imperatorias uituperabit quod ab imperatoribus, eorumque militibus multa praeter ius et fas saepe fiant ?
Qui critiquera la science des généraux sous prétexte que les généraux et leurs soldats ont souvent commis nombre d’actions à l’encontre du droit humain et divin ?
Bona, laudationem, mala, uituperationem merentur.
Les bonnes choses méritent la louange, les mauvaises le blâme.
Vsus, non abusus habenda ratio.
Il faut tenir compte de leur bon usage, non de leur mauvais.
Bona a malis et mala a bonis secernenda, et sua cuique laus, aut uituperatio tribuenda.
Les bonnes choses doivent être distinguées des mauvaises, les mauvaises des bonnes, et chacune doit se voir attribuer sa louange ou sa critique.
Homines, quos nulla religionis, quos nulla pietatis, quos nulla Dei cura tangit, uel optimis quibusque scriptis abutuntur.
Les hommes que ne touche aucun souci de la religion, de la piété, de Dieu font souvent un mauvais usage de tous les écrits, même des meilleurs.
Hi referunt νοῦς κακοχύμους, quibus optimi quique cibi nocent, sed mali culpa, non in ciborum bonitatem, uerum in ipsam hominum καχεξίαν est conferenda.
Ils rendent « cacochymes » leurs esprits à qui nuisent toutes les meilleures nourritures, mais la faute de ce mal doit incomber non à la qualité des repas, mais à « la mauvaise disposition » de ces hommes.
Haud tamen ullo modo probandi qui neglecto numinis diuini cultu totum uitae tempus in profanorum auctorum scriptis assidue uoluendis et attente legendis terunt, summamque uoluptatem ex horum lectione capiunt, ut in his quasi praecipuam beatitudinis humanae partem ponere uideantur.
Cependant, il ne faut en aucune façon approuver ceux qui, après avoir délaissé le culte divin, passent toute leur vie à méditer assidument sur les écrits des auteurs profanes et à les lire attentivement et qui prennent le plus grand plaisir à cette lecture, de sorte qu’ils semblent placer en eux, pour ainsi dire, la plus grande partie du bonheur humain.
Hoc enim pietati uehementer repugnat.
En effet, cela est fortement incompatible avec la piété.
Ea tantum in his obseruanda, decerpenda, quae salua pietate nos iuuare possunt.
Il faut, dans ces écrits, observer, ne récolter que ce qui peut nous aider par une piété salutaire.
Cetera uero, quae non sine summo flagitio dici, fieriue possunt, detestanda prorsusque damnanda.
Mais le reste, qui ne peut être énoncé ou fait sans causer un scandale immense, il faut le tenir en haine et le condamner sans détours.
Verum ne dubii feramur ac incerti fluctuemus, sacrosanctam legis ab ipso Deo latae regulam habemus, ad quam omnes animi cogitationes, omnes corporis actiones, omnia uerba dirigamus.
En vérité, afin de nous donner une direction assurée et de ne pas errer dans l’incertitude, nous possédons la sacrosainte règle de la loi édictée par Dieu lui-même, vers laquelle nous dirigeons toutes les pensées de notre esprit, toutes les actions de notre corps, toutes nos paroles.
Quantum autem religio, quantum pietas, quantum honestas patitur, quantum generis humani societas, utilitasque flagitat, profanis auctoribus utamur, sed omnem abusum semper fugiamus.
Autant que la religion, la piété, l’honnêteté le permettent, autant que la société du genre humain et son utilité le réclament, utilisons les auteurs profanes, mais fuyons toujours tout mauvais usage.
Multa in Aristophane ualde damnanda fateor, multa tamen in eodem magnam laudem merentur.
Il y a, je l'avoue, nombre de choses tout à fait condamnables chez Aristophane, mais beaucoup de choses sont dignes de la plus grande louange chez ce même auteur.
Omnem dictorum, omnem factorum impuritatem, ac impietatem damno : sed Atticae linguae puritas, elegentia, copia, suauitas, in uariarum uocum aptissima compositione felicitas, multorum uocabulorum rerumque ad forum, ad iudicia, uariasque scientias spectantium interpretatio cur a me damnetur ?
Je condamne toute l’impureté et l’impiété de ses paroles et de ses actes, mais la pureté de la langue attique, son élégance, sa richesse, sa douceur, sa capacité heureuse à agencer merveilleusement différentes voix, l'explication de nombre de ses mots et de ces réalités touchant au forum, aux jugements et aux diverses sciences, pourquoi les condamnerais-je ?
Hic uitiorum acerrimus est obseruator, ac reprehensor.
C’est un observateur et un censeur de vices tout à fait acerbe.
Hic uirorum, hic mulierum mores et ingenium suis coloribus insignitum ut penicillo nobis depingit.
Il nous dépeint les mœurs des hommes et des femmes et un tempérament marqué par ses couleurs comme par un pinceau.
Quibus in rebus, et quomodo quisque peccet, quam animaduersionem, quas poenas pro uitiorum grauitate promereatur, aperte demonstrat, et cum multis aliis in locis passim, tum uero praecipue in illis, quas Comici παραβάσεις appellant, modo summos Atheniensis Reipublicae Magistratus, et uniuersum populum, modo singulos ciues carpit, obiurgat, officii sui monet, a uitiis deterret, et ad uirtutis studium pluribus hortatur.
Et dans ces peintures, il montre ouvertement comment chacun commet des fautes, quelle censure, quelles punitions sont méritées selon la gravité de vices et partout dans tous les autres passages mais surtout dans ceux que les Comiques appellent « parabases », il blâme, critique, rappelle à son propre devoir, détourne des vices et exhorte à l’étude de la vertu tantôt les plus hauts magistrats de la république athénienne et le peuple tout entier, tantôt les citoyens un à un.
Haec igitur ipsi laudem non uulgarem conciliant.
Ces qualités lui font mériter une louange extraordinaire.
Haec eius comoedias lectione dignas reddunt.
Elles rendent ses comédies dignes d’être lues.
Huius ingenium, acumen, eloquentiam, atticismos, flores, suauitatem et in uitiis acriter castigandis dexteritatem sequamur.
Suivons son esprit, son tranchant, son éloquence, ses atticismes, les fleurs de son langage, sa douceur et son habileté à blâmer sévèrement les vices.
At quicquid pias aures offendit, moresque deteriores facit, id omittamus, et ut rem nobis perniciosissimam uitemus, ac detestemur.
Mais tout ce qui offense les oreilles pieuses et gâte les mœurs, oublions-le et tenons-le en haine pour nous éviter également un écueil tout à fait pernicieux.
Quoniam autem, nobilissime uir, tuas in hunc auctorem doctissimas emendationes et commentationes ex tuae bibliothecae thesauris depromptas mecum humaniter communicare non es grauatus, ego labores alienos impudentius mihi uendicare et ex alienis sudoribus uigiliisque gloriam captare nolui.
Or, puisque, homme tout à fait noble, tu n’as pas répugné à me faire aimablement part de tes corrections très savantes sur cet auteur et des commentaires tirés du trésor de ta bibliothèque, moi, je n’ai pas voulu réclamer pour moi trop effrontément les travaux d’autrui et capter ma gloire des sueurs et des veilles d’autrui.
In hac postrema Aristophanis editione, quae ceteris omnibus longe praestantior in lucem prodit, tu pulcherrimas quasque tuae singularis doctrinae castigationes, meditationes, et ornamenta mihi benigne suppeditasti, pro quibus Aristophanes ipse, si uiuam uocem nunc assumeret, eas gratias tibi coram ageret, quas uiri beneficiorum acceptorum non immemores illis agere solent, qui magnis benefeficiis eos ornarunt.
Dans cette dernière édition d’Aristophane qui paraît et surpasse de loin toutes les autres, toi, tu as mis avec bienveillance à disposition toutes les plus belles corrections de ton remarquable savoir, ses réflexions, son éclat, en échange de quoi Aristophane lui-même, s’il s’exprimait de vive voix, te rendrait ouvertement des grâces que les hommes qui ont en mémoire les bienfaits qu’ils ont reçus rendent d’habitude à ceux qui les ont gratifiés de grands bienfaits.
Quod si quid et ego in hac nouissima expeditione contra tot grauissimorum errorum millia, quae miserum Aristophanem ante densissimis tenebrarum copiis obsessum premebant, et uariis insultibus uexabant, tuis auspiciis, ductuque feliciter suscepta praestitisse uideor, hoc quoque tuum est.
Et si moi aussi, dans cette toute nouvelle expédition menée contre tant de milliers de si graves erreurs qui pressaient le malheureux Aristophane, auparavant victime d'un embargo très serré des ténèbres qui le blessaient d’insultes variées, je semble avoir réussi ce qui a été entrepris avec félicité sous tes auspices et sous ta conduite, c’est aussi ton fait.
Quare quae tua sunt, et quae tibi debentur, ad perpetuam meae erga te obseruatiae memoriam tibi reddenda et dedicanda censui.
Voilà pourquoi j’ai pensé que ce qui est tien et qui t’est dû devait t’être rendu et dédié afin de faire voir un éternel souvenir de mon respect à ton égard.
Hic non meos, sed tuos dulcissimos foetus agnosces, quos ut eruditionis tuae germanam sobolem alacriter excipies, amplecteris, et amore paterno prosequeris.
Tu reconnaitras ici non mes très douces productions, mais les tiennes, que tu accueilleras avec ardeur, comme une pure descendance de ton érudition, embrasseras et envelopperas d’un amour paternel.
Vale, Nobilissime Vir, meque tuae Dignitatis obseruantissimum constanter ama.
Adieu, homme très noble, et entoure-moi de ton affection constante, moi qui suis tout à fait respectueux de ta dignité.
Datum Lausannae Cal. Iunii 1589.
À Lausanne, calendes de Juin 1589.