Ad R.P. Guilielmum Archiepiscopum Cantuariensem, Erasmi carmen Iambicum trimetrum.
Desiderius Erasmus

Présentation du paratexte

type de texte : Traduction latine seule.

Bibliographie :
  • Thomas Baier, « Érasme traducteur », Anabases. Traditions et réceptions de l’Antiquité [en ligne], n°21, date, p. 99–111, en ligne https://doi.org/10.4000/anabases.5251 ;
  • Paul Botley, Latin translation in the Renaissance: the theory and practice of Leonardo Bruni, Giannozzo Manetti and Desiderius Erasmus, pubPlace, publisher, date ;
  • Virginie Leroux, « Les premières traductions de l’Iphigénie à Aulis d’Euripide, d’Érasme à Thomas Sébillet », Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, vol. 40, n°3, date, p. 243–64, en ligne http://www.jstor.org/stable/26400065 ;
  • Howard Norland, « The role of drama in Erasmus’ literary thought » dans Congrès international d’études néo-latines, Acta conventus neo-latini Bononiensis: proceedings of the Fourth International Congress of Neo-Latin Studies, édité par editor, publisher, pubPlace, date, p. 549-557 ;
  • Erika Rummel, Erasmus as a translator of the classics, pubPlace, publisher, date ;
  • Nigel Guy Wilson, « Erasmus as a translator of Euripides: supplementary notes », Antike und Abendland, vol.18, n°1, date, p. 87–88, en ligne https://doi.org/10.1515/9783110241303.87.
Traduction : Alexia DEDIEUSarah GAUCHER

AD R. P. GUILIELMUM ARCHIEPISCOPUM Cantuariensem, Erasmi carmen Iambicum trimetrum.

AU R. P William, Archêveque de Canterbury, chant d’Érasme en trimètres iambiques.

Scite poetas doctus apellat Maro

Le savant Virgile appelle dans son habileté, appelle les poètes « cygnes »

Cygnos, Guilielme praesulum eximium decus,

William, gloire suprême des archevêques,

Res mira dictu, ut cuncta consensu nouo Vati, atque holori congruant diuinitus,

Chose admirable à dire, que tout, par une inspiration divine, du fait d’un consensus étrange, s’accorde avec le poète et le cygne,

Niueus utrique candor, alter lacteis Plumis, amico candet alter pectore.

Tous deux d’une blancheur neigeuse, pour l’un, c’est son plumage lacté qui fait éclater sa blancheur, pour l’autre, son cœur amical.

Musis uterque gratus, ac Phoebo sacer, Et limpidis uterque gaudet amnibus, Ripis adaeque uterque gaudet herbidis.

Chacun d’eux est agréable aux Muses, dévoué à Apollon, chacun d’eux apprécie les fleuves limpides ; et chacun d’eux apprécie également l’herbe des rivages.

Pariter canorus uterque, tum potissimum Vicina feram mors senectam quum premit.

Tous deux font entendre des sons harmonieux, surtout lorsque la mort, proche, fait sortir en pressant la cruelle vieillesse.

Sed qui tenent arcana naturae, negant Audiri holorem, ni sonent fauonii.

Ceux qui connaissent les secrets de la nature disent que l’on n’entend pas le cygne à moins que ne sifflent les Zéphyrs.

Nil ergo mirum, barbaro hoc si seculo Canorus olim obmutuit uatum chorus, Quum tot procaces undique obstrepant Noti, Boreaeque tristes, inuidorum et pinguium, Nulli fauentum prouocent Fauonii.

Il n’est donc pas étonnant que, dans ce siècle barbare, le chœur jadis mélodieux des poètes reste muet, alors que tant de Notos effrontés et de sinistres Borées, les vents des envieux et des mauvais, retentissent de toutes parts alors qu’aucun Zéphyr, le vent des généreux, ne les anime.

Quod si bonis clementer ingeniis tuae Benignitatis blandus aspiret fauor, Ita ut facit, tota statim Britannia Vates uidebis exoriri candidos, Adeo canoros, atque uocales, uti In alta fundant astra Cygnaeum melos, Quod ipsa et aetas posterorum exaudiat.

Et si, comme elle fait, la douce faveur de ta générosité souffle doucement sur les gens de bien, tu verras bientôt naître dans la Bretagne tout entière de blancs poètes si mélodieux et si chantants qu'ils répandront dans le ciel étoilé un chant du cygne, pour que les entendent les siècles à venir.