Présentation du paratexte
type de texte : édition en grec. En fin d’ouvrage, « Emanuelis Moscopuli breuis de uita Poetae expositio », « Eiusdem Moschopuli explanatio de Idolo », « Thomae Magistri, Breuis et ipsius Poetae uitae, et fabulae argumenti explicatio ».
Johannes Herbst, dit Jean Oporin, est un humaniste né en 1507 et mort en 1568, à Bâle. Il a fait ses études à Strasbourg et à Bâle, où il a appris le latin et le grec. Il occupe un poste de professeur de latin à l’universitaire de Bâle en 1533. Il édite beaucoup d’ouvrages, d’abord avec des associés (Thomas Platter, Robert Winter et Wolfgang Lasius) de 1535 à 1537, puis, dans sa propre imprimerie (1542-1567). Il édite des livres de différents types. Ainsi, il fait paraître la traduction latine du Coran réalisée par Theodorus Bibliander en 1542 (il a l’imprimatur en 1543, mais l’édition est interdite à la vente à Bâle)1. Il édite également des textes sur les pensées religieuses (dont les Centuries de Magdebourg). De plus, il est le premier à proposer une édition de l’anatomie scientifique d’André Vésale, De humani corporis fabrica (1543).
Bibliographie :-
A. Berchtold , Bâle et l'Europe, publisher,date,635-644 - BNF, Catalogue en ligne, “Oporinus, Johann (1507-1568)”, date (mis à jour décembre 2020) https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12300201v. [Consulté le 28/01/2021].
- IDREF, “Oporinus, Johann (1507-1568)”, date (mis à jour janvier 2021) https://www.idref.fr/031866808. [Consulté le 28/01/2021].
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L. G. Michaud , Biographie universelle ancienne et moderne : ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, t.31 , publisher, pubPlace, date, p.298-299 . Disponible en ligne http://mdz-nbn-resolving.de/urn:nbn:de:bvb:12-bsb10050447-3.[Consulté le 28.01.2021.] -
M. Steinmann , Johannes Oporinus.Ein Basler Buchdrucker um die Mitte des 16. Jahrhunderts, « Basler Beiträge zur Geschichtswissenschaft 105 », publisher, date. -
M. Steinmann , "Oporin, Jean", in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 02.11.2009, traduit de l’allemand. Disponible en ligne: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/021523/2009-11-02/. [Consulté le 28.01.2021.]
Generosissimis ac uirtutum omnium studiosissimis iuuenibus, Dominis Sebastiano et Amando Truchses a Rinfeld, amicis carissimis suis, Ioannes Oporinus S.
Aux jeunes gens très généreux et si doués de toutes les vertus, seigneurs Sebastianus et Amandus Truchsess de Reinfeld, ses amis très chers, Johannes Oporinus adresse son salut.
Euripidem poetarum ut antiquissimum, ita sapientissimum, quanti doctorum semper consensus fecerit, testimonio esse Graecae Latinaeque eruditionis principes, Plato, Aristoteles, Cicero, Fabius, aliique possunt.
Les princes de l’érudition grecque et latine, Platon, Aristote, Cicéron, Quintilien et d’autres peuvent faire voir combien le consensus des savants a toujours fait cas d’Euripide le plus ancien des poètes et en même temps le plus sage.
Ex quibus ille quidem in libris de Republica ut tragoediis potissimum τὸ σοφόν contineri, ita in hisce said
2
Et le premier d’entre eux dans ses livres sur la République affirme que, de même que les tragédies surtout renferment la sagesse, Euripide se distingue dans ce genre littéraire.
Hic uero de Poetica agens, cum dignis modis tragoediae laudes pertractasset, omnium
poetarum hunc nostrum esse said
3
Quant au second, alors qu’il a traité de belle manière dans sa Poétique des mérites de la tragédie, il dit que notre poète est le plus tragique de tous les poètes.
Vterque uero sexcentis etiam locis, ubi grauissimis de rebus disputatur, eiusdem uti testimonio non dubitat.
Ces deux-là n’hésitent pas non plus à mobiliser le même poète dans mille passages où ils traitent de sujets d’une importance capitale.
At nostrorum quos diximus, alter ad
Tironem scribens, said
4
Parmi les Latins que nous avons cités, le premier, dans une lettre à Tiron, dit qu’il considère les vers d’Euripide comme autant d’axiomes.
Alter Euripidem
ait nemo non fateatur necesse est, his qui se ad
agendum comparent, utiliorem longe fore Sophocle. Nam et in sermone magis accedit oratorio generi,
et sententiis densus, et in his quae a sapientibus tradita sunt paene ipsis
par, et in dicendo ac respondendo, cuilibet eorum qui fuerunt in foro
diserti, comparandus. In adfectibus uero cum omnibus mirus, tum in his qui
miseratione constant, facile praecipuus.
5
Le second dit que tout le monde est forcé de reconnaître que, pour ceux qui se préparent à plaider, Euripide est de loin plus utile que Sophocle. « Et de fait, par sa langue, celui-ci se rapproche le plus du genre oratoire, il a fréquemment recours aux sentences ; pour les pensées rapportées par les philosophes, il égale presque ces derniers et, pour plaider et répliquer, il est comparable à n’importe lequel de ceux qui firent preuve d’éloquence au forum. Pour toutes les passions, il est admirable et, pour celles qui relèvent de la pitié, il est aisément le premier, etc. »
Hunc igitur tantopere commendatum a doctissimis quibusque poetam, quum Ioannes Heruagius, uir (ut paucis dicam) de bonis litteris praestantissimorum quorumque omnis generis auctorum editione optime meritus, nostris quidem typis, suo autem aere ac sumptu, denuo excudi, maioresque etiam exemplarium numero prodire uellet, quod haud paruo illa desiderio a studiosis expeti intellexisset, officii ego mei esse praecipue duxi, ut quae prioribus aliquot aliorum editionibus deprauata in eo loca erant, neque pauca certe illa, neque parui momenti quaedam, pro uirili quidem parte mea, quantum saltem ad urgentia praela licebat, emendarem, et in reliquis eruditi cuiusdam uiri (quem nominare ob singularem ipsius modestiam non licet) exemplar castigatissimum, in hunc ipsum nobis usum concessum sedulo imitarer.
Par conséquent, alors que Johannes Hervagius, homme (pour le dire brièvement) qui rendit aux belles lettres le plus grand service par sa connaissance des plus remarquables auteurs de tous les genres, voulait que ce poète si vivement recommandé par tous les savants soit réimprimé dans nos presses mais à ses frais et que les plus anciens s’ajoutent au nombre des exemplaires, (il avait compris que les étudiants le demandaient et le désiraient vivement), j’ai considéré pour ma part qu’il était de mon devoir de corriger, autant du moins que me le permettaient l’urgence de l’impression, les passages, certes assez nombreux et pour certains assez importants, qui avaient été corrompus chez lui par les éditions antérieures des autres auteurs, et, dans les autres passages, d’imiter consciencieusement l’exemplaire si correct d’un homme érudit (que sa modestie m’interdit de nommer) qu’on nous avait permis d’utiliser.
Quia uero etiam Graeca Arsenii Monembasiae archiepiscopi in praecipuas aliquot poetae huius tragoedias scholia desiderari a plerisque Heruagius animaduerterat, nempe quod illorum a se excudendorum spem studiosis quoque antea fecisset, placuit nunc illa simul adiungere, ut eo quasi auctario magis commendaretur istaec auctoris huius editio.
Mais parce que Hervagius également avait remarqué que de nombreux lecteurs appelaient de leurs vœux les scholies grecques d’Arsenius, archevèque de Monemvasia, sur les principales tragédies, sans doute parce qu’il avait fait naître chez les érudits l’espoir qu’il les éditerait, il nous a semblé bon de les joindre au présent ouvrage afin que ce surplus (pour ainsi dire) donne davantage de prix à l’édition de cet auteur.
Ac innumeris etiam locis, quae in Scholiis illis deprauatissima extabant, restituendis, nunc demum rectius consuleretur.
Et c’est seulement maintenant qu’on s’est efforcé assez convenablement de restituer également d’innombrables passages qui demeuraient tout à fait corrompus dans ces scholies.
Quantum igitur licuit, etiam in hanc ipsam rem operae atque olei impendimus.
Par conséquent, nous avons dépensé à cette correction autant de peine et de temps qu’il était possible.
Loca enim plurima multo nunc castigatiora, quam antea erant, hac editione deprehensuri sunt studiosi, si qui aequis animis aestimare potius, quam cauillari, iuuandi gratia susceptos a nobis labores uolent.
En effet, les étudiants, s’ils veulent bien peser équitablement plutôt que railler les travaux que nous avons entrepris pour les aider, s’empareront grâce à cette édition d’un grand nombre de passages qui sont maintenant bien plus corrects qu’ils ne l’étaient auparavant.
Quanquam nonnulla etiam in medio relinquere, melioris uidelicet exemplaris ope destitutos oportuit.
Cependant, il nous a également fallu, privés que nous étions du secours d’un exemplaire sans doute meilleur, en laisser certains en suspens.
Quae ipsa tamen a quouis Graecae linguae non inerudito, per ocium non difficulter, ut arbitror, emendari queant, si quis cum ipso auctore diligenter conferre, et iudicio minime tumultuario expendere singula, animum induxerit.
Mais je pense qu’ils pourraient cependant être facilement corrigés à l’occasion par n’importe quel homme connaissant la langue grecque, pour peu qu’il se soit mis en tête de se confronter sérieusement à cet auteur et de considérer dans le plus grand calme chacun de ces passages.
Nobis certe in tanta festinatione et negotiorum urgentium mole quantum licuit, praestitimus.
Ce qui est certain, c’est que nous nous en sommes assurés autant que le permettaient une si grande urgence et le poids d’affaires impérieuses.
Eam igitur qualemcumque opellam nostram, quum absque patrono subire incertam illam iudiciorum (hac praesertim nimis fecunda malignorum hominum aetate) aleam non satis tutum iudicarem, et illum saeculis iam aliquot receptissimum tam sua quam aliena scripta magnis uiris nuncupandi morem minime improbarem, uos duos mihi ueluti heroas, Sebastiane et Amande, contra calumniatorum insidias et tanquam hydrae uirulentiam, deligendos esse duxi, quorum auspicio ac numine et libri hi duo quamlibet alioqui ob eximiam eruditionem grati ut speramus futuri studiosis iuuenibus, magis adhuc magisque commendarentur.
Ainsi, notre opuscule, quelle que soit sa valeur, alors que je pensais qu’il n’était pas assez prudent de l’exposer sans patron au hasard incertain des jugements (surtout dans cette époque trop féconde en hommes méchants) et que je ne rejetais pas du tout la coutume de la dédicace, dont depuis tant de siècles de grands hommes font le plus large usage tant pour leurs écrits que pour ceux d’autres auteurs, j’ai pensé qu’il fallait vous choisir tous les deux, Sebastianus et Amandus, vous qui êtes pour ainsi dire des héros, face aux embûches des contempteurs et au venin de l’hydre, afin que votre auspice et votre approbation recommandent ensuite toujours plus ces deux livres que votre exceptionnelle érudition rendra par ailleurs agréables, ainsi que nous l’espérons, aux jeunes étudiants.
Et labor noster qualiscumque in horum editionem collatus, si quis forte conaretur iniquiore illum dente arrodere, defendi melius posset.
Et notre travail, quelle que soit sa valeur, une fois rattaché à leur production, pourrait être mieux défendu, si jamais on essayait de l’entamer d’une dent trop injuste.
Nam qua polletis ambo generis claritate, opumque amplitudine, tum uero uirtutum (quibus solis ueram constare nobilitatem praeclare agnoscitis), omnis generis praestantia facile et tueri haec cuicuimodi sunt, et reddere bonarum litterarum ac sapientiae studiosis commendatiora poteritis.
En effet, grâce à l’éclat de la naissance qui fait votre valeur, et grâce à l’ampleur de vos ressources mais aussi de vos vertus (dont vous savez qu’elles seules fondent la véritable noblesse), grâce à votre primauté dans toutes les affaires vous pourrez facilement protéger ces écrits de quelque nature qu’ils soient et les rendre plus recommandables à ceux qui étudient les belles lettres et la sagesse.
Qua uero estis praediti humanitate, aque aduersum me beneuolentia, libenter etiam amplectimini munusculum hoc, per se quidem non omnino leuidense, et quod mei uicissim erga uos animi propensionem declarare aliquo saltem pacto potest, quam a non paucis annis ob singularem morum dexteritatem, inque bonas litteras atque artes studium uestrum haud temere concepi.
L’humanité qui vous caractérise et votre bienveillance à mon égard vous feront également volontiers embrasser ce petit présent, qui du moins n’est en lui-même pas entièrement léger et qui peut d’une certaine manière du moins faire voir en retour la considération que j’ai pour vous et que vos droites mœurs et votre étude des belles lettres et des beaux arts m’ont depuis longtemps fait véritablement concevoir.
Quod quidem certe si non ingratum fuisse uobis intellexero, dabo omnino operam, ut occasione aliquando commodiore, uestris quoque uirtutibus digniora, singulis quidem, ac utriusque studiis conuenientiora, seorsim, quos nunc certo consilio coniunctos uolui, adornem.
Et en tout cas il est certain que, si je sais que je vous ai été agréable, je m’efforcerai tout à fait de vous honorer, vous que j’ai voulu adjoindre à un projet déterminé, dans des circonstances plus appropriées, séparément, par des ouvrages plus dignes de vos vertus à tous deux, et convenant davantage, en tout cas, à vos études respectives.
Bene ualete.
Portez-vous bien.
Et quam de uobis maximam apud optimos quosque spem excitastis, sedulo conseruare, uti coepistis, pergite.
Et continuez, comme vous avez commencé à le faire, à préserver consciencieusement le grand espoir que vous avez éveillé chez tous les meilleurs hommes.
Ita enim et clarissimo prudentissimoque heroe Domino Iacobo Truchses patre natos uos, et doctissimo uiro Simone Grynaeo communi olim nobiscum praeceptore usos, gloriari numquam erubescetis.
Car ainsi vous ne rougirez jamais de vous glorifier d’être nés d’un héros si illustre et si sage, le seigneur Jacobus Truchsess, votre père, et d’avoir fréquenté notre précepteur commun, le très savant Simon Grynaeus.
Basileae, pridie Calendas Septembres, Anno Salutis M.D.XLIIII .
À Bâle, la veille des Calendes de septembre 1544.