Doctrina et pietate reuerendissimo in Christo patri ac domino Ludouico coenobii Beiern S. Benedicto sacri Abbati dignissimo Domino suo obseruando Martinus Balticus Boius S. P. D.
Martinus Balticus Boius

Présentation du paratexte

Bibliographie :
Traduction : Sarah GAUCHER

Doctrina et pietate reuerendissimo in Christo patri ac domino Ludouico coenobii Beiern S. Benedicto sacri Abbati dignissimo Domino suo obseruando Martinus Balticus Boius S. P. D.

Martinus Balticus Boius adresse son chaleureux salut au très vénérable par son savoir et sa piété envers le Christ seigneur Ludovic, père et très digne Abbé du couvent de Benediktbeuern, à qui il doit obéissance.

Plerumque uidemus accidere, ut in hac uita pii, iusti, integri ac honesti homines ingentibus aerumnis premantur, ac si non maioribus, quoque improbi iniustique, tamen certe paribus.

Souvent nous voyons qu’il arrive que d’immenses épreuves accablent dans cette existence des hommes pieux, justes, intègres et honnêtes et, sinon de plus grandes, du moins des épreuves du même ordre accablent aussi les improbes et les injustes.

Mortis sane tempus citius appropinquare bonis quam malis, tum uulgi, tum clarorum uirorum iudicio creditur, quibus Naso astipulatur inquiens :

Assurément, la croyance tant de la foule que des gens illustres veut que le moment du trépas approche plus rapidement pour les hommes de bien que pour les mauvaises gens. Et Ovide leur donne raison lorsqu’il dit :

Optima quaeque prius manibus rapiuntur auaris,Implentur numeris deteriora suis. 1

« Les meilleures choses sont trop souvent balayées par les mains avides du destin ; les pires sont soumises à l'épreuve du temps. »

Quin a Stobaeo Aristonymi, antiquissimi poetae, haec sententia, qua bonis plerumque male et malis bene esse inquit, commemoratur :

Bien plus, Stobée rappelle cette phrase d’Aristonyme, poète très ancien, où il dit que souvent les hommes de biens sont malheureux et les mauvaises gens heureux :

Ἔοικεν ὁ βίος θεάτρῳ· διὸ πολλάκις χείριστοι τὸν κάλλιστον ἐν αὐτῷ κατέχουσι τόπον 2 .

Ἔοικεν ὁ βίος θεάτρῳ· διὸ πολλάκις χείριστοι τὸν κάλλιστον ἐν αὐτῷ κατέχουσι τόπον.

Hoc est : uita hominis theatro similis, ideoque saepe pessimi pulcherrimum in eo locum obtinent.

C’est-à-dire : « l’existence humaine est semblable à un théâtre, et c’est pourquoi les pires individus y obtiennent souvent la meilleure place ».

Nec minus eleganter alicubi Plutarchus inquit :

Et Plutarque le dit quelque part avec non moins d’élégance :

τὸ μὲν κίβδηλον εὐτυχεῖ τὸ δ’ ἀστεῖον τἀναντία πάσχει 3

τὸ μὲν κίβδηλον εὐτυχεῖ τὸ δ’ ἀστεῖον τἀναντία πάσχει

Id est : improbum fortunatum est, melius uero aduersa patitur.

C’est-à-dire : « la malhonnêteté se porte bien, mais l’honnêteté souffre ».

Hic praeposterus fortunae mortalium ordo sapientissimos quosque uiros, cum causas inquirerent, uehementer torsit.

Cette révolution de la fortune des mortels cause, alors qu’ils en examinent les raisons, d’immenses tourments aux hommes les plus sages.

Id quidem recte animaduerterunt, plurimas calamitates hominum culpa contingere, dum peccant imprudentia, temeritate, superbia, crudelitate : ut Paris patriae exitium attrahit raptu alienae coniugis, Syllae crudelitate, Sicilia tyrannis longo tempore crudelissimis pressa est, ob luxum libidinem et superbiam suae gentis.

Certes, ils ont remarqué à juste titre que les hommes provoquent par leur faute un grand nombre de malheurs en péchant par imprudence, témérité, orgueil, cruauté : ainsi Paris cause-t-il la ruine de sa patrie en enlevant l’épouse d’un autre ; Sylla par sa cruauté ; les tyrans les plus cruels opprimèrent longtemps la Sicile à cause de la débauche, de l’avidité et de l’orgueil de leur engeance.

Et ob haec quidem peccata infinitae regiones ac urbes uastatae sunt.

Et pour ces péchés en tout cas d’innombrables contrées et villes ont été ravagées.

Sic Theognis inquit : ὕβρις τοὺς μάγνητας ἀπώλεσε καὶ κολοφῶνας. 4

Ainsi Théognis dit-il : « L’orgueil a détruit Magnésie et Colophon »

Eiusmodi igitur malorum, quae ἑκούσια graeci appellant, philosophi causas uiderunt in hominum culpis et uitiis esse.

Les philosophes considèrent donc que la cause de ce genre de malheurs, que les Grecs appellent « volontaires », résident dans les fautes et les vices des hommes.

Sed eorum, quae praeter hominum culpam uidentur euenire, quae αὐτόματα dici possunt, hoc est suapte sponte contingentia, ueras causas uidere non potuerunt.

Mais ils n’ont pu saisir les causes véritables des malheurs qui semblent advenir sans faute des hommes, qui peuvent être appelés « spontanés », c’est-à-dire advenant d’eux-mêmes.

Alii quidem haec fato attribuerunt, ac in astris causas quaesierunt, alii casu fieri crediderunt, alii incertum esse probare annisi sunt, nec quicquam probabile inuestigare de his potuerunt.

Certains ont attribué ces malheurs au destin, et en ont cherché les causes dans les astres ; d’autres ont cru qu’ils arrivaient par hasard ; d’autres se sont efforcés de prouver qu’il n’y avait rien de certain et n’ont pu suivre aucune piste vraisemblable sur le sujet.

Sane Ouidius non obscure fatetur se hoc inuerso foelicitatis humanae ordine intricatum, de prouidentia, immo de essentia deorum dubitare inquiens :

Assurément, Ovide parle sans ambages lorsqu’il dit que, pris dans les changements de la félicité humaine, il doute de la providence, ou plutôt de l’existence des dieux.

Cum rapiant mala fata bonos, ignoscite fasso,Sollicitor nullos esse putare deos 5

« Quand le mauvais sort balaie les bons - pardonnez-moi de le dire ! - je suis tenté de penser qu'il n'y a pas de dieux. »

Aristoteles de morte physice loquitur, nec aliam mortis causam nouit : ut pomum inquit maturum de arbore decidit, sic hominis uita ad debitos annos perueniens extinguitur. 6

Aristote parle de la mort en physicien et n’examine pas d’autre cause de la mort : de même, dit-il, qu’un fruit mûr tombe de l’arbre, de même l’existence humaine qui touche à son terme s’éteint.

Nec dubium est quin rudiores in Doctrina Ecclesiae, ac in fide imperfectiores, hanc inaequalitatem rerum humanarum intuentes, fluctuare animis incipiant, ac aut in Stoicos aut Epicuraeos furores incidant.

Et il n’y a nul doute que, lorsqu’ils voient l’inégalité des destins des hommes, les gens trop ignorants de la doctrine de l’Église et trop imparfaits dans leur foi varient et tombent dans des délires stoïciens ou épicuriens.

Multi etiam sine dubio sunt, qui etsi doctrinae Apostolicae non sint ignari, tamen uel deliciis ebrii, uel opum colligendarum studio, aut dignitatis, splendore deliniti, malunt cum mundo, uitam, pecunias, dignitatemque tueri, quam cum Christo despecti et inopes uiuere.

Sans doute, il y a également bien des gens qui, même s’ils ne sont pas ignorants de la doctrine des apôtres, ivres de délices ou gagnés par volonté de s’enrichir ou par la splendeur du prestige, préfèrent protéger leur vie dans le monde, leur argent et leur prestige que de vivre dans le Christ sans considération ni ressources.

Firmiter igitur Ecclesiae dogma est amplectendum, et his impiis cogitationibus opponendum, quo causae uerae, et consolationis plenae monstrantur.

Il faut embrasser donc fermement le dogme de l’Église et s’opposer à ces pensées impies pour faire voir par là les causes véritables et pleines de consolation.

Sciendum est in natura hominis haerere adhuc peccatum iuxta illud :

Il faut savoir que le péché est ancré dans la nature de l’homme, suivant ce propos :

Conclusit Deus omnes sub peccatum, ut omnium misereatur 7 . Item : non iustificatur in conspectu omnis uiuens 8 . Item : cor hominis prauum est a iuuentute sua 9 .

« Dieu a enfermé tous les hommes dans le péché, afin d’avoir pitié de tous. » De même : « aucun vivant n'est juste sous Son regard ». De même : « Le cœur de l’homme est mauvais depuis sa jeunesse ».

Id peccatum calamitatibus ac afflictionibus subiungendum ac supprimendum est ne regnet, ac nos ex filiis dei, irae et aeternae damnationis liberos efficiat, iuxta illud : cum corripimur a Domino ad salutem castigamur, ne cum mundo pereamus. 10

Il faut rapprocher ce péché des calamités et afflictions et le supprimer afin qu’il n’établisse pas son règne et qu’il ne nous rende pas, de fils de Dieu, enfants de la colère et de la damnation éternelle, suivant ce propos : « Quand nous sommes corrompus, Dieu nous ramène par son châtiment vers le salut, afin que nous ne périssions pas avec le monde ».

Item : Filium quem Deus diligit, corripit. 11

De même : « Dieu châtie le fils qu’Il aime. »

Deinde peccato in nobis superato et domito incipimus attentius deum inuocare, augetur fides, clementia Dei erga nos uere agnoscitur, sicut et psalmographus canit : Bonum mihi quod humiliasti me domine, ut discerem iustificationes tuas. 12

Ensuite, après avoir vaincu et dompté le péché en nous, nous commençons à prier Dieu avec plus d’attention, notre foi redouble, nous connaissons véritablement la clémence de Dieu à notre égard, ainsi que le chante également le psalmiste : « C'est pour mon bien que j'ai souffert, ainsi, ai-je appris Tes commandements ».

Postremo tam tristibus sanctorum hominum poenis confirmatur in animis nostris spes et doctrina de resurrectione mortuorum.

Enfin, les châtiments des Saints, si douloureux, confirment dans nos âmes l’espoir et la doctrine de la résurrection des morts.

Necesse enim est, quemadmodum et Plato ratiocinatur, cum piis male sit in hac uita, aliam uitam sequi, in qua iustitia seruetur et unusquisque pro suis meritis digna praemia accipiat.

Car il est nécessaire, comme le conclut également Platon, que, puisque les hommes pieux sont malheureux dans cette existence, de suivre une autre existence, afin que la justice soit observée et que chacun, selon ses mérites, reçoive les récompenses qui conviennent.

Has ob causas Ecclesia Christi maioribus oneratur miseriis quam ullae gentes, iuxta dictum : Iudicium a domo Dei incipit. 13

C’est pourquoi pèsent sur l’Église du Christ des malheurs plus grands que sur n’importe quel peuple, selon cette parole : « Le jugement commence par la maison de Dieu ».

Ipse autem redemptor noster Ihesus Christus ceu exemplum afflictionum et calamitatum nos anteire uoluit, ut nostras aerumnas aequiore ac minus fracto animo sufferremus, ac insuper promisit se nobis in eiusmodi periculis praesto fore suo sancto spiritu, et uel erepturum nos etiam in hac uita, uel in fide conseruaturum, ne desperemus, sed aeternae uitae consortes fiamus.

Et Jésus Christ, notre rédempteur, comme exemple des malheurs et des tourments a voulu nous précéder afin que nous supportions nos épreuves avec plus de résignation et moins d’abattement et a en sus fait la promesse d’être auprès de nous dans les dangers de ce genre avec son esprit saint et de nous y soustraire dans cette vie ou de nous sauver dans la foi, afin que nous ne désespérions pas mais que nous possédions avec lui la vie éternelle.

Ac utriusque rei uiua exempla nobis proposuit.

Et il nous propose des exemples vivants de chacune de ces promesses.

Ipse adest Laurentio, cui carbones candentes, quibus uritur, rosae uidentur, ipse S. Stephano caelo aperto se praebet uidendum.

Il est auprès de Laurent, à qui les charbons ardents qui le consument semblent des roses ; il se donne à voir, les cieux ouverts, à saint Étienne.

Sic omnibus sanctis prophetis et Apostolis martyrio coronatis affuit.

Ainsi fut-il auprès des saints prophètes et des apôtres couronnés par leur martyr.

Contra uero multos in hac uita a morte uiolenta liberat : ut Dauidem, Israelitas tres iuuenes in camino candente, Lothum, Danielem et caeteros.

Au contraire, il libère dans cette vie bien des hommes d’une mort violente : ainsi David, les trois jeunes Hébreux dans une fournaise ardente,   Loth, Daniel etc.

In eiusmodi exemplis et causae calamitatis piorum hominum, et consolationes firmissimae insunt adeo manifeste, ut ea quae oculis cernenda subiuciuntur.

Dans ce genre d’exemples, les causes du malheur des hommes pieux et les plus solides consolations sont présentées aussi manifestement que celles qui nous sont directement données à voir.

Quare cum et ipse illustre exemplum, quo ostenditur pios oportere cruci esse subiectos, et tamen auxilio Dei tandem uictoriam obtinere in formam Dramatis redegissem, amicorum quorundam precibus, qui eius actionem uiderunt, persuasus publicare id uolui : quod haec satis crebro nullius hominis animo possunt inculcari, aut satis uariata ratione proponi.

C’est pourquoi, alors que j’avais fait tenir en une pièce l’illustre exemple qui nous montre que les hommes pieux doivent être mis en croix et que cependant l’aide de Dieu leur livre finalement leur victoire, persuadé par les prières de certains de mes amis, qui ont vu son action, j’ai voulu la publier : de fait, aucun esprit n’est trop habitué pour se voir inculquer ces enseignements ni aucun procédé trop varié pour les proposer.

Adiunximus autem et uersionem Cyclopis Euripidaei, cuius argumentum etsi ad historiam Danielis minime pertineat, nosque ideo tantum addiderimus, quod et breuis est Tragoedia et iucunda, ut quae scholasticis laboribus occupatissimo facile et paruo temporis spatio potuerit transferri, tamen inter Cyclopem, et satrapas Darii quaedam similitudo conspicitur, immo in utrisque imago omnium fere tyrannorum apparet.

Et nous y avons adjoint une traduction du Cyclope d’Euripide : même si son argument concerne peu l’histoire de Daniel et que nous l’avons ajouté pour cette unique raison que cette tragédie est à la fois courte et agréable, susceptible de passer dans les travaux des scholiastes dans un laps de temps court et plein d’occupations, on remarque cependant une certaine ressemblance entre le Cyclope et les satrapes de Darius ; plutôt, se dessine en eux un portrait de presque tous les tyrans.

Similis enim fere omnibus est uita, uidelicet sanguinis humani sitiens, lucri auara, religionem diuinam contemnens, uoluptatem ac uentrem summum deum, ut Cyclops ipse loquitur existimans ac uenerans, liuore plena.

En effet, presque tous les tyrans ont une existence semblable, évidemment assoiffée de sang humain, avide de lucre, pleine de mépris pour le respect divin, considérant et vénérant, comme le dit le Cyclope lui-même, la jouissance et la panse comme souveraine divinité, gorgée d’envie.

Ideoque crudeles exitus plerique sortiuntur, ut iustitiae diuinae exempla hominibus pateant.

Et c’est pourquoi la plupart obtiennent du sort une fin cruelle, de sorte qu’ils apparaissent aux hommes comme des exemples de la justice divine.

Eiusmodi exemplis, quorum pleni sunt omnes historicorum libri, commoniti, iustitiae pietatique studeamus.

Avertis par ce genre d’exemples, dont sont pleins tous les livres des historiens, attachons-nous à la justice et à la piété.

Atque haec est praecipua doctrina omnium Tragicorum casuum, quam latinae poetices princeps, hoc uersu complexus est, quem ab Ixione rotae apud inferos imposito exclamari fingit : Discite iustitiam moniti et non spernere diuos. 14

Et le principal enseignement de tous les dénouements des tragédies, que le prince des poètes latins a condensé dans ce vers où il imagine les mots prononcés par Ixion attaché à la roue dans les Enfers, le voici : « Avertis que vous êtes, apprenez la justice et ne méprisez pas les dieux ».

Sunt qui Cyclopas praedones, seu piratas fuisse existiment, atque ob id fingi Neptuni filios : ac ab orbiculato galeae capitis in medio foramine, quod ueteres rotundum formare soliti sunt, monoculos esse uocatos.

Il y a des gens pour penser que les Cyclopes furent des brigands ou des pirates ; que pour cette raison on les représente comme des fils de Neptune et qu’à cause de l’orifice orbiculaire au centre de leur casque, qui, selon l’habitude des Anciens, était ronde, on les a appelés borgnes.

Horum princeps fuit Polyphemus, cuius placita et mores hic egregie depinguntur.

Leur chef était Polyphème, dont les us et les mœurs sont remarquablement dépeints ici.

Attribuitur ei familia Silenus et Satyri, leues inconstantes homines, mendaces, nullius fidei aut integritatis, luxu et ebrietate deperditi : ubi aliquorum parasitorum mores et ingenia perspicue ob oculos ponuntur.

On lui donne pour famille Silène et les Satyres, des hommes légers, inconstants, menteurs, sans parole ni intégrité, perdus par leur débauche et leur ivresse : là sont mis sous nos yeux   les mœurs et les caractères des parasites.

Superatur uero tantus gygas a prudentissimo homuncione quo significatur, ingenii animique dotes praecellere corporis robori ; ideoque recte Ouidius monuit : ingenii dotes corporis adde bonis. 15

Mais un homoncule très sage vainc ce si grand géant, ce qui montre que les dons d’intelligence et d’esprit surpassent la robustesse du corps ; et c’est pourquoi Ovide préconise à raison : « Ajoute les dons de l’esprit aux avantages corporels ».

Tibi autem potissimum reuerendissime Domine ac pater, hoc quicquid est muneris, mittere ac dono dare libuit, quod ex praeclaris uiris audiam te rebus literariis admodum delectari et ex animo bene iis cupere, quo nihil tuae dignitati honestius aut muneri amplissimo tuo conuenientius facere posses.

Or, c’est à toi de préférence à tout autre, très vénérable Seigneur et père, qu’il m’a plu d’envoyer et de dédier ce présent quelle que soit sa valeur, parce que j’ai entendu d’hommes illustres que tu prenais un grand plaisir aux travaux littéraires et que tu étais, de tout cœur, bien disposé envers eux, de sorte que tu ne pouvais rien considérer de plus honorable pour ta dignité ou de plus adapté à ton office si considérable.

Non facile dixerim, quantis tuas uirtutes laudibus extulerit, eruditione et uirtute insignis uir, Iohannes Mappus ac praeclara tua in se beneficia singularemque liberalitatem praedicauerit.

Il me serait difficile de dire par quels éloges Johannes Mappus, homme brillant par son érudition et sa vertu, a loué tes vertus et a vanté tes illustres bienfaits à son égard et ton exceptionnelle générosité.

Insuper aliqui T. P. amicissimi, me uehementer ut eiusmodi aliquid T. P. offerrem incitarunt ac gratissimum fore prorsus confirmarunt.

En sus, des hommes très proches de Votre Grâce m’ont vivement incité à t’offrir cette sorte de cadeau et ont donné pleine confirmation qu’il te serait tout à fait agréable.

Oro igitur etiam atque etiam ut T. P. eo animo, quo mitto, clementer accipiat, meque sibi (ob id enim potissimum hoc institui) commendatum habeat.

C’est pourquoi je prie votre Grâce encore et encore d’accepter ce présent avec bienveillance et de me tenir pour son obligé (car c’est à cette fin que j’ai pris cette résolution de préférence à tout autre).

Deus amplissimi tui muneris functionem clementer adiuuet, et ad sui nominis gloriam dirigat : Vale in Christo.

Que dans sa clémence Dieu favorise l’accomplissement de votre office si considérable et qu’il le dirige vers la gloire de son nom : Adieu dans le Christ.

Data e nostra schola Monaci X. Calend. Iulias, anno redemptionis nostrae M. D. LVIII.

De notre école de Munich, le 10 des Calendes de juillet, en l’année 1558 de notre rédemption.


1. Ov., Am. 2.6.39-40.
2. Stob., Fl. 4.42.14.
3. Ps.-Plut., Pl. Ph. 881d.
4. Theogn., El. 1.1103.
5. Ov., Am. 3.9.35-35.
6. Arstt., Plant. 817b-818a.
7. La phrase se retrouve plusieurs fois sous des versions différentes, tant dans la Bible que chez les pères de l'Eglise.
8. Psalm. 142.2.
9. Jérémie 14.
10. Paul, Cor. 11.32.
11. Vulgate 3.12.
12. Psalm. 118.71.
13. Tob. 2.14.
14. Virg., En. 6.616.
15. Ov., Ars 2.112.