Praefatio et Argumentum Gaspari Stiblini, in Hippolytum
Gasparus Stiblinus

Présentation du paratexte

Bibliographie :
Traduction : Théophane TREDEZ

Praefatio et argumentum Gaspari Stiblini, in Hippolytum.

Préface et argument de Gaspard Stiblinus sur Hippolyte.

Hippolytus innocentiae et castitatis insigne praebet exemplum, quae aliquoties malorum hominum libidine in discrimen uocantur, ita tamen ut fatigentur, non extinguantur.

Hippolyte offre un exemple remarquable d’innocence et de pureté, qui quelquefois sont mises en péril par le désir d’hommes mauvais, mais de telle manière qu’elles sont exténuées, et non éteintes.

Sic castus Iosephus in Aegypto impudicae mulieris calumnia ualde quidem periclitatus est1, sed tandem post afflictiones et carceres eo clarior emicuit.

Ainsi, s’il est certain que le chaste Joseph fut grandement éprouvé en Égypte par la fausse accusation d’une femme mariée débauchée, il sortit des tourments et de l’emprisonnement d’autant plus brillant à la fin.

Fere igitur fit ut minus tuta sit uirtus, popularior improbitas ; illa enim, cum sit sincera, incorrupta, in se ipsa tota nititur ; haec fuco perlita plerisque imponit et in errores inducit.

Par conséquent, il arrive d’ordinaire que la vertu soit moins protégée, et la perversité plus répandue ; car la première, puisqu’elle est naturelle, n’est pas corrompue, et repose entièrement sur elle-même ; la seconde, tout enduite de fard, abuse un très grand nombre de gens et amène à commettre des erreurs.

Ceterum non obscure poeta indicat quibus studiis πρὸς τὴν σωφροσύνην omnium uirtutum basim ueniatur, dum Hippolytum assidue uenationi uacasse, syluas et montes peragrasse, rurestres labores obiisse fingit, praeterea luxui, deliciis, mollitiei nihil loci apud se reliquisse.

Du reste, le poète montre clairement par quels efforts l’on arrive « à la tempérance »2, fondement de toutes les vertus, en dépeignant Hippolyte ayant passé tout son temps à la chasse, à parcourir les forêts et montagnes, à s’être acquitté de travaux de la campagne, et en outre à n’avoir laissé en lui aucune place à la débauche, aux plaisirs et au délassement.

Nam ut desidia radix est uitiorum et inhonestorum amorum, sic labores exercitiaque tam corporis quam animi uirtutum incunabula sunt.

En effet, de même que la paresse est la racine des vices et des amours honteuses, de même les labeurs et les exercices tant du corps que de l’âme sont le berceau des vertus.

Formosum quoque et robustum bonaque quadam corporis (cuius fulturis animus sustinetur) ἕξει fuisse eundem Hippolytum intelligere debemus.

Il nous faut entendre que le même Hippolyte était également beau et fort et d’une bonne constitution physique3 (par le soutien duquel est entretenue l’âme).

Quae res non mediocre momentum adfert ad uitam perfectam, eo quod languores, pituitae torpor, aliaque id genus mala desidiosa et luxui deuota corpora persequantur et ad usque mentis etiam perniciem procedant.

Ces éléments incitent grandement à la vie parfaite, pour cette raison que la langueur, l’engourdissement des humeurs, et les autres vices de ce genre s'attachent aux corps oisifs et abandonnés à l’excès, et en viennent jusqu’à la perte de l’esprit.

Bonus autem color et ualetudo constans ex uitae temperantia et gignitur et conseruatur.

Cependant, la modération dans la vie engendre et conserve un teint frais et une bonne santé solide.

Vnde quondam apud Persas probrosum erat (ut auctor est Xenophon in 1. Cyri Paediae ) quempiam uel expuere uel emungi aut pituita fluidum esse, quod crederent ea hominibus uenire ex intemperantia et luxu uitae.4

Aussi, il était autrefois infamant chez les Perses (comme l'établit Xénophon dans la Cyropédie 1) de cracher ou se moucher ou dégoutter de morve, parce que l’on croyait que c’étaient l’intempérance et l’excès dans la vie qui donnaient ces fluides aux hommes.

Nec temere idem auctor in eodem opere labores τοῦ ζῆν ἡδέως εἶναι ἡγεμόνας 5 , id est, suauiter uiuendi duces esse, dixit.

Et ce n’est pas par hasard que le même auteur dit dans la même œuvre que les labeurs τοῦ ζῆν ἡδέως εἶναι ἡγεμόνας, c’est-à-dire qu’ils « sont les guides d’une vie agréable ».

Quod uero Hippolytus iam propter calumniatrices literas nouercae damnatus non prodat ipsius impuditiciam, qua ad stuprum per uetulam sollicitatus erat, facit integritas et eius inconuulsa fides, quam etiam famae periclitanti anteposuit.

Mais si Hippolyte, alors que la lettre calomnieuse de sa belle-mère l’avait déjà condamné, ne trahit pas la débauche de cette dernière, par laquelle la vieille nourrice avait tenté de l’inciter à l'inceste, c’est à cause de son intégrité et de sa loyauté inébranlable, qu’il préférait même à l’avilissement de sa réputation.

Nam (ut ait Plinius) maiore animo honestatis fructus in conscientia quam in fama reponitur 6 .

Car (comme dit Pline) « un esprit plus noble cherche la récompense de la vertu dans la conscience de celle-ci, plutôt que dans la réputation ».

Sicut autem Hippolytus (ut dixi) continentiae et gloriosae uitae imaginem prae se fert, ita Phaedra uiolenti et insani amoris typum gerit.

Mais, de même qu’Hippolyte (ainsi que je l’ai dit) donne à voir de lui une image de modération et d’une vie glorieuse, de même Phèdre fait voir un type d’amour violent et insensé.

Cuius ea uis est ut nisi principiis obstetur totum hominem rapiat, alieni iuris faciat, et omnibus casibus ac uitiis obuium expositumque reddat.

La violence de l’amour est telle que, si l’on ne lui fait pas obstacle au début, elle emporte l’homme tout entier, lui impose la loi d’autrui, et l’expose à la merci de tous les malheurs et de de tous les vices.

Huius amoris fomenta sunt otium et luxus ; unde et praesentis Phaedrae insaniae culpa in Venerem deliciarum ac mollitiei praesidem transfertur.

Le loisir et la débauche nourrissent cet amour ; c’est pourquoi la faute de la présente folie de Phèdre est imputée à Vénus, patronne de la volupté et du délassement.

Alitur autem indulgentia et fracti animi imbellia tandemque in funestos exitus excrescit secumque fert ἀνηκέστων κακῶν πέλαγος 7 .

Mais il est nourri par l’amollissement et l’inaptitude d’un esprit brisé à résister, et enfin grandit jusqu’à des fins funestes, et porte avec lui « une mer de malheurs incurables ».

In Theseo notabilis est inconsulta temeritas, praecipitata ira, quae semper habet comites paenitentiam et infelicitatem : eo ipsum stulta credulitas perpulerat.

Il faut noter chez Thésée son imprudente irréflexion, sa colère impulsive, qui a toujours pour compagnons le regret et le malheur : c’est à cette extrémité que sa sotte crédulité l’avait poussé.

Nunc argumentum breuiter exponam.

Je vais désormais exposer brièvement l’argument.

Profugerat Theseus una cum uxore Troezena, cum occidisset Pallantem, unum ex suis cognatis.

Thésée s’était enfui à Trézène accompagné de son épouse après avoir tué Pallas, un de ses parents.

Vbi Hippolytum Pittheo seni moderato et prudenti instituendum crediderat.

Là, il avait confié à Pittheus, vieillard sage et expérimenté, l’éducation d’Hippolyte.

Phaedra autem, absente marito, per otium ac mollem uitam in libidinem prolapsa priuigni nefando amore corripitur ; diuque morbum celat infamiae metuens, donec superante iam incendio improbis uix precibus uicta nutrici proderet, quae omnem operam ut erae in hac re nauaret Hippolyto conatur persuadere ut consentiret in amorem nouercae.

Mais Phèdre, en l’absence de son mari, tombe, par la faute de son oisiveté et de son indolence , dans le désir et est saisie d’un amour impie pour son beau-fils ; et longtemps, craignant le déshonneur, elle cache son travers, jusqu’au moment où, son feu triomphant désormais d’elle, elle le révèle, vaincue à force d’incessantes prières de la nourrice, qui dans cette situation fait pour sa maîtresse tous les efforts pour tenter de persuader Hippolyte d’accepter l’amour de sa belle-mère.

Verum cum ille a Venereis rebus totus abhorreret ac uenationi deditus esset rurique agere gauderet, uehementer exasperatur ista furiosae mulierculae insania deosque deploratae nequitiae testes aduocat.

Mais, puisque notre héros avait une totale aversion pour les intrigues de Vénus, qu’il s’était dédié à la chasse et qu’il se plaisait à passer son temps à la campagne, il est vivement irrité par cette folie d’une pauvre femme délirante et invoque les dieux pour témoins de cette funeste infamie.

Phaedra nutricem operam lusisse morbumque iam proditum esse uidens, et se neque uiuere honeste nec rursus abs dedecore posthumo mori posse intelligens, dolum excogitauit, ut pudicitiam suam Theseo reuerso illibatam persuaderet Hippolytique praefractam insolentiam ulcisceretur.

Phèdre, voyant que la nourrice avait œuvré en vain et que son mal avait désormais été révélé, et comprenant qu’elle ne pourrait ni vivre dans l’honneur, ni inversement mourir sans déshonneur posthume, imagina une ruse, pour persuader Thésée lorsqu’il reviendrait, que sa pudeur n’était pas souillée et qu’il devait se venger de l’arrogance obstinée d'Hippolyte.

Literas enim, quibus ille stupri accusabatur, penes se seruat ac mox uitam laqueo abrumpit.

En effet, elle conserve entre ses mains une lettre dans laquelle le prince était accusé de viol, et peu après met fin à ses jours en se pendant.

Interea Theseus domum redit, coniugem extinctam totamque domum luctu mixtam offendit ; et dum soluit ipsam ac sepulturae mandare parat, inuenit literas quibus incestus crimen innocenti Hippolyto intentabatur.

Pendant ce temps Thésée rentre chez lui, y trouve son épouse morte et toute sa maison bouleversée par le chagrin ; et tandis qu’il détache le corps et se prépare à le confier à une sépulture, il trouve la lettre qui intentait une accusation d’inceste contre l’innocent Hippolyte.

Quare illico ira praeceps temereque credens uxoris calumniis filium in exilium amandat, illique abeunti et nequicquam multa deprecanti diras immittit, quas a Neptuno patre impetrauerat.

Pour cette raison, emporté par la colère et croyant sans réfléchir les tromperies de son épouse, il contraint sur-le-champ son fils à l’exil, et alors que ce dernier s’éloigne et en vain demande cent fois son indulgence, il lui lance des funestes sorts qu’il avait obtenus de son père Neptune.

Deuotus ergo exitio Hippolytus miserrimo mortis genere periit.

Ainsi Hippolyte, voué au trépas, périt du plus misérable genre de mort.

Diana uero patrona insontis iuuenis, ne tanta criminis foeditas in falsa hominum suspicione perpetuo haereret, rem omnem ut erat Theseo aperit nouercaeque crudeles technas in priuignum patefacit, ut moneremur saepe accidere sceleratorum hominum impudentia ut pietas innocentiaque uim patiatur et non raro etiam opprimatur, tandem uero rursus celesti prouidentia emergat inclarescatque.

Mais Diane, patronne de l’innocent jeune homme, pour qu’une telle laideur du crime ne subsiste pas dans le soupçon fallacieux des hommes, révèle à Thésée la réalité de toute l’affaire et dévoile les cruelles machinations de la marâtre contre son beau-fils, afin que nous soyons instruits qu’il arrive souvent qu’à cause de l’impudence des hommes infâmes, la piété et l’innocence subissent la violence, voire qu’elles soient souvent écrasées, mais pourtant qu’à la fin elles émergent et brillent grâce à la providence divine.

Argumentum actus primi.

Argument du premier acte.

In prologo Venus minatur ultionem Hippolyto quod sua commercia contemneret totusque Dianae uirginitatis patronae deditus esset.

Dans le prologue, Vénus menace Hippolyte de se venger, parce qu’il dédaignait son commerce et était tout entier dévoué à Diane, patronne de la virginité.

Facit autem futurarum turbarum et epitasium expectationem.

Elle crée aussi l’attente des troubles et des épitases à venir.

2. Hippolytus a uenatione rediens cum suis comitibus hymnos dicit Dianae ; famula hortatur ne uelit contemptui habere Veneris numen.

2. Au retour de la chasse, Hippolyte et ses compagnons chantent des hymnes à Diane ; une servante le presse de ne pas mépriser la volonté de Vénus.

Vt enim comitas et modestia tam apud deos quam apud homines plurimum gratiae habeat, sic fastus non careat periculo.

En effet, de même que la bonté et la dignité rencontrent une grande sympathie tant chez des dieux que chez les hommes, de même l’orgueil n’est pas dénué de risque.

3. Chorus ex Troezeniis matronis collectus cum audiuisset Phaedram miserrime afflictari uarias ipse secum huius rei causas auguratur.

3. Le Chœur, composé de matrones de Trézène, puisqu’il avait entendu que Phèdre souffrait d’un mal exceptionnel, s’interroge sur les possibles raisons de ce mal.

4. Nutrix fastidiosam et languidam Phaedram foras e cubiculo ducit, simulque in deplorationem humanarum miseriarum excurrit.

4. La nourrice mène Phèdre, sans forces et affaiblie, hors de sa chambre, et en même temps se lamente sur les malheurs des hommes.

Mox ipsa domina in spectaculum producitur, furiosa amore et perplexae mentis et inconstans ; in qua re licet uidere nugas ac dementiam perdite amantium.

Sa maîtresse elle-même est ensuite amenée sur scène, délirant d’amour, l’esprit confus, inconstante ; son état fait voir les futilités et la folie de ceux qui aiment éperdument.

Argumentum actus secundi.

Argument du deuxième acte.

Chorus Troezeniarum matronarum ad domum Phaedrae coierat ut disceret quonam malo Phaedra affligeretur.

Le Choeur des matrones de Trézène s’était réuni au palais de Phèdre pour apprendre de quel mal était frappée Phèdre.

Vnde nutrix omnem mouet lapidem8 ut eram ad confessionem morbi adigeret ; cuius ex uerbis uix tandem colligit eam amore Hippolyti detineri.

De là la nourrice remue ciel et terre pour pousser sa maîtresse à faire l’aveu de sa maladie ; de ses mots, elle saisit difficilement enfin que Phèdre est éperdue d’amour pour Hippolyte.

2. Phaedra Choro et nutrici longa ac sententiosa oratione exponit ac probat suum consilium, quo morte spontanea amoris nefandi foeditatem subterfugere statuerat.

2. Phèdre s’explique au Chœur et à la nourrice, par de longues et sententieuses paroles, et justifie sa décision d’échapper par une mort volontaire à la laideur d’un amour impie.

Contra nutrix summa ope nititur a proposito abducere eram, ne scilicet uelit mori, sed potius naturae et necessitati obsequi ; polliceturque se inuenturam aliquid quo hoc malo leuari possit.

A son tour la nourrice fait les plus grands efforts pour détourner sa maîtresse de sa résolution afin qu’ elle ne veuille pas mourir mais plutôt se plier à la nature et à la nécessité ; et elle promet qu'elle trouvera quelque moyen qui puisse la délivrer de ce mal.

Phaedra nihil mouetur oratione nutricis sed obstinate in priore sua manet sententia.

Phèdre n’est en rien émue par le discours de la nourrice, et persiste obstinément dans ses vœux précédents.

3. Chorus uidens Phaedram ex amore tam misere affectam deprecatur saeui Cupidinis uiolentiam, simulque duobus exemplis ostendit quam dirae clades saepenumero ex immoderatis amoribus oriantur.

3. Le Chœur, voyant Phèdre si affectée de son misérable amour, prie pour écarter la violence du cruel Cupidon, et en même temps démontre par deux exemples les désastres ô combien terribles qui naissent des amours sans mesure.

Argumentum actus tertii.

Argument du troisième acte.

Hic Actus continet primam epitasim : nimirum proditionem foedi amoris Phaedrae et super hac re uehementem indignationem Hippolyti, in qua communiter in omne genus muliebre inuehitur.

Cet acte contient le commencement de l'épitase : la révélation bien sûr de l’amour honteux de Phèdre, et l’indignation violente d’Hippolyte à ce propos, où il s’emporte contre tout le genre féminin en général.

2. Phaedra intelligens Hippolytum esse inflexibilem suamque turpitudinem palam factam primum acriter incessit nutricem, cuius opera res fuerat prodita ; deinde uitam abrumpere laqueo decernit, minitando interim tacite Hippolyto ultionen.

2. Phèdre, comprenant qu’Hippolyte est inflexible et que sa perversion est désormais découverte, commence par saisir violemment sa nourrice, qui par son œuvre avait éventé son secret, puis elle se résout à mettre fin à ses jours en se pendant, tout en menaçant en secret de se venger d’Hippolyte.

3. Chorus uidens quorsum illa spectarent optat se procul abesse aut in auem mutari, quo auolare in alium orbem posset, ne res tam dira aspicienda praesenti ueniret.

3. Le Chœur, voyant vers quelle fin tend la situation, souhaite se trouver loin de là ou se changer en oiseau, pour qu’il puisse s’envoler dans une autre ville, afin de pas assister à une fin si terrible.

Deinde fatalem infelicitatem malaque coniugii Phaedrae auspicia deplorat.

Puis il déplore la fatale infortune et les mauvais augures du mariage de Phèdre.

Argumentum actus quarti.

Argument du quatrième acte.

Actus quartus habet secundam partem Epitaseos, suspendium uidelicet Phaedrae, aduentum Thesei, et lamentationes eiusdem cum Choro, super miserabili funere uxoris.

Le quatrième acte comporte la seconde partie de l’épitase, c’est-à-dire la pendaison de Phèdre, l’arrivée de Thésée et ses lamentations avec le Chœur sur la déplorable mort de son épouse.

2. Theseus lectis literis in quibus falso Hippolytus nouercam ad stuprum sollicitasse insimulabatur diris filium deuouet.

2. Thésée, après avoir lu la lettre dans laquelle Hippolyte est faussement accusé d’avoir incité sa belle-mère à l’inceste, profère contre son fils des malédictions.

Cui rei, cum innocens iuuenis clamorem et eiulatum audiens interueniret, utrinque habitis orationibus, quibus alter male credulus improbae uxoris epistolae execrabatur filium, alter, scilicet filius, suam innocentiam afferebat, tandem in exilium pellitur miser et insons Hippolytus, postquam nullum non argumentum suae innocentiae protulisset.

Lorsque l’innocent jeune homme survient au milieu de la scène, entendant les cris et les plaintes, et après que des discours sont tenus de l’un et l’autre côté, où le premier, croyant à tort la lettre détestable de son épouse, maudit son fils, et le second – à savoir son fils – professe son innocence, finalement le malheureux et innocent Hippolyte est contraint à l’exil , après qu’il a donné toutes les preuves de son innocence.

3. Chorus uidens innocentiam iniuste opprimi orditur querelam super Hippolyto, a loco communi de prouidentia deorum imperuestigabili et incertis rerum humanarum uicibus, quibus omnia ueluti aestu quodam uoluantur et reuoluantur.

3. Le Chœur, voyant l’innocence injustement accablée, entame une plainte pour Hippolyte, en commençant par le lieu commun concernant l’inscrutable providence et les retournements incertains de la vie humaine, à cause desquels tout, sous la force d’un emportement pour ainsi dire, roule et se déroule.

Argumentum actus quinti.

Argument du cinquième acte.

In hoc actu extremo, extrema est epitasis, in qua miserabile exitium Hippolyti Theseo narratur et eiusdem innocentia per Dianam testata fit.

Dans cet acte final se trouve la fin de l'épitase, où est contée à Thésée la funeste fin d’Hippolyte, et l’innocence de ce dernier est attestée par Diane.

Vnde acerbissime dolet Theseus sua culpa filium immerentem crudeliter laniatum esse.

De là, Thésée souffre atrocement de ce que, par sa faute, son fils innocent a été cruellement mis en pièces.

2. Ipse Hippolytus in spectaculum producitur cruentatus uulneribus et moribundus ; quem post flebiles planctus Diana consolatur, promittens illi et uindictam et honores diuinos, aperitque Veneris machinis, non Thesei culpa, ista omnia accidisse.

2. Hippolyte lui-même est amené sur scène, couvert du sang de ses blessures et mourant ; Diane le réconforte après de touchantes lamentations, lui promettant à la fois la vengeance et les honneurs divins, et elle révèle que toutes ces horreurs avaient eu lieu à cause des machinations de Vénus, et non par la faute de Thésée.

Vnde et Hippolytus iam sub mortem patri ignoscit exitque multo fabula luctu.

C’est alors qu’Hippolyte, désormais à l’article de la mort, pardonne à son père, et la pièce s’achève dans un grand chagrin.

Lege Senecam, qui in eiusdem casus Hippolyti narratione non parum lucis praesenti nuntii exegesi adferet.9

Lis Sénèque, qui dans son récit de la même chute d’Hippolyte, apportera une grande lumière à la narration présente du messager.


1. Gen. 39.
2. En grec dans le texte.
3. En grec dans le texte.
4. Xen., Cyr. 1.2.16.
5. Xen., Cyr. 1.5.12.
6. Plin., Ep. 1.8.14.
7. Eschl., Pers. 433. Chez Eschyle : κακῶν πέλαγος ; chez Euripide : ἀνήκεστον κακόν
8. Erasme, Adage 330
9. Sen., Hipp. 991-1122.