Gaspari Stiblini Praefatio in Andromachen
Gasparus Stiblinus

Présentation du paratexte

Bibliographie :
Traduction : Sarah GAUCHER

Gaspari Stiblini Praefatio in Andromachen

Préface de Gaspar Stiblinus à Andromaque.

Huic fabulae nomen fecit Andromache, uel Homero teste mulier omnium laudatissima, Hectoris quondam uxor regnique Troiani magna pars, quae, quia ob eximias quasdam uirtutes Neoptolemo, cui seruiebat, in pretio habebatur, plerasque turbas in hoc dramate dedit.

Andromaque, qui a donné son nom à cette pièce, est, selon le récit homérique, la femme la plus louable de toutes, jadis épouse d'Hector et élément important du royaume troyen, qui, en raison de certaines vertus excellentes, était tenue en grande estime par Néoptolème, dont elle était l'esclave, et causa plusieurs troubles dans cette pièce.

Hermione enim cum abs se uirum alieniorem animaduerteret, illico id fieri uel philtris uel aliis malis artibus paelicis suspicabatur.

En effet, lorsque Hermione remarqua que son mari était plutôt éloigné d'elle, elle soupçonna aussitôt que cela provenait soit de philtres d'amour, soit de quelque autre technique malveillante de cette concubine.

Quare absente marito consilium capit cum Menelao patre de interficienda Andromache et filio eiusdem Molotto.

C'est pourquoi, son mari étant absent, elle élabore avec son père Ménélas un plan pour tuer Andromaque et son fils Molossos.

Verum cum Pelei interuentu prohiberentur a taetro facinore, adeo Hermionem nefarii ausus paenitere coepit ut iam de suspendio morteque uoluntaria cogitaret : usque adeo ipsam et ipsa conscientia et metus poenae territabant.

Mais lorsqu'ils sont empêchés de commettre un horrible méfait par l'intervention de Pélée, Hermione commence à se repentir de sa méchante tentative, de sorte qu’elle envisage désormais de se donner la mort par pendaison : à tel point sa conscience même et la crainte du châtiment la terrifient.

Dum autem inter haec mala et curas aestuat misera, Orestes casu Phthiam uenit, Delphos uidelicet profecturus ad opprimendum Neoptolemum.

Mais alors qu'elle est agitée et misérable au milieu de ces malheurs et de ces soucis, Oreste arrive par hasard en Phthie, prévoyant manifestement de se rendre à Delphes pour tuer Néoptolème.

Cum eo itaque ut uindictam mariti effugeret in Spartam fugam arripit.

Avec lui, elle s'enfuit donc rapidement à Sparte afin d'échapper à la vengeance de son mari.

Hinc mox caedes Neoptolemi nuntiatur, planctus Pelei sonant, luctu omnia complentur.

Peu après, le meurtre de Néoptolème est annoncé, les lamentations de Pélée retentissent, et tout est rempli de chagrin.

Et cum iam altius dolor adscendere non posset, subito rebus commutatis, Deus luctuosis rebus laetum addit exitum : Thetis enim Peleum prius consolatione subleuatum deque funere Neoptolemi curando et reliquis rebus edoctum immortalitate donat.

Et alors que la peine ne pouvait plus monter, les circonstances changent soudain, et la divinité ajoute une fin heureuse à ces événements douloureux : Thétis accorde en effet l'immortalité à Pélée, après qu'il a d'abord été consolé et qu'il a reçu des instructions pour s'occuper des funérailles de Néoptolème et d'autres affaires.

Potest ergo haec fabula commode in duas partes diuidi, quarum una habeat pericula, iurgia insidias Andromaches et Hermiones Menelaique et Pelei logomachiam, secunda contineat paenitentiam dolores fugamque Hermiones, item necem Neoptolemi, planctum Pelei, denique exitum insperatum ac comicum, uidelicet Pelei eiusdem ἀθανασίαν.

Cette pièce peut donc être divisée en deux parties, parce que l'une contient les périls, les querelles et les complots d'Andromaque et d'Hermione et la dispute de Ménélas et de Pélée, tandis que la seconde présente le repentir, les chagrins et la fuite d'Hermione, ainsi que la mort de Néoptolème, les lamentations de Pélée, et enfin la fin inattendue et propre à la comédie, à savoir l'immortalité de ce même Pélée.

Vt autem Alcestis optima matrona ac omnibus uirtutibus ornata inducitur in superiore fabula, sic in hac Hermione pessimae imaginem exhibet atque adeo spectaculum inauspicati coniugii repraesentat, in quo innumera mala insunt : odia occulta, fastidium, superbia, clandestinae insidiae, denique caedes totiusque domus confusio et dissipatio.

De même qu'Alceste, dans la pièce précédente, est présentée comme la meilleure matrone et une femme parée de toutes les vertus, de même, dans cette pièce, Hermione présente l'image de la pire des femmes et met en scène le spectacle d'un mariage malencontreux, où les malheurs sont innombrables : haines secrètes, dégoûts, arrogance, complots clandestins, et finalement meurtres, désordre et destruction de toute la maison.

Malis uero auspiciis nuptiae fiunt quoties dotis et generis, non uirtutis prima ratio habetur, cum non alia pulchrior dos sit matronae quam modestia et uita pudica, quae uere beatum uirum facit.

En vérité, les mariages sont de mauvais augure quand on pense d'abord à la dot et à la famille, et non à la vertu, car il n'y a pas de plus belle dot pour une femme que la modestie et la vie chaste, qui rendent un homme vraiment béni.

Quamobrem Hermione diuite et patre rege nata nihil intolerabilius erat, ut quae assidue suas opes iactaret, paterni regni potentia freta superbiret, pretiosarum luxu uestium exultaret, et absente marito caedes etiam factitaret.

C'est pourquoi il n'y avait rien de plus insupportable qu'Hermione, qui était riche et née d'un roi, puisqu'elle ne cessait de se vanter de ses richesses et d'agir avec orgueil, s’appuyait sur la puissance du royaume de son père, se délectait du luxe de vêtements coûteux et qu'elle concevait même des meurtres en l'absence de son mari.

Cuius peruersis moribus ita indulgebat pater ut non solum non absterreret eam a caede Andromaches, sed ad hanc rem praesidio futurus a Sparta usque Phthiam ueniret, ut intelligeremus tum demum mulierem per se alioqui parum incommodam intolerabilem fieri quoties parentes suorum uitiorum patronos habet.

Et son père était si indulgent à l'égard de son comportement corrompu que non seulement il ne l'a pas empêchée de comploter le meurtre d'Andromaque, mais il est venu de Sparte jusqu'en Phthie pour l'aider dans cette action, de sorte que nous pouvons comprendre que ce n'est qu'alors qu'une femme qui, par elle-même, n'est pas très offensante, devient insupportable lorsqu'elle a ses parents comme protecteurs de ses fautes.

Accesserat et alia quaedam corruptela, nimirum consuetudo et commercia (quod et ipsa Oresti fatetur) cum exteris mulieribus, quae nonnumquam probas matronas transuersas agunt.

Une certaine corruption s'est ajoutée au mélange, à savoir la conversation et les échanges (qu'elle confesse elle-même à Oreste) avec des femmes extérieures à la maison, qui égarent parfois les femmes dévouées.

Quid enim aeque ad omne genus malitiae ingeniatum quam muliebris sexus ?

En effet, qu'est-ce qui est doté par la nature d'autant de méchanceté que le sexe féminin ?

Vnde a piis feminis prauarum mulierum consortia cauenda sunt, tamquam peruersorum morum et impudicitiae scholae quaedam.

D’où les femmes dévouées doivent éviter de fréquenter les femmes dépravées, comme si elles étaient une sorte d'école de mœurs corrompues et de manque de pudeur.

Eandem etiam poeta inducit marito fastidio, ciuibus odio fuisse, ob nimiam scilicet morum incommoditatem ac insolentiam.

Le poète représente également cette même femme comme une source de dégoût pour son mari et une source d'aversion pour les citoyens, notamment en raison de l’impertinence excessive et de l'insolence de son comportement.

Pestem praeterea connubiorum esse paelicum ac concubinarum licentiam dilucide hoc exemplo demonstratur.

De plus, il est clairement démontré par cet exemple que la liberté effrénée des maîtresses et des concubines est un fléau pour le mariage.

Quam item formidabiles matronarum irae in paelices hic uidere licet.

De même, on peut voir combien la colère des épouses légitimes est redoutable contre les maîtresses.

Nihil enim indignius ferunt quam scorta legitimo toro inferri.

Elles disent en effet que rien n'est plus indigne que d'introduire des prostituées dans une couche légitime.

Vnde Alexander Pheraeus ab uxore sua solum propter paelicatus suspicionem occisus est. 1

C'est ainsi qu'Alexandre de Phères fut tué par sa femme simplement parce qu'il était soupçonné de fréquenter une maîtresse.

Andromache animi generosi et excelsi necdum obliti pristini splendoris inducitur.

Andromaque est présentée comme un personnage à l'esprit noble et excellent qui n'a pas encore oublié sa splendeur passée.

Menelaus autem crudelis et impius, qui in gratiam ebriae luxu filiae miseram seruam culpae insontem absente genero occidere parat.

Ménélas, en revanche, est représenté comme cruel et impie, puisque, pour plaire à sa fille, enivrée par le luxe, il se prépare en l'absence de son gendre à tuer la malheureuse esclave innocente de tout méfait.

Peleus iustus et aequi seruans, qui tanta uirtute id quod crudele et immane erat prohibet.

Pélée est montré comme juste et un serviteur de ce qui est juste, puisque c'est lui qui, par une si grande vertu, empêche ce qui était cruel et monstrueux.

Vnde non immerito tam honorifice a choro celebratur.

C'est pour cette raison qu'il n'est pas injustement célébré avec tant d’honneurs par le chœur.

Neoptolemus misere occisus monet non manere inulta quae temere aut superbe in Deum fiunt.

Néoptolème, misérablement tué, nous avertit que les choses qui sont faites sans réfléchir et avec arrogance contre la divinité ne restent pas impunies.

Vt semel dicam : haec et praecedens fabulae rectissime ad institutionem coniugum adhiberi possunt, ceu duae imagines et boni et mali connubii.

Pour le dire une fois pour toutes : cette pièce et la précédente peuvent très justement être appliquées à l'institution du mariage comme deux représentations, à la fois d'un bon et d'un mauvais mariage.

Argumentum actus primi

Argument de l’acte 1.

Prologus exponit occasionem et causas futurorum malorum, quae sunt suspiciones prauae, inuidia, ac insidiae Hermiones, quae una cum patre Menelao necem Andromachae et eius filio Molotto machinabatur.

Le prologue expose la raison et les causes des malheurs imminents, qui sont les soupçons déplacés, la jalousie et les intrigues d'Hermione, qui, avec son père Ménélas, complotait la mort d'Andromaque et de son fils Molossos.

2. Ancilla Troiana nuntiat Andromachae consilia Menelai et Hermiones de interficienda ipsa et filio : unde querelam et threnos orditur.

2. Une esclave troyenne annonce à Andromaque le projet de Ménélas et d'Hermione de la tuer, elle et son fils : en conséquence, elle se met à pleurer et à se lamenter.

3. Chorus ex Phthiotidis mulieribus ad consolandum desertam Andromachen adest.

3. Le chœur des femmes de Phtie vient consoler Andromaque délaissée.

Hortatur enim eam ut uelit aequo animo praesentem fortunam ferre.

Il l'exhorte en effet à s'efforcer de supporter avec sérénité le sort qui l'attend.

4. In colloquio seu potius iurgio Hermiones et Andromaches obserua illius quidem superbiam et insolentiam, huius autem prudentiam ac magnanimitatem.

4. Dans la conversation, ou plutôt la querelle, d'Hermione et d'Andromaque, remarque l'orgueil et l'insolence de la première, la prudence et la noblesse d'esprit de la seconde.

5. Chorus causas excidii Troiani remotissimas, uidelicet iudicium Paridis et neglectum Cassandrae oraculum de necando Paride adhuc infante, repetit.

5. Le chœur revient sur les causes très lointaines de la chute de Troie, à savoir le jugement de Pâris et la prophétie de Cassandre, non respectée, de tuer Pâris alors qu'il était encore enfant.

Argumentum actus secundi.

Argument de l’acte 2.

Menelaus comprehenso Molotto necem minatur nisi Andromache fano Thetidis exeat filiumque sua morte redimat.

Ménélas se saisit de Molossos et le menace de mort si Andromaque ne quitte pas le sanctuaire de Thétis et ne sauve pas la vie de son fils au prix de sa propre mort.

At ipsa eleganti oratione conatur deterrere tyrannum et a sua et filii caede.

Mais elle tente, par un discours élégant, d'empêcher le roi de la massacrer, elle et son fils.

2. Menelaus, qua erat inhumanitate et tyrannica insolentia, iam non matrem tantum, sed et filium interficere parat.

2. Ménélas, dans une démonstration de son inhumanité et de son arrogance tyrannique, se prépare maintenant à tuer non seulement la mère, mais aussi le fils.

3. Andromache sentiens nullum amplius precibus locum esse ad conuicia uertitur.

3. Andromaque, sentant qu'il n'y a plus de place pour les supplications, se tourne vers la vitupération.

Et prius quam moriatur liberrime iusto dolori indulget.

Et avant de mourir, elle cède très librement à son chagrin justifié.

4. Chorus discordiam et perfidiam coniugum execratur, adhibitis ad eam pulchris parabolis, additque praecepta quaedam de re uxoria.

4. Le chœur maudit la discorde et la trahison des épouses, en y appliquant de belles paraboles, et ajoute certains préceptes concernant les devoirs conjugaux.

5. Miserabiliter ducuntur ad necem uincti filius et mater, nequicquam opem et misericordiam implorantes.

5. Misérablement, le fils et la mère enchaînés sont conduits au massacre, appelant en vain au secours et à la pitié.

Argumentum actus tertii.

Argument de l’acte 3.

Peleus suo interuentu Andromachen et Molottum puerum, quos Menelaus iam miserabiliter uinctos ducebat, ab instanti caede prohibet.

Pélée, par son intervention, protège Andromaque et le jeune Molossos, que Ménélas emmenait déjà misérablement attaché, d'une mort imminente.

Id cum aegre ferret Menelaus, acerrima contentio oritur inter duos principes.

Lorsque Ménélas s'en offusque, une dispute des plus âpres s'engage entre les deux seigneurs.

2. Peleus grauissima inuectiua insectatur Menelaum illique cum alia, tum hoc etiam opprobrat quod propter impudicam mulierculam totam Graeciam in discrimen belli adduxerit totque matronas uiduas senesque orbos propter priuatam libidinem fecerit.

2. Pélée fustige Ménélas avec une extrême sévérité et lui reproche, entre autres, ce fait : à cause d'une femme immorale, il a mis toute la Grèce en danger de guerre et a rendu tant de femmes veuves et tant de vieillards endeuillés, à cause d'une convoitise privée.

Contra Menelaus non minus eleganti oratione docet parum prudenter facere Peleum, qui barbaram et seruam mulierem, quae potius omni terra Graeciae exterminanda fuerat, liberae ac regiae puellae anteferat.

En réponse, Ménélas, dans un discours non moins élégant, tente de montrer que Pélée agit avec peu de prudence, lui qui fait passer avant une fille libre et royale une femme étrangère et esclave, qui aurait plutôt dû être bannie de tout le territoire de la Grèce.

Helenae autem casum esse fatalem ideoque humana culpa carere ; bellum uero ipsum Graeciae toti perutile fuisse, ut quod antea rudes militiae imbellesque fortes gnauos bellicososque reddiderit.

De plus, il affirme que ce qui est arrivé à Hélène était déterminé par le destin et que, pour cette raison, elle était exempte de tout blâme humain ; qu’en vérité la guerre elle-même a été extrêmement utile pour toute la Grèce, puisqu'elle a rendu forts, assidus et guerriers des hommes qui n'étaient auparavant ni habiles au combat ni guerriers.

3. Peleus Menelai oratione et supercilio contempto soluit uinctam cum puero, addens interim minas etiam et iustas tantae saeuitiae in miseram seruam reprehensiones.

3. Pélée, ne montrant aucun respect pour le discours et l'arrogance de Ménélas, libère la femme captive avec son fils, tout en ajoutant des menaces et de justes réprimandes pour une si grande cruauté envers une misérable esclave.

Menelaus non satis fidens rebus suis domum redire festinat, reiecta hac re in aliud tempus opportunius, ut qui cum sene uerbis uelitari frustraneum putet.

Ménélas, n'ayant pas suffisamment confiance en sa position, s'empresse de rentrer chez lui, en remettant cette affaire à un autre moment plus opportun, puisqu'il juge inutile de se répandre en dispute avec le vieil homme.

4. Chorus admirans uirtutem Pelei, qua tam liberaliter et fortiter Andromachen neci eripuerat, in locum communem de uirtutis praestantia, iustitia et aequitate in omni re colenda excurrit Peleumque honorifice laude prosequitur.

4. Le chœur, admirant la vertu de Pélée, par laquelle il avait si librement et si magnanimement arraché Andromaque à la mort, discourt sur le lieu commun selon lequel la vertu, la justice et l'équité exceptionnelles devraient être cultivées dans chaque acte, et renvoie Pélée sur son chemin avec louange et honneur.

Argumentum actus quarti.

Argument de l’acte 4.

Hermione conscientia eorum quae in Andromachen facere cogitarat et metu mariti exagitata acerbas orditur querelas, uoluntariaque morte uitae finem facere parat.

Hermione, désemparée par la conscience des choses qu'elle avait envisagé de faire à Andromaque et par la crainte de son mari, commence à se plaindre durement, et elle se prépare à mettre fin à sa vie par une mort volontaire.

A quo proposito ipsam et Chorus et famulae abducere conantur.

Le chœur et ses assistants tentent de la dissuader de ce plan.

2. Orestes petiturus oraculum Dodonaeum obiter Phthiam uenit, ut quid soror ageret cognosceret.

2. Oreste, qui a l'intention de se rendre à l'oracle de Dodone, se rend en chemin à Phtie afin de savoir ce que fait sa cousine.

Quam cum perturbatam offendit ac plane in desperatis rebus positam, cognita totius rei causa, Phthia Spartam abducit, ut hac occasione ea iam olim concupita potiri posset.

Lorsqu'il la trouve troublée et manifestement placée dans une situation désespérée, après avoir appris toute la raison de l'affaire, il l'emmène de Phthie à Sparte, afin que, par cette occasion, il puisse gagner la femme qu'il désirait depuis longtemps déjà.

Quod tamen puella ipsa parentum arbitrio relinquendum modeste sentit.

Cependant, la jeune fille comprend sagement que cette question doit être laissée à l'appréciation de ses parents.

3. Chorus per apostrophen Apollinem et Neptunum alloquitur ac de Troiae, cuius ipsi conditores fuerant, miserrimo exitio queritur : apud quam tantis uiribus tantoque humani sanguinis dispendio dimicatum sit, unde praestantissimi Asiae duces perierint et uniuersam Graeciam innumerabilia mala, ut luctus, caedes, adulteriaque, inuaserint.

3. Le chœur s'adresse à Apollon et à Neptune en les apostrophant et se lamente sur la chute la plus misérable de Troie, dont ces dieux étaient les fondateurs : en ce lieu, la guerre a été menée par tant d'hommes au prix de tant de sang humain, d’où les plus éminents chefs de l'Asie ont péri, et d'innombrables malheurs, tels que des chagrins, des meurtres et des adultères, se sont abattus sur toute la Grèce.

Argumentum actus quinti.

Argument de l’acte 5.

Dum Peleus, sparso rumore de discessu ac fuga Hermiones, rem certo cognoscere studet, aduenit nuntius caedemque Neoptolemi exponit, idque longa et luculenta narratione ac mira rerum hypotyposi.

Alors que Pélée, parce qu'une rumeur s'est répandue sur le départ et la fuite d'Hermione, cherche à en avoir le cœur net, un messager arrive et expose le meurtre de Néoptolème, et il le fait avec une longue et splendide narration et avec un merveilleux tableau des événements.

Qua re nihil acerbius ac luctuosius grandaeuo seni accidere poterat.

Rien de plus amer et de plus douloureux que cet événement ne pouvait arriver au vieillard.

2. Planctus et Chori et Pelei super occiso Neoptolemo iamque in scenam producto.

2. Le chœur et Pélée se lamentent sur la mort de Néoptolème, qui a été amené sur la scène.

3. Ad catastrophen placidumque finem fabulae properatur.

3. Les événements se hâtent rapidement vers une conclusion et une fin paisible pour la pièce.

Nam Thetis ueluti ἀπὸ μηχανῆς adest Peleumque consolatur, quidque de Andromache et Neoptolemo extincto porro fieri uelit edicit.

En effet, Thétis arrive comme ex machina et réconforte Pélée, et lui explique ce qu'elle veut qu'il advienne désormais d'Andromaque et de Néoptolème mort.

Omnia ista deorum consilio facta docet ipsique immortalitatem et fortunatas insulas pollicetur.

Elle explique que toutes ces choses ont été faites selon un plan des dieux et elle promet à Pélée l'immortalité et les Iles Bienheureuses.


1. Cic., Off. 2.7. Alexandre, tyran de Phères en Thessalie de 369 à 358 environ avant notre ère, a été tué par sa femme Thébé et ses frères, comme le racontent Xen., Hell. 6.4.35-37 et Plut., Pel., 35.4-12 (voir aussi 28.5-10). Ils rapportent des motivations différentes pour l'action de Thébé. Cicéron est la source du détail (et de la formulation) selon lequel il a été tué parce qu'on le soupçonnait d'infidélité avec une concubine.