Argumentum et Praefatio Gaspari Stiblini in Supplices Euripidis
Gasparus Stiblinus

Présentation du paratexte

Bibliographie :
Traduction : Sarah GAUCHER

Argumentum et Praefatio Gaspari Stiblini in Supplices Euripidis

Argument et préface de Gaspar Stiblinus aux Suppliantes d’Euripide

Adrastus, Argiuorum rex, accepta cruenta suorum clade ante Thebas, cum occisis neque pretio nec precibus sepulturam impetrare a uictore posset, Athenas uenit cum matribus septem ducum, qui in eodem conflictu perierant, Theseumque Atheniensium principem, uirum ut fortissimum ita et aequissimum, de uindicanda tanta hostium immanitate et tuenda lege Graeciae interpellat et ut communium fortunarum misereatur supplex orat.

Adraste, roi des Argiens, après avoir subi devant Thèbes le massacre de ses hommes, parce qu’il ne pouvait obtenir du vainqueur une sépulture ni en le payant ni en le suppliant, vient à Athènes avec les mères des sept chefs qui avaient péri dans le conflit, propose à Thésée, prince des Athéniens, homme très courageux en même temps que très juste, de venger l’absolue barbarie des ennemis et de protéger la loi de la Grèce et, par ses supplications, le prie d’avoir pitié des malheurs communs.

Ille, etsi se primum difficiliorem ad horum preces praeberet, tamen mox perpensa re accuratius apud se et matris quoque suasu, mutato animo, omnino decernit Thebanos ui, si minus amice possit, adigere ut corpora caesorum reddant Argiuis.

Thésée, même s’il se rend en premier lieu assez difficilement à leurs prières, cependant, après avoir plus précisément évalué la demande et également parce que sa mère l’en persuade, change d’avis et décrète qu’il obligera par la force, s’il ne peut y parvenir par la manière douce, les Thébains à rendre les corps des défunts aux Argiens.

Interea Thebanus aduenit praeco, qui ex mandato Creontis Boeotiae tyranni monet Theseum ut Argiuos missos faciat nec se illorum causae admisceat, si suam ciuitatem tranquillam saluamque habere cupiat.

Entre-temps arrive un héraut thébain, qui, sur ordre de Créon, le tyran de Béotie, demande à Thésée de renvoyer les Argiens et de ne pas se mêler de leurs affaires s’il désire la tranquillité et le salut de sa cité.

Huius arrogantia et insolentes animi iam magis accendunt Theseum ad uindictam insepultorum Argiuorum.

Son arrogance et son insolence finissent de pousser Thésée à venger les Argiens privés de sépulture.

Quare cum exercitu Thebas proficiscitur magnoque damno illato hostibus Argiuos humo mandat.

C’est pourquoi il se rend à Thèbes avec son armée et, après avoir causé de lourdes pertes aux ennemis, il confie les Argiens à la terre.

Septem uero ducum corpora in Atticam usque transportat ut matres plangere ea et ritu patrio sepelire possent, ubi Euadne se in uiri Capanei rogum iniicit ac una exuritur.

Quant aux corps des sept chefs, il les transporte jusqu’en Attique afin que leurs mères puissent les pleurer et les enterrer selon le rite de leur patrie, où Évadné se jette dans le bûcher de son mari Capanée et brûle avec lui.

Post haec Adrastus una cum matribus, sancito prius foedere idque Mineruae monitu, in patriam remittuntur.

Ensuite, Adraste et les mères, après avoir ratifié un traité et suivant l’avertissement de Minerve, retournent dans leur patrie.

Hoc igitur Drama encomium continet Athenarum : quae ciuitas ob multas eximias res semper tam Graecis quam Latinis literis celebrari meruit.

Cette pièce contient donc un éloge d’Athènes : cette cité, en effet, a toujours mérité, en raison de ses nombreuses qualités, d’être célébrée par les lettres grecques et latines.

Non enim solum omnium doctrinarum inuentrices Athenae sunt, sed etiam alia multa diuina ac eximia hominum uitae pepererunt, ut leges, rectas rerum publicarum rationes, recte uiuendi instituta, et quid non ?

En effet, Athènes non seulement est l’inventrice de tous les savoirs mais a également engendré bien d’autres choses divines et remarquables pour l’existence humaine, comme les lois et les droits principes des États, les règles d’une vie bien menée et tout le reste...

Mira enim felicitate naturae uel potius peculiari quodam benignioris caeli genio recto sinceroque iudicio semper ualuisse existimati sunt Athenienses.

En effet, on a jugé que les Athéniens tirèrent leur valeur de la justesse et la sincérité de leur jugement, que leur fournissaient la remarquable félicité de la nature ou plutôt un génie particulier que leur avait donné un ciel assez généreux.

Quo minus mirandum tanta tamque praeclara ab illis in hominum uitam profecta esse.

De là, il faut moins s’étonner qu’ils aient accompli des actes si grands et si illustres pour l’existence humaine.

Praecipua uero reipublicae bene constitutae gloria comparatur ex strenua defensione libertatis ac propulsatione iniuriarum a finitimis populis.

Mais la gloire principale d’un État bien organisé provient de ce qu’il défend la liberté avec énergie et qu’il préserve les peuples voisins des injustices.

Nam (ut inquit Cicero) iusti est non solum non facere iniuriam sed etiam ab immeritis propulsare. 1

Car (ainsi que le dit Cicéron) c’est le propre de l’homme juste que de ne pas commettre d’injustice mais aussi de préserver les autres des injustices.

Quare Theseus miseris et funesta clade obtritis Argiuis nec auxilium nec suam ipsius operam denegat, nec proprium periculum aut sumptus excusat , eo quod aequum iudicaret, tueri humanitatem, tueri communes Graeciae leges, quas ex ista barbara crudelitate qua fortiter praeliatos uiros insepultos esse Thebani nolebant imminui intelligebat.

Ainsi, si Thésée ne refuse ni son soutien ni son aide aux Argiens malheureux et anéantis par un funeste massacre et ne prétexte pas le danger ou les dépenses qu’il encourt, c’est parce qu’il pense qu’il est juste de protéger l’humanité, de protéger les lois communes à la Grèce, dont il comprenait que cette cruauté barbare avec laquelle les Thébains refusaient que des hommes qui avaient courageusement combattu demeurent sans sépulture causait la ruine.

Docet ergo poeta hoc illustri exemplo qualia bella principibus honeste et suscipi et geri possint : nimirum ea quibus indignis modis oppressi aut afflicti uindicantur, aut cum hostis patriis e finibus profligandus est.

Par cet exemple illustre, le poète enseigne donc quels types de guerres les princes peuvent entreprendre et mener honnêtement : ce sont assurément celles grâce auxquelles on venge ceux qui ont été oppressés ou affligés indignement ou lorsqu'il faut bouter l’ennemi hors des frontières de la patrie.

Quoties autem arma sumunt uel dilatandi imperii gratia, uel impulsi aliqua priuata cupiditate, aut spe inani incitati, tum non sine ignominia orbem Lerna malorum degrauant et affligunt.

D’autre part, chaque fois qu’ils prennent les armes soit pour étendre leur empire, poussés par un désir personnel ou incités par un espoir vain, ce n’est pas sans ignominie qu’alors ils accablent et affligent la terre d’une kyrielle de malheurs.

Pius igitur princeps supplices opisque alienae in acerbissimo casu indigos non arcet a suo limine, sed et opibus et copiis iuuat.

Ainsi, un prince pieux n’écarte pas de son seuil les suppliants et ceux qui manquent d’une autre ressource dans une situation tout à fait difficile ; au contraire, il les aide tant par ses richesses que par ses ressources.

Vnde miram humanitatem, iustitiam, pietatem, magnanimitatem in Theseo uidere est, cuius uirtutes merito omnium scriptorum consensu aeternae memoriae consecratae sunt.

De là, il convient de remarquer en Thésée, dont les vertus ont été célébrées à juste titre et de tous temps par le consensus de tous les auteurs, une humanité, une justice, une piété et une générosité admirables.

Hoc Thesei exemplum inuictissimus princeps Carolus Quintus Romanorum Imperator non modo aequauit, sed etiam longe superauit uel unica illa in Africam expeditione, qua Goleta castro Ruffibarbi munitissimo expugnato, urbem ipsam Tunetum cepit, multaque milia Christianorum captiuorum liberauit ac ipsum regem liberaliter in regnum restituit.

Charles Quint, prince invaincu, empereur des Romains, non seulement a égalé l’exemple de Thésée mais l’a également largement distancé par l’illustre expédition qu’il a menée en Afrique, où, après avoir pris à Barberousse le camp retranché de la Goulette, il a pris la ville de Tunis, a libéré plusieurs milliers de Chrétiens captifs et a généreusement replacé le roi sur son trône.

Mallet nimirum tantus Monarcha huiusmodi bella gerere quibus barbarorum ferociam opesque frangeret quam perpetuo ciuilibus Imperii dissensionibus occupari ac rebellantes domesticis uictoriis subigere.

Un si grand monarque préfèrerait assurément mener ce genre de guerre pour anéantir la férocité et les ressources des barbares que d’être continuellement plongé dans les discordes des citoyens de l’empire et de soumettre les rebelles par des victoires intérieures.

Miseratur enim supplices ac sanguinolentos manes palaeologi, calamitosi illius et ultimi Orientis Imperatoris ; miseratur sordidatas et maestas umbras tot matronarum et uirginum quae sanguine suo et oculos et animum taeterrimi Mahometi pauerunt ; miseratur innocuum cruorem infantium, puerorum, puellarumque quo infelicium matrum sanguinarius ille parricida sinus et gremia respergere non ueretur.

En effet, il prend pitié des suppliants et des mânes couverts de sang de Palaelogus, ce malheureux dernier empereur d’Orient ; il prend pitié des ombres souillées et tristes de tant de femmes et de vierges qui ont redouté en leur cœur à la fois les yeux et l’esprit du si cruel Mahomet ; il a pitié du sang des enfants innocents, des jeunes hommes et jeunes filles dont ce parricide sanguinaire ne craint pas d’asperger le sein et le giron des mères malheureuses.

Supplicat enim Caesari ipsa Constantinopolis, ueterum Imperatorum Graeciae domicilium, atque adeo omnis Graecia passim Christianorum sanguine funestata.

En effet, c’est Constantinople elle-même, ancien domicile des empereurs grecs et de toute la Grèce, souillée en tous lieux du sang des Chrétiens, qui adresse une supplication à César.

Et, ut interim de Asia ceterisque prouinciis quas barbarus ille latro uexat taceam, ipsae Athenae, studiorum et sapientiae olim nutrices, quas in hoc Dramate duce Theseo pulcherrimo facinore oppressos Argiuos uindicasse cernimus, conculcatae ac in ruinis iam exspirantes suosque ciues insepultos miserantes, opem Caesaris unici praesidii Christianorum implorant.

Et, pour passer ici sous silence l’Asie et le reste des provinces que pille ce bandit barbare, Athènes elle-même, jadis nourrice des études et de la sagesse, qui, nous le voyons dans cette pièce, a magnifiquement vengé sous le règne de Thésée les Argiens oppressés, aujourd’hui écrasée, expirant dans les ruines et déplorant ses citoyens privés de sépulture, implore l’aide de César, seul protecteur des Chrétiens.

Clamant hoc deberi primum naturae legibus et societati humanae, deinde communi religioni et mutuae caritati qua Christus omnes homines qui in se crederent dogmaque suum profiterentur ceu unum corpus conglutinatos esse uoluit, praeterea uirtuti et pietati tot principum et fortium uirorum, qui crudelissime necati a Turca etiamnum manent inulti.

Elle hurle que cette protection est d’abord due aux lois de la nature et de la société humaine ; ensuite à la religion commune et à la charité mutuelle par laquelle le Christ a voulu que soient réunis comme un seul corps tous les hommes qui croyaient en lui et reconnaissaient son dogme ; enfin à la vertu et à la piété de tant de princes et d’hommes courageux, qui, si atrocement massacrés par les Turcs, demeurent encore à ce jour privés de vengeance.

Haec igitur uere est tragoedia Supplicum, prae qua nostrae Argiuae Supplices magis Comicae quam Tragicae uideri possint.

C’est donc là la véritable tragédie des Suppliantes, qui peuvent faire passer nos suppliantes argiennes pour plus comiques que tragiques.

Sed nostra oratio, ne longius digrediamur, ad argumentum redeat.

Mais, pour ne pas digresser plus longuement, que notre propos en revienne à l’argument.

Versatur tota fere fabula in genere suasorio, praesertim orationes mutuae praeconis Thebani et Thesei, in quibus multae sententiae atque adeo contentiones quaedam de Rebuspublicis insunt.

La quasi-totalité de la pièce appartient au genre suasoire, surtout les discours échangés entre le héraut thébain et Thésée où l’on trouve beaucoup de sentences et même certaines disputes sur l’État.

Reliquum Dramatis consumitur partim in laude septem ducum et ceterorum qui occubuerant Argiuorum, partim in luctu ac curatione funerum.

Le reste de la pièce contient en partie la louange des sept chefs et du reste des Argiens défunts, en partie le deuil et le soin apporté aux funérailles.

Euadne exusta simul cum uiro exemplum est singularis pietatis et amoris uxorii erga maritum.

Évadné, qui s’est consumée avec son époux, est l’exemple d’une piété remarquable et de l’amour d’une épouse envers son mari.

Aethra mater Thesei et ipsa pia misericors ac benigna inducitur.

Éthra, la mère de Thésée, est également présentée comme pieuse, miséricordieuse et généreuse.

Praeco arrogans, garrulus ac in alieno regno curiosus fingitur : quae legatorum aut nuntiorum uitia non carent periculo.

Le héraut est dépeint comme arrogant, bavard et curieux dans un royaume étranger : or, ces vices des légats ou des messagers ne sont pas exempts de dangers.

Argiuae mulieres flebiles ac maestae: tales enim supplices esse decebat.

Les femmes argiennes sont misérables et tristes : c’est ainsi, en effet, qu’il convenait de peindre des suppliantes.

Iphis calamitosus et orbus senex.

Iphis est un vieillard affligé et aveugle.

Theseus rectus integer, fortis et magnanimus.

Thésée est droit, intègre, courageux et magnanime.

Lege ad hoc argumentum Isocratis Panegyricum et Panathenaicum.

Sur ce sujet, lis le Panégyrique et le Panathénaïque d’Isocrate.

Argumentum actus primi.

Argument de l’acte 1.

Aethra mater Thesei ad templum Cereris, quod celeberrimum erat in Attica, exierat, ibi de more supplicatura deae ut florentissimam Atheniensium urbem tueri et protegere pergeret illorumque res prosperaret ac frugum uberem prouentum efferret, cum Adrastus et Argiuorum matres adueniunt, maesti ac squalidi, ut implorarent opem Thesei ad uindicandum caesos ante Thebas.

Éthra, la mère de Thésée, était allée au temple de Cérès, très illustre en Attique, pour y supplier, selon la coutume, la déesse de continuer de défendre et de protéger la si fleurissante Athènes ; de faire prospérer ses ressources et de gratifier ses fruits d’une croissance féconde, lorsque Adraste et les mères des Argiens arrivent, tristes et sales, pour implorer l’aide de Thésée afin de venger les hommes tombés devant Thèbes.

Itaque anus accersit filium ut quod ei uideretur faceret.

C’est ainsi que la vieille femme fait venir son fils pour qu’il fasse ce qui lui semblerait bon.

2. Chorus, hoc est Argiuae matres, accidunt ad pedes Aethrae suamque calamitatem plangentes miseris precibus auxilium petunt.

2. Le chœur, c’est-à-dire les mères argiennes, vient aux pieds d’Éthra et, pleurant leurs malheurs, elles demandent de l’aide par des misérables prières.

Interea Theseus uenit, turbatus propter clamorem et eiulatum mulierum.

Entre temps arrive Thésée, inquiété par le cri et les lamentations des femmes.

Aliud enim noui mali reipublicae fortasse ortum esse hinc suspicabatur : cui mox Adrastus suam causam exponit.

Il suspecte en effet qu’un nouveau malheur pour l’État est peut-être advenu : Adraste plaide bientôt sa cause auprès de lui.

3. Adrastus implorat opem Thesei, sed negat Theseus, eo quod post tanta praesidia quae natura hominibus tribuit ad uitam recte gubernandam totum illud malum sua culpa contraxerit.

3. Adraste implore l’aide de Thésée, mais Thésée refuse, sous prétexte que, malgré les si grandes défenses que la nature a attribuées aux hommes pour bien diriger leur existence, il a lui-même causé tout ce malheur.

Supplicat eidem et Chorus miserabili ac confusa uoce.

Le chœur le supplie également d’une voix misérable et troublée.

4. Sed Aethra, commota nimirum miserabili spectaculo supplicum mulierum, lacrimantibus oculis intercedit apud filium pro Argiuis, exoratque, id quod decebat matrem, Theseum ut caesorum uindictam polliceretur reciperetque.

4. Mais Éthra, certainement bouleversée par le spectacle misérable des suppliantes, intercède, les yeux pleins de larmes, auprès de son fils en faveur des Argiens et essaie de fléchir (ce qui convenait à une mère) Thésée pour qu’il promette de venger les défunts et récupère leurs cadavres.

Vnde Chorus mirifice afficitur ac bona ultionis spe erigitur.

De là, le doux espoir de la vengeance réjouit et rassérène le chœur.

Argumetum actus secundi

Argument de l’acte 2.

Secundus Actus habet praestructionem quandam ad sequentes epitases.

Le deuxième acte prépare les épitases suivantes.

Dum enim Theseus matris precibus atque adeo ipsa humanitate et aequitate uictus nuntium ad Creontem Thebanorum principem cum mandatis de sepeliendis mortuis mitteret, casu aduenit Thebanus praeco de eadem re cum Theseo nomine regis sui acturus.

En effet, tandis que Thésée, cédant aux prières de sa mère et, bien plus, à son humanité et à sa justice, envoie un messager à Créon, prince des Thébains, portant l’ordre de faire enterrer les défunts, un héraut thébain arrive pour s’entretenir avec Thésée de la même affaire au nom de son roi.

Antequam autem ad ipsam rem ueniretur, praeter argumenti rationem disceptatio quaedam oritur de monarchia, tyrannide, et optimatum Republica idque uitio natiuae cuiusdam loquacitatis praeconis, qua nulla turpior comes hominum quibus seria demandata sunt negotia.

Or, avant qu’on en soit venu à l’affaire elle-même, naît, en plus de ce sujet, une discussion sur la monarchie, la tyrannie et l’oligarchie à cause de la verbosité naturelle du héraut, défaut le plus déshonorant pour ceux à qui ont été confiées des affaires sérieuses.

2. Disceptatione finita, tandem urgente Theseo cogitur praeco exponere causam suam, cuius perorationem Theseus eleganti responso excipit ac diluit, omninoque Argiuos sepelire, si minus bona gratia Creontis fieri possit, per uim et arma parat.

2. Une fois la discussion finie, le héraut est forcé, après que Thésée l’a finalement pressé de le faire, d’exposer sa cause, dont Thésée, avec une réponse élégante, accueille et balaie la conclusion ; il se prépare à enterrer les Argiens par la force et les armes, si Créon ne peut le faire de bonne grâce.

Argumentum actus tertii

Argument du troisième acte.

Argiuae matres et Aethra de futuro belli euentu disceptant, qui solis diis notus sit, ut et reliquarum rerum exitus, rogantque numina ut Theseo praesto esse uelint.

Les mères argiennes et Éthra débattent de l’issue de la guerre, qui, de même que l’issue des autres évènements, ne peut être connue que des dieux, et prie les divinités de bien vouloir se tenir aux côtés de Thésée.

2. Nuntius Thesei uictoriam Choro narrat utque totum bellum peractum sit ordine exponit.

2. Un messager de Thésée rapporte au chœur sa victoire et expose dans l’ordre la conduite de la guerre.

Adrastus exclamat in fortunae uarias ac incertas uices, praeterea in mortalium insaniam, qui tristi quadam amentia ipsi sibi accersant pericula, bella, exitia, et salutaria monita bonaque consilia repudient in propriamque perniciem obnixe tendant.

Adraste lance des exclamations sur les tours variés et incertains du destin, sur la folie des mortels qui, par un funeste égarement, font eux-mêmes venir à eux les périls, les guerres, les morts, qui repoussent les conseils salutaires et les bons avertissements et qui, par leur obstination, causent leur propre perte.

3. Chorus interrogat nuntium de sepultura caesorum ante Thebas Argiuorum simulque cum Adrasto ploratus et querelas super caesis ducibus iamque in scenam productis inchoat.

3. Le chœur interroge le messager sur la sépulture des Argiens tombés devant Thèbes et, en même temps, commence avec Adraste à pleurer et déplorer les chefs tués et déjà amenés sur scène.

Argumentum actus quarti

Argument du quatrième acte

Quartus Actus primum habet colloquium Thesei ex bello reuersi et Adrasti, uersaturque in genere encomiastico.

Le quatrième acte contient une conversation entre Thésée, revenu de la guerre, et Adraste, et verse dans le genre encomiastique.

Continet enim laudes et encomium caesorum ante Thebas ducum ut eo indignior et acerbior illorum miserabilis casus spectatoribus uideretur.

Il contient en effet les louanges et l’éloge des chefs tués devant Thèbes, si bien que leur misérable sort semble aux spectateurs d’autant plus indigne et dur.

2. De sepeliendis cadaueribus eorundem agitur.

2. On parle d’ensevelir leurs cadavres.

3. Chorus repetit inchoata prius lamenta, ne frigeret atrocitas epitaseos, simulque ad sequentem actum uiam praemunit.

3. Le chœur reprend les lamentations commencées plus tôt, afin que l’atrocité de l’épitase demeure vivace, et en même temps ouvre la voie à l’acte suivant.

Argumentum actus quinti

Argument du cinquième acte.

Prolatis iam ducum cadaueribus in theatrum Choroque et Adrasto deplorantibus miseriam fatalem, subito Euadne uxor Capanei de praerupta conspicitur rupe ad quam cremabantur defuncti, orditurque querelam ac marito commoritura se deuouet.

Alors que les cadavres des chefs ont été présentés sur le théâtre et que le chœur et Adraste déplorent ce funeste malheur, on voit soudain Évadné, la femme de Capanée, sur une paroi escarpée près de laquelle les défunts étaient brûlés ; elle pousse une plainte et jure de s’immoler avec son mari.

Adest et Iphis senex miserrimus et filii Amphiarai (quem hic Eteoclum noster uocat) funus curaturus et filiam quaesiturus Euadnen, cuius consilium cum audit atque adeo ipsum funestum facinus coram uidet et animo et corpore obstupescit, uitamque, praesertim eam quae liberis creandis operam dat, postremo et ipsam senectutem damnat suamque calamitatem deplorat.

Est aussi présent Iphis, vieillard tout à fait pitoyable, venu à la fois pour s’occuper des funérailles de son fils Amphiaraos (que notre poète appelle ici Étéocle) et pour chercher sa fille Évadné ; lorsqu’il l’entend son dessein et, bien plus, lorsqu’il voit sous ses yeux cet acte funeste s’accomplir, son corps et son esprit se glacent ; il blâme l’existence, en particulier celle qui s’appliquer à faire des enfants, et la vieillesse elle-même ; et déplore son malheur.

2. Chorus cum pueris, qui aduenerant una, lacrimas et fletus supremum cineribus honorem impendit.

2. Le chœur, accompagné d’enfants qui étaient venus avec lui, verse des larmes et des sanglots comme un dernier honneur accordé aux cendres.

3. Cum iam Theseus Argiuos cum cineribus et ossibus suorum dimittere uellet, subito adest Minerua expositura quae amplius fieri uelit aut agi a Theseo cum Argiuis, ne exitus fabulae frigidior esset sineque aliqua rerum expectatione languesceret.

3. Alors que désormais Thésée veut renvoyer les Argiens avec leurs cendres et leurs ossements, Minerve apparaît soudain pour exposer ce qu’elle veut que Thésée fasse ou entreprendre par ailleurs avec les Argiens, afin que la fin de la pièce ne soit pas trop austère et ne laisse rien inachevé.


1. Cic., Off. 3.18.74.