Présentation du paratexte
Praefatio Gaspari Stiblini in Euripidis Bacchas
Préface de Gaspar Stiblinus aux Bacchantes d’Euripide.
Dionysus propter ingentia beneficia in humanum genus et res abs se praeclare gestas inter deos relatus, cum ab una Thebarum ciuitate non reciperetur, quam tamen in primis colebat ac praestantissimis uinetis nobilitarat, manifestum suae diuinitatis documentum dare uoluit.
Dionysos, qui a été accepté comme l'un des dieux en raison de ses immenses bienfaits envers le genre humain et des actes qu’il avait brillamment accomplis, alors qu'il n'était pas reçu par la seule cité de Thèbes, que cependant il avait particulièrement favorisée et avait rendue glorieuse avec des vignobles exceptionnels, voulut donner une preuve évidente de sa divinité.
Venit itaque Thebas omnesque mulieres in furorem actas ad montem Cithaeronem compulit utque ibi orgia sua celebrarent effecit.
En conséquence, il vint à Thèbes, rendit folles toutes les femmes, les obligea à se rendre sur le mont Cithéron et fit en sorte qu'elles y célèbrent ses rites extatiques.
Hanc rem diuinitus fieri seniores, ut Cadmus et Tiresias, facile ut crederent adducebantur.
Les hommes les plus âgés, tels que Cadmus et Tirésias, furent facilement amenés à croire que cela était dû à une cause divine.
Quare et se ad ferendum honores debitos Deo nouo parant.
Et c'est pourquoi ils se préparent à porter les honneurs dus au nouveau Dieu.
Pentheus autem solus refractarius Bacchantibus poenas minatur, orgia disturbare meditatur : Dionysum ridet ac in uincula ducit.
Penthée seul, cependant, obstiné qu’il est, menace de punir les Bacchantes et entend perturber leurs rites : il se moque de Dionysos et le jette dans les fers.
Nec illum mouent ea quae cum domi a deo fieri cernebat tum a pastore facta foris narrari audiebat.
Il n'est pas non plus ému par ce qu'il a vu le dieu faire dans sa maison, ni par ce qu’il est arrivé hors de la ville et qu'il a entendu raconter par un berger.
Tandem Dionysus, ut impius θεόμαχος pertinaciae poenas daret, ei rectam mentem eripit.
Enfin Dionysos, pour que l'impie théomaque paie le prix de son obstination, le prive de son bon sens.
Et ut indutus Baccharum amictum iret uisum Maenadas ὀργιάζοντας persuadet.
Et il le persuade qu'après avoir revêtu l'habit des Bacchantes, il doit aller voir les Ménades célébrer leurs mystères.
Quocirca impos sui Pentheus ad Cithaeronem ridiculus in ueste muliebri praeeunte sub mutata figura Dionyso pergit correptusque a Bacchis miserrime et crudelissime laniatur.
Pour cette raison, Penthée, sans pouvoir sur lui-même, risible dans des vêtements de femme, avec pour guide Dionysos métamorphosé, se rend au mont Cithéron et, saisi par les Bacchantes, est très misérablement et cruellement mis en pièces.
Agaue autem cum sororibus postquam ad se rediissent cum decrepito patre in exilium mittuntur.
De plus, Agavé et ses sœurs, après être revenues à elles-mêmes, sont envoyées en exil avec leur vieux père.
Poeta ergo hoc dramate quo Pentheus stolidae pertinaciae et impietatis poenas dat sui saeculi homines hortari uoluit ad colendam pietatem : cui neglectae subeunt impietas, temeritas, αὐθάδεια aliaeque eiusdem generis pestes quae respublicas subuertunt.
Le poète a donc voulu, avec cette pièce où Penthée est puni pour son obstination stupide et son impiété, exhorter les hommes de son temps à cultiver la piété : lorsque celle-ci est négligée, elle est remplacée par l'impiété, l'insouciance, l'égoïsme et d'autres maladies du même type qui subvertissent les États.
Nec id obscure agit, cum dicit τὸ σωφρονεῖν δὲ καὶ σέβειν τὰ τῶν θεῶν κάλλιστον οἶμαι
1
Et il ne le fait pas de manière dissimulée, puisqu'il dit : « Je crois que la meilleure chose est d'avoir un esprit sain et modeste et de révérer les dieux et leurs lois, etc. ».
Item circa finem actus 5.
De même vers la fin de l'acte 5.
2
S'il y a quelqu'un qui méprise les dieux, qu'il regarde la mort de cet homme et qu'il croie en eux, etc.
Nam ut pietas (teste Cicerone)
fundamentum est omnium uirtutum
3
En effet, de même que la piété (selon Cicéron) est la base de toute vertu, la destruction de la religion est la racine de tous les maux.
Vnde Plato ἐν τῷ ι. de Legibus docet impios, hoc est in Deum ac religionem delinquentes, grauissime uindicandos esse eo quod talium hominum scelera saepe totius ciuitatis malo expientur et ab his publica corruptela morum ueniat nisi puniantur 4.
C'est pourquoi Platon, dans le dixième livre des Lois, enseigne que les impies, c'est-à-dire ceux qui offensent Dieu et la religion, doivent être punis le plus sévèrement, parce que les crimes de ces hommes sont souvent expiés par le malheur de la cité tout entière, et que c'est de ces hommes que vient la corruption publique des mœurs, si on ne les punit pas.
Sicut ergo neglectas religiones clades sequi solent, ita semper Respublicas amplicatas fuisse eorum imperiis qui religionibus paruissent constat.
De même donc que les calamités ont pour habitude de suivre la négligence des prescriptions religieuses, de même il est convenu que les États se sont toujours améliorés sous le règne de ceux qui leur ont obéi.
Quamobrem uere Plato in Euthyphrone : τὸ δὲ μέν σοι (inquit
Euthyphron) ἁπλῶς λέγω ὅτι ἐὰν μὲν κεχαρισμένα
τὶς ἐπίστηται τοῖς θεοῖς λέγειν τε καὶ πράττειν εὐχόμενός τε καὶ θύων, ταῦτ’ ἐστὶ
τὰ ὅσια, καὶ σώζει τὰ τοιαῦτα τούσδε ἰδίους οἴκους καὶ τὰ κοινὰ τῶν πόλεων· τὰ δ’
ἐναντία τῶν κεχαρισμένων ἀσεβῆ, ἃ δὴ καὶ ἀνατρέπει ἅπαντα καὶ ἀπόλλυσι
5
C'est pourquoi Platon écrit en toute vérité dans Euthyphron : « Je vous dis tout simplement que si quelqu'un sait dire et faire des choses agréables aux dieux, en priant et en sacrifiant, c'est cela la piété, et un tel comportement préserve sa propre maison et les intérêts communs de sa cité. Tout ce qui est à l'opposé des choses agréables est impie, et ces choses en fait renversent et détruisent tout. »
Quod si ad hoc nostrum saeculum respiciamus, in quo ea religio uigere debebat quam ipse Dei filius e caelo ad homines et tulit et fundauit quaeque sui obseruantes caelestibus et aeternis bonis beat, facile intelligemus, quale omnium bonarum rerum diluuium ex huius neglectu ac interitu hodie orbem terrarum obruerit, adeo ut publica disciplina extincta sit, iaceat uirtus, dissentientium ac disputantium pugnae perpertuae gliscant, denique licentia, clades, caedes, periuria, seditiones, euersiones ciuitatum, omnia profanent funestentque.
Mais si nous considérons notre propre époque, dans laquelle doit prospérer cette religion que le fils de Dieu lui-même a portée aux hommes depuis le ciel et établie, et qui bénit ceux qui l'observent par des récompenses célestes et éternelles, nous comprendrons aisément quelle sorte de déluge destructeur de toutes les bonnes choses a aujourd'hui envahi le monde entier par suite de la négligence et de l'abaissement de celle-ci, à tel point que la discipline publique a été détruite, que la vertu est prostrée, que les batailles incessantes d'hommes en désaccord et en dispute se multiplient, qu’enfin la licence, le malheur, l'effusion de sang, les purges, les insurrections, les renversements de cités profanent et souillent tout.
Et um tantum studium priscis fuerit, non solum obseruandae (ut Valerius Maximus inquit) sed etiam amplificandae religionis eiusque falsae 6, erubescenda certe et piacularis nostra uaecordia est, qui tantis praemiis inuitati ueram religionem, sanguine Christi consecratam, diuinitus traditam, uel negligimus uel extinctam cupimus, a cuius incolumitate tamen reliquae partes reipublicae pendent et conseruantur.
Et alors que les Anciens avaient un tel zèle, non seulement pour suivre (comme le dit Valère Maxime) mais aussi pour étendre et améliorer la religion, et une fausse religion, nous devrions certainement rougir de honte de notre propre folie et penser qu'elle nécessite une expiation, nous qui, bien que séduits par de si grandes récompenses, négligeons ou voulons voir s'éteindre la vraie religion, consacrée par le sang du Christ, transmise du ciel, de la survie de laquelle, cependant, le reste de l’État dépend et est préservé.
Cadmi et Tiresiae senum spectata prudentia et salutaria consilia sunt : uerum ea contumax repudiat Pentheus.
La sagesse des vieillards Cadmus et Tirésias est évidente et leurs conseils salutaires : mais Penthée, obstiné, les rejette.
Denique obseruandum figurari in hac fabula id quod plerumque mortalibus usuuenit, ut post acceptam cladem sapere et sero paenitere incipiant.
Enfin, il convient d'observer que cette pièce montre ce qui arrive à de nombreux mortels : après avoir connu un désastre, ils commencent à être raisonnables et se repentent trop tard.
Sic Penthetus iam inter manus discerpentium resipescere et agnoscere errorem sero incipit ; sic Agaue iam caeso a se filio frustra ingemiscit.
Ainsi, c’est seulement après qu'il est entre les mains de celles qui le mettent en pièces que Penthée commence à reprendre ses esprits et reconnaît trop tard son erreur ; ainsi, c’est seulement une fois qu’elle a mis son fils en pièces qu’Agavé gémit en vain.
Ita male coepta et temeraria consilia efferati iuuenis tristissimus exitus sequitur, funera nimirum et post longam felicitatem aerumnosum exilium.
Ainsi, l'issue la plus malheureuse suit les mauvais débuts et les décisions irréfléchies du jeune homme sauvage, à savoir la mort, et après un long bonheur, un exil plein de misère.
Argumentum actus primi.
Argument de l’acte 1.
Dionysus prologum agens argumentum et occasionem praesentis fabulae aperit.
Dionysos, dans le prologue, révèle le sujet et la cause de la présente pièce.
Dicit enim se uenisse ut certo aliquo specimine diuinitatem suam probet aduersus Pentheum impie orgiis aduersantem.
Il dit en effet qu'il est venu prouver sa propre divinité par des preuves certaines contre Penthée, qui s'oppose impudiquement à ses rites.
Deinde Bacchas sacerdotes suas hortatur ad sollemnia carmina quae Bacchanalibus cani solebant.
Ensuite il exhorte ses prêtresses, les Bacchantes, aux chants rituels qui étaient habituellement chantés lors des Bacchanales.
2 Chorus Bacchum celebrat et quasi praeludia quaedam ad thiasos futuros increpat.
2 Le chœur fait l'éloge de Bacchus et, pour ainsi dire, fait retentir avec grandiloquence certains préludes des futures bandes bachiques.
Item Bacchi genus, sacra, et eorundem apparatum, ut thyrsos, hederas, faces, cymbala, tympana, nebrides, cantus, praedicat.
De même, il chante la naissance de Bacchus, les rites sacrés et le matériel de ces rites, comme le thyrse, le lierre, les torches, les cymbales, les tambours, les fauves et les chants.
3 Senile colloquium est de peragendis orgiis.
3 La conversation entre les vieillards porte sur l'accomplissement des rites.
Cui interuenit Pentheus, ac iratus in orgia tamquam in pestiferi cuiusdam Asiatici hominis corruptelas inuehitur, poenasque minatur Bacchantibus.
Penthée les interrompt et, dans sa colère, s'insurge contre ces rites qu'il considère comme les pratiques corrompues d'un Asiatique pernicieux, et il menace de punir les Bacchantes.
4 Tiresias pulcherrima oratione conatur reuocare Pentheum ab obstinatione nimia et impietate in Deum, id quod non minore studio Cadmus quoque facit.
4. Tirésias, dans un très beau discours, essaie de rappeler Penthée de son entêtement excessif et de son impiété contre la divinité, ce que fait aussi Cadmus avec non moins de zèle.
Sed ille spreto senum prudentissimo consilio destinata persequi nihilominus cogitat.
Mais, après avoir rejeté les conseils très avisés des vieillards, Penthée entend bien aller jusqu'au bout de ses décisions.
Quin ad hoc Tiresiae etiam minatur, et qui Dionysum uinctum ad lapidationem ducant dimittit : unde senes desperata iam Penthei salute ad orgia pergunt.
De plus, il menace même Tirésias, et il renvoie ceux qui doivent ramener Dionysos enchaînés pour être lapidés : d’où les vieillards, ayant maintenant désespéré de la sécurité de Penthée, procèdent aux rites.
5 Chorus Bacchi laudes uinique effecta nobilia commemorat.
5. Le chœur chante les louanges de Bacchus et les célèbres effets du vin.
Argumentum actus secundi.
Argument de l’acte 2.
Adducunt famuli uinctum Dionysum nec uultu mutatum nec restitantem : praeterea mulieres e custodiis euasisse, non sine aliqua diuina ope, nuntiant.
Les serviteurs conduisent Dionysos ligoté, dont le visage n'est pas changé et qui n'oppose aucune résistance : de plus, ils rapportent que les femmes se sont échappées de leur prison, non sans quelque aide divine.
2 Pentheus genus Dionysi et unde, cuiusue iussu orgia introduxerit, quaerit.
2 Penthée demande quelle est l'origine familiale de Dionysos, d'où il vient ou sous l’ordre de qui il a introduit les rites.
In quo colloquio miram Dionysi simulationem ac tergiuersationem (nam induerat se in uultus luxuriosi et deliciosi cuiusdam adolescentis) ac in excipiendis dictis Penthei acumen obseruandum.
Dans cette conversation, il faut noter le jeu étonnant de Dionysos, son subterfuge (car le dieu avait pris l'apparence d'un jeune homme extravagant et délicat), et son habileté à parer les paroles de Penthée.
Vnde et tyrannus tandem commotus nec diutius ferens aenigmatistam eum abduci iubet.
C'est pourquoi le roi, finalement irrité et ne supportant plus ce faiseur d'énigmes, ordonne qu'on l'emmène.
3 Chorus Pentheo Orgiis aduersanti pestem ominatur Bacchumque uocat, ubiubi ille tandem sit, ad uindicandum contumeliam et impietatem uaecordis tyranni tum in se tum in ipsum numen.
3 Le Chorus prédit la ruine à Penthée pour s'être opposé aux rites, et appelle Bacchus, où qu'il soit, à venger l'insulte et l'impiété du roi insensé, tant contre eux-mêmes que contre la divinité elle-même.
Argumentum actus tertii.
Argument de l’acte 3.
Dionysus e carcere euadens Bacchas uocat attonitas stupore, cum omnia ardere, tremere ac collabi uiderentur : eisque exponit quomodo praestigiis quibusdam illuserit Pentheo ac miris simulacris rerum insanientem distinuerit, ad testificandum numinis sui praesentiam, nisi caecus furore Pentheus fuisset ; qui et ipse accurrit, indigne ferens se a Dionyso ludificari.
Dionysos, s'échappant de la prison, appelle les Bacchantes, qui sont stupéfaites de voir que tout semble s'enflammer, trembler et tomber en ruines : il leur explique comment il a trompé Penthée par certaines ruses et détourné l'aliéné par des images merveilleuses pour démontrer la présence de sa propre divinité, si Penthée n'avait pas été aveugle de folie ; et Penthée s'enfuit, indigné d'être moqué par Dionysos.
2 Pastor quidam ex Cithaerone adueniens longa narratione exponit quibus ceremoniis, quo ritu, uestitu, more, ubi, Bacchae orgia celebrent, item quomodo pecudes discerpserint.
2 Un berger, arrivant du mont Cithéron, explique dans un long récit avec quelles cérémonies, quel rituel, quels vêtements, de quelle manière et où les Bacchantes célèbrent leurs rites, et de même de quelle manière elles déchirent le bétail en morceaux.
Ex quibus rebus colligit manifesta praesentiae numinis argumenta simulque ut Dionysum nouum deum in urbem recipiat tyrannum hortatur.
De ces faits, il conclut qu'il existe des preuves évidentes de la présence d'une divinité et, en même temps, il demande instamment au roi d'accepter Dionysos, le nouveau dieu, dans la ville.
3 Nihil his mouetur Pentheus, sed primum arma capere ciues iubet: deinde mutata sententia, ipse prius speculatum abire statuit, idque ductore nuntio.
3 Tout cela n'émeut en rien Penthée, d'abord il ordonne au contraire aux citoyens de prendre les armes, puis, se ravisant, il décide de partir d'abord lui-même pour espionner, et de le faire avec le messager comme guide.
Dionysi autem uerba habent parasceuen sequentis actus, qui continet lacerationem ac flebile fatum Penthei.
Les paroles de Dionysos contiennent cependant la préparation de l'acte suivant, qui traite de la mise en pièces et du triste destin de Penthée.
4 Chorus optat choreas ac sollemnes Orgiorum saltationes.
4. Le chœur aspire aux danses et aux sauts religieux des rites bachiques.
Deinde subiicit locum communem de uindicta deorum in contemptores religionum: quae etsi aliquando tardius uenit, tamen aliquando uenit.
Puis il ajoute le lieu commun du châtiment des dieux contre ceux qui méprisent la religion, qui, même s'il arrive parfois assez tard, arrive néanmoins à un moment donné.
Monet praeterea nihil temere tentandum aduersus receptos religionum ritus statasque ceremonias.
En outre, il avertit qu'il ne faut pas tenter inconsidérément quelque chose contre les rites admis des religions et les cérémonies établies.
Non enim carere eam rem periculo.
Cette action, en effet, n'est pas sans danger.
Denique uitam mediocrem cum pietate coniunctam et tranquillo animo omnibus ceteris quibus mundus inhiat felicitatibus anteferendam esse dicit.
Enfin, il dit qu'une vie modérée jointe à la piété et à un esprit tranquille doit être préférée à toutes les autres formes de bonheur dont le monde est avide.
Argumentum actus quarti.
Argument de l’acte 4.
Dionysus Pentheum iam Baccharum ornatu indutum ac mente alienatum foras uocat, spectatorumque ludibrio exponit, ac simul cum eo pergit Bacchas exploratum, hoc est, dux illi fit ad manifestum exitium.
Dionysos appelle Penthée, désormais vêtu de l'habit des Bacchantes et privé du contrôle de son esprit, et l'expose aux moqueries des spectateurs, et en même temps il part avec lui espionner les Bacchantes, c'est-à-dire qu'il devient pour Penthée le guide de sa ruine manifeste.
2 Chorus euntem Pentheum prosequitur carmine insultatorio, quo uindictam et poenam in hominem impium contemptoremque numinis exsuscitat.
2 Au moment où Penthée s'en va, le Chœur l'attaque par un chant injurieux, par lequel il excite la vengeance et le châtiment contre l'homme impie et contempteur de la divinité.
Monet etiam non impunitum manere si quid in deorum religionem peccetur ac raro bene cedere iis qui aduersus consuetudines ueteres ac priscos longoque usu receptos ritus quid moliantur.
Il avertit aussi qu'on ne reste pas impuni si l'on commet quelque péché contre les prérogatives des dieux et qu'il arrive rarement du bien à ceux qui luttent contre les antiques coutumes et les anciens rites acceptés d’après un long usage.
3 Secunda pars huius actus, quae et ad sequentem actum commode referri posset, continet narrationem nuntii de discerpto a Bacchis Pentheo : quae locorum, personarum et rerum elegantissimis descriptionibus constat, quibus crebra πάθη καὶ ἤθη intersperguntur.
3 La seconde partie de cet acte, qui pourrait être convenablement attribuée aussi à l'acte suivant, contient le récit du messager sur Penthée, mis en pièces par les Bacchantes : on y trouve des descriptions très élégantes des lieux, des personnages et des événements, auxquelles se mêlent de nombreuses expressions de passions et de caractères.
4 Chorus uictoriae Bacchi de Pentheo gratulatur et applaudit.
4 Le chœur se réjouit de la victoire de Bacchus sur Penthée et l'applaudit.
Argumentum actus quinti.
Argument de l’acte 5.
Vltimus actus summam habet epitasin.
Le dernier acte présente l'épitase.
Nam Agaue adhuc insana in scenam procedit iactatque caput Penthei et serio triumphat : ac, quod sibi palmarium putat, leonem a se occisum dicit.
En effet, Agavé monte sur scène, encore folle, se vante de posséder la tête de Penthée et exulte sincèrement : elle dit qu'elle a tué un lion, ce qu'elle pense être un exploit digne d'elle.
Quare omnes ad congratulandum hortatur.
Elle exhorte donc tout le monde à la féliciter.
2 Cadmus ex monte rediens et collectos Penthei artus secum ferens uix ad pristinam mentem tandem reuocat Agauem: quae agnoscens filium a se interemptum acerbissimum sentit dolorem.
2 Cadmus, revenant de la montagne et portant avec lui les membres de Penthée qu’il a ramassés, rappelle enfin avec peine Agavé à son état d'esprit habituel, et celle-ci, reconnaissant son fils qu’elle a tué, éprouve le plus vif chagrin.
Queritur et Cadmus futuram domus solitudinem.
Cadmus aussi se lamente sur le dénuement futur de sa maison.
Dionysus uero dicit poenam esse hanc neglecti sui numinis.
Mais Dionysos lui répond que c'est la punition pour avoir négligé sa divinité.
Tristis sequitur finis et tragicus.
Une triste et tragique fin s'ensuit.
Cadmus enim cum suis in exilium mittitur.
En effet, Cadmus est envoyé en exil avec sa famille.