Présentation du paratexte
Praefatio Gaspari Stiblini in Ionem.
Préface de Gaspar Stiblinus sur Ion.
Haec fabula proprie pertinet ad laudem principatus Atheniensium.
Cette pièce participe proprement de l’éloge de la royauté athénienne.
Hos enim ostendit aborigines nec aliunde insitos esse, deinde habere praesidem Mineruam, sapientiae ac pulcherrimarum artium antistitem, praeterea a solertissimis ducibus qui genus a diis trahant gubernari, denique gentibus longe lateque tum in Asia tum in Europa, quae etiam num a primis domitoribus cognominantur, imperare.
Car elle montre les Athéniens comme des indigènes, et non des étrangers, qui ont ensuite comme divinité tutélaire Minerve, en charge de la sagesse et des beaux-arts, qui en outre sont gouvernés par des chefs très habiles qui tirent leur origine des dieux, qu’enfin ils dominent sur une vaste zone les peuples d’Asie comme d’Europe (qui aujourd’hui encore tirent leur nom de leurs premiers conquérants).
Verisimile siquidem est poetas Graecos sub inuolucro fabularum non raro inseruire uoluisse laudibus tum ceterarum Graeciae urbium tum Athenarum, ubi non solum omnes artes inuentae florebant ac emporium omnis eruditionis et philosophiae in toto orbe celeberrimum erat, sed etiam belli studia uigebant: id enim Poeta noster in Supplicibus quoque et Heraclidis luculenter significat.
Certes il est vraisemblable que les poètes grecs, sous le couvert fréquent des mythes, aient voulu contribuer à faire l’éloge des cité grecques et surtout d’Athènes, où non seulement fleurissaient les arts qu’on y avait inventés et où se trouvait le lieu d’échange le plus fréquenté de l’érudition et de la philosophie, mais aussi où l’art de la guerre était à son apogée ; car c’est ce que montre notre poète dans Les Suppliantes et dans Les Héraclides.
Et Boeotia Homeri nihil aliud esse uidetur quam encomium Graeciae et finitimarum insularum.
Et la Béotie d’Homère ne semble rien d’autre qu’un éloge de la Grèce et de ses îles voisines.
Sunt praeterea non contemnendi morum typi obseruandi in praesenti Dramate.
En outre, il ne faut pas négliger la typologie de caractères qu’on peut observer dans le présent drame.
In quo primum Creusa sterilitate, stupri et expositi pueri conscientia, adulteri (talem putabat) mariti odio, necandi noui filii uiri studio miserrima, sed quae mox commutatis rebus et filium et summas commoditates ac plane mare bonorum reperiat insperato.
D’abord Créuse, que sa stérilité, sa culpabilité d’avoir été violée et d’avoir abandonné un enfant, la haine de son mari adultère (à ce qu’elle croyait) et le désir de supprimer ce récent fils de son mari rendaient très malheureuse, mais qui bientôt, par un revers de fortune, trouve un fils, les plus grands avantages et un océan de bonheurs tout à fait inespérés.
Ea inquam nos docet, ut in utraque fortuna simus animo pari: hoc est, firmo et imperturbato: ita ut neque secundis efferamur nec rursus aduersis deiiciamur, sed cogitemus nihil in hac uita stabile, fidum aut sincerum esse; recte autem agentes homines ac pietatis studiosos periclitari aliquando posse, sed nunquam destitui a numine.
Elle, dis-je, nous montre à être dans le bonheur et le malheur de même sentiment, c’est-à-dire fermes et imperturbables, sans être ni au plus haut en cas de chance, ni au plus bas en cas de malchance, mais à penser que rien ici-bas n’est stable, fiable et sincère, mais que même les hommes qui agissent bien et qui pratiquent la piété peuvent être en danger parfois, mais que jamais on n’est abandonné par la divinité.
Ion inter sacerdotes et pios homines educatus, et ipse pius ac bonus euasit.
Ion, élevé parmi les prêtres et les hommes pieux, est lui-même devenu pieux et bon.
Vnde intelligere debemus quantum momenti ad bonam mentem recta et sana institutio et quotidianae uitae pia semperque ob oculos uersantia exempla habeant.
D’où nous devons comprendre l’importance qu’ont pour faire une belle âme une éducation saine et de pieux exemples de la vie quotidienne mis sans cesse sous les yeux.
Chorus fidelis famulitii quod omnia ad salutem et commodum dominorum refert typum exhibet.
Le chœur montre le type de serviteur fidèle qui rapporte tout au salut et à l’intérêt de ses maîtres.
Senex aperti quidem et sinceri, sed parum felicis consiliarii specimen praebet, qui commoto et infesto animo (quos affectus in feriis deliberationibus longe abesse conuenit) instigat eram in necem filii noui et uiri; cuius consilio si paruisset aut si successus conatui respondisset, et se et omnem Atheniensium ducum stirpem funditus euertisset.
Le vieillard présente la catégorie du conseiller ouvert, certes, et sincère, mais qui a peu de succès, qui, par son tempérament émotif et hostile (sentiments qui sont bien loin de convenir aux délibérations sérieuses), pousse sa maîtresse au meurtre de ce nouveau fils et de son mari ; et si elle avait obéi à ce conseil ou si sa tentative avait été couronnée de succès, elle eût éradiqué et elle-même et la souche des rois d’Athènes.
Ita saepe usu uenit, ut aetate uerendi et qui ex longo uitae usu prudentes uideri possint hallucinentur pestiferaque consulant principibus.
Il est ainsi très fréquent que ceux que leur âge rend vénérables et qui, par la longue expérience vécue, semblent avisés s’aveuglent et prodiguent des conseils mortifères aux princes.
Quare hic in primis cautos et circumspectos esse eos oportet ne specie boni decepti noxia pro salutaribus consilia admittant.
Il faut donc que les princes soient en l’espèce surtout prudents et circonspects pour éviter que, trompés par une apparence de bien, ils n’admettent des conseils néfastes en guise de salutaires.
Argumentum etiam breuiter subiiciemus.
Nous ajouterons un bref argument.
Xuthus externus ob egregiam Atheniensibus in bello operam nauatam et Creusae Erechthei filiae connubio et principatu donatus est.
Xouthos, un étranger, pour ses éminents services rendus aux Athéniens pendant une guerre, se vit donner Créuse, fille d’Érechthée, en mariage, et le trône.
Hi cum aliquandiu consueuissent nec prolem procrearent, Delphos abierunt scitatum oracula Phoebi.
Tous deux, après une longue union sans engendrer d’enfant, allèrent à Delphes pour interroger l’oracle de Phébus.
Ibi Apollo, ut celaretur uitium quod obtulerat olim Creusae adhuc uirgini maneretque sua turpitudo sepulta, Ionem ex Creusae illo compressu natum ac a Mercurio iussu Phoebi Delphos delatum illicque educatum Xutho, tamquam ex ancilla furtiuo concubitu genitum, filium dat.
Là, Apollon, sans révéler le viol qu’il avait jadis commis sur Créuse encore vierge et gardant sa faute cachée, donne Ion, le fils qu’il a eu de son union avec Créuse et que Mercure, sur ordre de Phébus, a amené à Delphes où il a été élevé, comme fils à Xouthos, comme s’il l’avait conçu d’une liaison secrète avec une servante.
Qua re laetus Xuthus epulas publicas, nataliumque celebrationem magnificam nouo filio instituit.
Satisfait de la nouvelle, Xouthos organise un banquet public et une magnifique cérémonie de naissance pour ce nouveau fils.
Creusa uero adulterum maritum rata conari spuriam prolem in regiam domum introducere uenena parat Ioni; qua re deprehensa ad necem poscitur infelix mulier.
Mais Créuse, croyant que son adultère d’époux cherche à introduire son bâtard au palais, prépare un poison pour Ion ; trompée par les apparences, la malheureuse est appelée au meurtre.
Sed interueniente subito Pythia ac prolatis cum arca (in qua Ion expositus fuerat) symbolis, discutitur error,agnosciturque Ion Creusae filius, unde mutua gratulatio fit.
Mais la Pythie intervient aussitôt, apporte, avec le berceau (où Ion avait été abandonné), les preuves familiales, la méprise est dissipée, Ion est reconnu pour le fils de Créuse, d’où se produit une joie mutuelle.
Quin et Minerua ipsa, ne quid amplius haererent, Phoebi consilia quibus ista sic euenirent et futuram Erechthidarum felicitatem ac potentiam aperit. Mater ergo cum inuento filio laeta Athenas reuertitur.
Et même Minerve en personne, pour dissiper toute hésitation, révèle les intentions de Phébus qui ont causé toute l’affaire et la félicité et puissance futures des descendants d’Érechthée. La mère s'en retourne donc à Athènes avec le fils qu'elle a retrouvé.
Argumentum actus primi
Argument de l’acte 1.
Prologus totius argumenti habet κατασκευήν: nimirum Creusae genus, consuetudinem cum Apolline, expositum Ionem, et eiusdem educationem; Xuthi item peregrini cum Creusa conubium et eiusdem successum.
Le prologue contient la préparation de tout l’argument : la généalogie de Créuse, sa liaison avec Apollon, l’abandon d’Ion et son éducation ; et aussi le mariage de l’étranger Xouthos avec Créuse et ses succès.
2 Ion suum studium ac ministerium cui praesit iactat, Phoebum interim faustis precationibus et hymnis prosequens.
2 Ion vante son zèle et le ministère qu’il préside, tout en suivant Phébus de prières propitiatoires et d’hymnes.
3 Mulieres famulae Creusae mirantur augustam structuram et elegantes picturas templi Apollinis apud Delphos, explicante eas ipsis Ione custode sacrarum aedium.
3. Les servantes de Créuse admirent l’imposante structure et les élégantes peintures du temple d’Apollon à Delphes, que leur explique Ion, gardien du sanctuaire.
4 Colloquium Creusae et Ionis in quo illa occulte insinuat suum concubitum cum Apolline et expositum partum, non intelligente tamen id Ione.
4 Dialogue entre Créuse et Ion où elle insinue de façon cryptée sa liaison avec Apollon et l’enfant abandonné, sans qu’Ion le comprenne pourtant.
Vnde et Deum a tanto probro defendit improbatque mulieris temeritatem, ut quae ausit Phoebum stupri insimulare.
D’où il disculpe le dieu d’une faute si grave et s’en prend à cette femme qui ose accuser Phébus de viol.
5 Interea Xuthus a Trophonii specu reuersus salutat uxorem et quid ibi egerit, quidque porro tum ipse tum Creusam facere uelit exponit.
5 Entre temps Xouthos revenu de la caverne de Trophonios salue sa femme et explique ce qu’il y a fait et ce qu’il attend de voir faire désormais par lui et par Créuse.
Ion autem nondum intelligens quidnam Creusa obliquis suis sermonibus sibi uelit, Apollinem, siquidem illa uera refert, acerbe reprehendit, ut qui nihil magis absurdum putet quam talia probra de diis dici.
Mais Ion, qui continue à ne pas comprendre le sens des propos énigmatiques de Créuse, s’en prend sévèrement à Apollon, au cas où elle dise vrai, en homme qui croit qu’il est parfaitement absurde de dire de telles insultes aux dieux.
6 Chorus primum numina deorum inuocat pro faustis responsis et propagatione Erechthei generis, cuius spes in una fecunditate Creusae erat.
6 Le chœur invoque d’abord la puissance divine pour obtenir des réponses favorables et pour la propagation de la race d’Érechthée, dont l’espérance reposait sur la seule fertilité de Créuse.
Deinde commendat liberorum procreationem, quorum et uoluptatem et commoda extollit.
Puis il fait l’éloge de la naissance d’enfants, dont il exalte le plaisir et les avantages.
Denique Panem et nymphas Atticas non sine miseratione Creusae implorat.
Enfin il implore Pan et les nymphes d’Attique, rappelant le sort pitoyable de Créuse.
Argumentum actus secundi.
Argument de l’acte 2.
Xuthus ex adytis oraculi rediens ex responso Ionem ut filium salutat.
Xouthos revient du sanctuaire de l’oracle et, conformément à la réponse, salue Ion du nom de fils.
Hac re inopinata ac noua ac plane (ut uidebatur) absurda commotus Ion non agnoscit illum patrem erroremque natum putat ex perperam intellecto oraculo.
À cette nouvelle inattendue, inouïe et vraiment (semblait-il) absurde, Ion, troublé, ne le reconnaît pas pour son père et met la méprise sur le compte d’une mauvaise interprétation de l’oracle.
Tandem uero post multam contentionem et patrem agnoscit Xuthum et optata ei offert oscula.
Mais il finit, après un long débat, par reconnaître Xouthos pour son père et lui donne les baisers espérés.
Error autem hic, quo scilicet Creusa Ionem suum esse ignorat, Xuthus ex se genitum putat, spargitur in sequentes usque Actus, epitasesque tandem ac motus atroces gignit.
Mais cette méprise, par laquelle Créuse ignore qu’Ion est son fils et Xouthos croit qu’il est né de lui, court sur les actes suivants et génère des nœuds1 et des épitases tragiques.
2 Blande nouum filium tractat Xuthus eumque Athenas ad regnum et amplissimas opes inuitat.
2 Xouthos traite ce nouveau fils avec tendresse et l’invite à Athènes vers le trône et d’abondantes richesses.
Recusat istuc ire Ion idque elegantissima oratione, qua se dicit longe praeferre uitam humilem sed quietam, otiosam, periculis et molestiis carentem principum et regum diuitiis, quae raro aut tutae aut stabiles possideantur.
Mais Ion refuse d’y aller, et ce dans un discours très élégant où il dit qu’il préfère de beaucoup une vie humble mais tranquille, sans charges, sans périls et sans ennuis aux richesses des princes et des rois, dont on a rarement une possession stable et sûre.
3. Xuthus Ionem ad celebrationem natalium et epulas publicas quas ipsius nomine instructurus erat deducit.
3 Xouthos emmène Ion célébrer sa naissance et un banquet public qu’il avait l’intention d’organiser en son nom.
4. Chorus ex commiseratione dominae quam periclitaturam ex nouo illo filio uidebat primum de ipso euentu dubitat ac plane aliud portendi malum ista re coniicit.
4 Le chœur a pitié de sa maîtresse, que l’arrivée de ce nouveau fils allait évidemment mettre en danger, commence par douter de l’événement et suppose que ce malheur en laisse présager un autre.
Deinde Xuthum execratur, siquidem infidelis et perfidus in Creusam indigenam ipse peregrinus existat.
Puis il maudit Xouthos, s’il a été infidèle et déloyal, lui un étranger, à l’égard de Créuse l’autochtone.
Ita hic actus paulatim uiam praemunit ad epitases et turbas.
Ainsi cet acte ouvre-t-il progressivement la voie aux épitases et aux perturbations.
Argumentum actus tertii.
Argument de l’acte 3.
Creusa adhuc ignorans quidnam spei procreandae subolis accepisset paedagogum ueterem domus Erechthidarum alumnum excitat ut una secum cognosceret ex uiro responsa Apollinis.
Créuse, qui ignore encore quel espoir elle a obtenu de mettre au monde un enfant, enjoint un vieux pédagogue, esclave né dans la maison des Érechthides, à apprendre avec elle de son mari la réponse d’Apollon.
At uero Chorus tristis interuenit nuntiatque dominae Xutho ab Apolline datum nothum filium.
Alors le chœur affligé intervient et apprend à sa maîtresse que Xouthos s’est vu gratifier par Apollon d’un fils bâtard.
Quae res Creusam in luctus et lacrimas coniicit.
Cette nouvelle plonge Créuse dans le deuil et les larmes.
Condolent afflictae dominae et senex et chorus famularum.
Tous partagent la tristesse de leur maîtresse, le vieillard comme le chœur de servantes.
2. Paedagogus ex coniecturis quibusdam addiuinat Xuthum furtiuo concubitu suscepisse Ionem simulque in eum grauiter inuehitur, ut quem etiam dolo una cum puero interficiendum suadeat.
2 Le pédagogue, par quelques déductions, devine que Xouthos a conçu Ion lors d’une liaison clandestine, l’invective gravement et instille l’idée qu’il faut le tuer avec l’enfant.
3 Creusa iam pro certo habens fidem a uiro proditam et ipsa non sine accusatione Apollinis et querela stuprum suum ac puerum expositum fatetur.
3 Créuse désormais certaine d’avoir été trahie par son mari, avoue, elle aussi, en accusant Apollon et en se plaignant, le viol dont elle a été victime et l’abandon de l’enfant.
Quam totam rem, ut facta erat, mox senex exquirit deque interficiendo puero simul cum ea consilium capit atque adeo ipse sibi huius occidendi partes deposcit.
Le vieillard s’enquiert aussitôt du déroulé de toute l’affaire et prend avec elle la décision de supprimer l’enfant et réclame pour lui-même le rôle de l’assassin.
Chorus primum precatur laetum successum consiliis Creusae.
Le chœur commence par prier pour un heureux succès du plan de Créuse.
Deinde Xuthum peregrinum et adulterum contendit indignum esse Atheniensium principatu.
Puis il affirme que Xouthos, étranger et adultère, ne mérite pas le trône d’Athènes.
Oblique etiam Phoebum perstringit, qui istam nequitiam suis quoque responsis et oraculis auctoritate muniat.
Il effleure aussi indirectement Apollon, qui, par ses réponses et ses oracles, protège ces turpitudes de son autorité.
Denique feminas, in quas poetae licentius adulterii probra dicant, defendit cum non minus hoc uitio, imo etiam magis perdite laborent uiri, id quod uel Xuthi exemplum satis declaret.
Enfin il défend les femmes, auxquelles les poètes font bien librement reproche d’adultère, alors que ce vice est tout autant, voire bien plus gravement, l’apanage des hommes, ce dont l’exemple de Xouthos est un témoignage assez clair.
Argumentum actus quarti.
Argument de l’acte 4.
Famulus quidam Choro patefectas insidias Creusae et eiusdem damnationem nuntiat: et longa elegantique narratione totum conuiuium adeoque rem omnem ut acta erat ordine persequitur.
Un serviteur annonce au chœur que la ruse de Créuse est éventée et qu’elle-même a été condamnée et, dans un long et élégant récit, raconte le banquet et le déroulé de toute l’affaire dans l’ordre.
2 Chorus ergo nouo malo perculsus euentum infelicem consiliorum erae exponit.
2 Le chœur alors, ébranlé par ce nouveau malheur, développe l’issue fatale du projet de sa maîtresse.
Argumentum actus quinti.
Argument de l’acte 5.
Iam nulla ratione periculum et uis a Creusa amplius prohiberi poterat cum subito Pythia Ionis nutrix interuenit, arculaque prolata in qua olim Ion expositus ac Delphis repertus fuerat, una cum symbolis quibusdam, moram praesenti regi interiicit utque ex his signis matrem inuestiget monet.
Alors qu’aucune circonstance ne pouvait plus éviter à Créuse d’être condamnée et violentée, soudain intervient la Pythie, nourrice d’Ion ; elle apporte le petit berceau dans lequel Ion abandonné avait été trouvé à Delphes, avec les marques de reconnaissance, interjette appel d’un délai auprès du roi présent et lui recommande d’utiliser les signes de famille pour enquêter sur la mère.
Hanc uenerabundus accipit Ion ; Creusa agnoscit ac euidentissimis argumentis planum facit se Ionis matrem esse.
Ion l’accueille respectueusement ; Créuse le reconnaît et, devant des preuves si manifestes, clarifie qu’elle est la mère d’Ion.
Vnde subito uota, mutua oscula et complexus, insperatarum rerum comites, se inuicem agnoscentium post periculosum errorem sequuntur.
Alors s’ensuivent des vœux échangés, des baisers, des embrassades, qui accompagnent des événements inespérés et une reconnaissance mutuelle après une méprise dangereuse.
2 Creusa exponit quomodo pepererit et ubi, sed haesitante nonnihil adhuc puero, subito Minerua dissolutura nodum adest omnemque rem prouidentia numinum sic gubernari et in posterum quoque successum Ionis et rerum Atheniensium diis curae fore dicit.
2 Créuse explique comment et où elle a accouché, mais comme son fils est encore un peu hésitant, Minerve arrive d’un coup pour dénouer le nœud et elle déclare que toute cette histoire est dirigée par la providence divine et que les dieux auront à cœur le succès futur d’Ion et des affaires d’Athènes.
Ion ergo et Creusa repente mutatis rebus ad agendum gratias numinis benignitati excitantur.
Alors Ion et Créuse, devant ce soudain revirement de fortune, n’ont plus qu’à aller rendre grâces à la divinité pour sa bonté.