Présentation du paratexte
Gasparus Stiblinus Domino Iohanni Oporino Salutem Dat Plurimam.
Gasparus Stiblinus adresse son chaleureux salut à Johannes Oporinus.
Mitto tandem ad te, optime Domine Oporine, Electram latinam a me denuo factam, et Scholiis breuibus illustratam, ut haberes intergum opus Euripidis, quale quidem nunc extat (quis enim ignorat, quot et quam praeclarae aliae eiusdem poetae fabulae perierint ?) nec esset longioris morae tibi in illo absoluendo praetextus ; qui tamen hactenus facile ignoscere potui, ut qui non ignorarem, quantis susceptarum et iam institutarum rerum oneribus premerere.
Je t’envoie enfin, mon cher et excellent Oporinus, Électre, que j’ai à nouveau traduite en latin et que j’ai illustrée de brèves scholies afin que tu possèdes l’œuvre d’Euripide dans son intégralité, certes telle qu’elle subsiste à présent (qui, en effet, ignore combien d’autres pièces ô combien illustres du même poète ont été perdues ?) et que tu n’aies pas le prétexte d’un retard plus long pour achever cet ouvrage ; et cependant j’ai jusqu’à présent pu facilement t’en pardonner, puisque je n’ignorais pas que pesait sur toi le poids accablant des projets que tu avais acceptés et déjà entrepris.
Ceterum hanc fabulam tuo nomini dedicare uolui, ob hanc potissimum causam, quod sciam te optimi et clarissimi huius nostri Poetae singularem amatorem esse et simul ut meum quoque animum hunc in te peruideres, quem aliter hoc quidem tempore declarare non possum.
Du reste, cette pièce j’ai voulu te la dédier principalement parce que je sais que tu es singulièrement amateur de ce si grand et si illustre poète et en même temps pour que tu puisses également voir notre sentiment à ton égard qu’en ce moment je ne peux faire voir autrement.
Confido te id aequi bonique facturum.
Je sais que tu feras un accueil juste et bon à cet ouvrage.
Horum autem Scholiorum nonnihil debebit lector Domino Ioanni Hartungo praeceptori meo colendissimo ; plura enim huc inserui, quae ille, dum hanc fabulam interpretaretur publice, suis discipulis αὐτοσχεδίως dictauit.
D’autre part, le lecteur devra quelques-unes de ces scholies au seigneur Johannes Hartungus, mon très respectable précepteur ; en effet, j’ai inséré ici plusieurs remarques qu’il a dictées à l’improviste à ses élèves tandis qu’il commentait cette pièce en public.
Dominus Iesus tuis laboribus, quos omnes amplificandae rei literariae impendis, benignus aspirare uelit.
Que le Seigneur Jésus veuille, dans sa bienveillance, inspirer tes travaux, que tu dépenses tout entiers à augmenter la littérature.
Vale, et me ama.
Adieu et entoure-nous de ton affection.
Friburgi Brisgoiae, 23, Nouembris, Anno CHRISTI M.D.LX.
À Fribourg-en-Brisgau, le 23 novembre 1560.