Présentation du paratexte
In Medeam Praefatio.
Préambule à Médée.
Ad huius Argumenti lucem non parum faciet ex Apollonio Rhodio et Valerio Flacco totam historiam de Iasone et Argonautis cognouisse : refert enim scire hic quibus beneficiis Medea affecerit Iasonem ; qua fide, spe, iureiurando, matrimonio coierint, in Graeciam uenerint, ut eo euidentior ingratitudo et impudentia Iasonis fiat, qui post tanta beneficia uxorem cui etiam uitam debebat falso praetextu repudiabat, et iustior ira crudelitasque Medeae putetur.
La connaissance préablable de toute l’histoire de Jason et des Argonautes qu’on tire d'Apollonios de Rhodes et Valerius Flaccus éclairera grandement cet argument : en effet, il importe de savoir quelles aides Médée fournit à Jason et par quel engagment, quel espoir, quel serment ils ont été unis par le mariage et sont arrivés en Grèce, afin que soient plus apparentes l'ingratitude et l'impudence de Jason, qui, après avoir reçu une si grande aide, répudiait sous un faux prétexte sa femme à qui il devait pourtant la vie, et que la colère et la cruauté de Médée soient considérées comme plus justes.
Nam fere mos est tragicis ut horribilibus exemplis graues quoque et atroces causas assignent.
Car c'est la coutume générale des tragiques de fournir des exemples horribles avec des causes qui sont également graves et terribles.
Veluti Sophocles ultroneae caedis Aiacis ignominiam et insaniam cum turpitudine magna coniunctam, Orestis parricidii patris iugulationem causam fingit.
Ainsi, Sophocle dépeint comme cause du suicide d'Ajax l'ignominie et la folie combinées à une intense disgrâce de même que le meurtre de son père comme cause du matricide d’Oreste.
Aeschylus Prometheum propter insolentiam impietatemque aduersus Iouem et uetita furta Caucaso affixum uulturumque laniatibus expositum inducit.
Eschyle fait voir Prométhée enchaîné au Caucase et exposé aux lacérations des vautours pour son insolence et son impiété envers Jupiter ainsi que le vol qui lui avait été défendu.
Continet autem praesens fabula detestanda extremae impietatis exempla.
Or, la présente pièce contient des exemples odieux d'impiété extrême.
Quod ut planius fiat, breuiter exponam totam Argumenti rationem.
Et pour rendre cela plus évident, je vais exposer brièvement toute la logique de cet argument.
Iason Corinthum profectus una cum Medea, Glaucam Corinthiorum tyranni filiam uxorem ducit, hoc quidem titulo, ut ea cognatione filios suos in regiam domum introduceret ; re uera autem ipsum Medeae taedebat, utpote iam aetate forma flaccescente, quae ei ita fuerat eximia ut omnibus admirationi olim esset.
Jason, parti pour Corinthe en même temps que Médée, prit pour épouse Glauca, la fille du roi de Corinthe, sous prétexte de faire entrer ses fils dans la maison royale grâce à ce lien de parenté ; mais en réalité, il était lui-même las de Médée, car se flétrissait avec l'âge une beauté, qui autrefois avait été si magnifique qu'elle avait fait l'objet de l’admiration de tous.
Exciderat Iasoni quod ipsum miserrimo et certissimo exitio eripuerat, quod patre prodito, regno deserto, contemptis regiis connubiis, uni Iasoni adhaeserat, unum per tot pericula et maria in Graeciam secuta fuerat.
Jason avait oublié qu'elle l'avait arraché à une mort des plus malheureuses et des plus certaines ; qu'elle s'était attachée à Jason après avoir trahi son père, abandonné son pays et renoncé à un mariage royal ; qu’elle l’avait suivi, lui seul, jusqu'en Grèce, à travers tant de dangers et tant de mers.
Tam cito apud homines senescit beneficium
ut uere Sophocles dixerit,
1
Si vite parmi les hommes décline la faveur que Sophocle a parlé justement en disant : « comme la gratitude s'efface vite parmi les hommes. »
Nec sat erat repudium ei misisse nisi etiam in exilium Corintho eiici pateretur.
Et, il ne lui suffisait pas non plus de la répudier, à moins qu’elle ne souffre aussi d’être exilée de Corinthe.
Hac rei indignitate mota est Medea ut de uindicta non uulgari cogitaret.
L'indignité de l'affaire poussa Médée à envisager une vengeance sans pareille.
Quid enim acerbius quam pro benefactis iniuriam accipere?
Quoi de plus amer que de recevoir un mal en échange de bienfaits ?
Quid etiam impatientius uxores ferunt quam maritorum suorum adulteria et perfidiam?
Quoi de plus insupportable pour les épouses également que l’adultère et la perfidie de leurs maris ?
Saeuit igitur ceu truculenta bestia : luctatur secum, furit inops animi, gliscit sanguinem et caedem ; implacabilis ardet in paelicis et propriorum filiorum necem ut luctum pareret Iasoni.
C'est pourquoi elle se déchaîne comme une bête sauvage : elle se débat avec elle-même, elle délire de manière incontrôlable, elle se repaît de sang et de massacre ; implacable, elle brûle de désir de détruire sa rivale et ses propres fils pour endeuiller Jason.
Cum uero in hoc execrabili scelere suis uiribus minime fideret, quippe deserta et exul, ad magicarum artium opem confugit peplumque et coronam cantatis pharmacis illitam ficta beneuolentia Glaucae mittit, quasi eo munere et sibi et filiis reginae fauorem conciliare ac impetrare cuperet.
Mais comme elle ne pouvait guère compter sur ses forces pour un tel immonde forfait, elle se réfugie, abandonnée et exilée, dans l’aide des arts magiques et elle envoie à Glauca, avec une bienveillance apparente, un manteau et une couronne oints de pommades enchantées, comme si elle voulait par ce cadeau diriger et attirer les faveurs de la reine sur elle et ses fils.
Accipit donum Glauca, applicat capiti nihilque periculi metuit et dum ita compta obambulat, subito corripitur ac tandem dira flamma una cum patre miserrime deflagrat et consumitur.
Glauca reçoit le cadeau et le place sur sa tête sans craindre aucun danger et, tandis qu’elle déambule dans cet habit, elle est soudainement saisie et finalement horriblement brûlée et dévorée par un feu terrible en même temps que son père.
Medea hoc successu laeta non cessandum duxit, sed ad necem liberorum festinandum: ibi diu secum luctata (nam maternus in liberos amor ab inuisitata crudelitate abhorrebat) tandem ausa facinus inauditum ferrum strinxit et propriorum filiorum cruore imbuit.
Médée, exaltée par ce succès, estima qu'elle ne devait pas s’arrêter là, mais qu'elle devait se dépêcher de faire périr ses enfants : alors elle lutta longtemps avec elle-même (car son amour maternel pour ses enfants la retenait de cette cruauté extraordinaire), mais enfin, ayant osé entreprendre ce crime inouï, elle tira sa lame et la mouilla du sang de ses propres enfants.
Deinde exhibito oculis Iasonis miserabili spectaculo, quo magis acueret dolorem, post amara conuicia uolucri curru per aerem Athenas deuehitur ad Aegeum, cum quo reliquum aetatis ex pacto consumptura erat.
Ensuite, après avoir exposé ce pathétique spectacle aux yeux de Jason afin d'aiguiser davantage sa peine, après une dispute cinglante, elle est emportée, à travers les airs, sur un char ailé à Athènes, auprès d'Égée, avec qui elle devait passer le reste de sa vie selon leur accord.
Vide Diodorum Siculum lib. 5. 2
Voir Diodore de Sicile, Livre 5.
Primum ergo considerandum in hac fabula quanta miseriarum incendia excitauerit amor Medeae: unde tam insigni exemplo ab insanis amoribus homines deterreri debent, qui sua mancipia ut plurimum in manifestum exitium trahunt et saepe totas ciuitates clade inuoluunt.
C'est pourquoi, dans cette pièce, il faut d'abord considérer les grandes conflagrations de malheur que l'amour de Médée a provoquées : par un exemple aussi remarquable, les hommes doivent être dissuadés des passions folles qui entraînent si souvent leurs esclaves dans un malheur manifeste et qui poussent souvent des cités toutes entières au désastre.
Ex omnibus enim perturbationibus nulla uehementior quam amoris furor, omnis flagitii et leuitatis et caedis auctor ; in qua praeter alia innumerabilia incommoda foeda quaedam mentis est perturbatio ; cui si ira accesserit, tum demum fit immedicabilis nullumque exhorret nefas.
En effet, de toutes les passions, aucune n'est plus violente que la folie de l'amour, auteur de toutes les bassesses, de toutes les frivolités et de tous les meurtres ; et dans cette passion, en plus de bien d'autres inconvénients innombrables, il y a une perturbation hideuse de l'esprit ; et si la colère s’y est ajoutée, alors elle devient incurable et ne redoute aucune impiété.
Amor igitur et ira, δεινότατα πάθη3, si semel in homine locum inueniant, ita omnem rationem et consilium peruertunt ut feratur is quocumque rapiat impetus.
Par conséquent, si l’amour et la colère, « les passions les plus effrayantes », prennent place une seule fois à l’intérieur d’un homme, alors elles bouleversent toute sa raison et son jugement de sorte qu’il est mené partout où l’entraîne son instinct.
Quare Medea talia designauit facinora prae irae et amoris uiolentia quae terreant uel audita solum hominum animos.
C'est pourquoi Médée, à cause de la violence de sa colère et de son amour, a imaginé des crimes tels qu’ils effraient l'esprit des hommes, même s'ils n'ont été qu'entendus.
Cum autem tot exempla extent, tot remedia Philosophorum libris in promptu (ut Xenophon in 2. Memorabilium dicit) sint, quae istas prauas libidines et perturbationes arceant, nonne fanatici et malo daemone perciti est nihilominus in pericula et exitium ferri ?4
Or, puisque les livres des philosophes (comme le dit Xénophon dans le livre 2 des Mémorables) fournissent tant de d’exemples et mettent à disposition tant de remèdes susceptibles d’éloigner ces désirs et ces passions dépravées, n'est-ce pas alors le propre d'une personne folle et poussée par un esprit mauvais d'être néanmoins portée aux dangers et à la mort ?
Adolescentes igitur in hanc imaginem intuentes abstineant a taeterrima ista inhonestarum cupiditatum lue, quae et corpori et animo exitium afferre solent et uehementibus istis libidinibus mature frena iniiciant antequam mora insuperabiles fiant.
Les jeunes gens, considérant cette image, devraient donc s'abstenir de cette peste qui est la plus honteuse des désirs repoussants qui ont l'habitude de causer la ruine du corps et de l'esprit et rapidement réfréner ces désirs passionnés avant qu'ils ne deviennent insurmontables dans le temps.
Deinde contemplemur typum inauspicati coniugii Iasonis et Medeae, quale plerumque diuortium et calamitas consectatur.
Ensuite, examinons le cas du mariage malheureux de Jason et de Médée, du genre qu’accompagnent le plus souvent le divorce et le malheur.
Raro enim matrimonia sanguine et scelere contracta diuturnae felicitatis sunt, sed saepenumero cum publica pernicie coniuncta, ueluti Paridis Helena et Asiae et Graeciae luctuosissima extitit.
Les mariages consommés dans le sang et le péché sont rarement caractérisés par une satisfaction durable, mais ils sont souvent associés à la ruine de l'État, de même que l'Hélène de Pâris s'est avérée être tout à fait fatale à l'Asie et à la Grèce.
Est autem longe tutissima in coniugio
concordia, ut uere noster Poeta in Prologo loquitur:
5
Au contraire, l'harmonie dans le mariage est de loin la plus sûre, comme le dit avec raison notre Poète dans le Prologue : « extrêmement grande est la source de salut, quand une femme n'est pas en désaccord avec son mari ».
Denique meminerimus felicitatem haud sibi firmum locum figere ubi diuortia, periuria, adulteria et scelera radices agunt, sed tandem uenire Adrasteam Nemesim et Iouem fulmine obarmatam dextram uibrare ac ultima eiusmodi felicitatis occupare funera, exitia et calamitates.
Enfin, souvenons-nous que le bonheur ne s'établit pas là où s'enracinent le divorce, le parjure, l'adultère et le crime, mais qu'arrive enfin la Némésis adrastéenne6, que Jupiter meut sa main droite armée de tonnerre, et que le résultat final de ce genre de bonheur n'est que ruine, destruction et malheur.
Id quod in hac Fabula in Glaucae et Iasonis coniugio, quo nihil uideri poterat beatius, cerni potest.
C’est ce que l'on peut observer dans cette pièce, dans le mariage de Glauca et Jason, par rapport auquel rien ne pouvait sembler plus heureux.
Recte ergo dictum a Phocylide : Vitam rotam, et felicitatem instabilem
esse: ὁ βίος τρόχος, ἄστατος ὄλβος
7
C'est pourquoi Phocylide a dit avec justesse : « La vie est cyclique, et le bonheur inconstant », ὁ βίος τρόχος, ἄστατος ὄλβος.
Haec de Argumento et scopo huius Fabulae dixisse sufficiat.
Qu'il suffise de dire ceci concernant l'intrigue et le but de cette pièce.
Argumentum Actus primi.
Argument du premier Acte.
Prologus continet occasionem totius fabulae, nimirum querelam nutricis, quae miserae dominae uices deplorat.
Le prologue contient les circonstances de toute la pièce, à savoir la plainte de la nourrice, qui déplore le malheur de sa misérable maîtresse.
2. Colloquium nutricis et paedagogi, quo periculum exaggerant quod a Medea irata non solum Creonti et Glaucae (eos enim hostes uocant) sed etiam liberis impendeat, quae tamen asperior sit futura, ubi ab hoc exilio se mulctatam cognouerit ; ipsa interim deploratis uerbis se cum liberis et patre diris deuouet ac gemiscit intus.
2. Le dialogue entre la nourrice et le pédagogue, dans lequel ils soulignent le danger qui menace non seulement Créon et Glauca (car ils les qualifient d'ennemis) mais aussi les enfants à cause de la colère de Médée, qui cependant sera encore plus amère quand elle apprendra qu'elle a été punie d'exil par cet homme ; pendant ce temps, Médée elle-même, avec des mots désespérés, se maudit elle-même ainsi que ses enfants et leur père et gémit à l'intérieur en son for intérieur.
3. Medea foras euocata a Choro communem calamitatem sexus muliebris et infelicem conditionem querela prosequitur.
3. Après que Médée a été convoquée à l'extérieur par le Chœur, elle se plaint du malheur commun du sexe féminin et de sa condition malheureuse.
Deinde priuatim suam deplorat miseriam : et Chori ad ulciscendum Iasonem tum operam tum silentium postulat.
Ensuite, elle se plaint à titre particulier de sa propre situation : elle demande à la fois l'aide et le silence du Chœur afin de se venger de Jason.
Habet ergo hic actus expectationem consiliorum et maiorum rerum, qua animi lectorum uel spectatorum attentiores ad reliqua percipienda redduntur.
C'est pourquoi cet acte pose les jalons de résolutions et d'affaires plus importantes, ce qui rend l'esprit des lecteurs ou des spectateurs plus attentifs à la compréhension du reste de la pièce.
Argumentum Actus secundi.
Argument du deuxième Acte.
Secundus Actus primam partem argumenti absoluit, qua Creon Medeae exilium imperat.
Le deuxième acte résout la première partie de l'intrigue, dans laquelle Créon ordonne l’exil de Médée.
Argument du troisième acte.
Primo autem exponit causas quare exilio mulctet ipsam, nimirum odium ipsius et minas et magicarum artium insidias, a quibus et sibi et suis metuat.
Mais d'abord, il expose les raisons pour lesquelles il lui inflige l'exil, à savoir, sa haine envers lui, ses menaces, et le piège de ses arts magiques, qui lui font craindre pour lui et les siens.
2. Medea cupiens tyrannum extra metum ponere ac sinistras ei adimere suspiciones ait nihil mali metuendum regi a peregrina et destituta muliercula: quin potius hominum inuidia et stultitia fieri ut prudentes et artium multarum gnari improbro sint et calumniae obnoxii.
2. Médée, désireuse de dissiper les craintes du tyran et de le soulager de tout soupçon, dit qu'un roi ne doit pas craindre de calamité à cause d'une simple femme étrangère et déçue ; qu’il arrive plutôt que les hommes prudents et ceux qui connaissent de nombreux arts soient l'objet de reproches et de calomnies dus à la jalousie et à la folie des hommes.
Ac tandem uix unum diem prouidendis rebus ad necessaria exilii subsidia (ut ipsa quidem simulabat) impetrat.
En fin de compte, elle obtient à peine un jour pour s'occuper de ses affaires en vue des nécessités de l'exil (comme elle feignait elle-même de le faire).
3. Abeunte iam Creonte ac rem omnem in tuto esse existimante, Medea de uindicta secum consultat seque ipsam ad atrox quoddam facinus exstimulat.
3. Après le départ de Créon, qui juge l'affaire sans danger, Médée réfléchit aux moyens de se venger et s'apprête à commettre un crime redoutable.
4. Chorus exagitat Iasonis perfidiam Medeaeque uicem et calamitatem miseratur.
4. Le chœur critique la perfidie de Jason et déplore le malheur et l’infortune de Médée.
In hoc Actu considerandum quam periculosa et formidabilis sit ira occulta ac tacitis ignescens medullis, frontis tamen amico uelamine tecta.
Dans cet acte, il faut voir combien la colère cachée qui brûle dans la moelle intérieure, mais qui est couverte extérieurement sous l'apparence de l'amitié est dangereuse et redoutable.
In Creonte autem specta barbaram quandam principis inclementiam, qui tanto cum fastu et minis in exilium ire iubet Medeam : cum longe praestitisset si id quam minima offensa fecisset.
De plus, observe chez Créon une certaine cruauté barbare caractéristique de la tyrannie, lui qui ordonne à Médée de partir en exil avec tant de dédain et de menaces, puisqu’il aurait été de loin préférable qu'il le fasse avec le moins d'offense possible.
Hac enim acerbitate non paulo infestiorem sibi fecit antea satis infestam feminam.
De fait, par sa dureté, il rendait encore plus hostile à son encontre une femme qui l'était déjà suffisamment.
Argumentum Actus tertii.
Argument du troisième Acte.
Actus tertius duo complectitur : primum Medeae cum Iasone congressum, in quo mire ob oculos ponitur illius asperitas et saeuitia, huius autem pudor, qui tamen factum omnibus modis excusare et fauorabile facere cupit ; deinde insperatum Aegei Athenarum tyranni aduentum et cum Medea colloquium.
Le troisième acte comprend deux événements : d'abord, la rencontre entre Médée et Jason, dans laquelle nous trouvons placées devant nos yeux de façon admirable la dureté et la sauvagerie de la première et la honte du second, qui pourtant désire excuser son acte de toutes les façons et le rendre excusable ; ensuite, l'arrivée inattendue d'Égée, le tyran d'Athènes, et sa discussion avec Médée.
Cui cognita causa et calamitate ipsius hospitium pollicetur : pro qua benignitate ipsum honorifice una cum Choro uerbis prosequitur.
Il lui propose l'hospitalité après qu'il a eu connaissance de sa situation et de son infortune : pour cette bienveillance, elle l'honore en paroles respectueuses avec le Chœur.
Habet praeterea duos Choros: quorum primus detestatur insanos amores, qui multorum malorum, cladium ac miseriarum causa sint, mediocres autem et honestos commendat.
De plus, l'acte a deux chœurs : le premier exècre les amours folles, qui sont la cause de beaucoup de maux, de massacres et de peines, mais approuve les amours modérées et honorables.
Secundus laudat Athenas a sapientiae et philosophiae studio; deinde Medeam a caede liberorum obnixe dehortatur.
Le second loue les Athéniens pour leur étude de la sagesse et de la philosophie ; ensuite, il dissuade énergiquement Médée de massacrer ses enfants.
Argumentum Actus quarti.
Argument du quatrième Acte.
Medea de composito beneuolentiam simulat, ceu faueat facto Iasonis et priorum conuiciorum paeniteat, ut magis ipsum una cum sua sponsa iniuriae opportunum faceret seque uindicaret.
Médée, selon son plan, feint la bienveillance, comme si elle était d'accord avec l'acte de Jason et qu'elle regrettait ses anciens reproches, pour mieux se venger et aussi l'exposer à des blessures de même que sa fiancée.
Laudat ipsam Iason et ut eo animo esse porro perseueret hortatur.
Jason la loue et l'exhorte à continuer à être dans cet état d'esprit dorénavant.
Pollicetur praeterea omnem operam et studium suum expromptum fore ei apud Glaucen et Creontem.
De plus, il promet que tous ses efforts et son zèle se manifesteront pour elle auprès de Glauca et de Créon.
Medea autem adornat donaria ueneno imbuta et quae perniciem tam nouae nuptae quam Creonti erant allatura.
Médée, de son côté, fabrique des cadeaux imprégnés de poison qui vont apporter le désastre tant à la nouvelle mariée qu'à Créon.
2. Chorus non ignarus quid moliretur Medea futuram cladem miseratur.
2. Le Chœur, n'ignorant pas ce qu’ourdit Médée, déplore le désastre imminent.
3. Paedagogus Medeae refert omnia laeta esse, Reginam serena fronte accepisse munera, liberis etiam Corinthi manendi potestatem fecisse, id quod Medeam non parum discruciat, ut quae maluerat funera et perniciem paelicis audire, quod tamen mox auditura erat, quam segnia imbuti pepli pharmaca esse.
3. Le Pédagogue rapporte à Médée que tout est favorable, que la reine a reçu ses faveurs d'un air serein, qu’elle a également accordé aux enfants la possibilité de rester à Corinthe, ce qui tourmente Médée au plus haut point, car ce qu'elle avait préféré entendre, c'était la ruine et le désastre de sa rivale, ce qu'elle allait pourtant bientôt entendre, plutôt que le fait que l'action des drogues du vêtement imprégné était différée.
4. Medea secum uehementissime luctans an uelit occidere liberos odio Iasonis typum exhibet philostorgiae cum ira et uindictae cupiditate depugnantis.
4. Médée, qui se bat avec la plus grande véhémence contre elle-même pour savoir si elle veut tuer ses enfants par haine pour Jason, montre le type d'affection familiale qui lutte contre la colère et le désir de vengeance.
5. Chorus tractat locum communem de incerto liberorum euentu, in quo collatio quaedam est coniugii et caelibatus.
5. Le Chœur aborde le lieu commun du sort incertain des enfants, dans lequel on trouve une sorte de comparaison entre la vie conjugale et le célibat.
Argumentum Actus quinti.
Argument du cinquième Acte
Vltimus hic Actus summam habet epitasin.
Ce dernier Acte contient le paroxysme de l’épitase.
Primum enim nuntius narrat Medeae funestum exitium nouae sponsae et Creontis : qua re nihil iucundi ueneficae adferri potuit.
Pour commencer, un messager annonce à Médée la fin funeste de la nouvelle fiancée et de Créon : rien de plus agréable n'aurait pu être rapporté à la magicienne que cet événement.
2. Medea, licet uel sola cogitatione immanis facinoris resiliat, tamen rupta naturae lege, ipsa parens quos pepererat ferro conficit.
2. Bien qu'elle recule devant la seule pensée de ce crime horrible, Médée, elle-même leur mère, tue par l'épée ceux qu'elle a portés, violant ainsi la loi naturelle.
3. Iason qui cognita pernicie Glaucae et Creontis ueniebat ad persequendum Medeam et defendendum liberos, ne quid propter matris impietatem a ciuibus paterentur, cognoscit ex Choro eosdem ferro extinctos esse a crudeli leaena ; unde acerbissimo obrutus dolore amaris conuiciis et querelis, quae sola ulciscendi uia restabat, Medeam insectatur.
3. Jason, qui, après avoir appris la perte de Glauca et de Créon, venait voir Médée et sauver ses enfants, afin qu’ils ne subissent aucun préjudice de la part des citoyens à cause de l'impiété de leur mère, apprend par le Chœur que ces enfants ont été massacrés par l'épée par la cruelle lionne ; après quoi, accablé par le plus amer chagrin, il s'acharne sur Médée avec des reproches et des accusations amères, ce qui était le seul mode de vengeance qui lui restait.