Egregia uirtute atque eruditione uiro D. Theodoro Cantero Georgius Ratallerus S.
Georgius Ratallerus

Présentation du paratexte

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Traduction : Sarah GAUCHER

Egregia uirtute atque eruditione uiro D. Theodoro Cantero Georgius Ratallerus S.

Georgius Ratallerus salue le seigneur Theodorus Canterus, homme d’une vertu et d’une érudition remarquables.

Andromacham Euripidis olim Latino a me carmine e Graeco translatam atque autumnalibus his feriis recognitam amici quidam hortati sunt ut edam.

Certains amis m’ont exhorté à faire paraître Andromaque d’Euripide, que j’avais jadis traduite du grec en vers latins et que j’ai révisée pendant ces vacances d’automne.

Quibus eo parui libentius, quod eiusdem auctoris Phoenissas et Hippolytum τὸν στεφανοφόρον manu mittere et publici esse usus passus sim.

Or, je leur ai obéi d’autant plus volontiers que j’ai accepté de faire paraître et de mettre à disposition du public les Phéniciennes et Hippolyte couronné du même auteur.

Eam autem pro amicitia nostra tibi dicare uolui, quod et elegantioribus Graecis Latinisque studiis te apprime excultum et patris tui uestigiis, doctissimi uiri et clarissimi, in hac Curia nostra quondam Senatoris, insistere cognouerim, fratremque tuum iuuenem, in omni linguarum atque disciplinarum genere uersatissimum, in te cernere rediuiuum uideamur, quem mors maximo rei literariae detrimento luctuque omnium e medio praematura sustulit.

D’autre part, j’ai souhaité te dédier le présent ouvrage en raison de notre amitié, parce que je sais à la fois que tu es entre tous honoré par les études grecques et latines suffisamment élégantes et que tu marches sur les traces de ton père, un homme très savant et très illustre, autrefois sénateur dans notre Curie et parce qu’il nous semble reconnaître en toi ton jeune frère ressuscité, tout à fait érudit dans tous les genres de langues et de disciplines, lui qu’une mort prématurée a ravi au monde, causant un immense préjudice à la littérature et un chagrin unanime.

Qui male collocatum otium, quod hisce studiis impenditur, existimant, illi quidem μηδέποτε ταῖς χάρισιν ἀλλ' οὐδέ ταῖς μούσαις ἔτυχον τεθυκότες1 utque caeci de coloribus iudicium ferunt2.

Ceux qui estiment que le loisir que j’ai mis à ces études a été mal placé, ces gens en tout cas n’ont jamais offert un sacrifice aux Grâces et aux Muses et ils jugent comme des aveugles jugeraient des couleurs.

Neque sane uerebor fateri eo cupidius haec me publicare, ut mei ordinis homines, meo etiam exemplo, discant amare Musas, quas multi auersantur et tantum non odio prosequuntur.

Et vraiment je ne craindrai pas de dire que je publie cet ouvrage avec d’autant plus d’empressement, pour que les hommes de mon rang, à mon exemple également, apprennent à chérir les Muses, eux qui pour beaucoup s’en détournent et se contentent de ne pas les prendre en haine.

Quorum iudiciis quid insulsius ?

Et quoi de plus stupide que leurs jugements ?

Vale.

Adieu.


1. Ath., Deipn. 4.55.10. οὐχ ὥσπερ σύ, κυνικέ, ὁ μηδέποτε ταῖς Χάρισιν, ἀλλ’ οὐδὲ ταῖς Μούσαις θύσας, « contrairement à toi, ami cynique, qui n’as jamais sacrifié aux Grâces, et pas même aux Muses ».
2. Erasme, Adagia 516, Expression quasi-proverbiale en latin médiéval, que Rataller aura peut-être trouvée chez Érasme.