Illustrissimis styriae proceribus ordinis equestris aeternae felicitatis uoto Nicolaus Gabllman i<uris> c<onsultus> dico, consecro.
Nicolaus Gabllmanus

Présentation du paratexte

Traduction : Alexia DEDIEUSarah GAUCHER

Illustrissimis styriae proceribus ordinis equestris aeternae felicitatis uoto Nicolaus Gabllman i<uris> c<onsultus> dico, consecro.

En leur souhaitant la plus grande félicité, moi, Nicolaus Gabllmanus, jurisconsulte, je dédie et je consacre aux très illustres et éminents personnages de l’ordre équestre de Styrie.

Incliti Heroes, Magni Mecaenates, quod adfero parum est aspectu, minus oculis, nullum fere libri paruitate.

Héros illustres, grands mécènes, ce que j’apporte est petit d’aspect, minuscule pour les yeux, presque rien par la faiblesse du livre.

Fateor omnia, sed aliquid dabitur, si penitus fuerit nonnihil ponderatum.

Je l’avoue ; cependant on en tirera quelque profit si on l’apprécie en profondeur.

Est tragoedia Phoenissarum Euripidis, quam feci Latinam, quae fuit Graeca, magni poetae, magna tragoedia.

C’est la tragédie des Phéniciennes d’Euripide, que, de grecque qu’elle était, j’ai rendue latine, œuvre d’un grand poète, grande tragédie.

Cui ex nobiliori doctorum societate doctorum ignotus Euripides, quem Plato, quem Aristoteles poetarum principem appellant, quem eloquentiae atque libertatis parens Cicero tanti fecit, ut singula uerba, singulas sententias reputarit1 ?

À quel homme de la noble société des savants Euripide est-il inconnu, lui que Platon, lui qu’Aristote ont appelé prince des poètes, lui dont Cicéron, père de l’éloquence et de la liberté, a fait si grand cas qu’il en a examiné chaque mot, chaque sentence ?

Nimirum acu res tacta2, iuxta prouerbium.

Assurément, on a mis le doigt sur l’affaire, comme le dit le proverbe.

Et talis est.

Elle est de cette nature.

Hic reges, hic principes (mundanus  loquor), hic duces belli, hic boni ciues, quod discant, quod agant, quod exprimant usu, habent.

Ici, les rois, les princes, (je parle du point de vue du monde entier), les chefs de guerre, les bons citoyens, ont matière à s’instruire, à agir, à expérimenter.

Nam tragica sunt, quorum exitus monent, ubi fuerit peccatum.

Car sont « tragiques » les histoires dont la fin nous signale où s’est trouvée la faute.

Et poeta ipsemet sententiarum gemmulis uiuum aspergit ueritatis colorem.

Et le poète lui-même parsème des joyaux de ses sentences la couleur vive de la vérité.

Ex omnibus autem eligere Phoenissas utile uisum est, quia splendida magnitudine rerum, quia illustris actorum magnificentia, quia grauis motuum affectibus, quia copiosa nobilium sententiarum seges.

Entre toutes il m’a semblé utile de choisir Les Phéniciennes, parce qu’elle est éclatante de la grandeur de ses actions, brillante de la magnificence des acteurs, sérieuse par la portée des passions, parce qu’elle est un champ fécond en sentences nobles.

Quis enim sine lachrymis intueatur quod duo fratres reges mutuis concidant uulneribus, quod mater dolore uicta, sibi uiolentas inferat manus, quod Œdipus Rex auito regno pellatur, quod filiola Antigone spretis nuptiis comitem sese adiungat ?

Qui, en effet, pourrait voir sans pleurer deux frères rois qui succombent sous des blessures mutuelles, une mère, vaincue par la douleur, qui porte contre elle-même la violence de ses mains, Œdipe Roi, qui est chassé du royaume de ses aïeux, sa fille Antigone, qui l’accompagne au mépris de ses noces ?

Sic propter nefarium coitum in patre, propter ingratudinem in filiis diuinae ultionis uestigia elucere quis negabit ?

Ainsi, qui niera que ce sont manifestement les marques d’une vengeance divine contre le père, pour cette union impie, et contre ses fils, pour leur ingratitude ?

Nec detrahit ueritati huic poesis, quia doctrinae sunt argumenta per exempla, etiamsi uera cum falsis more poetico inuoluta.

Et la poésie ne trahit pas cette vérité, puisque, grâce aux exemples, les arguments sont formateurs, même si, comme c’est coutume dans la poésie, le vrai est mêlé au faux.

Taceo de actione ipsamet, quae in theatrum producta, miros in spectatorum animis sit aculeos relictura.

Je ne dis rien de l’action en elle-même, parce que, donnée à voir sur le théâtre, elle laissera des aiguillons admirables dans l’esprit des spectateurs.

Vestrum igitur illustrissimi proceres utrumque est, et quod sit Latine et quod sit tragoedia acta.

Ainsi, votre profit, hommes tout à fait illustres et éminents, est double : cette tragédie est en latin et elle sera jouée.

Quod decedit elegantiae (fateor ingenue non satis factum sed perspicuae ueritati aliquid datum) per actionem Dei beneficio recompensabitur a nobilissima iuuentute Styria, odorifero antiquae Germaniae flore qui in amoenissimo illustris Gymnasii uestri prouincialis horto, non solum maturescit, sed etiam fructus secum uberrimos affert.

Ce qui lui manque en élégance (j’avoue ingénument n’avoir pas donné toute satisfaction à la stricte exactitude, mais j’ai essayé), par la grâce de Dieu sera contrebalancé par la présence bénéfique de l’élite de la jeunesse de Styrie, fine fleur qui exhale l’odeur de l’antique Germanie et qui, dans les jardins du Gymnasium de votre province, non seulement mûrit mais donne aussi ses meilleurs fruits.

Hoc enim uotum est omnium, ut surculi praeclarae atque uetustissimae nobilitatis propagentur, quales sunt Stubenbergeri, Herberstenii, Hoffmanni, Vandalograecienses, Gerauii, Hollneckeri, Wagenii, Stadleri, Galleri, cum plurimis aliis, qui lucidissimae stellae hoc nostrum Germaniae caelum exornant, ac diuinitus quasi hereditate auita, cum egregio uirtutum robore, tum fortunarum praesidiis muniti mirifice hanc nobilem uirorum Heroum Societatem illustrant, conseruant, beant.

En effet, tous les hommes souhaitent que les boutures d’une noblesse illustre et si ancienne se développent, tels les Stubenberg, les Herberstein, les Hoffmann, les Vandales de Grèce, les Gera, les Hollneck, les Wagn, les Stadler, les Galler, avec bien d’autres qui, étoiles flamboyantes, décorent notre ciel de Germanie et qui, divinement soutenus pour ainsi dire par héritage ancestral tant par la remarquable robustesse de leurs vertus que par le soutien de leurs richesses, éclairent, protègent et enrichissent majestueusement cette noble société des héros.

Et uere magnum hoc beneficium est.

Et il est vrai qu’il s’agit là d’un important bienfait.

Nam salus regnorum in prudentia incolarum consistit, qui paterno imperio assueti se penitus Reipublicae deuouerunt.

En effet, le salut des royaumes réside dans la sagesse de ceux qui le peuplent et qui, à force d’observer le pouvoir de leurs pères, se sont profondément dévoués à l’État.

At senes unde rectores nisi animus nobiliorum cultura literarum in pueris, in adolescentibus imbuatur ?

D’où viendraient les vieux hommes d’États si leur esprit n’était pas imprégné, dans leur enfance, dans leur adolescence, de la culture des belles lettres ?

Duo sunt studiorum genera, togata, bellica : ista optanda, haec non ignoranda.

Il y a deux genres d’études, celles de la toge et celles de la guerre : le premier est souhaitable, le second ne doit pas être ignoré.

Vtraque addiscenda, pro loco, pro aetate, pro dignitate, pro conditione.

L’un et l’autre doivent être étudiés selon le rang, l’âge, la dignité et la condition de chacun.

Nobile enim illud uulgare : Hi orant, illi alunt, alii defendunt.

En effet ce dicton est célèbre : « il y a ceux qui prient, ceux qui nourrissent, ceux qui défendent ».

Et uere.

Et c’est une vérité.

Nam quouis tempore uirum bonum Reipublicae utilem esse oportet.

En effet en toute occasion il convient que l’homme de bien soit utile à l’État.

Quid enim uita hominis sine ciuili societate ?

Qu’est-ce que l’existence des hommes sans la vie publique ?

Non hominis, sed beluarum uita est, quia desunt et rationis, qua nihil diuinius, et orationis, qua nihil magnificentius studia.

Ce n’est pas une existence d’homme, c’est l’existence de bête, parce que manquent les études de la raison, le plus divin des bienfaits, et du discours, le plus magnifique des bienfaits.

Silentio inuoluo libertatem, quae iisdem, quibus creuit, modis conseruanda.

Je passe sous silence la liberté, qu’on doit préserver par les mêmes moyens qui ont permis de la développer.

Tales sunt prudentiae ciuilis post ueram pietatem (quae radix atque regina omnium uirtutum) per experientiam egregia cognitio, atque magnanima eiusdem, ac decora exercitatio.

Telles sont, après une véritable piété (qui est la racine et la reine de toutes les vertus), la connaissance remarquable de la sagesse politique qu’on acquiert par l’expérience, et son entrainement noble et convenable.

Hinc nascitur, ut quantum ore, tantum opere, quantum capite tantum corpore.

De là naissent des hommes dont l’action vaut autant que le discours, au corps aussi bien fait que la tête.

Tales saecula nostra uiros optant, et priora suo in uigore conseruarunt.

Voici le genre d’hommes qu’espère notre époque, et les époques précédentes les ont conservés dans leur force.

O beata Reipublicae quae hisce fundamentis stabilita.

Ô bienheureuses les générations d’un état qui s’est établi sur de tels fondements !

Optant omnes, paucae assequuntur, sola Styria mihi felicior prae omnibus fere occurrit, quae sub Augusti principis augusto imperio, et prudentes in consilium, et magnanimos in campum producit.

Tous le souhaitent, peu y parviennent, seule la Styrie me semble plus heureuse que presque tous les états, elle qui, sous l’empire auguste du prince Auguste, produit à la fois des hommes aux sages conseils et valeureux sur le champ de bataille.

Horum ope auitam libertatem atque salua iura contra Turcicum Tyrannum, nimis auarum uicinum tuetur.

C’est avec leur aide qu’elle protège sa liberté ancestrale et ses droits contre le tyran turc, son trop avide voisin.

Vnde uiri ?

D’où viennent ces hommes ?

Ex musarum cancellis, atque Bellonae castris.

Du territoire des Muses et du camp de Bellone.

Illarum prima est cultura, huius perfectio.

La culture est le fait des premières, la perfection celui de la seconde.

Illa stadium, haec metam constituit.

La première a établi le stade, la seconde ses bornes.

Felices qui bene currunt.

Heureux ceux qui y courent une juste course !

Nos conamur illustrissimi proceres in Gymnasio uestro alterum assequi : cum uera pietate ciuilem prudentiam (armata militia sit uirorum animo tam bene culto) cui non mediocriter inseruiet haec3 actio tragica, non solum quia4 sit Euripidis, poetae optimo genio politico, sed quia in nobilibus actoribus et uox, et motus, et corporis dispositio, et pronuntiandi tenor, et linguae articulatae uenustas pro decoro, cum personae, quam repraesentant, tum rerum quas agunt, conformetur.

Quant à nous, nous nous efforçons, très illustres et nobles amis, de suivre, dans votre Gymnasium, une autre voie, celle de la sagesse politique accompagnée de la vraie piété (puisse la force armée être constituée d’hommes à l’âme aussi bien cultivée !). L’action de cette tragédie lui servira de façon non négligeable, non seulement parce qu’elle est d’Euripide, poète d’un exceptionnel génie politique, mais aussi parce que, selon une idée répandue, dans le cas de personnages nobles, aussi bien la voix que les mouvements, la disposition du corps, le ton de la déclamation, et l’élégance de l’élocution se conforment à ce qui convient tantôt au personnage qu’ils représentent, tantôt aux actions qu’ils accomplissent.

Atque haec praeludia tandem monent, quid suo quemque loco facere oporteat.

Et ces premiers éléments font finalement voir ce qu’il convient que chacun fasse à la place qui est la sienne.

Nec desunt huic instituto comica ; sed minus feriunt praeter sacra, quia casus populares.

Les comédies ne dérogent pas à ce principe ; cependant, elles frappent moins, au-delà de ce qui relève du sacré, parce qu’elles donnent à voir les malheurs du commun des mortels.

Quae magna, quae rara, plus afficiunt.

Ce qui est grand et rare touche davantage.

Haec sunt Tragica.

Voilà ce que sont les tragédies.

Quod uero, illustrissimi proceres, hasce lugentes (sed meliori omine) Phoenissas consecro uobis ac dedico, multae impulerunt me causae : splendor uester, prudentia, uirtus, beneuolentia etiam magna, quam expertus.

D’autre part, hommes si illustres et éminents, bien des raisons m’ont poussé à vous consacrer et à vous dédier ces Phéniciennes en pleurs (mais accompagnées d’un meilleur présage) : votre splendeur, votre sagesse, votre vertu, également votre grande bienveillance, dont j’ai fait l’expérience.

Quartus exit annus, quando ab illustri ac magnanimo Heroe D. Francisco de Nadasdii, magno Hungarorum comite ac Marschallo etc. inclito ut nostis belli duce, ac litteratissimo doctorum parente, studiorum causa (nam quiquennium fere Hungaria me honestissime aluit) in Italiam discedebam, ubi regia uia deductus huc Graetium primo aspectu Magnus ac nobilissimus D. Mathaeus Amman ab Ammanseck in Grottenhoffen etc. amantissimus literarorum atque litteratissimus consiliorum parens me domum suam recepit ultro, quae cum filiis optimae indolis ante annum ex Italia reuerso etiamnum patuit neque iam diu assuetum amplecti cessat.

Une quatrième année s’est écoulée depuis que je quittais, en vue de poursuivre mes études, ce héros magnanime, le seigneur Ferenc de Nádasd, grand Comte des Hongrois et maréchal etc., comme vous le savez illustre chef de guerre et père si cultivé des érudits (en effet, la Hongrie m’a nourri très honnêtement presque cinq ans durant), pour l’Italie, lorsque, mené ici, à Graz, par la voie royale, le grand et très noble seigneur de Grottenhoffen etc. Matthias Amman von Ammanseck, grand amoureux des lettres et père si cultivé des conseils, me reçut spontanément et dès notre première rencontre dans sa maison, qui me fut encore ouverte par ses fils, hommes aux dispositions remarquables, à mon retour d’Italie la même année, et qui ne tarda pas dès lors à accueillir un habitué.

Quo factum ut comite nobili D. Adamo Veneto Iurisconsulto atque Syndico amplissimo, antiqua uirtute fideque, secum plures in mei fauorem pertraxerit.

De là il est arrivé que, accompagné du noble seigneur Adamus Venetus, jurisconsulte et très généreux avocat, homme d’une vertu et d’une droiture antiques, il m’a concilié par la bonne opinion qu’il avait de moi la faveur de nombre d’autres hommes.

Ex quorum numero principem locum Patriae patres cum occupetis, quantum me uobis debere arbitramini ?

Pères de la patrie qui occupez le premier rang de ces hommes, que pensez-vous que je vous dois ?

Cuius fidem hactenus in tanto credito estis secuti ?

Quelle garantie avez-vous prise concernant une dette de si grande importance ?

Suspicio illustrem Heroa, magnum patriae ac uirtutum sidus, D. Sigismundum Fridericum L.B. a Herberstein etc. iudiciari consessus prouincialis praesidem : cuius insignem erga me beneuolentiam toties declaratam neque ipsaemet Gratiae animo adaequare minus dicendo percensere possent.

Celle, je pense, de l’illustre héros, du grand astre de la patrie et des vertus, le seigneur Sigismund Fridericus L.B. von Herberstein, gouverneur de l’assemblée judiciaire de province : la bienveillance dont il a tant de fois fait preuve envers moi, les Grâces elles-mêmes ne pourraient les égaler mentalement ni non plus les recenser par des mots.

Sic etiam sileo.

Ainsi je me tais également.

Attamen grata mente illis non cedam.

Pourtant, je ne leur cèderai pas en gratitude.

In hoc iam patior me uinci ultro dum ipsaemet iusserint, quid publice uoce dicendum.

Mais j’accepte la défaite pour peu qu’elles prescrivent elles-mêmes ce qui doit être dit publiquement.

Honoris causa nominare iam debita iussit deuotio, et duos alios subiungi magno iure poposcit.

La dévotion que je lui dois déjà m’ordonne de le nommer pour lui faire honneur et exige que j’ajoute à bon droit deux autres noms.

Illi duo sunt generosi ac ueteri germana doctrina perfusi (quae rara nostro aeuo) D. Fridericus ab Hollneck in Hollneck etc. D. Balthasarus Wagn a Wagnsperg etc. utrique nuper, apud Diuum Rudolphum II Caesarem Augustum Oratores praeclare suo munere defuncti : quorum ille absentem fouere per alios beneuole testatus ; hic neque uisum Patauii iam haerentem per doctissimas litteras me iussit profiteri suum, cui patrocinio, ac fauore, non sit defuturus.

Ce sont ceux de deux hommes généreux et pétris de l’antique savoir germain  (qui est rare à notre époque), le seigneur Fridericus von Hollneck de Holleneck etc. et le seigneur Balthazar Wagn von Wagnsperg etc. l’un et l’autre naguère orateurs chez le divin Rodolphe II César Auguste s’étant admirablement acquittés de leur fonction : le premier, avec bienveillance, m’a témoigné son soutien alors que j’étais loin par la bouche d’autres ; le second a ordonné par des lettres très savantes que, moi, qui ne semblais désormais plus fixé à Padoue, je me réclame de lui, pour ne pas manquer de patron ni de soutien.

Et uere testati, iusserunt et ille et ille.

Et par leurs justes témoignages, il l’ordonnèrent l’un et l’autre.

Hinc factum, ut animo per orientalem orbem ulterius peregrinandi abiecto, lubens hic substiterim adeo honesto laboris nomine ad Rempublicam Literariam prouehendam inuitatus, in qua pro uirili elaborabo, ne desim, ubi meum est profuisse.

De là il est arrivé qu’ayant abandonné mon désir de voyager plus loin à travers l’orient je suis volontiers resté, invité que j’étais par l’honnête nom du travail à faire progresser la République des lettres, où je travaillerai selon mes moyens afin de ne pas être en reste là où mon devoir est d’être utile.

Quod si uero alia etiam praeter hanc, materies laborum fuerit imposita, nimirum sollicita in illis uigebit mea industria, quae philoponum ac nullos praecipue publicos labores ad quosuis fortunae casus fugientem profitebitur.

Et si un autre sujet des travaux, en plus de celui-ci, m’est imposé, mon industrie assurément s’y appliquera avec vigueur et attestera que j’aime le travail et ne fuis aucun labeur public pour la fortune.

Quod illustrissimi Proceres, ut pro uestro in me iure possim recipere, hunc libellulum hac uerborum bractea circumdatum mittere uolui, quemque animum uestro imperio obsequentem deuotus offero, ut clementer fauore uestro approbetis submisse rogo.

Et, personnages si illustres et éminents, pour que je puisse recevoir en échange de votre droit sur moi, j’ai voulu envoyer ce petit livre qu’entoure l’éclat de ces mots et cette âme obéissante à votre empire que je vous offre dévotement, je vous demande humblement de la recevoir avec clémence dans votre faveur.

Sic splendor obscuro, sic decus libellulo per se uix ob paruitatem conspicuo a magna uestra luce addetur.

Ainsi votre immense lumière ajoute de l’éclat à l’obscurité, de l’honneur à un petit livre, par lui-même à peine remarquable à cause de sa futilité.

Valete incliti Heroes, magni mecaenates.

Adieu Héros illustres, grands mécènes.

Ex Gymnasio uestro Graetii Styrorum Idibus Iulii Anno M.D.XCII.

Depuis votre Gymnasium de Graz en Styrie, ides de juillet 1592.


1. Cic., Fam. 16.8.2.
2. Érasme, Adagia 1393, Le tour rem acu tangere, qui signifie « toucher l’objet avec la pointe », signifie proverbialement « tomber dans le mille ». Cf. Pl., Rud. 1306.
3. Nous corrigeons la coquille hac en haec.
4. Nous corrigeons la coquille quid en quia.