Présentation du paratexte
Nobilissimo et amplissimo uiro, Domino Georgio Ludouico ab Hutten, serenissimi Principis, Electoris Palatini intimo Consiliario, D. ac Patrono suo plurimum obseruando Aemilius Portus Fr<ancisci> P<orti> Cr<etensis> F<ilius> S<alutem> P<lurimam> D<icit> P.Q.F.O.
Au très noble et très généreux seigneur Georgius Ludovicus von Hutten, conseiller intime d’un prince sérénissime, électeur du Palatinat, son seigneur et patron très respectable, Aemilius Portu, fils de Franciscus Portus le Crétois, adresse son chaleureux salut P. Q. F. O.1.
Multa sunt (Nobilissime et Amplissime uir) quae requiruntur in iis, qui Rempublicam administrare, uel Principibus inseruire cupiunt, ut fungantur officio, quod utilitatem, decus et gloriam afferat non solum ipsis, sed etiam, idque praecipue, Dominis, quibus operam suam nauant : at in primis pietas, et artium liberalium scientia.
Il y a bien des qualités (homme très noble et très généreux) que l’on recherche chez ceux qui désirent administrer l’État ou servir ses princes, afin qu’ils remplissent un office qui apporte du profit, de l’honneur et de la gloire non seulement à eux mais aussi, ce qui est le principal, aux seigneurs à qui ils témoignent leur zèle : ce sont en premier lieu la piété et la connaissance des arts libéraux.
Quid enim boni, quid honesti, quid gloriosi ab impiis et imperitis hominibus expectari potest ?
Que peut-on en effet attendre de bon, d’honnête, de glorieux venant d’hommes impies et ignorants ?
At ubi pietas regnat, ubi sapientiae studia florent, ibi pax, ibi felicitas floret et regnat.
Mais là où la piété règne, là où les études de la sagesse fleurissent, la paix et la félicité y fleurissent et y règnent.
Huc uero bonarum literarum auspiciis ductuque peruenitur.
C’est sous les auspices et l’égide des belles lettres que l’on y parvient.
Ideo qui sapiunt, ut honoribus, quibus ornantur, se dignos reddant, utque sibi comparent ea, quae priuatam, publicamque rem legitimis rationibus augent, exornant, et beatiorem faciunt, sacra, quinetiam profana scripta semper in manibus habent, uolutant, legunt, meditantur et laborum, molestiarum atque periculorum immunes, in his per otium contemplantur quidquid politicis, quidquid aulicis, quidquid bellicis uiris ad politicas, aulicas, bellicasque res perite, feliciterque tractandas est necessarium.
C’est pourquoi les sages, pour se rendre dignes des honneurs qui leur donnent de l’éclat et se préparer à des occupations qui, pour des causes légitimes, rendent les affaires publiques et privées plus grandes, plus belles et plus heureuses, tiennent toujours dans leurs mains les écrits sacrés mais davantage encore les écrits profanes, ils les parcourent, il les lisent, ils y réfléchissent et, à l’abri des peines, des chagrins et des dangers, ils y contemplent pendant leur loisir tout ce qui est nécessaire aux hommes de l’État, de la cour ou de la guerre pour mener habilement et avec succès les affaires de l’État, de la cour et de la guerre.
Quamuis autem historia nobis ad haec paranda non minimum sit subsidium, poesis tamen ad haec ipsa consequenda usum non minorem affert.
Or, bien que pour s’y préparer l’histoire ne nous soit pas d’un faible secours, la poésie est d’une aide égale pour la réussite de cette entreprise.
Sed quorumdam μελαγχολώντων importunas, barbarasque uoces iam mihi uideor audire.
Mais il me semble déjà entendre les voix importunes et barbares de certains atrabilaires.
Quid nobis tuam poesin, quid tuos poetas obtrudis ?
Pourquoi nous imposes-tu ta poésie, pourquoi nous imposes-tu tes poètes ?
Quid haec poetarum inania figmenta nobis tantopere commendas ?
Pourquoi nous recommandes-tu tant ces fictions vaines des poètes ?
Solis sacrae scripturae libris, ac optimis quibusque profanorum historicorum, iurisconsultorum, oratorum, et philosophorum operibus indigemus, ut mores, uitamque totam formemus, et ad certam regulam dirigamus, unde tandem ad optatum speratae felicitatis portum appellamus.
Nous avons besoin des seuls livres de l’Écriture Sainte et de tous les meilleurs ouvrages des historiens, des jurisconsultes, des orateurs, des philosophes profanes pour former nos mœurs et notre existence tout entière et pour les régler de façon certaine, d’où finalement nous aborderons le port convoité du bonheur que nous espérons.
Poetae cum suis poematis longum ualeant.
Adieu les poètes et leurs poèmes !
Poetas, et eorum poesin pueris, mulierculis, et otiosis hominibus relinquimus, ut pabulo solas aures uerborum lenociniis pascente delectentur ; nos seria sectamur, nos magna quaedam pectore concepimus, magna molimur.
Les poètes et leur poésie, nous les laissons aux enfants, aux femmes et aux hommes oisifs pour qu’ils s’en délectent comme d’un aliment qui nourrit les seules oreilles par les artifices des mots ; nous, nous poursuivons des entreprises sérieuses, concevons et entreprenons de grandes actions.
Ad magistratus, ad praeturas, ad imperia capessenda properamus.
Nous nous hâtons de briguer les magistratures, les prétures, les offices des généraux.
In principum, in regum, in caesarum aulis uersari decreuimus, ut dignitatem ac auctoritatem adipiscamur, quam domi, quam foris omnes ita suspiciant, ut omnia ex nostri nutus arbitrio pendere credant, ac proinde nostram amicitiam captare, gratiamque sibi conciliare studeant.
Nous avons décidé de passer notre existence dans les cours des princes, des rois et des empereurs pour obtenir la dignité et l’autorité que tous estiment ici comme à l’étranger, au point de croire que tout est suspendu au jugement de notre approbation et, par conséquent, de chercher à gagner notre amititié et à se concilier notre faveur.
Sic autem nobis posterisque nostris amplissimas opes, et potentiam nullo tempore delendam quaeremus ; sic ad immortalitatem nostri nominis claritati uiam sternemus.
Nous chercherons ainsi à obtenir pour nous et pour nos enfants d’infinies ressources et une puissance que le temps ne détruira jamais ; nous paverons la route de notre célébrité pour l’immortalité.
Vt autem quod affectamus facilius assequamur, iis utemur auxiliis, de quorum fide minime dubitamus.
Pour réussir plus facilement ce que nous souhaitons, nous utiliserons les secours dont nous doutons le moins.
Poesin uero, quae nihil praeter concinnam, certisque numeris constrictam uerborum suauitatem habet, quae nihil praeter fabellas, et aegrorum somnia nobis ministrat, nullis precibus solicitabimus, ut nobis inutilem opem ferat.
Quant à la poésie, qui ne possède rien d’autre qu’une charmante douceur des mots obtenue par des mètres déterminés, qui ne nous offre rien d’autre que de petites fables et des songes maladifs, nous ne l’engagerons par aucune prière à nous apporter une aide inutile.
O non ferendam innati stuporis et caecitatis inscitiam !
Ignorance insupportable d’une paralysie et d’un aveuglement naturels !
Quid ?
Eh quoi ?
Nonne Herodotus, Thucydides, Aristoteles, Demosthenes, Aeschines, Strabo et alii sexcenti tam Graeci, quam Latini scriptores, historici, philosophi, theologi, iurisconsulti, medici, oratores, geographi et qui de militari disciplina libros conscripserunt, quorum auctoritate uos niti iactatis, passim Homeri, Hesiodi, et aliorum poetarum exemplis, et testimoniis utuntur, ut rei ueritatem confirment, horumque spoliis sua scripta ditent, atque magnifice decorent ?
Est-ce qu’Hérodote, Thucydide, Aristote, Démosthène, Eschine, Strabon et les mille autres auteurs grecs aussi bien que latins, les historiens, les philosophes, les théologiens, les jurisconsultes, les médecins, les orateurs, les géographes et ceux qui ont écrit des livres sur la discipline militaire, sur l’autorité dequels vous vous vantez de vous appuyer, n’utilisent pas partout les exemples et les témoignages d’Homère, d’Hésiode et des autres poètes pour affermir la vérité, enrichir leurs écrits de leurs dépouilles et les parer d’ors magnifiques ?
Quot etiam de patribus, quorum pietatem atque doctrinam, omnes sine controuersia praedicant, idem fecisse constat ?
Combien aussi de pères de l’Église, dont tous, à l’unanimité, professent la piété et le savoir, ont, de manière bien établie, fait de même ?
Horum nomina si recensere uellem, me dies citius, quam oratio deficeret.
Si je voulais en établir la liste, la vie me ferait défaut plus vite que la parole.
Sed ut breuitati seruiam, unicum afferam exemplum, quod barbarorum hominum, et ab omni humaniore cultu alienorum insaniam, arrogantiam, et impudentiam refellet, contundet, confringet.
Mais, pour faire bref, je ferai voir un exemple qui réfute, broie et brise la folie, l’arrogance et l’impudence d’hommes barbares et étrangers à toute civilisation.
Quid enim de fidelissimo ac beatissimo illo Dei seruo, Paulo Apostolo, censores isti Catone seueriores2 sentient ?
En effet, ces censeurs plus sévères que Caton, que penseront-ils de cet illustre serviteur de Dieu, très fidèle et très saint qu’est l’apôtre Paul ?
Quid de eo dicent ?
Que diront-ils de lui ?
An hunc etiam ut rerum imperitum, ut ineptum, ac profanum hominem suis suffragiis confidenter damnabunt ?
Est-ce que lui aussi ils ne craindront pas de le condamner par leurs suffrages comme un homme ignorant, inepte et profane ?
Et tamen ille θεόσδοτος καὶ θεόπνευστος Apostolus poetas lectitauit, poetarum carminibus et auctoritate suam sententiam saepius est tutatus.
Et cependant, cet apôtre, donné par Dieu et inspiré par Dieu, a souvent lu les poètes, a plus souvent garanti son avis grâce aux vers et à l’autorité des poètes.
Nonne Actorum
Apostolicorum capite decimo-septimo, uersu 28 Arati carmen affert, ut nos Dei genus esse
3
Est-ce que dans le chapitre 17 des Actes des Apôtres verset 28 il ne rapporte pas le vers d’Aratus pour prouver que nous sommes la race de Dieu, que nous vivons dans lui, que nous sommes mus en lui et que nous sommes en lui, que nous avons été créés par lui, que c’est de lui que avons reçu la vie, le mouvement, tous les avantages de la vie et tous les plaisirs de la vie ?
Nonne idem ut Christianos ad uitia fugienda
adhortetur, hunc Menandri Graecum uersum usurpat,
φθείρουσιν ἤθη χρήσθ' ὁμιλίαι κακαί
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Est-ce que ce même apôtre, pour exhorter les chrétiens à fuir les vices, n’utilise pas ce vers grec de Ménandre, φθείρουσιν ἤθη χρήσθ' ὁμιλίαι κακαί, c’est-à-dire « Les mauvaises discussions corrompent les bonnes mœurs ».
Quam sententiam Tertullianus ad uxorem scribens, Latinis uerbis, Latinae comoediae
licentiam secutus, ita uertit : Bonos corrumpunt mores congressus mali
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Et Tertullien, écrivant en latin cette sentence à son épouse, suivant la licence de la comédie latine, la traduit ainsi : « Les mauvaises rencontres corrompent les bonnes mœurs ».
Nonne idem Cretensium mores perstringens, eosque mendaciis, fraudibus, uiolentiae, rapinis, otio, gulae uentri, foedisque uoluptatibus nimium deditos esse demonstrans, Epimenidis poetae Cretensis carmine rem probat ?
Est-ce que le même, dénonçant les mœurs des Crétois et montrant qu’il étaient démesurément livrés aux mensonges, aux tromperies, à la violences, aux vols, à l’oisiveté, à la gloutonnerie, et aux plaisirs honteux, ne prouve pas sa cause grâce un vers du poète crétois Épiménide ?
Κρῆτες ἀεὶ ψεῦσται, κακὰ θηρία, γαστέρες ἀργαί.
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« Les Crétois sont des menteurs, des mauvaises bêtes, des ventres paresseux. »
An igitur summis quidem sanctissimisque uiris poetas legere, poetarum acutoritate, sententiis, argumentis, testimonis, et exemplis in maximi momenti rebus uti gloriosum fuerit, nobis uero, qui nullo modo cum ipsis conferendi sumus, uitio uertetur, si tantorum uirorum uestigia sequamur ?
Est-ce que par conséquent il aurait été glorieux pour ces hommes très grands et très saints de lire les poètes, d’avoir recours, sur des sujets importants, à leur autorité, leurs sentences, leurs arguments, leurs témoignages et leurs exemples, tandis que nous qui ne devons en aucune façon nous comparer à eux, nous ferions preuve de vice, en suivant les traces de si grands hommes ?
Hinc mature facessant, qui nec ipsi nos docere possunt, nec pati uolunt nos ab aliis ea discere, quorum documentis melius, feliciusque uiuamus.
Que s’éloignent rapidement ceux qui ne peuvent pas nous enseigner ces écrits ni ne veulent souffrir que nous les apprenent d’autres hommes, afin que, suivant leur exemple, nous vivions mieux et plus honorablement.
Hic tamen poeseos ἐγκώμιον instituere non statuimus, ne rem actam agere, neue aquam in Oceanum ferre, et meridianis horis, caelo nullis nubibus tecto, in splendidissima solis luce lucernam accendere uideamur.
Cependant nous avons décidé de ne pas faire ici l’éloge de la poésie, pour ne pas sembler mener une entreprise déjà menée, ni porter de l’eau dans l’Océan et allumer une lampe à midi, dans un ciel sans nuage, sous la lumière si resplendissante du soleil.
Illud tantum dicam, quod ipsa ueritas dictat.
Je dirai seulement ce que dicte la vérité elle-même.
Qui poesin contemnunt, iidem sacra scripta contemnunt, iidem omnia Mosis, Dauidis, Salomonis, et aliorum Prophetarum uatumque Deo gratissimorum diuina carmina, quae uenerandam numinis supremi Maiestatem, immensam ergo nos beneficentiam, et miracula celebrant, impie condemnant ; dignique sunt, qui uicissim ab omnibus mortalibus, contemnantur et condemnentur, et propter suam feritatem, ac in hominis figura detestandam immanitatem, ad belluas amandentur, ut ferae cum feris ferinam uitam degant.
Ceux qui méprisent la poésie, ils méprisent aussi les écritures saintes, ils condamnent aussi de manière impie tous les poèmes divins de Moïse, de David, de Salomon et des autres prophètes et poètes très agréables à Dieu qui chantent qu’il faut révérer la majesté de Dieu tout puissant, son immense bienfait envers nous et ses miracles ; ils sont dignes d’être méprisés et condamnés à leur tour par tous les mortels et, en raison de leur sauvagerie et de leur monstruosité odieuse dans une figure d’homme, d’être relégués au rang des bêtes, pour que, bêtes sauvages qu’ils sont, ils passent leur vie de bête sauvage avec les bêtes sauvages.
Quot igitur, quantisque laudibus in caelum sunt extollendi, quos nec generis nobilitas, nec diuitiae, nec honores, nec amplitudo, nec dignitas, in qua fauore caelesti se collocatos uident, a philosophiae, a poeseos, et eloquentiae studiis auertit ?
Ainsi, par quelles louanges faut-il élever jusqu’au ciel ceux que ni la noblesse de leur naissance, ni les richesses, ni les honneurs, ni l’opulence, ni la dignité où ils voient que la faveur divine les a placés n’écartent des études de la philosophie, de la poésie et de l’éloquence ?
Haec ego cum in aliis perpaucis, quos noui, tum uero (Nobilissime et Amplissime uir) in te uehementer admiror, quem omnes iis uirtutibus ornatissimum esse laetantur, quae generosos et illustres uiros decent, qui tantam in Palatinatu personam sustinent, ut suorum consiliorum prudentia Serenissimo et Illustrissimo Principi fideliter inseruiant, Principi, qui uerus est Patriae parens, qui sua cunctis exoptatissima praesentia, uultusque clementissimi serenitate et splendore non solum hanc Academiam, urbem et populos augustissimi Principis imperio subiectos sed et uicinas Germaniae nationes cum maxima laetitia serenat ac illustrat.
Pour ma part, j’admire cette qualité chez peu d’autres hommes de ma connaissance, mais je l’admire vivement chez toi (homme très noble et très généreux), que tous sont ravis de voir abondamment pourvu de toutes les vertus qui conviennnent aux hommes généreux et illustres, eux qui jouent un si grand rôle dans le Palatinat, qu’ils servent par la sagesse de leurs conseils un prince sérénissime et tout à fait illustre, le véritable père de la patrie, dont la présence si souhaitée de tous, le visage serein et si clément et la splendeur rendent si heureusement sereins et célèbres non seulement cette Académie, cette ville et les peuples soumis au pouvoir de ce prince si auguste mais aussi les nations voisines de la Germanie.
Haec fecerunt ut meam totius Euripidis Latinam uersionem tui nominis amplitudini censuerim dicandam.
Voilà ce qui m'a décidé à dédier à la générosité de ton nom ma traduction latine d’Euripide tout entier.
Quem enim poetam uel ipsius oraculai
Delphici testimonio scimus fuisse τοῦ σοφοῦ Σοφοκλέους σοφώτερον, quem etiam omnium
poetarum longe γνωμικώτατον καὶ
πολιτικώτατον, eum ἀνδρὶ σοφωτάτῳ, καὶ
δὴ καὶ φιλομουσοτάτῳ καὶ φιλανθρωποτάτῳ
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En effet, ce poète dont nous savons qu’il a été, d’après le témoignage de l’oracle de Delphes, plus sage que le sage Sophocle, dont nous savons qu’il a été de loin le plus sentencieux et le plus politique des poètes, j’ai jugé qu’il convenait le mieux à l’homme le plus sage, et en particulier le plus ami des Muses et des hommes.
Quamobrem (Nobilissime et Amplissime uir) siue poetae carmen, et operis excellentiam spectes, siue beneficiorum acceptorum memoris animi candorem intuearis, hoc perexiguum εὐχαριστίας monumentum humanitati uirtutique tuae debitum et a me obseruantiae causa nunc oblatum accipies eadem alacritate, qua corpore quidem absens, at mente praesens offero.
C’est pourquoi (homme très noble et très généreux) si tu considères le chant du poète et l’excellence de son œuvre ou si tu examines la candeur d’un esprit qui se souvient des bienfaits qu’il a reçus, ce minuscule rappel de la reconnaissance que je dois à ton humanité et à ta vertu et que ma déférence m’a fait t’offrir ce jour, tu le recevras avec le même plaisir qui me fait te l’offrir, moi dont le corps est certes absent mais dont l’esprit est bien présent.
Vale Nobilissime et Amplissime uir, Musisque fortiter fauere pergens, me nouum clientem tuae Amplitudini addictum amare tuoque patricinio tueri benigne digneris.
Adieu homme très noble et très généreux, toi qui continues de favoriser fortement les Muses, puisses-tu juger digne de m’aimer, moi, nouveau client dévoué à ta générosité et de me protéger de ton patronage.
Ego uero Deum Optimum Maximum orabo suppliciter, ut tuam Amplitudinem nobis incolumem, omnique bonorum genere circumsaeptam quam diutissime conseruet.
Quant à moi, je prierai et supplierai Dieu très bon très grand de nous conserver aussi longtemps que possible ta générosité intacte et entourée par tous les genres de biens.
Scriptum Heidelbergae Calend. Sept. 1597.
Écrit à Heidelberg, aux calendes de septembre 1597.