Présentation du paratexte
Ce poème est en trimètres iambiques acrostiches pour la partie grecque, en sénaires acrostiches pour la partie latin.
Bibliographie :- Malika Bastin-Hammou, ‘Paroles de Paix en temps de guerre : Florent Chrestien et la première traduction de la Paix d’Aristophane en France (1589)’, Anabases. Traditions et réceptions de l’Antiquité, 21, 2015, 139–56.
- Hélène Cazès, ‘« Florent Chrétien »’, in Centuriæ Latinæ, Cent Une Figures Humanistes de La Renaissance Aux Lumières, A La Mémoire de Marie-Madeleine de La Garderie, ed. by Colette Nativel (Genève: Droz, 2006), II, 211–20.
- Brigitte Jacobsen, Florent Chrestien: ein protestant und humanist in frankreich zur zeit der religionskriege (München, Allemagne: W. Fink, 1973).
Euripidae Cyclopa Notae Quinti Septimi Florentis Christiani
Notes de Quintus Septimus Florent Chrestien au Cyclope d’Euripide
Ex Homeri Vlyssea sumptum est huius fabulae argumentum totum, nisi quod illic de Sileno, et Satyris nulla ut hic iniecta mentio.
Le sujet entier de cette pièce est pris à l’Odyssée d’Homère, excepté que, dans la première, aucune mention n’est faite de Silène ni des Satyres, comme c’est le cas ici.
Nos hypothesim nostram dabimus qualem ferre potest necessitas numerorum, et breuitas acrostichidis, ad exemplum Plautinarum.
Nous donnerons notre propre argument, qui est déterminé par les besoins de la métrique, et la brièveté d’un acrostiche, à l’image de ceux de Plaute .
Ὑπόθεσις τοῦ Κύκλωπος δράματος Εὐριπιδείου ἐν ἀκροστίχιδι.
Argument à la pièce d’Euripide Le Cyclope en acrostiche.
Ulysse, lorsqu’il arriva à l’antre élevé de l’inhospitalier Cyclope, trouva ses créatures bacchiques, leur donna du vin, et s'empara des moutons et du vin. Le Cyclope suprit le pillage sur le fait, et, de ses cruelles dents, dévore six de ses compagnons. Ulysse sauva sa vie en aveuglant le glouton.
Idem Latine
La même chose en latin.
Sous les souffles du vent, lorsqu’Ulysse, menant ses hommes, aborda sur les rochers élevés des Cyclopes, il découvrit le chœur de satyres, esclave du Prince Borgne. Il emporte les agneaux et le lait en échange du vin et offense le borgne, qui dévore les corps de six hommes qu’il a attrapés. Le héros d’Ithaque, craignant pour sa vie, aveugle le monstre et met les voiles.
Hanc fabulam nescio an tragoediam uocare debeam : neque enim ex illa uulgari (non tamen certa aut semper uera) definitione exitum habet tristem, imo laetum in rebus Vlysseis quae principio turbidae.
Cette pièce, j’ignore s’il faut la qualifier de tragédie. En effet, elle ne comporte pas de fin funeste, selon la définition communément admise (qui cependant n’est pas certaine ni toujours vraie), mais au contraire une fin heureuse, pour la situation d’Ulysse, qui au début est troublée.
Subtristem quidem in casu Polyphemi, sed non tragicum.
Certes, dans le cas de Polyphème, la fin est un peu funeste, mais pas tragique.
Deinde mixtae personae ex tragicis et comicis.
Ensuite, les personnages de tragédie et de comédie sont mélangés.
Silenus enim et Satyri non sunt heroes.
Silène et les Satyres ne sont pas des héros.
Itaque quod praefatus est Plautus in Amphitruone, arbitrer posse hanc fabulam dici Tragicocomoediam1
C’est pourquoi, comme le dit Plaute au début de l’Amphitryon, j’estimerais que cette pièce peut être qualifiée de Tragi-comédie.
Caeterum quod aiunt Sophoclem de Aeschylo dixisse, uinum non ipsum Aeschylum auctorem esse ipsius tragoediarum, ut hinc liquido constat, et de Euripide uerum reperietur.2
Du reste, les propos que Sophocle aurait tenus sur Eschyle, à savoir que c’est le vin et non Eschyle lui-même qui est l’auteur des tragédies d’Eschyle, comme cela apparaît clairement ici, s’avèrent aussi fondés au sujet d’Euripide.