De Carminibus Comicis
Ioachimus Camerarius

Présentation du paratexte

Bibliographie :
  • Ekkehard Stärk, « Camerarius’ Plautus », Joachim Camerarius, éd. Rainer Kössling et Günter Wartenberg, Tübingen, 2003, p. 235-248. Prete, Sesto; “Camerarius on Plautus”, in: Frank Baron (Hg.): Joachim Camerarius (1500 – 1574). Beiträge zur Geschichte des Humanismus im Zeitalter der Reformation,éd. F. Banon, München 1978, p. 223 – 230.
  • Ritschl, Friedrich: Über die Kritik des Plautus, in: Ders.: Opuscula philologica, Bd. 2, Leipzig 1868, 1 – 165.
  • Ritschl, Friedrich: Bio-bibliographisches zu Camerarius’ Plautus-Studien, in: Ders.: Opuscula philologica, Bd. 3, Leipzig 1877, 67 – 119.
  • Projet Opera Camerarii : http://kallimachos.de/camerarius/index.php/Plautus,_Comoediae_viginti,_1558
Traduction : Christian NICOLAS

De Carminibus comicis.

Les poèmes comiques

De Plauto fabularum istarum autore pauca dicam, in primis ut constet quo tempore uixerit, hunc incidere in aetatem Catonis : quo et ipso censore mortuum esse, scripsit Cicero, ante se Cos. CLX annis, hoc est ab V.C. circiter D.P. Claudio, L. Portio Coss.1

Sur Plaute, auteur de ces pièces, je dirai peu de choses, et d’abord, pour établir l’époque où il a vécu, qu’il coïncide avec la génération de Caton, puisque c’est sous sa censure qu’il est mort selon Cicéron, 160 années avant son consulat, soit environ en l’an de Rome 500, sous les consulats de P. Claudius et de L. Portius.

Cuius aetatis, in quam Naeuius quoque includitur, participes fuere ultra citraque Ennius, Caecilius, Pacuuius, Terentius.

Dans cette génération, à laquelle il faut aussi inclure Naevius, vécurent, avant ou après lui, Ennius, Caecilius, Pacuvius, Térence.

Pacuuium quidem ac Caecilium male locutos2, Cicero ait.

Pacuvius et Caecilius parlaient mal, aux dires de Cicéron.

Ennium et Naeuium probat.3

Mais il approuve Ennius et Naevius.

Sed nostro studio relictus est Plautus et Terentius tantum.

Mais pour notre étude, ne restent que Plaute et Térence.

De his igitur petenda forma Latinae locutionis et sternendum quasi solum, super quo oratio bona et diserta, uerbis et sententiis apte constructa collocetur.

C’est donc à partir d’eux qu’il faut chercher la beauté de la parlure latine et paver le sol, pourrait-on dire, sur lequel baser le style beau et éloquent, bien bâti sur les mots et les idées.

Non enim compositio neque ueluti aedificatio qualis esse debeat illius, hinc cognosci aut disci potest.

Car ce n’est pas l’architecture du discours ni, disons, sa construction, telles qu’elle devraient être, qu’on peut connaître ou apprendre à partir de ce genre4.

Etiam munditiae et nitori et, ut ita dicam, innocentiae ac integritati sermonis antiquitas officit, cum quia omnium rerum est sua elaboratio et perpolitio, quae perfectio existimanda, tum quod studium elegantiae ut in uita, sic sermone quoque illa non usurpauit.

En outre le raffinement, l’éclat du style et, pourrais-je dire, son innocence et son intégrité sont brouillés par l’ancienneté, d’abord parce que chaque chose a sa propre élaboration et son polissage, qu’il faut penser comme son achèvement, ensuite parce que le soin de l’élégance, dans la vie comme dans la langue, l’ancienneté ne l’a pas pris à son compte.

Quapropter posteriores in sermone priorum nonnulla mutarunt emendantes, formam certe componendo et quasi coagmentando atque reconcinnando reddiderunt et pulchriorem et meliorem.

Aussi les successeurs ont-ils quelque peu modifié le texte de leurs prédécesseurs avec des émendations ; par des recompositions, des augmentations et des réharmonisations, ils ont embelli et amélioré la forme.

Haec iam illa est certa et constans, atque omnium eruditionis atque bonarum artium cupidorum imitationi sola proposita, Ciceronis, et eorum qui aetate illa uixerun, sed Ciceronis, ut principis et auctoris Latinae linguae, de quo alibi disseruimus copiosius, cum contra reprehensores huius studii disputaremus.

Aujourd’hui la langue précise, constante et la seule qu’on donne à imiter à ceux qui veulent se cultiver et s’instruire dans les belles-lettres, c’est celle de Cicéron et de ses contemporains, mais d’un Cicéron comme premier auteur et garant de la langue latine, dont j’ai copieusement parlé ailleurs, quand je débattais contre les détracteurs de l’étude des comiques.

Haec autem qui perspexerit, in Plautinis et Terentianis scriptis ita uersabitur, ut quasi materiam orationis bonae et, si fas nobis est dicere, eloquentiae Latinae ab5 illis sumat, neque in delectu uel uerborum uel figurarum sermonis allucinabitur.

Qui aura cette perspective passera assez de temps dans les œuvres de Plaute et Térence pour tirer d’eux le matériau du beau style et, s’il nous est permis de le dire, de l’éloquence latine, sans pour autant se laisser abuser par le plaisir que donnent les mots ou les figures de discours.

Sed de hoc iamdudum satis.

Mais en voilà assez à ce sujet.

De comico autem carmine etsi alii scripsere, quae et magnifacio et probo, tamen nostro quoque studio existimo adhuc loci aliquid relictum esse, cum res illa quidem eiusmodi sit, ut penitus comprehendi et omnium etiam diligentia quasi enucleari his temporibus nequaquam posse uideatur.

Sur le genre comique, bien sûr, d’autres ont produit des écrits que j’apprécie et approuve ; mais il me semble que dans notre champ il reste encore un peu à dire, dans la mesure où ce sujet est de ceux qui semblent ne pouvoir en aucune manière être compris à fond et épluchés, malgré l’attention de tous les savants d’aujourd’hui.

Quo autem est difficilior labor, eo assiduitatis plusculum in uestigando adhiberi conuenit.

Or plus la tâche est ardue, plus elle nécessite de constance dans l’enquête.

Nihil autem tam est abstrusum, de quo non aliquid, si saepius et studiose exquiratur, erui posse sperandum sit.

Mais rien n’est si abscons qu’on ne puisse espérer, au prix d’une recherche assidue et attentive, en exhumer quelque chose.

Τὸ γὰρ ζητούμενον, inquit Sophocles, ἁλωτόν,ἐκφεύγει δὲ τἀμελούμενον.6

« Ce qu’on cherche, dit Sophocle, on le trouve ;S’enfuit ce qu’on néglige ».

Minus autem certe turpe est, in eo a quo quam plurimos magnitudo et obscuritas deterruerit, quantumuis modicos, quam illorum uestigiis insistentem nullos progressus fecisse, si tamen est adeo digna res, ubi quis neruos intendat suos7, ut ait Terentius.

Mais il y a moins de honte, là où la dimension et l’obscurité ont découragé les plus nombreux, à faire des avancées, fussent-elles modestes, plutôt que de ne pas en faire quand on se met dans leurs pas, si toutefois « l’affaire mérite qu’on y tende ses nerfs », comme dit Térence.

Quod quidem ita esse nobis persuasum est, et senserunt omnes qui aliquam famam eruditionis litterarum et doctrinae consecuti fuerunt, cum quidem non solum bestiae demulceantur numeroso sono, sed solitudines etiam atque siluae quasi afficiantur, ita respondent carminibus.

Nous avons la conviction que c’est le cas et tel fut l’avis de tous ceux qui ont essayé d’obtenir quelque considération dans l’enseignement de la culture et des lettres, vu que non seulement les bêtes se laissent adoucir par des sons cadencés mais que les déserts mêmes et les forêts, comme s’ils en étaient touchés, répondent de même aux poèmes.8

Qui musarum reliquias in cura bonarum artium non amplectetur, uel etiam contemnet, eum nos quidem nimis aut fastidiosum aut barbarum quoque esse iudicabimus, etsi fatemur in hac parte superuacaneum, et in quodam inconcesso amore Musarum insanum studium impendi non opertere, ne sequentes, uolucres illas, hoc remigio destituti, ut de Pyreneo fabulae tradunt9, in exitium nos praecipitemus.

Qui ne prendra pas en compte les restes des Muses, quand il s’occupe de belles-lettres, voire les méprisera, nous le jugerons pour notre part particulièrement ennuyeux ou même barbare, même si nous accordons qu’il ne faut pas consacrer à ce domaine un temps superflu ni, à cet amour excessif des Muses, un temps fou, pour éviter, en les poursuivant dans les airs sans avoir d’ailes, de nous précipiter à la mort, comme le racontent ces légendes sur Pyrénée.

Sed ad rem accedamus, pauca quidem quasi praefati de horum scriptorum genere.

Mais allons au but, non sans avoir fait comme une préface sur ce genre littéraire.

Comicus poeta fuit Plautus.

Plaute était un poète comique.

Comoedia autem est poema δραματικὸν, hoc est expositio numerosa, id est, carmine comprehensa, et in actionem implicita, seu collata in personas, argumenti ficti, de rebus, casibus, negotiis sumptis e uita communi et quasi cotidianis euentis.

La comédie, quant à elle est un poème dramatique10, à savoir un développement cadencé, c’est-à-dire enfermé dans des vers, et entrelacé en action ou transféré sur les personnages d’une histoire fictive évoquant des choses, situations, affaires tirées de la vie ordinaire et presque des événements du quotidien.11

Hoc carminis genus de Tragoedia fluxit, ut Horatius docuit, qui Thespin dicit inuenisse ignotum genus Tragicae Musae : atque addit,   Successit uetus his comoedia non sine multaLaude 12 .

Ce genre de poème découle de la tragédie, comme l’a enseigné Horace, qui dit que Thespis a inventé le genre inconnu de la Muse tragique ; et il ajoute : « La vieille comédie a pris leur suite, avec plein succès ».

Initia autem fuisse admodum parua et rudia, cum hilares, post labores exactos, diebus festis concinerent aliquid, et alii et idem Horatius in epistola ad Augustum perhibet, ubi dicit, ab innoxiis iocis libertatem hanc ad intolerabilem licentiam prouectam fuisse13.

Mais que ses débuts aient été modestes et frustes, lorsqu’ils chantaient gaiement quelque chose, après le travail, pendant des jours fériés, on en a des témoignages et particulièrement celui du même Horace dans l’épître à Auguste, quand il dit que la liberté issue de ces jeux inoffensifs s’est muée en une intolérable licence.

Qui primus autem Comoediam scripserit, non constat.

On ne sait pas qui a le premier écrit une comédie.

In libro qui Aristoteli inscribitur de Poetica, inter alia et haec leguntur : Siculos sibi uendicare inuentum comoediae, fuisse enim Epicharmum ante Chonnidem et Magnetem et uti nominis quoque testimonio. 14

Dans le livre d’Aristote intitulé La Poétique, on lit entre autres choses ceci : « Ce sont les Siciliens qui revendiquent l’invention de la comédie, car Épicharme est antérieur à Chionidès et à Magnès et ils le prouvent par l’étymologie »

Esse enim certe comoediam non ἀπὸ τοῦ κώμου, sed ἀπὸ τῶν κωμῶν, id est, non de hilaritate et exultatione, sed de pagis appellatam. Sed ab Atheniensibus pagos non κώμας, uerum δήμους uocari. Similiter et quosdam Peloponnesiacos ait suum facere inuentum Tragoediam, quod fabulae δράματα dicantur, cum tamen Atheniensibus in usu non sit uerbum δρᾶν, sed πράττειν.15

Car, disent-ils, le nom comoedia ne vient pas de kômos mais de kômai, c’est-à-dire non pas du nom de la gaieté et de la joie, mais de celui des villages. Mais les Athéniens appellent les villages non pas kômos mais dêmos. Aristote dit également que ce sont des Péloponnésiens qui ont inventé la tragédie, parce que les pièces sont appelées dramata alors que les Athéniens n’utilisent pas le verbe drân mais le verbe prattein (‘faire’)..

Ibidem et hoc scriptum est.

Tout ceci est dans La Poétique.

Ab eo demum tempore comoediae auctores celebrari, quo formam illa et speciem quandam nacta fuerit, cum principio obscura esset, et auctores ipsius laterent.

Les auteurs comiques connaissent une célébrité depuis le moment précis où la comédie a trouvé sa forme et son type, alors qu’au début elle était obscure et leurs auteurs étaient inconnus.

Sed comoedia quae priscis temporibus in usu fuit, qua nominatim hi aut improbos aut inimicos suos perstringebant, principum etiam uirorum uitam et mores reprehendentes, haec igitur antiqua dicta est.

Mais la comédie qui était en usage dans les temps anciens, où les poètes s’en prenaient nominativement à des méchants ou à leurs ennemis, allant jusqu’à blâmer la vie et les mœurs des premiers citoyens, s’appelait donc la comédie ancienne.

De cuius licentia κωμωδεῖσθαι uulgo dixere eos, qui probris incesserentur.

De son caractère licencieux, on utilisait communément le verbe kômôdeîsthai pour ceux qui harcelaient d’insultes.

Huius auctor uetustissimus nominatur Sannyrio.

Le plus vieil auteur de ce genre s’appelle Sannyrion16.

Sed excellentes fuere, temporibus belli Peloponnesiaci,   Eupolis atque Cratinus, Aristophanesque poetae 17 .

Mais excellèrent à l’époque de la guerre du Péloponnèse les poètes « Eupolis, Cratinos et puis Aristophane ».

Haec postea fuit mutata, cum dolerent, ut inquit Horatius, cruento dento18 lacessiti 19 .

Puis on la transforma, vu que, aux dires d’Horace, ceux qu’elle avait blessés de sa dent cruelle se plaignaient.

Tum nomen obtinuit Mediae, quae dissimulato nomine uitia tantum exagitaret.

On nomma alors « Moyenne » cette comédie qui, sans donner de noms, se contentait de blâmer les vices.

Quin etiam lexPoenaque lata, malo quae nollet carmine quenquamDescribi 20 .

« Et même on promulgua une loi  Avec son châtiment, et qui interdisait  De dessiner personne en un méchant poème »21.

Atque ferunt Eupolin in mari submersum, ab iis quos male dictis laesisset.22

Et, à ce qu’on dit, Eupolis fut noyé en mer par ceux qu’il avait blessés de ses insultes.

Tum igitur Tragoediarum fere argumenta detulerunt in scenam, retexta ad ridiculum modum, deque hoc genere chorus paulatim defluxit, in quo prae caeteris clarus fuit Plato comicus.

Alors ils importèrent presque des arguments de tragédies sur scène, rhabillés de façon ridicule ; et le chœur s’effaça progressivement de ce genre où brilla particulièrement Platon le Comique.

Hanc secuta est Noua comoedia, in qua primas tenuit Menander, potiente rerum Alexandro Magno, atque haec chorum omnino non habet, sed ornatu uario et multiplici personarum insignis est.

S’ensuivit la Comédie Nouvelle, où le premier rôle fut tenu par Ménandre, pendant la suprématie d’Alexandre le Grand ; et il n’y a plus du tout de chœur mais elle se recommande par la typologie variée de ses personnages.

Atque haec indicanda breuiter et strictim putaui, de initiis ac progressionibus Comoediae apud Graecos.

Et j’ai pensé qu’il fallait donner ces indications brèves et serrées sur les débuts et le développement de la comédie chez les Grecs.

Apud Latinos autem, Scenicos ludos institutos fuisse C. uel ut alibi, T. Sulpitio Baetico (uel ut alibi, Petico, alibi Potito) C. Licinio Stolone Coss. annotauit Valerius23 ; et paulatim ludicram artem ad satyrarum modos perrexisse, a quibus primus omnium poeta Liuius ad fabularum argumenta spectantium oculos et animos transtulerit.

Pour ce qui est des Latins, des jeux scéniques furent institués sous les consulats de Caius (ou Titus selon d’autres) Baeticus (ou selon d’autres Peticus ou Potitus) et C. Licinius Stolon, selon les remarques de Valère-Maxime ; et petit à petit l’art scénique en arriva au genre de la satura, à partir de laquelle le poète Livius Andronicus, le premier de tous, opéra un transfert vers des intrigues dramatiques qui captèrent les esprits des spectateurs.

Cicero autem scripsit, Liuium primum omnium fabulam dedisse, annis fere CCCCX post Romam conditam.24

Quant à Cicéron, il a écrit que Livius Andronicus est le premier à avoir donné des pièces, aux environs de l’an 410 de Rome.

Fuere autem celebrati primum ludi Romani patrum et equitum, qui et magni ; ludicrum autem equi et pugiles25, ut Liuius memorat, libro primo, qui et ludorum plebeiorum26 mentionem fecit libro XXVIII.

Or on célébra en premier des Jeux Romains, ceux des sénateurs et des chevaliers, dits aussi les Grands Jeux ; il s’agissait de jeux équestres et de boxe, comme le rappelle Tite-Live au livre 1, lequel fait également mention de Jeux plébéiens au livre 28.

Idem Liuius quo tempore et qua de caussa instituti, et ludi scenici dicti sint, copiose eadem quae Valerius, retulit libro VII.27

Le même Tite-Live, sur l’époque et la raison de l’institution des jeux scéniques et leur nom, donne copieusement au livre 7 les mêmes informations que Valère-Maxime.

Quod tempus est urbis circiter CCCXC.

Ce sont les alentours de l’an 390 de Rome.

Idem tamen libro XXXVI scripsit, ob dedicationem aedis Matris Magnae primos ludos scenicos factos, Valerium Antiatem esse auctorem, Megalesia appellatos 28 , quod tempus distat a priore annis pluribus CLXV.

Mais le même Tite-Live a écrit au livre 36 que c’est pour la dédicace du temple de la Grande Mère que furent créés les premiers jeux scéniques, selon l’autorité de Valerius Antias, les jeux appelés Mégalésiens, soit une époque séparée de la première par plus de 165 ans.

Cicero Liuium fabulam docuisse, ut retulimus, scripsit in Bruto et prima Tuscul. Claudio et Tuditano Coss. anno A.V. C. CCCCX.29

Cicéron a écrit dans le Brutus et dans le premier livre des Tusculanes (nous l’avons rappelé) que Livius a donné une pièce « sous le consulat de Claudius et Tuditanus, l’an de Rome 410 »30.

Hoc Gellius retulit in annum DX ideoque fuere31 qui apud Ciceronem numeros mutandos censerent.

Aulu-Gelle l’a fait remonter à l’année 510 et c’est pourquoi certains ont jugé bon de changer la date cicéronienne.

Quod nobis fieri oportere non uidetur, cum ipse Cicero indicet alios haec aliter exposuisse et res sint inexplicabiliter confusae.32

Mais il ne faut pas le faire, à notre avis, puisque Cicéron indique lui-même que chacun y va de son explication et que les faits sont inextricablement brouillés.

Sed postquam componere fabulas argumentosas poetae Latini coeperunt, sequentes et uertentes Graecorum scripta, in hoc genere magna licentia usi fuerunt.

Mais dès que les Latins se furent mis à composer des pièces à intrigues, en suivant et traduisant les œuvres grecques, ils ont dans ce domaine fait montre d’une grande licence.

Cum autem essent Latinorum propria quaedam poemata, ut Atellanorum, uidentur libertatem illam in Graecis et Latinis argumentis poetae Latini, non tam fuga laboris et cupiditate edendi sua, ut Horatius putat, quam necessitate quadam custodiisse ne aures ciuium peregrinitate offenderentur.33

Alors qu’il y avait des genres proprement latins, comme l’atellane, les poètes latins semblent avoir préservé cette liberté dans les intrigues grecques et latines, non tant pour fuir le travail tout en servant leur volonté de produire, comme dit Horace, que pour le besoin précis que les oreilles de leurs concitoyens ne s’offusquent pas devant un produit étranger.

Ita factum puto, ut neque intra trimetros constiterint, neque Graecorum exquisitionem et quasi normam, ad quam numeros illi exegerant hi seruarint.

Il s’est produit, je pense, qu’ils n’ont pas su se contenir dans des trimètres ni n’ont conservé la requête et quasiment la norme grecque à laquelle eux avaient soumis leurs cadences.

Sed nunc deinceps de ratione horum et carminum comicorum structura, quae nostra diligentia obseruauit, quaeque postulare uidetur lectio fabularum Latinarum, breuiter quidem disseremus, ita tamen, ut fortasse nondum ab aliis demonstrata, indicemus.

Mais pour l’heure, sur leur scansion et la structure des poèmes comiques, que nous avons observée avec attention et que la lecture des pièces latines paraît réclamer, nous dirons quelques mots, non sans faire toutefois, peut-être, des remarques inédites.

Metra praecipua sunt nouem : iambicum, trochaicum, dactylicum, anapaesticum, choriambicum, antispasticum, ionicum a Maiore, ionicum a minore, paeonicum.

Les mètres principaux sont au nombre de neuf : iambique, trochaïque, dactylique, anapestique, choriambique, antispastique, ionique majeur, ionique mineur, péonique.

E quorum numero nunc eximemus Iambicum et Trochaicum, deque iis quae uidebuntur, dicemus.

De ce nombre, nous mettrons à part les mètres iambiques et trochaïques et évoquerons ceux qui apparaîtront.

Iambicum metrum a principe pede nomen habet, qui a conuiciis appellatus fuit34, ut placet Aristoteli. cumque sit maxime conueniens sermonibus (nam fortuito etiam loquentes, iambos crebros proferimus)35.

Le mètre iambique tire son nom de son pied principal, lequel tire son étymologie de iambizeïn36 (‘faire des reproches’), comme le veut Aristote, alors qu’il convient excellemment à la conversation (car même en parlant au hasard, nous proférons de nombreux iambes).

Hunc socci cepere pedem, grandesque cothurni,Alternis aptum sermonibus et popularesVincentem strepitus et aptum rebus agendis 37 ,  ut ait Horatius.

« Ce pied fut choisi par socques et haut cothurnes, fait pour dialoguer, apte à outrepasser Les rumeurs du public et né pour l’action », comme dit Horace.

Hoc carmen cum purum est et integrum, omnibus in locis iambos habet, ut apud Catullum :  Phaselus ille quem uidetis hospitesAit fuisse nauium celerrimus 38 .

Ce pied, quand il est entièrement pur, a des iambes à tous les pieds, comme dans ces vers de Catulle : Phăsē/lŭs īl/lĕ quēm/ uĭdē/tĭs hōs/pĭtēs/ Ăīt/ fŭīs/sĕ nā/uĭūm/ cĕlēr/rĭmūs/.

Et Horatium,   Beatus ille qui procul negotiis 39 .

Et d’Horace : Bĕā/tŭs īl/lĕ quī/ prŏcūl/ nĕgō/tĭīs/.

Quo autem grauius paulo in tarditate procederet iambus,  Spondeos stabiles in iura paterna recepitCommodus et patiens, non ut de sede secundaCederet aut quarta socialiter 40 .

Mais pour avancer un peu plus lourdement dans sa lenteur, l’iambe « prit le stable spondée en ses droits légitimes, généreux, complaisant, sans céder pour autant Les places 2 et 4 en trop bon camarade ».

Sed neque Tragici hoc, in primis Latini, seruarunt et comici omnibus in locis collocarunt pedes sine discrimine, quinque : Dactylum, Anapaestum, Tribrachyn, Spondeum. Iambum.

Mais les Tragiques d’une part (surtout les Latins) n’ont pas conservé cette loi et les Comiques d’autre part ont mis à chaque place cinq pieds sans distinction : dactyle, anapeste, tribraque, spondée, iambe.

Syllaba longa breui subiecta uocatur iambus : Deos, cliens, ferox, quae si ambae breues sint, pyrrichius is pes uocatur : lege, here, graue.

Une syllabe longue précédée d’une brève s’appelle iambe : dĕōs, clĭēns, fĕrōx ; mais pour peu qu’elles soient toutes les deux brèves, le pied s’appelle pyrrhique : lĕgĕ, hĕrĕ, grăuĕ.

Spondeus habet duas longas : exlex, concors, amens.

Le spondée a deux longues : ēxlēx, cōncōrs, āmēns.

Tribrachys tribus breuibus constat : domine, canere, misera.

Le tribraque est fait de trois brèves : dŏmĭnĕ, cănĕrĕ, mĭsĕră.

Anapaestus, duabus primis breuibus, postrema longa : silices, rabies, patiens.

L’anapeste est fait de deux brèves initiales et d’une longue finale : sĭlĭcēs, răbĭēs, pătĭēns.

Dactylus, prima longa, sequentibus duabus breuibus : littera, scribere, Musica.

Le dactyle a d’abord une longue, suivie de deux brèves : līttĕră, scībĕrē, Mūsĭcă.

In Latinis Comicis rari iambi sunt, etiam in trimetris, qui sunt senarii.

Chez les Comiques latins, les iambes sont rares, même dans les trimètres (qui sont les sénaires).

In integro tamen iambico, uult esse ultimus pes hic, aut propter ultimae indifferentiam pyrrichius, quasi definiens numeros ac uersum, sicut in dactylico, quintus dactylus.

Toutefois dans un vers iambique régulier, le dernier pied veut être un iambe ou (en raison de la syllabe finale indifférenciée) un pyrrhique, sorte de marque du rythme et du mètre, comme dans l’hexamètre le dactyle cinquième.

Horum loco cum spondeus ponitur, ii uersus tum σπονδαΐζοντες et σπονδαϊκοί dicuntur. ut,   Armatumque auro circumspicit Oriona 41 Apollinarem conueni meum 42 , scazon.

Mais s’il y a à cette place un spondée, ces deux types de vers sont dits spondaïsants ou spondaïques, par exemple : Ārmā/tūmqu<e> aū/rō cīr/cūmspĭcĭt/ Ōrī/ōnă ; Ăpōl/lĭnā/rēm cōn/uēnī/ mĕūm/, scāzōn.

Claudicare enim hi uersus putantur et σκάζοντες nominantur, et χωλιαμβοί.

Car on pense que ces vers boitent et on les appelle scazons (boiteux) ou choliambes (iambes boiteux).

Comici autem, ut dixi, numeros ideo minus distinxerunt, ut similitudo sermonis communis custodiretur.

Quant aux Comiques, comme je l’ai dit, s’ils ont fait peu de distinctions, c’est qu’ils voulaient maintenir une ressemblance avec la conversation quotidienne.

Itaque Cicero in Oratore sic ait.

C’est pourquoi Cicéron dit ceci, dans L’Orateur :

At comicorum senarii propter similitudinem sermonis, sic saepe sunt abiecti, ut nonnunquam uix in his numerus et uersus intelligi possit 43 .

« Mais les sénaires des Comiques, par leur ressemblance avec la conversation, sont souvent si banals que parfois il est difficile d’y reconnaître un rythme et une forme versifiée ».

Haec confusio cum est maxima, tum carmina uocantur ἀπεμφαίνοντα, id est immanifesta et ἀνάρμοστα :

Quand la confusion est à son comble, on dit alors que les vers sont apemphaïnonta44, c’est-à-dire invisibles et anarmosta (non harmonisés) ; exemple :

Exclusit, reuocat, redeam ? non si me obsecret 45 .

« Elle m’a mis dehors, me rappelle, j’irais ? Nenni ! pas même si elle me suppliait ! ».

Qui uersus, si producas paenultimam, erit dactylicus σπονδαΐζων.

Ce vers, pour peu qu’on allonge sa pénultième, fera un dactyle spondaïque46.

Tres unam pereunt adolescentes mulierem/ 47

Trēs ū/nām pĕrĕ/ūnt ădŏ/lēscēn/tēs mŭlĭ/ĕrĕm.

Totus dactylicus, praeter ultimum iambum.

Le vers est un dactyle, hormis le dernier pied, iambique.

Hoc genus et ad octonarios perducitur a comicis, qui sunt τετράμετροι a Latinis etiam quadrati uocantur.

Ce type va jusqu’à l’octonaire chez les comiques, qui sont des tétramètres, appelés carrés par les Latins.

Habet apud eosdem et κατάληξιν, ita ut ad Senarium additus amphibrachys, id est syllaba breuis longa, breuis : aut bachius, id est, syllaba breuis longa longa, (ultima enim syllaba omnis uersus est indifferens) hos numeros perficiat.

Chez eux il est catalectique en sorte qu’à un sénaire on ajoute un amphibraque (brève, longue, brève) ou un bacchée (brève, longue, longue : de fait la dernière syllabe de tout vers est indifférenciée) pour terminer ce type de rythme.

Nam si remittant quippiam Philumenam 48 .

Nām sī/ rĕmīt/tānt quīp/pĭām/ Phĭlū/mĕnām/.

Hic est τρίμετρος.

C’est un trimètre49.

Addantur illae tres syllabae, dolores, et erit iam τετράμετρος καταλήκτικος.

Ajoutons le trisyllabe dŏlōrēs et ce sera alors un tétramètre catalectique50.

Nam in hoc genere alii pedes, quam supra memorati, non nominantur.

Car dans ce type, il n’y a pas d’autres noms de pieds que ceux répertoriés ci-dessus.

Sed neque seruarunt hoc, ut ante κατάληξιν semper esset iambus, neque non pro syllaba longa catalectica saepe duas breues posuerunt.

Mais d’une part ils n’ont pas gardé la règle qu’il y eût toujours un iambe avant l’ajout catalectique et d’autre part, souvent, au lieu de la syllabe longue catalectique ils ont mis deux brèves.

Edepol lenones, meo animo, nouisti, lusce, lepide 51 .

Edepol lenones, meo animo, nouisti, lusce, lepide52.

Ante κατάληξιν est τρίβραχυς :   Tacuisse mauellem, hau male meditate male dicaces 53 .

Avant la catalexe, il y a un tribraque : Tacuisse mauellem, hau male meditate male dicaces54.

Ante κατάληξιν est spondeus :   Bene ego istam eduxi meae domi et pudice. Si huius miseret 55 .

Avant la catalexe, il y a un spondée : Bene ego istam eduxi meae domi et pudice. Si huius miseret56.

Ante κατάληξιν est dactylus :   Nunquam me orares quin darem. Nunc illum te orare melius est 57 .

Avant la catalexe, il y a un dactyle : Nunquam me orares quin darem. Nunc illum te orare melius est58.

Lius est, in unam syllabam concrescunt.

Lius est est condensé en une seule syllabe.

Hi uersus appellantur Hipponactei, ab auctore et latine septenarii : tum enim, Priscianus ait, Varronem scripsisse, fieri septenarium, cum ad senarium iambicum trisyllabus pes addatur, hoc modo,  Quid immerentibus noces ? qui inuides amicis ?59

Ces vers sont dits hipponactéens, du nom de leur inventeur60, et en latin septénaires iambiques ; car Priscien dit que Varron a écrit qu’on trouve un septénaire lorsqu’à un sénaire iambique on ajoute un pied trisyllabique, comme dans cet exemple : Quĭd īm/mĕrēn/tĭbūs/ nŏcēs ?/ quĭd īn/uĭdēs/ ămīcīs ?

Talia sunt Aristophanae in Pluto, quorum primum hoc, ὦ πολλὰ δὴ τῷ δεσπότῃ ταὐτὸν θύμον φαγόντες 61 .

Il y en a chez Aristophane, dans Plutus, dont le premier exemplaire est ὦ πολ/λὰ δὴ/ τῷ δεσ/πότῃ /ταὐτὸν/ θύμον/ φαγόντες.

Trochacium carmen est ambicum commutatum.

Le vers trochaïque est l’inverse de l’iambique.

Trocheus a uolubilitate et ratione nomen habet, contrarius pes iambo, constans longa et breui, scribe, Musa, uerba.

Le trochée tire son nom de τροχός62 (‘roue’) par analogie ; opposé de l’iambe, constitué d’une longue et d’une brève comme scrībĕ, Mūsă, uērbă.

Hoc iambum non admittit, quemadmodum neque in iambicum trocheus ingreditur, etsi reperitur etiam in Graecis τροχαϊκὸν τετράμετρον καταλήκτικον, in cuius quarto loco ponitur iambus, ut in Nebulis :

Il n’admet pas l’iambe, pas plus que l’iambe n’admet le trochée, même si l’on trouve en grec un tétramètre trochaïque catalectique au quatrième pied duquel on met un iambe, comme dans Les Nuées :

ὦ θεώμενοι, κατερῶ πρὸς γ’ ὑμᾶς ἐλευθέρως 63 .

ὦ θε/ώμε/νοι, κα/τερῶ/ πρὸς γ’ ὑ/μᾶς ἐ/λευθέ/ρως.

Idque εὐπολίδειον ἀσύστατον uocarunt.

Et on l’appelle eupolidien irrégulier.

Sed multo maiore licentia Latini usi fuerunt et passim, ut uidetur, inseruerunt iambos.

Mais les Latins ont eu un usage beaucoup plus permissif et ici ou là, à ce qu’il semble, ils ont mis un iambe.

Docent autem ita fieri hoc carmen, si ad senarium iambicum addamus creticon, qui ἀμφίμακρος, id est, syllaba longa breuis longa : ut aurifex, hoc modo, - Dii boni,  Boni quid porto, sed ubi inueniam Pamphilum ? 64 . Et, - Laetus est,  Nescio quid. nihil est. nondum haec resciuit mala 65 . Ita hos numeros composuisse Archilochum perhibent, atque ab eo μέτρον ἀρχιλόχειον dictum.66

Or on dit qu’on obtient ce pied quand à un sénaire iambique on ajoute un crétique, dit aussi amphimacre, à savoir longue brève longue, comme aurifex ; par exemple : Dī bŏnī,/ Bŏnī/ quīd pōr/tō, sĕd ŭ/b<i> īnuĕnĭ/ām Pām/phĭlūm ?/ 67. Et - Laētŭs ēst,/ Nēscĭŏ/ quīd. nĭhĭl/ ēst. nōn/d<um> haēc rēs/cīuīt/ mălā/. On dit que c’est Archiloque qui a composé ces vers et, d’après son nom, on l’appelle vers archiloquien.

Sed hoc non seruarunt comici, praesertim Latini, ut secundam syllabam breuem semper facerent, quod praeceptum de cretico subiicit, cum in hoc uersu ubique reperiatur, dactylus, anapaestus, spondeus, trocheus, τρίβραχυς.

Mais les Comiques (surtout les Latins) n’ont pas gardé la règle de la seconde syllabe toujours brève, qui vaut pour le crétique, vu qu’à cette place on trouve partout un dactyle, un anapeste, un spondée, un trochée ou un tribraque.

Apage, non placet me hoc noctis esse : cenaui modo 68 .

Apage69, non placet me hoc noctis esse : cenaui modo.

Quid si ego illum tractim tangam ut dormiat ? seruaueris 70 .

Quid s<i> e71/g<o> illum/ tractim/ tang<am> ut/ dormi/at ? ser/uaue/ris.

Exossatum os esse oportet, quem probe percusseris 72 .

Exos73/sat<um> os/ ess<e> o/portet/, quem pro/be per/cusse/ris.

Facinus, nequiter ferire malam male discit manus 74 .

Facinus75/, nequi/ter fe/rire/ malam /male dis/cit ma/nus

Illic homo me interpolabit, meumque os finget denuo 76 .

Illic ho77/mo m<e> in/terpo/labit,/ meumqu<e> os /finget/ denu/o.

In fine esse ante κατάληξιν debet trocheus, ut carminis ratio appareat, sed reperitur et τρίβραχυς ut,

Il faut à la fin qu’il y ait devant la catalexe un trochée, pour faire voir le type métrique, mais on y trouve aussi un tribraque, par exemple :

Quid id exquiris tu, qui pugnis os exossas hominibus 78 .

Quid id exquiris tu, qui pugnis os exossas /homini/bus79.

Et Aristophanes :  ὦ σοφώτατοι θεαταί, δεῦρο τὸν νοῦν προσέχετε 80 .

Et Aristophane : ὦ σοφώτατοι θεαταί, δεῦρο τὸν νοῦν /προσέχε/τε.

Saepe autem multumque usi fuere hoc carmine archilochio comici et illo plurimas sermocinationes composuerunt.

Souvent les Comiques ont fait maint usage du vers archiloquien et en ont composé des dialogues nombreux.

De aliis generibus quid dicam, aut quomodo in Latinis comoediis indicem, non habeo.

Sur les autres types, que dire ou comment l’indiquer dans les comédies latines, je ne sais pas.

Etsi Sisenna, referente Rufino, anapaesticum metrum in Aululariae quadam scena esse dixit, sed concisum ita, ut non intelligatur.81

Pourtant Sisenna, mentionné par Rufin, a dit qu’un mètre anapestique se trouvait dans une scène de l’Aulularia, mais cité de façon si concise qu’on ne le comprend pas.

In his igitur nos frustra torquere, praesertim tam foede corruptis exemplis, et in metricae nequaquam exacta cognitione, nihil necesse, uel potius curiositatis hoc fuerit, otio non admodum liberaliter abutentis.

Sur ce point donc, il ne nous sert à rien de nous torturer en vain, surtout avec des exemples si hideusement corrompus et avec une connaissance de la métrique tout sauf exacte, mais c’est pour satisfaire notre curiosité sans trop abuser de notre temps.

Confusa quidem, id est συγκεχυμένα μέτρα, plurima sese offerunt passim tam in Plauto, quam Terentio. in quibus iambus et trocheus et alii pedes ingredientes haec metra, collocantur promiscue.

De nombreux passages confus, c’est-à-dire des passages polymétriques82, s’offrent à foison chez Plaute comme chez Térence, où iambe, trochée et les autres pieds constitutifs cohabitent pêle-mêle.

Quod autem ad καταλήξεις et βραχυκαταλήξεις et ὑπερκαταλήξεις attinet, de eo magis suspicari possumus, quam certi aliquid demonstrare.

Pour ce qui est des catalexes, des brachycatalexes83 et des hypercatalexes84, nous pouvons faire des conjectures plutôt que des démonstrations certaines.

Qui tamen cogitatione non illiberali his de rebus sese occupare uoluerint, ii primum ad exemplum aliquod rationem numerorum in uersibus conferent, et ita informabunt animo qualemcunque notionem horum.

Néanmoins, si l’on réfléchit savamment sur ces questions, on comparera à tel exemple la scansion des pieds dans les vers et ainsi on se formera mentalement un modèle pour reconnaître chaque type.

Ponatur igitur hoc numeros esse aptos quosdam et determinatos et consentaneos sonos uocis humanae.

Posons donc que les pieds sont des sons d’un certain type de la voix humaine, solidaires, précis et harmonieux.

Hi cum in uoce natura insint, in oratione quoque inesse oportet.

Comme ils se trouvent de façon innée dans la voix, il faut qu’ils se trouvent aussi dans le discours.

Sed cum abest cura conpositionis, et ars quaedam ueluti structurae, facile illi et dissipantur et delitescunt.

Mais, faute d’une règle de composition et d’une technique disons structurelle, ces sons se dissipent facilement et se délitent.

Atque hoc est quod Aristoteles poemata, suapte sponte extitisse et fortuito prodiisse ait, ipse αὐτοσχεδιάσματα uocat85.

Et c’est ce qu’Aristote dit des poèmes qui surgissent d’eux-mêmes et sortent au hasard, ce qu’il appelle des autoskhediasmata (discours improvisés).

Haec concinnitas quaedam in omnibus linguis reperitur ad quam aurium obseruatione adhibita, uersus extitit, elaboratus studio et arte ingeniosorum et doctorum hominum et processu temporum ita suo quisque in genere perfectus, ut nihil fieri elegantius neque pulchrius, aut magis sonorum posset.

Cette sorte d’harmonie s’observe dans toutes les langues et, après un examen minutieux du son, en sort un vers, élaboré par le soin et la technique d’hommes ingénieux et savants, perfectionné progressivement chacun dans son type, en sorte qu’on ne peut rien trouver de plus élégant, de plus beau, de plus sonore.

Potestque de nostris uernaculis cantilenis etiam aliquo modo cognosci, ut, etsi forte hoc ineptum uideatur, sed in docere fideliter cupiente nihil ineptum, ut si conferamus haec nostratia ad illa erudita, nonne in his similiter desinentibus quae nostrum uulgus rhythmos appellat, aliquid iambicis senariis simile agnoscitur ? 

Et dans nos chansons vernaculaires aussi, d’une certaine façon, on peut en juger de même ; par exemple, même si la chose peut sembler inepte (mais rien n’est inepte dans la volonté d’instruire fidèlement), comme si nous comparions les chansons de chez nous à ces poèmes savants, ne reconnaît-on pas dans les finales de ce que notre langue appelle des ‘rythmes’, quelque chose qui s’apparente aux sénaires iambiques ?

Et in modis chorearum, quasi anapaesticum est et Paeonicum melos.

Et dans les modes dansés, il y a quasiment de l’anapeste et de la mélopée en péons.

Sed et in soluta oratione, diligentia nunc multorum, accurate uerba conponens, ῥύθμους qui sunt numeri, efficit.

Mais même en prose, le zèle général aujourd’hui, en mettant les mots dans un ordre soigné, réalise des rythmes, qui sont des pieds.

Certo autem et plane ostendere omnia, id esse eiusmodi puto ut fieri nequeat, quemadmodum et in aliis quae usu perdita fuerunt, instauratio et restitutio absoluta desperanda est.

Mais la situation en est, je crois, au point qu’il n’est pas possible de tout montrer avec certitude et évidence, de même que, dans les autres domaines dont on a perdu l’usage, toute restauration et réparation parfaites sont sans espoir.

Citius enim mihi aliquis illud Hesiodeum plaustrum lignorum centum86 construxerit, quam scenam hoc tempore explicuerit, omnibus partibus et numeris suis, ut dicitur, absolutam.

Car on m’aurait plus vite construit le chariot d’Hésiode aux cent planches qu’on expliquerait aujourd’hui une scène dans son intégrité, avec toutes ses parties et ses rythmes, comme on dit.

Hoc tamen dubium non est, in linguae cuiusque usu communi, harum rerum rationem consistere, quo labefactato aut amisso, illa quoque uacillet atque confundatur, uel potius non magis appareat, necesse est.

Mais il n’y a aucun doute que, dans l’usage quotidien de chaque langue, l’explication est que, quand l’usage chancelle et se perd, la langue aussi, nécessairement, vacille et devient confuse, ou, mieux, ne se laisse plus appréhender.

Est autem in omni genere carminum uarietas numerorum depositionis, ut uocant : ea est uersus conclusio, talis quaedam.

Or il y a dans chaque type de mètre une variété d’achèvement87, comme on dit : c’est la conclusion du vers, dont voici la typologie.

Versus dicitur ἀκατάληκτος, qui est plenus et integer et pedes suos habet totos ut,   Poeta cum primum animum ad scribendum appulit 88 .

On parle de vers acatalecte quand il est plein et entier et qu’il a ses pieds complets, par exemple : Poe/ta cum/ prim<um> ani/m<um> ad scri/bend<um> ap/pulit.

Versus est iambicus trimeter, qui et senarius, ἀκατάληκτος.

Le vers est un trimètre (ou sénaire) iambique acatalecte.

Sic est ἀκατάληκτος Theocriteus hic primus in Fistula :  Οὐδενὸς εὐνάτειρα μακροπτολέμοιο δὲ μάτηρ 89 .

Tout aussi acatalecte chez Théocrite, ce premier vers de La Syrinx : Οὐδενὸς/ εὐνά/τειρα μα/κροπτολέ/μοιο δὲ/ μάτηρ90.

Et postea σκάζων :   μαίας ἀντιπέτροιο θοὸν τέκεν ἰθυντῆρα 91 .

Puis juste après, scazon : Μαίας/ ἀντιπέ/τροιο θο/ὸν τέκεν/ ἰθυν/τῆρα92.

Et mox καταλήκτικος εἰς συλλαβήν :  οὐχὶ Κεράσταν ὅν ποτε θρέψατο ταυροπάτωρ 93 .

Puis juste après, catalectique par manque d’une syllabe : οὐχὶ Κε/ράσταν/ ὅν ποτε/ θρέψατο/ ταυροπά/τωρ 94.

Et πεντάμετρος deinde, uel καταλήκτικος εἰς δύο συλλαβάς :  οὔνομ’ Ὅλον, δίζων, ὃς τᾶς μέροπος πόθον 95 .

Puis un pentamètre ou un hexamètre catalectique sur deux syllabes : οὔνομ’ Ὅ/λον, δί/ζων, ὃς /τᾶς μέρο/πος πόθον/96.

Atque ita usque ad διάμετρα καταλήκτικα εἰς συλλαβήν, καλλιόπᾳ et νηλεύστῳ 97 .

Et ainsi de suite jusqu’à des dimètres catalectiques sur les syllabes, καλλιόπᾳ et νηλεύστῳ/98.

Nam in hoc genere μονόμετρος ἀκατάληκτος fieret unus pes.

Car dans ce type, il pourrait y avoir un monomètre acatalecte constitué d’un seul pied.

Metimur enim omnia genera carminum pedibus duplicatis, praeter dactylicum.

Car nous comptons tous les types de vers par paires de pieds, sauf le dactylique.

Idque et Rufinus testimonio Herodoti comprobauit, ueteres factitasse. nam dactylica oracula reddita fuisse ait τόνῳ ἑξαμέτρῳ 99 .100

Et Rufin a prouvé, sur le témoignage d’Hérodote, que les anciens faisaient ainsi, car il dit que les oracles dactyliques étaient rendus sur le ton de l’hexamètre.

Gygis autem facinoris meminisse Archilochum in iambico uersu τριμέτρῳ, qui huiusmodi quidam ibi ascribitur,   οὔ μοί γε Γύγεω τοῦ πολυχρύσου μέλει 101 .

Quant au forfait de Gygès, Archiloque l’a mentionné dans un trimètre iambique, que l’on cite sous cette forme : οὔ μοί/ γε Γύ/γεω τοῦ/ πολυ/χρύσου/ μέλει/.

Est ergo et elegiacus dactylicus, quem, ut scimus, tribus dactylicis pedibus, additi anapaesti duo, absoluunt :  ὅττι δὲ μοῖρα παθεῖν, οὔτι δέδοικα παθεῖν 102 .

Il y a donc aussi le pentamètre élégiaque qui, nous le savons, consiste en trois pieds dactyliques auxquels on ajoute deux anapestes103 : ὅττι δὲ/ μοῖρα πα/θεῖν, οὔ/τι δέδοι/κα παθεῖν/.

Lis est cum forma magna pudicitiae 104 .

Lis est/ cum for/ma mag/na pudi/citiae/.

Ita penthemimeris utraque coniuncta et ipsa facit spondeum, ut sic pedes quinque dactylici construantur.

Ainsi les deux côtés de la penthémimère sont-ils liés, elle-même sur un spondée, ce qui donne une structure de cinq pieds dactyliques.

Est autem penthemimeris, τομή πενθημιμερής, id est quinaria, cum syllaba in uerbo superest post pedes duos :   Arma uirumque cano 105 .

Quant à la penthémimère (coupe penthémimère, c’est-à-dire quinaire), elle intervient après un mot qui succède à deux pieds : Arma ui/rumque ca/no.

Hephthemimeris, τομή ἐφθημιμερής, cum fit hoc post tres pedes,   Mnesthea Sergestumque uocat 106 .

L’hephthémimère (coupe hephthémimère) intervient après trois pieds : Mnesthea/ Serges/tumque uo/cat.

Sed in aliis uersuum generibus metra duplicatis pedibus procedunt, ut in iambico est hoc μονόμετρον ἀκατάληκτον, id est, habet duos pedes integros,   Pessima mane 107 . Optume, odio es 108 . 109

Mais dans les autres types de pieds, les mètres procèdent par paires, comme dans ce vers iambique, monomètre acatalecte, qui, donc, a deux pieds entiers : Pessima/ mane/. Optum<e>/ odi/o <e>s/.

Δίμετρον hoc, Verebar quorsum euaderet 110 .

Dimètre : uere/bar quor/s<um> eua/deret/.

Τρίμετρον : Obsequium amicos, ueritas odium parit 111 .

Trimètre : obsequi/<um> ami/cos ue/ritas /odium/ parit.

Τετράμετρον : hoc : Quid faciam nunc ? si tres uiri me in carcerem compegerint 112 .

Tétramètre : Quid faci/am nunc ?/ si tres/ uiri/ m<e> in car/cerem/ compe/gerint/.

Atque hactenus producti iambici uersus exempla adduxisse satis fuerit, etsi grammatici πεντάμετρα quoque formam adiiciunt.

Et on se contentera d’allonger jusqu’à 4 les exemples de vers iambiques, même si les grammairiens ajoutent aussi le type du pentamètre iambique113.

Illum autem tetrametrum reperisse Boiscum quendam Cyzicenum, ἐπιγραμμα indicat, tetrametri ἀκαταλήκτου et καταληκτικοῦ, quod legitur in commentario Rufini de metris Terentianis.

Le tétramètre a été inventé par un certain Boïskos de Cyzique, comme l’indique l’épigramme en tétramètre acatalecte et catalectique qu’on lit dans le commentaire de Rufin à la métrique térentienne.

Βοίσκος ἁπὸ Κυζικοῦ, παντὸς γραφεὺς ποιήματος,τὸν ὀκτάπουν εὑρὼν στίχον, Φοίβῳ τίθησι δῶρον. 114

Βοΐσ/κος ἁ/πὸ Κυ/ζικοῦ/, παντὸς/ γραφεὺς/ ποιή/ματος, / τὸν ὀκ/τάπουν/ εὑρὼν/ στίχον,/ Φοίβῳ/ τίθη/σι δῶ/ρον.

Boiscus ille Cyzicenus scriptor omnis carminis Versus pedum octo repperit, Phoeboque dedicauit.

Boïs/cus il/le Cy/zice/nus scrip/tor om/nis car/minis/ Versus/ ped<um> oc/to rep/perit,/ Phoebo/que de/dica/uit (« Boïskos de Cyzique, auteur de chaque type de poème, a découvert le vers octopode et l’a dédié à Phoebus ») 115.

Verum ad καταλήξεις reuertamur.

Mais revenons aux catalexes.

Est igitur καταληκτικός, cum deest quo minus uersus compleatur, syllaba una :   Date, mox ego huc reuertar 116  :  Iambicus δίμετρος καταληκτικός.Prisc., Libri Minores GL 3.425.24.1, 117

Un vers est donc catalectique quand il manque pour le rendre complet une seule syllabe : Date, mox/ eg<o> huc/ reuer/tar. Dimètre iambique catalectique.

Sit enim reuertero, nam et hac forma usi uerbo fuerunt, erit iam ἀκατάληκος.

Car admettons que ce soit reuertero ; s’ils utilisent cette forme, le vers sera alors acatalecte.

Si mihi perget quae uult dicere, ea quae non uult audiet 118 .

Si mihi/ perget/ quae uult/ dicer<e>, e/a quae/ non uult/ audi/et.

Trochaicus Archilochius, id est τετράμετρος καταληκτικός seu quadratus καταληκτικός.

Trochaïque archiloquien, c’est-à-dire tétramètre ou vers carré catalectique.

Sit enim, audientur, erit trochaicus τετράμετρος omnibus numeris absolutus.

Car mettons audientur, et ce sera un tétramètre trochaïque complet dans tous se pieds.

Hypercatalecticus uersus est, in quo syllaba una abundat, huius exemplum de dactylicis adducunt.

Un vers hypercatalecte est un vers qui a une syllabe supplémentaire ; on en donne des exemples dactyliques.

Alloquitur Venus O qui res hominumque Deorumque 119 Iactemur doceas, ignari hominumque locorumque 120 .

Alloqui/tur Venus/ O qui/ res homi/numque De/orumque/, Iacte/mur doce/as, ig/nar<i> homi/numque lo/corumque.

Verum diligentiores in dactylico genere ὑπερκατάληξιν et βραχυκατάληξιν, nominari oportere negant, sed κατάληξι νεἰς συλλαβήν aut εἰς δύο.

Mais les plus rigoureux affirment que, dans la scansion dactylique, il ne faut pas parler d’hypercatalexe ni de brachycatalexe, mais de catalexe sur une ou sur deux syllabes.

Ex Plauto Priscianus δίμετρον iambicum ὑπερκαταληκτικὸν esse hunc uoluit, Hospitio publicitus accipiar 121 122, de quo nos dubitare, neque hanc distinctionem seruasse, ante indicauimus.

Chez Plaute, Priscien a voulu faire de Hospiti/o pu/blicitus/ accipi/ar un dimètre iambique hypercatalecte, ce dont nous doutons, nous l’avons dit, et nous ne retenons pas cette distinction.

Βραχυκαταληκτικὸν dicitur, cum toto pede deficitur uersus integritas.

On parle de vers brachycatalectique quand son intégrité est mise en défaut d’un pied entier.

Vt si μονόμετρον sit, Eheu mihi, βραχυκαταληκτικὸν erit, Eheu.

Par exemple si l’on part d’un monomètre Eheu mihi, Eheu sera brachycatalectique123.

Priscianus δίμετρον hunc retulit, Ita peregre adueniens 124 125 : de quo supra.

Priscien a rapporté ce dimètre : ita pe/regr<e>ad/ueniens/, sur lequel voir supra126.

Et iam fassi sumus, haec neque obseruari, neque exquiri potuisse a nobis et haud scio an a nullo possint omnium qui nunc uiuunt, in tam tenui scientia Musices antiquae, et hac deprauatione exemplorum.

Et nous avons déjà admis que ces faits ne peuvent pas être observés ni recherchés par nous, ni peut-être par aucun de nos contemporains, vu notre pauvre connaissance de la musique antique et l’état désespéré des exemples.

Sciendum autem, Comicos latinos, prologos et primas fere scenas, pertexuisse senariis iambicis, qui sunt τρίμετροι ἀκατάληκτοι.

Il faut aussi savoir que les Comiques latins ont fait les textes de leurs prologues et de leurs toutes premières scènes en sénaires iambiques, qui sont des trimètres acatalectes.

Plautus tamen et in Amphitruone et alibi, in primis statim scenis numeros mutauit.

Cependant Plaute, dans Amphitryon et ailleurs, surtout dans les premières scènes, a changé les mètres.

A trimetris autem ad longiores peruenerunt, ut τετραμέτρους.

Or à partir des trimètres, ils sont parvenus à des vers plus longs comme les tétramètres127.

Mirabar hoc si sic abiret, et heri semper lenitas 128 .

Mira/bar hoc/ si sic/ abi/ret, et he/ri sem/per le/nitas/129.

Ne forte imprudens faciam quod nolit, sciens cauebo 130 .

Ne for/t<e> impru/dens faci/am quod/ nolit,/ sciens/ caue/bo131.

Quid ? credebas dormienti haec tibi confecturos deos 132  ?

Quid ? cre/debas/ dormi/ent<i> haec/ tibi con/fectu/ros de/os ?/133.

Nec non concidisse reperiuntur uersus, ut subiicerent longis breuiores.

Assurément on trouve des vers qui ne coïncident pas et substituent des brèves à des longues.

Nec non confudisse numeros, ut miscerentur trochei et iambi, de quibus iam satis dictum.

Assurément, des pieds se confondent et mélangent trochées et iambes, sur lesquels en voilà assez.

Hoc autem silentio praetereundum134 non est, in iambico et trochaico creticum non esse, quamuis de Archilochii Trochaici structura ille praecipiens, Rufinus ut ferunt, hoc scripserit,   Creticon Archilochus supra caput addit iambi 135 .

Mais il y a un élément à ne pas passer sous silence, c’est que, en versification iambo-trochaïque, il n’y a pas de crétique, même si, sur la structure du trochaïque archiloquien, Rufin a donné ce précepte, selon certains : « Archiloque ajoute un crétique à la tête de l’iambe ».

Nam cretici ratio, qui est, ut diximus, ἀμφίμακρος, temporum quinque, ab hoc genere est alienior.

Car le décompte du crétique, qui est, comme on l’a dit, amphimacre, avec cinq temps136, est incompatible avec ce type.

Itaque quidam inculcantes in iambicos et trochaicos uersus hunc pedem, audiendi, mea quidem sententia non sunt.

C’est pourquoi certains qui inculquent ce pied dans la versification iambo-trochaïque ne doivent pas être pris en compte, à mon avis.

Et si ut uerum fatear, hoc dixisse illi uidentur, in his uersibus reperiri uerba in quibus creticus insit, ut, Edepol, et similia, de quibus postea.

Et, à dire vrai, s’ils semblent avoir dit qu’on trouve dans ces vers des mots dans lesquels niche un crétique, comme Edepol et d’autres, voir ci-dessous.

Non quod in uersu iam sit creticus, sed quod in illis esset uerbis, si totis syllabis plane proferrentur.

Il est faux de dire que le crétique est dans le vers, mais il est dans des mots, si on prononce toutes leurs syllabes.137.

Haec sententia est, ut puto, Scaligeri, uiri eruditi, qui de uersibus Comicis edidit breuem libellum : itaque in eo requisiuimus nonnulla, quae minus explicarentur nobis et uiderentur secundum Platonem, τοῦ πατρὀς δεῖσθαι βοηθοῦ, αὐτἀ οὔτε ἀμύνασθαι οὔτε βοηθῆσαι δυνατὰ αὑτοῖς.138

C’est je crois, l’opinion de Scaliger, homme érudit qui a écrit un bref traité sur la versification comique ; aussi lui avons-nous emprunté quelques éléments pour ne pas avoir à les expliquer trop longuement nous-même et qu’ils semblent, selon le mot de Platon, « avoir besoin d’un père protecteur, incapables qu’ils sont de se défendre et protéger eux-mêmes ».

Ad numeros uersuum comicorum expediendos assumenda sunt ea quae Graeci πάθη nominant λέξεως, quibus et dilatantur et contrahuntur dictiones.

Pour se dépêtrer des pieds des vers comiques, il faut accepter ce que les Grecs appellent « troubles du mot », qui produisent dans les mots des allongements et des contractions.

Idque nimirum tum loquentes communiter fecerunt, ut pluribus aut paucioribus syllabis uerba enuntiarent, quam nos descriptura, aut secundum rationem uersuum nobis notam.

Et par le fait, en parlant communément, ils ont réussi à prononcer les mots avec plus ou moins de syllabes que nous dans l’écriture ou suivant la méthode de scansion connue nous.

De qua re nunc etiam breuiter quaedam memorabimus.

Sur ce sujet, nous ferons un bref rappel.

Dilatantur uerba dissolutione, seu diuisione syllabarum, quae est διαίρεσις.

Les mots sont allongés par la résolution ou la division de syllabes qu’est la diérèse.

Vt iam δισσυλλάβως.

Comme par exemple iam dissyllabique.

Quod et Scaurum Rufinus ait indicasse, qui diceret in Pseudolo, Nunc iam, esse tres syllabas, et Plautum diuisisse Iam in duas.139

C’est ce qu’indique Scaurus, chez Rufin, qui déclare que, dans le Pseudolus, Nunc iam fait trois syllabes et que Plaute a divisé iam en deux syllabes.

Tale est indicatum in eadem fabula, Malai, τρισύλλαβον140.

Même indication dans la même pièce, malai trisyllabique.

Sic et quis, qui, quae et casus horum diuiserunt :   Qui per uirtutem peritat non interit 141 .  

De mêmes quis, qui et leurs autres cas sont divisibles : Qui/ per uir/tutem/ peritat/ non in/terit/142.

Legendum Qui δυοσυλλάβως si est uera scriptura, de quo quaeretur illo in loco.

Il faut lire Qui en deux syllabes, si l’orthographe est authentique, ce qu’on se demandera au passage concerné.

Sed exempla in Plauto iam multa indicauimus.

Mais nous avons déjà donné beaucoup d’exemples plautiniens.

Apud Horatium lib. II. Carm.

Chez Horace, livre 2 des Odes :

Ramis quo obliquo laborant 143 .

Rāmīs qŭ<o> ōblīquō lăbōrānt144.

Est enim uersus ιambicus dimeter145 ὑπερκαταληκτικός.

Il s’agit en effet d’un dimètre iambique hypercatalectique.

Huc pertinet calim, pro clam146, ut Festus ait.

C’est à quoi tend la forme calim pour clam selon Festus.

Et in diuersis uerbis hiatus uocalium.

Et dans divers mots, il faut un hiatus.

Quod tamen non fecisse Latinos, nisi poetas quosdam, Cicero in Oratore scripsit, qui ut uersum facerent, saepe hiauerint.

Cicéron rappelle dans l’Orateur que Les Latins ne faisaient pas cela, sauf certains poètes qui, pour versifier, pratiquaient les hiatus.

said 149 .

Qu’Ennius a dit une fois Scipio/ inuic/te et lui-même : Hoc mo/tu radi/antis e/tesiae/ in uada/ ponti.

Sed sunt et apud Maronem huius diuisionis exempla150 :   Et longum formose uale, uale, inquit, Iola 151 .

Mais on trouve des exemples de ces hiatus même chez Virgile152 : Et lon/gum for/mose ua/le, uale,/ inquit, I/ola/.

Insulae Ionio in magno 153 .

Insulae/ Ioni/<o> in mag/no.

Ter sunt conati imponere Pelio Ossam 154 .

Ter sunt/ cona/ti im/ponere/ Pelio/ Ossam/155.

Glauco et Panopeae et Inoo Melicertae 156 .

Glauco/ et Pano/peae et/ Ino/o Meli/certae.

Apud Horatium, lib. I. Carm.

Chez Horace, livre 1 des Odes :

Ossibus et capiti inhumato 157 .

Ossibus/ et capi/ti inhu/mato/.

Apud Lucretium, lib. V.

Chez Lucrèce, livre 5 :

Passim per caeli uoluunt se inania templa 158 .

Passim/ per cae/li uol/uunt se i/nania/ templa/.

Et libro secundo,   Viuam progeniem qui in oras luminis edant 159 .

Et au livre 2: Viuam/ progeni/em qui in/ oras/ luminis/ edant/160.

Vbi tamen et διαίρεσις esse potest dictionis Qui, ut et in hoc uersu,  At contra quae amara atque aspera cunque uidentur.

On peut d’ailleurs y voir aussi une diérèse de qui161, comme dans ce vers :  At con/tra qŭ<ae> a/mar<a> at/qu<e>/ aspera/ cunque ui/dentur.

Et apud Horatium rursum lib. III. Carm.

Et chez Horace encore, au livre 3 des Odes :

Iam uirum expertae male ominatis/ parcite uerbis 162 .

Iam ui/r<um> exper/tae male/ omi/natis // parcite/ uerbis/.

Et Sermon. lib. I Satyra 9.

Et dans les Satires, livre 1, satire 9 :

Si me amas, inquit, paulum hic ades 163 .

Si me a/mas, in/quit, pau/l<um> hic ades/.

Item cum retinetur littera m, ἀνέκθλιπτος, tum collisio usitata fieri non potest, ut  Insignita fere tum milia militum octo 164 .

De même quand on garde le m en finale sans élision, la collision prévue ne peut pas se faire, par exemple : Insig/nita fe/re tum/ milia/ militum/ octo.

Vt Horatius, Nil opus est te circumagi 165 .

Comme Horace : Nil opus/ est te/ circuma/gi.

Lucret. lib. III. :  Namque papauerum aura potest suspensa, leuisque 166 .

Lucrèce, livre 3 : Namque pa/pauerum/ aura po/test sus/pensa, le/uisque/.

Et libro I Corporum in plumbo est 167 .

Et au livre 1 : /Corporum/ in plum/bo <e>st/.

Et rursus, Plus in se corporum esse 168 .

Et encore : Plus /in se/ corporum/ esse/.

Et mox, Corporum augebit numerum 169 .

Puis : Corporum/ auge/bit nume/rum.

Et paulo post, Corporum atque loci 170 .

Un peu plus bas : Corporum/ atque lo/ci/.

Et rursum lib. III.

Et encore au livre 3:

Sed dum abest quod auemus 171 .

Sed dum a/best quod a/uemus/.

Et libro II. Cetera quae cum ita sunt. 172

Et au livre 2 : Cetera/ quae cum i/ta sunt/.

Et hoc, Nam quod fluuidum est 173 .

Et ceci : Nam quod/ fluuidum/ est.

Atque etiam uocalium concursum et contractionem interposita litera d, prohibuerunt.

Et même les hiatus et les contractions de voyelles sont empêchées par l’insertion d’un d.

Sicut in redeo, redhibeo, redarguo, redoleo, reduncus et in diuersis dictionibus, med erga 174 , ted hoc noctis 175 .

Ainsi dans redeo, redhibeo, redarguo, redoleo, reduncus et dans différentes expressions : med erga, ted hoc noctis.

Ita longae illae manent, si natura longae sunt.

Ainsi restent longues les syllabes longues par nature.

De his exempla quaedam Plautina promiscue ponam, pauca illa quidem, sed de quibus similes loci facile explicari posse uideantur.

Je vais proposer des exemples de ce type empruntés à Plaute, mais quelques-uns seulement, susceptibles de servir facilement d’illustration à d’autres passages comparables.

Iam hi ambo et seruus et hera frustra sunt duo 176 .

Iam hi am/b<o> et ser/uus et he/ra frus/tra sunt/ duo/.

Iam hi am, est iambus, uel soluta dictione Iam, uel retenta litera m.

Iam hi am fait iambe, soit par diérèse de iam, soit par conservation de la finale en m177.

Quot pondo ted esse censes nudum, non edepol scio 178 .

Quot pon/do ted/ esse/ censes/ nudum/, non ede/pol sci/o.

Ille opere foris faciundo lassus noctu aduenit 179 .

Ill<e> o/pere fo/ris faci/undo/ lassus/ noctu/ adue/nit.

Quanquam inuita te carebo, animum ego inducam tamen 180 .

Quanqu<am> in/uita/ te ca/rebo,/ anim<um> e/g<o> indu/cam ta/men.

Te heri me uidisse, qui hac noctu in portum aduecti sumus 181 .

T<e> heri me/ uidis/se, qŭ<i> hac /noctu/ in por/t<um> aduec/ti su/mus.

Blepharonem ut re diuina facta mecum prandeat 182 .

Blepharo/nem ut/ re di/uina/ facta /mecum/ prande/at/.

Nimis bella es atque amabilis et si hoc esse meum hodie 183 .

Nimi’ bel/la <e>s at/qu<e> ama/bilis et/ s<i> hoc es/se meum/ hodi/e.

Qui uersus omnes διαιρέσει explicari poterunt.

Tous ces vers pourront s’expliquer grâce à une diérèse.

Contractio syllabarum crebrior est.

Les contractions syllabiques sont plus fréquentes.

Et apparet, fuisse linguam Latinam magis aptam ad uoces cogendas, quam distrahendas.

Et il appert que le latin est plus apte à condenser les mots qu’à les étirer.

Hoc illud etiam indicat, quod retulit Cicero lib. II. de Diuinatione : Cum M. Crassus exercitum Brundusii imponeret, quidam in portu caricas Cauno aduectas uendens, Cauneas, clamitabat. Dicamus, inquit Cicero, si placet, monitum ab eo Crassum, caueret ne iret 184

La preuve en est aussi donnée par ce que rapporte Cicéron au livre 2 de La Divination : « alors que Crassus débarquait son armée à Brindes, un marchand sur le port, qui vendant des marchandises de Caunum, criait ‘Cauneas !’ (« figues de Caunum ! »). Disons, écrit Cicéron, si l’on veut, que Crassus recevait l’avertissement de ne pas y aller ».

Sonuisse enim apparet illud, cauneas, contractum hoc, caue ne eas.

Car il apparaît que ce mot cauneas sonne comme une contraction de caue ne eas (‘garde-toi d’y aller’) 185.

Haec indicantur omnibus συναλοιφῆς et ἐπισυναλοιφῆς.

Ce sont là les effets de la synalèphe et de l’épisynalèphe.

Synaloephe, quae et συναίρεσις proprie uocatur, cum duae syllabae in unam ueluti confluunt.

Il y a synalèphe (ou proprement synérèse) quand deux syllabes fusionnent pour ainsi dire en une seule.

Vt Phaethon δισσύλλαβον, pro trisyllabo Phaëthon.

Par exemple Phæthon dissyllabique au lieu du trisyllabe Phaëthon.

Cum te deiectum crudeli fulmine Phaethon 186 .

Cum te/ deiec/tum cru/deli/ fulmine/ Phæthon/.

Nam a et e in lingua Latina diphthongum faciunt.

Car a + e en latin font diphtongue.

Deinde187, proinde188, δισσυλλάβως, Lucret.

Deinde, proinde dissyllabiques chez Lucrèce.

Tandem coierunt τρισυλλάβως.

Enfin coierunt trisyllabique189.

Nihil, nil ; mihi, mi : mehe, me : si uis, κατ’ ἔθλιψιν, u, pro consonante, Sis ; ille et terris 190 , illet. Sceptroque innisus eburneo 191 . Eburno. Pendent lychni laquearibus aureis 192 , δυοσυλλάβως.

Nihil, nil ; mihi, mi : mehe, me ; si uis, par élision, u valant consonne, Sis ; ille et terris, illet. Scep/troqu<e> in/nisus e/burneo : eburno193. Pen/dent lych/ni laque/aribus/ aureis/, (aureis en deux syllabes).

Libra diei noctisque pares ubi fecerit horas 194 .

Libra di/ei noc/tisque pa/res ubi/ fecerit/ horas/

Diei, uel die, duabus syllabis.

Que ce soit diei ou die, il vaut deux syllabes.

Tale et rei, συνῃρημένως.

Idem pour rei, avec synérèse195.

Sic Dii, Di sunt ; et iit, it ; periimus, perimus.

De même dii, valant Di ; et iit, it ; periimus, perimus.

Ἐπισυναλοιφὴ autem longius patet, cum qualescunque uocales contrahuntur, deque duabus syllabis una sit, quod saepe nobis mirifice factum uidetur in lingua Graeca et Latina, cum in sua fieri nemo miretur, quia minus considerat.

L’épisynalèphe a des applications plus étendues, quand n’importe quelles voyelles se contractent et que de deux syllabes on en obtient une seule, chose qui suscite notre étonnement en grec et en latin, alors que personne ne s’en étonnerait dans sa propre langue, parce qu’il y prête moins attention.

Secundum autem diuersarum linguarum naturam diuersitas in his est.

Selon la nature des diverses langues, on y voit de la diversité.

Sed exempla ἐπισυναλοιφῆς, ad quam quidem et ἔκθλιψις et συνίζησις referenda, haec sunt, fuit, una syllaba.

Mais les exemples d’épisynalèphe, auxquels il faut rapporter aussi l’élision et la synizèse, sont les suivants : fuit en une seule syllabe196.

Lucret. lib. V.

Lucrèce dans le livre 5 :

Et ambiens multa perussit 197 .

Et/ ambiens/ multa pe/russit/.

Et, Et equorum duellica proles 198 , ubi et σύλληψις esse potest, duel.

Et Et e/quorum/ duellica/ proles, où il peut aussi y avoir syllepse de duel.

Et Et sonitu sterilia 199 .

Et Et soni/tu steri/lia.

Et, Nunc scio quid sit amor 200 , Sco, κατ’ ἐπισυναλοιφὴν legendum201, ut Diomedi placet.

Et, Nunc scio/ quid sit a/mor…, il faut lire sco par épisynalèphe, selon Diomède.

Sodes, si audes.

Sodes = si audes.

Sultis, si uultis, κατ’ ἔκθλιψιν.

Sultis = si uultis par élision.

Suam, sam : suum, sum ; suis, sis : eum, im ; eapse, ea ipsa ; sapsa, se ipsa.

Suam, sam : suum, sum ; suis, sis : eum, im ; eapse, ea ipsa ; sapsa, se ipsa.

Postquam lumina sis oculis bonus Ancus reliquit 202 .

Postquam/ lumina/ sis ocu/lis bonus/ Ancu’ re/liquit/.

Virgines nam sibi quisque domi Romanus habet sas 203 .

Virgines/ nam sibi/ quisque do/mi Ro/manus ha/bet sas/204.

Quo res sapsa loco sese ostentatque iubetque 205 .

Quo res/ sapsa lo/co se/s<e> osten/tatque iu/betque/.

Tuus, tus. Tua, ta. Sue, se. Aut συλλήψει μονοσυλλάβως, sicut suauis.

Tuus = tus. Tua = ta. Sue =se. Ou monosyllabiques par syllepse, comme suauis206.

Est et crebra ἔκθλιψις, et postea contractio. ut Amauerunt, decreuerat, commouerit : Amarunt, decrerat, commorit.

Il y a une élision fréquente puis une contraction : Amauerunt, decreuerat, commouerit / Amarunt, decrerat, commorit.

Et apud Lucretium, irritat uirtutem animi 207 , pro irritauit.

Et chez Lucrèce irritat uirtutem animi pour irritauit208.

Pandite, sultis genas et corde relinquite somnum. 209

Sultis = <si> uultis210 : Pandite,/ sulti’ ge/nas et/ corde re/linquite/ somnum/.

Omnino autem quo minus corriperetur pronuntiatio, non obstitit ueteribus, u pro consonante : ut, Sine inuidia laudem inuenias 211 .

La présence d’u comme consonne n’a jamais empêché les anciens d’abréger la quantité, par exemple sin<e> in<u>i/dia/ laudem inuenias.

Est enim sin inid τρίβραχυς.

Car ça fait /sin inid/, tribraque.

Audiui, audii.

Audiui = audii.

Eliditur et litera m, Multum ille et terris 212 .

On élide aussi m : mult<um> il/l<e> et ter/ris.

Hanc collisionem uocant.

C’est ce qu’on appelle une collision213.

Etiam littera b, non obstitit interdum contractioni syllabarum : ut, abi, μονοσυλλάβως prolatum.

La lettre b également n’a parfois pas empêché la contraction de syllabes, par exemple dans abi prononcé monosyllabique214.

Συγκοπὴ est concisio, cum syllaba diminuitur uerbum.

La syncope est un raccourcissement qui ampute d’une syllabe le mot.

Nis, pro nobis215.

Nis pour nobis.

Scilicet, pro scias licet, capsis, pro cape si uis.216

Scilicet pour scias licet, capsis pour cape si uis.

Emem, pro eundem

Emem pour eundemPaulus apud Fest., De uerborum significatione 67.5. 217.

Cette manus 218 , pro cedite.

Cette manus pour cedite.

Actae non alio rege puertiae 219 , pro pueritiae.

Actae non alio rege puertiae, au lieu de pueritiae.

Euasti ? credo metues, doctusque cauebis 220 .

Euasti ?221 credo metues, doctusque cauebis.

Vixet, cui uitam Deus et sua dextra dedisset 222 .

Vixet223, cui uitam Deus et sua dextra dedisset.

Motus quoque surpere debet 224 .

Motus quoque surpere225 debet.

Quae me surpuerat mihi 226 .

Quae me surpuerat227 mihi.

Extritio autem proprie unius tantum literae est, ut illa ἔκθλιψις litterae m, et literae u, pro consonante : et caldior, lamnae, pro calidior, laminae.

Il y a proprement écrasement228 d’une lettre, comme dans le cas de l’élision de m ou de de u consonne : ainsi caldior, lamnae pour calidior, laminae.

Istic, priore breui, ab oles, pro ab illis ; antiqui enim litteram non geminabant229, ut inquit Festus. qui et fenstram dixere, quam posteriores τρισυλλάβως fenestram.

Istic, avec la première syllabe brève230, ab oles231, pour ab illis ; car les anciens n’utilisaient pas de géminées, aux dires de Festus, et disaient fenstram232, que leurs successeurs ont prononcé en trois syllabes, fenestram.

Senx, uel snex, pro senex.

Senx ou snex pour senex233.

Edepol, Edpol.

Edepol, Edpol234.

Virgines, Virgnes 235 .

Virgines scandé Virgnes236.

Semine oriundi 237 , Sed magis uniuersum 238 apud Lucretium, Semne et unuersum.

Semine oriundi, sed magis uniuersum, chez Lucrèce, se scandent semne et unuersum239.

Sic et in euenat, extrita i litera uidetur, ut apud Ennium, referente Nonio,   Senex sum, utinam mortem oppetam priusquam eueniatQuod in pauperia mea senex grauiter gemam 240 .

De même, semble-t-il, euenat, avec écrasement du i, par exemple chez Ennius, selon Nonius : Sĕnēx/ s<um> ŭtĭnām/ mōrt<em> ōp/pĕtām/ prĭŭ’qu<am> ē/uĕn<i>āt/ Quod in/ pauperi/a m<e>a/ senex/ grauiter/ gemam/

Quin etiam initiales syllabas quasi absorbentes minus expresserunt.

Mieux encore, ils ont assez peu prononcé les syllabes initiales, comme en les absorbant.

Sed ad extritionem reuertamur.

Mais revenons à l’écrasement.

Delicuit igitur in Latina Lingua saepe ac multum in pronuntiationes littera s :   Samnis Spurcus homo uita illa dignus locoque 241 .

En latin, donc, on observe souvent et fréquemment la déliquescence du s dans la prononciation : /Samnis/ Spurcus ho/mo ui/t<a> illa/ dignu’ lo/coque/.

Formido quid ago, da Venus consilium 242 .

Formido/ quid ago,/ da Venu’/ consili/um (…).

Pandite sultis genas 243 .

Pandite/ sulti’ ge/nas (…).

Puncto temporis reddant 244 .

(…) /puncto/ tempori’/ reddant/.

Huc referenda illa quae a Cicerone memorantur, multimodis, uasargenteis, palmet crinibus, tectifractis, pro multis modis, uasis argenteis, palmis et crinibus, tectis fractis245.

C’est à ce phénomène qu’il faut rapporter les exemples rappelés chez Cicéron multimodis, uasargenteis, palmet crinibus, tectifractis, pour multis modis, uasis argenteis, palmis et crinibus, tectis fractis.

Et illae συγκοπαί, secundum quas tali, et ala extitit, de taxillis et axilla246.

Et ces syncopes qui aboutissent à tali et ala à partir de taxilli et axilla.

Et meum factum, exitium, pro meorum factorum et exitiorum, quae in quibusdam usitatae admodum fuerunt, Deum, nummum aureum, liberum247.

Et meum factum, exitium, pour meorum factorum et exitiorum, les formes qu’on trouve attestées chez certains, Deum, nummum aureum, liberum248.

Quin etiam duorum uirorum iudicium, aut trium uirorum capitalium, aut decem uirorum litibus iudicandis, ait se Cicero, dicere nunquam ; quomodo ergo ? nimirum συγκεκομμένως, Duum uirum, et trium uirum, et decem uirum249.

Bien plus, les formes de génitif uirorum iudicium, trium uirorum capitalium ou decem uirorum litibus iudicandis, Cicéron avoue ne jamais les utiliser ; comment cela ? C’est qu’il les utilise syncopés : duum uirum, et trium uirum, et decem uirum.

Item siet, sit.

De même siet, sit.

E republica, pro, ex. ; pomeridianas quadrigas, pro postmeridianas250.

E republica, pour ex251 republica ; pomeridianas quadrigas pour postmeridianas.

His addantur ἀποκοπαί.

Ajoutons-y les apocopes.

Viden’, Ain’, satin’, Men’, Mihin’, de quibus abscissum est ne252.

Viden’, Ain’, satin’, Men’, Mihin’, formes desquelles on a retranché ne.

Exin, dein, proin, amputato de ; famul, pro famulus. Lucret. :

Exin, dein, proin, avec amputation de de ; famul pour famulus, chez Lucrèce :

Ossa dedit terrae proinde ac famul infimus esset 253 .

Ossa de/dit ter/rae proind<e>/ ac famul/ infimus/ esset/.

Volup, Animal, Exemplar, de quibus recisum est e ; illi, pro illic.

Volup, Animal, Exemplar, dont on a coupé le e final ; illi pour illic.

Iam de productione et correptione uocalium multa dici possent.

On pourrait là en dire long sur les allongements et abrègements vocaliques.

Fuit, fieri, extenta priore syllaba.

Fūit, fīeri, avec première syllabe allongée254.

Inclitus, ut ait Cicero, prima breui255.

Inclitus, selon Cicéron, avec première brève.

Secundum haec fiunt mirificae collisiones, elisiones, detritiones et comprehensiones litterarum ac syllabarum, et pronuntiatione uera, quam saepe nos non possumus coniecturis nostris consequi, uersus procedunt, in quibus scriptura non raro, praesertim in dilatando, numeros non seruat.

Selon ces phénomènes se produisent d’étonnantes collisions, élisions, écasements et condensations de phonèmes et de syllabes, et c’est d’après cette prononciation authentique (que souvent nous ne pouvons pas reconstituer par nos conjectures) que les vers sont faits et l’écriture, fréquemment, surtout par des allongements, ne conserve pas la prosodie.

Sed nunc et eorum, de quibus multo minus diximus, quam dici potuisset, et tamen satis fuisse plana indicatio uidetur, Plautina exempla afferamus, et ita tandem hanc quasi commentatiunculam finiamus.

Mais maintenant, sur ces points dont nous avons dit beaucoup moins que nous n’aurions pu et néanmoins bien assez, semble-t-il, ajoutons des exemples plautiniens et finissons ainsi cette sorte de petit traité.

Similem rem ipse in legem iussit esse Iupitter 256 .

Similem rem ipse in legem iussit esse Iupitter.

Aut corripitur Esse, aut est κατ’ ἐπισυναλοιφὴν, Similem δισσύλλαβον.

Ou bien on abrège esse ou, par épisynalèphe, on dit similem en deux syllabes257.

Vt conquisitores fierent histrionibus 258 .

Vt con/quisi/tores/ fierent/ histr<i>o/nibus/259.

Histrionibus, κατὰ συνίζεσιν.

Histrionibus, avec synizèse260.

Nisi maluerit aliquis conquaestores.

A moins qu’on ne préfère la variante conquaestores261.

Qui ne quo placeret alter, fecisset minus 262 .

Qui ne quo/ place/ret al/ter, fe/cisset/ minus.

Qui ne quo, spondeus. pronuntiatione mediam syllabam absorbente.

Qui n<e> quo, spondée, avec absorption de la syllabe centrale.

Qui cum Amphitruone abiuit hinc in exercitum 263 .

Qui c<um> Am/phitruo/n<e> abi<u>it/ hinc in/ exer/citum

Et mox,   Nunc hodie Amphitruo ueniet huc ab exercitu 264 .

Puis : Nunc hodi/<e> Amphitru/o ueniet/ huc ab/ exer/citu.

Hinc in ex. et huc ab ex spondei sunt pari ratione concisionis, in breuitate syllaba quasi euanescente.

Hinc in ex et huc ab ex font des spondées265 pour une identique raison de concision, la syllabe s’évanouissant dans sa brièveté266.

In tabernaculo : id quidem hodie nunquam poterit dicere 267 .

In ta/berna/c<u>l<o> : id qui/d<em> hodie/ nunquam/ poterit/ dice/re.

Simplicissimum est, ut legatur, tabernaclo.

Le plus simple est de lire tabernaclo.

Quid in tabernaclo fecisti ? uictus sum, si dixeris 268 .

Quid in ta/berna/clo fec/isti ?/ uictus/ sum, si/ dixe/ris.

Quid in ta, Trocheus.

Quid in ta, trochée269.

Vel ut annotauimus, Quid in, κατὰ διαίρεσιν anapaestus, et taberna, spondeus.

Ou alors, comme remarqué, qŭĭd īn, anapeste par diérèse, puis tab<e>rna-, spondée.

Ridiculi caussa, uel hunc rogato Sosiam 270 .

Ridicu/li caus/sa, uel hunc/ roga/to So/siam/.

Nam hanc ueram lectionem puto : uel hunc μονοσυλλάβως pronuntiandum.

Car telle est, je crois, la leçon authentique : uel hunc monosyllabique.

Quin, si tu uoles, domi serui qui sunt castrabo uiros 271 .

Quin, si/ tu uo/les, domi/ serui/ qui sunt/ castra/bo ui/ros/.

Dmi μονοσυλλάβως κατ’ ἐπισυναλοιφήν.

D<o>mi, monosyllabique par épisynalèphe272.

Portitorum simillimae sunt ianuae lenoniae 273 .

Porti/t<or>um si/milli/mae sunt/ ianu/ae le/noni/ae/274.

Aut portitum κατὰ συγκοπήν, aut smillimae, κατ’ ἐπισυναλοιφὴν pronuntiandum.

Soit il faut prononcer portit<or>um, par syncope, soit s<i>millimae, par épisynalèphe275.

Da meus ocellus, da mea rosa, da mi anime, da mea uoluptas 276 .

Da meus ocellus, da mea rosa, da mi anime, da mea uoluptas.

Aut sic, Da mus ocel ; aut sic, da ma rosa, et mea uoluptas. o, breui absorpto δισσυλλάβως ; uel ma uoluptas.

Ou il faut da m<e>us ocellus ; ou da m<e>a rosa et uoluptas dissyllabique avec absorption du o ; ou m<e>a uoluptas277.

Lenonis hae sunt aedes, male istis eueniat 278 .

Leno/nis hae/ sunt ae/des, mal<e> is/tis e/uen<i>at/.

Pronuntiandum euenat κατ ἔθλιψιν litterae i.

Il faut prononcer euenat par élision du i.

Credam pudor si cuipiam lenoni siet 279 .

Credam/ pudor/ si cui/p<i>am le/noni /siet/.

Pronuntiandum cuipiam δισσυλλάβως et κατὰ συναίρεσιν et συνίζεσιν.

Il faut prononcer cuipiam en deux syllabes, par synérèse et synizèse.

Voltisne oliuas aut pulpamentum, aut capparim ? 280

Volti<s>n<e> o/liuas/ aut pul/pamen/t<um>, aut cap/parim ?/281.

Oliuas δισσυλλάβως, ut annotauimus : uel potius, Voltine, extrita littera s.

Oliuas dissyllabique, comme remarqué282 ; ou plutôt Volti’ne, avec écrasement du s.

Quis autem scit utra potius pronuntiatio actori arriserit ?

Or qui peut savoit laquelle des deux prononciations a eu la préférence de l’acteur ?

Fateor : abi deprome. age tu interea huic somnium 283 .

Fateor :/ ab<i> de/prom<e>. age/ t<u> intere/<a> huic som/nium/.

Abi de, spondeus : huic som, spondeus, κατ’ ἐπισυναλοιφὴν et συνίζεσιν.

Ab<i> de, spondée ; huic som, spondée, par épisynalèphe et synizèse.

Superstitiosus hic quidem est, uera praedicat 284 .

Super/stitio/sus hic/ quidemst, ue/ra prae/dicat/.

Quidem est ue, spondeus κατ’ ἐπισυναλοιφήν : haec collisio creberrime occurit in comicis uersibus.

Quidemst ue, spondée par épisynalèphe : cette collision se produit très fréquemment dans les vers comiques.

Qui periurum conuenire uult hominem, mitto in comitium 285 .

Qui per/iurum/ conue/nir<e> <u>ult/ hominem/ mitt<o> in/ comiti/um/.

Ni re uult, spondeus, elisa u, pro consonante.

Nir<e> <u>ult, spondée, par élision du u consonne.

Quo is homo insinuauit facto se ad te ? per Dionysia 286 .

Qŭ<o> is ho/m<o> insinu/auit/ facto/ s<e> ad te/ ? per Dio/nysi/a/.

Quo is ho, τρίβραχυς κατὰ διαίρεσιν syllabae quo.

Qŭ<o> is ho, tribraque par diérèse de la syllabe quo.

Nam eum pater eius subegit : nunc mea mater irata est mihi 287 .

N<amgt; e<u>m pater/ eius su/begit :/ nunc mea/ mater/ ira/tast mi/hi/.

Nam eum pater, dactylus est, eius sub aut dactylus liquescente S, aut trocheus, κατ’ ἐπισυναλοιφήν, ut eius, una sit syllaba.

N<amgt; e<u>m pater, dactyle, eius su soit dactyle, avec liquéfaction du s, soit trochée par épisynalèphe, en faisant eius monosyllabique.

Huius quae locuta est quaerere aiebas, filiam 288 .

Huius quae/ locu/tast quae/rer<e> aie/bas, fi/liam/.

Huius, κατ’ ἐπισυναλοιφήν, una syllaba ; sicut, aiebas, duae.

Huius, par épisynalèphe, monosyllabique ; de même aiebas, dissyllabique.

Ego ad anum recurro rursum, Lampadio obsecro 289 .

Ego ad anum/ recur/ro rur/sum, Lam/padi<o> ob/secro/.

Aut est ego ad anum, anapaestus pronuntiatione, e initiale colliquante ; aut etiam prioris hoc cum uersus ultimae dictionis finali syllaba, ut saepe fit, collidente.

Soit eg<o> ad anum fait anapeste dans la prononciation, l’initiale e se coagulant ; soit aussi ce début fusionne avec la syllabe finale du dernier mot du vers précédent, comme il est fréquent290.

Videar fortasse in his alicui nimis diu immorari, et non necessariam, uel etiam inutilem operam consumere.

On pourrait sans doute croire que je m’attarde trop longtemps dans ces questions et que je perds un temps non nécessaire, voire inutile.

Veruntamen ego de re neque prorsus negligenda et digna liberalibus studiis, et a plerisque tractata negligentius, dicendum hoc loco aliquid putaui : quod quidem eiusmodi esse confido, ut qui forte uoluerint in his uersari accuratius, mediocrem occasionem exercendi studium suum habituri esse uideantur.

Néanmoins, sur un domaine qui n’est pas du tout anodin, qui mérite l’attention des arts libéraux et que la plupart ont traité avec trop de négligence, j’ai pensé qu’il fallait ici dire quelque chose ; et je suis sûr que c’est de nature à donner à ceux qui voudront se spécialiser dans ce domaine l’impression qu’ils pourront avoir une petite occasion d’exercer leur pratique.

Etsi autem haec sunt praecipua, per quae poterunt numeri uersuum comicorum expediri et quasi exsolui, tamen et alia quaedam ad hanc curam assumenda sunt, et in primis syllabarum productio, quae ἔκτασις, ac correptio, quae συστολὴ nominatur.

Or, même si ce qui précède constitue le principal pour traiter et quasiment résoudre la versification comique, il y a pourtant d’autres points à envisager pour cet objectif, et d’abord les allongements de syllabes (ce qu’on appelle ektasis) et les abrègements (ce qu’on appelle systole).

Fit autem ἔκτασις, uocali interdum producto natura breui, ut fuit, et fieri, quod supra retulimus.

Il y a ektasis quand une voyelle brève par nature est allongée, comme fūit, fīeri, dont nous avons déjà parlé.

Interdum geminata consonante, ut relligio, redduco, repperit.

Parfois par gémination de consonne, comme dans relligio, redduco, repperit.

Συστολὴ autem, syllaba correpta : ut omitto, et reicio, et συναιρέσει reicio, ut:

Quant à la systole, c’est une syllabe abrégée, comme dans ŏmitto291, reicio et même rei-ci-o avec synérèse, comme dans :

Tityre pascentes a flumine reice capellas 292 .

Tityre/ pascen/tes a/ flumine/ reice ca/pellas/293.

Ita putatur ἐκτεταμένον, Vitam dederitis in undis 294 et, Transieritis aquas 295 .

Ainsi suppose-t-on une ektasis dans Vi/tam dede/ritis in/ undis et dans /transie/ritis a/quas/296.

Etsi quibusdam natura flexionis postulare uidetur, ut in huiusmodi uerbis, ri, syllaba producatur, et illa corripiatur κατὰ συστολήν.

Néanmoins quelques-uns sont d’avis que la nature de cette conjugaison postule que dans ces verbes la syllabe ri soit longue et qu’elle soit abrégée par systole297.

Haec et superius indicatorum παθῶν, de Homero etiamnunc quaedam indicabimus, Ἰλ. Σ :

Ces types de troubles indiqués plus haut, nous en indiquerons encore quelques-uns tirés d’Homère, Iliade, chant 18 :

υἱεῖ ἐμῷ κλυτὰ τεύχεα δόμεναι παμφανόωντα 298 .

υἱεῖ ἐ/μῷ κλυτὰ/ τεύχεα/ δόμ<ε>ναι/ παμφανό/ωντα/.

Est enim δόμεναι, quasi δόμναι, sicut abietibus299, et ariete300, et parietibus301.

Car δόμεναι vaut δόμναι, comme ab<i>etibus, ar<i>ete et par<i>etibus.

Et hoc Ennianum,   Capitibus nutantes pinus, rectasque cupressos 302 .

Et dans ce vers d’Ennius, Cap<i>tibu’/ nutan/tes pi/nus, rec/tasque cu/pressos/.

In quibus tamen συλλήψεις sunt, pronuntiato i, pro consonante, sicut hoc uersu, Ὀδ. γ. : πόλλ’ ἐπιμήρι’ ἔθεμεν 303 .

Dans ces vers, pourtant, il y a des syllepses304, le i se prononçant comme une consonne, comme dans ce vers du chant 3 de l’Odyssée : πόλλ’ ἐπι/μήρι’ ἔθε/μεν (…).

Est enim μήρι’ ἔθε, dactylus.

Car μήρι’ ἔθε fait dactyle.

νῦν δ’ αὖτέ με φίλε’ Ἀθήνη 305 uel ut alibi, φίλαι Ἀθήνη 306 .

νῦν δ’ αὖτέ με φίλε’ Ἀθήνη ou variante, /φίλαι Ἀ/θήνη/.

Et ἔξοχα γάρ μιν ἐφίλατο Παλλὰς Ἀθήνη 307 , pronuntiandum enim quasi gemino λλ, ut φι longum fiat.

Et (…) /ἔξοχα/ γάρ μιν ἐ/φίλατο/ Παλλὰς /Ἀθήνη/ : car il faut prononcer comme avec un double lambda pour allonger la syllabe φι308.

Sicut Ἰλ. B : Ἴλιον ἐκπέρσαντ’ εὐτείχεον ἀπονέεσθαι 309 quasi ἀππονέεσθαι.

De même au chant 2 de l’Iliade, Ἴλιον/ ἐκπέρ/σαντ’ εὐ/τείχεον/ ἀπονέ/εσθαι/, comme si c’était ἀππονέεσθαι.

Tale et illud Ἆρες 310 , quasi Ἄρρες esse uidetur.

Il en va de même, semble-t-il, pour la forme Ἆρες, quasiment Ἄρρες.

Ita et φιλομειδὴς Ἀφροδίτη 311 , habet λο syllabam productam.

De même φιλομειδὴς Ἀφροδίτη, où la syllabe λο est longue.

Et hic uersus similiter pronuntiationis productione sustentatur, Ἰλ. Γ :

Et ce vers a le même genre d’étirement par un allongement de la prononciation, Iliade, chant 3 :

αἰδοῖός τέ μοί ἐσσι φίλε ἑκυρὲ δεινός τε 312 .

αἰδοῖ/ός τέ μοί/ ἐσσι φί/λε ἑκυ/ρὲ δει/νός τε.

Nam et aspiratio breuis uocalis pronuntiationem remoratur, et ρὲ δει, est quasi ρὲ δδει, sicut ἔδδεισε δ’ Ἑλένη 313 .

Car d’une part l’aspiration sur la voyelle brève crée un allongement de la prononciation et d’autre part ρὲ δει fait quasiment ρὲ δδει, comme dans ἔδδεισε δ’ Ἑλένη.

Rursum Ἰλ. E : καί νύ κεν ἔτι πλέονας314 Λυκίων κτάνε δῖος Ὀδυσσεὺς 315 .

De même Iliade, chant 5 : καί νύ κεν ἔ/τι πλέο/νας Λυκί/ων κτάνε/ δῖος Ὀ/δυσσεὺς/.

Etsi poterat facere καί νύ κ’ ἔτι πλέονας, tamen illud maluit, nimirum pronuntiatione uersum expediente, quatuor breuibus syllabis unam longam et duas breues sonantibus ; sicut Ὀδ ζ :

Bien sûr ça pourrait faire καί νύ κ’ ἔ/τι πλέο/νας316, mais il a préféré à l’évidence un vers à la prononciation dégagée, quatre brèves de suite valant une longue et deux brèves317 ; de même Odyssée, chant 6 :

Καὶ τότε Φαιήκων ἐς πόλιν ἴμεν ἠδ’ ἐρέεσθαι 318 .

Καὶ τότε/ Φαιή/κων ἐς/ πόλιν ἴμεν/ ἠδ’ ἐρέ/εσθαι/319.

Est enim πόλιν ἴμεν dactylus non syllabis, sed ueteri pronuntiatione, quam nos exprimere lingua aliena non possumus.

πόλιν ἴμεν forme donc un dactyle, non pas en syllabes, mais en raison d’une ancienne prononciation que nous ne pouvons pas exprimer avec notre langue étrangère.

Hoc loco in mentem mihi uenit uersus, quem Scaliger adduxit ex Euripidis Oreste, in quo esset ὲπισυναλοιφή :

Il me revient à l’esprit, à ce moment, un vers que Scaliger fait venir de l’Oreste d’Euripide, où il y avait une épisynalèphe :

αὐτουργός, οἵπερ καὶ μόνοι σώζουσι πόλιν 320 .

αὐτουρ/γός, οἵ/περ καὶ/ μόνοι/ σώζου/σι πόλιν/321.

Sed nos et in editis ab Aldo exemplis et in explicatione reperimus σώζουσι γῆν.

Mais, tant dans les exemplaires imprimés par Alde que dans le commentaire, nous trouvons /σώζου/σι γῆν/.

Hoc igitur relinquamus.

Laissons donc ce cas.

Ἰλ. Υ :

Dans l’Iliade, chant 20 :

μόρσιμον δέ οἵ ἐστ’ ἀλέασθαι 322 .

¯μόρσι/μον δέ οἵ/ ἐστ’ ἀλέ/ασθαι/.

Vbi manifesta est συγκοπή, et illud μόρσιμον quasi μόριμον.

On y voit une syncope manifeste et le mot μόρσιμον vaut quasiment μόριμον323.

Sicut et in hoc, Ἰλ. Ω :

De même dans ce passage de l’Iliade, chant 24 :

ἐκτὸς μὲν δὴ λέξον γέρον φίλε 324 .

ἐκτὸς/ μὲν δὴ/ λέξον/ γέρον φίλε/.

Est enim plane γρον φίλε.

Car cela fait clairement γρον φίλε325.

Quemadmodum et Ὀδ η : μήδ’ οὗτω φίλον Διὶ πατρὶ γένοιτο 326 est quasi φλον.

De même dans l’Odysée, chant 7, /¯ ¯/ ¯ μήδ’/ οὕτω/ φίλον Διὶ/ πατρὶ γέ/νοιτο/ fait quasiment φλον327.

Iam in hoc Ἰλ. B : βωμοῦ δ’ ὑπαΐξας 328 , συναίρεσις est.

Et dans l’Iliade, chant 2 : βωμοῦ δ’ ὑπαΐξας, il y a une synérèse.

Ἰλ. autem Ω in hoc :  χωόμενος ᾧτινι δήπω ἀδελφεὸν ἔκτανεν Ἕκτωρ 329 , συνίζεσις.

Au chant 24 de l’Iliade : Χωόμενος/ ᾧτινι/ δήπω ἀ/δελφεὸν/ ἔκτανεν/ Ἕκτωρ/, il y a synizèse330.

In hoc uero Ἰλ. Θ :

Mais dans ce passage de l’Iliade, chant 8 :

Ἠὼς μὲν κροκόπεπλος ἐκίδνατο πᾶσαν ἐπ’ αἶαν 331 .

Ἠὼς/ μὲν κροκό/πεπλος ἐ/<σ>κίδνατο/ πᾶσαν ἐπ’/ αἶαν/332.

Et hoc, Ἰλ. B :

Et celui-ci, Iliade, chant 2 :

πολυστάφυλόν θ’ Ἱστίαιαν 333 .

πο/λυστάφυ/λόν θ’ Ἱ<σ>τί/αιαν/.

Et hoc Ἰλ. E :

Et celui-ci, Iliade, chant 5 :

ὅς τ’ ὦκα ῥέων ἐκέδασσε γεφύρας 334 .

ὅς τ’/ ὦκα ῥέ/ων ἐ<σ>κέ/δασσε γε/φύρας/335.

Et paulo ante,   ὅς ῥα καμάνδρου ἀρητὴρ ἐτέτυκτο 336 .

Et un peu plus tôt : ὅς ῥα <Σ>κα/μάνδρου/ ἀρη/τὴρ ἐτέ/τυκτο/.

Et hoc Ἰλ. H :

Et celui-ci, Iliade, chant 7 :

τοῦ δ’ ἤτοι κλέος ἔσται ὅσον ἐπικίδναται ἠώς 337 .

τοῦ δ’ ἤ/τοι κλέος/ ἔσται ὅ/σον ἐπι/<σ>κίδναται/ ἠώς/.

Et hoc Ὀδ ε :

Et celui-ci, Odyssée, chant 5 :

κλῦθι, ἄναξ, ὅτις ἐσσί 338 .

κλῦθι, ἄ/ναξ, ὅ<σ>τις/ ἐσσί ̆ /.

Et hoc Ὀδ λ :

Et celui-ci, Odysée, chant 11 :

καί ῥ’ ἔσχον δύο παῖδας, Ἀμφίονά τε Ζῆθόν τε 339 .

καί ῥ’ ἔσ/χον δύο/ παῖδ<ας>, Ἀμ/φίονά/ τε Ζῆ/θόν τε/,

παῖδας Ἀμφ spondeus liquescente littera σ ; ut in superioribus uersibus omnibus cursui haec numerorum obstaret, nisi remoueretur pronuntiatione.

παῖδας Ἀμφ fait spondée, avec liquéfaction du sigma ; comme dans tous les vers précédents, le sigma contrarierait le cours de la scansion, sauf à le décompter de la prononciation.

Nam si uersibus aliquis alienos pedes, qui sunt proceleusmaticus, et creticus seu ἀμφίμακρος, aut nescio quos alios inserit, cum constet heroici carminis proprios pedes esse, dactylum ac spondeum, iambici, iambum, spondeum et spondeo aequales, trochaici, trocheum et spondeum et huic aequales, et alios alius generis, illum igitur qui admiscet alienos, non audiendum putamus, corrumpentem carminis modos, et numerorum rationem dissoluentem.

Car si l’on insère à tels vers des pieds étrangers, comme le procéleusmatique et le crétique (ou amphimacre) ou je ne sais quels autres pieds, alors qu’il est établi que le pied propre de l’hexamètre est le dactyle ou le spondée, celui du vers iambique l’iambe, le spondée et les monnaies du spondée, celui du vers trochaïque le trochée et le spondée et les monnaies du spondée, et les autres types selon leur genre, celui, donc, qui mélange des pieds hétérogènes ne doit pas être pris en compte, à mon avis, puisqu’il corrompt les cadences poétiques et anéantit les règles prosodiques.

Sed pronuntiatio haec omnia quondam nullo cum negotio et sine omni insuauitate explicuit.

Mais c’est la prononciation qui, à l’occasion, a pu expliquer tous ces faits sans difficulté et sans désagrément.

Quare non assentior, neque Plutarcho, qui Homerum studiosum bonae narrationis, compositionem neglexisse scribit, et primum statim uersum ἄμετρον extulisse, Μῆνιν ἄειδε θεὰ Πηληϊάδεω Ἀχιλῆος 340 .341

Aussi ne suis-je pas d’accord avec Plutarque, qui écrit qu’Homère était soucieux de bien raconter mais négligeant dans la composition et d’emblée avait produit un premier vers amétrique, Μῆνιν ἄ/ειδε θε/ὰ Πη/ληϊά/δεω Ἀχι/λῆος/342.

Non enim ille ita extulit ut Plutarchus, multo minus ut nos, secundum perscriptas litteras.

C’est qu’Homère ne prononçait pas comme Plutarque, encore moins comme nous, en fonction de l’orthographe.

Neque Scaligero infulcienti creticos in iambicos modos.

Ni d’accord avec Scaliger qui introduit des crétiques dans les cadences iambiques.

Qui Erasmi sententiam de syncopa in nomine Voluptas cum exagitat, mentione Teutonici soni, facit, ut mihi uidetur, inclementer. Nam neque nostrae, neque ipsius gentis lingua exprimere elegantiam antiquitatis, et praestare pronuntiationis sinceritatem, neque sine studio et cura singulari maxima in pronuntiando uitia uitare possit. Neque ipse animeduertit, dum reprehendit Erasmum quasi Teutonum crasso aere natum, sonantem aliquid plenius, se reprehensioni ipsum exponere, quasi minus cogitatae congruitatis in uerbis ; quis enim, mea uolup. dixit ? cum uolupe, unde uolup, decurtatum, neutri formam habeat et saepe aduerbii significationem : ut, Volupe est, quod agas, si id procedit lepide ex sententia 343 .344

Ce dernier, évoquant l’avis d’Érasme sur la syncope dans le nom uoluptas, en mentionnant un son allemand, agit mal, selon moi. Car ni notre langue ni la sienne ne sauraient exprimer l’élégance de la langue antique, ni garantir l’authenticité de la prononciation, ni éviter des fautes de prononciation, sauf au prix d’un travail et d’un soin extrêmes. Et lui-même n’a pas remarqué que, quand il reproche à Érasme, en tant que natif d’un pays germanique, de prononcer de façon trop pleine, il s’expose lui-même au reproche d’une trop faible réflexion sur l’harmonie dans les mots ; en effet, qui a dit mea uolup, dans la mesure où uolupe, d’où la forme abrégée uolup, a une forme de neutre et souvent un sens adverbial, comme Volupe est, quod agas, si id procedit lepide ex sententia ?345

Etsi ad hoc delabitur ut uoluptas, anapaesticam uelit esse dictionem, id quidem melius, sed illae συγκοπαί pronuntiationis rectius expediunt numeros, mea quidem sententia, et antiquitate teste, cuius unum etiam nunc exemplum adducere uisum, Hesiodi, Ἄσκρῃ, χεῖμα κακῇ, θέρει δ’│ ἀργαλέῃ, οὐδέ ποτ’ ἐσθλῇ 346 , est enim θρει et λῃ.

Même s’il va jusqu’à proposer une prononciation anapestique de uoluptas347, ce qui est certes meilleur, ces sortes de prononciations syncopées débrouillent mieux les rythmes, à mon avis et au témoignage de l’antiquité, dont j’ai cru bon d’ajouter encore un exemple, d’Hésiode, Ἄσκρῃ, χεῖμα κακῇ, θέρει δ’│ ἀργαλέῃ, οὐδέ ποτ’ ἐσθλῇ, car cela fait θρει et λῃ.

Sed de hac re, cum tantum iam uerborum fecerim, plus quidem quam initio institueram me facturum esse, nunc desinam, et haec nostra iudicio aliorum submitto ; et quod restat, obseruationem et curam harum rerum diligentium studio committo.

Mais sur ce sujet, alors que j’ai fait déjà un si long discours, plus que je n’avais prévu de faire au début, je vais m’arrêter là et je soumets mes réflexions au jugement d’autrui ; et pour le reste, je confie mes observations et mon travail à ceux qui sont spécialistes de ces questions.

Quantulamcunque autem operam hanc industriae meae cupio omnes boni consulere, quod bonos et bonarum artium cupidos scio esse facturos : ii enim neque ullam in literis exquisitionem nimis paruam et futilem ducunt, neque hos conatus indicationis nostrae poterunt despicere ; περὶ δὲ τῶν ἄλλων, οὐ φροντὶς Ἱπποκλείδῃ 348 .

En tout cas, ce petit travail issu de mon énergie, je souhaite que tous en jugent bien, ce que je sais que feront les gens de bien et ceux qui veulent se cultiver ; car eux ne trouvent aucune recherche littéraire trop mince ou trop futile et ne pourront mépriser ces efforts de notre contribution ; « pour le reste, pas de souci pour Hippoclidès ».


1. Cic., Br. 60. nam Plautus P. Claudio L. Porcio uiginti annis post illos quos ante dixi consulibus mortuus est Catone censore, « Car Plaute est mort vingt ans après ceux que j’ai dits, sous le consulat de P. Claudius et L. Porcius, sous la censure de Caton ».
2. Cic., Br. 258. mitto C. Laelium P. Scipionem : aetatis illius ista fuit laus tamquam innocentiae sic Latine loquendi - nec omnium tamen; nam illorum aequales Caecilium et Pacuuium male locutos uidemus, « je laisse de côté Laelius et Scipion : leur génération s’enorgueillit d’une pureté de mœurs et de la langue latine – sauf exception, car leurs contemporains Caecilius et Pacuvius parlaient mal, d’après ce que nous voyons ».
3. Cic., Br. 76.
4. Le raisonnement est sans doute le suivant : la langue comique donne les fondements de la bona oratio et diserta, mais seulement les fondements, car pour l’architecture (compositio) et la construction (aedificatio), il faut des ouvrages plus sérieux, comme (sans doute implicitement) Cicéron et Quintilien.
5. Le texte porte ac, que nous corrigeons.
6. Soph., O. R. 110-111. Le texte édité de Sophocle est en général τὸ δὲ ζητούμενον ἁλωτόν, ἐκφεύγει δὲ τἀμελούμενον ; les commentateurs et lexicographes en connaissent aussi, au début, une variante πᾶν τὸ ζητούμενον (ainsi Plut., Fort. 98 a ou la Souda).
7. Ter., Eun. 311. sic adeo digna res est, ubi tu neruos intendas tuos, « l’affaire mérite que tu y tendes tes nerfs », c’est-à-dire « que tu y mettes ton énergie ».
8. Allusion à Orphée.
9. Ov., M. 5.274-293. Il s'agit de Pyrénée, roi de Daulis, qui tomba d’une tour et se tua en essayant de suivre les Muses.
10. En grec dans le texte.
11. Nous ne trouvons rien qui ressemble d’assez près à cette définition, qui paraît donc originale.
12. Hor., P. 282-282.
13. Hor., Ep. 2.1.139-155. La formulation de Camerarius laisse retrouver particulièrement des mots des vers 145-146, Fescennina per hunc inuecta licentia morem/ uersibus alternis opprobra rustica fudit, « instaurée par suite de cette coutume, la licence fescennine/ répandit en vers alternés de rustiques insultes ».
14. Arstt., Poet. 1448a 32. Cela semble être un résumé et traduction personnelle d’un passage légèrement discontinu καὶ οἱ ἐκ Σικελίας, ἐκεῖθεν γὰρ ἦν Ἐπίχαρμος ὁ ποιητὴς πολλῷ πρότερος ὢν Χιωνίδου καὶ Μάγνητος (…) ποιούμενοι τὰ ὀνόματα σημεῖον « Ceux [les Doriens] de Sicile, car Épicharme était largement antérieur à Chionidès et à Magnès (…) ils utilisent les noms comme preuve ».
15. Arstt., Poet. 1448 a 28 sq.. Tout ce qui précède est un résumé du paragraphe d’Aristote : διὸ καὶ ἀντιποιοῦνται τῆς τε τραγῳδίας καὶ τῆς κωμῳδίας οἱ Δωριεῖς (τῆς μὲν γὰρ κωμῳδίας οἱ Μεγαρεῖς οἵ τε ἐνταῦθα ὡς ἐπὶ τῆς παρ’ αὐτοῖς δημοκρατίας γενομένης καὶ οἱ ἐκ Σικελίας, ἐκεῖθεν γὰρ ἦν Ἐπίχαρμος ὁ ποιητὴς πολλῷ πρότερος ὢν Χιωνίδου καὶ Μάγνητος· καὶ τῆς τραγῳδίας ἔνιοι τῶν ἐν Πελοποννήσῳ) ποιούμενοι τὰ ὀνόματα σημεῖον· αὐτοὶ μὲν γὰρ κώμας τὰς περιοικίδας καλεῖν φασιν, Ἀθηναίους δὲ δήμους, ὡς κωμῳδοὺς οὐκ ἀπὸ τοῦ κωμάζειν λεχθέντας ἀλλὰ τῇ κατὰ κώμας πλάνῃ ἀτιμαζομένους ἐκ τοῦ ἄστεως·(1448b) καὶ τὸ ποιεῖν αὐτοὶ μὲν δρᾶν, Ἀθηναίους δὲ πράττειν προσαγορεύειν, « C’est aussi pour cette raison que les Doriens revendiquent la tragédie et la comédie (la comédie est revendiquée par les Mégariens ; par ceux d’ici, suivant qui elle serait née du temps où ils étaient en démocratie, et par ceux de Sicile : c’est de Sicile en effet que provenait le poète Épicharme, antérieur de beaucoup à Chionidès et à Magnès ; la tragédie est revendiquée par quelques Doriens du Péloponnèse) ; et ils tirent un indice des termes employés. Ils disent qu’ils donnent eux le nom de κῶμαι aux bourgades qui sont aux environs de leurs villes tandis que les Athéniens les appellent dèmes, et que les comédiens tirent leur nom non pas de κωμάζειν (célébrer) mais du fait que, rejetés avec mépris de la ville, ils erraient dans les κῶμαι. Ils allèguent aussi que pour dire ‘faire’ ils emploient le mot δρᾶν, tandis que les Athéniens disent πράττειν » (trad. Jean Hardy, C.U.F.).
16. Auteur de l’Ancienne Comédie connu par quelques fragments tirés de son Rire ou de sa Danaé principalement et évoqués par Athénée notamment. Il est cité aussi dans la Vie d’Aristophane.
17. Hor., S. 1.4.1.
18. Nous corrigeons la coquille dento.
19. Hor., Ep. 2.1.150-151. doluere cruento/ dente lacessiti.
20. Hor., Ep. 2.1.152-154.
21. Allusion à la Loi des XII Tables, interdisant, à Rome, les mala carmina, les incantations magiques. Cette loi est sans rapport avec le propos mais c’est un topos fréquent, consistant, depuis les Latins eux-mêmes, à mélanger les histoires littéraires grecque et romaine, comme si elles avaient nécessairement partie liée.
22. Platonius, Frag. Comicorum Graecorum fragmenta 1.1, p. 19 sq.  Kaibel. ἴσμεν γοῦν τὸν Εὔπολιν ἐπὶ τῶι διδάξαι τοὺς Βάπτας ἀποπνιγέντα εἰς τὴν θάλασσαν ὑπ’ ἐκείνου εἰς ὃν καθῆκε τοὺς Βάπτας « nous savons qu’Eupolis, au moment de produire ses Purificateurs, fut noyé en mer par celui contre qui il avait proposé Les Purificateurs ». Cet ennemi serait, selon une tradition, Alcibiade, visé par les attaques d’Eupolis ; Alcibiade aurait profité de l’expédition de Sicile de 415, où le poète était embarqué, pour jeter par-dessus bord. Le titre de la pièce incriminée, Βάπται, signifiant littéralement « ceux qui immergent », on aurait alors une version agressive de l’arroseur arrosé. C’est sans doute trop beau pour être vrai. Une tradition plus crédible le fait mourir en 411 dans un naufrage lors de la guerre du Péloponnèse.
23. Val. Max., Dictorum factorumque memorabilium libri 2.4.4. A Valère Maxime, qu’on rappelle ici en traduction, Camerarius emprunte des segments entiers : « Je vais maintenant rappeler l’occasion de l’établissement des jeux publics en remontant à leur origine. Sous le consulat de C. Sulpicius Peticus et de C Licinius Stolon, une épidémie d’une extrême violence avait détourné notre république des opérations de guerre et avait sollicité son inquiétude sur ce fléau domestique et interne. Désormais, on semblait voir plus d’assistance dans un culte divin bien choisi et inédit que dans une quelconque décision humaine. Aussi, pour apaiser la divinité, on composa des hymnes auxquels le peuple offrit son oreille curieuse, lui qui, jusqu’alors, s'était contenté des spectacles du cirque que Romulus, lors de l’enlèvement des Sabines, fit célébrer pour la première fois en l’honneur du dieu Consus. Mais l’habitude humaine de faire grandir ce qui avait eu un début modeste, fit qu’aux paroles de respect envers les dieux, la jeunesse folâtre, par des mouvements du corps frustes et sans art, ajouta des gestes et cela fournit l’occasion de faire venir d’Étrurie un ludion, dont la gracieuse souplesse, venue des antiques Curètes et des Lydiens, dont les Étrusques tirent leur origine, charma par son agrément inédit les yeux des Romains. Et, comme le ludion se nommait hister chez eux, on donna le nom d’histrion à tous ceux qui montent sur la scène. Puis l’art scénique glissa peu à peu jusqu’à la forme de la satura, à partir de laquelle le poète Livius Andronicus, le premier de tous, opéra un transfert vers des intrigues dramatiques qui captèrent les esprits des spectateurs.
24. Cic., Br. 72. atqui hic Livius [qui] primus fabulam C. Claudio Caeci filio et M. Tuditano consulibus docuit anno ipso ante quam natus est Ennius, post Romam conditam autem quarto decumo et quingentesimo, « Or ce Livius, le premier, produisit une pièce sous le consulat de C. Claudius, fils de l’Aveugle, et de M. Tuditanus, un an avant la naissance d’Ennius, en 514 après la fondation de Rome ». Il donne la même information, mais plus évasive, en Tusc. 1.1.3, source probable de Camerarius puisqu’on lit annis fere DX post Romam conditam « environ en 510 de Rome ». Il reste qu’il y a une différence de cent ans avec l’indication donnée dans Les Tusculanes. Mauvaise lecture d’une variante (possible) de DX, écrit CCCCCX ? Camerarius s’explique plus bas sur cette anomalie chronologique.
25. Liv., Ab urbe condita 1.35.8-9.
26. Liv., Ab urbe condita 28.10.6.
27. Liv., Ab urbe condita 7.2.
28. Liv., Ab urbe condita 36.36.4. Passage repris presque exactement : tredecim annis postquam locata erat dedicauit eam, M. Iunius Brutus, ludique ob dedicationem eius facti, quos primos scaenicos fuisse Antias Valerius est auctor, Megalesia appellatos, « 13 ans après avoir placé le temple, M. Junius Brutus l’inaugura et des jeux, pour cette dédicace, furent faits, que Valerius Antias garantit être les premiers jeux scéniques, les jeux appelés Mégalésiens ».
29. Cic., Tusc. 1.3.
30. Voir ci-dessus. C’est conforme au texte des Tusculanes, sauf pour l’approximation fere.
31. Gell., Noct. 17.21. Allusion à la notice de chronologie relative que fait Aulu-Gelle. Au paragraphe 42 il précise que c’est vingt ans après l’année 490 (évoquée au § 40) que Livius a commencé à produire du théâtre à Rome.
32. Cic., Br. 72. Allusion peut-être à ce passage : est enim inter scriptores de numero annorum controuersia, « les auteurs ne sont pas d’accord sur le nombre des années ».
33. Hor., P. 275.
34. Arstt., Poet. 1448b30. ἐν οἷς κατὰ τὸ ἁρμόττον καὶ τὸ ἰαμβεῖον ἦλθε μέτρον —διὸ καὶ ἰαμβεῖον καλεῖται νῦν, ὅτι ἐν τῷ μέτρῳ τούτῳ ἰάμβιζον ἀλλήλους, « là, en harmonie avec le sujet, partit le mètre iambique (c’est encore son nom aujourd’hui, car c’est avec ce mètre qu’ils s’invectivaient (iambizeïn).
35. Arstt., Poet. 1449a24. L’idée, avant d’être relayée en latin, est exprimée par Aristote : μάλιστα γὰρ λεκτικὸν τῶν μέτρων τὸ ἰαμβεῖόν ἐστιν· σημεῖον δὲ τούτου, πλεῖστα γὰρ ἰαμβεῖα λέγομεν ἐν τῇ διαλέκτῳ τῇ πρὸς ἀλλήλους, ἑξάμετρα δὲ ὀλιγάκις καὶ ἐκβαίνοντες τῆς λεκτικῆς ἁρμονίας, « car le plus dicible de tous les mètres, c’est l’iambique ; la preuve en est que quand nous parlons dans la conversation quotidienne, nous disons beaucoup d’iambes et peu d’hexamètres, et alors seulement quand nous quittons le ton de la conversation ».
36. Nous rétablissons le terme grec qui se cache dans cette étymologie implicite.
37. Hor., P. 80-82.
38. Catul., Ep. 4.1-2.
39. Hor., Epo. 2.1.
40. Hor., P. 256-258.
41. Virg., En. 3.517.
42. Mart., Ep. 7.26.1.
43. Cic., Or. 184.
44. Sur ce terme technique, voir par exemple Aristide Quintilien, De Musica, 1.28.36 : καλεῖται δέ τινα καὶ ἀπεμφαίνοντα, ὅταν ἐν τοῖς συνθέτοις ποσίν, ὅπου χρεία βραχείας, μακρὰ παραληφθῇ, ᾧ τινες καὶ τῶν ἀρχαίων κέχρηνται διὰ τὴν τῶν ὀνομάτων ἀνάγκην, « on appelle certains <segments = kôla> invisibles, quand dans des pieds composés là où il faut une brève, on accepte une longue ; certains, même parmi les anciens, font cela, en fonction de la nécessité des noms.
45. Ter., Eun. 49.
46. Le vers de Térence est un sénaire iambique : ēxclū/sīt rĕuŏ/cāt rĕdĕ/ām nōn/ sī m<e> ōb/sĕcrĕt/ avec des variantes préférentielles possibles de tribraques au lieu de dactyles aux pieds 2 et 3 et finale indifférenciée. On peut par commodité allonger la pénultième pour un pied 6 sēcrĕt et l’on obtient alors un hexamètre dactylique correct et bien césuré (mais pondaïque, puisque son pied 5 est un spondée) : ēxclū/sīt rĕuŏ/cāt rĕdĕ/ām nōn/ sī m<e> ōb/sēcrĕt/. Cette particularité a amusé plusieurs grammairiens. Rufin (GL 6.556.3) corrige même la fin pour en faire un totus herous uersus « un vers entièrement épique » : ad summam paucis syllabis in postremo mutatis totus erit herous, 'exclusit, reuocat, redeam ? non, si mea fiat’, ‘en somme, changeons quelques syllabes de la fin, et il sera entièrement épique : ēxclū/sīt rĕuŏ/cāt rĕdĕ/ām nōn/ sī mĕă/ fīăt/ ».
47. Pl., Truc. 1.
48. Ter., Hec. 349, Le vers est normalement édité nam si remittent quippiam Philumenae ; il est cité par Rufin.
49. Ce qu’en prosodie latine nous nommons donc un sénaire iambique.
50. Ce qu’en prosodie latine nous nommons donc un septénaire iambique. Voir Nougaret, § 168.
51. Pl., Curc. 505.
52. Ce vers de Plaute illustre les deux dérogations à la fois : il a un spondée /tī lūsc/ avant la catalexe (et non un iambe) et sa partie catalectique ce le pi de (péon quatrième) a quatre syllabes (au lieu de trois), le groupe lepi remplaçant la longue attendue du bacchée ou de l’amphibraque annoncé ci-dessus.
53. Pl., Curc. 512. Ernout édite tacuisse ma<ue>llem. Hau male meditate maledicax es et donne à Camerarius la prime de ce mauellem qu’il prend en compte, au lieu du mallem des manuscrits.
54. Tribraque te ma le au lieu d’un iambe régulier.
55. Pl., Curc. 518.
56. /S<i> hūiūs/ forme un spondée avant la catalexe miseret (bacchée).
57. Pl., As. 675. Le nunc n’est pas dans les éditions modernes.
58. On comprend donc que la scansion de Camerarius isole ici une catalexe lius est (bacchée), devant laquelle niche en effet le dactyle rare me. Mais dans ce cas, la suite semble incohérente, s’il faut compter liu’st comme un monosyllabe. Le vers, tel qu’édité par Camerarius, se scande bien comme un septénaire, fini en rare me (dact. 7e) liust (syllabe surnuméraire) mais c’est la place de la catalexe qui paraît déplacée par rapport au raisonnement tenu jusqu’ici.
59. Diom., Ars 3.515, C’est en fait chez Diomède qu’on trouve une formulation presque identique (que par ailleurs Rufin attribue tantôt à Diomède, tantôt à Charisius, Rufin. Gramm., In metra comicorumGL 6.555.5 et 16) ; l’exemple cité par Diomède est le même qu’ici et il traîne aussi chez Caesius Bassus et Rufin. C’est en fait un vers ad hoc de grammairien, dont on notera qu’il est pur et constitué uniquement d’iambes, preuve suffisante sans doute de son caractère artificiel.
60. Le poète grec Hipponax.
61. Ar., Pl. 253.
62. Nous rétablissons le terme grec qui se cache dans cette étymologie implicite.
63. Ar., Nub. 518. On édite ce vers en général sans la particule γ’.
64. Ter., Andr. 338.
65. Ter., Andr. 339.
66. Rufin. Gramm., Metr. Com. GL 6.558.25, Tout ce raisonnement (un crétique suivi d’un sénaire iambique donne un septénaire trochaïque) est chez Rufin, qui donne les mêmes exemples térentiens et la règle suivante, en hexamètre : Creticon Archilochus supra caput addit iambi « Archiloque ajoute un crétique à la tête de l’iambe ».
67. Nous adoptons la présentation de Camerarius. Le vers de Dave est d’un seul tenant et prononcé par le même personnage. Mais le raisonnement de Camerarius est qu’on pourrait avoir un sénaire à partir de boni quid porto et que le crétique Di boni mis devant le transforme en septénaire trochaïque. La scansion que nous adoptons est celle de ce raisonnement : nous trouvons donc un sénaire dans la ligne 2. Mais l’ensemble est en réalité bel et bien un septénaire trochaïque.
68. Pl., Amph. 310.
69. Ici un tribraque.
70. Pl., Amph. 313.
71. Ici un trochée.
72. Pl., Amph. 318.
73. Ici un spondée.
74. Pl., Amph. 315. Leo et Ernout éditent au premier mot facimus, ce qui ne change pas la scansion.
75. Ici un anapeste.
76. Pl., Amph. 317.
77. Ici un dactyle.
78. Pl., Amph. 342.
79. On a en effet le tribraque homini devant le demi-pied catalectique final.
80. Ar., Nub. 575.
81. Rufin. Gramm., Metr. Com. GL 6.561.8, In Aulularia sic, ‘haec scaena anapaestico metro est, sed concisa sunt, ut non intellegas’. Sisenna lui-même, donc, ne retrouvait pas la séquence anapestique en question et la rappelait de seconde main.
82. Dans le texte sygkekhuména métra, des « mètres confondus ».
83. Les vers brachycatalectes sont ceux à qui il manque un pied (Aristid. Quint. Mus. 50).
84. Les vers hypercatalectes ont une syllabe de trop à la fin.
85. Arstt., Poet. 1148b24.
86. Erasme, Adagia 3288, . Ἑκατὸν δέ τε δούρατ’ ἀμάξης, passé en proverbe pour désigner une tâche ardue.
87. Le terme depositio désigne la fin d’une période en rhétorique : voir Quint., I.O. 11.3.34.
88. Ter., Andr. 1.
89. Thcr., Syr. 1.
90. Il s’agit donc ici d’un hexamètre dactylique.
91. Thcr., Syr. 2.
92. L’hexamètre est ici scazon (boiteux) en ce que son pied 5 est un spondée au lieu du dactyle réglementaire.
93. Thcr., Syr. 2.
94. L’hexamètre est catalectique : son pied 6 est tronqué de sa dernière syllabe.
95. Thcr., Syr. 5.
96. Ce n’est pas un pentamètre élégiaque mais un hexamètre tronqué de son dernier pied.
97. Thcr., Syr. 19-20.
98. La raison de ces dérogations successives dans ce poème de Théocrite est évidemment que la Syrinx est un poème figuré (calligramme) qui représente la forme dégressive de la flûte de Pan : chaque vers y est plus court que le précédent.
99. Hdt., Hist. 1.55.
100. Rufin. Gramm., Metr. Com. GL 6.563.8, quippe Herodotus, antiquus historiae auctor, cum de heroo diceret uersu, quem singulis partiri pedibus moris est, ita dixit, καί σφιν ἡ Πυθίη ἀφικομένοισιν χρῇ ἐν ἑξαμέτρῳ τόνῳ τάδε :  ἀλλ’ ὅταν ἡμίονος βασιλεὺς Μήδοισι γένηται, καὶ τότε, Λυδὲ ποδαβρέ, πολυψήφιδα παρ’ Ἕρμον, φεύγειν μηδὲ μένειν μηδ’ αἰδεῖσθαι κακὸς εἶναι « car Hérodote (1.55), l’ancien historien, parlant du vers héroïque, qu’il est d’usage de répartir en pieds individualisés, dit : « Et la Pythie leur dit, quand ils arrivèrent, en rythme hexamétrique : ‘quand un mulet sera donné en roi aux Mèdes, lors, Lydien à la démarche féminine, vers l’Hermos caillouteux fuis, ne t’attarde pas, ne rougis même pas de cette lâcheté’ ».
101. Archil., Frag. 25. Variante : οὔ μοι τὰ Γύγεω τοῦ πολυχρύσου μέλει.
102. Theogn., El. 1.818.
103. C’est une ingénieuse façon de parvenir à cinq pieds réels. Et on peut scander ainsi, en effet, à condition de préciser que le pied 3 est toujours un spondée, ce qu’il fera juste après. Nous scandons les pentamètres grec et latin donnés en illustration de la façon préconisée par Camerarius.
104. Ov., H. 16.290.
105. Virg., En. 1.1.
106. Virg., En. 4.288a.
107. Pl., Truc. 120.
108. Pl., Truc. 121.
109. Prisc., Libri Minores GL 3.422.19, C'est chez Priscien qu'est pris le double exemple.
110. Ter., Andr. 176.
111. Ter., Andr. 68.
112. Pl., Amph. 155.
113. Ce type est évoqué par exemple par Sacerdos, GL 6.527.3, ou Mallius Theodorus, GL 6.593.18. C’est un type catalectique, avec 9 pieds iambiques et une syllabe valant demi-pied.
114. Rufin. Gramm., Metr. Com. GL 6.564.1, .
115. L’épigramme grecque est ici traduite en vers latins (sans doute de Camerarius lui-même, en tout cas ce n’est pas la même traduction versifiée que celle qu’on a chez Rufin, voir note précédente) illustrant le procédé, avec un octomètre acatalecte d’abord, puis un octomètre catalectique. Mais chaque vers a huit pieds (ou 7,5) et non pas huit paires de pieds (donc seize iambes théoriques comme on s’y attend selon le raisonnement du passage). Ce sont donc des tétramètres, sauf à lire l’ensemble des « deux » vers comme un seul, fait alors de 15,5 iambes. Mais dans ce cas, pourquoi dire qu’il y a un vers acatalecte et un catalectique, s’il y en a un seul en tout ? Comme remarqué ailleurs, la confusion entretenue par les mots en -meter (où mètre vaut ‘double pied’, comme dans trimètre ou tétramètre mais aussi ‘pied’) vient polluer le raisonnement.
116. Ter., Andr. 485.
117. La remarque et l’exemple sont chez Priscien.
118. Ter., Andr. 920.
119. Virg., En. 1.229.
120. Virg., En. 1.332.
121. Pl., Amph. 161.
122. Prisc., Libri Minores GL 3.422.10, C'est chez Priscien que cette question est discutée. Ernout classe le vers en question comme incertain.
123. Comprendre que si eheu mihi forme un monomètre iambique (donc une paire d’iambes ou d’équivalents, ici spondée + iambe), eheu seul est un monomètre brachycatalecte puisque le deuxième iambe est totalement supprimé.
124. Pl., Amph. 161.
125. Prisc., Libri Minores GL 3.422.10, .
126. Dans le même passage que ci-dessus. Ce vers incertus précède immédiatement la séquence hospitio publicitus accipiar, classée, elle, dimètre hypercatalecte.
127. C’est-à-dire les octonaires iambiques mais aussi les septénaires iambiques ou trochaïques, classés comme des tétramètres catalectiques.
128. Ter., Andr. 175.
129. Cet octonaire iambique est, de fait, le premier vers de la pièce qui ne soit pas un sénaire iambique.
130. Ter., Ad. 711.
131. Septénaire iambique. Avec son dernier pied tronqué (qui serait le huitième), ce type entre lui aussi dans le groupe des tétramètres (donc faits de quatre paires de pieds) dont il est question ici.
132. Ter., Ad. 693.
133. Septénaire trochaïque. Avec son dernier pied tronqué (qui serait le huitième), ce type entre lui aussi dans le groupe des tétramètres (donc faits de quatre paires de pieds) dont il est question ici.
134. Nous rectifions ici une coquille.
135. Rufin. Gramm., Metr. Com. GL 6.558.25, .
136. Longue + brève + longue, donc 2 + 1 +2 = 5 temps ou mores.
137. Le raisonnement est qu’il peut y avoir des mots de structure crétique dans le vers sans qu’il y ait le pied crétique ; de même il y a des mots anapestiques ou choriambiques dans l’hexamètre sans pourtant qu’on y trouve d’anapeste ni de choriambe. Donc un mot crétique court en fait sur deux pieds différents.
138. Plat., Phaedr. 275e4. Aménagement de ce passage : πλημμελούμενος δὲ καὶ οὐκ ἐν δίκῃ λοιδορηθεὶς τοῦ πατρὸς ἀεὶ δεῖται βοηθοῦ·αὐτὸς γὰρ οὔτ’ ἀμύνασθαι οὔτε βοηθῆσαι δυνατὸς αὑτῷ.
139. Rufin. Gramm., Metr. Com. GL 6.561.2, Le cas se produit effectivement dans le sénaire iambique de Pl., Pseud. 118.
140. Rufin. Gramm., Metr. Com. GL 6.561.2, La remarque est chez Rufin, citant le même Scaurus : in Pseudulo sic, ‘Malai διαίρεσις metri causa’. Mais on ne voit pas à quel vers du Pseudolus cela pourait se référer. Mais elle se produit dans le sénaire 692 du Mercator.
141. Pl., Capt. 690.
142. Dans ce sénaire imabique, c’est Qui, scandé qŭī, qui fournit le premier iambe.
143. Hor., O. 2.3.11.
144. Vers 3 d’une strophe alcaïque, ce vers est cité autrement, sous une forme qui ne pose pas de problème de diérèse : ramis et obliquo laborant ou ramis quid obliquo laborant.
145. Nous corrigeons la coquille dimetur.
146. Fest., De uerborum significatione 41.6. Lindsay édite la forme callim.
147. Enn., Frag. 3.
148. Cic., Arat. frg 24.
149. Cic., Or. 152.
150. Nous corrigeons une coquille sur ce mot
151. Virg., B. 3.79.
152. Il s’agit à chaque fois de scansions spéciales, dans des secteurs où sont impliqués des noms propres grecs : la longue au temps faible, au lieu de s’élider « à la latine », s’abrège « à la grecque » et crée un hiatus.
153. Virg., En. 3.211.
154. Virg., G. 1.281.
155. On notera, outre l’absence d’élision de Pelio devant Ossam la persistance de la finale de conati à la pause.
156. Virg., B. 1.437.
157. Hor., O. 1.28.24.
158. Lucr., De rerum natura 5.521. Variante summania au lieu de se inania.
159. Lucr., De rerum natura 2.617.
160. Abrègement de qui en hiatus au temps faible, à la grecque.
161. On peut en effet préférer une scansion Viuam/ progeni/em qŭ<i> in/ oras/ luminis/ edant/.
162. Hor., O. 3.14.11-12.
163. Hor., S. 1.9.38.
164. Enn., Ann. 10.332.
165. Hor., S. 1.9.16.
166. Lucr., De rerum natura 3.196. On corrige d’ordinaire papauerum en papaueris pour cette raison.
167. Lucr., De rerum natura 1.361. On corrige d’ordinaire corporum en corporis pour cette raison.
168. Lucr., De rerum natura 1.366. On corrige d’ordinaire corporum en corporis pour cette raison.
169. Lucr., De rerum natura 1.436. On corrige d’ordinaire corporum en corporis pour cette raison.
170. Lucr., De rerum natura 1.482. On corrige d’ordinaire corporum en corporis pour cette raison.
171. Lucr., De rerum natura 3.1082.
172. Lucr., De rerum natura 2.859.
173. Lucr., De rerum natura 1.466. On corrige d’ordinaire fluuidum en fluuidus pour cette raison.
174. Pl., As. 20.
175. Pl., Curc. 1.
176. Pl., Amph. 974. Sénaire iambique. La variante iam hi<sce> ambo et seruos et hera frustra sunt duo évacue le problème.
177. Il faut donc scander soit ĭ<am> h<i>am/, avec iam traité comme un dissyllabe élidé, soit iam h<i> am/ avec maintien de la finale am sans synalèphe.
178. Pl., As. 299. Septénaire trochaïque.
179. Pl., As. 873. Septénaire trochaïque. Fleckeisen ajoute <ad me> avant aduenit, ce qui évite l’hiatus.
180. Pl., Cist. 633. Septénaire trochaïque.
181. Pl., Amph. 731. Septénaire trochaïque.
182. Pl., Amph. 968. Septénaire trochaïque. La leçon Blepharonem qui de Loewe-Goetz règle le problème.
183. Pl., As. 674. Septénaire iambique.
184. Cic., Div. 2.84.
185. L’épisode se situe au moment du départ de Crassus et de ses légions pour la guerre contre les Parthes, qui va se terminer par le désastre de Carrhes. Crassus a négligé ce qui, après coup, sonnait comme un avertissement.
186. Varro. Atac., Frag. 10.1. Le passage est cité, sous la forme variante au début Tum te flagranti deiectum par Quint., I.O. 1.5.30 et quelques grammairiens de re metrica.
187. Lucr., De rerum natura 1.390.
188. Lucr., De rerum natura 1.672.
189. Par exemple dans Ov. Met. 4.377.
190. Virg., En. 1.3a.
191. Ov., M. 1.178b.
192. Virg., En. 1.726b.
193. La forme eburneo doit être scandée en trois syllabes, comme eburno.
194. Virg., G. 1.208. Variantes : libra die somnique etc.
195. Ainsi dans la finale de Lucr., De rerum natura 3.918.
196. Ainsi le début de Lucil., Sat. 468M.
197. Lucr., De rerum natura 5.396b.
198. Lucr., De rerum natura 2.661b.
199. Lucr., De rerum natura 2.845a. Variante sterila.
200. Virg., B. 8.43a.
201. Diom., Ars GL 1.435.26, La scansion scĭŏ, résultant de la loi de l’abrègement iambique, est banale. L’explication qui veut voir dans nunc scio un spondée (plus ou moins nunc sco, donc) est plus inattendue mais elle a cours chez les grammairiens, moins Diomède, ici invoqué, que Marius Victorinus (GL 6.28.16).
202. Enn., Ann. 3.149.
203. Enn., Ann. 1.101.
204. Il faut scander Virgnes, comme remarqué plus bas.
205. Enn., Ann. 16.430.
206. Allusion à la scansion swāuis, par exemple dans Lucr., De rerum natura 2.1a : Suaue mari magno.
207. Lucr., De rerum natura 1.70. inritāt animi uirtutem.
208. L’ordre des mots est en fait inritāt animi uirtutem et montre la longue sur le verbe, preuve qu’il s’agit en effet d’une forme syncopée de inritauit.
209. Fest., De uerborum significatione 462.9.
210. Cette syncope a déjà été évoquée plus haut.
211. Ter., Andr. 66a.
212. Virg., En. 1.3a.
213. Le terme conlisio traîne chez les grammairiens (Diomède, Servius, Pompée…) et recoupe plusieurs phénomènes différents : hiatus (Ionio chez Pompée, GL 5.118.36), répétition de syllabes (mater terra, Pompée, GL 288.16), synizèse (Serv., En. 1.332), contraction de voyelles, type peculi pour peculii (Serv., En. 1.3), synalèphe (multum ille, Serv., En. 1.3), allitération (Pompée, GL 5.287.26). Il semble être un hyperonyme de synaliphe et de ecthlipsis (Pompée, GL 5.298.16 et 27). Bref, un faux terme technique.
214. Les grammairiens n’ont pas repéré d’exemple d’abi monosyllabique. Mais Camerarius offre plus bas un exemple de scansion du groupe ab<i> de prononcé spondaïque chez Pl., Curc. 255. Voir plus bas.
215. Fest., De uerborum significatione 41.6.
216. Cic., Or. 154.
217. Seule attestation de emem, sans aucune illustration.
218. Enn., Scen. 282.
219. Hor., O. 1.36.8.
220. Hor., S. 2.7.68.
221. Forme syncopée de euasisti.
222. Virg., En. 11.118.
223. Forme syncopée de uixisset. Exemple classique de syncope chez les grammairiens
224. Lucr., De rerum natura 2.324.
225. Forme syncopée de subripere.
226. Hor., O. 4.13.20.
227. Forme syncopée de subripuerat.
228. Le terme extritio ne connaît pas d’usage technique et reste rarissime.
229. Fest., De uerborum significatione 222. Polet, pollet : quia nondum geminabant antiqui consonantis.
230. Par exemple dans ce sénaire iambique (Pl., Bacch. 331), Sed ĭstic/ Theoti/mus di/uesn<e> est ?/ Etiam/ rogas ?.
231. Cette forme n’est pas attestée dans les éditions modernes. La forme ollis pour illis est fréquente, mais, avec scansion identique des deux formes, elle n’illustre pas le phénomène décrit. Supposons donc que Camerarius a vu quelque part une variante oles avec première syllabe brève.
232. Ter., Haut. 481.
233. Il faut comprendre que dans certaines occurrences (que nous n’avons pas retrouvées), senex est scandé monosyllabique.
234. Même chose. Le mot edpol n’est pas attesté mais la scansion d’edepol comme un spondée l’est.
235. Enn., Ann. 1.101.
236. Ainsi dans Enn., Ann. 1.101 Virg<i>nes nam sibi quisque domi Romanus habet sas.
237. Lucr., De rerum natura 2.991.
238. Lucr., De rerum natura 4.262. Variante unorsum.
239. Pour semine oriundi, fin d’hexamètre, on peut soit supposer une syncope semn<e> ori/undi/, soit une synizèse semin<e> o/rjundi/.
240. Enn., Scen. 203. Sénaires iambiques, tirés de l’Hécube d’Ennius.
241. Lucil., Sat. 149M.
242. Gell., Noct. 19.9.14. Il s'agit du fragment Lutat. Catul. Epigr. 1.6.
243. Enn., Ann. 532.
244. Lucr., De rerum natura 2.1006. Variante : tempore.
245. Cic., Or. 153.
246. Cic., Or. 153.
247. Cic., Or. 155.
248. Formes archaïques, respectivement, de deorum, nummorum aureorum, liberorum, très fréquentes y compris dans la langue classique.
249. Cic., Or. 156.
250. Cic., Or. 157.
251. Il s’agit là d’allomorphes très banals et interchangeables, attestés constamment.
252. Il s’agit là de formes très courantes, particulièrement en comédie.
253. Lucr., De rerum natura 3.1035. Nous corrigeons la coquille dedi de Camerarius.
254. Faits prosodiques fréquents.
255. Cic., Or. 159. En l’occurrence, ce n’est pas de prosodie qu’il s’agit mais de phonétique : dans indoctus (et non pas inclitus : erreur de Camerarius) le i est bref (mais la syllabe in- est longue), alors que dans insanus, il est long (par allongement compensatoire à la chute de la nasale devant s).
256. Pl., Amph. 73. Le vers connaît d’importantes variantes, notamment au début Sirempse legem au lieu de similem rem ipse in legem.
257. Première scansion proposée pour ce sénaire iambique : /similem/ r<em> ips<e> in/ legem/ iussit e<s>/se Iup/piter/ avec esse avec première syllabe brève ; la deuxième solution, avec similem dissyllabique par épisynalèphe, est possible si le dissyllabe similem est fait de deux brèves : simil<em> r<em>ip/s<e>in le/gem ius/sit es/se Iup/piter.
258. Pl., Amph. 82. La variante conquistores (ou conquaestores, proposé en variante par Camerarius) règle le problème.
259. Donc spondée, spondée, spondée, anapeste, spondée, iambe.
260. Donc his-trio-ni-bus en quatre syllabes.
261. Dans ce cas, on a ut con/quaesto/res fie/rent his/trio/nibus/ (spondée, spondée, dactyle, spondée, iambe, iambe).
262. Pl., Amph. 84. Variante quiue.
263. Pl., Amph. 125. Variante abiit avec maintien de la finale d’Amphitruone en hiatus.
264. Pl., Amph. 140.
265. Et non pas les impossibles trochées qu’ils semblent être.
266. Comprenons qu’il scande, dans la séquence hinc in ex ou huc ab ex deux longues. Mais elles ne font pas spondée ensemble (la fin deviendrait impossible). Il scande vraisemblablement Qui c<um> Am/phitruo/n abi/uit hinc/ <i>n exer/citum, la syllabe in incluse dans la suite crétique hinc in ex « s’évanouissant ». De même Nunc hodi/<e> Amphitru/o ueni/et huc/ <a>b exer/citu. Les modernes voient ici en fait une extension de l’abrègement iambique qui touche les groupes de mots iambiques, en l’occurrence ici une préposition et son régime (lesquels constituent un mot métrique). Il faut donc scander in exer anapeste tout comme ab exer.
267. Pl., Amph. 426. Septénaire trochaïque.
268. Pl., Amph. 428. Septénaire trochaïque.
269. Ce qui revient à décompter la syllabe in.
270. Pl., Amph. 917. Sénaire iambique.
271. Pl., As. 237. Septénaire trochaïque.
272. En fait on doit scander /les domi/ dactyle, avec abrègment iambique standard de domi. Mais Camerarius ne semble pas connaître la loi de l’abrègement iambique.
273. Pl., As. 241. Septénaire trochaïque.
274. Nous scandons ici selon la première proposition de solution de Camerarius, ci-dessous.
275. Dans ce cas : porti/torum/ s<i>milli/, le reste sans changement.
276. Pl., As. 664. Septénaire iambique. Variante : da meus ocellus, mea rosa, mi │ anime, mea uoluptas.
277. Première solution proposée, pour ce septénaire iambique : da m<e>us o/cellus,/ da mea/ rosa, da/ m<i> anime,/ da mea/ uolup/tas/ (D/S/D/A/Tri/D/I/catalexe) ; solution 2, cumulant le reste des variantes proposées : da meus/ ocel/lus, da/ m<e>a rosa/, da m<i> ani/me, da/ m<e>a u<o>lup/tas/ (D/I/S/Tri/D/I/I/catalexe).
278. Pl., Curc. 39. Sénaire iambique.
279. Pl., Curc. 58. Sénaire iambique. Variante : quoiquam au lieu de cuipiam, qui règle précisément le problème identifié.
280. Pl., Curc. 90. Sénaire iambique. Variante : expulsion des deux aut.
281. Nous scandons ici selon la deuxième proposition de solution de Camerarius, ci-dessous.
282. Dans ce cas : Voltis/n<e> ol<i>uas/, le reste sans changement.
283. Pl., Curc. 255. Sénaire iambique.
284. Pl., Curc. 397. Sénaire iambique.
285. Pl., Curc. 470. Septénaire trochaïque. Variante dans les derniers mots : ito in comitium.
286. Pl., Cist. 88. Septénaire trochaïque. Variante insignifiante : pacto pour facto.
287. Pl., Cist. 101. Septénaire trochaïque.
288. Pl., Cist. 606. Sénaire iambique. Variante aibas.
289. Pl., Cist. 594. Sénaire iambique.
290. Le vers précédent se termine par uelim et cela agirait sur l’initiale ego (comme une sorte de mot *uelego en prononciation continue), permettant en quelque sorte au vers en cause de commencer sur la syllabe go. Dans ce cas l’anapeste initiale /<e>g<o>ad anum ne pose plus de problème.
291. Comme le verbe vaut ob + mitto, on attendrait une initiale longue. Elle est constamment brève en poésie hexamétrique, sauf dans trois exemples (Avian., Fab. 33a.1 ; Cypr. Gall., Exod. 285 et 375.
292. Virg., B. 3.96.
293. Il faut scander reice ca non comme un procéleusmatique (voir Prisc., GL 2.14.16 ou Serv., B. 3.96.) mais bien comme un dactyle dont la longue est rei, diphtonguée.
294. Ov., M. 6.357b. Variante insignifiante : in unda.
295. Ov., P. 4.5.6b.
296. Est en cause la syllabe ri de ces deux formes de futurs antérieurs.
297. En fait il y a deux formes différentes : le subjonctif parfait, dont la syllabe ri est longue, et le futur antérieur, dont la syllabe ri est brève. Mais les grammairiens ne sont pas sûrs de voir là deux temps distincts et les poètes ont constamment mis une forme pour l’autre pour des raisons métriques. C’est comme s’ils disposaient à volonté de deux variantes.
298. Hom., Il. 18.144. Variante : υἱεῖ ἐμῷ δόμεναι κλυτὰ τεύχεα παμφανόωντα.
299. Virg., En. 9.674.
300. Virg., En. 2.492.
301. Virg., En. 2.442.
302. Enn., Ann. 490.. Variantes insignifiantes : pinos rectosque cupressos
303. Hom., Od. 3.179a. Variante : πόλλ’ ἐπὶ μῆρ’ ἔθεμεν.
304. Il s’agit du phénomène que Camerarius nommait jusqu’ici synérèse ou synizèse.
305. Hom., Il. 5.117b. Variante : νῦν αὖτ’ ἐμὲ φῖλαι Ἀθήνη.
306. Hom., Il. 8.280b.
307. Hom., Il. 5.61.
308. L’appariement de ces deux vers homériques pour signaler un allongement de la syllabe φι est fait notamment par Eustathe, 2.35.21.
309. Hom., Il. 2.113.
310. Hom., Il. 3.31. Dans les deux vers le nom du dieu Arès a deux scansions différentes : Ἆρες Ἄρες βροτολοιγὲ μιαιφόνε τειχεσιπλῆτα.
311. Hom., Il. 3.424b.
312. Hom., Il. 3.172.
313. Hom., Il. 3.418. Le vers est édité sous la forme Ὣς ἔφατ’, ἔδεισεν δ’ Ἑλένη Διὸς ἐκγεγαυῖα.
314. Nous corrigeons une coquille πέλονας.
315. Hom., Il. 5.679. D’ordinaire le vers est édité sous la forme καί νύ κ’ ἔτι πλέονας Λυκίων κτάνε δῖος Ὀδυσσεὺς, ce qui évacue le problème.
316. C’est justement le texte édité d’ordinaire.
317. Camerarius plaide donc pour la présence d’un péon premier suivi d’une brève allongée par position (καί νύ κεν ἔ/τι). Des variantes à notre aune non réglementaires du dactyle sont également envisagées par les grammairiens latins. Mais il s’insurge à la fin de ce traité sur cette manière cavalière de faire.
318. Hom., Il. 6.298. Variante qui règle le problème : Καὶ τότε Φαιήκων ἴμεν ἐς πόλιν ἠδ’ ἐρέεσθαι.
319. Avec le mot ἴμεν à cette place, Camerarius plaide donc pour le remplacement du dactyle 3 par un groupe de quatre syllabes brèves ou, plutôt (voir ci-dessous), par une prononciation dactylique de ce groupe de quatre brèves.
320. Eur., Or. 920. Variante qui règle le problème : dernier mot γῆν. Voir la suite.
321. On voit donc que l’iambe final fait trois syllabes. Camerarius suppose donc une prononciation πλιν « par épisynalèphe ».
322. Hom., Il. 20.302b. Variante : μόριμον.
323. Terme que porte le texte standard d’Homère dans nos éditions modernes.
324. Hom., Il. 24.650a. Variante λέξο, qui règle le problème.
325. Implicitement, Camerarius voit là une épisynalèphe.
326. Hom., Od. 7.316b. Variante μὴ τοῦτο φίλον Διὶ πατρὶ γένοιτο, qui règle le problème.
327. Même argument.
328. Hom., Il. 2.310a. Variante βωμοῦ ὑπαΐξας.
329. Hom., Il. 24.736. Variante χωόμενος, ᾧ δή που ἀδελφεὸν ἔκτανεν Ἕκτωρ, qui règle la question.
330. Sur χωόμενος, compté trisyllabe.
331. Hom., Il. 8.1.
332. Voir la scholie ad loc. : Ἐκίδνατο. Ἐσκεδάννυτο.
333. Hom., Il. 2.537b.
334. Hom., Il. 5.88b.
335. Voir la scholie ad loc. : Ἐκέδασσε.Ἐσκέδασσε.
336. Hom., Il. 5.77b-78a. Le texte standard porte la forme Σκαμάνδρου, amétrique et corrigée ad hoc par Camerarius.
337. Hom., Il. 7.451. Variante sur le premier mot : τοῦ et ὅσον τ’ ἐπικίδναται : l’insertion de la particule sauve le mètre. Mais la question homérique ici soulevée porte sur la forme ἐπικίδναται.
338. Hom., Od. 5.445a.
339. Hom., Od. 11.262. Le texte édité est καί ῥ’ ἔτεκεν δύο παῖδ’, Ἀμφίονά τε Ζῆθόν τε, et la forme de duel règle le problème.
340. Hom., Il. 1.1.
341. Plut., Prof. virt. 80d8.
342. C’est le dactyle δεω Ἀχι, avec la synizèse sur δεω qui fait passer le vers pour amétrique selon Plutarque.
343. Pl., Mil. 946-947.
344. La référence demeure introuvable.
345. Si Scaliger propose de voir dans uolup une apocope de uoluptas, d’où sa restitution mea uolup (non attestée), il a tort, puisque uolup est neutre et devrait donc faire meum uolup. Il s’agit d’une discussion sur le vers de Pl., Asin. 664 (Da, meus ocellus, mea rosa, mi anime, mea uoluptas), discuté plus haut.
346. Hes., O. 640.
347. Ce qui suppose donc un abrègement de la syllabe lup.
348. Erasme, Adagia 912, Proverbe, cité par exemple par Hdt., Hist. 6.129. Voir Diogenianus, Paroem. 721, Zénobe, proverbe 531, etc.