Présentation du paratexte
Franciscus Marcellus a été évêque de Trogir de 1488 à 1524.
Bibliographie :
- Ekkehard Stärk, « Camerarius’ Plautus », Joachim Camerarius, éd. Rainer
Kössling et Günter Wartenberg, Tübingen, 2003, p. 235-248. Prete, Sesto;
“Camerarius on Plautus”, in: Frank Baron (Hg.): Joachim Camerarius (1500 –
1574). Beiträge zur Geschichte des Humanismus im Zeitalter der
Reformation,éd. F. Banon, München 1978, p. 223 – 230.
- Ritschl, Friedrich: Über die Kritik des Plautus, in: Ders.: Opuscula
philologica, Bd. 2, Leipzig 1868, 1 – 165.
- Ritschl, Friedrich: Bio-bibliographisches zu Camerarius’ Plautus-Studien,
in: Ders.: Opuscula philologica, Bd. 3, Leipzig 1877, 67 – 119.
- Projet Opera Camerarii : http://kallimachos.de/camerarius/index.php/Plautus,_Comoediae_viginti,_1558
Traduction : Christian NICOLAS
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Ioachimus, epistola
Joachim Camerarius, lettre.
Semper fuit de Plautinis fabulis a posterioribus quaesitum.
La postérité a toujours enquêté sur
les pièces de Plaute.
Nam nomine Plauti multae fuerunt editae (uel errore
librariorum, iis de causis1, quae a Gellio memorantur, uel propter auctoris famam, ut magis
expeterentur) alienae, atque elegantiam Plautinam
nequaquam referentes.
Car sous le nom de Plaute sont
sorties de nombreuses pièces (soit par une erreur des bibliothécaires, pour les
raisons que rappelle Aulu-Gelle, soit à cause de la célébrité de l’auteur, afin
qu’on les recherche davantage2), qui sont en fait d’autrui et ne respirent absolument
pas l’élégance plautinienne.
Ideo docti de ipsarum fabularum et
uersuum concinnitate atque festiuitate, et simplicitate etiam quadam sermonis
antiqui, iudicium potius sibi, quam de titulo et inscriptione faciendum
putarunt.
Aussi les savants ont-ils jugé que
c’est à partir de l’harmonie des pièces mêmes et des vers et de leur humour et aussi
de cette sorte de simplicité de la langue antique qu’il fallait établir son
jugement, plutôt de du titre ou de l’attribution.
Id quod et de Gellio intelligi potest et indicat quadam in epistola Cicero, scripta ad Papirium his
uerbis :
Sed tamen ipse Caesar habet peracre
iudicium, et ut Seruius frater tuus, quem
litteratissimum fuisse iudico, facile diceret, Hic uersus Plauti non est, hic est, quod tritas haberet aures
notandis generibus poetarum, et consuetudine legendi :sic audio Caes.
etc.
3
On peut s’en rendre compte en lisant
Aulu-Gelle et Cicéron le dit aussi dans une lettre envoyée à Papirius, où il écrit :
« Et pourtant César a le jugement très aiguisé et pourrait dire, comme ton frère
Servius, que je juge parfaitement cultivé : ‘ce vers n’est pas de Plaute, celui-ci
l’est’, parce qu’il avait l’oreille habituée à reconnaître les genres poétiques et
les styles ; de même j’entends César etc. ».
Sed potuerunt in hoc etiam falli.
Mais ils auraient pu se tromper eux
aussi en la matière.
Est enim incredibile, quam
multipliciter a uero animus abduci soleat, et quam facile iudicium errare
possit.
Car on n’imagine pas la diversité des
pièges pour l’esprit et la facilité qu’a le jugement à se tromper.
Ita Varro
Commorientes
Plauto ademit4, quam fabulam
Terentius, ut scimus, illum fecisse
ait.5
Ainsi Varron a-t-il enlevé
l’attribution à Plaute des Commorientes, pièce que, comme on sait,
Térence lui attribuait.
Viginti tamen et unam Varronem
Plauto sine dubitatione attribuisse accepimus, quae
et Varronianae appellatae fuerunt, eae, ut opinor, quae adhuc extant et praeter
illas insuper Vidularia, cuius et in nostro ueteri libro nomen
exaratum cernitur, sed in hac inscriptione ille finitur, cum magno crimine inertis
et pigri scriptoris, qui non addiderit ad titulum etiam fabulam.
Cependant nous savons que Varron en a
attribué à Plaute vint-et-une sans hésitation, celles qui ont été appelées les
pièces varroniennes, celles, à mon sens, qui existent encore de nos jours et, en
outre, également la Vidularia, dont le nom tracé se voit dans
le vieux manuscrit que nous avons consulté, lequel cependant se finit sur cette
inscription, par la grande faute d’un scribe ignare et paresseux, qui n’a pas ajouté
le texte de la pièce au titre.
Verum, praeter illas haec a Grammaticis
Latinis nomina fabularum Plautinarum commemorata
annotauimus :
Mais en plus de celles-ci, les
grammairiens latins ont rapporté les titres de pièces de Plaute que nous avons notés
:6
Astraba, quod uehiculi
genus est ; Straba etiam legitur, haud scio an
falso, in Nonio, interpretante uerbum
Reciprocare.7
Astraba, nom
d’un type de véhicule8 ; on lit aussi
Straba9 (à tort ?) chez Nonius, dans la définition
du verbe Reciprocare.
Cornix,
Cornitula, Cornicularia : nescio unane a librariis
mutato nomine, quod scriberetur in ueteribus exemplaribus dimidiatum, an tres
diuersae.
Cornix,
Cornitula, Cornicularia10 :
peut-être une seule et même pièce avec variante de titre, lequel aurait été écrit
abrégé dans des manuscrits anciens, peut-être trois pièces différentes.
Parasitus.
Parasitus.11
Medicus.
Medicus.12
Neruolaria,
Friuolaria, Plocinona.
Nervolaria13, Frivolaria14, Plocinona15.
Sisennaria.
Sisennaria.16
Carbonaria.
Carbonaria.17.
Colax : quo nomine et
Naeuii fuit fabula.
Colax18 : sous ce nom existe aussi une pièce de Naevius.
Lepargus.
Lepargus.19
Lenones. Gemini : quod nomen in libro VI
Prisciani legitur ; in Gellio autem Gemini et
Leones, ut uidetur, mendose20.
Lenones.
Gemini21 : on lit ce
nom au livre 6 de Priscien22. ; chez Aulu-Gelle on a Gemini et
Leones, erronément, semble-t-il23.
Dyscolus.
Dyscolus.24
Artemona.
Artemona25
Phasma.
Phasma26
Patina, uel
Patinaria.
Patina, ou
Patinaria27.
Hortulus.
Hortulus.28
Persae.
Persae.29
Caecus.
Caecus.30
Praedones.
Praedones.31
Trigemini.
Trigemini.32.
Captiui. Nam alia haec
fuit, quam ea quae extat, cuius est nomen Captiui duo.
Captiui. Car il
s’agit d’une autre que celle que nous connaissons, dont le titre est Captiui
duo (les deux captifs) 33.
Addictus,
Saturio, quas in pistrino scripsisse perhibetur.
Addictus34,
Saturio35, qu’il passe pour avoir écrites dans un
moulin36.
Anus.
Anus.37
Condalium.
Condalium.38
Bis compressa.
Bis
compressa.39
Boeotia.
Boeotia.40
Ἄγροικος.
Agoecus.41
Fretum.
Fretum.42
Calciolus.
Calciolus.43
Baccaria,
Cacistus.
Baccaria44,
Cacistus45.
2. Comprendre que dès l’Antiquité on aurait
usurpé le nom de Plaute pour faire vendre des pièces dues à d’autres
auteurs.
4. Gell., Noct. 3.3.9. La source est indirecte. Camerarius
connaît la notice d’Aulu-Gelle, évoquant Varron dans le De
Plautinis fabulis, qui lui-même citait Accius
(frg. 11) : M. tamen Varro
in libro de comoediis Plautinis primo Accii verba haec ponit :
Nam nec Geminei lenones nec Condalium nec Plauti Anus nec Bis
compressa nec Boeotia umquam fuit neque adeo Agroecus neque
Commorientes Macci Titi, « cependant Varron, dans le
livre 1 sur les comédies de Plaute, cite ces mots d’Accius : ‘car ni
Les jumeaux maquereaux, ni
Condalium, ni La Vieille, ni
La Fille violée deux fois, ni La
Béotienne, ni Le Paysan, ni Les
deux mourants n’ont jamais été de T. Maccius Plaute’
».
6. Dans la liste qui suit, nous avons tenu compte de la ponctuation, qui
sépare par un point chaque titre ou, parfois, procède au moyen de virgules, à
des regroupements de deux ou plusieurs pièces. Nous ne savons pas quelle valeur
réelle Camerarius souhaitait donner à cette présentation. Certaines pièces
prêtées à Plaute n’y figurent pas, ainsi
Acharistio (Plin.,
Nat. 14.92 et Non.,
De compendiosa doctrina,
1.230),
Cesistio (Varro,
L. 7.67),
Faeneratrix (Diom.,
Ars 1.401.3 et Fest.,
512.20),
Fugitivi (Varro,
L. 7.63),
>Phago (Varrp,
L. 7.61),
Schematicus (Non.,
De compendiosa doctrina
2.525 L),
Sitellitergus (Varro,
L. 7.66 et Fest.,
514.10 L).
7. Fest., De uerborum significatione L 342.15. Camerarius semble faire une
confusion avec l’autre lexicographe des mots archaïques, Festus, qui
apparie effectivement le verbe Reciprocare à une citation de
l’Astraba. Lindsay choisit la leçon
Astraba. Nonius, sous Reciprocare, ne cite pas de fragment plautinien. Mais
il cite effectivement l’Astraba (leçon retenue par
Lindsay) en 1.87 L, 1.97 L et 2.599 L. Pas de trace de
Straba chez les éditeurs
scientifiques.
8. Ce titre (
La Charrette) se lit dans
Varro,
L. 6.73 et 7.66, Gell.,
Noct. 11.7.5,
Festus L 342.15.
9. C’est-à-dire
La Louchonne ou
Le Trophée (
straua).
10. Diom.,
GL 1.383.15 atteste une
Cornicula
(
La Petite Corne ou
La Petite Corneille),
Nonius une
Cornicula (1.88 L et 1.215 L) et une
Cornicularia (
La Comédie de l’aigrette ou de la
corneille, mot que Lindsay corrige en
Cornicula :
Non. 1.195 L et 1.196 L) et une mention abrégée
Cornic.
(1.325 L) qui pourrait cacher une
Cornix (
La
Corneille) voire
Cornices (
Les
Corneilles), citée au pluriel par Érasme,
Adagia
4062. Varron (sans attribution explicite à Plaute) connaît une
Cornicula ou
Cornicularia selon la
tradition (Varro,
L. 5.153 et 6.56). Pas de trace en revanche
d’une
Cornitula. Le mot même est inconnu.
11. Le Parasite. Le titre complet
semble être
Parasitus piger,
Le Parasite
paresseux, cité ainsi par Varro,
L. 7.62 et 7.77 (avec
attribution explicite à Plaute dans ce passage), Festus L 166.17. C’est le choix
de Goetz-Schöll dans leur édition de Plaute. Mais
Parasitus piger
est parfois regroupé avec
Lepargus, autre nom cité dans cette
liste un peu plus bas. Sans doute faut-il donc associer ce mot et le suivant
pour une pièce
Parasitus medicus. C’est le choix de Goetz-Schoell
dans leur édition des fragments plautiniens.
12. Cité
avec attribution à Plaute par Priscien, GL 2.489.17. Le terme est à associer au
précédent pour un titre
Parasitus Medicus.
13. La Comédie du Fouet.
Titre plautinien cité par Varro,
L. 7.68, Festus 130.2 L,
168.18 L, 192.13 L, 214.31 L, 254.19 L, 378.7 L, Non.
De compendiosa
doctrina, 1.185 L, 1.248 L, ou Gell.,
Noct.
3.3.6.
14. La Comédie
des Débris. Cité par Varro,
L. 7.58 (sans mention
explicite à Plaute), Festus L 168.4, 308.27, 380.28, 388.7, 398.9, 410.28,
Nonius L 1.92, Charisius (Barwick) 250.30, 255.9, Priscien
GL
2.188.26, 2.271.2.
15. Nonius
connaît une pièce de Plaute que Lindsay et Goetz-Schoell intitulent
Plocinus (Non.
De compendiosa doctrina,
1.217 L).
16. Ce
titre et ce mot ne sont pas autrement connus.
17. La
Comédie du Charbonnier. Cité par Festus 444.34 L, Nonius 1.327 L, Priscien
GL 2.516.11.
18. Le Flatteur. C’est la
première des pièces de cette liste à avoir un nom grec, là où on constate
que les titres plautiniens sont le plus souvent traduits. Titre cité chez
Varro,
L. 7.105,
M. Caesar ad Frontonem 2, 10,
p. 33 (Nab.), Nonius 3.874 L, scol. Veron.
ad Verg. Aen.
2.670.
19. Variante Lipargus, associé parfois au Parasite
paresseux. Encore un titre grec, cité chez Priscien,
GL 2.522.14
avec attribution explicite à Plaute.
20. Prisc., Gramm. 2.231.21.
21. L’usage est de rassembler les deux mots en un
même titre,
Les Maquereaux jumeaux.
22. Prisc.
GL 2.231.21 et Festus 290.36
L, lequel ne donne pas le titre de la pièce ; mais c’est le même extrait que
chez Priscien.
23. Gell. 3.3.9. On édite
aujourd’hui
Gemineis Lenonibus et il est difficile de dire si
la leçon
Leones de Camerarius est une coquille d’imprimeur
pour
et Lenones ou une faute vue dans une
édition d’Aulu-Gelle ou un manuscrit.
24. Le
Grincheux. Titre grec cité par Festus 174.17 L.
25. Titre
connu plutôt sous la forme
Artemo, à l’ablatif
Artemone, soit
Artémon, nom de personnage,
soit
Le Mât. Trois références chez Festus L, 164.2, 340.17,
396.5.
26. Le
Fantôme. Titre grec cité chez Festus 158.27 et 394.15. Mais c’est un
titre fantôme (justement) car en réalité les exemples produits par Festus
renvoient à la
Mostellaria (
La Comédie du
Fantôme), qui est la traduction latine de
Phasma.
27. Le Plat à gratin. Pas de trace de
cette pièce plautinienne. Peut-être une lecture hâtive d'Erasme,
Adagia 251, qui cite le mot
patinarias dans un extrait des
Ménechmes
?
28. Le Jardinet. Titre cité chez
Festus 400.6 L.
29. On
connaît
Persa mais pas de variante au pluriel.
30. L’Aveugle. Apparemment connu
aussi sous le titre
Praedones,
Les Brigands
(
in Caeco uel in Praedonibus, chez
Charisius). Charisius en est l’unique attestateur : Char. (Barwick) 252.27,
263.13, 271.26, 274,6, 274.12, 275.3, 283.15, 283.24, 285.2, 313.4.
31. Les Brigands, titre variante
du précédent, ce qui explique leur rapprochement dans la liste.
32. Les Triplés. Cité dans Gell.,
Noct. 6.9.7.
33. Voir l’édition des fragments
de Plaute par Angelo Mai de 1815, p. 15 : la pièce dont il reste deux folios
dans le codex Ambrosianus édité par Mai est, selon lui, celle que nous
connaissons par ailleurs sous le nom de Captivi et il n’y en a donc qu’une seule
sous ce titre, dont Captivi duo est une variante dans les manuscrits. Mais
Érasme cite systématiquement
Les Captifs de Plaute sous la forme
Captiui duo (voir Erasme,
Adagia, 259, 263,
709, 862, 946, 1031, 1062, 1780, 1875, 2234, etc.). Est-ce la source de la
méprise de Camerarius ?
34. L’Esclave pour dette.
Cité dans Serv.,
Georg. 1.124.
35. Saturion (nom probable de
parasite). Cité dans Festus 160.6, 344.1, 400.29, Paul in Fest.
39.8.
36. C’est-à-dire pendant une période d’esclavage. La source est
Gell.,
Noct. 3.3.14,
Sed enim
Saturionem et Addictum et tertiam quandam, cuius nunc mihi nomen non
subpetit, in pistrino eum scripsisse Varro et plerique alii memoriae
tradiderunt, « Saturion, Addictus et une troisième pièce dont
le titre ne me revient pas, ont été écrites au moulin, selon Varron et la
plupart des historiens ».
37. La
Vieille. C’est une des pièces rejetées comme non-plautiniennes par
la notice gellienne 3.3.9 qui s’appuie sur Varron citant Accius.
38. L’Anneau. Pièce non
plautinienne selon Gell.
Noct. 3.3.9, évoquée par Varro,
L. 7.77.
39. La Fille deux fois violée. Pièce non
plautinienne selon Gell.,
Noct. 3.3.9. Elle ne semble pas
autrement citée.
40. La Béotienne. Pièce non
plautinienne selon Gell.,
Noct. 3.3.9, évoquée dans la même
notice en 3.3.3.
41. Le Paysan. Titre grec. Pièce
non plautinienne selon Gell.,
Noct. 3.3.9, non autrement
évoquée.
42. La Mer. Pièce évoquée par Gell.,
Noct. 3.3.7 et qualifiée par lui de certainement
plautinienne.
43. Le Caillou. Pièce citée par
Macrobe (sous la variante
Calceolus): Macr.,
Sat.
3.18.9.
44. Les Fourberies de
Baccara (?). Pièce citée par Macr.,
Sat. 3.16.1.
Macrobe y explique que la pièce tire son nom d’un parasite. Et Baccara est
un nom d’esclave chez Martial.
45. Le Très Mauvais. Pièce
citée par Fulgence le Mythographe,
Exp. serm. antiq. 15, p.
116 (Helm).