Présentation du paratexte
Le poème est en distiques élégiaques.
Bibliographie :Eiusdem ad eundem elegia
Élégie du même pour le même.
Telle la confiance absolue de Piritous en Thésée qui s’illustra dans des situations périlleuses ; telle l’union de Pylade avec son compagnon Oreste ; tel l’amour d’Euryale pour Nisus, on connait ton amitié pour mon Père dans les situations favorables comme défavorables.
Après qu’il vous a aidé à connaître la perfidie d’Hubert van Giffen1 et ses ruses cachées, tes bienfaits n’ont jamais cessé, que vous soyez réunis sur le même sol ou que vous vous trouviez éloignés l’un de l’autre ; quand la sauvagerie barbare des brigands, docte Rogers2, te retint prisonnier à cause d’une ruse des ennemies, après que tu as ressenti la fatigue d’un long emprisonnement, que la temps des récoltes, que l’hiver sont cinq fois revenus, tu es revenu de ce long exil avec peine à toi-même, à tes Lares, à ta patrie ; c’est alors que tu m’as entouré de ton amitié, comme un parent a l’habitude d’aimer le fruit unique de son sang.
O doux plaisir que j’ai à me remémorer cette époque où il m’était permis encore de jouir de votre conversation !
Bien que la dure loi du Destin m’ordonne de partir et que l’amour de ma Patrie me rappelle, c’est avec peine que j’ai pu me détacher du feu qu’un un docte amour entretenait dans mon cœur.
L’enfant avait frappé mon cœur d’un coup si certain, ce cœur toujours voué à te servir.
Encore maintenant, quelle que soit la distance que placent entre nous les plaines liquides de Nérée, tant de fleuves et de forêts, aucun jour, aucune heure ne passe sans que je me souvienne de vos bienfaits ; quelles dignes compensations puis-je leur offrir, soit au nom de mon Père, soit en mon propre nom ?
Je n’en trouve aucune, si ce n’est un esprit reconnaissant et une immense amitié, pour permettre de témoigner de ta bienveillance le temps nécessaire pour que j’acquitte une partie de cette dette et que libéré de mes chaînes je sois davantage lié.
En attendant, examine tel un gage de l’amour de mon père, le fruit de son esprit, où il a expliqué les vers ingénieux et les plaisanteries de Plaute et a restitué sa lumière au Soleil du Latium.
Et ne répugne pas à laisser de côté un travail plus sérieux et à mettre, avec mon père, le pied dans les choeurs de Plaute.
Eh quoi, est-ce que Varron, le plus grand savant de son siècle, n’eut pas l’habitude de repaître son esprit de ces délices ?
Moi, je ne te pousse pas dans des lieux pleins de dangers hostiles ; je t’en prie, ne crains pas d’aller plus loin ; laisse-toi guider vers les rires francs, les plaisanteries nues et la scène légèrement mouillée par les pluies safranées.
Mais toi Phébus, avec les Muses, Cupidon avec ta mère, et toi, que le lierre couronne, coiffe plaisamment ta chevelure (puisse tes tréteaux être toujours ainsi mouillés par des nuages de safran, puisse ton génie ne jamais connaître la vieillesse), allez, menez également ici Rogers, à la fois vôtre et nôtre, pour que ces jeux le divertissent.
Moi, je me fierais alors à vous pour extraire les souffrances, quelles qu’elles soient, du cœur des hommes.