In Plautum Viri Nobilissimi Iani Dousae opera emendatum, Iani Gruteri Carmen Elicium.
Ianus Gruterus

Présentation du paratexte

Le poème est en hendécasyllabes phaléciens.

Bibliographie :
Traduction : Sarah GAUCHER

In Plautum Viri Nobilissimi Iani Dousae opera emendatum, Iani Gruteri Carmen Elicium.

Poème jupitérien de Janus Gruterus sur Plaute corrigé par les soins de Janus Dousa, homme très noble.

Gaudete Aonidesque, Gratiaeque, Et quantum est uirum ubique cultiorum.

Réjouissez-vous, Muses, Grâces, et ce qu’il y a partout d’hommes assez cultivés.

In lucis redit ecce Plautus oras ; Plautus, quem tineaeque araneique Dudum ergastulo in improbe maligno (improbo maligne ?) Catelloque situque manciparant (manci parant ?).

Voici que Plaute revient vers la lumière ; Plaute, que les vers et les araignées avaient tout récemment abandonnés malhonnêtement dans un terrible ergastule, dans les chaînes et la poussière.

Dousae at uindiciis sagacioris Pristinum afferitur modo in suum ius.

Mais il a été ramené dans son ancien droit par la vengeance de l’assez perspicace Dousa.

Videtisne ut utrique olor Diones Alae remigio potente plaudit ?

Voyez-vous comment le cygne de Dioné applaudit l’un et l’autre d’un puissant coup d’ailes ?

Videtisne Iuuenta ut impedita Frontem perpetui uiroris herba Viarum reseret moras, humique Crocum qua graditur rosasque spargat?

Voyez-vous comment la jeunesse le front couronné d'une herbe toujours verte rouvre la route et, là où elle passe, jonche le sol de fleurs couleur safran et de roses ?

Videtisne columbulorum ut agmen Rostro atque ungue ferant suaueolentes Arboris Cythereidos corollas, Ac iis grauiter hunc et hunc obumbrent?

Voyez-vous comment la troupe des colombes portent dans leurs becs et leurs ongles des couronnes à l’odeur suave de l’arbre de Vénus et comment ils les répandent ici et là ?

Ha quid ? num comitante Amore magno Ceteraque Cupidinum phalange, It aduorsum etiam Venus duobus, Et nunc basia dat trecenta Marco Et nunc basia dat trecenta Iano ?

Ah ! Est-ce que Vénus, et avec elle ses compagnons le grand Amour et le reste de la phalange des Cupidons, va également à leur rencontre à tous les deux, donnant d’innombrables baisers tantôt à Marcus tantôt à Janus ?

Sic sane est, labio, excere (ecce o/excire), utriusque Vt sensim immoriatur, impotente Praeque gaudio amoenus ex ocellis Ipsi depluat imber, usque quo omnes Ambobus faciem lauant lepores, Absterguntque suis deinde plumis.

Elle les embrasse d’une lèvre effrénée, si bien qu’elle s’épuise peu à peu et que la douce pluie de ses baisers tombe avec bonheur jusqu’à ce que tous ses charmes lavent leurs visages et les essuient ensuite avec leur plumes.

Et uos Aonidesque, Gratiaeque, Quantumque est uirum ubique cultiorum, Immoto haec pede quitis intueri ?

Et vous, Muses, Grâces et ce qu’il y a partout d’hommes assez cultivés, pouvez-vous regarder cela sans bouger ?

Quin ite ipsi etiam obuiam, huncque et illum Salutate animo lubente et ore ; Reginae meritissimoque Cypri Gratulamini. Enim illa, Sarsinate Perdito, cruciauit haud secus se Aegritudine, quam si Adonis alter Interemptus apri furente dente.

Vous aussi, prenez la route et saluez-les l’un et l’autre d’un esprit et d’un visage bienveillant ; félicitez très justement la reine de Chypre. En effet, après la perte du Sarsinate, elle s’est tourmentée et chagrinée comme si un nouvel Adonis avait été tué par la mâchoire furieuse du sanglier.

Sique tantulum adhuc modo irrepertus Mansisset, lepidissima illa Diua In totum occiderat simulque cum ipsa Lusus, Blanditiae, ioci Lepores.

S’il était resté dans cet état d’abandon, cette déesse si charmante aurait péri entièrement et avec elle les jeux, les caresses, les plaisanteries et le charme.

Quod si uos quoque non ruina raptim Traxisset similis, die atque nocte In luctu in lachrymis tamen fuisset Vobis Aonidesque, Gratiaeque, Et quantum est uirum ubique cultiorum Aetatem misere terenda uita.

Et si vous aviez, vous aussi, été précipités dans une pareille déchéance, vous auriez dû passer votre vie misérablement, Muses, Grâces et ce qu’il y a partout d’homme assez cultivés, jour et nuit dans la peine, dans les larmes.