Ad lectorem candidum et eruditum
Fridericus Taubmanus

Présentation du paratexte

Bibliographie :
Traduction : Christian NICOLAS

Ad lectorem candidum et eruditum

Au lecteur candide et érudit

Etsi Classici maiorumque gentium auctores hanc sententiam ab omni aeuo constanter, iureque ac merito tenuerunt, Plautum Comicum Latini sermonis proprietatem, elegantiam, atque Atticam illam Venerem suppeditare eaque de causa lectionem eiusdem, in tanta praesertim Comoediae ueteris paenuria ac prope interitu, bonarum litterarum candidatis magnopere necessariam esse, nihilominus tamen reperire est imperitos quosdam buccones ac Lentulos, qui tribunitiis linguis orationem Plauti, quam tamen aeque intelligunt, atque ego Sclauonicam, flagellare, et auctoritatem ipsius apud suam plebeculam eleuare conantur, hoc est, persuadere nobis, Solem illum, Qui mundum aeterno conuestit lumine lustrans1, mero meridie non lucere.

Même si tous les auteurs importants des nations majeures ont de tout temps suivi cette opinion constante, légitime et juste que le comique Plaute est le pourvoyeur de la pureté, de l’élégance de la langue latine et de ce charme attique et que, pour cette raison, la lecture qu’on en fait, surtout dans l’état de grande pénurie et presque de mort où se trouve la comédie antique, est, pour les candidats aux études littéraires, d’une grande nécessité, on peut toutefois trouver quelques grandes gueules incultes et des Lentulus qui, de leurs langues de tribuns, tentent de flageller le style de Plaute, qu’ils comprennent pourtant autant que moi le slavon, et de rabaisser son autorité auprès de leur petit public, et donc de nous persuader que le soleil, « qui baigne l’univers d’éternelle lumière », ne brille pas en plein midi.

Sed uanitas eorum ita solide a doctioribus (scripta extant) compressa est, ut Plautus hodie non solum in priuatis scholarum subselliis teratur, sed in publicis Academiarum cathedris per Europaeum hunc Orbem praelegatur.

Mais leur sottise a été si bien battue en brêche par les savants (on en a des traces écrites) que Plaute aujourd’hui non seulement traîne sur les bancs des écoles privées mais aussi se lit dans les chaires publiques des académies de toute notre zone européenne.

Ad quod exemplum ego etiam ante hos octo nouem annos tirocinium professionis Academicae facturus, primum omnium in hac amoenitate me iactabam.

Suivant cet exemple, moi aussi, il y a huit ou neuf ans, quand j’allais faire mes premières armes dans la carrière académique, je me jetais avant toute autre chose dans ce paysage enchanteur.

Quamquam uero ab initio minime animatus eram omnes Plauti Comoedias explanare, sed in aliquot saltem paucis oculos lucis professoriae adhuc impatientes, et animum rei grauitate uacillantem roborare, quia tamen auditorio in me ualde prono, et praeter morem ac sortem professionis huius, frequenti utebar, ueniebat in mentem, et mihi et iuuentuti atque adeo Comico ipsi, cui raro, apud nos praesertim, eiusmodi obtingit commoditas, hac aura porro uelificari.

Je n’avais d’ailleurs au début pas du tout l’intention d’expliquer toutes les comédies de Plaute mais d’exercer seulement sur quelques-unes mes yeux encore peu habitués aux lumières académiques et mon esprit hésitant devant le sérieux de la tâche ; mais comme j’avais un auditoire bien disposé et, contrairement aux habitudes et au lot commun de notre profession, nombreux, j’en venais à penser, pour moi, pour ces jeunes gens et même pour le poète comique, qui, surtout par chez nous, trouve rarement une telle opportunité, à voguer toutes voiles dehors sous cette bonne brise.

Itaque meo remigio usus nusquam interquieui, sed uno quasi protelo ad extremum usque littus prouectus sum.

Aussi, souquant ferme, sans faire aucune escale et quasiment d’un seul jet, je fus porté jusqu’au bout de la terre.

Interea dum hoc ago, aliud etiam aliunde a doctis suggeritur consilium et argumentis (ut uerbo te absoluam) persuadetur de quo tamen per somnium prius non cogitaueram nempe ut eadem opera ex omnibus eruditorum libris, qui non cuiuis semper in promptu sint, ea colligerem, quae Plauto lucem facere possent.

Sur ces entrefaites, un autre projet m’est suggéré par des savants d’ailleurs et s’instille en moi à force d’arguments (pour te payer d’un mot), projet auquel même en rêve je n’avais pas songé, celui de mettre la même énergie à rassembler de tous les livres des spécialistes, qui ne sont pas toujours facilement disponibles, tout ce qui pouvait mettre Plaute en lumière.

Ego, etsi tenuitatis meae conscientia haud parum deiciebar, amore tamen bonarum litterarum et assiduis illis hortationum, ut sic dicam, flabris plus etiam erigebar, ut mihi iam religio uideretur pulcherrimam hanc occasionem bene de litteris merendi amittere.

Pour moi, la conscience de ma faiblesse me faisait souvent tomber ; mais l’amour des lettres et le permanent coup de fouet (pour le dire ainsi) des encouragements me relevait davantage encore, au point de me donner scrupule à laisser passer pareille occasion de bien mériter de la littérature.

Quamquam me non latebat, quid in hoc genere proles illa Musarum J. Dousa F. ante annos sane multos publice nobis promisisset, cumque interea sermo et spes de illo ad hunc quidem Septentionem, omnis quasi refrixisset, putabam aut uerbum illud adolescenti in calore elapsum, aut instituti pertaeso quoduis potius saxum, quam huius pistrinae uolutare placuisse.

Bien sûr je n’ignorais pas ce que, dans le genre, ce rejeton des Muses Janus Dousa fils2 nous avait depuis des années promis publiquement et comme, entre temps, les paroles et les espérances à son sujet (du moins dans nos contrées nordiques) s’étaient refroidies, j’en venais à penser que ce mot avait échappé à jeune homme dans le feu de l’action ou que, las des leçons, il avait décidé de rouler n’importe quel rocher plutôt que celui de cette meule.

Et reuera (dico ex animi sententia) doluissem, si uel Dousa, uel quiuis alius ad maiora natus tantam ingenio et otio suo iniuriam fecisset in eoque se occupasset, quod ego et aliquis mei similis, absque melioris operae iactura, poteramus : quando mediocris doctrinae et iudicii ea tota res fuerit, sed laboris taediosi, supraque fidem non experti et quem si ab initio uel per nebulam prouidere potuissem, non ipse pater patratus hanc operam, quantum uis utilem, a me impetrasset.

Et réellement (je dis mon sentiment) j’aurais eu de l’aigreur si Dousa ou quelque autre taillé pour de plus grandes missions avait fait une telle injure à son génie et à son temps libre et s’était attelé à un labeur que moi ou un autre de ma petite trempe, sans même renoncer à des tâches plus importantes, aurions pu réaliser, puisqu’il réclame peu de science et de jugement mais un travail fastidieux qui ignore, qui plus est, la reconnaissance et que, si j’avais pu y pourvoir dès le début ou dans le brouillard, même un père patrat n’aurait pas réclamé de moi, quelque tâche utile que ce soit.

Nec ignorant amici, quam saepe uotum meum ipse damnauerim.

Et mes amis savent combien de fois j’ai maudit ma promesse.

Et nisi in primo isto calore irreuocabile uerbum3 publice mihi euolasset, telam illam sub extremum paene filum interrupissem.

Et si dans le feu de l’action « ce mot irrévocable » ne m’avait pas échappé en public, j’aurais cessé de tisser cette toile dès le tout premier fil.

Et certe, ob causas etiam alias, quas domi scio, nihil propius abfuit, quam ut fieret.

Et d’ailleurs, pour des raisons autres que personnelles, je le sais, rien ne s’est suffisamment approché pour advenir.

Quod cum nonnulli de me suspicarentur, nonnulli palam uociferarentur, coeperunt hoc caput πὺξ καί λάξ4 ex omni loco oppugnare.

Alors que certains commençaient à entretenir des soupçons sur moi, que d’autres vociféraient ouvertement, on se mit à attaquer ma personne à coups de poings et de pieds5 de tous les côtés.

Resumsi igitur, etsi et aliud postea ex transuerso intercedebat, quod animum mihi, sed et manum haud leuiter suspendebat.

J’ai donc repris le combat, même si quelque obstacle ultérieur venait à s’interposer par le biais, qui interrompait mon attention mais aussi, assez péniblement, ma main.

Cum enim libros omnium auctorum, qui publici iuris sunt, et quos curiose pro argumento et loco quaesitos nancisci poteram, euoluissem, coepi etiam per litteras interpretes, ut importunus foenerator, priuatas eruditorum arculas excutere, et symbolas Decimae huic Musae usquequaque, qua notos, qua ignotos, flagitare.

Car alors que j’avais déroulé les livres de tous les auteurs de droit public et ceux que j’avais pu trouver en fouinant dans mes recherches sur l’argument et le lieu, je me mis aussi, par l’entremise d’une correspondance (comme un usurier importun), à piller les cassettes particulières des érudits et à réclamer partout des contributions pour cette dixième Muse tantôt à des gens de ma connaissance, tantôt à des inconnus.

Et ecce tibi reperitur inter illos V. Nob. S. Vlricus Pistoris eandem telam nuper in adolescentia texuisse sed pro generis et ingenii praestantia Themidi, et postea consiliis Serenissimi Electoris Brandeburgensis celerius admotum pertexere non potuisse.

Et voilà que je découvre que l’éminent Ulrich Pistoris a naguère tissé la même toile dans sa jeunesse mais que, en raison de la grandeur de son rang et de son talent, préposé à la justice puis promu rapidement au conseil du Sérénissime Électeur de Brandebourg, il n’a pas pu terminer le travail.

Cumque in sublimi ista negotiorum grauitate haec humaniora desperare inciperet, meque per recentissimos quosque criticorum atque interpretum libros, sibique partim adhuc inuisos, aut certe occupatissimo nondum pellectos, grassatum esse cognosceret, medio mihi lampada cursu tradidit6, et una, quae ipse quidem commentatus erat in Plautum, omnia.

Et comme, au faîte de ces affaires sérieuses, il commençait à désespérer des choses plus humaines et qu’il savait par les tout derniers livres de critique ou de commentaire (en partie ignorés de lui ou, en tout cas, qu’il n’avait pas lus intégralement en raison de ses occupations) que je m’y étais mis, « il m’a confié le flambeau à mi-chemin » et, par la même occasion, toutes les notes qu’il avait lui-même écrites sur Plaute.

Sic igitur opera ista, quam a quouis alio, qui eam fortasse et rectius et minore cum inuidia tractaret, occupatam cupiissem, mihi reseruata est.

C’est donc ainsi que cette œuvre que j’aurais souhaité voir prise en main par quelque autre que moi, capable peut-être de la traiter mieux et en suscitant moins de jalousie, m’a été confiée.

Atque ita, candide Lector, scire poteris, qua occasione laborem taediosum iuxta et inuidiosum, licet multis saepe optatum, aliis etiam affectum paeneque confectum, ego potissimum exceperim.

Et ainsi, candide lecteur, tu pourras savoir en quelle occasion ce travail ennuyeux et même odieux, même s’il est attendu de beaucoup, prévu pour d’autres et presque achevé, c’est moi qui l’ai prolongé.

Nunc de nonnullis etiam aliis, quae etsi in re praesenti, hoc est, in ipso commentario doceri poteras, mea tamen causa uel hic etiam obiter praemonendus es.

Maintenant, sur quelques autres points, que d’ailleurs tu pourrais apprendre en direct, je veux dire dans ce commentaire-ci, il me faut pourtant, dans mon intérêt, te donner ici en passant quelques conseils préalables.

Cum primum rumor de instituto hoc meo increbesceret, erant, quibus rem actam uidebar agere, quando Plautus cum Lambini Commentariis, iisque uberibus et perpetuis, extaret.

Dès que la rumeur enfla sur mon projet en cours, certains pensèrent que j’instruisais une affaire traitée, puisqu’existait déjà le Plaute accompagné du commentaire de Lambin7, lui-même copieux et lemmatisé.

Quid hic agerem ?

Que devais-je faire ?

Negari non poterat, Lambinum, uirum ingeniosissimum et doctissimum de Comico nostro, si quisquam alius, post magnum illum Camerarium, qui primus ad iuuandum Plautum, ut ille ait, signum sustulit, prolixe meruisse.

Il était indéniable que Lambin, un homme de grand talent et de grand savoir, avait largement mérité de notre comique, plus que qui que ce soit, après la grande édition de Camerarius8, le premier à avoir, à ses dires, levé l’étendard pour prêter assistance à Plaute.

Sed cum rem ipsam paulo curiosius examinarem, et tot eruditissimorum hominum ingeniose inuenta cum Lambinianis illis contenderem, uidebar mihi, mihi autem ? immo plurimis e doctioribus non actum quidem, sed maxime agendum agere.

Mais examinant l’affaire d’un peu plus près et comparant tant de trouvailles ingénieuses des plus grands érudits avec les conjectures de Lambin, j’eus l’impression (moi mais aussi beaucoup de savants) que j’instruisais un dossier non pas achevé mais bien plutôt en cours.

Certe si ipsemet Lambinus reuiuiscat, eaque cum suis componat, quae ab obitu suo hisce quasi triginta annis optimorum sane ingeniorum feracissimis uiri per Europam in omni doctrinarum genere eruditissimi in hoc Comico aut emendarunt, aut illustrarunt, aut perpolierunt, sat scio, tantam accessionem non miretur solum, sed qui uiri istius amor erat in has litteras, bono publico uehementer gratuletur, cum praesertim notum sit, auctorem morte praeuentum suos illos commentarios mora et iudicio non ita roborasse, ut uel sua aetate solem aciemque eruditorum ferre, aut famam Lambinianae doctrinae sustinere possent, immo tumultuaria ut plurimum opera congestos et neque a prima neque secunda auctoris cura meliores, ab alio publicatos esse, ita ut longe plurima inibi sint relicta, quae Vmbro nostro umbram potius quam lucem adferant, multa etiam quae excusare aliquo modo possis, sed tantum excusare, nullo plane defendere.

D’ailleurs si Lambin revenait à la vie et comparait à ses résultats ce que depuis sa mort, ces trente dernières années, qui furent si fertiles en purs génies, des hommes de toute l’Europe, fort savants dans tous les domaines du savoir, ont produit sur Plaute d’émendations, d’illustrations, de corrections, il admirerait, j’en suis sûr, tous ces progrès mais aussi, en homme qui a l’amour des lettres, se féliciterait vivement de ce bien public, surtout quand on sait que cet auteur, surpris par la mort, n’a pas eu assez de temps de travail pour consolider ses notes au point d’en faire le phare et l’éclat des savants de son temps ou même de pouvoir rivaliser avec la réputation de science de Lambin : au contraire, ce sont des notes bien souvent réunies à la hâte, qu’une première et une seconde révisions de l’auteur n’ont pas améliorées et qui ont été publiées par un autre, au point qu’il y reste bien des passages qui apportent sur notre Ombrien plus d’ombre que de lumière, beaucoup aussi qu’on peut d’une certaine façon excuser, mais excuser seulement, non pas certainement justifier.

At uero si uspiam locum habet Poetae illud nouitii quidem, sed ad ueterem Romam eruditi Scriuerii, Hesternae lucis lux est hodierna magistra,Lectio datque aliquid cottidiana noui ;in hoc litterarum genere habitat, ubi uix dies est, quo non causa efferatur idem probandi simul et damnandi.

Mais s’il y quelque part une place pour ce distique du poète contemporain, certes, mais spécialiste de la Rome antique, Scriverius9 : « La lumière d’hier guide l’œil d’aujourd’hui,La lecture du jour apporte du nouveau », il se trouve dans ce genre littéraire où il ne se passe guère un jour sans qu’on ait une raison d’approuver et de condamner la même chose.

Quoties etiam uapulat Lambinus, ob molem illam commentarii, quam tantam effecerit, dum eadem toties inculcet, dum peruulgata et pueris nota tam anxie explicet, dum nimis aliena arcessat, dum in disputationes se diffundat, et quae huiusmodi sunt alia a doctis notata.

Combien de fois Lambin se fait-il démolir pour la taille de son commentaire, qu’il a rendu si volumineux en inculquant sans cesse les mêmes choses, en expliquant avec un soin jaloux des points connus des enfants, en faisant trop d’excursus, en se répandant en discussions, et d’autres défauts du même acabit signalés par les savants !

Ne quid interim de iis dicam, in quibus sententiae comici sexcenties praeuaricatus arguitur.

Et je ne dis rien des passages où, de mèche avec la pensée du comique, il est mille fois démenti.

Quod uel hi docebunt commentarii, in quibus tamen ipsis nihil fere mihi uindicare habeo, praeter fidem et industriam, quam quidem utramque Lectori candido et erudito mediocriter probaturum me confido, dum in hunc usum non centurias aliquot, sed (uere dico) chiliades librorum excutio, atque inde apis MatinaeMore modoqueGrata carpentis thyma per laboremPlurimum circa nemus uuidiqueTiburis ripas, operosadoctum Cogo reperta. 10

C’est ce que montrera ce commentaire-ci, dans lequel pourtant je n’ai presque rien à revendiquer en dehors de la loyauté et de l’énergie, deux qualités que je sais pouvoir offrir à mon lecteur candide et moyennement savant par le dépouillement à cet usage non pas de centaines mais (sans mentir) de milliers d’ouvrages et de là « selon la manière de faire de l’abeille du Matinus, qui butine sans arrêt le doux thym autour du bois touffu et des rives de l’humide Tibur, j’en rapporte les trouvailles laborieuses des savants ».

Neque tamen labor noster ob id fortasse uilioris aestimari debet, quod ex alienis libauerimus, ut apes, sicuti nec aranearum uestis illa et textura ideo melior est, quod ex se fila gignant.

Mais ce n’est pas pour autant, sans doute, qu’il faut sous-estimer notre travail, au motif que nous aurions pillé autrui en butinant comme les abeilles, pas plus que la toile et le tissage des araignées ne sont meilleurs au motif qu’elles tirent les fils d’elles-mêmes.

Fidem sane in excerpendo, quantam potui, adhibui maximam.

J’ai mis la plus grande fidélité que j’ai pu dans cette sélection.

Verba auctorum curiose retinui, et fere etiam ut quisque more aliquo scripserat nec facile cuiusquam sententiam uerbis meis uel amplificaui, uel ornaui.

J’ai gardé avec soin les mots des auteurs jusque dans le style propre de chacun et n’ai pas usé de facilité en amplifiant ou en embellissant de mes mots la pensée de chacun.

Quod quidem, si nusquam alibi, in Gruteri tamen Notis et Excerptis Palatinis, quae ille flagitio meo quasi coactus subito calore effuderat, uidebar debuisse facere, cum praesertim id etiam a me non creberrime solum, sed et summa animi contentione petierit, darem operam, ut confusa illa et festinata Venerem aliquam ab ore meo acquirerent, ne dedecus pro laude inueniret mea culpa.

C’est ce que pourtant, me semble-t-il, j’aurais dû faire, là plus qu’ailleurs, à l’égard au moins des Notes et extraits de la Palatine de Gruter11, que ce dernier, pour mon infamie et comme pris d’un coup de chaleur, avait produits, d’autant qu’il m’avait demandé avec insistance mais aussi avec une ardeur passionnée de veiller à apporter un peu de charme de mon crû à ces propos confus et hâtifs, pour ne pas lui valoir par ma faute de la honte plutôt que de la gloire.12

Nec tamen feci : sed Lectori sic nudas prostitui, sicuti nullius etiam sententiam temere in compendium coegi, nisi qua diffusior esset, et ubi praestaret eligere, quam colligere.

Et je ne l’ai pas fait, mais je les ai vendues au lecteur dans leur nudité, de même que je n’ai réduit la pensée de personne en la résumant, sauf là où elle était trop copieuse et où mieux valait sélectionner que collecter.

Neque ullius bene dicta aut fastidiose neglexi, aut odiose uellicaui, aut alieni patrisfamilias supellectilem alteri sciens adiudicaui.

Et les bons passages de chacun, je ne les ai ni passés sous silence par jalousie ni dénigrés par méchanceté, et je n’ai pas non plus attribué en conscience le bagage d’Untel à un autre propriétaire.

Occurrunt quidem alicubi et Notae ἀδέσποτοι, quas cum uel a me, uel aliunde ad oram libri, Auctoris nomine tacito, olim alleuissem, malui ita relinquere, quam ex coniectura alicui adscribere, cuius forte non essent.

Interviennent à l’occasion des notes anonymes : je les avais naguère déposées, certaines de mon crû, d’autres prises dans des limiaires d’ouvrages sans indication d’auteur ; j’ai préféré les laisser en l’état sans les attribuer conjecturalement à un auteur dont elles n’émanaient peut-être pas.

Verborum meorum adeo parcus fui, ut non tantum in nullas orationis amoenitates me diffuderim, sed auctorum etiam sententias, ubi plures erant de re una, diffluere maluerim, quam operosiore sermonis ueluti textura eas committere et deuincire, ne scilicet et hoc opus in nimiam molem excresceret, et conuicium Illustrissimi simul ac doctissimi Gallorum pateretur, Librum esse Germanicum.

Je me suis peu cité moi-même, au point non seulement de ne pas me diffuser pour faire briller mon style mais aussi de préférer fusionner plusieurs avis d’auteurs sur le même sujet plutôt que, dans une sorte de patchwork laborieux de phrases, les rassembler et les relier, évitant ainsi à cet ouvrage de dépasser la taille raisonnable et de mériter de la part du plus illustre et plus savant des Français le reproche que « c’est un livre allemand ».

Quod quidem, licet de industria cauerim, nihilominus tamen sub manu creuisse intelligo, et indignor.

Et je sais bien que, malgré mes efforts, il n’en a pas moins grossi sous ma main, je le vois et le déplore.

Verum enimuero, quum recogito, quanta uis sit et copia rerum, quae huc tanquam in cellam promptuariam compactae sunt, minus miror, cum sola etiam auctorum et librorum nomenclatura, si ordine percribatur, libellum facere mediocrem possit.

Mais quand je me représente la valeur et l’abondance de la matière qui se trouve ici stockée comme dans un garde-manger, je m’en étonne moins, quand la seule liste des auteurs et des ouvrages, mise en ordre, pourrait faire par elle-même un joli petit livre.

Alicubi tamen (cur negem ?) dedita quasi opera mitioris et iucundioris lectionis uoluptate minutas istas criticorum notatiunculas et uerba librorum Veterum fracta aut tertiata, ad quae nostri facile nauseant, temperaui.

Quelquefois (je ne saurais le nier), pour respecter la mission que je me suis donnée d’offrir le plaisir d’une lecture plus douce et plus agréable, j’ai aménagé ces petites notes critiques et les mots coupés ou abrégés des vieux ouvrages, qui font vite vomir nos jeunes gens.

Erunt tamen, sat scio, quorum palato nec ista facient (et quid mirum ? πολλοὶ ἐν Ἀρκαδίῃ βαλανηφάγοι13), et quibus nihil displicet, nisi quod bonum est.

Mais il y aura des gens, je ne le sais que trop bien, qui ne trouveront pas cela à leur goût (quoi d’étonnant ? « Beaucoup en Arcadie se nourrissent de glands »14) et qui ne détestent rien tant que ce qui est bon.

Atque haec facies commentarii plerisque doctis, quos in consilium adhibere potui, optima uisa est, ob causas, quas illi et numero multas et ratione ualidas addebant.

Et ce format de commentaire a paru excellent à beaucoup de savants avec qui j’ai pu en parler, pour des raisons qu’eux-mêmes fournissaient en grand nombre et étayées de solides arguments.

Erant etiam, quibus placebat auctorum uerba et sententias in breue compendium et ueluti summarium redigi.

Certains appréciaient les citations et les avis d’auteurs condensés en un bref résumé et comme en sommaire.

Quid dicam ?

Que dire ?

His quoque me indulgebam, Musamque hanc non illa solum laxa et undanti ueste, sed hac etiam stricta et singulos quasi artus exprimente, una opera induebam.

Je m’accordais à eux aussi et je mettais à ma muse, dans le même ouvrage, non pas seulement cet habit ample et ondoyant mais aussi celui qui s’ajuste et laisse deviner chaque articulation.

Sed nunc ut in illa prodiret, consultius existimatum est.

Mais pour que le premier lui aille, on a pris des mesures précises.

Poterit et in ista, si tempori et senatoribus Reipublicae litterariae ita uidebitur.

Elle pourra aussi mettre l’autre, si les sénateurs de la république des lettres l’y autorisent.

Erant denique, quibus placebat auctores nominatim modo perstringi, et lectorem remitti ad libros, ubi quisque hunc illumue locum explanasset.

Certains appréciaient que les auteurs soient seulement évoqués allusivement et que le lecteur soit renvoyé aux textes où chacun a expliqué tel ou tel passage.

Quae tamen ratio nulla in parte probari mihi potuit : fortasse nec multis aliis.

Pourtant cet argument n’a jamais pu me resuader, ni non plus peut-être beaucoup d’autres.

Quotus enim quisque est, qui tantum laboris in istam curam impendat, ut singula inuestiget ?

Car combien parmi nous allouerions à cette tâche le travail nécessaire pour rechercher chaque citation ?

Immo qui omnes auctores in parato et tamquam numerato habeat ?

Ou même combien sommes-nous à avoir tous les auteurs sous la main et, pour aini dire, dans notre inventaire ?

Ego sic existimo, uix centesimum quemque, atque inter doctos, habere omnes, a quibus Plauto lucem mutuati sumus.

Je crois pour ma part qu’à peine 1% (pour ne parler que des savants) ont tous les auteurs à qui nous avons emprunté ces éclaircissements sur Plaute.

Neque enim ignoro, quid ipse laboris ceperim, dum uniuersos, quos hic laudo, e Bibliothecis Germaniae eruo.

Car je sais le temps de travail que m’a pris la recherche de tout ce corpus, que je cite ici, et que j’ai fouillé dans les bibliothèques d’Allemagne.

Quin nec sic habebunt omnia, cum bona pars harum notarum ex ingenio et pluteis doctorum, precibus et litteris recens, ut si dicam, exsculpta sit, neque lucem tanquam uiderit.

Et d’ailleurs ils n’auront pas tout, vu qu’une bonne partie des notes vient du génie et des étagères des savants, extorquée15, si je puis dire, récemment à force de sollicitations et de lettres, et n’a jamais été publiée.

Quo circa primam illam commentarii faciem nunc exhibemus, quam suo cuiusque auctoris stilo ac colore, ut dictum, curiose formauimus.

Aussi, nous présentons là la première forme de ce commentaire, que nous avons voulu soigneusement conforme au style et à la couleur de chaque auteur, comme on l’a dit.

Vt enim (quod ille olim noster ait) in uno aliquo telo aut gladio multum interest, a qua manu ueniat16, sic in sententia, ut penetret, ualde facit robustae alicuius et receptae auctoritatis pondus.

Car de même que (selon un mot de feu notre auteur) dans un trait ou un glaive, ce qui compte c’est de savoir de quelle main il vient, de même, dans une phrase, pour qu’elle pénètre bien, le poids d’une auctorialité robuste et consensuelle fait beaucoup.

Et sicut drachmam argenti auriue si quis profert, boni quidem, sed quae imaginem aut signum Principis non praefert, recusare eam ius et mos est, sic bonum etiam monitum suspectum habere, ut monetam, quod Principis alicuius Decreti signo se non probat.

Et de même que, quand on avance une pièce d’or ou d’argent, même de bon aloi, mais qui ne présente pas l’effigie ou la marque du Prince, l’usage et la coutume sont de la refuser, de même un bien, même recommandé, paraît suspect s’il ne s’authentifie pas, comme une monnaie, avec le signe de quelque décret princier17.

Fac enim aut mihi aut notae huius alteri idem aliquando in mentem uenisse, quod Casaubono, quod Grutero, quod Scaligero, ecquando nobis eadem uis aut fides ?

Car supposons que moi ou un autre de ce commentaire ayons eu un jour la même idée que Casaubon18, Gruter, Scaliger19, quand aurons-nous même valeur et même crédit ?

Itaque suum cuique auctori nominatim adscripsi.

Aussi ai-je ai-je attribué nominativement son dû à chaque auteur.

Benigum et plenum ingenui pudoris est, fateri per quos profeceris 20.

« Il est noble et pleinement respectueux d’avouer qui nous a fait progresser ».

Si per occasionem (quod et paulo ante monebam) rarum aliquod et selectum ab antiquitate monumentum, quo quis aut doctior fieret, aut melior, admittere potui, non neglexi, ut hunc thesaurum omnibus modis et pretiosiorem et commendatiorem lectori facerem neque enim Aeliis aut Persiis haec parauimus21, sed linguae Romanae candidatis, qui sint in iuuentute.

Si de temps en temps (ce que je rappelais il y a peu) j’ai pu introduire un témoignage rare et choisi de l’antiquité, susceptible de rendre plus savant ou meilleur, je ne m’y suis pas refusé, pour proposer un thésaurus à tous égards bien précieux et bien adapté au lecteur ; et de fait, ce n’est pas pour des Aelius ou des Persius que nous avons travaillé, mais pour des apprentis latinistes dans la fleur de l’âge.

Quamuis autem difficile sit in his seruare modum, qui aeque gratus sit omnibus (aliud enim uulgus fere, aliud docti amant), spero tamen me temperasse, ut neque breuitas, ubi adest, obscura sit illis, nec his molesta diffusio.

Or, bien qu’il soit difficile de garder dans ce domaine la juste mesure, qui est agréable à tous (car la populace et les savants n’aiment pas la même chose), j’espère tout de même avoir réussi à ce que la brièveté, quand il y en a, ne soit pas obscure aux premiers ni la profusion pénible aux seconds.

In auctorum dispositione ordo non est seruatus, sed ut quisque prior oblatus, ita et sententia eiusdem in censum relata est.

La disposition des auteurs ne respecte aucun ordre mais c’est en fonction de l’ordre où je les ai lus que leurs opinions sont rapportées dans la liste.

Nisi quod Lambinus ut plurimum mihi agmen ducit, ut qui in hac palaestra omnium frequentissimus et de industria uersetur.

Sauf Lambin : il conduit le plus souvent la troupe en homme qui, dans cette arène, se trouve le plus utilisé de tous et volontairement.

Cuius etiam subinsipidas enarrationes atque a doctis iam explosas interdum sciens adscripsi, cum non ignorem, esse, qui Lambini uel amore uel auctoritate eisdem etiam pretium aliquot ponant, omissasque doleant.

Même ses explications sans intérêt et huées naguère par les savants, je les ai parfois recopiées à dessein, parce que je sais qu’il y a des gens qui, par amour pour Lambin ou en raison de son autorité, accordent du prix même à ces gloses-là et se plaignent si on les omet.

Dubium uero nullum est, quin e plusculis illis de re una sententiis, sub unum quasi ictum oculi hinc inde coactis, ingenium studiumque huius alteriusue e contentione mutua lectori mirifice commendetur.

Nul doute que, quand de plusieurs opinions sur le même sujet j’ai fait un groupement qu’on peut embrasser d’un seul coup d’œil, l’intelligence et le goût qui naissent de la comparaison mutuelle de tel ou tel ne soient pour le lecteur une vraie valeur ajoutée.

In illa tamen sententiarum discrepantia, iudicium meum rarissime interposui, multas ob causas, sed has praecipue, quod putem, iudicium cuiusque hic liberum esse debere ; deinde, quod pleraque, in hoc doctrinae genere sint huiusmodi, ut sine Reipublicae detrimento secus sentire liceat.

Toutefois, en cas de désaccord parmi les opinions, j’ai très rarement précisé mon jugement, pour plusieurs raisons, dont celles-ci principalement, qu’à mon sens, le jugement de chacun doit être libre ; ensuite parce que, dans ce domaine du savoir, on a le droit, sans mettre en péril la république, de penser différemment.

Varro etiam suum illud oraculum e Speculo historiae Vincentii mihi ostentabat ; In multis contra omnes sapere, desipere est 22 .

Varron me montrait même son fameux oracle, tiré du Miroir historique de Vincent de Beauvais : « Souvent avoir raison contre tous, c’est avoir tort ».

Et ne denique dum huius sententiam probatum eo, illius improbatum, argumentis in utramque partem coaceruatis, hoc est, Siculis logis ad Atticos additis23, commentarius altero uel etiam tertio tanto augeret, tuque in me Flacci illud torqueas : Nil agit interpres, litem qui lite resoluit 24.

Et enfin, pour éviter que, pendant que je vais approuver l’avis de l’un et réprouver celui d’un autre, en assemblant le pour et le contre, c’est-à-dire en ajoutant les bons mots siciliens aux attiques, le commentaire ne double, voire ne triple, tu pourrais toi m’infliger le mot d’Horace : « on n’a rien expliqué à conclure un litige par un autre litige ».

At, inquis, tribus uerbis id fieret.

Mais, dis-tu, cela prendrait trois mots.

Audio.

Je t’écoute…

Sed tu age confirma uel infirma mihi totidem uerbis, quod senator aliquis criticae curiae denis uicenisue posuit.

Mais vas-y, confirme ou infirme en autant de mots ce que tel sénateur du parlement de la critique a mis par paquets de dix ou vingt.

Exempli gratia, Asinaria act. I sc. 3 uers. 51. Edit. uulgat. Legitur :

Par exemple Asinaria, Acte I, scène 3, vers 51 de l’édition vulgate : on lit ceci.

Vetus est, Nihili coctio est : scis cuius ? 25

Vetus est, Nihili coctio est : scis cuius ?

Heic se iactant Alciatus, Erasmus, Aldus, Camerarius, Turnebus, Scaliger, Lambinus, Lipsius, Muretus, Longolius, Torrentius, Meursius, praeter Festum, Gellium et Glossographos : quorum fere nemo est, qui haec non aliter aliterque legat explicetque.

Là viennent se montrer Alciat, Érasme, Alde, Camerarius, Turnèbe, Scaliger, Lambin, Lipse, Muret, Longueil, Torrentius, Meursius, outre Festus, Aulu-Gelle et les lexicographes : presque tous ont donné des variantes de lecture et des explications contradictoires.

Ita praeter sexcenta alia, uexatissimum est illud Cistell. act. I sc. I u. 42 :

Ainsi dans ce passage très accidenté de la Cistellaria, Acte I, scène 1, vers 42 :

Illa te, et ego hanc mihi educaui Ex patribus conuenticiis. 26

Illa te, et ego hanc mihi educaui Ex patribus conuenticiis.

Vbi alii legunt : Ex patribus conuentis ; alii, ex paribus conuentis ; alii, ex partibus conuentus ; alii ex patribus conuentus ; alii ex patribus contignis ; alii ex patribus contiguis ; alii, ex patribus commenticiis ; alii ex patribus conueni ; alii aliter : praeter lectiones manuscriptorum codicum et unaquaeque lectio suis auctoribus ita placet, ut quem illorum cumque audias, iures ipsius unam probam esse, ceterorum omnes reiculas.

Quand les uns lisent : Ex patribus conuentis ; d’autres, ex paribus conuentis ; d’autres, ex partibus conuentus ; d’autres, ex patribus conuentus ; d’autres, ex patribus contignis ; d’autres ex patribus contiguis ; d’autres, ex patribus commenticiis ; d’autres, ex patribus conueni ; d’autres encore autrement : en outre les leçons des manuscrits et chaque leçon plaisent à leur auteur en sorte que, quelle que soit celle qu’on entend, on jurerait que c’est la seule bonne et que toutes les autres sont à mettre au rebut.

Iam quis ego sim qui hos inter tantas ausim componere lites ?27.

Alors moi, qui suis-je « pour oser les départager entre ces grandes controverses » ?

Cum praesertim sua quique inuenta tenerrime ament et haec reprehendi aegre ferant non aliter atque matres, quibus agre est turpissimam etiam sobolem suam ab aliis derideri.

D’autant que chacun a pour ses trouvailles un amour très tendre et supporte mal qu’on leur fasse reproche, comme des mères qui souffrent que d’autres se moquent, même si elle est hideuse, de leur progéniture.

Quod si uir doctus candidusque (nam hoc semper addo, et opto) censorem in isto Commentario meo non-meo agere uolet, eum ego monitum et rogatum ualde cupio, ne cuiusquam inuentum tangat, priusquam fontem inspexerit, quo digitum fere semper intendo, hoc est, auctorem ipsum consuluerit.

Et si quelque savant franc (je fais toujours cet ajout, que je souhaite) veut se faire censeur de ce commentaire qui est le mien sans l’être, je souhaite vraiment l’avertir et lui demander de ne critiquer aucune trouvaille avant d’avoir examiné la source, vers laquelle mon doigt est toujours pointé, à savoir de juger l’auteur lui-même.

Fieri enim potuit, ut aut exscriptor, aut typographus, aut ego alicubi erratum humanitus admiserimus, quod immerito, et me certe inuito, alius lueret.

Il a pu arriver que le copiste ou l’imprimeur ou moi, ici ou là, ayons, humains que nous sommes, introduit une erreur : c’est injuste et c’est bien malgré moi, mais qu’un autre paye !

Lectiones etiam uariantes, quas Critici annotarent, non ubique omnes repraesentaui, sed illas duntaxat, quae euidentiores uisae.

Les leçons variantes, notées par les critiques, je ne les ai pas partout signalées, mais seulement celles qui m’ont paru plus évidentes.

Ita nudis interdum uerbis posui, quomodo quis hoc illudue emendarit, aut explanarit, rationibus non adsignatis, tum ut fastidio morosi lectoris, quem facillime ad haec talia nauseare usu didicimus, consuleretur, tum ut aliquis modus esset commentario.

J’ai alors indiqué parfois au minimum comment tel ou tel est arrivé à telle ou telle correction ou explication, sans donner les arguments, tantôt pour ne pas aggraver l’ennui du lecteur chagrin que ces questions rendent failement nauséeux (je l’ai appris à l’usage), tantôt pour que ce commentaire garde quelque mesure.

Sed et hoc scias uelimus, citari saepius manuscriptos Camerarii et Palatinos ; sed fide Gruteri, mihi tamen rarius eo quidem nomine laudati.

Mais je voudrais qu’on sache que sont cités plus souvent les manuscrits de Camerarius et ceux de la Palatine, dans ce cas avec la confiance de Gruter, que je n’ai pas assez loué nominativement.

Semel igitur hic discas, quicquid eiusmodi occurrerit ἀνώνυμου (nam et optimus Rittershusius priores contulit, cui tamen sua nominatim adscripsimus) ab illo esse.

Donc apprends ici que tout ce qui, dans ce genre, apparaîtra comme anonyme (car l’excellent Rittershusius, qui a fait les premières collations, est, lui, cité nominativement) vient de Gruter.

Gruterus enim est, qui manuscriptos illos Camerarii, quos Serenissimus Elector Palatinus Fridericus IV ab heredibus nuper redemptos suae illi Bibliothecae et nunc regno Gruteriano adiecit itemque sex septem Palatinos, in quibus sint, qui antiquitate omnes in Germania praestent, labore et studio, ut facile aestimare est, incredibili contulit mihique cum Notis aliis in hunc comicum et plurimis et palmariis liberalissime transmisit.

Car c’est Gruter qui a collationné les manuscrits de Camerarius que le Sérénissime Électeur Palatin Frédéric IV a ajoutés (après leur rachat par ses héritiers) à sa magnifique bibliothèque, aujourd’hui royaume de Gruter, ainsi que six ou sept manuscrits palatins, parmi lesquels les plus anciens de toute l’Allemagne, et il l’a fait avec un zèle et une minutie, comme on peut s’en douter, extrêmes et il me les a transmis avec une grande générosité ainsi que d’autres notes sur Plaute, nombreuses et de premier choix.

Quas quidem lectiones si annotare omnes aut plerasque saltem uoluissem, ingentem profecto librum dedissem.

Si j’avais voulu intégrer toutes ces leçons ou la plupart, assurément j’aurais produit un livre énorme.

Si ex ullis tamen libris salus huic comico speranda sit, ab istis, opinor, poterit.

Mais s’il faut espérer de quelques livres le salut pour notre comique, c’est de ceux-ci, je pense, qu’il viendra.

Atque utinam uel excerpta illa sua doctis et curiosis ederet Gruterus !

Ah si seulement Gruter éditait ne serait-ce que des extraits de ses réflexions pour les savants et les curieux !

Sed, quod in hac barbarie operarum inprimis necessarium se correctore.

Mais, chose nécessaire au milieu des éditions ignares que nous connaissons, à condition de se corriger lui-même !

Scio, riderent istas minutias multi ; sed nempe multi : quibus ista etiam non ederentur, sed iis fere tantum, quibus non est ignotum, quam cupide Turnebus, Fruterius, aliique desiderarint, ut Camerarius uitiosas saltem membranacei sui Plauti pluries repraesentasset scripturas.

Je le sais, beaucoup se moqueraient de cette minutie ; oui, beaucoup ; mais ce n’est pas pour eux qu’on éditerait cela, c’est seulement pour ceux qui savent combien Turnèbe28, Fruterius29, et d’autres ont regretté la manière qu’a eue souvent Camerarius de représenter les leçons au moins défectueuses de son manuscrit de Plaute.

Mihi certe nullum sit dubium, quin ex isto seminio et quasi farragine homines acuti et industrii grana lecturi sint, unde mola Pistoris nostri pro furfure mundissimum pollinem haud raro suffectura esset.

Et je suis persuadé que de cette semence et de ce fourrage, pour ainsi dire, des hommes vifs et travailleurs éliront des graines desquelles la meule de notre meunier sortira en grande quantité, au lieu de son, une farine très raffinée.

Atque utinam, o bone Lector, unus aliquis e magnis illis Reipublicae litterariae senatoribus (quod spero, iterumque uoueo) collatis tot librorum scripturis et doctorum sententiis, nouam Plauti editionem, post illam Camerario-Dousicam, quae quidem nunc omnium optima est, adornet.

Et puisse, gentil lecteur, un membre éminent du sénat de cette république des lettres (je l’espère et le souhaite à nouveau), comparant les leçons de tant d’ouvrages et les avis des savants, procurer une nouvelle édition de Plaute, après celle de Camerarius-Dousa, qui reste aujourd’hui la meilleure de toutes !

A me quidem frustra ea exspectatur.

Ce n’est certes pas de moi qu’il faut l’attendre.

Maioris enim ingenii et doctrinae res est.

Car il y faut plus de talent et de savoir.

Ego ea laude contentus uiuam, si fidelis eclogarii nomen meruero.

Pour moi, je vivrai content de cet éloge d’avoir mérité le nom de fidèle compilateur.

In quo ipso tamen fortasse habeas, quod tibi gratuleris, dum haec opera ab illis, qui eam minati sunt, in me translata est, qui forte melior sim in sententiis tot eruditissimorum uirorum colligendis, quam in nouis aliquot inueniendis.

Mais à cet égard, tu auras peut-être de quoi te féliciter de ce que ce labeur que ceux-là avaient promis m’ait été confié à moi qui suis sans doute meilleur dans le recueil des données de tant de spécialistes que dans l’invention de nouvelles données.

Nam fac tu (quod et olim hic dicere memini) unum aliquem e prima classe litteratorum Plautum commentari.

Car imagine qu’à ton tour (ce que je me souviens d’avoir dit ici un jour), devenu un savant de premier ordre, tu fasses un commentaire de Plaute.

An tu aliquis mei similis propterea rem factam habere existimes ?

Penserais-tu alors, toi qui me ressembles pour ça, que l’affaire est faite ?

Minime hercle.

Sûrement pas.

Quippe felices illae et eruditae animae ex ingeniorum suorum acumine doctrinaeque copia ceteros fere aestimant et quod nos Sphyngis aenigma censemus, id, ut pueris notum, ne uerbulo quidem illi dignantur.

Car ces grands esprits savants, du haut de leur génie et de la somme de leur savoir, ont de l’estime pour tous les autres et ce qui nous semble une énigme du Sphinx, eux, comme si c’était une chose connue des enfants, ils ne s’abaissent pas à en dire le moindre mot.

Et tales qui sunt, edunt plerunque sua tantum, nimium seruile rati in sententiis aliorum corrogandis operam ponere, etiamsi ad lucem auctoris facere non ignorent.

Et les savants de cet acabit éditent le plus souvent leurs seules idées, pensant qu’il est trop servile de consacrer du travail à assembler cellesd’autrui, même s’ils savent que cela illustre leur auteur.

Sed desinam ubi tamen de istis prius etiam monuero.

Mais je vais arrêter, non sans avoir d’abord donné ces quelques consignes.

Quoties in hisce Commentariis littera L solitaria ponitur, Lambinus intelligitur ; nam Lipsii nomen expressius scriptum : quoties D. Dousa, siue pater siue filius : nam curiose non discreui cognomines : nec ipsi se propterea, uel me adeo repetundarum, opinor, accusabunt.

Dès que dans ces notes se lit la lettre isolée L., comprendre « Lambin » ; car le nom de Lipse est écrit en toutes lettres ; dès qu’on a D., c’est Dousa, père ou fils ; car curieusement je n’ai pas distingué ces homonymes ; et eux-mêmes ne s’accuseront pas entre eux ni ne m’accuseront de vol, j’imagine.

Aut si facturi sunt, rogo mea causa iudicem capiant Scaligerum, aut quemuis alium, cui talis pater uel filius.

Ou bien s’ils le faisaient, je leur demande dans mon intérêt de prendre comme juge Scaliger ou quelque autre « tel père tel fils ».

Vbi L.D. uel Turneb. D. intellige tu, ea a Lambino uel Turnebo occupata quidem, sed Dousa eorum testem et suffragatorem esse.

Quand on voit L. D. ou Turneb. D., comprendre que cela a été procuré par Lambin ou Turnèbe mais avec le témoignage et l’assentiment de Dousa.

Causam ipse uides, parsimoniam litterarum, et unius sententiae geminam auctoritatem.

Tu comprends la raison : des abréviations pour une double auctorialité d’opinion.

Litterae V.N. significant Vide Notas.

V. N. signifie Vide notas (voir les notes)

Nam cum in re tali idem saepius occurrat, id operam dedi, ut uno in loco plenius, quoad fieri potuit, tractaretur et quoties deinde occurreret, toties lector isto quasi indice ad fontem remitteretur.

Car, comme la matière amène souvent les mêmes indications, j’ai veillé à ce qu’un même passage soit, autant que possible, pleinement traité et que, dès que ça se retrouve ailleurs, le lecteur soit, au moyen de ces sigles, renvoyé à la source.

Quod si quid tamen non satis explicatum alicubi est, neque loci alterius, qui te id doceat, indicium factum, consule tu mihi Indicem.

Si néanmoins quelque part une explication manque et qu’on ne trouve nulle part ailleurs un indice pour nous renseigner, il faut consulter l’Index.

Scio, reperies, quod auebas.

Je le sais : tu trouveras ce que tu cherchais.

Vbi legis M.S. Cam. pr. item M.S. sec. scias alterum e Manuscriptis istis Camerarii Codicibus, quorum paulo ante facta est mentio, esse integrum, alterum a Bacchidibus incipere, et hunc quidem uocari Primum, illum uero Secundum, tantumque fidei eorum tribui, quantum fere Pandectis Florentinis soleat a iurisconsultis.

Quand on lit M. S. Cam. ou encore M. S. sec., il faut savoir que, des manuscrits de Camerarius dont j’ai parlé, l’un est entier, l’autre commence aux Bacchides, que l’un s’appelle le premier et l’autre le second et que je leur ai accordé autant d’importance que les Pandectes de Florence30 en inspirent d’ordinaire aux jurisconsultes.

Hoc etiam obiter notes, quod Gruteri industria annotauit, in istis semper scribi edepol non aedepol ; erus non herus ; semper adicere, nunquam addicere ; ne, non nae ; pelex, non pellex ; uilicus non uillicus ; thensaurus, non thesaurus, quamuis et alterum aliquando inueniatur ; adulescens, non adolescens ; intellego, non intelligo ; ilico, non illico ; ceno, non caeno ; suscenseo, non succenseo ; epistula, non epistola, etc.

Il faut noter aussi au passage que Gruter a notifié systématiquement qu’on écrit dans ces textes edepol non aedepol ; erus non herus ; toujours adicere, jamais addicere ; ne, non nae ; pelex, non pellex ; uilicus non uillicus ; thensaurus, non thesaurus, même si on trouve parfois les deux orthographes ; adulescens, non adolescens ; intellego, non intelligo ; ilico, non illico ; ceno, non caeno ; suscenseo, non succenseo ; epistula, non epistola, etc.

Meas etiam editiones siue codices interdum laudo, quamuis mangonum manus ad unum omnes passi sint nec nomen antiquitatis, et cui pretium aliquod ponendum sit, mereantur.

Je cite parfois aussi les éditions ou livres en ma possession, bien qu’ils soient tous passés entre les mains des maquignons et ne méritent pas le titre d’antiques à même de donner du prix aux choses.

Eae sunt Editio Aldus Venet ; Brixiensis ; Bernh. Sarraceni, quam procurauit S. Papiensis ; Argentinensis, cui praefuit Mulingus ; et similariter Carpentarii.

Il s’agit des éditions d’Alde, de Venise31 ; celle de Brescia32 ; celle de Bernard Sarrazin, procurée par S. Papiensis33 ; celle de Strasbourg dirigée par Mulingus34 ; également celle de Charpentier35.

Quae non sunt Plauti, qualia illa olim Amphitruoni infulta, et Prologus Bacchidum, et reliqua non quidem recentioris, sed tamen sequioris aeui, in priuatum locum conieci, iussu Scaligeri.

Ce qui n’est pas de Plaute, comme ce qui a été naguère inséré dans Amphitryon36, le prologue des Bacchides37 et des fragments datés certes non pas du dernier siècle mais d’une époque inférieure, je les ai rassemblés dans un lieu à part sur les conseils de Scaliger.

Indicem etiam feci, qui Promptuarii aut Lexici uicem esse queat.

J’ai aussi fait un Index, qui peut tenir lieu de réserve ou de lexique.

Erant et alia, mi lector, de quibus tecum fabulari in hoc aditu cogitabam ; sed melius est in adyta et commentarium ipsum te dimittere, ubi de ceteris tecum ipse fabuleris.

Il y avait d’autres éléments, mon cher lecteur, dont je pensais t’entretenir dans cette préface ; mais mieux vaut te renvoyer au saint des saints et au commentaire même, où tu pourras t’entretenir de tout avec toi-même.

Quid hic ualuerim, alii iudicent ; hoc mihi quidem conscientia pro testimonio dicit, quod bono litterarum omnia uoluerim.

Que vaut mon travail ? à d’autres d’en juger ; mais ma conscience vient témoigner pour moi en disant que mon objectif était de tout faire pour le bien de la littérature.


1. Cic., Arat. 322. Haec Sol aeterno conuestit lumine lustrans.
2. Johan van der Does de zoon, ou Janus Dousa fils (1571-1596) est un érudit célèbre, malgré sa mort prématurée. Il fit ses études à Leyde. Il est l’auteur principal de l’Histoire de Hollande, que son père a achevée après sa mort. Il a étudié à Leyde, sous Juste Lipse. Latiniste, helléniste et hébraïsant, il avait une vaste culture en droit romain, en littérature, en sciences. Il fut également poète néolatin. Co-éditeur avec son père de Catulle, Properce et Tibulle, il a laissé des commentaires sur Pétrone et Plaute. Il est mort à 25 ans, de retour d’un voyage en Pologne, d’une crise d’asthme, laissant à qon père et quelques grands savants de ses amis, comme Scaliger, des regrets sincères.
3. Hor., Ep. 1.18.71. et semel emissum uolat irreuocabile uerbum, « l’irrévocable mot qu’on n’a dit qu’une fois s’envole ».
4. Erasme, Adagia 221, Ces deux adverbes se trouvent séparément mais ils ne sont associés qu’une fois, chez Georges le Moine ou Georges le Pécheur, Chron p. 762, l. 11 (Boor). Mais c’est très certainement dans les Adages d’Érasme que Taubmann a trouvé l’expression.
5. En grec dans le texte.
6. Erasme, Adagia 138, .
7. Il s’agit de l’importante édition de Denis Lambin de 1576, présente dans le corpus de nos paratextes.
8. Il s’agit de l’importante édition de Johann Kammermeister/ Camerarius de 1558, présente dans le coprus de nos paratextes.
9. Pieter Schryver (1576-1660), Hollandais, poète, historien, éditeur de textes.
10. Hor., O. 4.3.27b-32. Reprise démarquée dans sa finale d’Horace  : apis Matinae/ More modoque/ Grata carpentis thyma per laborem/ Plurimum circa nemus uuidique/ Tiburis ripas, operosa paruus/ Carmina fingo, « à la manière habituelle de l’abeille du Matinus, qui butine avec effort le thym parfumé, je me promène dans le bois épais et sur les rives du frais Tibur, façonnant modestement des vers laborieux » (trad. F. Villeneuve, CUF).
11. Il s’agit de notes manuscrites : voir la version digitale.
12. Gruter, qui avait rédigé trop vite des notes plautiniennes (entre autres), avait demandé à son ami Taubmann de les améliorer, ce qu’il n’avait pas fait « pour son infamie » ; et, pour ne pas déroger à son programme de citation verbatim des auteurs collectés, Taubmann (et il le regrette) a, cette fois encore, manqué une occasion d’améliorer le style de Gruter. La collaboration entre les deux hommes aboutira à une édition de Plaute par Gruter en 1621, avec les annotations posthumes de Taubmann.
13. Erasme, Adagia 227, Ce début d’hexamètre, à compléter des deux mots ἄνδρες ἔασιν, est cité par Hdt., Hist. 1.66.10, rangé dans l’Anthologie grecque 14.76 puis traîne chez Pausanias, et plusieurs grammairiens et scholiastes. Il est donc aussi répertorié chez les parémiographes et particulièrement Érasme, Adages, où Taubmann l’aura facilement déniché.
14. . Le sens de cet adage est : « on n’aime que ce qu’on a par devers soi ».
15. Ce sens un peu rare d’exsculpo se trouve précisément chez Pl., Cist. 541.
16. Sen., Ep. 2.25.1.
17. Donc l’imprimatur octroyé par le privilège royal, princier, ducal, etc.
18. Savant considérable, né à Genève en 1559 de parents français huguenots réfugiés et mort à Londres en 1614, Casaubon apprit le grec à l’université de Genève où il succède à son maître Portus à l’âge de 22 ans. Gendre d’Henri Estienne. Il édita Strabon, Théophraste, Eschyle, Perse, Suétone… Il finit par accepter un poste à Paris, qu’il tint jusqu’en 1610 mais rallia Londres après l’assassinat d’Henri IV.
19. Savant français considérable, Joseph-Juste Scaliger (né à Agen en 1540 et mort à Leyde en 1609, est le dixième fils du Toscan immigré Jules-César Scaliger. Comme son père il s’est une solide réputation de philologue, éditeur de nombreux textes antiques et procura des éditions critiques très solides de Catulle, Properce, Tibulle, etc. Latiniste, helléniste, hébraïsant et arabisant, il embrassa la religion réformée, ce qui explique qu’il fit sa carrière académique à Genève puis à Leyde.
20. Plin., Nat. Praef. 21. La citation exacte de Pline est : est enim benignum, ut arbitror, et plenum ingenui pudoris fateri per quos profeceris.
21. Cic., De or. 2.25. Ces personnages ne sont, à notre connaissance, nulle part ailleurs associés. Ils sont appelés ici comme des parangons de latinité. Dans la nombreuse et ancienne gens Aelia, on peut opter pour L. Aelius Stilo, philologue du premier siècle avant notre ère et maître de Varron ; ou pour Aelius Tubéron, ami de Cicéron ; Persius peut être naturellement le satiriste Perse, de l’époque de Néron, connu pour son latin d’une extrême difficulté ; ou peut-être l’orateur cité par Cicéron en Brut. 99 ou De or. 2.25 et réputé pour le plus savant de son temps. L'emprunt est sans doute fait à Lucilius, qui écrit dans ses Satires : Persium non curo legere, Laelium Decumum uolo, fragment relayé dans le De oratore de Cicéron.
22. Vincent de Beauvais, Speculum doctrinale, 4.124, col. 370, l. 64, ed. princeps 1624.
23. Pl., Pers. 394-395. Allusion à un vers de Plaute, avec remploi de plusieurs mots, Dabuntur dotis tibi inde sescenti logei,/ atque Attici omnes : nullum Siculum acceperis, « je tirerai de là, pour te les donner en dot, plus de six cents bons mots, et tous attiques, pas un seul sicilien », trad. A. Ernout, CUF.
24. Hor., S. 2.3.101. nil agit exemplum litem quod lite resoluit.
25. Pl., As. 203a. Le vers est édité ainsi par Goetz-Schoell : Vetus est ‘nihili coactiost’ - scis quoius : non dico amplius.
26. Pl., Cist. 39b-40a. Le vers est édité sous cette même forme par Goetz-Schoell.
27. Virg., B. 3.108. Non nostrum inter uos tantas componere lites.
28. Adrien Turnèbe (1512-1565), poète et grand éditeur critique. Il fit une carrière académique à Toulouse puis à Paris, où il forma Henri Estienne. Imprimeur du roi pour le grec, il édite Philon, Synésius, les scolies sur Sophocle. Il était ami de Montaigne, Michel de l’Hospital, Janus Dousa père etbien d’autresw. Il édita ou commenta Varron, Cicéro, Horace, Pline, traduisit en latin des ouvrages grecs (Théophraste, Plutarque…).
29. Luc Fruytiers, humaniste, ami et condisciple à Douai de Dousa père.
30. Il s’agit du manuscrit florentin qui note l’édition du recueil de lois dit Digeste, dont Justininen ordonna la compilation.
31. Il s’agit de l’éditio princeps de 1472, procurée à Venise dans les ateliers d’Alde Manuce par Georgius Merula.
32. Il s’agit de l’édition de 1506, procurée à Brescia par Pylades Buccardus (Boccardo).
33. Il s’agit de l’édition de 1499, procurée à Venise par Simon Papiensis (Bevilacqua) avec des notes de Bernardus Sarracenus.
34. Il s’agit de l’édition de 1508, procurée à Strasbourg par Iohannes Adelphus Mulingus chez Grüninger.
35. Il s’agit de l’édition de 1512, procurée par Simon Charpentier chez Denis Roce.
36. La longue lacune de cette pièce (272 vers selon Louis Havet), qui nous prive de la fin de l’Acte 3 et de presque tout l’Acte 4, a été comblée au quinzième siècle par une interpolation d’Hermolaus Barbarus, qui a finement exploité des fragments de la pièce donnés par les grammairiens et lexicographes et qui figuraient justement dans le texte manquant.
37. Le début des Bacchides et perdu et il en reste des fragments tirés des grammairiens.