In Antigonen Sophoclis Argumentum Ioachimi Camerarii Pabenbergensis
Ioachimus Camerarius

Présentation du paratexte

Argument de l’Antigone par Joachim Camerarius . Après un long résumé de la pièce (§1-27), le texte se signale par une réflexion sur les finalités de la tragédie (§29-37) et par une brève comparaison entre Sophocle et Euripide (§38-39).

Bibliographie : Traduction : Diandra CRISTACHE

In Antigonen Sophoclis Argumentum Ioachimi Camerarii Pabenbergensis.

Antigone de Sophocle : argument par Joachim Camerarius, natif de Bamberg.

Iam ceciderant mutuis uulneribus fratres Antigonae, Œdipi filii.

Les frères d’Antigone, fils d’Œdipe, avaient déjà succombé de leurs blessures mutuelles.

At Creo, qui occupasset regnum Thebanum, siue quia noua potestate superbiret, siue quia receperat Eteocli, abici iubet Polynicis cadauer et humantibus aut aliquo honore exequiarum afficientibus, poenam proponit mortem ; quibus contemptis Antigone audet noctu clam sepelire fratrem.

Mais Créon, qui s’était emparé du trône de Thèbes, soit parce qu’il s’était enorgueilli de son nouveau pouvoir, soit parce qu’il avait permis qu’on enterre Étéocle, ordonne que le cadavre de Polynice soit abandonné et impose la peine de mort pour ceux qui voudraient l’enterrer ou lui assurer quelque honneur funèbre ; mais Antigone méprise ces ordres et ose enterrer son frère de nuit, en cachette.

Quae re cognita Creo grauiter custodes increpat, iubetque, si uitam retinere cupiant, exquirere auctorem sepulturae Polynicis.

Après l’avoir appris, Créon incrimine lourdement ceux qui gardaient le cadavre et leur ordonne, s’ils tiennent à rester en vie, de rechercher le responsable la sépulture de Polynice.

Illi igitur disiecto tumulo, quem cadaueri ingesserat uirgo, diligentiori illud cura asseruant.

Par conséquent, eux, après avoir détruit le tombeau où la jeune fille avait déposé le cadavre le surveillent avec plus de soin.

Ea uero ut noctu uisit ad fratris a se structum monumentum, illudque dissipatum, et nudum iacere cadauer conspexit, luctu et eiulatu suo ipsa se indicat.

Quant à elle, quand elle vint durant la nuit voir le tombeau et s’aperçut qu’il avait été détruit et que le corps gisait nu, elle trahit sa présence par sa douleur et son gémissement.

Custodes ergo arreptam deducunt ad regem ; is ira et indignatione impos animi, damnatam iubet uacuo busto includi, ubi inedia contabesceret ; quam mortis calamitatem ipsa anteuertit suspendio.

Les gardiens, par conséquent, l’amènent au roi après l’avoir capturée ; lui, saisi par la colère et l’indignation, ordonne que la condamnée soit enfermée dans un tombeau vide pour y mourir de faim ; mais elle prend elle-même les devants de sa mort en se pendant.

Erat autem desponsa Haemoni Creonti filio, qui cum conatus patrem ab illa peruersitate deducere, nihil proficeret, ipse ad bustum, in quod deducta uirgo laqueo finiisset uitam, sese iugulat.

Or, elle était l’épouse d’Hémon, le fils de Créon ; ce dernier, alors qu’il s’était efforcé de détourner son père de cet acte cruel et n’y parvenait pas , se rendit au tombeau où la jeune fille, après y avoir été menée, avait mis fin à ses jours en se pendant, et se tranche lui-même la gorge.

Sero igitur Creo mutat animi sui inhumanum consilium, maxime repraehensus a Tiresia, et conseruaturus Antigonen, pro uno geminum luctum inuenit.

Accablé de lourds reproches de Tirésias, Créon renonce donc trop tard à sa résolution inhumaine, et alors qu’il s’apprête à gracier Antigone, il fait face à deux deuils au lieu d’un.

His accedit et Eurydicae mors, quae nupta esset cum Creonte: cognito enim filii interitu, doloris impatiens et ipsa sese interemit.

À ces morts s’ajoute aussi celle d’Eurydice qui s’était unie à Créon ; car, ayant appris la mort de son fils et ne pouvant supporter la douleur, elle mit fin elle-même à ses jours.

Ita multiplicium lacrimarum causa fit animus impotens Creontis.

Ainsi, ce qui provoque tant de larmes, c'est le manque de contrôle de Créon.

Hanc fabulam etiam Euripidem tradunt edidisse, sed aliter ; nam apud illum laetiorem finem esse, collocata Antigona in matrimonium Haemoni.

On rapporte qu’Euripide a également fait jouer cette histoire, mais de manière différente ; qu’en effet, chez lui, le final est plus gai, puisque Antigone est donnée en mariage à Hémon.

Sed Sophocleam ita ferunt placuisse, ut poetae praefectura Sami praemium illius decerneretur.

Mais on dit que la pièce de Sophocle a tellement plu que le prix de la préfecture de Samos lui a été décerné.

Res quasi Thebis in Boeotia geritur ; chorus est senum Thebanorum.

L’action est située dans les environs de Thèbes, en Béotie ; le chœur est composé de vieillards thébains.