Antigone Sophoclis.
Vitus Winshemius

Présentation du paratexte

Argument de l’Antigone de Sophocle par Winshemius . Comme dans l’argument de l’Ajax, l’auteur insiste sur la dimension politique de la tragédie sophocléenne : l’Antigone pose la question du respect de la religion et de la piété face à l’interdiction des tyrans ou des magistrats.

Bibliographie : Traduction : Sarah GAUCHER

Antigone Sophoclis.

Antigone de Sophocle

Sophocles tragoediarum scriptor Athenis floruit tempore belli Peloponnesiaci, in quo bello et unus ex ducibus fuit et res magnas pro patria gessit.

Sophocle, auteur de tragédies, connut son floruit à Athènes au moment de la guerre du Péloponnèse, dont il fut l’un des chefs et au cours de laquelle il accomplit de grandes choses dans l’intérêt de sa patrie.

Et eo ipso anno mortuus dicitur, quo urbs Athenarum a Lysandro capta est annis circiter 50 ante tempora Philippi Macedonis, qui fuit pater Alexandri Magni.

Et il mourut, dit-on, l’année même où Lysandre s’empara de la ville d’Athènes, environ 50 ans avant l’époque de Philippe de Macédoine, le père d’Alexandre le Grand.

Eius fabulae imagines quaedam sunt consultationum et rerum politicarum ; quarum una quaelibet continet aliquas insignes disputationes de rebus magnis et grauibus, quae in gubernatione Rerumpublicarum incidunt.

Ses pièces sont des représentations de questions et de sujets politiques : chacune d’entre elles en effet contient des discussions remarquables sur les questions importantes et graves qui se posent dans la gouvernance des affaires publiques.

Vt in Antigone praecipua quaestio est, utrum religioni et pietati obediendum sit, etiamsi id tyranni uel magistratus prohibeant.

Par exemple dans Antigone, la principale question est de savoir s’il faut respecter la religion et la piété alors même que les tyrans ou les magistrats l’interdisent.

In utramque uero partem honestissime disputatur, et afferuntur grauissima argumenta, dum altera ex sororibus Ismene disputat de magnitudine periculi, et de oboedientia erga magistratus.

Des deux côtés on débat tout à fait honnêtement et on apporte des arguments d’un poids immense, l’une des sœurs, Ismène, avançant la grandeur du péril et l’obéissance envers les magistrats.

Altera Antigone de pietate debita et de religione.

L’autre, Antigone, se fonde sur le devoir de piété et sur la religion.

Depingitur etiam ipse tyrannus, qui quamquam ut popularis uideatur, omnes iubet libere quod sentiant dicere, tamen ita postea impatiens est ueritatis, ut ne filium quidem monitorem ferre possit.

Sophocle représente également la personne du tyran : ce dernier, bien qu’il permette, pour paraître proche du peuple, que tous disent librement ce qu’ils pensent, est incapable de supporter ensuite la vérité si bien qu’il ne peut même pas supporter les conseils de son fils.

Et oritur grauissima disputatio inter tyrannum ac filium, dum filius patrem monet, ne nimium pertinax sit, et ut aliorum quoque sententias audiat.

Et une importante dissension naît entre le tyran et son fils, le second conseillant au premier de ne pas être trop entêté et d’écouter également le point de vue des autres.

Tyrannus uero opponit et religionis ceteris argumentis, necessitatem tuendae auctoritatis in imperio.

Quant au tyran, il oppose également au reste des arguments religieux la nécessité de protéger l’autorité d’un ordre.

Id enim argumentum speciosissimum est ad excusandam saeuitiam.

C’est en effet l’argument le plus spécieux pour excuser sa sévérité.

Debent enim magistratus auctoritatem suam defendere ac stabilire.

Car les magistrats doivent défendre et affermir leur autorité.

Sed tamen modus quidam eius rei esse debet ; eum non obseruant tyranni.

Cependant il faut conserver pour ce faire une certaine mesure ; mais les tyrans ne la respectent pas.

Plectitur uero in catastrophe fabulae tyrannus horribiliter : amittit enim filium atque uxorem.

Le tyran connait dans la catastrophe de cette pièce un châtiment horrible : il perd en effet son fils et son épouse.

Nam cum filius ob necem sponsae Antigones suo gladio se confodisset, mater audito interitu filii, et ipsa sibi consciscit mortem.

Car alors que son fils, à cause la mort de sa fiancée Antigone, se transperce lui-même de son épée, la mère, après avoir appris le trépas de son fils, se donne la mort.

Additur ergo in fine confessio tyranni, quantum mali illi pertinacia et saeuitia attulerit.

À la fin le tyran confesse donc l’immense malheur que son entêtement et sa sévérité lui ont apporté.

Continet igitur haec fabula illustres imagines ac descriptiones officiorum iustitiae et religionis nec alia dulcior est inter Sophocleas, quaeue plura aut magis illustria lumina orationis aut sententias crebriores magisque graues habeat.

Cette pièce contient ainsi de brillantes représentations et descriptions des devoirs qu’imposent la justice et la religion et, parmi celles de Sophocle, il n’y en a pas de plus douce ou qui contienne des figures de mots plus nombreuses ou plus brillantes et de pensée plus fréquentes et plus graves.

Quare et auctori honorem peperit, et in primis lectorem iuuare potest.

C’est pourquoi elle fit l’honneur de son auteur et peut surtout plaire au lecteur.