Christianus Pierius, ad lectorem et Thomam Naogeorgum.
Christianus Pierius

Présentation du paratexte

Poème en distiques élégiaques de Christianus Pierius au lecteur et à Thomas Naogeorgus . S’adressant au lecteur, Pierius souligne l’importance des enseignements prodigués par les tragédies sophocléennes, insistant notamment sur les changements de la Fortune (§1-6) et sur le rôle de la traduction latine dans la connaissance de ces enseignements (§6,8). Le texte se clôt sur des vœux de santé à Naorgeorgus.

Traduction : Sarah GAUCHER

Christianus Pierius ad lectorem et Thomam Naogeorgum.

Christianus Pierius au lecteur et à Thomas Naogeorgus.

Non potes infelix tu candide lector haberi, Hoc qui syncera fronte poema legis.

Brillant lecteur, tu ne peux pas être tenu pour malheureux toi qui lis ce poème avec une parfaite bonne foi.

Ex hoc nam disces quae sit mutatio rerum, Instabili dubiam forte trahente rotam.

Car tu y apprendras comment les situations changent, alors que le sort instable tire une roue incertaine.

Disces quam uario mutentur singula motu, Ambigua nullo forte manente loco, Quam tumidis hominum iactetur uita procellis, Cogatur passim quam mala multa pati, Quam casus infinitos rabidosque tumultus Perferat, et miseris tristia fata modis.

Tu apprendras comme il est changeant, le mouvement qui change chaque destinée, alors qu’un sort ambigu ne demeure nulle part ; comme elles sont gonflées, les épaisses tempêtes qui ballottent la vie des hommes ; comme ils sont nombreux, les maux qu’elle est partout forcée d’endurer ; comme ils sont infinis, les accidents, furieux les tumultes et tristes les destins qu’elle supporte misérablement.

Cunctarum cernes discrimina plurima rerum, Et uanae uarias fortis ubique uices.

Tu comprendras l’extrême diversité des situations et les destinées variées qui naissent partout d’un sort trompeur.

Cernes quam dubiis uolitet sors lubrica pennis, Nunc faciens irum, nunc malefida Midam. Nunc quosdam faciens tumidos deponere fastus, Ac humiles tristi mente subire gradus. Nunc summa faciens quosdam grauitate potentes, Et fausta celebres dexteritate uiros.

Tu comprendras comme il est hasardeux, le sort qui vole de ses plumes incertaines, faisant naître, irrésolu, tantôt Irus, tantôt Midas, tantôt oblige des hommes gonflés d’orgueil à se départir de leur superbe et, pleins de tristesse, à s’en aller d’un pas humble, tantôt faisant naitre des hommes puissants de la plus haute importance et rendus illustres par leur extrême habileté.

Denique plura potes cognoscere, nobile uoluens, Quod uertit Sophoclis Naogeorgus opus.

Tu peux enfin acquérir plus de connaissance, en parcourant la célèbre œuvre de Sophocle que traduit Naogeorgus.

Ergo legas Latio uersas sermone Camoenas, Et subito quam sit uita misella scies.

Lis donc les Camènes traduites dans la langue du Latium et tu sauras aussitôt comme la vie est pitoyable.

Naogeorge uale longaeui saecula cerui, Et tu Nestoreos lector amice dies.

Vis en bonne santé Naogeorgus aussi longtemps qu’un vieux cerf et toi, ami lecteur, aussi longtemps que Nestor.