Ad Thomam Naogeorgum, Ioannes Secceruitius Vuratislauiensis.
Ioannes Secceruitius

Présentation du paratexte

Poème en distiques élégiaques de Johannes Seckerwitz à Thomas Naogeorgus . Le poème mêle éloge du traducteur et déploration de l’état du monde.

Traduction : Sarah GAUCHER

Ad Thomam Naogeorgum, Ioannes Secceruitius Vuratislauiensis.

À Thomas Naogeorgus, Johannes Seccervitius de Wroclaw.

Dum sacra diuini tractas oracula uerbi, Arguis et ueris crimina cuncta minis, Quem terrere minis, quem flectere uoce Tonantis, Quem licet a utiliis nunc reuocare suis?

Tandis que tu t’occupes des oracles sacrés de la parole divine et que tu dénonces tous les crimes avec de véritables menaces, qui à présent peut-on effrayer par les menaces, fléchir par la voix du Tonnant, ramener de ses vices ?

Hei mihi, praecipitem uersat labor ultimus orbem, Quisque dat exuiis libera frena suis.

Hélas pour moi, l’ultime labeur précipite le monde dans l’abîme, chacun donne libre cours aux désastres.

Ingemis, et ueterum tibi Naogeorge malorum Non finit immunes mens memor ire dies.

Tu gémis et le souvenir des malheurs anciens ne te permet pas, Naogeorgus, de couler des jours paisibles.

Iamque Sophoclaeo referens agitata cothurno Fata, moues tragici triste doloris opus.

Rapportant désormais les destins qu’a remués la tragédie sophocléenne, tu mets en branle la triste œuvre de la douleur tragique.

At tibi pro tali uates operose cothurno, Aonius grates tollet ad astra chorus.

Et, en échange d’une si grande tragédie le chœur Ausonien te rendra grâce, poète industrieux, et te portera aux nues.

Hoc bene ; sed melius qui uitae tristia uoluens Exempla, illorum quae sit origo uidet Iamque Dei metuens horrendas uindicis iras, Componit mores religione suos.

C’est bien, mais c’est mieux si, méditant ces tristes exemples de l’existence, on voit quelle est leur origine et que déjà, craignant les colères effrayantes de Dieu vengeur, on règle ses mœurs avec une crainte religieuse.

Hoc si quem poterunt Tragicae monuisse Camoenae, Quod petiit studio, Naogeorgus habet.

Si les Camènes tragiques peuvent éclairer un homme, Naogeorgus possède ce qu’il a recherché par son étude.

Vt cupit hic sacris, sic te docuisse prophanis, Quae sit in offensae uita sequenda uiae.

De même qu’il le désire avec les écrits sacrés, il souhaite que tu enseignes avec les écrits profanes quelles routes ont été bouleversées dans le cours de l’existence.

Sed sua nempe manet peragenda tragoedia mundo : Quas temnit, tragicas sentiet ille minas.

Sa tragédie, bien sûr, doit encore être parcourue par le monde : il sentira les menaces tragiques qu’il méprise.

Heu ruet exemplis mox qualibus ipse subactus? Quisquis es, illius nunc comes esse time.

Hélas ! Sous les coups de quels exemples s’écroulera-t-il bientôt ? Qui que tu sois, crains d’être maintenant son compagnon.