Présentation du paratexte
Ce poème est un texte d’occasion, accompagnant le cadeau de l’éditeur de
Maizières à Nicolas de Wattenwill, les deux personnages étant liés par une
relation d’amitié et de reconnaissance mutuelle (les termes gratus et ingratitudo forment le fil directeur). La pièce savante,
allusive, se rapproche d’un jeu d’esprit, et se clôture d’ailleurs sur le thème
de l’alliance du corps et de l’esprit.
Bibliographie :
-
P. Apollinaire Dellion, Dictionnaire
historique et statistique des paroisses catholiques du canton de
Fribourg, pubPlace, publisher, date
-
Harold B. Segel, Renaissance culture in
Poland : the rise of humanism : 1470-1543,
pubPlace, pubPlace,
publisher,
date
- Paré-Rey, Pascale, "Les éditions des tragédies de Sénèque conservées à la
Bibliothèque nationale de France (XVe-XIXe s.)", in L’Antiquité à la BnF,
17/01/2018, https://antiquitebnf.hypotheses.org/1643
- Paré-Rey, Pascale, Histoire culturelle des éditions latines des tragédies
de Sénèque, 1478-1878, Paris, Classiques Garnier, « Histoire culturelle »
20, 2023
Traduction : Pascale PARE-REY
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Aegidius Maseriensis ad dominum Nicolaum de Wattenwill Bernensem iambicum
senarium carmen
Aegidius Maseriensis (Gilles de
Maizières) à monsieur Nicolas de Wattenwill, de Berne1 : poème en sénaires
iambiques2
Quid Nicolao grata cari referes
meo ?
Ambiguosis traxit aegiden locis.
Minoe nata, Naxos ingratum tamen
Bacchea uidit pectus ; hoc ne fac chari :
Ingratitudo grauius est monstrum nigra
Ex nocte genitum Tartaro. Verbis age
Vtare gratis, pectoris claustrum explica.
Me Curtiano liberas atro specu
Crosnense dextrae stamen inuoluis meae
Quo Pasiphae prolis euado lares.
Aegida petenti cedis Aegidio,
caput
Discrimino sis quo meum bellis clepo.
Charis ecce amico corpus ac animum duo
Munera tibi offert; en duo respondent tibi.
Agréable Grâce, qu’apporteras-tu à
mon cher Nicolas ?
Il a entraîné son égide dans des lieux risqués.
La fille de Minos, la Dionysienne Naxos pourtant
ont vu un cœur ingrat : ne fais pas ça, Grâce !
l’ingratitude sombre est un monstre bien lourd
engendré de nuit par le Tartare. Allons, use
de mots pleins de gratitude, ouvre le verrou de ton cœur.
Tu me libères du sombre gouffre de Curtius3
Tu enveloppes la destinée cracovienne4 de mon bras
par où j’échappe aux Lares de la race de Pasiphaé.
A Aegidius (Gilles) qui vise l’égide, grâce à laquelle je protège ma tête des
guerres décisives.
C’est la Grâce envers un ami qui t’offre en cadeau
corps et esprits ensemble ; voici qu’ils te répondent ensemble.
1. Il est difficile
d’affirmer avec certitude qu’il s’agit de Nicolas (de) Wattenville /
Watteville / Wattenwyl (1492-1551), élu chanoine du chapitre de
Saint-Vincent à Berne en 1515, qualifié de
Bernensisi. Cependant le patronyme étant typique de Berne,
l’identification est fort plausible.
2. Ces vers ne se laissent pas toujours scander comme tels selon
les règles de la scansion moderne.
3. Lac Curtius : gouffre dans
lequel M. Curtius se précipita.
4. Il est peut-être fait allusion à
Paweł Krosneńczyk (1470?-1517), philologue, traducteur (du latin au
polonais), poète, professeur de l'Université de Cracovie (1507-1516),
connu également sous les noms de : Paweł Procler / Paweł Proceler, et en
latin : Paulus Joannes De Crosno / Paulus Crosnensis (Ruthenus). Il est
également mentionné dans
Sq_1511_Merchant_p5, note 78.