Polydori Comitis Cabaliati in defensionem Caietani Cremonensis, praeceptoris sui
Polydorus Cabaliatus

Présentation du paratexte

Daniele Gaietano, un des trois commentateurs de cette édition, reçoit un poème en distiques élégiaques de la part d’un certain « Polydorus Cabaliatus » (sans doute un pseudonyme) qui blâme les critiques virulents qui se sont élevés contre Gaietano.

Bibliographie :
  • Paré-Rey, Pascale, "Les éditions des tragédies de Sénèque conservées à la Bibliothèque nationale de France (XVe-XIXe s.)", in L’Antiquité à la BnF, 17/01/2018, https://antiquitebnf.hypotheses.org/1643
  • Paré-Rey, Pascale, Histoire culturelle des éditions latines des tragédies de Sénèque, 1478-1878, Paris, Classiques Garnier, « Histoire culturelle » 20, 2023
Traduction : Pascale PARE-REY

Polydori Comitis Cabaliati in defensionem Caietani Cremonensis, praeceptoris sui

De son compagnon « Polydore Chevalier », pour la défense de Gaetano de Crémone, son précepteur

Dentibus emissum superis inuise profanas Tu lolligeneis hoc temerator opus ? Non uomitu scelerare pudet gemmata uerendi Maiestate (scelus liuide) scripta uiri ? Quo pudibunde uidens fremitu afflictare sub imis Visceribus ? Titulum non truculente times ? Tartarea traiectus aqua per compita damnas Haec quae sollicitum te sine fine docent. Quo grauiore potes, stimulate furoribus, ausu Regis stellifici saeue nocere trono ? Quid rationis egens libro cunctaris aperto ? Lucida quid taetro polluis ista sono? Auctor hic Elysiis si forte citetur ab oris, Non poterat sensum sic reserare suum.

Par tes dents supérieures dignes d’un calmar,1 tu profanes, odieux corrupteur, cet ouvrage qui vient de paraître ? N’as-tu pas honte de souiller (crime commis par jalousie2) de tes vomissures, les écrits perlés par la majesté d’un homme vénérable ? Par quel frisson, en le voyant, es-tu frappé, infâme, au fond de tes entrailles ? Ne crains-tu pas, cruel, son titre ? Après être passé par les eaux du Tartare, à travers ses carrefours, tu condamnes ce qui t’instruis, alors que tu es dans des alarmes perpétuelles. Par quelle audace plus grave, aiguillonné par tes fureurs, peux-tu nuire, cruel, au trône d’un roi étoilé ? Qu’hésites-tu, privé de ta raison, alors que ton livre reste ouvert ? Que salis-tu ces lumières de tes bruits affreux ? Si par hasard notre auteur était rappelé des rivages élyséens, il ne pourrait dans ces conditions dévoiler son sens.


1. Il est difficile de traduire le nom dentibus autrement si l’on veut le qualifier par l’adjectif superis, le tout signifiant les « dents du haut », alors que le sens figuré de « morsures, attaques » conviendrait mieux à l’action du calmar (lolligo, inis, f : seiche, calmar). Mais les espèces géantes du céphalopode ont bien des petites dents et des crochets bordant les ventouses de leurs tentacules.
2. Liuidus a peut-être aussi le sens propre de « bleuâtre, noirâtre », renvoyant à l’encre du mollusque précédemment évoqué.