Présentation du paratexte
Fabricius insère dans son édition des extraits d’autres auteurs qui lui sont contemporains ou presque, comme Lilius Gregorius Gyraldus / Giglio Gregorio Giraldi, érudit et poète italien (1479 – 1552, Ferrare). Auteur de plusieurs traités de genres variés, Gyraldus a écrit un De historia poetarum tam Græcorum quam Latinorum dialogi decem, d’où ce texte est extrait, précisément du huitième dialogue. Il revient sur la question du nombre de Sénèque (les deux Sénèque, Moralis et Tragicus, dont le second est soit le fils soit le frère du premier), sur celle du nombre d’auteurs des tragédies (un ou plusieurs) et sur les tragédies elles-mêmes, au nombre de dix, sur lesquelles il porte un regard admiratif.
Bibliographie :- editor, Lilio Gregorio Giraldi. Due dialoghi sui poeti dei nostri tempi, Ferrariae 1999 (Dialogi de poetis cum versione Italica)
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editor, Lilio Gregorio
Giraldi.
Modern Poets. The I Tatti
Renaissance Library,
vol. 48 , publisher, date (Dialogi de poetis cum versione Anglica). Études -
Mary Helen Deel , The Theory of Poetry of Lilius Gyraldus, publisher, date. -
Maia W. Gahtan , Giraldi's Ænigmata, pubPlace, date. - Paré-Rey, Pascale, "Les éditions des tragédies de Sénèque conservées à la Bibliothèque nationale de France (XVe-XIXe s.)", in L’Antiquité à la BnF, 17/01/2018, https://antiquitebnf.hypotheses.org/1643
- Paré-Rey, Pascale, Histoire culturelle des éditions latines des tragédies de Sénèque, 1478-1878, Paris, Classiques Garnier, « Histoire culturelle » 20, 2023
Lilius Gregorius Gyraldus. Dialogo VIII
Giglio Gregorio Giraldi. Dialogue 8.
Lucius Annaeus Seneca Tragicus, prioris Senecae, qui uulgo cognominatus est Moralis, frater, uel (ut alii malunt) filius.
Lucius Annaeus Sénèque "le Tragique", est le frère ou plutôt (comme d’autres préfèrent) le fils de Sénèque l'Ancien, qui fut communément appelé "le Moraliste".
Duos enim eadem aetate Senecas fuisse ex Valerio Martiale, et Sidonio Apollinari manifestum est.
Il est en effet clair qu’il y eut deux Sénèque à la même époque, d’après Martial et Sidoine Apollinaire.
Vterque patriam habuit Cordubam Hispaniae, hodie quoque, nobilem, ex Annaea insigni familia, ex qua aliquot eadem ferme aetate uiri et doctrina et moribus clari prodierunt, tres scilicet inprimis fratres, Annaeus Seneca, Annaeus Gallio, Annaeus Mela.
L’un et l’autre étaient de Cordoue, en Espagne, ville connue aujourd’hui encore ; de la remarquable famille des Annaeus, d’où furent issus un certain nombre d’hommes brillants, par leur savoir et leurs mœurs, à peu près vers la même époque, à savoir surtout trois frères, Annaeus Sénèque, Annaeus Gallion, Annaeus Méla.
Hinc uersus ille Martialis : Et docti Senecae ter numeranda
domus
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D’où ce vers de Martial : « et la maison du docte Sénèque à citer trois fois »
Et ex his Seneca hic tragicus, Mela Pomponius, Lucanus, et alii. Quo mortis genre tragicus hic poeta interierit, parum compertum ; quot etiam tragoedias docuerit, haud quaquam proditum ; quidam enim has tantum, quae in manibus habentur existimant, alii plures ; nonnulli nec has quae leguntur, unius esse hominis arbitrantur, sed diuersorum, ob quandam, quam ipsi sentiunt, styli differentiam.
Et parmi ces hommes, il y a ce Sénèque le Tragique, Méla Pomponius, Lucain, et d’autres. La façon dont est mort "le Tragique" est peu claire ; même le nombre de tragédies qu’il a représentées n’est pas vraiment acquis ; certains estiment en effet que ce sont seulement celles qu’ils ont en main, d’autres qu'il y en a davantage ; et quelques-uns pensent que celles qu’on lit ne sont pas d’un seul auteur, mais de plusieurs, à cause d'une certaine différence de style qu’ils perçoivent eux-mêmes.
Sunt uero hae decem, quae in manibus a plerisque nunc habentur, mira sententiarum et rerum ubertate refertae.
En vérité il y en a dix, que possèdent aujourd’hui la plupart, pleines d’une richesse admirable dans les phrases et les idées.
Fabius nec illas sua censura dignas putasse uisus est, tametsi alicubi tantum Medeam nominat ; quidam ea causa id factum rentur, quod hic Seneca uiueret adhuc ; alii, quod necdum eius in Senecas odium resederat.
Mais Quintilien parut ne pas les avoir pas considérées dignes de sa critique, même s’il cite la seule Médée quelque part ; certains, dès lors, supputent que cela explique que c’est ce Sénèque qui vivait alors ; d’autres que sa haine envers les Sénèque ne s’était pas calmée.
Me puero multo in pretio habebantur, et quo quis plures ex iis uersus memoriae mandasset, eo magis a doctioribus commendabatur.
Quand j’étais jeune, elles étaient considérées comme de grande valeur, et plus on aurait mémorisé leurs vers, plus on était recommandé par les doctes.