Présentation du paratexte
Éloge de Delrio en distiques élégiaques pour son travail d’éditeur.
Bibliographie :
-
Florence de Caigny, « Les Syntagma tragœdiæ
latinæ de Del Rio (1593-1594) : pour une lecture jésuite des pièces de
Sénèque », colloque « Anthropologie tragique et création poétique de
l’Antiquité au XVIIhi siècle français », Nice, 24-26 novembre
2016.
-
M. Dreano, « Un commentaire des tragédies de
Sénèque au XVIhi siècle par Martin-Antoine Del Rio », dans
Les tragédies de Sénèque et le théâtre de la Renaissance, éd.
editor
et al., pubPlace, publisher, date, p. 203-209.
-
J. MachielsenMartin Delrio, Demonology and
Scholarship in the Counter-Reformation, pubPlace,
publisher, date2015.
- Paré-Rey, Pascale, "Les éditions des tragédies de Sénèque conservées à la
Bibliothèque nationale de France (XVe-XIXe s.)", in L’Antiquité à la BnF, 17/01/2018,
https://antiquitebnf.hypotheses.org/1643
- Paré-Rey, Pascale, Histoire culturelle des éditions latines des tragédies de Sénèque, 1478-1878, Paris, Classiques Garnier, « Histoire culturelle » 20, 2023
Traduction : Pascale PARÉ-REY
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Ad Martinum Antonium Delrio
Augustinus Descobar Benventanus
À Martin Antonio Delrio, Augustin
De Scobar Beneventano1
Antoni, splendor patriae, decus addite
nostrae
Hesperiae, atque mei maxima pars animi,
Qui potis antiquum Seneca illustrare leporem
Felix,Annaei dignus et ingenio,
Quod Graium Latio tanta grauitate cothurnum
Rettulit, ut palmam praeripiat merito
Italiae, Ausoniosque, premens, assurgat in alta
Carmina quae Sophocli Calliopeia dedit.
Antoine, splendeur, ornement de notre patrie,
Hespérie et plus grande partie de mon âme,
Toi qui peux mettre en lumière le charme antique de Sénèque,
Béni des dieux, et digne du génie d’Annaeus ;
Le cothurne grec qu’il a rapporté avec une si grande profondeur
vers le Latium, pour ravir la palme de l’Italie
à bon droit, rabaissant les Ausoniens, pour se hisser jusqu’aux hauteurs
des poèmes de Sophocle que Calliope lui confia2.
Nam quis te dignus magis est, qui maxima doctis
Virginibus cura es et qui utriusque, nites
Muneribus linguae : quibus ad penetralia iuris
Aptius esse nihil sat tua scripta probant.
Car qui est plus digne que toi, qui représentes la plus grande protection
pour les savantes jeunes filles et qui brilles
par tes bons offices en l’une et l’autre langue3, dans lesquelles tes écrits prouvent
suffisamment
qu’il n’est rien de plus approprié aux mystères du droit4.
Nam legum implicitos placeat seu soluere nodos,
Seu forte ad Musas te tibi surripias :
Ornat pacifera te Papinianus oliua,
Cingit Apollinea fronde Thalia comas.
De fait, qu’il te plaise de résoudre les nœuds embrouillés des lois
Ou que d’aventure tu te dérobes à toi-même pour gagner les Muses,
Papinien5 te décore
de l’olive porteuse de paix,
Thalie couronne ta chevelure de feuillage apollinien6.
1. Ce personnage n’est pas connu par ailleurs. Il existe des Scobar et Escobar au XV et au XVI e s., lettrés, philologues ou médecins, ayant vécu ou professé en Espagne, en Italie, en France, mais nous n’avons pas trouvé de personnage portant ce patronyme ou approchant (Scobar, Escobar, Descobar, De Scobar) allié au prénom Augustinus / Augustino.
2. Transposition des tragédies
grecques à la latine.
3. Allusion aux compétences en latin et en grec – voir note suivante – de Delrio ; mais il ne semble pas avoir écrit en grec, ce qui rend la traduction un peu délicate.
4. M. A. Delrio fut
successivement philologue, juriste et prêtre jésuite. Il étudia très jeune, apprit de
nombreuses langues anciennes et vivantes (grec et latin, mais aussi chaldéen, hébreu,
flamand, espagnol, français, italien, allemand). Après ces études de lettres et de
langues, il se tourna vers le droit, obtint son titre de docteur en droit civil et fut
nommé conseiller de Brabant par Philippe II.
5. Jurisconsulte, ami de Septime Sévère.
6. Du laurier, symbole de la
victoire.