Franciscus F. F. Raphelengius Lectori S.
Franciscus Raphelengius II

Présentation du paratexte

L’éditeur Franciscus Raphelengius II adresse à son lecteur, dont il implore l’indulgence, une liste de corrigenda. Le texte renseigne sur le contexte et la méthode de travail : c’est une œuvre de jeunesse, ayant bénéficié des Remarques de Lipse, un choix de leçons qui s’appuient sur les siennes et qui sont signalées par des signes marginaux.

Traduction : Pascale PARE-REY

Franciscus F. F. Raphelengius Lectori S.

Franciscus, fils de Franciscus van Ravelenghien à son lecteur, salut.

Habes, beniuole lector, tragoedias istas a nobis correctas, quales potui, forte non ut tu desiderares, certe non omnino ut ego.

Voici, lecteur bienveillant, ces tragédies que j’ai corrigées, telles que j’ai pu, peut-être non pas comme tu le voudrais, mais assurément non absolument comme moi je le voudrais je l’aurais voulu.

Nam cum homo sim, humani nihil a me alienum1 ; inprimis, quod adsuetum in hoc genere, errare.

Car puisque « je suis un homme, [je considère que] rien de ce qui est humain ne m’est étranger » ; en premier, le fait que je me trompe, ce qui est habituel dans ce genre de travail.

Praeterea haec aetas mea, in qua feruoris plus quam iudicii, nondum perspicax satis aut temperata est ad omnia articulatim peruestiganda.

En outre, cet âge qui est le mien, dans lequel il est plus de bouillonnement que de jugement, n’est pas encore assez clairvoyant ou tempéré pour mener des investigations exhaustives et détaillées.

Adeo, ut, uerum fatear, absque2 Lipsio esset, numquam tam industrius ego qui tale quid uti decet absoluerem.

Si bien que, à dire vrai, si Lipse n’avait pas été là, jamais je n’aurais eu, personnellement, assez d’énergie pour finir un tel labeur comme il le fallait.

Ille me iuuit, ut uides, imo duxit. Enim uero si Animaduersiones eius, quas subiunximus, legis, facile animaduertes plerasque emendationes quae in contextu, desumpsisse me ex iis.

C’est lui qui m’a aidé, comme tu le vois, ou plutôt qui m’a guidé. C’est un fait que si tu lis ses Remarques, que nous avons ajoutées, tu remarqueras aisément que j’ai choisi parmi elles la plupart des corrections qui figurent dans le cours du commentaire.

Id ego audacter sane feci, non temere ; cum scilicet et nota mihi sit accuratio uiri, et nihil in censuris eius non genuinum et doctum repererim, maxime uero cum plurimae eius correctiones conueniant cum lectionibus librorum meorum.

Cela, je l’ai fait vraiment avec audace, mais non à l’aveugle ; puisqu’assurément, je connais l’application de l’homme et je n’ai rien trouvé dans ses jugements qui ne soit fondé et savant, puisque surtout la plupart de ses corrections, à la vérité, s’accordent parfaitement avec les leçons de mes livres.

Quod ut tibi etiam notum esset, ad margines Animaduersionum notaui breuibus signis quoties id usu uenit.

Et cela, pour que cela fût porté à ta connaissance aussi, je l’ai noté en marge des Remarques par de petits signes, chaque fois que l’utilité l’a réclamé.

Ceterum qua dum perlego hasce tragoedias, qua dum excuduntur, fugere me nonnulli errores, quorum praecipuos indicare bonum factum duxi ; reliquos qui per se corrigere nequit, non istas legat.

Du reste, en lisant ces tragédies d’une part, en les imprimant de l’autre, quelques erreurs m’ont échappé, dont j’ai considéré de bonne pratique d’indiquer les principales ; quant à celles qui restent, celui qui ne peut les corriger de lui-même, il ne lirait pas ces tragédies.

Thebaide, uersu 42 manes lege inanes ; ita monuit me per litteras Lipsius, et uersu 259 praestitit, emenda, praestiti.

Dans les Phéniciennes, au vers 42 au lieu de manes lis inanes; c’est ce que m’a recommandé Lipse par lettre, et au vers 259 corrige praestitit par praestiti.

Hercule Œtaeo, uersu 283, aut, lege at, et 384 post comas, restitue distinctionem leuiorem.

Dans Hercule sur l’Œta, au vers 283, au lieu de aut, lis at, et au vers 384 après comas, restitue une ponctuation moins forte.

Eadem tragoedia, uersu 456, frigore medio, lege frigore in medio, et 1728, dextra lege dextera Hippolyto, uersu 140, faciet, corrige, facit. et 661. fida, lege fila.

Dans la même tragédie, au vers 456, au lieu de frigore medio, lis frigore in medio et au vers 1728, au lieu de dextra lis dextera Hippolyto, au vers 140 corrige faciet par facit et au vers 661 au lieu de fida lis fila.

Troade, uersu 933, leuat, lege lauat. Agamemnone, uersu 190, inscensus, lege incensus, et 429, arua lege aura item 496, periculum, lege periclum.

Dans les Troyennes, au vers 933, au lieu de leuat, lis lauat. Dans l’Agamemnon, au vers 190, au lieu de inscensus, lis incensus, et au vers 429, au lieu de arua, lis aura, de la même manière au vers 496, au lieu de periculum, lis periclum.


1. Ter., Haut. 77. Homo sum ; humani nihil a me alienum puto : « Je suis un homme ; je considère que rien de ce qui est humain ne m'est étranger ».
2. Absque + ablatif et esset / foret de supposition, tournure usitée par les comiques : absque te esset, « si les choses s’étaient passées sans toi »