Présentation du paratexte
Il s'agit d'une édition illustrée de six gravures pleine page, une par comédie, chacune étant suivie d’une description de la gravure.Pour chaque pièce est représentée sur une page l’ensemble des personnages, groupés selon la maison à laquelle ils se rattachent. Le personnage représenté au centre est toujours celui qui dénoue l’action. La gravure vise aussi à restituer l’intrigue de la pièce ; l’artiste situe les événements les plus éloignés dans le temps en haut de la gravure, invitant le lecteur à adopter un regard descendant pour comprendre les péripéties successives de la pièce. Les six descriptions de gravure constituent des textes d’accompagnement des images qu’ils décrivent et dont ils explicitent l’organisation. Développant souvent l’intrigue, ses rebondissement et son dénouement, ils font également fonction d’arguments.Cette édition comprend en outre 149 petites gravures de début de scène, composées grâce à la technique innovante des combinaisons de bois gravés. Les gravures de début de scène reposent sur la combinaison de plusieurs blocs de bois assemblés pour former une scène (l’édition utilise 85 bois imprimés 745 fois). Avec les blocs, chaque personnage est placé dans une attitude caractéristique. Cette technique répond à l’accroissement de la demande et reflète la volonté de produire des ouvrages meilleur marché. Ce procédé d’assemblage de modules d’illustration est semblable au procédé essentiel à l’imprimerie qu’est la typographie : l’illustration est réduite à des modules de base (représentant un personnage ou un élément de décor) qu’on peut combiner à loisir.
Bibliographie :-
Charles Schmidt Répertoire bibliographique strasbourgeois, jusque vers 1530. Tome I : Jean Grüninger pubPlace publisher date -
François Ritter Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace au XVIe siècle pubPlace publisher date -
François Ritter Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe siècles pubPlace publisher date -
Horst Kunze Geschichte der Buchillustration in Deutschland. Das 15. Jahrhundert. Textband mit 230 Abbildungen pubPlace publisher date -
Horst Kunze Geschichte der Buchillustration in Deutschland. Das 15. Jahrhundert. Bildband mit 318 Wiedergaben aus illustrierten Inkunabeln pubPlace publisher date
Figurae huius quae secundae comoediae Eunuchi principalis est et argumenti declaratio clarior
Explication de la gravure qui est la gravure principale de la deuxième comédie, l’Eunuque, et de l’argument
In hac figura iterum ut in priori principali quinque sunt personarum locationes secundum quinque actus in quos comoedia pertitur, domus quattuor, ante earundem fores quattuor personarum et mutuo se amantium et altricantium sectiones, demum medium comicum comicas reconcilians lites, et stat in medio.
Sur cette gravure de nouveau, comme dans la gravure principale précédente, il y a cinq pôles de personnages, qui correspondent aux cinq actes divisant la comédie, quatre maisons, devant les portes de ces maisons quatre groupes de personnages qui s’aiment et se disputent, pour finir le médiateur de la comédie qui dénoue les conflits comiques, et il se trouve au milieu.
Est igitur primo parte in inferiori dextra Traso miles gloriosus qui amore (uti tractus lineae indicat) detinebatur Thaidis meretricis quae cum suis ancillis stat sinistro in latere parte superiori.
Il y a donc d’abord, en bas à droite, Thrason, soldat fanfaron, qui, comme l’indique le trait, était épris de la courtisane Thaïs qui se trouve avec ses servantes en haut à gauche.
Illa Thais non satiata uno amore amplectabatur Phedria filium cuiusdam ciuis Atheniensis Laches dicti.
Cette Thaïs, qui n’était pas rassasiée d’un seul amour, était attachée à Phédria, fils d’un citoyen athénien nommé Lachès.
Ideo hi duo amatores facti sunt corriuales, clare tractus hoc indicant linearum diuersarum qui et confluunt, per hocque alter alterum odio affecit uter priores cupiens partes habere.
C’est pourquoi ces deux amants devinrent des rivaux, comme l’indiquent les deux traits différents qui se rejoignent, et pour cela ils se vouèrent une haine mutuelle, chacun des deux désirant avoir le premier rôle.
Muneribus (quae et gratum quemque faciunt) studebant ambo sibi amorem Thaidis praeuendicare.
Par des cadeaux (pour lesquels quiconque est reconnaissant), chacun des deux s’efforçait de s’approprier le premier l’amour de Thaïs.
Thraso miles quandam uirginem pulcherrimam nomine Pamphilam emit, dono mittit Thaidi cum suo seruo Gnatone dicto parasito et assentatore.
Le soldat Thrason achète une très belle jeune fille nommée Pamphila, l’envoie en cadeau à Thaïs avec son esclave Gnathon qui a une réputation de parasite et de flatteur.
Cum ille Gnato iam iret deferens munus Pamphilam quam cum Cherea adolescens frater Phedriae in uia aspiceret, ex unico aspectu captus amore tractusque intantum ut custodiae officium in portu Atheniensi suosque sodales omnes desereret et amatam insequebatur, ut ubi diuerteret locum signaret, sed cum ita curreret, obuium sibi se praebuit Archimenides frater patris eius ille graui et tardo sermone eum conuenit.
Ce Gnathon était déjà en route pour livrer en cadeau Pamphila lorsque le jeune Chéréa, frère de Phédria, quand il l’aperçut dans la rue, en tomba amoureux au premier coup d’œil, ce qui l’amena à abandonner son travail de garde dans le port d’Athènes et tous ses compagnons ; il suivait celle qu’il aimait pour repérer l’endroit où elle tournait, mais tandis qu’il courait, il tomba en chemin sur Archiménide, le frère de son père, qui le retint avec un discours pesant et long.
Cherea aliquantulam sibi audientiam praestare coactus interea ex oculis eius se abstulit uirgo.
Chéréa fut contraint de prendre un instant pour l’écouter, pendant ce temps la jeune fille se déroba à sa vue.
Ille quam totius potuit se absoluit, tamen amiserat amatam, tunc plus feruere incoepit, eamque quaeritans ut amans hinc inde cursitare, eo sic ex amore insaniente uenerat P<a>rmeno seruus patris eius ex iussu fratris Phedriae etiam munera Ethyopissam et Eunuchum ad Thaidem deducens.
Il se dégagea autant qu’il put ; cependant il avait perdu son aimée. Alors il se mit à la désirer plus ardemment, et à courir çà et là à sa recherche comme le font les amants. Et ainsi, à la suite de ce délire amoureux était arrivé Parménon, esclave de son père, apportant même sur ordre de son frère en cadeaux à Thaïs une Ethiopienne et un eunuque.
Huic P<a>rmenoni Cherea amorem suum detegens et eum ut sibi ad explendam uoluptatem auxilio siet rogitat.
Chéréa dévoile son amour à ce Parménon et lui demande de l’aider à assouvir son désir.
Parmeno sciuit illam quam amabat esse in domum Thaidis a Gnatone pro munere deductam, persuasit ut ille mutata ueste uice Eunuchi (a quo comoedia nomen sumpsit) in domum Thaidis ut amata potiretur, introduceretur ; sicque ausu temerario factum est, abeunte sic Thaide in domum militis Thrasonis relicta est uirgo sub custodia aliarum ancillarum et Chereae qui domum uenerat a Phedria sub specie Eunuchi.
Parménon apprit que celle qu’il aimait était dans la maison de Thaïs, apportée par Gnathon en guise de cadeau. Il le convainquit de changer de vêtement et de s’introduire dans la maison de Thaïs déguisé en eunuque pour s’emparer de son aimée. Et ainsi la chose fut accomplie par un acte audacieux et téméraire : pendant que Thaïs s’était absentée dans la maison du soldat Thrason, la jeune fille fut laissée sous la surveillance des autres servantes et de Chéréa qui de chez Phédria était venu chez elle sous les traits de l’eunuque.
Cherea suum expleuit appetitum domum exiuit de loco ubi uestem rursum mutaret cum ambigeret, nec aliquem adiutorem haberet a casu repperit Antiphonem eius sodalem qui ex Pirreo ut eum quaereret abierat.
Chéréa satisfit son désir et sortit de la maison. Alors qu’il ne savait pas en quel lieu changer de nouveau de vêtement et qu’il n’avait personne pour l’aider, il trouva par hasard son compagnon Antiphon qui était parti du Pirée pour aller le chercher.
Huic factum detexit.
Il lui révéla l’affaire.
Ille in mutanda ueste adiumento fuit.
Son ami l’aida à changer de vêtement.
Thais uero postquam domum redierat, uiciatam uirginem ab Eunucho intellexit indignata in Phedriam qui talem sceleratum Eunuchum donasset, Phedria cum Doro contendere, ille se ut potuit a crimine purgauit Chereae reatum quia sibi uestem detraxerat asscripsit.
Mais après que Thaïs fut rentrée chez elle, elle comprit que la jeune fille avait été violée par l’eunuque et reprocha à Phédria de lui avoir fait cadeau d’un eunuque si infâme. Phédria se dispute avec Dorus. Ce dernier se défendit comme il put de cette accusation et accusa Chéréa de lui avoir volé son vêtement.
Thais itaque uirginem cogitauit reddere uiciatam suis puta Chremeti fratri eius qui solus stat depictus in parte inferiori in latere sinistro.
Et Thaïs songea alors à rendre la jeune fille violée à sa famille, en l’occurrence à son frère Chrémès qui se trouve dessiné tout seul en bas à gauche.
Illamque eius sororem per testimonium nutricis declarauit, misit Thais ad Chremetem ut ad se ueniret.
Elle montra clairement que Pamphila était la sœur de Chrémès au moyen du témoignage de la nourrice. Thaïs envoya chercher Chrémès.
Cum hoc miles Thraso consideraret, suspicabatur eum amoris illiciti causa Thaidem accedere.
Alors que le soldat Thrason examinait la situation, il le soupçonnait de vouloir entretenir une relation amoureuse secrète avec Thaïs.
Ille ira incensus cum suis familiaribus omnibus Sanga coco, Syrisco et Dorace aedes uenit expugnare Thaidis, praesente Chremete.
Enflammé par la colère, il vint avec tous ses domestiques, Sanga, son cuisinier, Syriscus et Dorax, pour attaquer la maison de Thaïs dans laquelle se trouvait Chrémès.
Tamen ubi nutrix Sophrona ueris intersigniis demonstrauit hanc esse sororem Chremetis, et sic illa ciuis reperta. Thraso miles abierat, Pamphila nuptui traditur Chereae, Phedria liberum accessum parauit ad Thaidem.
Toutefois lorsque la nourrice Sophrona, grâce à des preuves véritables, montra que Pamphila était la sœur de Chrémès. Et elle se révéla ainsi citoyenne. Le soldat Thrason était parti, Pamphila est donnée en mariage à Chéréa, Phédria acquit un accès libre à Thaïs.
Miles tandem multis precibus prodigalitate sua adiutis corriualis admittitur.
A la fin le soldat, avec force prières et cadeaux, est admis comme rival.