Présentation du paratexte
Il s'agit d'une édition illustrée de six gravures pleine page, une par comédie, chacune étant suivie d’une description de la gravure.Pour chaque pièce est représentée sur une page l’ensemble des personnages, groupés selon la maison à laquelle ils se rattachent. Le personnage représenté au centre est toujours celui qui dénoue l’action. La gravure vise aussi à restituer l’intrigue de la pièce ; l’artiste situe les événements les plus éloignés dans le temps en haut de la gravure, invitant le lecteur à adopter un regard descendant pour comprendre les péripéties successives de la pièce. Les six descriptions de gravure constituent des textes d’accompagnement des images qu’ils décrivent et dont ils explicitent l’organisation. Développant souvent l’intrigue, ses rebondissement et son dénouement, ils font également fonction d’arguments.Cette édition comprend en outre 149 petites gravures de début de scène, composées grâce à la technique innovante des combinaisons de bois gravés. Les gravures de début de scène reposent sur la combinaison de plusieurs blocs de bois assemblés pour former une scène (l’édition utilise 85 bois imprimés 745 fois). Avec les blocs, chaque personnage est placé dans une attitude caractéristique. Cette technique répond à l’accroissement de la demande et reflète la volonté de produire des ouvrages meilleur marché. Ce procédé d’assemblage de modules d’illustration est semblable au procédé essentiel à l’imprimerie qu’est la typographie : l’illustration est réduite à des modules de base (représentant un personnage ou un élément de décor) qu’on peut combiner à loisir.
Bibliographie :-
Charles Schmidt Répertoire bibliographique strasbourgeois, jusque vers 1530. Tome I : Jean Grüninger pubPlace publisher date -
François Ritter Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace au XVIe siècle pubPlace publisher date -
François Ritter Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe siècles pubPlace publisher date -
Horst Kunze Geschichte der Buchillustration in Deutschland. Das 15. Jahrhundert. Textband mit 230 Abbildungen pubPlace publisher date -
Horst Kunze Geschichte der Buchillustration in Deutschland. Das 15. Jahrhundert. Bildband mit 318 Wiedergaben aus illustrierten Inkunabeln pubPlace publisher date
Declaratio figurae
Explication de la gravure
Figura illa tertia principalis in tertiam comoediam sculpta sicut et aliae, omnes notificans totius fabulae personas subscriptam exposcit declarationem.
Cette troisième gravure principale, gravée comme les autres pour la troisième comédie, qui expose tous les personnages de l’ensemble de la pièce, exige une explication que voici.
Heautontimorumenos nomen fabulae huius est graecum.
Heautontimoroumenos. Le nom de cette pièce est grec.1
De quo cum interpretatione sua uarii uario modo certant.
A ce sujet, divers auteurs débattent avec des hypothèses diverses.
Quorum ego (latinae linguae non gnarus taceo quod expers graecae) iudex esse nequeo.
Et moi, je ne peux pas les départager : moi qui ne suis pas savant en latin, je me tais parce que je ne connais pas du tout le grec.
Vix possum sine linguae caespitatione lallare.
Je peux à peine bredouiller sans que ma langue ne trébuche.
Ex nominis tamen interpretatione liquet comoediam hanc hoc nomen a persona sumere, uti praecedens ab eunucho.
Cependant par l’interprétation du nom, il est clair que cette comédie tire son nom du personnage, comme la précédente tire son nom d’un eunuque.
Haec comoedia rusticana est quo ad uiros mulieres tamen satis sunt magnificae, quibus rusticorum filii adhaerere procaces fuerunt.
Cette comédie se passe à la campagne ; et les femmes y ont toutefois une attitude assez dépensière à l’égard des hommes ; les fils des paysans ont eu l’audace de s’attacher à ces femmes.
In hac figura iterum quintipartita est locatio personarum, secundum quinque actus in quos comoedia est distributa, ut in prioribus pariter et in sequentibus.
Dans cette gravure, les personnages sont répartis sur cinq parties, selon les cinq actes qui divisent la comédie, comme dans les gravures qui précèdent et dans celles qui suivent.
Comici medii in medio, circa quod quadrangulariter domicilia quattuor.
Au milieu, le médiateur de la comédie. Et tout autour, dans les quatre angles, les quatre maisons :
Parte in superiori, amicae (non sine causa), in inferiori uero proci cum genitoribus suis.
dans la partie supérieure, les maîtresses (non sans raison), dans la partie inférieure, les prétendants avec leurs pères respectifs.
In parte una est rusticus Menedemus cum rastro a quo fabula uti se excruciante nomen sumpsit.
Dans une partie se trouve Ménédème le paysan avec son râteau ; c’est de lui en tant qu’il est le bourreau de lui-même que la pièce a tiré son nom.
Cum quo stat Clinia filius suus unicus armatus quidam ut iam bellum aggressurus, qui et bellum in Asiam ingredi proposuit.
À ses côtés se tient Clinia, son fils unique, en armes comme pour entreprendre sur le champ une guerre, il a annoncé qu’il partait en Asie faire la guerre.
Quoniam pater senex adolescentem ipsum adhuc cum non ad uotum suum et senis ad instar uiueret increpare incoepit correptione (quae adolescentibus dura est) nimia, filium profugum a patria ut credebat fecit.
Comme le vieux père commençait encore à accabler le jeune homme de reproches (ces reproches sont durs pour les jeunes gens) excessifs parce qu’il ne vivait pas selon le vœu du vieux ni en suivant son exemple, il fit partir son fils loin de sa patrie selon ses convictions.
Filius enim adolescentium lasciuia motus amare coepit Antiphilam quam tractus lineae indicat ; pro qua re pater indignabatur ei, eum tam duriter atque acerbe increpans, qui filius in dulcibus patriae finibus patris noluit tolerare uerba, uerbera potius in bello in Asia subire patri significauit.
En effet le fils, poussé par la sensualité propre aux jeunes gens, est tombé amoureux d’Antiphila, comme l’indique le trait sur la gravure ; c’est pour cette affaire que son père le considérait comme indigne et le blâmait avec tant de dureté et de cruauté ; et le fils, sur le territoire de sa douce patrie, ne put supporter les paroles du père et signifia à ce dernier qu’il préférait endurer les violences de la guerre en Asie.
Abeunte igitur illa intentione filio, pater suaui oblectatione filii priuatus, se obiurgare coepit ; qui unicam quam habebat prolem, suis uerbis duris ad bella ire compulit, macerauit se durissimis et adsiduis laboribus ut pro delicto quod in filium factum aestimabat, lueret poenam.
Donc, pendant que le fils partait avec cet état d’esprit, le père, privé du délassement de la présence de son fils, commença à se faire des reproches à lui-même ; c’était l’unique descendance qu’il avait, et par ses mots durs il l’avait contraint à partir à la guerre, il se mortifia par une suite de travaux très pénibles pour se punir de la faute qu’il pensait avoir commise à l’égard de son fils.
Quod cum alter rusticus uicinus Chremes nomine considerarat, scissitabatur suorum laborum causas, quas cum Menedemus narrasset satis lacrimabili planctu.
Alors que l’autre paysan, son voisin nommé Chrémès, avait appris la chose, il lui demanda la cause de ses peines que Ménédème lui raconta en de tristes lamentations.
Chremes eum solabatur spem de reditu filii patri moesto spondens.
Chrémès consolait le père affligé en l’assurant de l’espoir du retour de son fils.
Sed Chremes cum domum suam rediret, in ea Cliniam cum filio suo Clitiphone repperit quia hi duo aequales fuerant, alter quoque alteri adiutor, quare non immerito Clitipho eum celabat quia et suum sub illius texit amorem.
Mais comme Chrémès retournait chez lui, il y trouva Clinia accompagné de son fils Clitiphon ; comme ils étaient tous deux du même âge, l’un prêtait souvent secours à l’autre ; c’est pourquoi Clitiphon le cachait non sans raison : il dissimulait son propre amour sous celui de son ami.
Dixit enim Clitipho suo patri Chremeti causam, cur tam statim redierit Clinia quia amaret (ideo diutius abesse non posset) Antiphilam.
En effet Clitiphon dit à son père Chrémès la raison pour laquelle Clinia était revenu si rapidement : il était amoureux d’Antiphila et pour cette raison ne pouvait rester au loin plus longtemps.
Hoc pater intelligens Chremes Menedemi ob intuitum Antiphilam amatam a Clinia pariter una in domo esse permisit, non solam sed cum ancillarum grege quem uides parte in superiori Syro cum suo seruo ductore atque Dromone praecursore et internuntio qui aduentum praenuntiabat, ne ex abrupto aspectu amantes exanimes caderent.
Son père Chrémès comprit cela et par égard pour Ménédème, il permit qu’Antiphila, l’aimée de Clinia, vienne chez lui non pas seule, mais accompagnée de sa troupe de servantes (que tu vois dans la partie supérieure), sous la conduite de son esclave Syrus et avec Dromon comme éclaireur et messager qui annonçait leur arrivée pour éviter que les amants ne s’évanouissent en se voyant de manière inattendue.
Cum autem haec puellarum grex in domo Chremetis solum una nocte esset ille grauatus a sumptibus plurimum ut de ulterioribus esset supportatus Menedemo aduentum filii nuntiat.
Alors que cette troupe de femmes passait une seule nuit dans la maison de Chrémès, il fut accablé de lourdes dépenses et pour être soutenu pour les prochaines, il annonce à Ménédème l’arrivée de son fils.
Qui tanto perfusus gaudio delictum omne filio indulsit admisitque ut grex puellarum secum una domum rediret.
Ce dernier, inondé de joie, pardonna toutes ses fautes à son fils et accepta que la troupe de femmes reviennent avec lui à la maison.
Interim cum Antiphila quae ancillae habitum gerebat lauatum aliquid iret anulum quem in digito habuit ne corrumperet detraxit, Sostratae matri Clitiphonis ad seruandum dedit quae cum anulum intentius ceneret, Antiphilam suam filiam esse cognouit.
Pendant ce temps comme Antiphila qui portait un habit de servante allait laver quelque chose, elle enleva l’anneau qu’elle avait au doigt pour ne pas l’abîmer et le confia à Sostrata, la mère de Clitiphon, qui regarda l’anneau avec une attention particulière. Elle reconnut qu’Antiphila était sa fille.
Cum enim eam peperit Chremes, maritus eius, dixerat si famellam pareret, nolle tolli.
En effet comme elle l’avait mise au monde, son mari Chrémès avait dit que si elle donnait naissance à une fille, il ne voulait pas l’élever.
Mater ipsa igitur prae timorem filiam exposuit anui nutriendam ne autem paterne haereditatis priuata esset omnino anulum ei istum dederat ; gaudebat de inuenta filia, accessit nutricem ut testaret marito uera haec esse.
Sa mère elle-même donc par crainte exposa sa fille en confiant son éducation à une vieille, mais pour éviter qu’elle ne soit privée complètement de l’héritage paternel, elle lui avait donné cet anneau. Elle se réjouissait d’avoir retrouvé sa fille, elle alla voir la nourrice pour qu’elle témoigne devant son mari que ces faits étaient vrais.
Datur igitur Antiphila uxor Cliniae.
Antiphila est donc donnée comme épouse à Clinia.
Scortum Bachis enim, ut incuruata linea indicat, noscitur attinere Clitiphoni a qua ut eum abstraherent student omnes Clitiphoni uxorem dare illam ipse quam met delegerat, non quam parentes sibi dare uoluerunt, quae sola in domo quarta in fenestra stat, uxorem parentibus consentientibus coepit.
La prostituée Bacchis, comme l’indique la ligne sinueuse sur la gravure, est connue comme étant proche de Clitiphon ; pour le détourner d’elle tous s’efforcent de lui donner comme femme celle qu’il a lui-même choisie et non pas celle que ses parents ont voulu lui donner. Il prit comme femme avec l’assentiment de ses parents celle qui se tient seule à la fenêtre de la quatrième maison.