Diuo Rudolpho II Caesari, Romano Imperatori electo, Augustus Pius Felix Pater Patriae Regi Germaniae, Bohemiae, Hungariae etc., Archiduci Austriae, Duci Burgundiae, Comiti Tyrolano, etc., Principi Optimo Maximo, uita, salus et uictoria
Nicodemus Frischlinus

Présentation du paratexte

Frischlin adresse ici sa traduction latine de cinq comédies d'Aristophane à l'Empereur Rodophe II. Il fait d'abord l'éloge de son destinataire à qui il rappelle combien les rois de Perse et de Sicile ont apprécié Aristophane. Suit l'éloge d'Aristopohane; Frischlin souligne la liberté de ton dont il fit preuve dans ses attaques contre ses contemporains et notamment contre les puissants, l'accueil favorable du public et plus tard de Jean Chrysostome. Il évoque ensuite les principes qui ont guidé sa traduction : il a traduit à la manière de Plaute et Térence, en divisant les comédies en actes; mais il ne s'en est pas tenu aux vers iambiques et pour les chœurs il s'est efforcé de conserver la métrique des chœurs grecs. Il regrette enfin de n'avoir pas eu accès à un meilleur exemplaire - sans préciser lequel, ou lesquels il a utilisé(s) - et fustige au passage les savants qui, ayant eu accès à d'autres manuscrits, dénigrent le travail des autres. Il demande enfin à l'Empereur de bien vouloir récompenser son travail afin de pouvoir traduire les autres comédies du d'Aristophane, de même que Scipion a soutenu Térence.

Bibliographie :
  • Thomas Baier « Nicodemus Frischlin als Aristophanes-Übersetzer » editor Dramatische Wäldchen. Festschrift für Eckard Lefèvre zum 65. Geburtstag pubPlace publisher date
  • Patrick Lucky Hadley Athens in Rome, Rome in Germany. Nicodemus Frischlin and the Rehabilitation of Aristophanes in the 16th Century pubPlace publisher date
  • David PriceThe Political Dramaturgy of Nicodemus Frischlin : Essays on Humanist Drama in GermanypubPlace publisher, date
Traduction : Christian NICOLAS

Diuo Rudolpho II Caesari1, Romano Imperatori electo, Augustus Pius Felix Pater Patriae Regi Germaniae, Bohemiae, Hungariae etc., Archiduci Austriae, Duci Burgundiae, Comiti Tyrolano, etc., Principi Optimo Maximo, uita, salus et uictoria

Au Divin Rodolphe II, Empereur élu du Saint-Empire Romain, Auguste, Pieux, Heureux, Père de la Patrie, Roi de Germanie, de Bohême, de Hongrie, etc., Archiduc d’Autriche, Duc de Bourgogne, Compte du Tyrol, etc., Très bon très grand Prince, vie, santé et victoire !

Etsi uereor, Diue Caesar, ne munus afferam Maiestate tua Imperatoria indignum, qui hasce Aristophanis comoedias ex illa ueteri Graecia in Romanum theatrum a me productas ante serenissimos oculos tuos tam audacter statuo, propterea quod sacratissimo tuo nomine nihil dignum esse censeo, quod non sit summo perfectum studio, summaque elaboratum industria, tamen non parum me recreat et reficit, in hoc timore ac metu, singularis illa animi tui Caesaris aequitas ac summa bonitas, qui profecto nec iustitiae tuae putabis esse, quem auctorem potentissimi Persarum ac Siculorum reges olim fuerunt admirati, eundem non lectum atque inauditum dimittere, nec sapientiae tuae, temeritatem ingratissimi huius saeculi, qua nunc uti solent nonnulli, in aliorum laboribus atque impensis remunerandis, tua auctoritate confirmare.

Même si je crains, divin César, de vous faire un cadeau indigne de Votre Majesté Impériale, moi qui ose placer devant vos yeux sérénissimes ces comédies d’Aristophane que j’ai transposées de la Grèce ancienne jusque sur le théâtre romain, d’autant plus que je pense que la seule chose digne de votre nom c’est celle qui a été parachevée avec le plus grand soin et élaborée avec le plus grand travail, pourtant ce m’est une douce récréation et réparation, dans cette crainte et cette peur, que cette bienveillance et cette suprême bonté de Votre esprit impérial, vous qui estimerez que votre justice, à l’égard d’un auteur que le très puissant roi de Perse2, et celui de Sicile3 ont autrefois admiré ne peut le laisser sans lecteurs ni auditeurs et que votre sagesse ne peut pas approuver de son autorité la témérité de notre siècle si ingrat, qui a cours fréquemment chez quelques-uns de nos contemporains, dans le fait de rémunérer le travail et les efforts d’autrui.

Est enim uulgo hodie comparatum inter homines ceteros ut quae imperiti et iniqui rerum arbitri non intelligunt ea negligant, et quae negligunt, eadem uituperent, et quae uituperant, eadem ab aliis omnibus neglegi et uituperari expetant.

Car il est aujourd’hui communément acquis entre tous que ce que les ignares et injustes arbitres des choses ne comprennent pas, ils le rejettent, que ce qu’ils rejettent, ils le blâment également, et que ce qu’ils blâment, ils souhaitent que tous le rejettent et le blâment en même temps.

A qua praepostera sententia, quantum animus tuus, Diue Caesar, excultus optimarum artium et linguarum literarumque studiis ac uere animus heroicus abhorreat, nihil attinet hoc loco commemorare. De eo enim iampridem omnes mortales omnium generum, aetatum, ordinum ita iudicarunt, ut propter summam tuam sapientiam, iustitiam et aequitatem, unanimi consensu affirment omnes nulli potuisse clauum Imperii Romani, in his procellis ac tempestatibus negotiorum melius quam sacratissimo tuae Maiestati a Septemuiris commendari.

De cette pensée néfaste, combien, divin César, est éloigné votre esprit enrichi de l’étude de toutes les meilleures disciplines et des langues et littératures, il ne sert à rien de le rappeler ici. Car à ce sujet depuis longtemps déjà, tous les mortels de tout genre, de tout âge, de tout rang ont pu en juger, au point d’affirmer tous ensemble d’une même voix que, en raison de votre extrême sagesse, justice et équité, personne n’aurait pu recevoir de la part des Septemvirs4 le gouvernail de l’Empire Romain, dans cette période mouvementée de tempêtes dans les affaires, mieux que Votre très sainte Majesté.

Quamobrem non dubito quin meus Aristophanes, in hoc Romani Imperii amplissimo theatro, aequissimum sit habiturus si alium neminem uel te solum atque unum spectatorem ac iudicem.

Aussi suis-je bien certain que mon Aristophane, dans ce si vaste théâtre de l’Empire Romain, saura trouver au moins en vous, à défaut de quelque autre, un seul et unique spectateur et critique.

Nam is auctor est Aristophanes, qui magna cum libertate homines seditiosos ac turbulentos in scaenam producit eosque nominatim perstringit, qui principum in Republica uirorum dissensiones acerbe insectatur, qui temeritatem imperitae multitudinis et licentiam plebis seueriter castigat, qui denique nulli ordini, nulli aetati, nulli generi, nisi solis innocentibus atque immeritis sua libertate parcit.

Car c’est cet auteur, Aristophane, qui avec une grande liberté montre sur la scène les séditieux et les fauteurs de trouble et les pourfend nommément, c’est lui qui poursuit de son acrimonie les dissensions entre les grands de l’état, lui qui châtie sévèrement l’aveuglement de la foule inculte et la licence de la populace, lui enfin qui n’épargne de sa libre verve aucun rang, aucune génération, aucun genre, à l’exception des innocents et de ceux qui n’ont rien à se reprocher.

Itaque temporibus illis, quibus Graecia flagrauit eo intestini belli incendio, quod a Thucydide describitur, totos annos uiginti septem, ipse Cleonem, Brasidam, Lamachum et similes reipublicae pestes, nulla spe commodi, solo libertatis amore ac pacis studio in scenam productos, coram populo Atheniensi dirissimis et quibus digni erant modis, acerrime exagitauit.

Aussi, à l’époque où la Grèce s’enflamma dans l’incendie de la guerre intestine, qui est décrite par Thucydide, pendant vingt-sept années pleines, lui, mettant en scène Cléon, Brasidas, Lamachos et d’autres fléaux de la république, sans espérer quelque avantage mais seulement pour l’amour de la liberté et de la paix, en présence du peuple d’Athènes, il les déchira bien fort par les moyens les plus cruels et qu’ils méritaient.5

Neque hoc sine magna fecit spectantium admiratione. Cum enim ceteri poetae suis scriptionibus nihil fere carperent, sed pessimo cuique assentarentur, unus prodiit Aristophanes qui contra principes Graeciae, a quibus ea discordia excitari uidebatur, conscripsit suas comoedias , easque populo exhibuit. Itaque huic uni in theatro applaudebatur, huius unius nomen, oratio, uultus, incessus ab Atheniensibus amabatur. Darius quoque Persarum rex, cognita e suis legatis poetae huius libertate, qua in deprauatis hominum moribus reprehendendis utebatur, et laudasse uiri studium dicitur et magno ipsum auri pondere donasse.

Et il fit tout cela dans la grande ferveur du public. Car alors que les autres poètes, loin de se montrer sarcastiques dans leurs écrits, acquiesçaient au contraire à la politique du pire, seul se leva Aristophane, qui écrivit ses comédies contre les chefs grecs qui semblaient avoir fait naître cette guerre civile et il les montra en public. C’est pourquoi lui seul recevait au théâtre des applaudissements, lui seul avait un nom, un discours, un visage, une démarche populaire auprès des Athéniens. Même Darius, roi des Perses, quand il eut vent par ses légats de la liberté dont ce poète faisait preuve pour reprendre les mœurs dépravées des hommes, loua, dit-on, le goût de notre homme et le gratifia d’un bon poids d’or6.

Qui autem aduersabantur ei ualebant ii quidem in senatu multum, sed ciuibus iucundi non erant, idque propter studium contentionis et propter dissidia, quae ipsi mouebant in republica. Plebs enim perfuncta grauissimis seditionibus atque discordiis, otium malebat, et ordo equester nouarum rerum non erat cupidus sed sua tranquillitate et dignitate optimi cuiusque et uniuersae reipublicae gloria delectabatur, sicut hoc uidere est in Equitibus Aristophanicis.

Ceux qui s’opposaient à lui étaient certes puissants au sénat mais ne plaisaient pas aux citoyens, et cela en raison de leur goût pour la lutte et des dissensions qu’ils provoquaient dans le peuple. Car le peuple, après avoir vécu les plus graves séditions et discordes, préférait l’oisiveté ; et l’ordre équestre n’était pas favorable à une révolution mais se délectait de sa propre tranquillité, des honneurs de l’élite et de la gloire globale de l’état, comme on peut le voir dans Les Cavaliers d’Aristophane.

Omitto in hoc loco dicere quam seuerus iste fuerit censor, in castigandis forensibus rabulis et nugis ac nebulis sophisticis, quibus non modo ciuitas peruertebatur sed etiam pueritia, in ludis litterariis, tum grauabatur, tum etiam corrumpebatur. Qua in re etsi Socratem atque Euripidem inimicos suos et superciliosos contemptores, aliqua affecit iniuria, tamen ceteros sycophantas et sophistas pro illorum in rempublicam meritis non inique tractauit.

J’omets de dire ici le degré de sévérité de sa critique dès qu’il s’agissait de fustiger les brailleurs de l’agora, les balivernes et les nuées sophistiques, dont non seulement la cité était troublée mais dont aussi la jeunesse, dans les écoles littéraires, était parfois alourdie, parfois corrompue. A cet égard, même si Socrate et Euripide, ses ennemis et sourcilleux contempteurs, ont subi de sa part quelque injustice, il n’en reste pas moins vrai que les autres charlatans et sophistes, pour mauvais services rendus à l’État, il les a justement traités.

Eaque de causa tam grata fuit lectio Aristophanis Diuo Chrysostomo ut noctu eum puluino submoueret et e somno expergefactus, eum tam nocturna quam diurna manu uersaret7. Quid dicam de Hierone, Syracusano rege, cui ab Atheniensibus petenti eloquentissimum auctorem, unde ipse linguae Atticae leporem posset ediscere, misere illi non Socratem, non Demosthenem, non Herodotum, non Platonem, non Aristotelem, sed Aristophanem8 ? Neque mihi aliunde consecutus suam eloquentiam uidetur Diuus, quem dixi, Chrysostomus, praeterquam e sola lectione Aristophanis.

Voilà pourquoi la lecture d’Aristophane plaisait tant à Saint Chrysostome que, la nuit, il le mettait sous son oreiller et, sitôt sorti du sommeil, de nuit comme de jour, il pouvait l’avoir en main9. Et que dire de Hiéron, roi de Syracuse, qui, demandant aux Athéniens l’auteur le plus éloquent pour pouvoir y apprendre le charme de la langue attique, reçut d’eux non pas Socrate ni Démosthène ni Hérodote ni Platon ni Aristote, mais Aristophane ? Et pour moi, j’ai l’impression qu’il ne faut pas chercher ailleurs la source de l’éloquence de Saint Chrysostome, dont j’ai parlé, que dans la seule lecture d’Aristophane.

Quantum uero ad meam attinet interpretationem, dedi hanc ego operam ut e Plauto et Terentio, omnem fere afferrem Latinitatem, quacum permutarem Graecum poetae huius sermonem, idque exemplo ipsiusmet Terentii, qui integras comoedias Graecas fecit Latinas et fecit suas, mutuatus eas e Graecis, ut Heautontimorumenon a Diphilo, Eunuchum a Menandro, Phormionem ab Apollodoro. Etsi autem in Romanis hisce scaenis ad quas accommodaui ego Graeca colloquia, distribuendo singula in suos quinque actus, more Latinae Comoediae, non retinui ego purum iambum (nam hoc ne Plautus quidem et Terentius praestitere) ne uidelicet gratiam sermonis et leporem orationis amitterem, tamen in choris, ubi pleraque canuntur, obseruaui ut non modo sensum sensu et quidem perspicuo orationis genere sed etiam numerum numero, pedem pede, et modum modo commutarem.

Pour ce qui touche à ma traduction, j’ai tâché d’y apporter presque toute la latinité de Plaute et Térence à mettre en échange du grec de notre poète, et ce sur l’exemple de Térence lui-même, qui a transposé des comédies grecques intégrales pour en faire des latines et les faire siennes, en les empruntant aux grecs, comme L’Heautontimoroumenos à Diphile, L’Eunuque à Ménandre, et Phormion à Apollodore. Et même si, dans ces scènes romaines à la sauce desquelles j’ai accommodé ces dialogues grecs, en distribuant leur matière en cinq actes10, à la mode de la comédie latine, je n’ai pas adopté la prosodie iambique pure (car après tout même Plaute et Térence ne l’ont pas fait), afin de ne pas perdre la grâce de la langue et le charme du discours, pourtant dans les chœurs, où presque tout est chanté11 , je me suis fixé comme règle de faire coïncider dans la transposition non seulement le sens au sens (et en laissant transparaître le genre de discours), mais aussi le rythme au rythme, le pied au pied et la mesure à la mesure.

Ex quo intelligit Caesaria tua Maiestas quanto labore constiterit istaec mihi interpretatio. Nam qui huiusmodi quiddam ante me praestiterit in Graeco auctore et quem ego possim imitari, inueni inter Latinos neminem. Vellem autem fuisse mihi exemplar correctius unde meam instituere potuissem conuersionem. Nam existunt hodie recentiores quidam, uiri cetera satis docti, addo etiam satis arguti, qui laboribus aliorum tum libenter insidiantur, tum frequenter eorundem laudibus obtrectant. Si enim diuersam alicubi inueniant lectionem in manuscriptis exemplaribus, Deus bone, quantum ipsi exultant et quanto cum supercilio bonas aliorum interpretum operas despiciunt ! Quasi uero uel alii, uel nos hoc ipsum praestare non potuissemus, quod illi, si nobis libri idonei non defuissent.

Votre Majesté Impériale peut en inférer ce que m’a coûté en travail cette traduction. Car quelqu’un qui ait fait avant moi quelque chose de comparable à l’égard d’un auteur grec et que je puisse imiter, je n’en ai rencontré aucun parmi les auteurs latins. Et j’aurais voulu disposer d'un exemplaire plus correct sur lequel pouvoir appuyer ma transposition. Car il y a aujourd’hui certains contemporains, hommes par ailleurs plutôt savants, j’ajouterais même plutôt subtils, qui passent leur temps à guetter les travaux des concurrents et, souvent, à dénigrer leurs mérites. Car si jamais ils trouvent ailleurs une leçon différente dans des manuscrits, mon Dieu, comme ils sautent de joie ! avec quel froncement de sourcil ils dénigrent le bon travail des autres traducteurs ! Comme s’il était vrai que les autres, ou nous, n’aurions pas obtenu le même résultat qu’eux si nous avions disposé des bons exemplaires !

Tuam igitur Caesariam Maiestatem supplex imploro, oro et obsecro ut ea primam hanc Aristophanicarum Comoediarum partem, suo clementissimo patrocinio defendendam sibi suscipiat mihique tantam pro meis laboribus atque impensis mercedem rependat, ut ego Caesariae tuae Maiestatis ope subleuatus, etiam reliquos [sic pour reliquas] huius poetae fabulas, consimili stylo possim absoluere.

C’est donc à genoux que j’implore, prie et supplie Votre Majesté Impériale de prendre sous la protection de son patronage très indulgent cette première partie des comédies d’Aristophane et de me verser le salaire que méritent mon travail et mes efforts, afin que, entretenu par la cassette de Votre Majesté impériale, je puisse m’acquitter aussi du reste des comédies de notre poète, dans un style similaire.12

Si enim Scipio et Laelius, fortissimi imperatores, Terentium adiutarunt, siue in conscribendis, siue e Graecia in Latium transferendis Comoediis13, si ueterum regum et imperatorum haec fuit prope unica et summa oblectatio ut, extructis amplissimis et magnificentissimis amphitheatris, possent spectare comoedias et tragoedias, si Darius et Hiero, potentissimi reges, tanti fecerunt Aristophanem quanti ab illis factum eum fuisse diximus, si Aristophanes ipse, ex quadringentis ueteribus Comicis, qui omnes nunc olim perierunt, solus ad hanc aetatem superstes, et diuinitus nobis conseruatus peruenit, non dubitabo ego quin Caesaria tua Maiestas meum istum conatum clementissime sit promotura.

Car s’il est vrai que Scipion et Laelius, valeureux capitaines, ont aidé Térence, soit à écrire, soit à faire venir de Grèce à Rome des comédies grecques14, si d’anciens rois et empereurs n’ont eu comme unique délassement suprême, après avoir fait sortir de terre de gigantesques et somptueux amphithéâtres, que de pouvoir regarder des comédies et des tragédies, si Darius et Hiéron15, rois très puissants, ont autant prisé Aristophane que nous disons qu’ils l’ont prisé, si Aristophane lui-même, sur les quatre cents auteurs comiques antiques, qui ont tous aujourd’hui disparu depuis longtemps, a seul survécu jusqu’à notre époque et nous est parvenu providentiellement intact, je serai absolument certain que Votre Majesté Impériale mettra sa clémence infinie à promouvoir ce travail que j’ai fait.

Quod ut facere possit, Deum Optimum Maximum tota animi contentione precor, obtestorque, orando et rogitando, ut is Caesariae tuae Maiestati largiatur uitam, salutem et uictoriam. Francofordiae ad Moenum, Calendis Aprilis anni etc. 86. Salutem Caesariae tuae Maiestati subiectissimus Nicodemus Frischlinus

Et pour qu’elle puisse le faire, de toute la force de mon âme, je prie et supplie en demandes et en sollicitations Dieu Très Bon Très Grand de répandre sur Votre Majesté Impériale ses largesses de vie, de santé et de victoire. A Francfort sur le Main, 1er avril de l’an 86. A Sa Majesté Impériale, bonjour de la part de son excellent sujet Nicodemus Frischlin.


1. Rodolphe II, Empereur du Saint-Empire romain (1552-1612), de la famille des Habsbourg.
2. Il ne s’agit pas d’un fait historique mais d'une extrapolation à partir de ce qu’Aristophane lui-même rapporte dans la parabase des Acharniens, vv.646-651, et que reformule la Vie d'Aristophane (Proleg. de Com. XXVIII. 44-46, p.135 Koster).
3. Il s'agit sans doute d'une référence à Denys de Syracuse (399-344 av. J.-C), tyran de Syracuse, qui appela en vain Platon auprès de lui pour l’aider à organiser la République idéale. Denys aurait demandé à Platon quel auteur il devait lire pour comprendre Athènes, et Platon lui aurait répondu « prenez et lisez Aristophane ». L'anecdote se trouve dans une Vie anonyme d'Aristophane (Proleg. de com. XXVIII 46-49, p. 135 Koster)
4. Il s'agit des sept électeurs
5. Il s'agit de la guerre du Péloponnèse (431-404). Aristophane met en scène Cléon dans les Cavaliers avec le personnage du Paphlagonien. Brasidas est le général qui menait les troupes spartiates jusqu'à sa mort en 422. Lamachos est un stratège athénien qu'Aristophane ridiculise dans les Acharniens. Il faut dire que son nom - qu'on peut traduire par Labataille - s'y prêtait bien.
6. Frischlin extrapole à partir de ce que prétend Aristophane dans Les Acharniens.
7. Alde Manuce, 1498 1.17, .
8. La référence demeure introuvable.On ne trouve pas trace ailleurs de cette anecdote sur Hiéron. Ranke, qui publie en 1846 un commentaire de la Vie d'Aristophane, note : "Miro errore Nicod. Frischlinus a ueritate aberrauit. Is enim hac narrat "Quid dicam de Hierone, Syracusano Rege, cui ab Atheniensibus petenti elegantissimum auctorem unde ipse linguae atticae leporem possit addiscere, misere illi, non Socratem - Demosthenem - Platonem - sed Aristophanem". Tanta leuitate is in enarrandis rebus gestis uersatur (cf. praef. in primam comoediarum partem a. 1586)".
9. L'anecdote se trouve pour la première fois sous la plume d'Alde dans la princeps d'Aristophane (1498).
10. Frischlin est le premier traducteur de la comédie grecque à la diviser en actes et scènes.
11. Les parties chorales sont chantées, sauf quand le coryphée dialogue avec un personnage.
12. Frischlin n'a jamais publié de traduction des autres comédies d'Aristophane.
13. Suet., Vit. Ter. 2.
14. Térence était le protégé de Scipion. Voir Karamalengou Hélène. Le théâtre de Térence et l'image cicéronienne du « cercle de Scipion ». In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres d'humanité, n°60, décembre 2001. pp. 357-378.
15. Il ne peut s'agir que de Hiéron II de Syracuse (308-215).