Ioannis Francisci Corpelli Fulgentii Sidonii et Plauti colloquium
Ioannes Franciscus Corpellus

Présentation du paratexte

Ce poème est en distiques élégiaques.

Bibliographie :
  • COMBONI Andrea, « Giovan Battista Pio a Milano 1497-1500 », in Rinascimenti in transito a Milano (1450-1525), BALDASSARI Gabriele, BARUCCI Guglielmo, CARAPEZZA Sandra et COMELLI Michele (dir.), Milan, Università degli Studi di Milano, 2021, p. 205-206.
  • HERNÁNDEZ LOBATO Jesús, « Nuevas aproximaciones metodológicas al estudio de los comentarios humanísticos. La edición comentada de Sidonio Apolinar a cargo de Giovan Battista Pio (1498) a la luz de la Teoría de los Polisistemas », Literatura medieval y renacentista en España: líneas y pautas, RODRÍGUEZ Fernández N. et FERREIRO Fernández M. (éd.), Salamanque, La Semyr, 2012, p. 635-642.
  • HERNÁNDEZ LOBATO Jesús, El Humanismo que no fue Sidonio Apolinar en el Renacimiento, Bologne, Pàtron Editore, 2014, p. 134-135.
Traduction : Déborah BOIJOUX

Io. Francisci Corpelli Fulgentii Sidonii et Plauti colloquium

De Giovanni Francesco Corpelli, la rencontre entre Fulgence, Sidoine et Plaute

Dum fora cum socio Fulgentius ima pererrat Sidonio, scenae cernit uterque patrem.

Tandis que Fulgence et son collègue Sidoine déambulent dans les marchés, Ici-bas, ils reconnaissent, l’un et l’autre, le père du théâtre.

Candida purpureum suffuderat ora nitorem1 Arctoum rutilans fronte micante iubar.

Sur ce visage radieux, l’étoile froide du matin2, qui étincelle De son front scintillant, avait répandu un éclat de pourpre.

« Plautus an hic ? » aiunt. « Is Plautus nempe ! Decoro Vt nitet ampelinae fultus honore togae ! »

« Est-ce bien Plaute ? » se demandent-ils. « Oui, c’est Plaute ! Comme il brille, rehaussé par l’honneur distingué de sa toge couleur de vigne3 ! »

Conueniunt. « Latiae pater o generose Camoenae, Quis ualet Asclepi munus obire deus ?

Ils s’approchent. « Ô noble père de la Camène Latine, Quel dieu est capable de s’acquitter du don d’Asclépios ?4

Te nuper Stygiis emersi liquimus undis ; Quis tibi Atlantiades reddidit astra, pater ? »

Nous t’avons laissé, naguère, dans les eaux du Styx, d’où nous sommes sortis ; Quel descendant d’Atlas t’a rendu aux astres, père ? »

« Qui superas » inquit « nuper uos duxit in auras, Me Stygio Alcydes sustulit ille Ioui.

« Celui qui vous a, naguère, ramenés à l’air libre5, dit-il : Voilà l’Alcide qui m’a enlevé au Jupiter stygien.

Me Pius Albana texit ferrugine6 ; Varro Quam dedit attrita contulit ipse nouam.

Pio m’a couvert de la pourpre royale d’Albe La Longue ; Il m’en a apporté une nouvelle pour remplacer celle, usée, que m’avait donnée Varron. 7

Plus mihi quam genitor dedit hic : obnoxia fatis Membra pater superos hic dat inire thoros. »

Il m’a donné plus qu’un père [peut donner] : il accorde à mes membres, En proie aux destins, de goûter aux lits d’en haut. »

« O certe Clarii 8 genitum de sanguine ! Sed quae Nostra deo tantum gratia penset opus ?

« Ô assurément il est né du sang de Claros ! Quelle reconnaissance Pourrions-nous adresser à ce dieu en échange d’une si grande œuvre ?

Quis, referunt, terras dat peruolitare, feramus His magnum pennis alta sub astra Pium. »

Avec ces ailes, observent-ils, grâce auxquelles le grand Pio nous permet de survoler les terres, Portons-le sous les astres élevés. » 9


1. Ov., M. 1.484. Pulchra uerecundo suffuderat ora ruboreIbant insignes uultuque habituque uerendo / Candida purpureum fusae super ora pudorem.
2. Ou « l’étoile polaire » ? L’auteur commet manifestement une confusion entre l’étoile du matin (iubar) et l’étoile polaire (arctoum, du grec ἀρκτῷος, α, ον qui signifie littéralement « de la Grande-Ourse », voire de la « Petite-Ourse », et qui peut renvoyer au « nord », à l’« arctique »). Néanmoins, nous préférons conserver l’image associée à iubar car l’étoile du matin, tout comme la couleur pourpre qui est évoquée, sont aussi les attributs du phénix (cf. Plin. Nat. 10.2). Or, la « renaissance » philologique de Plaute est régulièrement associée à la résurrection fabuleuse de cet oiseau mythique (voir, dans cette même édition, les deux poèmes d’Antonio Maria Calcaterra et de Giacomo Maria Calcaterra). Par ailleurs, Laurence Gosserez rappelle, dans « Le phénix, le temps et l’éternité » (Le phénix et son Autre. Poétique d’un mythe. Des origines au XVIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 37), que la « vieillesse [du phénix] marque l’affaiblissement "hivernal" des étoiles » (auquel peut renvoyer, dans ce vers de Corpelli, l’adjectif arctoum).
3. La toge pourpre était celle des imperatores.
4. Autrement dit, le don de ressusciter les morts. Asclépios est le fils d’Apollon.
5. Pio a, en effet, déjà publié, chez le même éditeur, deux éditions de Sidoine Apollinaire et de Fulgence : Sidonii Apollinaris Poema aureum eiusdem Epistolae cum commentario, Milan, Ü. Scinzenzeler, 1498 et Fulgentii Placiadis Enarrationes allegoricae fabularum, ibid., 1498.
6. Virg., En. 9.582. pictus acu chlamydem et ferrugine clarus Hibera.
7. La traduction de ce distique s’inspire de la traduction espagnole qu’en propose Jesús Hernández Lobato (« Pio me cubrió con la púrpura regia de Alba Longa; / estando ya destrozada la que me dio Varrón, éste me trajo una nueva »), qui explique que ce vêtement « pourpre » ou « violet » (autre sens de ferrugo, « la rouille »), symbole des antiques rois albains, constitue probablement « une métaphore du commentaire philologique de Pio, qui se place dans le prestigieux sillage des études varroniennes. » Voir HERNÁNDEZ LOBATO Jesús, « Nuevas aproximaciones metodológicas al estudio de los comentarios humanísticos. La edición comentada de Sidonio Apolinar a cargo de Giovan Battista Pio (1498) a la luz de la Teoría de los Polisistemas », Literatura medieval y renacentista en España: líneas y pautas, RODRÍGUEZ Fernández N. et FERREIRO Fernández M. (éd.), Salamanque, La Semyr, 2012, p. 635-642 : « El término femenino ferrugo,-inis es un derivado del sustantivo ferrum ys ignifica, en primer ainstancia, “óxido”; puede designar, por extensión, cualquier color semejante al óxido, entre ellos, la púrpura. Este es, a mi juicio, el sentido que mejor se adapta a este oscuro pasaje de Pio, cuyo uso del vocablo ferrugine parece apoyarse en la indiscutible autoridad de Virgilio (Aen. 9, 582 : pictus acu chlamydem et ferrugine clarus Hibera). Así pues, estos dos versos podrían traducirse: “Pio me cubrió con la púrpura regia de Alba Longa; estando ya destro- zada la que me dio Varrón, éste me trajo una nueva”. Obviamente, esa preciada púrpura – heredera de la de los reyes latinos de Alba Longa – es una metáfora del comentario filológico de Pio, que se sitúa a sí mismo en la prestigiosa estela de los estudios varronianos. Gracias a él, Plauto puede volver a lucir sus espléndidas galas de antaño, dado que las agudas glosas de Pio han cubierto de nuevo su vergonzosa desnudez. »
8. Clarius, ii, m. : autre nom d’Apollon (de Claros, i, f. : ville d’Ionie célèbre pour son sanctuaire dédié à Apollon).
9. Le poème se clôt sur une gradation : tandis que Plaute donne aux protagonistes la possibilité de voler au-dessus de la terre, c’est jusqu’au ciel qu’il est lui-même élevé.