Epistola. Ioachimus Camerarius Pabepergensis Francisco Crammio Sagano S. D.
Ioachimus Camerarius

Présentation du paratexte

Bibliographie :
  • Ekkehard Stärk, « Camerarius’ Plautus », Joachim Camerarius, éd. Rainer Kössling et Günter Wartenberg, Tübingen, 2003, p. 235-248. Prete, Sesto; “Camerarius on Plautus”, in: Frank Baron (Hg.): Joachim Camerarius (1500 – 1574). Beiträge zur Geschichte des Humanismus im Zeitalter der Reformation,éd. F. Banon, München 1978, p. 223 – 230.
  • Ritschl, Friedrich: Über die Kritik des Plautus, in: Ders.: Opuscula philologica, Bd. 2, Leipzig 1868, 1 – 165.
  • Ritschl, Friedrich: Bio-bibliographisches zu Camerarius’ Plautus-Studien, in: Ders.: Opuscula philologica, Bd. 3, Leipzig 1877, 67 – 119.
  • Projet Opera Camerarii : http://kallimachos.de/camerarius/index.php/Plautus,_Comoediae_viginti,_1558
Traduction : Christian NICOLAS

Epistola. Ioachimus Camerarius Pabepergensis Francisco Crammio Sagano S. D.

Lettre. Joachim Camerarius de Bamberg à Franz Kram de Sagan1, bonjour.

Dum tu terras et maria obis, et mandatas res exsequeris, nos hic, ut solemus, concesso otio utimur, dum licet et studia ac litteras nostras colimus, quasi diu multumque usus aliquis harum futurus sit facimusque similiter in hac parte, quemadmodum in re familiari Graecum epigramma faciendum esse praecipit, ut tanquam semper haec duratura sint, ita colligamus atque condamus adiumenta artium bonarum, in opinione etiam, fore ut a posteritate promantur ea, quae a nobis reposita atque conseruata sint.

Pendant que tu arpentes terres et mers et que tu accomplis tes missions, nous, ici, à notre habitude, profitons d’un temps libre, tant que c’est possible et cultivons nos études littéraires, comme s’il devait y avoir en ces matières une pratique longue et intense ; et nous faisons à cet égard la même chose que préconise de faire dans le privé une épigramme grecque, à savoir, dans l’idée que cela durera toujours, de rassembler et stocker ce qui peut favoriser les arts libéraux, avec l’impression aussi que la postérité récoltera ce que nous aurons entreposé et conservé.

Sed iidem, ut uerum fatear, ita his studiis fruimur, et ea in augendo et amplificando est incuria nostra, quasi omnia mox interitura sint.

Mais en même temps, pour dire le vrai, nous exploitons ces études avec cette incurie à les développer et à les amplifier, comme si tout devait disparaître demain.

Sed de euentu, ut par est, permittantur Deo omnia.

Mais pour l’issue, comme de juste, remettons tout entre les mains de Dieu.

De nostris autem rationibus iudicium esto bonorum.

Quant à nos affaires, faisons-les juger par les gens de bien.

In quas dupliciter inquiri posse uideo.

J’y vois une double enquête possible.

Primum, ut dubitetur, an omnino talia scripta, qualia nunc publicamus, pietatis et religionis studio, quod praecipuum esse debet, consentanea esse uideantur.

D’abord, se demander si globalement ces œuvres, telles que nous les publions, semblent se conformer au goût de la piété et de la religion, ce qui est l’essentiel.

Secundo, ut quaeratur. cur non aliis potius in libris tantum diligentiae et operae positum sit.

Deuxièmement, s’enquérir pourquoi ne pas mettre plutôt tout ce zèle et cette énergie dans d’autres livres.

Ego uero, cum de utroque me iam ante accurate disseruisse confidam, in praesentia possum breuiter haec explicare.

Pour ma part, alors que je crois pouvoir dire que j’ai traité ces deux questions assez soigneusement, pour l’heure je peux donner ces quelques explications.

Neque enim ego is sum, quem pudeat suae artis neque reperio quam spem eruditionis faciam ulli, absque cognitione utriusque linguae, Graecae ac Latinae.

Car je ne suis pas du genre à avoir honte de mon art et je ne sais pas d’autre moyen d’espérer instruire autrui sans le secours de la connaissance des deux langues, le grec et le latin.

Hae uero quomodo perdisci poterunt, neglecta et inobseruata proprietate utriusque ?

Et comment pourra-t-on les enseigner si l’on néglige et n’examine pas les propriétés de chacune ?

Atque id est profecto, quod omnibus temporibus, etiam illis quibus studia doctrinae maxime uiguerunt, paucissimi praestantes eruditione uiri reperti fuerunt.

Et ce qui est certain, c’est que, à toutes époques et même à celles où la culture et les connaissances étaient le plus en vigueur, on n’a recensé que très peu d’hommes brillant par leur érudition.

Non defuit illis quidem naturae et ingenii bonitas, non fugerunt plerique etiam industriae et studii laborem.

Ils étaient pourvus de dons naturels et de génie, la plupart ne fuyaient pas la fatigue du travail de recherche et de l’étude.

Haec autem neglectio corrupit rem, quod non curarunt, ne suae quidem linguae proprietatem intelligere atque perspicere.

Mais c’est la négligence qui a pourri la situation, parce qu’ils oublièrent de comprendre et d’examiner la propriété de leur langue.

Ex hoc et diuersitas ac dissimilitudo sermonis nata, et dissidium sententiarum ortum, et tandem doctrina omnis, posthabita eruditione litterarum, deprauata fuit.

C’est ce qui causa la diversité et l’hétérogénéité de la langue, la discordance dans la pensée et enfin la ruine complète de la science, dès qu’on se mit à déconsidérer la culture littéraire.

Haec scio neque satis intelligi, et derideri a plurimis.

Je sais que cette idée n’est pas comprise et se trouve moquée par la plupart.

Sed quid nos in referendis et approbandis rationibus nostris aliud possumus aut debemus facere, quam ut ea commemorermus, quae nos animaduertimus atque notauimus ?

Mais en rapportant et prouvant nos arguments, que pouvons-nous ou devons-nous faire d’autre que de rappeler ce que nous avons remarqué et signalé ?

Quae sane uideantur leuia, nisi omnium aetatum atque temporum exemplis confirmantur, quibus manifestum fit, ueritate orationis non custodita, secutum hoc esse, ut eruditio litterarum contemneretur et ita mox doctrinam degenerare coepisse, et tandem penitus fuisse corruptam.

Cela pourrait sembler futile, n’était que toutes les générations et toutes les époques le confirment par des exemples qui prouvent que, quand on n’a pas surveillé l’authenticité du discours, il s’en est suivi que la culture littéraire tombât dans le discrédit et que bientôt la science s’abâtardît et, finalement, fût complètement dévoyée.

Nam quam etiam Reipublicae calamitatem attulerit hoc malum, nunc non disputabo, ne quis ueluti θέσιν hanc declamitari a me existimet.

Car quel malheur ce fléau a causé à l’état, je n’en disputerai pas ici, pour ne pas avoir l’air de soutenir une sorte de thèse.

Doctrinam quidem bonarum artium et studia sapientiae non solum dignitatem conciliare rebus humanis, sed salutem etiam et incolumitatem praestare in terris, cui persuasum non est, erga illum esset alia disputatione opus, quam hoc tempore et argumento suscipiendam non putauimus.

L’enseignement des arts libéraux et la philosophie non seulement apportent de la dignité aux choses humaines mais aussi procurent santé et intégrité sur la terre ; pour qui n’en est pas intimement convaincu, il faut un autre type de dissertation, que je n’ai pas jugé bon d’entreprendre en cette occasion et cet argumentaire.

Sit igitur hoc demonstratum neque sine doctrina uitam recte et laudabiliter degi, neque doctrinam sine eruditione litterarum consistere, neque hanc ullam esse absque Graecae et Latinae linguae cognitione, neque percipi illas posthabita proprietatis consideratione posse.

Qu’on considère donc comme démontré que sans science on ne mène pas une vie droite et louable, que la science n’existe pas sans culture littéraire et que cette dernière n’existe pas sans la connaissance du grec et du latin, lesquelles ne peuvent être prises en compte si l’on ne met pas au premier plan leur propriété.

Quae si uere collegimus, consequens erit, ab iis quorum prouincia est litterarum doctrina, operam quae in scriptorum talium, Plautinorum praecipue, si Latina lingua discenda sit, explicatione ponitur, non male, ac potius praeclare et utiliter sumi.

Mais si nous acceptons le tout, la conséquence sera que, pour ceux dont le domaine est l’enseignement des lettres, le travail consenti à expliquer ces œuvres, et particulièrement celles de Plaute, pour peu que ce soit le latin qu’on enseigne, n’est pas mal employé, bien mieux : il l’est brillamment et utilement.

Plautina enim scripta quo minus cura quasi concinnata, et arte elaborata sunt, eo manifestius atque certius in his proprietas et natura sermonis Latini conspicitur.

Car moins les pièces de Plaute ont été écrites avec un soin et un art, disons harmonieux, plus la propriété et la nature de la langue latine s’y perçoivent avec évidence et netteté.

Haec autem duobus praecipue continetur : uerborum simplicium uero usu, et inter se iunctorum debita constructione.

Et elles nichent dans deux lieux : l’usage authentique de mots simples et la construction légitime qui les unit.

In priore significatio singulorum, in posteriore sensus animi declaratio spectatur.

Dans le premier, on scrute le sens des mots un par un, dans le second l’expression du sentiment.

Itaque illa uocabulorum, haec figurarum in loquendo cura et obseruatio est.

Aussi dans le premier cas examine-t-on avec soin les mots, dans le deuxième les figures de discours.

De quibus indicandae rei gratia tantum nos dixisse satis sit.

Sur ce point, admettons que nous avons suffisamment apporté d’indications.

Alterum uideri possit ad explicandum difficilius.

L’autre point pourrait sembler plus difficile à expliquer.

Quomodo enim non discrepabunt haec scripta a doctrina pietatis et religionis, cum siue sacrorum seu profanorum mentio fiat, summa in his leuitas, et omnia falsitatis ac errorum plena esse reperiantur ?

Car comment ces œuvres pourront-elles ne pas jurer avec l’enseignement de la piété et de la religion, vu que, qu’on y parle de sacré ou de profane, on y trouve une totale légèreté et que tout y est empreint de fausseté et d’erreur ?

Quid ego dicam de iis, in quibus delicias faciunt auctores istorum scriptorum, iocos inquam illos obscoenos, et turpitudinem extremam, qua non modo aures piae laedantur, sed animi etiam saucientur, et uoluntas deprauetur, et cupiditates male excitentur ?

Que dire de ces passages où se délectent les auteurs de ce type d’œuvres, je veux dire ces jeux de mots obscènes et cette extrême vulgarité, qui blessent non seulement les oreilles chastes mais aussi lèsent les âmes, dépravent la volonté et chatouillent funestement la libido ?

Poterant plura enumerari, contraria sanctissimis praeceptis, et salutaribus monitis pietatis et religionis, quae comprehensa sunt et tradita in his scriptis.

On aurait pu dresser une longue liste de passages contraires aux très saints préceptes et aux salutaires leçons de la piété et de la religion et qui sont rassemblés et transmis dans ces œuvres.

Et, ut uerum fatear, huiusmodi cogitationes me non parum aliquando conturbarunt.

Et, pour dire le vrai, ce type de réflexions m’a quelque peu troublé quelquefois.

Sed, ut opinor, uere responderi et expedire haesitantem hoc potest : non proponi, si quid est talibus scriptis expositum, improbe aut turpiter dictum uel factum, ad sequendum et exprimendum, non magis quam parricidia et adulteria tragica, sed potius ad execrandum et detestandum atque refugiendum, cum aliis in considerationibus, tum praecipua irae Dei atrocissimae, qua ignorantes ille ueritatis, eos qui in hoc mundo esse uellent praestantissimi uirtute et sapientia homines, ad eam passus est peruersitatem prolabi, ut de nefariis flagitiis et foedissima turpitudine iocos ludosque facerent utque congregarent iis temporibus, quae diuino cultui essent consecrata, omnes utriusque sexus, cuiusque conditionis et aetatis ciues, ad haec dedecora uitae atque morum audienda ac spectanda.

Mais à mon avis, on peut donner ces réponses et ce dédouanement à l’hésitant : les paroles et les situations malhonnêtes et scabreuses ne sont pas proposées en exemple à suivre et reproduire, pas plus que les parricides et les adultères de la tragédie, mais plutôt à exécrer, à détester et à fuir, notamment, parmi d’autres considérations, pour la très sévère colère de Dieu, qui a laissé des hommes ignorants de la Vérité et qui voulaient être dans leur monde des hommes éminents de vertu et de sagesse, tomber à un tel degré de perversité que, d’insultes abominables et de situations scabreuses tout à fait dégradantes, ils faisaient des bons mots et des plaisanteries et rassemblaient, dans une période consacrée au culte divin, tous les citoyens des deux sexes, de toute condition et de tout âge, pour qu’ils entendent et voient ce qu’il y a de hideux dans la vie et dans les mœurs.

Quod si iam aliquem qui ista legit, quasi titillarit uoluptas et libido, ut si cui uideatur fortunatus fuisse Agamemnonii coniugii atque regni subsessor, is paululum se tanquam rationis remigio inhibeat, et finem intueatur, illaque tam scelerum quam flagitiorum ἐπιχείρεα, ac postea statuat quid de his sentire et amplecti conueniat.

Et si un lecteur de la comédie se laisse titiller par le désir et la libido de la même façon qu’un lecteur de la tragédie pourrait juger fortuné le suborneur d’Agamemnon dans le mariage et sur le trône, que sa raison mette comme un coup de rame opposé pour le freiner, qu’il envisage la fin et le salaire2, tant des crimes que des insultes, et qu’ensuite il décide ce qu’il faut en penser et en retenir.

Nam ut Deus impunitam esse audaciam scelerum non sinit, ita neque petulantia flagitiorum caret supplicio, siue immania utraque sint, seu communis uitae huius peccata.

Car de même que Dieu ne laisse pas impunie l’audace criminelle, de même l’insulte violente reçoit son châtiment, que ce soit, dans les deux cas, péchés immenses ou péchés de la vie quotidienne.

Quod si cui singulorum correptio et poena minus manifesta est, is hanc omnium quibus mendacia potiora sunt ueritate miseriam intueatur, caecitatis animorum, tam in iudicii peruersitate quam uoluntatis deprauatione.

Et si l’on ne reçoit pas pour chaque méfait un blâme ou une punition suffisamment manifestes, que ceux qui croient que les mensonges valent mieux que la vérité soient vus comme des misérables à l’esprit aveuglé, tant dans la perversité de leur jugement que dans la dépravation de leur volonté.

Qui, etsi non est eis obscura sententia Dei, ὅτι οἱ τὰ τοιαῦτα πράσσοντες ἄξιοι θανάτου εἰσίν, οὐ μόνον αὐτὰ ποιοῦσιν ἀλλὰ καὶ συνευδοκοῦσιν τοῖς πράσσουσιν 3 , ut inquit Paulus.

Eux, même s’ils connaissent le sens de l’avertissement divin « que ceux qui font cela méritent la mort, non seulement ils le font quand même mais ils sont indulgents avec ceux qui le font », comme le dit l’apôtre Paul.

Haec igitur horribilia sunt, neque sunt occulta, sed manifesta et ante oculos.

Il s’agit donc de faits horribles et qui ne sont pas cachés mais manifestes et sous nos yeux.

Vt autem si quis inconcesso alicuius matronae amore flagrans sciat se in insidias delatum esse, et uersari in periculo, ne deprehendatur ἐπ’ αὐτοφώρῳ, nunquid illum non magis tum cupiditas exstimulatura, sed impendentis exitii metus ad curam salutis suae conuersurus esse uideatur ?

Par exemple, si un homme, brûlant de l’amour interdit pour une femme mariée, sait qu’il est tombé dans un piège et risque d’être pris en flagrant délit4, est-ce sa libido qui continuera à le titiller ou la peur d’une issue imminente ne va-t-elle pas plutôt le faire revenir au soin de son propre salut ?

Similiter et haec dum audiuntur, et leguntur, assit hic sensus irae Dei, et metus iusti supplicii, atque ille pruritus facile reprimetur.

De la même façon, quand on entend ou lit ces passages, qu’on ait à l’esprit le sentiment de la colère de Dieu et la crainte d’une punition légitime, et ce prurit se réprimera facilement.

Aut si in aliquibus hoc non fiet, et erunt ii pauci numero, et plane deplorati quidam, et ἀδόκιμοι τὸν νοῦν.

Et si chez certains cela ne se produit pas, d’une part ils seront peu nombreux, d’autre part tout à fait désespérés et vils d’esprit5.

Sed aetas, inquiat aliquis, puerilis, cui tu ista potissimum apparas, incautior et imprudentior est, et leuior, quam talia ut cogitet et perpendat.

« Mais, me rétorquera-t-on, l’âge puéril auquel tu adresses prioritairement ces textes est trop imprudent, trop peu avisé, trop léger pour penser à tout cela et pour le soupeser ».

Discere haec igitur pueros uolumus, et iubemus tradi diligentius, quam illa quorum caussa proponuntur, sermonis nimirum naturam, et proprietatem ut perspiciant.

Eh bien nous voulons que les enfants l’apprennent et nous prescrivons qu’on l’inculque avec plus de zèle encore que ce pour quoi on propose ces textes, à savoir l’examen de la nature et de la propriété de la langue.

In quo si quid iam forte delinquatur, non nostra haec culpa futura est, sed illorum quibus hoc onus incumbit, ut scolasticis muneribus eos praeficiant, qui recte et ordine administrare omnia sciant.

À cet égard, si une faute est commise, ce ne sera pas de ma responsabilité mais de celle de ceux à qui incombe la tâche de nommer aux postes d'enseignement des personnes capables de tout dispenser droitement et dans le bon ordre.

Atque utinam haec damna morum auerti, et ista uitia emendari possent, quibus iam consuetudine et more laeditur educatio et institutio puerilis, publice ac priuatim, non modo exemplis tam externis quam domesticis, sed praeceptis etiam traditionum quarundam, quibus manifesta quaedam πλημμελἠματα sanciuntur.

Et puissent ces dommages moraux être évités et ces vices corrigés, qui aujourd’hui, par habitude et par manière d’être, lèsent l’éducation et l’instruction des enfants, dans le public comme dans le privé, non seulement par l’utilisation d’exemples étrangers comme nationaux mais aussi par l’apprentissage de certaines traditions qui sanctionnent certaines offenses6.

Hoc illud est, quod huius saeculi corruptio in dies fit maior utque, disciplina omni soluta, audiantur quidem alicubi praecepta et monita pietatis, religionis, uirtutis, continentiae, moderationis, castitatis ; sed cum inde suam quisque eunt diuersi domum, nullus est illo pacto sicut illa iusserant7, secundum Plautum nostrum.

Le fait est que la corruption de notre siècle grandit de jour en jour et la preuve en est que, toute discipline étant abolie, on fait écouter tout de même ici ou là des préceptes et des leçon de piété, de religion, de vertu, de continence, de modération, de chasteté ; « mais comme chacun de son côté rentre ensuite chez soi, personne n’est comme c’était prescrit », selon notre Plaute.

Quid ita ?

Comment cela ?

Quia omnia aliter fieri, et pleraque non modo in improbitate et turpitudine animaduersionem effugere, sed approbationem inuenire cernuntur.

C’est qu’on voit bien que tout se fait différemment et que toutes les malhonnêtetés et les scandales non seulement échappent à l’observation mais même se font approuver.

Reprehenditur ebrietas ? et hoc mox inter pocula recitatur esse factum, et continuatur nihilo minus.

On blâme l’ivresse ? Et bientôt on apprend que cela s’est fait entre deux verres, et on continue néanmoins.

Quid alia ? fraudes, imposturae, luxus ?

Quoi d’autre ? La fraude, l’imposture, le luxe ?

An pro inhonestis iam habentur ?

Est-ce que cela passe pour être malhonnête ?

Immo contra haec ipsa propositae edictiones, eos qui exercent protegere ac tueri uidentur.

C’est tout le contraire et l’on a proposé des lois qui semblent plutôt protéger et défendre ceux qui les commettent.

Non possum in dolore, neque debeo hoc loco, de his plura dicere.

Je ne peux dans ma douleur, ni ne dois ici en dire davantage à ce sujet.

Sed haec est profecto occasio omnis deformitatis, et criminum aetatis nostrae, qua nisi emicuisset lux ueritatis, iamdudum in tenebris oppressa omnia, et confusa iacerent fluctuantia, in errorum quasi undis, et tandem illisa scopulis, ueluti nauis quae pelagi iactatur gurgite uasto, dissiparentur, et disiecta interirent.

Mais telle est assurément la propension de notre époque à saisir chaque occasion de turpitude et de crime ; si la lumière de la Vérité n’avait jailli sur elle, tout serait accablé depuis longtemps de ténèbres, tout flotterait dans la confusion, dans les vagues de l’erreur, pour ainsi dire, et brisé par les écueils, comme un navire balloté par les vastes tourbillons de la mer, se disloquerait et périrait en débris.

Sit nostrum opus paruum : est enim initii, quod speciem habere, aut magnum uideri non solet.

Mais que notre propos soit bref, car c’est le propre d’un début que de ne pas avoir de lustre ou de sembler modeste, d'ordinaire. 

Hoc tamen agimus, et hoc conamur, ut id quod discendum esse credimus, recta uia et ratione doceatur.

Cependant notre action et nos efforts visent à enseigner selon une méthode et une raison droites ce que nous croyons indispensable à transmettre.

Ostenduntur bona saeculo nostro eximia ; haec si non appetere neque conciliare sibi homines uoluerint, quid aliud existimem futurum, quam mox ut amissa cum ingenti dolore et miseria, frustra requirant ?

On voit, à notre époque, des biens extraordinaires ; si les hommes ne veulent pas les rechercher ni se les approprier, quel autre avenir puis-imaginer pour eux que celui de regretter dans un chagrin et une misère infinis ce qu’ils auront perdu ?

οὐ δὲ, ut ait Xenophon, τὸ μὴ λαβεῖν τἀγαθὰ οὕτω χαλεπὸν ὥσπερ τὸ λαβόντα στερηθῆναι λυπηρόν 8 .

« Et, comme le dit Xénophon, il est moins dur de ne pas disposer de biens que douloureux, quand on en a disposé, de devoir s’en passer ».

Confirmanda autem est mens in hac parte, ne fluctuet, neu hareat in dubitatione, qua fieri posset, ut aliquando grauiter et periculose commoueretur.

Mais il faut rassurer l’esprit dans ce cas et lui éviter de flotter, de rester hésitant et dubitatif, ce qui pourrait parfois le troubler gravement et dangereusement.

Nam conturbatis rationibus animorum, atque iudiciis obscuratis, mirabiles errores stabiliri, et absurdissima saepe dogmata asseri solent.

Car quand l’âme a la raison troublée et le jugement aveuglé, d’incroyables erreurs s’installent et des opinions tout à fait absurdes se professent ordinairement.

Scimus quaesitum fuisse a ueteribus quoque, eruditis illis et doctis uiris, cultoribus religionis Christianae, utrum permittenda esset lectio librorum eorum, quos a ueritatis cognitione alieni quocunque argumento composuissent (Graece hos secundum Paulum τοὺς ἔξω 9 uocarunt ; de quo alii aliter).

Nous savons que la question a aussi été posée par les Anciens, ces érudits et savants de religion chrétienne, de savoir si l’on pouvait autoriser la lecture des livres écrits par des auteurs étrangers, pour quelque raison que ce soit, à la révélation de la Vérité (en grec, on les appelle « ceux de dehors » d’après l’apôtre Paul ; et autrement chez d’autres).

Nam ii quibus illae ἀναχωρήσεις καὶ ἀφωρισμέναι μόναι, et eximiae ἀσκήσεις in cohercenda appetitione naturali placuerunt, hoc genus lectionis prorsus a suis remouerunt.

Car ceux qui se plaisent dans les retraites et les solitudes bien délimitées10 et les ascèses11 remarquables quand ils s’appliquent à contraindre leurs appétits naturels, ceux-là ont rejeté ce type de lecture loin de leurs prérogatives.

Ideo maxime, quod non carerent illa scripta uoluptate quadam leniter titillante animos, quos assuefieri ad ἀπάθειαν oporteret : ita enim habitum quendam uocarunt, quo hoc fieret, ut cogitatio neque laetitia quasi difflueret, neque tristitia contraheretur, reconcinnantes ad suae professionis formam Stoicum dogma.

La raison principale en est que ces œuvres ne sont pas dépourvues d’un certain érotisme qui titille gentiment un esprit qu’il faut dompter jusqu’à l’apathie12 : en effet, c’est ainsi qu’ils ont nommé cette manière d’être qui a pour effet que la pensée ne se laisse pas amollir par la joie, ni resserrer par la tristesse, recomposant ainsi à l’aune de leur religion un dogme stoïcien13.

Alii aequiores, non repulerunt quidem ab his libris Christianos, sed et quo consilio atque proposito illi legi, et quo modo ac attemperatione pueris proponi deberent, disseruerunt.

D’autres, plus justes, n’ont pas détourné les chrétiens de ces livres mais se sont demandé dans des traités dans quel but et quel objectif il fallait les faire lire, et de quelle manière et sous quelle adaptation il fallait les proposer aux jeunes gens.

Cum prioribus illis si quis disputare uellet, longa esset et uaria oratione opus futurum.

Si l’on voulait discuter avec les premiers, il faudrait un discours long et varié.

Et multi etiam totam illam separationis προαίρεσιν non probant, et in hac superstitionem implicitam esse negari non potest.

Et beaucoup même désapprouvent ce choix14 d’une mise à l’écart et on ne peut pas nier qu’il y ait là implicitement une forme de superstition.

Hoc sane fatendum, si quis sapientum et eruditorum ueterum scriptis ad malarum cupiditatum fomenta, aut etiam incendia abutatur, et ita lectioni indulgeat, studio eum occupari indigno uita15 et moribus et sententia Christiana.

Et il faut bien avouer que si, chez l’un de ces savants et érudits de l’Antiquité, l’usage de cette littérature avait pour objectif de réchauffer, voire de mettre le feu à de mauvais désirs et s’il mettait de la complaisance à cette lecture, c’est qu’il était envahi d’un goût indigne de la vie, des mœurs et de la pensée d’un chrétien.

Sed propter hoc uitium lectionem librorum istorum omnino damnare, est eiusmodi, ut si quis propter libidinosam aliquorum et prurientem spectandi imagines mollius atque uenustius pictas intentionem, censeat undique ab omnium oculis et aspectu imagines esse amouendas.

Mais, à cause de ce vice, condamner globalement la lecture de ces œuvres, c’est comme décider, à cause de l’intention libidineuse et avide qu’ont certains de regarder des images aux dessins trop pleins de licence et d’appas, de supprimer partout, loin de tous les yeux et de tous les regards, toutes les images.

Immo tollatur uoluntatis illa peruersitas, et cum mens ueritate doctrinae ad amorem castitatis conuertatur, tum affectiones omnes animi disciplinae seueritate refrenentur : ita poterit et hic spectator, et ille lector, etiam suauitatem quandam intuendo et cognoscendo percipere, neque honestatis neque pietatis neque utilitatis expertem.

Au contraire, c’est la perversité de la volonté qu’il faut ôter et, de même qu’il faut, par l’enseignement de la Vérité, faire revenir l’esprit à l’amour de la chasteté, de même il faut réfréner toutes les passions de l’âme par la sévérité de la discipline : alors le spectateur d’une part, le lecteur de l’autre pourront, par le regard et par la connaissance, percevoir même cette sorte d’agrément qui n’est pas exempte de beau, de piété ni d’utilité.

Nam quod ad ἀπάθειαν istam attinet, γοητεία est haec quidem, dum praestigiis quibusdam eum qui homo sit, facere conantur ut non homo esse uideatur, usque adeo, quemadmodum laudans hanc Euagrius inquit, λαλῶν διεστραμμένα 16 , secundum Paulum, ut etiam ferarum natura induatur, τῆς τε ἰδέας παρατραπείσης καὶ τῆς γνώμης λοιπὸν οὐ συμβαινούσης ἀνθρώποις 17 .

Car pour ce qui relève de l’apathie18, il y a bien sûr cette charlatanerie19, quand par des pratiques magiques on s’efforce de faire que celui qui est homme ne semble pas homme, au point (selon un mot d’Évagre le Scolastique qui en fait l’éloge, « en disant des paroles perverses », pour suivre l’apôtre Paul) qu’il revêt une nature animale, « l’apparence s’étant modifiée et le bon sens n’arrivant pas aux hommes ».

Quod quidem neque rectum, et deforme, ac omnino perniciosum est, id de hac opinione iam corroborata manauit, ut de ecclesiasticis studiis disciplinae bonarum artium excluderentur ; ita doctrina sublata, et introducta barbarie, postquam iam tanquam in Troianorum castris Homericis, οὺκ ἦεν ὁμὸς θρόος, οὔτ’ ἰὰ γῆρυς,ἀλλὰ γλῶσσ’ ἐμέμικτο 20 , quo tandem ecclesiastica res reciderit uidemus.

Et, chose injuste, laide et tout à fait pernicieuse, de cette opinion désormais corroborée a découlé l’idée d’exclure des études théologiques l’apprentissage de la littérature ; ainsi on a ôté cet enseignement, introduit la barbarie et dès que, comme dans le camp troyen chez Homère « ce fut une clameur qui n’était plus la même, un parler différent de langues mélangées », nous voyons finalement où en sont tombées les affaires de l’église.

Sed de his neque breuiter dici potest, neque prolixe nunc quidem debet.

Mais sur ce point, ni on ne peut être bref, ni on ne doit être long.

Cum illis autem alteris, in hoc plane consentimus, neque inconsiderate pueris ista scripta proponenda, neque temere ab ullo legenda, et accurate atque prudenter cum enarranda, tum cognoscenda esse.

Mais avec cette deuxième catégorie, je m’accorde pleinement pour dire qu’il ne faut pas inconsidérément proposer ces œuvres aux enfants, ni les faire lire à la légère par personne et qu’il faut les expliquer et les faire connaître précisément et intelligemment.

In aliis quibusdam rationes ipsorum minus uidentur esse explicatae.

Sur certains autres points, leurs raisons paraissent avoir été moins bien expliquées.

Sed hoc nobis satis est, quod dant, et legenda, et in scolas proferenda esse ; idque accipimus et quod addunt, circumspecte et caute : id uehementer etiam laudamus.

Mais il me suffit qu’ils les donnent à lire et à réciter dans leurs écoles ; et nous acceptons aussi ce qu’ils ajoutent, « avec circonspection et prudence » ; de cela aussi je les félicite vivement.

Atque utinam hac in parte cum uoto nostro eorum uoluntates congruerent, quorum et sententia ac auctoritas in constituenda hac reipublicae parte plurimum ualet et eae sunt copiae ac uires, ut sustinere atque perficere possint, quicquid susceperint ac uoluerint.

Et j’aimerais que, en l’espèce, nos souhaits et leur volonté s’accordassent, eux dont l’avis et l’autorité, dans la constitution de ce domaine, sont prévalents et les ressources et les forces sont à même de soutenir et d’achever tout ce qu’ils auront entrepris et souhaité.

De quo tamen cum in hac et rerum perturbatione, et hominum sollicitudine, et temporum miseria, quid sperem non habeam, si meo qualicunque labore inseruirem patriae, et pueritiae studia dirigerem, et adiuuarem conatus tam ingredientium, quam alios deducentium in haec exordia eruditionis literarum, et doctrinae, unde ad omnem sapientiam et uirtutem procedi, et cum ad ciuiles administrationes, tum uerae religionis solerent atque possent, hanc inquam operam diligentiae et laboris mei, et Deo gratam, et nostris hominibus utilem fructuosamque fore credidi.

À cet égard, n’ayant rien à espérer des troubles où nous sommes, de la sollicitude humaine ni de la misère des temps, si du moins j’ai pu par mon travail, quoi qu’il vaille, rendre service à ma patrie, orienter les études des enfants, aider les efforts tant de ceux qui commencent que de ceux qui en guident d’autres sur la route de ces débuts de la culture littéraire et du savoir, d’où l’on peut avancer jusqu’à toute sagesse et toute vertu et habituellement tant dans les administrations civiles que dans les carrières religieuses, cette œuvre de mon application, dis-je, et de mon travail, j’ai pensé qu’elle serait agréable à Dieu et utile et profitable à nos concitoyens.

Confidoque etiam alios bonos, et ab humanitatis sensu non abhorrentes, neque improbaturos iudicio suo, rationes et lucubrationes istas, et fauore quoque persecuturos esse.

Et je suis même sûr que d’autres gens de bien et qui n’ont pas les humanités en horreur ne condamneront pas de leur verdict ces raisonnements et ces recherches, voire leur accorderont leur faveur.

Sed ταῦτ’ εἰς θεὸν χρὴ πάντ’ ὰναρτήσαντ’ ἔχειν21.

« Mais c’est à Dieu qu’il faut sur tout ça s’en remettre ».

Nos eo, unde digressi sumus, reuertamur.

Quant à nous, revenons au point d’où est partie notre digression.

Manemus in sententia, studia utriusque linguae excolenda esse et esse hanc uiam ad scientiam et ueritatem, quibus et cultus Dei, et hominum communitas continetur ac durat.

Nous restons dans l’idée qu’il faut mener de front l’étude des deux langues et que c’est là la voie vers la science et la vérité dont la religion et la société humaine sont constituées et se maintiennent.

Hoc consilio et ante utriusque linguae auctorum scripta, quasi perpolita diligentia nostra edidimus et nunc post priores quinque fabulas Plautinas, quas hortatu tuo, Francisce, misimus ad Principes optimos tuos, discipulos Vilhelmi mei, nunc has alteras sex tradidimus exprimendas Valentino nostro, fideli et assiduo artifici, quas ad te peculiariter mittendas22 esse duximus, non ideo modo ut qualemcunque significationem daremus beneuolentiae mutuae, et memoriae officiorum23 tuorum, sed tibi etiam ut aliquam delectationem absenti procurarem.

Dans ce but, naguère nous avons édité des œuvres d’écrivains des deux langues, après les avoir, disons, bien arrangés par notre travail, et aujourd’hui, après les cinq premières comédies de Plaute que, à ta demande, Franz, nous avons envoyées à tes excellents princes, élèves de mon cher Guillaume24, nous avons confié maintenant à l’impression de notre fidèle et assidu artisan Valentin les six suivantes, qu’il nous a paru indispensable de t’envoyer en particulier, non pas seulement pour signifier notre amitié mutuelle et le souvenir que je garde de tes bons offices, mais aussi pour te donner quelque plaisir en ton absence.

Nam te aliter animatum esse scio, quam multos qui et ingenio singulari praediti, et doctrina magna instructi, splendorem et opulentiam sequendam sibi esse existimant.

Car tu n’as pas, je le sais, le même état d’esprit que ceux, nombreux, qui, dotés d’un talent singulier et d’une grande instruction, pensent qu’il leur faut rechercher le brillant et la richesse.

Non enim contemnis certe literas nostras, quas et ab ineunte aetate adamasti, et familiarius complexus es, quam ut paruipendere aut deserere possis.

Car tu ne dédaignes pas notre littérature, que tu as aimée depuis le début de l’enfance et as embrassée avec trop de familiarité pour pouvoir la déconsidérer et l’abandonner.

Accipies igitur haec multorum opinione futilia, sed tibi, et tuo iudicio, et mea commendatione, cuius sententiam profecto non spernis, cum iucunditatis, tum commodi aliquid allatura.

Tu recevras donc ce travail, futile selon l’opinion générale mais qui, par ton jugement propre et ma recommandation, moi dont tu ne méprises certes pas l’avis, t’apportera quelque plaisir et quelque utilité.

Et meam uoluntatem erga te boni consules, et amicitiam conseruabis, quam ego et adiumento rebus meis impeditis mihi fuisse sensi, et posthac, uolente Deo, ornamento futuram esse confido.

Et tu penseras du bien de mon intention et conserveras une amitié, qui, pour moi (je le sais) a été une aide quand j’ai été empêché et sera (j’en suis sûr) à l’avenir, avec l’aide de Dieu, une décoration pour moi.

De labore autem impenso huic operae editionis, ideo minus uerborum nunc facturus sum, quod tibi notam esse scio et cogitationis mea diligentiam, et inquirendi curam, et lectionis studium, et de multis dubitandi molestiam.

Sur l’ampleur du travail consenti pour cette tâche éditoriale, je serai pour l’heure moins disert parce que je sais que tu connais le zèle de ma réflexion, le soin de mes enquêtes, mon goût de la lecture et le soin vétilleux que je mets à douter de bien des choses.

Sed opere exhibito, semper studii et industriae labor minoris, quam meretur, aestimari solet.

Mais quand l’ouvrage paraît, d’ordinaire on trouve que le travail a mis moins de soin et d’énergie qu’il n’en fallait.

Editae etiam fuerunt emendatae a me fabulae sex, ante aliquot annos, me nesciente ; hae recognoscendae scilicet erunt ; restabunt igitur tres ; atque ita is erit Plautus, qui recte et utiliter legi possit, correctis pluribus quam mille locis, absque omni dubio : ut alia taceam, quae in ambiguo relinquentes, ut non emendata affirmamus, ita non amplius deprauata esse scimus.

J’ai aussi édité et amendé six autres comédies depuis quelques années, sans m’en apercevoir ; il faudra bien sûr, pour elles aussi, en faire l’examen critique ; il en restera donc trois25 ; et alors on aura un Plaute correct et utile à lire, avec plus de mille corrections, sans aucun doute : pour taire le reste, celles que nous laissons dans l’entre-deux, nous disons qu’elles ne sont pas amendées mais nous savons qu’elles ne sont plus dans un état désespéré.

Sed ad operis perfectionem opus erit quasi Zephyri flatu quodam, pacis et otii.

Mais pour parachever l’ouvrage, il faudra comme le souffle d’un zéphyr de paix et de tranquillité.

Quae ut Ecclesiae Christi et nostris regionibus contingant, oro Deum aeternum Patrem Domini et Saluatoris nostri Iesu Christi simulque ut instruat ac regat corda nostra his difficilimis temporibus, Spiritu suo sancto, ut ipsius nomen celebretur merita laude, et Ecclesia Christi augeatur.

Pour qu’elles viennent toucher l’église chrétienne et nos régions, je prie le Dieu éternel et en même temps Père de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, d’équiper et de diriger nos cœurs en ces temps bien difficiles par l’entremise de son Saint-Esprit, pour que son nom reçoive sa juste louange et que l’église chrétienne soit renforcée.

Cui uni, uero, omnipotenti, iusto, misericordi Deo, nostra studia, nostramque salutem, et tuam incolumitatem, fortunas, dignitatem commendo.

C’est à ce Dieu unique, vrai, juste, miséricordieux, que je recommande notre travail, notre salut, ta santé, ta fortune et ton mérite.

Vale. Lipsiae, 9. Calendas Septembris.

Adieu. Leipzig, le 23 août.


1. Franciscus Crammius / Franz Kram (Sagan 1516-Leipzig 1568) est un jurisconsulte allemand. Professeur et diplomate au service de la Cour de Saxe.
2. En grec dans le texte.
3. Paul, Rom. 1.32.4. Le début de la phrase traduit en latin le début de la citation paulinienne :  οἵ-τινες τὸ δικαίωμα τοῦ θεοῦ ἐπιγνόντες, , ὅτι οἱ τὰ τοιαῦτα etc.
4. En grec dans le texte.
5. En grec dans le texte. Cette association ne se trouve attestée que chez Nicéphore le Confesseur, patriarche byzantin des 8e 9e s (Antirrh. 3.425.41). Il s’agit donc sans doute plutôt d’une création spontanée de Camerarius.
6. En grec dans le texte.
7. Pl., Rud. 1252-12533. Sed quom inde suam quisque ibant diuorsi domum,/ nullus erat illo pacto ut illi iusserant.
8. Xen., Cyr. 7.5.82. Variante au début : οὐ γὰρ τὸ μὴ λαβεῖν etc.
9. Paul, Cor. 5.12.1.
10. En grec dans le texte.
11. En grec dans le texte.
12. En grec dans le texte.
13. Sur la réappropriation par les penseurs chrétiens du concept stoïcien d’ἀπάθεια, voir notamment Aug., Civ. 14.9 et Hier. in Hierem. 4.267.5 (CSEL).
14. En grec dans le texte.
15. Nous corrigeons la coquille uitae.
16. Nt. ap. 20.30. Allusion à une parole paulinienne rapporté dans les Actes des apôtres : καὶ ἐξ ὑμῶν αὐτῶν ἀναστήσονται ἄνδρες λαλοῦντες διεστραμμένα τοῦ ἀποσπᾶν τοὺς μαθητὰς ὀπίσω αὐτῶν, « et parmi vous se lèveront des hommes disant des paroles perverses pour entraîner derrière eux les disciples ».
17. Evagrius schol., Hist. Eccl. 30.26. Le texte porte τῆς τε ἰδέας αὐτοῖς παρατραπείσης.
18. En grec dans le texte.
19. En grec dans le texte.
20. Hom., Il. 4.437-438. Quelques variantes par rapport au texte transmis οὐ γὰρ πάντων ἦεν ὁμὸς θρόος οὐδ’ ἴα γῆρυς,/ ἀλλὰ γλῶσσα μέμικτο.
21. Eur., Ph. 795. Aménagement du passage d’Euripide : ἀλλ’ ἐς θεοὺς χρὴ ταῦτ’ ἀναρτήσαντ’ ἔχειν.
22. Nous rectifions ici une coquille.
23. Nous rectifions ici une coquille.
24. François-Othon de Brunswick-Lunebourg, et son frère Frédéric, dédicataires de Pla1558_Camerarius_p2. Guillaume est leur précepteur, ancien élève de Camerarius, nommé lui aussi dans Pla1558_Camerarius_p2.
25. Cinq, envoyées aux deux princes, puis six, celles qui sont dédiées à Franz Kram, puis six quasi-prêtes plus trois à faire, cela donne bien le total de vingt pièces qui figure dans le titre général de l’édition, au lieu des vingt-et-une varroniennes qui forment le corpus plautinien. Celle qui manque est la Vidularia, dont Camerarius a signalé qu’il n’a trouvé inscrit que le titre.