De Pomponio autem Secundo et Seneca Tragico iudicium Terentianus faciens sic scriptum reliquit
Aegidius Maserius

Présentation du paratexte

L’éditeur de Maizières propose un traité métrique constitué de nombreuses citations de Terentianus Maurus, grammairien latin du IIIe s. auteur d’un ouvrage Sur les lettres, les syllabes et les mètres (De litteris, syllabis, metris), citations enrichies d’extraits des tragédies, venant expliquer par l’exemple les règles établies par le grammaticus. Cet écrit assez complet, même s’il fait la part belle au vers iambique (la première partie du traité, la plus développée, en est suivie de sept autres, consacrée aux autres types de vers : trochaïque, sapphique, anapestique, glyconique, asclépiade, alcmanien / bucolique, archiloquien), fera date et sera inséré, après quelques remaniements, dans l’édition de 1514 à laquelle de Maizières contribuera aux côtés d’Érasme et de De Vercel.

Bibliographie :
  • Terentiani Mauri, De Litteris, De syllabis, De metris. I II., trad. Cignolo C., pubPlace, publisher, date
  • Scriptores latini de re metrica : concordantiae - indices, Equipo de Investigación dirigido por J. Luque Moreno. IX, Terentianus Maurus, José Liébana Pérez, pubPlace, publisher, date
  • Jan-Wilhelm Beck, Concordantia in Terentianum Maurum, pubPlace, publisher, date
  • Philippe Renouard, Imprimeurs et libraires parisiens du XVIe siècle, publ. d'après les manuscrits de Philippe Renouard par le Service des travaux historiques de la Ville de Paris ; avec le concours de la Bibliothèque nationale, pubPlace, publisher, date, p. 129, 470, 502
  • Paré-Rey, Pascale, "Les éditions des tragédies de Sénèque conservées à la Bibliothèque nationale de France (XVe-XIXe s.)", in L’Antiquité à la BnF, 17/01/2018, https://antiquitebnf.hypotheses.org/1643
  • Chiara Cignolo, éd., Terentiani Mauri De Litteris, De syllabis, De metris, 2 vol. Hildesheim, 2002.
  • Jacqueline Dangel, 1995, Histoire de la langue latine, « Que sais-je », PUF, Paris.
  • Penser la prose dans le monde gréco-romain. Études réunies et présentées par Jean-Philippe Guez, Dimitri Kasprzyk, Presses Universitaires de Rennes, 2016.
  • Leofranc Holford-Strevens, Aulus Gellius: An Antonine Scholar and His Achievement, Oxford University Press, 2003
  • Kassel, R. - C. Austin, Poetae Comici Graeci, Berlin, New York, 1983-2000.
  • Rudd N., 1989, Horace Epistles, Book II and Epistle to the Pisones (‘Ars Poetica’), Cambridge University Press.
  • Olga Spevak, Isidore de Séville, Etymologiae, Paris, Les Belles lettres, 2020.
  • Grimal P., 1969, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, PUF.
  • Hendrik Simon Versnel, Triumphus : an inquiry into the origin, development and meaning of the Roman triumph, Leiden, Brill, 1970.
  • Jeroen De Keyser, éd., Francesco Filelfo, man of letters (Leiden, Pays-Bas, Etats-Unis d’Amérique, 2019).
  • Jean-Louis Charlet, « La métrique latine de Filelfo : épopée, satire, élégie, ode », dans De Keyser J., 2019, Brill’s studies in intellectual history 289, Francesco Filelfo, Man of letters, Leiden, Brill.
  • Henri Fairclough Rushton, Horace, Satires, Epistles and Ars poetica, Cambridge, Harvard University Press, London, Heinemann, Loeb Classical Library, 1978.
  • David Amherdt, 2004, Ausone et Paulin de Nole : correspondance, Suisse, Sapheneia,
  • Max Niedermann Phonétique historique du latin, Paris, Klincksieck, 1906.
  • M. Aquien, Dictionnaire de poétique, Paris, LGF, 1999.
  • The Catalogue of the Book Collection of the Jesuit College in Braniewo held in the University Library in Uppsala 69:
  • Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Université de Paris et universités des départements.
  • Paré-Rey, Pascale, Histoire culturelle des éditions latines des tragédies de Sénèque, 1478-1878, Paris, Classiques Garnier, « Histoire culturelle » 20, 2023
Traduction : Pascale PARE-REY

De Pomponio autem Secundo et Seneca Tragico iudicium Terentianus faciens sic scriptum reliquit : In tragicis iunxere choris hunc saepe diserti Annaeus Seneca et Pomponius ante Secundus 1

Terentianus Maurus, dans son jugement à propos de Pomponius Secundus et de Sénèque le Tragique, a laissé cet écrit :« Dans les chœurs tragiques ce vers fut souvent inséré par les habiles poètes Annaeus Sénèque et auparavant Pomponius Secundus »2

Duabus primis absolutis partibus tertia superest, quae quo fructuosior eo difficilior est ; non tamen omittenda ne quod minus necessarium est praecipuo neglecto aduxisse uideamur, et quia iambico carmine frequentius noster Seneca usus est.

Les deux premières parties en étant achevées 3, reste la troisième, qui est d’autant plus féconde qu’elle est difficile ; elle ne doit cependant pas être omise pour éviter que nous semblions avoir ajouté des points moins nécessaires à des points essentiels qu’on négligerait, et parce que notre Sénèque s’est assez fréquemment servi de la versification iambique.

Quodque tragoediae proprium sit ab eo exordiemur, utcumque poterimus, de aliis metrorum generibus dicturi quibus maxime noster tragicus suum poema excoluit.

Et commençons par ce qui est le propre de la tragédie, dans la mesure de notre possible, avec l’intention de parler des autres types de mètres avec lesquels notre poète a le plus orné son poème.

Nam de omni metrorum genere quae antiqui usurpauerunt non est in animo dicere, tum quia ab oratione soluta parum absunt, tum quia Seneca iste ab eiusmodi uariatione abstinuit.

Car nous n’avons pas dans l’idée de nous exprimer sur chaque type de mètres que les Anciens ont employé, parce qu’ils sont alors peu éloignés de la prose4, et parce que ce Sénèque s’est abstenu de varier de la sorte.

Narrat Polistephanus scriptor diligentissimus iambum, unde carmen dicitur iambicum, ab Iambe Hippoteontis uxore nuncupatum ; aliis ab ἰαμβίζω, quod est conuicior deducentibus.

L’écrivain très scrupuleux Polistephanus5 raconte que l’iambe, d’où un poème est dit iambique, a reçu son nom de « Iambe », femme d’Hippoteon6 ; d’autres que c’est de « iambizô », ce qui équivaut à « j’injurie » pour ceux qui font l’en font dériver.

Sunt qui ab Iamba Niobes famula oriri malunt ; alii ab Iamba puella, quae hoc carmine lacerata laqueo uitam finiuit7.

Il y en a qui préfèrent le faire naître de « Iamba », la servante de Niobé ; d’autres de la jeune fille « Iamba », qui mit fin à sa vie dans ce poème en se pendant.

Non desunt qui παρὰ τò βάλλειν iambum a teli uibratione deriuent ; uel dicitur iambus (si Francisco Philelpho libro decimo tertio secundi uoluminis credatur) quasi θρίαμβος8 quem omnium primus Liber Pater de Indis deuictis instituit, unde triumphator dictus est ;

Il n’en manque pas pour faire dériver l’iambe de la vibration d’un trait, « à partir de lancer » ; ou bien l’iambe est nommé (si l’on se fie au chapitre 10 du livre II de Francesco Filelfo9) comme s’il venait de « triomphe », que le premier entre tous Liber Pater a instauré sur les Indiens vaincus, d’où il est appelé « le triomphateur » ;

undecumque tamen deriuat res est conuiciis et maledictis perquam aptus ; hinc criminosus ab Horatio libro primo Carminum palinodiam ita canente uocatur : O matre pulchra filia pulchrior Quem criminosis cumque uoles modum Pones iambis1 […]. 10

de quelque endroit cependant que la chose dérive, il est apte le plus souvent aux injures et aux critiques ; de là il est appelé « médisant » par Horace, au premier livre de ses Carmina, quand il chante une telle palinodie : « Ô, d’une mère si belle, fille plus belle, Tu peux mettre à mes iambes accusateurs le terme que tu voudras […] »

Et Archilochus eiusdem Horatii testimonio eo pede utpote ad id congruissimo in Lycambem sese armauit cum in Arte Poetica dixit : Archilochum proprio rabies armauit iambo. 11

Et Archiloque, au témoignage du même Horace, s’est armé contre Lycambès12 par ce pied comme étant naturellement le plus adapté à cela, quand il dit dans son Art Poétique : « La rage arma Archiloque de l’iambe qui lui est propre »13

Hic sane pes ex breui prima secundaque longa constat quod Horatius in Arte testatur : Syllaba longa breui subiecta uocatur iambus Pes citus etc. 14

Ce pied se compose bien d’une première brève et d’une deuxième longue, ce qu’Horace atteste dans son Ars : « Une syllabe longue mise à la suite d’une brève s’appelle iambe ; C’est un pied rapide » etc.

Propter cuius celeritatem duo iambi unam facere mensuram uidentur ; quod ut facilius explicetur in hoc carmine : Soror tonantis hoc enim solum mihi 15

Et à cause de sa rapidité, deux iambes semblent faire une seule mesure ; pour que ce soit plus facilement explicite, ce qu’on a dans ce vers : « Sœur du Tonnant, cela seul à moi en effet »

Prima mensura ex / Soror tonan / conficietur ; secunda / tis hoc enim / ; tertia / solum mihi /.16

La première mesure est obtenue à partir de / Soror tonan / ; la seconde de / tis hoc enim / ; la troisième de / solum mihi.

Inde uocat idem Horatius in Carminibus Iambum celerem dicens : et in celeres iambos misit furentem 17 .

De là le même Horace appelle dans ses Carmina « l’iambe véloce », en disant : « et l’emportement m’a jeté, furieux, aux iambes véloces ».

Huius pernicitas ex illo Ausonii galli poetae clarissimi satis perspicitur cum ad suum scribens Paulinum ait : Iambe Parthis et Cydonum spiculis Iambe pinis alitum uelocior Padi ruentis impetu torrentior Magna sonorae grandinis ui densior 18 etc.

On perçoit suffisamment sa souplesse à partir de ce passage d’Ausone, poète français très célèbre, quand il s’adresse à son cher Paulin en écrivant : « Iambe, plus rapide que les flèches des Parthes et des Cydoniens, plus rapide que les ailes des oiseaux, plus impétueux que le courant du Pô déchaîné, plus dense que les flots violents de la grêle retentissante (…). »19

Et paulo post eundem uocat praepetem et uolucripedem qui primus nouorum metra coniunxit pedum ; ex hoc iambicum carmen dicitur quod multiplex solet esse.

Et peu après il appelle le même « ailé et au pied léger »20, lui qui le premier a uni les mètres de nouveaux pieds ; à partir de cela un vers est dit iambique parce qu’il se présente en général sous de multiples aspects.21

Est enim quoddam monometrum duobus constans pedibus, dimetrum quattuor, trimetrum sex, tetra octo, pentha decem, exa duodecim.22

Il existe en effet un monomètre se composant de deux pieds, un dimètre se composant de quatre pieds, un trimètre de six pieds, un tétramètre de huit pieds, un pentamètre de dix pieds, un hexamètre de douze pieds.23

His tribus postremis utuntur aliquando poetae comici ubi ad uerborum certationem uentum est, rarius ultimo.

Les poètes comiques se servent parfois de ces trois derniers, quand on en est venu au débat verbal, mais se servent plus rarement du tout dernier.

Est etiam aliud catalecticum, acat.24, hyper.25, brachyc.26

Il y a aussi d’autres types de vers : catalectique, acatalectique, hypercatalectique, brachycatalectique.

Quae quoniam ex Horatii carminibus satis trita uidentur, ad iambicum rediens plura dicere supersedeo ; quod sex constans pedibus senarius dicitur multiplexque esse solet ; nam quoddam est purum ex solis scilicet iambis cuius Terentianus sic meminit : Adesto iambe praepes et tui tenax, Vigoris adde concitum celer pedem Nec alterius indigens opis ueni. 27

Et puisque d’après les poèmes d’Horace ils semblent assez usités, revenant au vers iambique, je m’abstiens d’en dire davantage ; parce que comptant six pieds, il est appelé sénaire et il se présente en général sous de multiples aspects ; car il y en a un de pur, c'est-à-dire constitué seulement d’iambes, dont Terentianus donne un tel témoignage : « Présente-toi, iambe prompt, et fort de ta vigueur, porte vite le pied véloce et viens, sans besoin du soutien d’un autre »28

Est enim uersus iambicus senarius ; a principio ad finem similis sibi obstare potest quod in tertio carmine alterius ponatur cuius tertia passim reperiatur correpta.

C’est en effet un sénaire iambique ; il peut se présenter semblable à lui-même du début à la fin en ce que alterius est inclus dans le troisième vers, alors que sa troisième <syllabe> se trouve partout abrégée.29

Nam indifferens est secundum generalem regulam genitiuorum in ius quod liquidissime trocheium illud Terentii carmen probat : Sescuplo uel una uincet alterius singulum. 30

En effet, elle est indifférente selon la règle générale des génitifs en –ius, que ce vers trochaïque de Térentianus31 atteste très clairement : « ou bien encore l’une dépassera, avec la valeur d’un temps et demi, le temps simple de l’autre »32.

Inuenitur etiam uersus hipponactius qui et σκάζων dicitur, ultimam sedem spondeo reseruans qualis est ille Persianus Nec fonte labra prolui caballino 33 ut ait Terentianus : Hic non iambum reddidit pedem sextum Paenultimam sed pro breui trahit longam Nouitate ductus, non ut inscius legis, Sed quia iugales scandimus pedes istos 34

On trouve aussi le vers hipponactéen, qui est aussi appelé « scazon », réservant la dernière position au spondée35, comme ce vers de Perse « Nec fonte labra prolui caballino (et je n’ai point mouillé mes lèvres dans la fontaine chevaline36) », comme dit Térentianus : « Dans ce cas, il ne mit pas un iambe au sixième pied, mais il allongea la pénultième qui était brève, poussé par le désir de nouveauté, non par ignorance de la loi métrique ; Mais puisque que nous scandons ces pieds par paires »37

Dicitur etiam claudus ut idem probat cum inquit : Claudum trimetrum fecit aliter Hipponax, ad hunc modum, quo claudicant et hi versus, idcirco graece nuncupatus est σκάζων. 38

On le dit aussi « boiteux », comme le même auteur l’atteste, quand il dit : « Hipponax a fait un trimètre boiteux autrement, de cette manière où boitent ces vers aussi, c’est pour cela qu’il fut nommé “scazon” en grec »39

Huius Valerius Martialis sic meminit : Si non molestum est teque non piget, σκάζον, nostro rogamus pauca uerba Materno dicas in aurem sicut audiat nullus. 40

Martial s’en souvient de la sorte : « Si tu veux bien, ô mon vers, et si cela ne t’ennuie pas, je te prie de dire quelques mots à l’oreille de mon ami Maternus, de manière qu’il soit seul à les entendre. »41

Iambicus uero trimeter si tragicus et ultimam sedem contra σκάζοντοϛ naturam iambo reliquit quod statim uidebimus, ubi hic unum de scazonte dixerimus quod perraro aut numquam, ut Angelus Politianus in annotationibus tradit, in duobus extremis locis praesertim apud Latinos spondeus reperitur, sicut nec iambus in hoc enim Persii carmine Pegaseium melos 42 .

En réalité, si le trimètre iambique tragique a laissé aussi la dernière position contre la nature du scazon à l’iambe, c’est ce que nous allons voir tout de suite, quand nous aurons dit ici à propos du scazon cela seulement : que c’est très rarement ou jamais, comme Ange Politien le transmet dans ses annotations 43, qu’on trouve chez les Latins aux deux extrémités <du vers> un spondée, comme on ne trouve pas non plus d’iambe dans ce poème de Perse en effet du « doux chant des Muses ».44

Angelus Politianus nectar legendum censet, et recte quidem, nisi Aldo uiro sane quam in lingua et latina et graeca polito magis credendum, quis suadeat qui melos prima protracta Graecorum auctoritate fretus legi posse contendit ?

Ange Politien pense qu’il faut lire « nectar »45, et à juste titre assurément, si ce n’est qu’il faut porter davantage de crédit qu’à Alde46, un homme vraiment érudit dans les deux langues, qui pourrait nous persuader qu’il cherche à ce que melos puisse être lu en allongeant la première syllabe, en s’appuyant sur l’autorité des Grecs ?47

In hoc praeterea trimetro tragico non tot caducas frondes Œtha 48 quare spondeus ultimam sortitur sedem non uideo uerum quod carmini conformius est Erix ;

Dans ce trimètre tragique en outre non tot caducas frondes Oetha pourquoi le spondée obtient la dernière position49, je ne le vois pas ; mais c’est vrai que Éryx est plus conforme au poème50 ;51

Legerem quemadmodum in libro manuscripto inuentum non paucis eruditis hanc lecturam magis approbantibus ostendi.

Je lirais ma trouvaille comme j’ai montré ce que j’ai trouvé dans le manuscrit à bon nombre d’érudits, plus favorables à cette lecture.

Ceterum si mihi hariolari liceret, Athos uerius quam Erix legerem ; uix enim mihi persuadetur ut ei Erix tanti sit momenti ut pro Œtha Erix subducendum ueniat ; utrum autem rectius sit expertiorum iudicio reliquo.

Du reste, s’il m’était permis de jouer les devins, je lirais « Athos » plus probant que « Éryx » ; j’ai en effet du mal à croire que « Éryx » ait une si grande importance que « Éryx » vienne pour remplacer « Œta » ; je laisse au jugement des experts le soin de trancher celui qui est le plus correct.52

Est Tragicus iambicus (ut unde digressi sumus, reducamur) a scazonte secretus puroque magis consentiens qui aliquando in quinta sede et sexta iambum recipiat ; non tamen sine culpa fit ut ex iambis omnibus tragicus constet, dicente Terentiano : Culpatur autem uersus in tragoediis et rarus intrat ex iambis omnibus 53

Il existe un vers iambique tragique (pour revenir d’où nous avons fait digression), distinct du scazon, et plus en accord avec un <vers> pur qui admet parfois à la cinquième et à la sixième position un iambe ; ce n’est cependant pas sans faute qu’il arrive que le vers tragique se compose uniquement d’iambes, Terentianus disant : « Or ce vers est fautif dans les tragédies et il y entre rarement uniquement composé d’iambes »54

Cuius pedes sic distinguuntur spondeus ad remorandam iambi celeritatem primam sortitur sibi sedem, cuius prima si in breuem resoluatur iambo cedet ; si in duas breues, anapesto ; si secunda in breues duas, dactylo ; usurpatur etiam aliquando tribrachus.

Et ses pieds se distinguent ainsi : le spondée, pour freiner la rapidité originelle de l’iambe, choisit pour lui-même la première position, dont la première syllabe, si elle se résout en brève, le cède à l’iambe ; si la seconde se résout en deux brèves, à un dactyle ; elle est même parfois prise par un tribraque.

Secundam uero sedem iambus tribrachus aut aliquando anapestus occupat iuxta illud Terentiani : dum pes secundus quartus et nouissimus semper dicatus, uni iambo seruiat : nam nullus alius ponitur, tantum solet temporibus aequus non repelli[t] tribrachys. 55

Mais la deuxième position, c’est l’iambe, le tribraque ou parfois l’anapeste qui l’occupe, selon ce passage de Terentianus : « à condition que le deuxième pied, le quatrième et le dernier, lui étant toujours consacrés, soient à disposition du seul iambe : aucun autre pied ne s’y met, et seul ne peut y être refusé le tribraque, égal dans ses temps »56

In illo autem carmine quod in Troade legitur Aeacide armis cum ferox laeua manu 57 iambus erit pro secunda sede ; cuius syllaba prima corripietur ut apud Virgilium insule ionio in magno 58 etc. ubi postrema primi pedis syllaba propter uocalis concursum corripitur, quod in aliis plerisque locis reperies, ut in eadem tragoedia tantae dari uirtuti. An is meruit parum 59  ;

Or dans ce chant qu’on lit dans la Troade60 Aeacide armis cum ferox laeua manu61, il y aura un iambe à la deuxième position ; lui dont la première syllabe est abrégée comme chez Virgile insulae ionio in magno 62 etc. quand la dernière syllabe du premier pied est abrégée à cause de la rencontre vocalique, ce qu’on trouve dans les autres lieux la plupart du temps, comme dans la même tragédie tantae dari uirtuti. An meruit parum63 ;

item in illo Laertes sic te iuuenis excipiat tuus 64 ut uersus manet immutatus spondeum admittere non debet quod illius litterae s excusabit elisio ; uerum tutius alii legunt Laerta ut locum annotauimus.

De même dans ceci Laertes sic te iuuenis excipiat tuus65 comme le vers demeure inchangé, il ne doit pas admettre de spondée, ce que l’élision de la lettre s justifiera ; mais d’autres lisent plus sûrement « Laerta », conformément à notre note à cet endroit 66

Item in illo uersu qui in ultima cernitur tragoedia tibi uirtus illa, quae tot elisit mala 67 iambus erit in secunda sede ; s enim tum apud Virgilium tum apud Senecam non semel elisa uidetur.

De même dans ce vers que l’on voit dans la dernière tragédie tibi uirtus illa quae tot elisit mala68, il y aura un iambe en deuxième position ; en effet chez Virgile comme chez Sénèque la lettre s semble être caduque plus d’une fois.

Omittitur Ennius apud quem illud satis uulgare potuissem lectione immerita ut est annotatum tibi illa uirtus subiungere, sed ne hoc facerem exemplatiorum etiam diuerso charactere notatorum conformitas Aldique uiri sine controuersia nobilissimi auctoritas me admonuit.

Je ne parle pas d’Ennius, chez qui j’aurais pu ajouter ce trait assez commun, avec une leçon indue 69 comme on a écrit tibi illa uirtus70,mais la conformité des exemplaires, même notés en caractères différents 71 , et l'autorité d'Alde, cet homme très célèbre sans conteste, m’ont gardé de le faire.

In illo enim quod est apud Horatium Palus aptaque remis 72 uersum assumptas excusat. Praeterea ne quod maximum generare posset dubium omittatur in illo carmine haud quisquam ad uitam facile reuocari potest 73 iambus secundum tenebit locum, nam si Tortelio credatur v a natura consonantis deficiet ut in illo Terentii uersu quem Tortelius ipse allegat : Sine inuidia laudem inuenies et amicos pares 74

En effet dans ce Palus aptaque remis qui est chez Horace, le s rajouté rend juste le vers. En outre, pour ne pas omettre quelque chose qui pourrait engendrer un très grand doute, dans ce vers haud quisquam ad uitam facile reuocari potest, l’iambe tiendra la deuxième place, car si l’on en croit Tortellius, le v de la consonne par nature fera défaut, comme dans ce vers de Térence que Tortelius lui-même prend pour argument : Sine inuidia laudem inuenies et amicos pares

In tertia sede fiet ut in prima; quarta uero ut secunda disponetur; in quinta spondeus et anapestus tribrachus uero et iambus minus frequentes erunt.

À la troisième position, il en sera comme dans la première, et à la quatrième ce sera disposé comme dans la deuxième ; et à la cinquième, les spondée, anapeste, tribraque, mais aussi iambe seront moins fréquents.

Quattuor praeterea loca inter legendum signauimus, ubi dactylus spondeo temporibus aequiualens in quinta sede statuitur.

En outre, parmi ce qu’on doit lire, nous avons signalé quatre lieux où le dactyle, équivalent au spondée par ses comptes, est placé en cinquième position.

Primum in Hercule furente : Non causa sed nunc pereat omnis memoria 75 ; secundum in Œdipode : noscisne memet dubitat anceps memoria 76 ; tertium in Medea : sed tu malorum machinatrix facinorum 77 ; quartum in eadem: uirile robur nulla famae memoria. 78

En premier dans Hercule furieux : Non causa sed nunc pereat omnis memoria ; en deuxième dans Œdipe : noscisne memet dubitat anceps memoria ; en troisième dans Médée : sed tu malorum machinatrix facinorum ; en quatrième dans la même tragédie : uirile robur nulla famae memoria.

In ultima sede ponitur iambus, nonumquam anapestus ni malis uersum dicere hypercathalecticum, ut in heroico fieri uidemus ; huius exemplum est in prima tragoedia ut saepe puppes aestus inuitas recipit 79  ; item alio in loco non causa sed memoria nunc omnis pereat. 80

En dernière position est placé un iambe, parfois un anapeste sauf si l’on préfère appeler ce vers hypercatalectique, comme nous le voyons se produire dans le vers héroïque ; il y en a un exemple dans la première tragédie : ut saepe puppes aestus inuitas recipit ; de même à un autre endroit : non causa sed memoria nunc omnis pereat.

Sic enim in libro mirandae uetustatis quem habeo litteris superlatis dictionum ordinem signantibus scriptum inueni.

C’est ainsi en effet que j’ai trouvé l’ordre des mots écrit dans un livre d’une ancienneté remarquable que j’ai en ma possession, des lettres ayant été déplacées le signifiant81

Cui ea de causa plurimum fidei tribuo quod ceteris longe tersior est ; uerum in hoc quod dictum est stabilius constiterem ; aliis autem ut aiunt Eacum me non facio ; aliud item adduci potest exemplum ex eadem tragoedia et fata uici morte contempta redii 82 , ut apud Horatium et Exquilini pontifex ueneficii 83 haec duo tamen extrema paragoge excusat.

Or je lui attribue le plus grand crédit pour cette raison qu’il est de loin plus soigné que tous les autres ; vraiment je m’appuierais de façon assez stable sur ce qui y est dit ; or pour les autres, comme on dit, je ne me fais pas Eaque 84; un autre exemple peut encore être ajouté, tiré de la même tragédie : et fata uici morte contempta redii, comme chez Horace et Exquilini pontifex ueneficii la paragoge85 justifie cependant ces deux lettres finales.

Illud autem longe remotius est quod est in Medea : adiice expetita spolia Phrixi arietis 86 ubi dactylum quemadmodum in praecedentibus esse dicemus, aut spondeum si Seruio libet assentiri quo teste I consonantis officio in parietibus et ariete similibusque fungitur.

Or ce vers est de loin plus éloigné, qui est dans Médée : adiice expetita spolia Phrixi arietis, où nous dirons, de la même manière que dans les exemples précédents, qu’il y a un dactyle, ou un spondée, si l’on veut être d’accord avec Servius, au témoignage duquel I s’acquitte de sa fonction de consonne dans parietibus, ariete et d’autres mots semblables.87

Et haec de iambico trimetro.

Et voilà à propos du trimètre iambique.

Vtitur trocheico carmine aliquando tragicus quale est illud tetrametrum catalecticum : Pallidi fauces Auerni uosque Taenarei specus 88 , quod est octo pedibus, una deficienta syllaba distinctum.

La métrique tragique utilise parfois le vers trochaïque, tel ce tétramètre catalectique : Pallidi fauces Auerni uosque Tenarei specus, qui est de huit pieds, et remarquable par l’absence d’une syllabe. 89

Eodem Seneca tribus in locis utitur in Hippolyto ; item in Œdipode : Sit precor dixisse tutum uisu et aspectu horrido 90 , ubi alii perperam praetor pro precor legitant, tuum pro tutum subiungentes, cum est uerbo, ubi ueriorem putauerim lectionem : Sit precor dixisse tutum etc. cuius sensus erit : precor tutum sit mihi dixisse.

Sénèque utilise le même en trois endroits dans Hippolyte91 ; de même dans Œdipe : Sit precor dixisse tutum uisu et aspectu horrido, où d’autres lisent souvent de façon erronée praetor pour precor, substituant tuum à tutum, puisque cela porte sur un seul mot, où je considérerais plus vraie la leçon : Sit precor dixisse tutum etc. dont le sens sera : « je prie qu’il soit sûr de m’avoir dit… »

Creon enim nondum recepta mentis sanitate uix putat locum sibi esse securitati, quapropter aliquantulum temporis petit sibi dari quo deposita formidine quae enarraturus est forte minus Œdipodi placitura tutius enarret quod sole liquidius sequentia demonstrant.

Créon effectivement n’ayant pas encore repris ses esprits a du mal à concevoir qu’il y ait de la place pour sa sécurité ; c’est pourquoi il demande qu’un petit peu de temps lui soit accordé, pour que, une fois sa crainte abandonnée, les choses qu’il doit lui raconter par hasard à Œdipe, qui lui plairont moins, il pût les lui raconter en étant plus en sécurité, ce que démontrent les mots suivants plus nettement que le soleil :

Vt sacrata templa Phoebi supplici intraui pede 92 , sic sane placet legere, non ut sacra templa quemadmodum in omnibus codicibus mendose et corrupte legitur.

Vt sacrata templa Phœbi supplici intraui pede (« Quand je pénétrai les temples consacrés de Phœbus d’un pas suppliant »), c’est ainsi vraiment qu’il me paraît bon de lire, non ut sacra templa (« quand les temples sacrés »), comme on lit dans tous les manuscrits de façon défectueuse et fausse.

Idem carminis genus in Medea habetur : uos precor uulgus silentum uosque ferales deos 93 , cui quidem illud mancum mutilumque carmen subest Poena grauior sedeat coniugis socero mei 94 , ubi usto interserimus quam decenter uiderint optimi lectores.

Il y a le même type de vers dans Médée : uos precor uulgus silentum uosque ferales deos («  je vous implore, foule silencieuse et vous, dieux des morts »), à la suite duquel se trouve ce vers défectueux et mutilé Poena grauior sedeat coniugis socero mei (« qu’un châtiment plus lourd soit fixé pour le beau-père de mon époux »), où nous insérons à ce qui a été brûlé, aussi convenablement que les meilleurs lecteurs l’auront vu.95

Huius carminis sic pedes ut ex nostro Seneca colligere possumus distribuuntur :

Les pieds de ce vers, comme nous pouvons le conclure d’après notre Sénèque, sont ainsi distribués :

Prima sedes trocheo tribracho anapesto et aliquando dactilo munietur ; secunda tribracho trocheo spondeo et dactilo ; tertia tribracho et trocheo ; quarta trocheo et spondeo ; quinta trocheo et dactilo ; Sexta spondeo ; septima trocheo ; octaua uero unicam continebit sillabam.

La première position sera occupée par un trochée, un anapeste et parfois un dactyle; la deuxième par un tribraque, un trochée, un spondée et un dactyle ; la troisième par un tribraque et un trochée ; la quatrième par un trochée et un spondée ; la cinquième par un trochée et un dactyle ; la sixième par un spondée 96; la septième par un trochée ; mais la huitième contiendra une syllabe unique.

Vnde carmen catalecticum manebit huius Terentianus sic meminit:

D’où le vers restera catalectique, ce passage de Terentianus le rappelle ainsi :

Trocheus ergo semper impari loco parique iambus rite collocabitur […]. Ergo qui uersus paratur integer trocheicus cretico fiet remoto rectius idem iambicus uel rectus idem iambicus 97

« Donc seront toujours bien placés le trochée en position impaire et l’iambe en position paire […]. Donc le vers qui est composé comme un trochaïque pur, une fois le crétique éliminé, sera de la même manière un vers iambique pur. »98

Ex his patet quis uersus trochaicus pro cuius cognitione, si quis faciliori praecepto uelit insistere, pro fronte ponat creticum, id est amphimacrum cuius prima et tertia longae secundam circumcingant breuem ; cuius si prima in duas breues dissoluatur, ad peona quartum transeat ; si tertia longa in duas breues ad peona primum, quo deinde sublato amphimacro secundum sillabas aut aliquando tempora uersus iambicus trimeter ponatur, cuius natura per haec quae praeposuimus sunt nota, et haec de trocheico.

De ces vers découle clairement quel vers trochaïque pour la connaissance duquel, si l’on veut s’arrêter à un principe assez facile, il place un crétique au début, c'est-à-dire un amphimacre99, dont la première et la troisième, longues, entourent une deuxième, brève ; pied qui, si la première se résout en deux brèves, devient un péon quatrième ; si la troisième longue se résout en deux brèves, devient un péon premier100 ; et ensuite l’amphimacre ayant été supprimé, le vers iambique est disposé comme un trimètre en fonction des syllabes ou parfois des mores 101, dont la nature, à travers ce que nous avons proposé ainsi que les remarques à propos du trochée, ont été notées ; et voilà pour le trochée.

Quid autem trocheus cum iambo temporibus equiualeat iambicum non ingrediatur carmen ex Terentiano sic dicente cognoscetur :

Or en quoi le trochée équivaut à l’iambe par ses mores, mais en quoi il n’entre pas dans le vers iambique, on l’apprendra à partir de Terentianus, s’exprimant ainsi :

Quid ? nam trochaeus temporum est aeque trium ? Est, sed trochaeo longa prior est syllaba, breuis autem iambo, longa post, cui non potest longam trocheus subdere et breuem suas, breui sequentis qua fit hoc ionicum. 102

« Pourquoi ? car le trochée est-il également de trois temps ? Oui, il l’est, mais la première syllabe du trochée est longue, pour l’iambe, elle est brève, la suivante longue, après laquelle le trochée ne peut faire suivre ses longue et brève, car avec la brève du pied suivant, cela devient un ionique. » 103

Est praeterea tertium genus carminis sapphicumque ex lectione horatiana uel semidoctis satis tritum nunc praetermittendum, nisi pauculae difficultates forsitan legentium animos remoraturae nobis sese obtulissent ;

Il existe en outre un troisième type de vers, le sapphique, assez traité après la lecture d’Horace ou par des amateurs, qu’on devrait omettre à présent, si de toutes petites difficultés devant peut-être retarder l’esprit des lecteurs ne nous y avaient pas obligé ;

inter has occurrit sapphicum illud cum anapesto in prima sede habeat nec ulla dominetur aula 104 .

parmi celles-ci intervient ce sapphique avec un anapeste en première position : habeat nec ulla dominetur aula.

Quem locum reformans tollat apposuit Paulus Crosnensis insignis Academiae Cracosmensis poeta clarissimus ut ex codice Lucii Ioannis Noctuini patria pruteni uiri cum doctrina tum moribus singularissimi collegimus.

Et corrigeant ce lieu, Paweł Krosneńczyk, remarquable poète très célèbre de l’Académie de Cracovie105, ajouta tollat comme nous l’avons relevé à partir d’un manuscrit de Lucius Johannes Noctuinus106, de Prusse, homme exceptionnel tant par sa science que par ses mœurs.

Vnde tuto legi poterit tollat ulla nec dominetur aula : in his autem carminibus misit infestae Troiae ruinis non semel arcus 107 item Pelion regnum Protheo superbum 108 sic enim Bernardinus exponit uerior uidetur esse sineresis, quod alia figura longe in breuem resolutiua, ut apud Virgilium aliquando fieri uidemus, cum per contractum trisyllaba dictio in dissillabam pluresue syllabae in pauciores resoluuntur.

D’où on peut lire sans risque tollat ulla nec dominetur aula ; or dans ces vers misit infestae Troiae ruinis non semel arcus et de même Pelion regnum Protheo superbum, Bernardinus109 expose en effet qu’il lui paraît plus juste qu’il y ait une synérèse, parce que par une autre figure, une longue étant résolue en deux brèves, comme nous le voyons parfois se produire chez Virgile, quand par contraction une diction de trois syllabes se résout en deux syllabes ou plusieurs syllabes se résolvent en un nombre plus réduit (de syllabes).

Quartum genus carminis est anapesticum dimetrum quod ab his « euripidium » ab aliis « pindaricum » dicitur ; repetitur tamen « anapesticum », aliquando sic impressum ut trimetri formam habeat ad monometrum uel dimetrum reducibile.

Le quatrième type de vers est le dimètre anapestique, qui est appelé par les uns « euripidéen », par les autres « pindarique » ; on le trouve cependant appelé « anapestique », parfois imprimé de telle façon qu’il a la forme d’un trimètre, réductible à un monomètre ou à un dimètre.

Huius prima sedes anapesto, unde sumit nomen, dactylo et spondeo nonnumquam tribracho conceditur; secunda spondeo anapesto et aliquando tribracho.

Sa première position est accordée à l’anapeste, d’où il tire son nom, au dactyle, au spondée, parfois au tribraque ; la deuxième au spondée, à l’anapeste, et parfois au tribraque.

Si uero ulterius prodeat quod monometro idem dimetro continget. Alii iambum admittunt quod necessario uiderint, suumque hoc carmine iudicium fulciunt iam Cadmeis inclita Bacchis aspera die diumeta rubent 110 quem locum annotantes diximus Baccis Cathmeis non paucis placere et asperaque die subiungere cuius sensus est dumeta Bacchis Cathmeis inclita eademque aspera rubent die ; uerum si rem medullitus perscrutemur, aliud longe accomodatius incidet ut aspersa die legatur cuius sensus uel puero patebit.

Mais si, plus avant, apparaissait un pied qui conviendrait au monomètre, qu’il convienne également au dimètre. D’autres admettent l’iambe, chose qu’ils auront vue nécessairement, et ils soutiennent leur jugement par ce vers iam Cadmeis inclita Bacchis aspera die diumeta rubent, lieu que nous annotons, dont nous avons dit que Baccis Cathmeis plaisait à bien des gens et qu’ajouter asperaque die, dont le sens est « les buissons célèbres par leurs Bacchantes Cadméiennes rougissent en un jour âpre lui aussi » ; mais si nous examinons la chose à fond, une autre solution apparaîtra, de loin plus adaptée, pour qu’on lise aspersa die, dont le sens sera évident même pour un enfant.

Est quintum genus glyconicum, spondeo et dactylis duobus, aut spondeo, coriambo et pyrrhico constans ; Bernardinus etiam interpres non incuriosus hoc esse glyconicum carmen fata si liceat mihi 111 fatetur.

Il y a un cinquième type, glyconique, se composant d’un spondée et de deux dactyles, ou d’un spondée 112, d’un choriambe et d’un pyrrhique ; Bernardinus Marmitta, commentateur qui n’est pas le moins soigneux, va même jusqu’à dire que fata si liceat mihi est un vers glyconique113.

Est aliud asclepiadeum.

Il y a un autre vers, l’asclépiade.

Item alia quaedam uaria choris maxime admixta ut in Hippolyto : fugit insanae similis procellae 114 , ubi sapphica, adoniis et asclepiadeis annectuntur.

De même il y a certains autres vers variés, mélangés aux chœurs surtout, comme dans Hippolyte : fugit insanae similis procellae, où les sapphiques sont liés aux adoniques et asclépiades115.

Sunt etiam alia a Francisco Nigro « alcmania » uocata quae a Terentiano dicuntur « bucolica », quorum exempla subdensa ait :

Il y a mêmes d’autres vers appelés « alcmaniens »116 par Francesco Nigro117, que Terentianus dit « bucoliques », dont il cite des exemples assez nombreux :

In tragicis iunxere choris hunc saepe diserti Annaeus Seneca et Pomponius ante Secundus Tale dedit nobis Pomponius : « Pendeat ex humeris dulcis chelys et numeros edat uarios, quibus adsonet omne nemus » etc. 118

« Dans les chœurs tragiques ce vers fut souvent inséré par les habiles poètes Annaeus Sénèque et auparavant Pomponius Secundus. Pomponius nous a laissé ceci : “Pendeat ex humeris dulcis chelys et numeros edat uarios, quibus adsonet omne nemus” etc. » 119

Illud autem lasciue nemorum dee 120 : glyconicum est qui, quod post ponitur choriambicum dimetrum heptasyllabum est, quale illud imbriferumque Caurum 121

Or ce vers : Lāscī / vāe nĕmŏ / rūm dĕĕ est un glyconique 122 , suivi d’un dimètre choriambique heptasyllabique123, tel īmbrĭfĕrūm / quĕ Cāurūm 124.

Circa regna sonat 125 archiloquium dimetrum hypercatalecticum erit duobus constans pedibus.

Circa regna sonat est un dimètre archiloquien hypercatalectique, constitué de deux pieds. 126

In Œdipodis dithyrambo reperiet diligentissimus quisque hexametros uersus trocheicos, anapesticos, dimetros et monometros cata / acata / hypercatalecticos alcmaniis sapphicisque insertos.

Dans le dithyrambe d’Œdipe les plus attentifs trouveront des hexamètres trochaïques, anapestiques, des dimètres et monomètres catalectiques, acatalectiques, hypercatalectiques, insérés dans des alcmaniens et des sapphiques.

In Medea uero Quonam cruenta Maeneas 127 anacreontio dimetro catalectico scribitur.

Toutefois dans Médée, Quonam cruenta Maeneas est un dimètre anacréontique catalectique.128


1. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2135-2136, Elle sera reprise vers la fin du traité à propos des vers alcmaniens, employés parfois par les deux tragiques dans leurs chœurs.
2. Il est question du tétramètre acatalectique, qui se trouve en série dans les chœurs tragiques de Pomponius Secundus et de Sénèque. Il était également employé dans la lyrique, chez Archiloque et Alcman ; voir C. Cignolo, 2002, tome 2 p. 519-520. Vers cités dans Sq1611_Heinsius_p3.
3. Du traité de Terentianus.
4. Voir sur les dénominations de la prose et de la poésie J. Dangel, 1995, Histoire de la langue latine, « Que sais-je », PUF, Paris : L’oratio soluta, prose quotidienne, s’oppose à l’oratio uincta qui désigne la poésie. Entre les deux, l’oratio numerosa désigne la prose d’art. Voir également, pour la prose, Penser la prose dans le monde gréco-romain. Études réunies et présentées par Jean-Philippe Guez, Dimitri Kasprzyk, Presses Universitaires de Rennes, 2016.
5. Aulu-Gelle en fait mention en Noct. 9.4.3, quand il parle de livres qu’il a découverts et acquis en débarquant à Brindes : Erant autem isti omnes libri Graeci miraculorum fabularumque pleni, res inauditae, incredulae, scriptores ueteres non paruae auctoritatis: Aristeas Proconnesius et Isigonus Nicaeensis et Ctesias et Onesicritus et Polystephanus et Hegesias, « C'était une collection de livres grecs remplis de merveilles, de fables, de récits inouïs, incroyables, dont les auteurs étaient anciens et d'une autorité considérable : Aristée de Proconnèse, Isigone de Nicée, Ctésias, Onésicrite, Polystéphane, Hégésias. ». Voir sur cet épisode Leofranc Holford-Strevens, Aulus Gellius: An Antonine Scholar and His Achievement, Oxford University Press, 2003, p. 70 : « In 9.4 Gellius states that on disembarking he took a walk to regain his land-legs, and then caught sight of some books for sale, including Greek records of miracula by Aristeas of Proconnesus, Isigonus of Nicaea, Ctesias, Onesicritus, Polystephanus (meaning Philostephanus), and Hegesias, old and dirty, but also dirt-cheap. » . Le contenu de ces livres, dont Aulu-Gelle cite quelques faits remarquables, est donc fait de mirabilia. S’agit-il d’un auteur nommé effectivement Polystephanus, qui ne nous est pas connu par ailleurs, ou d’une mention erronée de l’historien Philostephanus de Cyrène – comme le pense, Leofranc Holford-Strevens – actif au IIIe s. av. J.-C., qui a écrit un De Cypro, un De Cyllene, des Epirotica ? Ou bien encore d’un poète comique dont on n’a conservé que des fragments ? En tout cas nous n’en avons pas trouvé trace dans l’édition Kassel, R. - C. Austin, Poetae Comici Graeci, Berlín, New York, 1983-2000. Ou bien finalement d’un auteur moderne, qui aurait écrit un traité de métrique ? Car dans les diverses hypothèses précédemment avancées, il n’est pas question de versification iambique.
6. Les origines mythologiques du mot ïambe sont multiples, comme nous pouvons le voir ici. Cependant, étymologiquement, le mot latin iambus, dérivé du grec ἴαμϐος (ïambos), vient du verbe ἰαπτω qui signifie « lancer, envoyer » (« The word ‘iambus’ was derived from ἰαπτω ‘I hurl’ » : Rudd N., 1989, Horace Epistles, Book II and Epistle to the Pisones (‘Ars Poetica’), Cambridge, Cambridge University press). Voir encore Plin., Nat. 1.22 ; Diom., Ars 3.477 ; Sacerdos 3.498 Iambé est la fille de Pan et de la nymphe Écho ; elle était servante à Eleusis, dans la maison de Céléos et de Métanira, lorsque Déméter y passa, cherchant Perséphone. Imbéciles l’accueillit et la fit rire par ses plaisanteries. Ce rôle est parfois attribué, non à Iambé, mais à Baubô (Grimal P., 1969, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, PUF). Dans la scholie à Nicandre, 130, c’est Hippothoon (et non Céléos) qui est l’hôte de Déméter, dans sa quête de Perséphone :  "130a".1  νηστείρης Δηοῦς· <ἱστορία G 1>· ἰστέον <οὖν  
 C> ὅτι τῆς Κόρης, ἤγουν τῆς Περσεϕόνης, ἁρπαγείσης ὑπὸ  
 τοῦ Πλούτωνος, ἡ μήτηρ αὐτῆς ἡ Δηὼ νῆστις περιήρχετο ζη- 
 τοῦσα αὐτήν, <καὶ δὴ περιερχομένη καὶ ζητοῦσα αὐτήν G 1>,  
 <ϕθάσασα τὴν ’Ελευσῖνα τῆς ’Αττικῆς G 2>, ὑπεδέχθη <δὲ  
 BRvAld> ἐν τοῖς οἴκοις τοῦ ‘Ιπποθόωντος· <ὃς ἦν υἱὸς  
 τοῦ Ποσειδῶνος ἐξ ’Αλόπης τῆς Κερκυόνος X>· <οἱ δὲ Κε-  
 λεοῦ m>, ὑπὸ τῆς γυναικὸς αὐτοῦ Μετανείρας· ἥτις Μετά- 
 νειρα παρέθηκεν αὐτῇ τράπεζαν καὶ ἐκέρασεν αὐτῇ οἶνον   "130a".10 [<ἐπὶ τῇ θλίψει BRvAld>]. ἡ δὲ θεὸς οὐκ ἐδέξατο, λέγουσα  
 μὴ θεμιτὸν εἶναι πιεῖν αὑτῇ οἶνον ἐπὶ τῇ θλίψει τῆς θυγα- 
 τρός. ἀλϕίτων δὲ <αὐτὴν X> κυκεῶνα ἐκέλευσεν <αὑτῇ  
 G 1> κατασκευάσαι, ὃν δηξαμένη ἔπιεν. ’Ιάμβη δέ τις δούλη  
 τῆς Μετανείρας ἀθυμοῦσαν τὴν θεὸν ὁρῶσα γελοιώδεις λό- 
 γους καὶ σκώμματά τινα ἔλεγε πρὸς τὸ γελάσαι τὴν θεόν.  
 ἦσαν δὲ τὰ ῥηθέντα ὑπ' αὐτῆς ἰαμβικῷ μέτρῳ ῥυθμισθέντα,  
 ὅπερ αὐτὴ πρῶτον εἶπεν· ἐξ ἧς καὶ τὴν προσηγορίαν ἔλαβον  
 ἴαμβοι λέγεσθαι. ’Ιάμβη δὲ θυγάτηρ <ἦν G 1> ’Ηχοῦς καὶ  
 τοῦ Πανός, Θρᾷσσα τὸ γένος G 1X  νηστείρης] τῆς ἀπάστου f  "130c".1  μορόεν <δὲ X> <κακὸν C> ποτόν· τὸ ἐν κα- 
 κοπαθείᾳ δοθέν. ὅτι δὲ διὰ γλήχωνος ἔπιεν ἡ Δημήτηρ <τὸν  
 X> κυκεῶνα καὶ διὰ τὴν χλεύην <τῆς G 1C> ’Ιάμβης ἐγέ- 
 λασεν ἡ θεά, ἐν τοῖς εἰς ῞Ομηρον ἀναϕερομένοις ὕμνοις (h.  
 Cer. 192 ss.) λέγεται G 1X "130d".1 μορόεν] ἐπώδυνον, ἢ τὸ μετὰ πόνου γινόμενον καὶ  
 ἑψόμενον G 1   "130e".1 ᾧ ποτε Δηώ] ᾧ τινί ποτε ἡ Δημήτηρ G 1 De Maizières ne tient pas compte de Métanire et fait un raccourci en faisant de Iambè l’épouse d’Hippothoon, alors qu’elle n’en est que la servante, si l’on considère – par raccourci encore – qu’elle tint le même rôle auprès de lui qu’auprès de Céléos.
7. Il est écrit finiunt, mais l’erreur typographique est corrigée dans le De tragici carminis metro de l’édition de 1514.
8. « Thriambe » : cri rituel qui invite un dieu à se manifester, chanté aux fêtes de Bacchus ; « triumpe » chez les Romains, lors des cérémonies du triomphe. Voir, sur les origines et modalités du triomphe romain, Hendrik Simon Versnel, Triumphus : an inquiry into the origin, development and meaning of the Roman triumph, Leiden, Brill, 1970.
9. Francesco Filelfo (1398-1481) philologue, poète et orateur italien, a traduit principalement du grec au latin des œuvres de Platon, Xénophon, Dion Chrysostome et Pétrarque. Il a en outre écrit un recueil poétique et un traité sur les arts libéraux. Sur la dérivation de l’ïambe vers le driambe : voir Jean-Louis Charlet, « La métrique latine de Filelfo : épopée, satire, élégie, ode », dans De Keyser J., 2019, Brill’s studies in intellectual history 289, Francesco Filelfo, Man of letters, Leiden, Brill. [ensemble de l’article p. 191-238] : « Alors qu’Horace rattache ses Épodes aux iambes violents d’Archiloque, même s’il dit ne pas user de la même violence ou rage (Hor. Epod. 6.11-16 ; Epist. 1. 19. 23-25 ; Ars 79), Filelfo rattache ce pied au triomphe (PhE·29.24) : “Iambus uero pes est qui (ut scis) duabus constat syllabis, prima correpta, altera producta. Nam iambicis uersus in eius [renvoie à triumphus] celebritatis carminibus utebantur.” ».
10. Hor., O. 1.16.1-3a. Il s’agit en effet d’une rétractation ou palinodie. On ne sait si les iambes dont il est question ont jamais été composés ; en tout cas ils ne sont pas conservés dans les Épodes.
11. Hor., P. 79.
12. Un thébain, qui avait refusé sa fille Néobulè à Archiloque ; celui-ci en réponse composa des iambes si violents qu’il les réduisit à se pendre. Voir Hor., Epo. 6.13 : qualis Lycambae spretus infido gener, « comme le gendre qu’avait méprisé l’infidèle Lycambès » (traduction F. Villeneuve).
13. L’adjectif proprius recèle une ambigüité : qualifie-t-il Archiloque ou la rage ? L’édition anglaise récente de H. Fairclough Rushton, Horace, Satires, Epistles and Ars poetica, Cambridge, Harvard University Press, 1978, opte pour la première solution en traduisant « Rage armed Archillochus with his own iambus » (p. 147), tandis que N. Rudd, Horace Epistles, Book II and Epistle to the Pisones (‘Ars Poetica’), Cambridge, Cambridge University Press, 1989, choisit la seconde : « Rage armed Archilochus with her proper weapon the iambus » (p. 164).
14. Hor., P. 251-252a. Citation figurant dans Sq1493_Marmitta_p1.
15. Sen., Herc. F. 1.
16. Conventions de transcription pour la lisibilité et la cohérence : rajout des barres obliques dans le texte latin et sa traduction.
17. Hor., O. 1.16.24b-25a. feruor et in celeres iambos / misit furentem. Nunc ego mitibus.
18. Aus., Ep. 21.1-4.
19. Traduction de l’édition de référence de cette lettre d’Ausone à Paulin de Nole, Amherdt D., 2004, Ausone et Paulin de Nole : correspondance, Suisse, Sapheneia, dont le texte est le suivant : Iambe Parthis et Cydonum spiculis / Iambe pinnis alitum uelocior / Padi ruentis impetu torrentior / Magnum sonorae grandinis ui densior etc.
20. Voir la citation qui suit.
21. La logique de l’explication est la suivante : le vers s’appelle iambique, parce qu’il est composé à base d’iambes, mais il peut admettre plusieurs combinaisons. Commence ensuite en effet un développement sur les mètres iambiques, de diverses longueurs.
22. Tetra = tetrametrum, octo = octometrum, pentha = penthametrum, exa = hexametrum.
23. L’énumération est logique mais se termine par des types de vers qui n’existent pas !
24. Acat. = acatalecticum, hyper. = hypercatalecticum, brachyc. = brachycatalecticum.
25. Hypercatalecticus / hypercatalectus uersus, m : vers hypercatalectique, qui a une syllabe de trop ; Diom., Ars 502.7.
26. Brachycatalectus / Brachycatalecticus uersus, m : vers brachycatalectique, auquel il manque un pied ; voir Serv., Gram. 457.14 et Diom., Ars 502.8.
27. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2182-2184, .
28. Le traitement consacré au trimètre iambique pur adopte la forme d’une apostrophe à l’iambe, invoqué pour sa rapidité ; cette caractéristique est également évoquée v. 1383 (erit iambus, pes uirilis, acer, et raptim citus) ; voir C. Cignolo, 2002, tome 2, p. 522.
29. La troisième syllabe d’alterius est normalement brève, mais ici elle est longue, ce qui permet d’avoir un sénaire uniquement composé d’iambes.
30. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 1352, Le texte porte Secuplosue unam uicet alterius singulum, mais nous rétablissons le vers 1352 de Terentianus ainsi qu’édité dans l’édition de référence de Chiara Cignolo, Hildesheim, Zürich, New-York, Georg Olms Verlag, 2002.
31. Il est toujours question de Terentianus Maurus, parfois nommé Terentius.
32. Traduction italienne de Chiara Cignolo : « o ancora l’una superarà, col valore di un tempo e mezzo, il tempo simplice dell’altra ». Commentaire (tome 2 p. 439) : sescuplo : scil. tempore ; singulum : scil. tempus.
33. Pers., Sat. pr. 1..
34. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2401-2404, La suite est : paeona fieri perspicis pedem in fine : epitritus nam primus implet hanc partem, breuis locata cum sit ante tres longas. « tu vois que le pied devient un péon à la fin : de fait c’est un épitrite premier qui complète cette partie, puisque la brève se trouve devant trois longues » Un péon est composé de d’une longue et de trois brèves. Un épitritre est un pied composé d’une brève et de trois longues, appelé primus, secundus, tertius, quartus, selon que la brève occupe la première, la deuxième, la troisième ou la quatrième place. Il est question ici du primus, où la brève est initiale.
35. L’hipponactéen est en effet un sénaire scazon, où le sixième pied était un trochée ou un spondée.
36. Il s’agit de la source Hippocrène, créée par un coup de sabot de Pégase, au sommet du Mont Hélicon.
37. Commentaire de Chiara Cignolo (tome 2 p. 539-540) : hic : scil in hoc metro claudo. Reddidit : scil. Hipponax. Paenultimam… trahit longam : la caractéristique du vers, une pénultième longue au lieu de brève, produit une inversion de rythme dans la clausule.
38. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2398-2400, Citation exacte, à la réserve près de alter corrigé en aliter.
39. Commentaire de Chiara Cignolo, 2002, tome 2 p. 539 : l’adjectif claudus, comme le verbe claudo, est fréquemment employé par les métriciens latins à propos des vers catalectiques, mais n’a pas encore le sens spécifique de σκάζων (terme technique du lexique métrique signifiant « boiteux », par opposition à ὀρθός, et désignant le choliambe, trimètre caractérisé par une pénultième syllabe longue) ; celui dont il est question ici est anormal dans sa partie finale, comme les mètres catalectiques, mais autrement (aliter). Terentianus parle de « ces vers » qu’il est en train de commenter dans cette partie de son traité.
40. Mart., Ep. 1.96.
41. Traduction de H. Izaac, Martial, Épigrammes, Tome I. Livres I-VII, Paris, Les Belles Lettres, 1930, qui édite : Si non molestum est teque non piget, scazon,/νostro rogamus pauca verba Materno/ δicas in aurem sic ut audiat solus.
42. Pers., Sat. pr. 15.
43. Sur les œuvres de Politien, Federica Rossetti (voir note 42) a bien voulu nous proposer les éléments suivants : « Politien avait fait un cours sur Perse en 1483/1484 et nous gardons une praelectio de son cours (publié en 1489 dans l’édition des Opera omnia de Politien), un commentaire et quelques observations dans les Miscellanea, publiés aussi en 1489. L’opinion de Politien sur le problème melos/nectar vient d’être connue parmi les humanistes surtout après la publication des Miscellanea, parce que le commentaire (publié par Cesarini Martinelli-Ricciardi en 1985) est gardé seulement par la tradition manuscrite, dans un manuscrit de la Bayerische Stadtbibliothek, Mon. Lat. 754, qui était un manuscrit de travail de Politien ».
44. Commence ici une digression faite d’exemples de scazons.
45. Ce dernier vers du prologue comporte en effet une variante : Cantare credas Pegaseium nectar / melos. Ces variantes ont donné lieu à un vaste débat chez les humanistes, dont Federica Rossetti a fait état dans sa thèse sur le commentaire de Perse de Giovanni Britannico (Il commento a Persio di Giovanni Britannico e le sua ricezione nel Cinquecento europeo : edizione critica e studio introduttivo), p. 58-60. Nous remercions vivement Marie Jeannot qui nous l’a signalé et nous a transmis le résumé des étapes du débat qui se pose dans les termes suivants (nous citons Federica Rossetti) : « Les deux variantes étaient bien représentées et dans la tradition manuscrite et dans les scholies (déjà chez le Commentum Cornuti les deux variantes sont signalées). Néanmoins, à l’époque humaniste la variante plus connue (transmise par la vulgata) et imprimée dans toutes les éditions de Perse était ‘melos’. La variante ‘melos’ est acceptée sans discussion dans tous les premiers commentaires humanistes de Perse (Tommaso Schifaldo, Guarino Veronese, Martino Filetico, Cristoforo Landino, Bartolomeo Della Fonte), même si elle créait un problème métrique (parce qu’à la fin d’un choliambe il faudrait avoir un spondée, mais le me- de ‘melos’ est une syllabe brève). Giovanni Britannico, chez sa première édition du commentaire de Perse (1481), signale qu’il y a un problème métrique, mais il propose comme solution de géminer le ‘l’ de ‘melos’ pour allonger la syllabe : Britannicus in Pers. Chol. 14, p. 23, 1-8: «MELLOS cantum. Melos priorem habet correptam. Lactantius: fitque repercusso dulcior aura melo, sed hoc loco geminauit l ut scazonis stet ratio, ut Vergilius: Relliquias danaum ». Ange Politien, et dans son commentaire et dans les Miscellanea, propose de lire ‘nectar’. Dans le passage des Miscellanea il déclare lire cette variante dans un ‘manuscrit très ancien’ et il dit aussi que l’humaniste romain Pomponio Leto possédait aussi un manuscrit de Perse qui confirmait cette lecture. Raffaele Regio chez son commentaire de Perse, conservé dans le manuscrit Firenze, Bibl. Laurenziana, Pl. 46.16 et qui date d’environ 1485/1486, défend aussi la variante nectar, mais on ne sait pas s’il était arrivé à cette conclusion de manière indépendante à travers la lecture des scholies (qu’il connaissait très bien et qu’il cite plusieurs fois dans son commentaire) ou s’il était influencé par la position de Politien (peut-être connaissait-il le contenu du cours de Politien à travers des recollectae). Après quelques années, Ermolao Barbaro intervient aussi dans le débat dans ses Catigationes Plinianae : il défend la variante ‘melos’, parce qu’il déclare que la première syllabe de melos peut être longue, comme dans les Hymnes Homériques (H. Merc. 502). Comme alternative, Ermolao déclare aussi qu’on peut résoudre le problème en plaçant ‘credas’ en dernière position (cantare Pegaseium melos credas à la place de cantare credas Pegaseium melos). Le débat a eu une grande résonance dans la période humaniste : tous les commentateurs de Perse postérieurs prennent position d’un côté ou de l’autre et même le poète Michele Marullo écrit une épigramme sur cet épisode, où il se moque d’Ange Politien et défend la variante melos. C’est dans ce contexte qu’il faut lire les passages de l’édition de Manuce (qui ajoute le témoignage de l’ἑλώρια du prologue de l’Iliade, qui aurait eu la première syllabe longue, même si Politien avait déjà écarté cette possibilité dans son chapitre des Miscellanea) et de Maserius (qui fait référence aussi au passage des Miscellanea de Politien). »
46. Alde a déjà réfléchi à la scansion de melos dans son édition de 1501, où il écrit en toute dernière page : Melos unico l non sine ratione imprimendum curauimus, quia non aliter producitur quam ἑλώρια apud Homerum [Iliade, 1, 4], et μέλος [Hymne à Mercure, v. 502] apud eundem ratione immutabilis ; il a en effet édité le v. 502 de l’Hymne à Mercure avec un epsilon long puisqu’il commence le dactyle cinquième. Certains, comme Christianus Becman dans son Manuductio ad latinam linguam au début du XVIIe (voir l'édition de 1629, p. 841), renvoient à ce passage des hymnes homériques pour ce problème métrique. Nous remercions Marie Jeannot, à qui cette note est redevable, pour ses recherches sur ce point.
47. De Maizières semble pencher pour la leçon de Politien qui place justement (recte) un spondée en fin de vers avec nēctar alors que dans l’absolu c’est Alde qui est plus fiable ; mais en l’espèce, la leçon de ce dernier (un mēlos improbable puisque c’est mĕlos en latin) s’avère moins pertinente.
48. Sen., Oed. 600. non tot caducas frondes Eryx voir édition de référence.
49. Oetha est en effet spondaïque.
50. En ce qu’il fournit un iambe, parfaitement conforme.
51. Commence ici une digression faite d’exemples, que de Maizières fermera en disant en incise, quelques lignes plus loin ut unde digressi sumus, reducamur.
52. Fin de la digression faite d’exemples.
53. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2228-2229, Voir Sq1514_Bade_p5 et Pla1512_Charpentarius_p2a
54. Le trimètre tragique ne doit en effet (utilisation technique du terme culpatur en contexte de critique littéraire) ni être pur ni comprendre de substitutions aux pieds pairs : C. Cignolo, 2002, tome 2, p. 527.
55. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2209-2212, Citation exacte, à la variante près de uni / uno v. 2210 : dum pes secundus quartus et novissimus semper dicatus uno iambo serviat: nam nullus alius ponitur, tantum solet temporibus aequus non repelli tribrachys.
56. Voir Chiara Cignolo, 2002, tome 2, p. 526 : tantum… tribrachys : scil. in locis paribus. Aux pieds pairs, seule est admise la résolution d’une longue et donc la substitution de l’iambe par le tribraque, qui a la même valeur temporelle.
57. Sen., Troad. 44. Aeacius armis cum ferox, saeva manu, dans l’édition de référence (CUF).
58. Virg., En. 3.211. insulae Ionio in magno, quas dira Celaeno.
59. Sen., Troad. 211. Nous rétablissons is, que le texte omet.
60. C’est alors le titre que porte les manuscrits de la branche A, pour la pièce qui deviendra les Troyennes après que l’Etruscus aura été découvert et exploité par Gronov en 1611.
61. De Maizières donne donc deux exemples (dans un trimètre, puis dans un hexamètre) d’abrègement en hiatus d’une longue au temps faible, dans des mots grecs, comme le permet la métrique grecque : Aēăcĭ / daĕ ār / mīs cūm / fĕrōx / lāevā / mănū
62. Si l’on scande īnsŭl(aĕ) ĭ / ōnĭŏ / īn māg / nō, quās / dīră Cĕ / lāenō (alors que Bailly indique un i long initial et un o central bref), avec un abrègement de la finale de Ionio en hiatus au temps faible). On peut aussi scander (mais ce n’est pas ce qu’indique de Maizières) īnsŭlaĕ / īŏnĭ(ŏ) / īn māg / nō, quās / dīră Cĕ / lāenō, avec là encore un abrègement à la grecque, mais cette fois de insulae (scansion à la grecque permise par le hiatus avec le mot grec Ionio). Voir M. Niedermann Phonétique historique du latin sur cette possibilité pour les mots grecs de ne pas appliquer la règle uocalis ante uocalem corripitur, p. 76.
63. Dans ce dernier exemple, l’abrègement, à la césure et ne portant pas sur un mot grec, est rare chez Sénèque : tāntāe / dărī / vīrtū / tĭ. Ān / mĕrŭīt / părūm Précisons que la correction de Peiper en uirtutis, adoptée par L. Herrmann puis F.-R. Chaumartin pour la CUF contre l’ensemble des manuscrits, ne permet plus cet abrègement en hiatus.
64. Sen., Troad. 701.
65. Lāērtĕ(s) sīc tē iŭvĕnĭs ēxcĭpĭāt tŭŭs = spondée / iambe / dactyle / iambe / anapeste / iambe. L’élision de la finale de Laertes permet en effet d’avoir un iambe au P2 au lieu d’un spondée. Les éditions modernes ont en effet retenu Laerta.
66. Un note marginale indique en effet : S absumatur ut stat uersus ; aut melius lege Laerta.
67. Sen., Herc. Œ. 1270.
68. tĭbĭ vīr / tŭs īl / lă quāe / tŏt ē / lĭsīt / mălā. De Maizières considère qu’avec la chute du s la finale de uirtu(s) peut être brève – alors que nous scandons vīrtūs – puisqu’elle se trouve désormais en hiatus et qu’il peut y avoir abrègement.
69. On ne voit pas de quoi il s’agit : leçon indue dans le texte d’Ennius ? celui de Sénèque ?
70. Pour de Maizières, cet ordre des mots – qu’ont adopté les éditions modernes – est fautif. Le vers se scande alors ainsi : tĭb[i] īl / lă vīr / tūs quāe / tŏt ē / lĭsīt / mălā.
71. Il a sans doute regardé des manuscrits écrits dans des écritures différentes, en onciales et en caroline par exemple, qui portent cependant tous la même leçon.
72. Hor., P. 65. regis opus, sterilisue diu palus aptaque remis.
73. Sen., Hipp. 264.
74. Ter., Andr. 66. Scaliger citera ce vers dans ses Poetices libri septem, 1561.
75. Sen., Herc. F. 408.
76. Sen., Oed. 847.
77. Sen., Med. 266.
78. Sen., Med. 268. robur uirile est, nulla famae memoria.
79. Sen., Herc. F. 676. ut saepe puppes aestus inuitas rapit dans l’édition de référence : de Maizières s’appuie sur autre tradition manuscrite que E.
80. Sen., Herc. F. 408. voir plus haut, où l’ordre des mots était différent. De Maizières s’appuie peut-être ici sur un autre manuscrit, auquel renverrait l’expression alio in loco.
81. Plus haut l’ordre des mots était différent. De Maizières s’appuie ici sur un autre manuscrit.
82. Sen., Herc. F. 612.
83. Hor., Epo. 17.58. et Esquilini pontifex uenefici.
84. C'est-à-dire : "je ne me fais pas juge", en référence au père de Pélée qui était devenu juge aux Enfers.
85. La paragoge « est un métaplasme qui repose sur l’adjonction d’un phonème ou d’une syllabe à la fin d’un mot : une licence poétique permet, par exemple, d’écrire avecque au lieu de avec pour gagner une syllabe dans le décompte métrique », M. Aquien, Dictionnaire de poétique, LGF, 1999, p. 612.
86. Sen., Med. 471. adice expetita spolia Phrixi arietis dans nos éditions modernes.
87. Le mot parietibus ne figure pas dans le vers cité, mais il fait partie des exemples fréquemment cités par les grammairiens pour illustrer la synizèse.
88. Sen., Hipp. 1201.
89. Pāllĭ / dī fāu / cēs Ă / vērnī / vōsquĕ / Tāenărĕ / ī spĕ / cūs. Le vers est en effet composé de huit pieds (quatre trochées, deux spondées, un dactyle) mais le dernier est catalectique, et ne compte que la longue finale de specus.
90. Sen., Oed. 223. Sit, precor, dixisse tutum uisu et auditu horrida dans les éditions modernes.
91. De Maizières utilise une tradition manuscrite où la pièce est intitulée ainsi.
92. Sen., Oed. 225.
93. Sen., Med. 740. Comprecor uulgus silentum uosque ferales deos.
94. Sen., Med. 746. (édition de F.-R. Chaumartin pour la CUF) ou 749 (édition d’O. Sers pour les Classiques en Poche) : Grauior uni poena sedeat coniugis socero mei dans ces éditions modernes.
95. De Maizières édite en effet : Poena grauior sedeat usto coniugis socero mei.
96. Un spondée… ou un dactyle comme dans son exemple.
97. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2336-2337 et 2340-2341, Le texte édité par Chiara Cignolo (cretico fiet remoto rect[i]us idem iambicus) porte la marque de cette hésitation transmise par de Maizières entre rectus et rectius ; rectus est une correction de Micillo dans son édition de Terentianus Maurus, De syllabis et metris, Francofortiae, apud Christianum Egenolphum, 1532.
98. Voir Chiara Cignolo, tome 2, p. 535 : (répétition de ce qui a déjà été dit aux vers 2309 et suiv.) si le mètre trochaïque est pur, sera également pur le vers iambique qu’on obtient en éliminant le crétique initial.
99. Une brève entre deux longues. Il faut comprendre les adjectifs integer et rectus par référence à la structure du vers holoiambique.
100. Péon quatrième : trois brèves suivies d’une longue ; péon premier : une longue suivie de trois brèves.
101. Une more est l’unité de mesure minimale du pied, une brève comptant une more, une longue en comptant deux.
102. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2213-2217, Texte édité par Chiara Cignolo : Quid ? non trochaeus temporum est aeque trium ? / Est, sed trochaeo longa prior <est> syllaba. / breuis autem iambo, longa post, cui non potest / longam trochaeus subdere et breuem suas, / breui sequentis qu<i>a fit hoc ionicum.
103. Voir Chiara Cignolo, 2002, tome 2, p. 526-527 : Terentianus imagine une question de son lecteur sur la substitution de l’iambe par le trochée, tous deux de trois temps. Elle est impossible à cause de la séquence syllabique que cela créerait. En disant ensuite fit hoc ionicum, Térentianus sous-entend que la série iambe-trochée serait encore suivie d’un iambe (u / – – u u / –), car sinon la combinaison simple d’un trochée et d’un iambe ne produit pas un ionique mais un choriambe (u – – u).
104. Sen., Herc. Œ. 1590. horreat nec ulla dominetur aula ; voir apparat critique.
105. Voir Harold B. Segel, Renaissance culture in Poland : the rise of humanism : 1470-1543, Ithaca, London, Cornell, University Press, 1989, p. 109-110 : poète et enseignant qui prolongea le travail de Conrad Celtis à l’Université de Cracovie. Personnage mentionné dans Sq1511_Maserius_p6.
106. Divers personnages sont candidats à l’identification de ce nom : il est question dans Baudrier d’un Q. Ioannis Noctuini Germanie Nationis in almo parisiorum Gymnasio questoris Iambicü Trimetrù Scajon, qui se serait occupé de métrique, mais dont le prénom semble différent. Un autre Noctuinus, Ioannes (Regiomontanus), apparaît dans The Catalogue of the Book Collection of the Jesuit College in Braniewo held in the University Library in Uppsala 69:188 2285 (M) 6 juin 1513 dont la période d’activité et la sensibilité religieuse ne jureraient pas avec le contexte. À partir du surnom Regiomontanus, on est guidé vers un personnage plus connu qui le porte également, Johannes Müller von Königsberg (1436 –1476), mathématicien, astrologue et astronome, actif à Vienne et Nuremberg, dont les domaines d’activité l’éloignent de celles de De Maizières. Nous avons enfin trouvé un Luscus Joannes Noctuinus, qui aurait été recteur d’Université, mentionné dans le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Université de Paris et universités des départements, dont on voit les armes peintes à l'intérieur d'une initiale, mais dont le prénom et l’activité en France n’orientent pas vers celui de notre texte. La précision de l’origine du personnage, patria pruteni, confirme en effet l’ancrage russe. Car Pruteni est une commune du district de Făleşti, en Moldavie. Ou c’est peut-être simplement une variante renvoyant aux Ruteni, une tribu slave, également nommés Pruteni.
107. Sen., Troad. 824-825. misit infestos Troiae ruinis / non semel arcus, = combinaison hendécasyllabe sapphique + adonien (Liberman )
108. Sen., Troad. 829. Pelion regnum Protheo superbum
109. C'est-à-dire Gellio Bernardino Marmitta, chez qui nous n’avons pas retrouvé de référence précise.
110. Sen., Herc. F. 134-135. Solution qu’adoptent les éditions modernes, (inclita étant une simple variante orthographique de incluta) : Iām Cād / mēīs / īnclŭtă / Bācchīs Āspēr / să dĭē / dūmē / tă rŭbēnt (« Déjà les buissons, qui doivent leur nom aux Bacchantes cadméennes, rougeoient, inondés de sa lumière » Traduction F.-R. Chaumartin pour la CUF). Avec aspersa die, préféré par Heinsius, on a bien un spondée au P1.
111. Sen., Oed. 882.
112. La base n’est pas toujours spondaïque, mais iambique ou trochaïque, comme d’ailleurs dans l’exemple qu’il donne. La question de savoir quelle série des deux on a ici demeure.
113. Ce qui donne fātă sī lĭcĕāt mĭhĭ.
114. Sen., Hipp. 736.
115. Ce deuxième chant du chœur de Phèdre est en effet composé d’hendécasyllabes sapphiques, mêlés à des adoniques et à des asclépiades mineurs. Le vers cité est un sapphique : fūgĭt īnsānaē sĭmĭlīs prŏcēllāe.
116. Ce sont des tétramètres dactyliques, nommés d’après les fragments du poète archaïque Alcman, où le troisième vers de la série insère au début des spondées mais finit sur des dactyles.
117. Il s’agit très vraisemblablement de Franciscus Niger ou Pescennio Francesco Negro / Francisco Nigro, né vers 1450 à Venise et mort en 1510. Compositeur, il a produit une œuvre musicale intitulée Brevis grammatica. Tempora labuntur, sur les Fastes d’Ovide dont il s’est servi comme livret. Philologue, il a enseigné à Padoue et a collaboré avec Bade notamment à des Elegantiae sous le titre Augustini Dathi,... Opusculum in elegantiarum precepta, cum Jodoci Clichtovei,... et Jodoci Badii Ascensii commentariis. Ascensii In epistolarum compositione compendium. Sulpicii de Epistolis Componendis opusculum. Francisci Nigri Elegantie regularum elucidatio. Magistratuum Romanorum nominum declaratio. Orthographie regularum Ascentiana traditio. De Grecis dictionibus apex ex Tortellio depromptus. [Cum tractatu Georgii de Valla de ratione scribendi.], publiées pour la première fois à Paris en 1501. On voit qu’est cité un certain Tortellius, sans doute celui dont il est question précédemment.
118. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2135-2140, Il manque quelques mots au dernier vers : adsonet omne uirens late nemus.
119. Voir C. Cignolo, 2002, tome 2, p. 520 : outre le tétramètre inséré dans des chants polymétriques (comme Sen., Ag. 607), on les trouve en série en deux endroits, Sen., Oed. 449-465 et Ps.-Sen. Herc. Œ. 1618-1606.
120. Sen., Hipp. 783. Deae dans les éditions modernes.
121. Sen., Hipp. 1131.
122. De Maizières écrit en effet dee ce qui permet d’avoir un dactyle final (ou un pyrrhique si l’on scande un choriambe auparavant : Lāscī / vāe nĕmŏrūm / dĕĕ)… alors qu’il édite le texte dramatique avec deae.
123. C'est-à-dire Sen., Hipp. 784 : mōntĭvăgī / vĕ pānēs ; seul le premier mot forme un choriambe, comme dans l’autre exemple cité īmbrĭfĕrūm / quĕ Cāurūm, dont le schéma est identique.
124. Les éditeurs modernes proposent des colométries différentes : pour Mayer c’est un aristophanien īmbrĭfĕrūm / quĕ Cāurūm ; pour Grimal et Zwierlein, c’est un dimètre choriambique catalectique. En effet, avec un choriambe – u u – et un ionique majeur – – u u ou mineur u u – –, il serait catalectique comme le dit de Maizières, mais il manquerait une brève au début du deuxième pied et non à la fin comme d’usage.
125. Sen., Hipp. 1140. circa regna tonat dans les éditions modernes.
126. Là encore, les Modernes interprètent ce vers différemment : pour Grimal, c’est un phérécratéen. Pour Mayer un glyconique, ainsi que pour Zwierlein, à l’intérieur d’un système anapestique (v. 1132-1148). Mais cela revient finalement à la même scansion (Cīrcā / rēgnă sŏnāt) puisque le glyconique (octosyllabe) est un phérécratéen (heptasyllabe) augmenté d’une syllabe finale.
127. Sen., Med. 849.
128. Il faudrait scander Qŭŏnām / crŭēn / tă Māe / nās, et non quōnăm comme en métrique classique, pour répondre au schéma de l’anacréontique… qui n’est pas défini sans doute parce que c’était alors un vers apprécié et connu (c’est un dimètre iambique dont le premier pied est subsisté par un anapeste). De telles scansions se retrouvent chez Camerarius.