Présentation du paratexte
L’éditeur de Maizières propose un traité métrique constitué de nombreuses
citations de Terentianus Maurus, grammairien latin du IIIe s. auteur d’un
ouvrage Sur les lettres, les syllabes et les mètres (De
litteris, syllabis, metris), citations enrichies d’extraits des
tragédies, venant expliquer par l’exemple les règles établies par le grammaticus. Cet écrit assez complet, même s’il fait
la part belle au vers iambique (la première partie du traité, la plus
développée, en est suivie de sept autres, consacrée aux autres types de vers :
trochaïque, sapphique, anapestique, glyconique, asclépiade, alcmanien /
bucolique, archiloquien), fera date et sera inséré, après quelques remaniements,
dans l’édition de 1514 à laquelle de Maizières contribuera aux côtés d’Érasme et
de De Vercel.
Bibliographie :
- Terentiani Mauri, De Litteris, De
syllabis, De metris. I II., trad. Cignolo C.,
Zürich-New York,
Olms-Weidmann, 2002
- Scriptores latini de re metrica : concordantiae -
indices, Equipo de Investigación dirigido por J. Luque Moreno.
IX, Terentianus Maurus, José Liébana Pérez,
Granada, Universidad de Granada,
Departamento de filologia latina, 1991
- Jan-Wilhelm Beck, Concordantia in Terentianum
Maurum, Hildesheim,
Olms-Weidmann, 1993
- Philippe Renouard, Imprimeurs et libraires
parisiens du XVIe siècle, publ. d'après les manuscrits de
Philippe Renouard par le Service des travaux historiques de la Ville de
Paris ; avec le concours de la Bibliothèque nationale,
Paris, Services des travaux historiques
de la Ville de Paris, 1964, p. 129, 470, 502
- Paré-Rey, Pascale, "Les éditions des tragédies de Sénèque conservées à la
Bibliothèque nationale de France (XVe-XIXe s.)", in L’Antiquité à la BnF,
17/01/2018, https://antiquitebnf.hypotheses.org/1643
- Chiara Cignolo, éd., Terentiani Mauri De Litteris, De syllabis, De
metris, 2 vol. Hildesheim, 2002.
- Jacqueline Dangel, 1995, Histoire de la langue latine, « Que sais-je »,
PUF, Paris.
- Penser la prose dans le monde gréco-romain. Études réunies et présentées
par Jean-Philippe Guez, Dimitri Kasprzyk, Presses Universitaires de Rennes,
2016.
- Leofranc Holford-Strevens, Aulus Gellius: An Antonine Scholar and His
Achievement, Oxford University Press, 2003
- Kassel, R. - C. Austin, Poetae Comici Graeci, Berlin, New York,
1983-2000.
- Rudd N., 1989, Horace Epistles, Book II and Epistle to the Pisones (‘Ars
Poetica’), Cambridge University Press.
- Olga Spevak, Isidore de Séville, Etymologiae, Paris, Les Belles lettres,
2020.
- Grimal P., 1969, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris,
PUF.
- Hendrik Simon Versnel, Triumphus : an inquiry into the origin,
development and meaning of the Roman triumph, Leiden, Brill, 1970.
- Jeroen De Keyser, éd., Francesco Filelfo, man of letters (Leiden,
Pays-Bas, Etats-Unis d’Amérique, 2019).
- Jean-Louis Charlet, « La métrique latine de Filelfo : épopée, satire,
élégie, ode », dans De Keyser J., 2019, Brill’s studies in intellectual
history 289, Francesco Filelfo, Man of letters, Leiden, Brill.
- Henri Fairclough Rushton, Horace, Satires, Epistles and Ars poetica,
Cambridge, Harvard University Press, London, Heinemann, Loeb Classical
Library, 1978.
- David Amherdt, 2004, Ausone et Paulin de Nole : correspondance, Suisse,
Sapheneia,
- Max Niedermann Phonétique historique du latin, Paris, Klincksieck, 1906.
- M. Aquien, Dictionnaire de poétique, Paris, LGF, 1999.
- The Catalogue of the Book Collection of the Jesuit College in Braniewo
held in the University Library in Uppsala 69:
- Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France.
Université de Paris et universités des départements.
- Paré-Rey, Pascale, Histoire culturelle des éditions latines des tragédies
de Sénèque, 1478-1878, Paris, Classiques Garnier, « Histoire culturelle »
20, 2023
Traduction : Pascale PARE-REY
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De Pomponio
autem Secundo et Seneca Tragico
iudicium Terentianus faciens sic scriptum
reliquit :
In tragicis iunxere choris hunc saepe diserti
Annaeus Seneca et Pomponius ante Secundus
1
Terentianus Maurus, dans son jugement à
propos de Pomponius Secundus et de Sénèque le Tragique, a laissé cet écrit
:« Dans les chœurs tragiques ce vers fut souvent inséré par les
habiles poètes
Annaeus Sénèque et auparavant Pomponius Secundus »2
Duabus primis absolutis partibus tertia
superest, quae quo fructuosior eo difficilior est ; non tamen omittenda ne quod
minus necessarium est praecipuo neglecto aduxisse uideamur, et quia iambico carmine
frequentius noster Seneca usus est.
Les deux premières parties en étant achevées 3, reste la troisième, qui est d’autant plus féconde
qu’elle est difficile ; elle ne doit cependant pas être omise pour éviter que nous
semblions avoir ajouté des points moins nécessaires à des points essentiels qu’on
négligerait, et parce que notre Sénèque s’est assez fréquemment servi de la
versification iambique.
Quodque tragoediae proprium sit ab eo
exordiemur, utcumque poterimus, de aliis metrorum generibus dicturi quibus maxime
noster tragicus suum poema excoluit.
Et commençons par ce qui est le propre
de la tragédie, dans la mesure de notre possible, avec l’intention de parler des
autres types de mètres avec lesquels notre poète a le plus orné son poème.
Nam de omni metrorum genere quae antiqui
usurpauerunt non est in animo dicere, tum quia ab oratione soluta parum absunt, tum
quia Seneca iste ab eiusmodi uariatione abstinuit.
Car nous n’avons pas dans l’idée de nous
exprimer sur chaque type de mètres que les Anciens ont employé, parce qu’ils sont
alors peu éloignés de la prose4, et parce que ce Sénèque s’est abstenu de varier de la sorte.
Narrat Polistephanus
scriptor diligentissimus iambum, unde carmen dicitur iambicum, ab Iambe Hippoteontis
uxore nuncupatum ; aliis ab ἰαμβίζω, quod est conuicior deducentibus.
L’écrivain très scrupuleux
Polistephanus5 raconte que l’iambe, d’où un poème est dit
iambique, a reçu son nom de « Iambe », femme d’Hippoteon6 ; d’autres que c’est de « iambizô », ce qui équivaut à
« j’injurie » pour ceux qui font l’en font dériver.
Sunt qui ab Iamba Niobes famula oriri
malunt ; alii ab Iamba puella, quae hoc carmine lacerata laqueo uitam
finiuit7.
Il y en a qui préfèrent le faire naître
de « Iamba », la servante de Niobé ; d’autres de la jeune fille « Iamba », qui mit
fin à sa vie dans ce poème en se pendant.
Non desunt qui παρὰ τò βάλλειν iambum a teli uibratione deriuent ; uel dicitur
iambus (si Francisco Philelpho libro decimo tertio secundi
uoluminis credatur) quasi θρίαμβος8 quem
omnium primus Liber Pater de Indis deuictis instituit, unde triumphator dictus
est ;
Il n’en manque pas pour faire dériver
l’iambe de la vibration d’un trait, « à partir de lancer » ; ou bien l’iambe est
nommé (si l’on se fie au chapitre 10 du livre II de Francesco Filelfo9) comme s’il venait de « triomphe »,
que le premier entre tous Liber Pater a instauré sur les Indiens vaincus, d’où il
est appelé « le triomphateur » ;
undecumque tamen deriuat res est conuiciis
et maledictis perquam aptus ; hinc criminosus ab Horatio libro primo Carminum palinodiam
ita canente uocatur :
O matre pulchra filia pulchrior
Quem criminosis cumque uoles modum
Pones iambis1 […].
10
de quelque endroit cependant que la
chose dérive, il est apte le plus souvent aux injures et aux critiques ; de là il
est appelé « médisant » par Horace, au premier livre de ses Carmina, quand il chante
une telle palinodie : « Ô, d’une mère si belle, fille plus belle,
Tu peux mettre à mes iambes accusateurs le terme que tu voudras […] »
Et Archilochus eiusdem Horatii
testimonio eo pede utpote ad id congruissimo in Lycambem sese
armauit cum in Arte Poetica dixit :
Archilochum proprio rabies armauit
iambo.
11
Et Archiloque, au témoignage du même
Horace, s’est armé contre Lycambès12 par ce pied comme étant naturellement le plus
adapté à cela, quand il dit dans son Art Poétique : « La rage
arma Archiloque de l’iambe qui lui est propre »13
Hic sane pes ex breui prima secundaque
longa constat quod Horatius in Arte testatur :
Syllaba longa breui subiecta uocatur iambus
Pes citus etc.
14
Ce pied se compose bien d’une première
brève et d’une deuxième longue, ce qu’Horace atteste dans son Ars : « Une syllabe
longue mise à la suite d’une brève s’appelle iambe ;
C’est un pied rapide » etc.
Propter cuius celeritatem duo iambi unam
facere mensuram uidentur ; quod ut facilius explicetur in hoc carmine :
Soror tonantis hoc enim solum mihi
15
Et à cause de sa rapidité, deux iambes
semblent faire une seule mesure ; pour que ce soit plus facilement explicite, ce
qu’on a dans ce vers : « Sœur du Tonnant, cela seul à moi en effet »
Prima mensura ex / Soror tonan /
conficietur ; secunda / tis hoc enim / ; tertia / solum mihi /.16
La première mesure est obtenue à partir
de / Soror tonan / ; la seconde de / tis hoc enim / ; la troisième de / solum mihi.
Inde uocat idem Horatius in Carminibus Iambum celerem
dicens :
et in celeres iambos misit furentem
17
.
De là le même Horace appelle dans ses
Carmina « l’iambe véloce », en disant : « et l’emportement m’a jeté, furieux, aux
iambes véloces ».
Huius pernicitas ex illo Ausonii galli poetae clarissimi satis perspicitur cum ad
suum scribens Paulinum ait :
Iambe Parthis et Cydonum spiculis
Iambe pinis alitum uelocior
Padi ruentis impetu torrentior
Magna sonorae grandinis ui densior
18
etc.
On perçoit suffisamment sa souplesse à
partir de ce passage d’Ausone, poète français très célèbre, quand il s’adresse à son
cher Paulin en écrivant : « Iambe, plus rapide que les flèches des Parthes
et des Cydoniens,
plus rapide que les ailes des oiseaux,
plus impétueux que le courant du Pô déchaîné,
plus dense que les flots violents de la grêle retentissante
(…). »19
Et paulo post eundem uocat praepetem et
uolucripedem qui primus nouorum metra coniunxit pedum ; ex hoc iambicum carmen
dicitur quod multiplex solet esse.
Et peu après il appelle le même
« ailé et au pied léger »20, lui
qui le premier a uni les mètres de nouveaux pieds ; à partir de cela un vers est dit
iambique parce qu’il se présente en général sous de multiples aspects.21
Est enim quoddam monometrum duobus
constans pedibus, dimetrum quattuor, trimetrum sex, tetra octo, pentha decem,
exa duodecim.22
Il existe en effet un monomètre se
composant de deux pieds, un dimètre se composant de quatre pieds, un trimètre de six
pieds, un tétramètre de huit pieds, un pentamètre de dix pieds, un hexamètre de
douze pieds.23
His tribus postremis utuntur aliquando
poetae comici ubi ad uerborum certationem uentum est, rarius ultimo.
Les poètes comiques se servent parfois
de ces trois derniers, quand on en est venu au débat verbal, mais se servent plus
rarement du tout dernier.
Est etiam aliud catalecticum,
acat.24, hyper.25, brachyc.26
Il y a aussi d’autres types de vers :
catalectique, acatalectique, hypercatalectique, brachycatalectique.
Quae quoniam ex Horatii carminibus satis trita uidentur, ad iambicum rediens plura
dicere supersedeo ; quod sex constans pedibus senarius dicitur multiplexque esse
solet ; nam quoddam est purum ex solis scilicet iambis cuius Terentianus sic meminit :
Adesto iambe praepes et tui tenax,
Vigoris adde concitum celer pedem
Nec alterius indigens opis ueni.
27
Et puisque d’après les poèmes d’Horace
ils semblent assez usités, revenant au vers iambique, je m’abstiens d’en dire
davantage ; parce que comptant six pieds, il est appelé sénaire et il se présente en
général sous de multiples aspects ; car il y en a un de pur, c'est-à-dire constitué
seulement d’iambes, dont Terentianus donne un tel témoignage :
« Présente-toi, iambe prompt, et fort
de ta vigueur, porte vite le pied véloce
et viens, sans besoin du soutien d’un autre »28
Est enim uersus iambicus senarius ; a
principio ad finem similis sibi obstare potest quod in tertio carmine alterius
ponatur cuius tertia passim reperiatur correpta.
C’est en effet un sénaire iambique ; il
peut se présenter semblable à lui-même du début à la fin en ce que alterius est inclus dans le troisième vers, alors que sa
troisième <syllabe> se trouve partout abrégée.29
Nam indifferens est secundum generalem
regulam genitiuorum in ius quod liquidissime trocheium illud Terentii carmen probat :
Sescuplo uel una uincet alterius singulum.
30
En effet, elle est indifférente selon
la règle générale des génitifs en –ius, que ce vers trochaïque de
Térentianus31 atteste très clairement : « ou
bien encore l’une dépassera, avec la valeur d’un temps et demi, le temps simple
de l’autre »32.
Inuenitur etiam uersus hipponactius qui
et σκάζων dicitur, ultimam sedem spondeo reseruans
qualis est ille Persianus
Nec fonte labra prolui caballino
33
ut ait Terentianus :
Hic non iambum reddidit pedem sextum
Paenultimam sed pro breui trahit longam
Nouitate ductus, non ut inscius legis,
Sed quia iugales scandimus pedes istos
34
On trouve aussi le vers
hipponactéen, qui est aussi appelé « scazon », réservant la dernière
position au spondée35, comme ce vers de
Perse « Nec fonte labra prolui caballino (et je
n’ai point mouillé mes lèvres dans la fontaine chevaline36) », comme dit Térentianus : « Dans ce cas, il
ne mit pas un iambe au sixième pied,
mais il allongea la pénultième qui était brève,
poussé par le désir de nouveauté, non par ignorance de la loi métrique ;
Mais puisque que nous scandons ces pieds par paires »37
Dicitur etiam claudus ut idem probat cum
inquit :
Claudum trimetrum fecit aliter Hipponax,
ad hunc modum, quo claudicant et hi versus,
idcirco graece nuncupatus est σκάζων.
38
On le dit aussi « boiteux », comme le
même auteur l’atteste, quand il dit : « Hipponax a fait un trimètre boiteux
autrement,
de cette manière où boitent ces vers aussi,
c’est pour cela qu’il fut nommé “scazon” en grec »39
Huius Valerius
Martialis sic meminit :
Si non molestum est teque non piget, σκάζον,
nostro rogamus pauca uerba Materno
dicas in aurem sicut audiat nullus.
40
Martial s’en souvient de la sorte :
« Si tu veux bien, ô mon vers, et si cela ne t’ennuie pas,
je te prie de dire quelques mots à l’oreille de mon ami Maternus,
de manière qu’il soit seul à les entendre. »41
Iambicus uero trimeter si tragicus et
ultimam sedem contra σκάζοντοϛ naturam iambo
reliquit quod statim uidebimus, ubi hic unum de scazonte dixerimus quod perraro aut
numquam, ut Angelus Politianus in annotationibus tradit, in
duobus extremis locis praesertim apud Latinos spondeus reperitur, sicut nec iambus
in hoc enim Persii carmine
Pegaseium melos
42
.
En réalité, si le trimètre iambique
tragique a laissé aussi la dernière position contre la nature du scazon à l’iambe,
c’est ce que nous allons voir tout de suite, quand nous aurons dit ici à propos du
scazon cela seulement : que c’est très rarement ou jamais, comme Ange Politien
le transmet dans ses annotations 43, qu’on trouve chez les Latins aux deux extrémités
<du vers> un spondée, comme on ne trouve pas non plus d’iambe dans ce poème de
Perse en effet du « doux chant des Muses ».44
Angelus Politianus
nectar legendum censet, et recte quidem, nisi Aldo uiro sane quam in lingua et latina et graeca polito magis
credendum, quis suadeat qui melos prima protracta Graecorum auctoritate fretus legi
posse contendit ?
Ange Politien pense qu’il faut lire
« nectar »45, et à juste titre assurément, si ce n’est qu’il
faut porter davantage de crédit qu’à Alde46, un homme vraiment érudit
dans les deux langues, qui pourrait nous persuader qu’il cherche à ce que melos
puisse être lu en allongeant la première syllabe, en s’appuyant sur l’autorité des
Grecs ?47
In hoc praeterea trimetro tragico
non tot caducas frondes Œtha
48
quare spondeus ultimam sortitur sedem non uideo uerum quod carmini conformius
est Erix ;
Dans ce trimètre tragique en outre
non tot caducas frondes Oetha
pourquoi le spondée obtient la dernière position49, je ne le vois
pas ; mais c’est vrai que Éryx est plus conforme au poème50 ;51
Legerem quemadmodum in libro manuscripto
inuentum non paucis eruditis hanc lecturam magis approbantibus ostendi.
Je lirais ma trouvaille comme j’ai
montré ce que j’ai trouvé dans le manuscrit à bon nombre d’érudits, plus favorables
à cette lecture.
Ceterum si mihi hariolari liceret, Athos
uerius quam Erix legerem ; uix enim mihi persuadetur ut ei Erix tanti sit momenti ut
pro Œtha Erix subducendum ueniat ; utrum autem rectius sit expertiorum iudicio
reliquo.
Du reste, s’il m’était permis de jouer
les devins, je lirais « Athos » plus probant que « Éryx » ; j’ai en effet du mal à
croire que « Éryx » ait une si grande importance que « Éryx » vienne pour remplacer
« Œta » ; je laisse au jugement des experts le soin de trancher celui qui est le
plus correct.52
Est Tragicus iambicus (ut unde digressi
sumus, reducamur) a scazonte secretus puroque magis consentiens qui aliquando in
quinta sede et sexta iambum recipiat ; non tamen sine culpa fit ut ex iambis omnibus
tragicus constet, dicente Terentiano :
Culpatur autem uersus in tragoediis
et rarus intrat ex iambis omnibus
53
Il existe un vers iambique tragique
(pour revenir d’où nous avons fait digression), distinct du scazon, et plus en
accord avec un <vers> pur qui admet parfois à la cinquième et à la sixième
position un iambe ; ce n’est cependant pas sans faute qu’il arrive que le vers
tragique se compose uniquement d’iambes, Terentianus disant : « Or ce vers
est fautif dans les tragédies
et il y entre rarement uniquement composé d’iambes »54
Cuius pedes sic distinguuntur spondeus ad
remorandam iambi celeritatem primam sortitur sibi sedem, cuius prima si in breuem
resoluatur iambo cedet ; si in duas breues, anapesto ; si secunda in breues duas,
dactylo ; usurpatur etiam aliquando tribrachus.
Et ses pieds se distinguent ainsi : le
spondée, pour freiner la rapidité originelle de l’iambe, choisit pour lui-même la
première position, dont la première syllabe, si elle se résout en brève, le cède à
l’iambe ; si la seconde se résout en deux brèves, à un dactyle ; elle est même
parfois prise par un tribraque.
Secundam uero sedem iambus tribrachus aut
aliquando anapestus occupat iuxta illud Terentiani :
dum pes secundus quartus et nouissimus
semper dicatus, uni iambo seruiat :
nam nullus alius ponitur, tantum solet
temporibus aequus non repelli[t] tribrachys.
55
Mais la deuxième position, c’est
l’iambe, le tribraque ou parfois l’anapeste qui l’occupe, selon ce passage de
Terentianus : « à condition que le deuxième pied, le quatrième et le
dernier,
lui étant toujours consacrés, soient à disposition du seul iambe :
aucun autre pied ne s’y met, et seul ne peut
y être refusé le tribraque, égal dans ses temps »56
In illo autem carmine quod in Troade legitur
Aeacide armis cum ferox laeua manu
57
iambus erit pro secunda sede ; cuius syllaba prima corripietur ut apud
Virgilium
insule ionio in magno
58
etc. ubi postrema primi pedis syllaba propter uocalis concursum corripitur,
quod in aliis plerisque locis reperies, ut in eadem tragoedia
tantae dari uirtuti. An is meruit parum
59
;
Or dans ce chant qu’on lit dans la
Troade60
Aeacide armis cum ferox laeua manu61, il y aura un iambe à la deuxième
position ; lui dont la première syllabe est abrégée comme chez Virgile insulae ionio in magno 62
etc. quand la dernière syllabe du premier pied est abrégée à cause de la
rencontre vocalique, ce qu’on trouve dans les autres lieux la plupart du temps,
comme dans la même tragédie tantae dari uirtuti. An meruit
parum63 ;
item in illo
Laertes sic te iuuenis excipiat tuus
64
ut uersus manet immutatus spondeum admittere non debet quod illius litterae s
excusabit elisio ; uerum tutius alii legunt Laerta ut locum annotauimus.
De même dans ceci Laertes sic te iuuenis excipiat tuus65 comme le vers demeure inchangé, il ne
doit pas admettre de spondée, ce que l’élision de la lettre s justifiera ; mais
d’autres lisent plus sûrement « Laerta », conformément à notre note à cet
endroit 66
Item in illo uersu qui in ultima cernitur
tragoedia
tibi uirtus illa, quae tot elisit mala
67
iambus erit in secunda sede ; s enim tum apud Virgilium tum apud Senecam non semel
elisa uidetur.
De même dans ce vers que l’on voit dans
la dernière tragédie tibi uirtus illa quae tot elisit mala68, il y aura un iambe en deuxième
position ; en effet chez Virgile comme chez Sénèque la lettre s semble être caduque
plus d’une fois.
Omittitur Ennius apud quem illud satis uulgare potuissem lectione immerita ut
est annotatum tibi illa uirtus subiungere, sed ne hoc facerem exemplatiorum etiam
diuerso charactere notatorum conformitas Aldique uiri sine controuersia nobilissimi auctoritas me
admonuit.
Je ne parle pas d’Ennius, chez qui
j’aurais pu ajouter ce trait assez commun, avec une leçon indue 69 comme on a écrit tibi illa
uirtus70,mais la conformité des exemplaires,
même notés en caractères différents 71
, et l'autorité d'Alde, cet homme très célèbre sans conteste, m’ont gardé de
le faire.
In illo enim quod est apud Horatium
Palus aptaque remis
72
uersum assumptas excusat. Praeterea ne quod maximum generare posset dubium
omittatur in illo carmine
haud quisquam ad uitam facile reuocari potest
73
iambus secundum tenebit locum, nam si Tortelio credatur
v a natura consonantis deficiet ut in illo Terentii
uersu quem Tortelius ipse allegat :
Sine inuidia laudem inuenies et amicos pares
74
En effet dans ce Palus aptaque remis qui est chez Horace, le s rajouté rend juste le
vers. En outre, pour ne pas omettre quelque chose qui pourrait engendrer un très
grand doute, dans ce vers haud quisquam ad uitam facile
reuocari potest, l’iambe tiendra la deuxième place, car si l’on en
croit Tortellius, le v de la consonne par nature fera défaut, comme dans ce vers de
Térence que Tortelius lui-même prend pour argument : Sine
inuidia laudem inuenies et amicos pares
In tertia sede fiet ut in prima; quarta
uero ut secunda disponetur; in quinta spondeus et anapestus tribrachus uero et
iambus minus frequentes erunt.
À la troisième position, il en sera
comme dans la première, et à la quatrième ce sera disposé comme dans la deuxième ;
et à la cinquième, les spondée, anapeste, tribraque, mais aussi iambe seront moins
fréquents.
Quattuor praeterea loca inter legendum
signauimus, ubi dactylus spondeo temporibus aequiualens in quinta sede
statuitur.
En outre, parmi ce qu’on doit lire,
nous avons signalé quatre lieux où le dactyle, équivalent au spondée par ses
comptes, est placé en cinquième position.
Primum in Hercule
furente :
Non causa sed nunc pereat omnis memoria
75
; secundum in Œdipode :
noscisne memet dubitat anceps memoria
76
; tertium in Medea :
sed tu malorum machinatrix facinorum
77
; quartum in eadem:
uirile robur nulla famae memoria.
78
En premier dans Hercule
furieux : Non causa sed nunc pereat omnis
memoria ; en deuxième dans Œdipe : noscisne memet dubitat anceps memoria ; en troisième
dans Médée : sed tu malorum machinatrix
facinorum ; en quatrième dans la même tragédie : uirile robur nulla famae memoria.
In ultima sede ponitur iambus, nonumquam
anapestus ni malis uersum dicere hypercathalecticum, ut in heroico fieri uidemus ;
huius exemplum est in prima tragoedia
ut saepe puppes aestus inuitas recipit
79
; item alio in loco
non causa sed memoria nunc omnis pereat.
80
En dernière position est placé un
iambe, parfois un anapeste sauf si l’on préfère appeler ce vers hypercatalectique,
comme nous le voyons se produire dans le vers héroïque ; il y en a un exemple dans
la première tragédie : ut saepe puppes aestus inuitas
recipit ; de même à un autre endroit : non
causa sed memoria nunc omnis pereat.
Sic enim in libro mirandae uetustatis
quem habeo litteris superlatis dictionum ordinem signantibus scriptum inueni.
C’est ainsi en effet que j’ai trouvé l’ordre des mots écrit dans un livre
d’une ancienneté remarquable que j’ai en ma possession, des lettres ayant été
déplacées le signifiant81
Cui ea de causa plurimum fidei tribuo
quod ceteris longe tersior est ; uerum in hoc quod dictum est stabilius
constiterem ; aliis autem ut aiunt Eacum me non facio ; aliud item adduci potest
exemplum ex eadem tragoedia
et fata uici morte contempta redii
82
, ut apud Horatium
et Exquilini pontifex ueneficii
83
haec duo tamen extrema paragoge excusat.
Or je lui attribue le plus grand crédit
pour cette raison qu’il est de loin plus soigné que tous les autres ; vraiment je
m’appuierais de façon assez stable sur ce qui y est dit ; or pour les autres, comme
on dit, je ne me fais pas Eaque 84; un autre exemple peut encore être ajouté, tiré de la
même tragédie : et fata uici morte contempta redii,
comme chez Horace et Exquilini pontifex ueneficii
la paragoge85 justifie cependant ces deux lettres finales.
Illud autem longe remotius est quod est
in Medea :
adiice expetita spolia Phrixi arietis
86
ubi dactylum quemadmodum in praecedentibus esse dicemus, aut spondeum si
Seruio libet assentiri quo teste I consonantis
officio in parietibus et ariete similibusque fungitur.
Or ce vers est de loin plus éloigné,
qui est dans Médée : adiice expetita spolia
Phrixi arietis, où nous dirons, de la même manière que dans les
exemples précédents, qu’il y a un dactyle, ou un spondée, si l’on veut être d’accord
avec Servius, au témoignage duquel I s’acquitte de sa fonction de consonne dans
parietibus, ariete et d’autres mots semblables.87
Et haec de iambico trimetro.
Et voilà à propos du trimètre
iambique.
Vtitur trocheico carmine aliquando
tragicus quale est illud tetrametrum catalecticum :
Pallidi fauces Auerni uosque Taenarei specus
88
, quod est octo pedibus, una deficienta syllaba distinctum.
La métrique tragique utilise parfois le
vers trochaïque, tel ce tétramètre catalectique : Pallidi fauces
Auerni uosque Tenarei specus, qui est de huit pieds, et remarquable par
l’absence d’une syllabe. 89
Eodem Seneca tribus in locis utitur in Hippolyto ; item in Œdipode :
Sit precor dixisse tutum uisu et aspectu horrido
90
, ubi alii perperam praetor pro precor legitant, tuum pro tutum subiungentes,
cum est uerbo, ubi ueriorem putauerim lectionem : Sit precor dixisse tutum etc.
cuius sensus erit : precor tutum sit mihi dixisse.
Sénèque utilise le même en trois
endroits dans Hippolyte91 ; de même dans
Œdipe : Sit precor dixisse tutum uisu et
aspectu horrido, où d’autres lisent souvent de façon erronée praetor pour precor,
substituant tuum à tutum, puisque cela porte sur un seul mot, où je considérerais plus
vraie la leçon : Sit precor dixisse tutum etc. dont
le sens sera : « je prie qu’il soit sûr de m’avoir dit… »
Creon enim nondum recepta mentis sanitate
uix putat locum sibi esse securitati, quapropter aliquantulum temporis petit sibi
dari quo deposita formidine quae enarraturus est forte minus Œdipodi placitura
tutius enarret quod sole liquidius sequentia demonstrant.
Créon effectivement n’ayant pas encore
repris ses esprits a du mal à concevoir qu’il y ait de la place pour sa sécurité ;
c’est pourquoi il demande qu’un petit peu de temps lui soit accordé, pour que, une
fois sa crainte abandonnée, les choses qu’il doit lui raconter par hasard à Œdipe,
qui lui plairont moins, il pût les lui raconter en étant plus en sécurité, ce que
démontrent les mots suivants plus nettement que le soleil :
Vt sacrata templa Phoebi supplici intraui pede
92
, sic sane placet legere, non ut sacra templa quemadmodum in omnibus codicibus
mendose et corrupte legitur.
Vt sacrata
templa Phœbi supplici intraui pede (« Quand je pénétrai les temples
consacrés de Phœbus d’un pas suppliant »), c’est ainsi vraiment qu’il me paraît bon
de lire, non ut sacra templa (« quand les temples
sacrés »), comme on lit dans tous les manuscrits de façon défectueuse et fausse.
Idem carminis genus in Medea habetur :
uos precor uulgus silentum uosque ferales deos
93
, cui quidem illud mancum mutilumque carmen subest
Poena grauior sedeat coniugis socero mei
94
, ubi usto interserimus quam decenter uiderint optimi lectores.
Il y a le même type de vers dans
Médée : uos precor uulgus silentum uosque
ferales deos (« je vous implore, foule silencieuse et vous, dieux des
morts »), à la suite duquel se trouve ce vers défectueux et mutilé Poena grauior sedeat coniugis socero mei (« qu’un
châtiment plus lourd soit fixé pour le beau-père de mon époux »), où nous insérons à
ce qui a été brûlé, aussi convenablement que les meilleurs lecteurs l’auront
vu.95
Huius carminis sic pedes ut ex nostro
Seneca colligere possumus distribuuntur :
Les pieds de ce vers, comme nous
pouvons le conclure d’après notre Sénèque, sont ainsi distribués :
Prima sedes trocheo tribracho anapesto et
aliquando dactilo munietur ; secunda tribracho trocheo spondeo et dactilo ; tertia
tribracho et trocheo ; quarta trocheo et spondeo ; quinta trocheo et dactilo ; Sexta
spondeo ; septima trocheo ; octaua uero unicam continebit sillabam.
La première position sera occupée par
un trochée, un anapeste et parfois un dactyle; la deuxième par un tribraque, un
trochée, un spondée et un dactyle ; la troisième par un tribraque et un trochée ; la
quatrième par un trochée et un spondée ; la cinquième par un trochée et un dactyle ;
la sixième par un spondée 96; la septième par un trochée ; mais la huitième
contiendra une syllabe unique.
Vnde carmen catalecticum manebit huius
Terentianus sic meminit:
D’où le vers restera catalectique, ce
passage de Terentianus le rappelle ainsi :
Trocheus ergo semper impari loco
parique iambus rite collocabitur […].
Ergo qui uersus paratur integer trocheicus
cretico fiet remoto rectius idem iambicus
uel rectus idem iambicus
97
« Donc seront toujours bien placés le trochée
en position impaire et l’iambe en position paire […].
Donc le vers qui est composé comme un trochaïque pur,
une fois le crétique éliminé, sera de la même manière un vers iambique
pur. »98
Ex his patet quis uersus trochaicus pro
cuius cognitione, si quis faciliori praecepto uelit insistere, pro fronte ponat
creticum, id est amphimacrum cuius prima et tertia longae secundam circumcingant
breuem ; cuius si prima in duas breues dissoluatur, ad peona quartum transeat ; si
tertia longa in duas breues ad peona primum, quo deinde sublato amphimacro secundum
sillabas aut aliquando tempora uersus iambicus trimeter ponatur, cuius natura per
haec quae praeposuimus sunt nota, et haec de trocheico.
De ces vers découle clairement quel
vers trochaïque pour la connaissance duquel, si l’on veut s’arrêter à un principe
assez facile, il place un crétique au début, c'est-à-dire un
amphimacre99, dont la première et la troisième, longues, entourent une
deuxième, brève ; pied qui, si la première se résout en deux brèves, devient un
péon quatrième ; si la troisième longue se résout en deux brèves, devient un
péon premier100 ; et ensuite
l’amphimacre ayant été supprimé, le vers iambique est disposé comme un trimètre en
fonction des syllabes ou parfois des mores 101, dont la nature, à travers ce que nous avons proposé
ainsi que les remarques à propos du trochée, ont été notées ; et voilà pour le
trochée.
Quid autem trocheus cum iambo temporibus
equiualeat iambicum non ingrediatur carmen ex Terentiano sic dicente cognoscetur :
Or en quoi le trochée équivaut à
l’iambe par ses mores, mais en quoi il n’entre pas dans le vers iambique, on
l’apprendra à partir de Terentianus, s’exprimant ainsi :
Quid ? nam trochaeus temporum est aeque trium ?
Est, sed trochaeo longa prior est syllaba,
breuis autem iambo, longa post, cui non potest
longam trocheus subdere et breuem suas,
breui sequentis qua fit hoc ionicum.
102
« Pourquoi ? car le trochée est-il également de trois temps ?
Oui, il l’est, mais la première syllabe du trochée est longue,
pour l’iambe, elle est brève, la suivante longue, après laquelle le trochée ne
peut faire suivre ses longue et brève,
car avec la brève du pied suivant, cela devient un ionique. »
103
Est praeterea tertium genus carminis
sapphicumque ex lectione horatiana uel semidoctis
satis tritum nunc praetermittendum, nisi pauculae difficultates forsitan legentium
animos remoraturae nobis sese obtulissent ;
Il existe en outre un troisième type de
vers, le sapphique, assez traité après la lecture d’Horace ou par des amateurs,
qu’on devrait omettre à présent, si de toutes petites difficultés devant peut-être
retarder l’esprit des lecteurs ne nous y avaient pas obligé ;
inter has occurrit sapphicum illud cum
anapesto in prima sede
habeat nec ulla dominetur aula
104
.
parmi celles-ci intervient ce sapphique
avec un anapeste en première position : habeat nec ulla
dominetur aula.
Quem locum reformans tollat apposuit
Paulus Crosnensis insignis Academiae Cracosmensis poeta
clarissimus ut ex codice Lucii Ioannis Noctuini patria pruteni
uiri cum doctrina tum moribus singularissimi collegimus.
Et corrigeant ce lieu, Paweł
Krosneńczyk, remarquable poète très célèbre de l’Académie de Cracovie105,
ajouta tollat comme nous l’avons relevé à partir
d’un manuscrit de Lucius Johannes Noctuinus106, de Prusse, homme exceptionnel tant par sa science que par
ses mœurs.
Vnde tuto legi poterit tollat ulla nec
dominetur aula : in his autem carminibus
misit infestae Troiae ruinis non semel arcus
107
item
Pelion regnum Protheo superbum
108
sic enim Bernardinus exponit
uerior uidetur esse sineresis, quod alia figura longe in breuem resolutiua, ut apud
Virgilium aliquando fieri uidemus, cum per
contractum trisyllaba dictio in dissillabam pluresue syllabae in pauciores
resoluuntur.
D’où on peut lire sans risque tollat ulla nec dominetur aula ; or dans ces vers
misit infestae Troiae ruinis non semel arcus et
de même Pelion regnum Protheo superbum,
Bernardinus109 expose en effet
qu’il lui paraît plus juste qu’il y ait une synérèse, parce que par une autre
figure, une longue étant résolue en deux brèves, comme nous le voyons parfois se
produire chez Virgile, quand par contraction une diction de trois syllabes se résout
en deux syllabes ou plusieurs syllabes se résolvent en un nombre plus réduit (de
syllabes).
Quartum genus carminis est anapesticum
dimetrum quod ab his « euripidium » ab aliis
« pindaricum » dicitur ; repetitur tamen
« anapesticum », aliquando sic impressum ut trimetri formam habeat ad monometrum uel
dimetrum reducibile.
Le quatrième type de vers est le
dimètre anapestique, qui est appelé par les uns « euripidéen », par les autres
« pindarique » ; on le trouve cependant appelé « anapestique », parfois imprimé de
telle façon qu’il a la forme d’un trimètre, réductible à un monomètre ou à un
dimètre.
Huius prima sedes anapesto, unde sumit
nomen, dactylo et spondeo nonnumquam tribracho conceditur; secunda spondeo anapesto
et aliquando tribracho.
Sa première position est accordée à
l’anapeste, d’où il tire son nom, au dactyle, au spondée, parfois au tribraque ; la
deuxième au spondée, à l’anapeste, et parfois au tribraque.
Si uero ulterius prodeat quod monometro
idem dimetro continget. Alii iambum admittunt quod necessario uiderint, suumque hoc
carmine iudicium fulciunt iam
Cadmeis inclita Bacchis aspera die diumeta rubent
110
quem locum annotantes diximus Baccis Cathmeis non paucis placere et asperaque
die subiungere cuius sensus est dumeta Bacchis Cathmeis inclita eademque aspera
rubent die ; uerum si rem medullitus perscrutemur, aliud longe accomodatius incidet
ut aspersa die legatur cuius sensus uel puero patebit.
Mais si, plus avant, apparaissait un
pied qui conviendrait au monomètre, qu’il convienne également au dimètre. D’autres
admettent l’iambe, chose qu’ils auront vue nécessairement, et ils soutiennent leur
jugement par ce vers iam Cadmeis inclita Bacchis aspera die
diumeta rubent, lieu que nous annotons, dont nous avons dit que
Baccis Cathmeis plaisait à bien des gens et
qu’ajouter asperaque die, dont le sens est « les buissons célèbres par leurs
Bacchantes Cadméiennes rougissent en un jour âpre lui aussi » ; mais si nous
examinons la chose à fond, une autre solution apparaîtra, de loin plus adaptée, pour
qu’on lise aspersa die, dont le sens sera évident
même pour un enfant.
Est quintum genus glyconicum, spondeo et
dactylis duobus, aut spondeo, coriambo et pyrrhico constans ; Bernardinus etiam interpres non incuriosus hoc
esse glyconicum carmen
fata si liceat mihi
111
fatetur.
Il y a un cinquième type, glyconique,
se composant d’un spondée et de deux dactyles, ou d’un spondée 112, d’un choriambe et d’un pyrrhique ;
Bernardinus Marmitta, commentateur qui n’est pas le moins soigneux, va même
jusqu’à dire que fata si liceat mihi est un
vers glyconique113.
Est aliud asclepiadeum.
Il y a un autre vers, l’asclépiade.
Item alia quaedam uaria choris maxime
admixta ut in Hippolyto :
fugit insanae similis procellae
114
, ubi sapphica, adoniis et asclepiadeis annectuntur.
De même il y a certains autres vers
variés, mélangés aux chœurs surtout, comme dans Hippolyte : fugit insanae similis procellae, où les sapphiques
sont liés aux adoniques et asclépiades115.
Sunt etiam alia a Francisco
Nigro « alcmania » uocata quae a Terentiano dicuntur « bucolica », quorum exempla subdensa ait :
Il y a mêmes d’autres vers appelés
« alcmaniens »116 par
Francesco Nigro117, que Terentianus dit « bucoliques »,
dont il cite des exemples assez nombreux :
In tragicis iunxere choris hunc saepe diserti
Annaeus Seneca et Pomponius ante Secundus
Tale dedit nobis Pomponius :
« Pendeat ex humeris dulcis chelys
et numeros edat uarios, quibus
adsonet omne nemus » etc.
118
« Dans les chœurs tragiques ce vers fut souvent inséré par les habiles poètes
Annaeus Sénèque et auparavant Pomponius Secundus.
Pomponius nous a laissé ceci :
“Pendeat ex humeris dulcis chelys
et numeros edat uarios, quibus
adsonet omne nemus” etc. »
119
Illud autem
lasciue nemorum dee
120
: glyconicum est qui, quod post ponitur choriambicum dimetrum heptasyllabum
est, quale illud
imbriferumque Caurum
121
Or ce vers : Lāscī / vāe nĕmŏ / rūm dĕĕ
est un glyconique 122
, suivi d’un dimètre choriambique heptasyllabique123, tel īmbrĭfĕrūm / quĕ Cāurūm 124.
Circa regna sonat
125
archiloquium dimetrum hypercatalecticum erit duobus constans pedibus.
Circa regna sonat est un dimètre archiloquien
hypercatalectique, constitué de deux pieds. 126
In Œdipodis dithyrambo reperiet diligentissimus quisque hexametros uersus
trocheicos, anapesticos, dimetros et monometros cata / acata / hypercatalecticos
alcmaniis sapphicisque insertos.
Dans le dithyrambe
d’Œdipe les plus attentifs trouveront des hexamètres trochaïques,
anapestiques, des dimètres et monomètres catalectiques, acatalectiques,
hypercatalectiques, insérés dans des alcmaniens et des sapphiques.
In Medea
uero
Quonam cruenta Maeneas
127
anacreontio dimetro catalectico scribitur.
Toutefois dans Médée,
Quonam cruenta Maeneas est un dimètre
anacréontique catalectique.128
1. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2135-2136, Elle sera reprise vers la fin du traité à propos des vers
alcmaniens, employés parfois par les deux tragiques dans leurs
chœurs.
7. Il est écrit finiunt, mais l’erreur typographique est
corrigée dans le
De tragici carminis metro de l’édition de
1514.
8. « Thriambe » : cri rituel
qui invite un dieu à se manifester, chanté aux fêtes de Bacchus ;
« triumpe » chez les Romains, lors des cérémonies du triomphe. Voir, sur les
origines et modalités du triomphe romain, Hendrik Simon Versnel,
Triumphus : an inquiry into the origin, development and meaning
of the Roman triumph, Leiden, Brill, 1970.
10. Hor., O. 1.16.1-3a. Il s’agit en effet d’une
rétractation ou palinodie. On ne sait si les iambes dont il est
question ont jamais été composés ; en tout cas ils ne sont pas
conservés dans les Épodes.
14. Hor., P. 251-252a. Citation figurant dans Sq1493_Marmitta_p1.
16. Conventions de
transcription pour la lisibilité et la cohérence : rajout des barres obliques
dans le texte latin et sa traduction.
17. Hor., O. 1.16.24b-25a. feruor et in celeres iambos / misit furentem. Nunc ego
mitibus.
22. Tetra = tetrametrum, octo =
octometrum, pentha = penthametrum, exa =
hexametrum.
24. Acat. = acatalecticum, hyper. =
hypercatalecticum, brachyc. =
brachycatalecticum.
25. Hypercatalecticus / hypercatalectus uersus, m : vers
hypercatalectique, qui a une syllabe de trop ; Diom.,
Ars
502.7.
26. Brachycatalectus / Brachycatalecticus uersus, m : vers
brachycatalectique, auquel il manque un pied ; voir Serv.,
Gram. 457.14 et Diom.,
Ars
502.8.
27. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2182-2184, .
30. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 1352, Le texte porte Secuplosue unam uicet
alterius singulum, mais nous rétablissons le vers 1352
de Terentianus ainsi qu’édité dans l’édition de référence de Chiara
Cignolo, Hildesheim, Zürich, New-York, Georg Olms Verlag,
2002.
34. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2401-2404, La suite est : paeona fieri perspicis
pedem in fine :
epitritus nam primus implet hanc partem,
breuis locata cum sit ante tres longas.
« tu vois que le pied devient un péon à la fin :
de fait c’est un épitrite premier qui complète cette partie,
puisque la brève se trouve devant trois longues » Un péon est
composé de d’une longue et de trois brèves. Un épitritre est un pied
composé d’une brève et de trois longues, appelé primus, secundus, tertius, quartus,
selon que la brève occupe la première, la deuxième, la troisième ou
la quatrième place. Il est question ici du primus, où la brève est initiale.
38. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2398-2400, Citation exacte, à la réserve près de alter corrigé en aliter.
48. Sen., Oed. 600. non tot
caducas frondes Eryx voir édition de
référence.
53. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2228-2229, Voir Sq1514_Bade_p5 et Pla1512_Charpentarius_p2a
55. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2209-2212, Citation exacte, à la variante près de uni / uno v. 2210 : dum pes
secundus quartus et novissimus
semper dicatus uno iambo serviat:
nam nullus alius ponitur, tantum solet
temporibus aequus non repelli
tribrachys.
57. Sen., Troad. 44. Aeacius armis
cum ferox, saeva manu, dans l’édition de référence
(CUF).
58. Virg., En. 3.211. insulae
Ionio in magno, quas dira Celaeno.
59. Sen., Troad. 211. Nous rétablissons is, que le texte omet.
72. Hor., P. 65. regis opus,
sterilisue diu palus aptaque remis.
74. Ter., Andr. 66. Scaliger citera ce vers dans ses
Poetices libri septem, 1561.
78. Sen., Med. 268. robur uirile
est, nulla famae memoria.
79. Sen., Herc. F. 676. ut saepe
puppes aestus inuitas rapit dans l’édition de
référence : de Maizières s’appuie sur autre tradition manuscrite que
E.
80. Sen., Herc. F. 408. voir plus haut, où l’ordre des mots
était différent. De Maizières s’appuie peut-être ici sur un autre
manuscrit, auquel renverrait l’expression alio in loco.
83. Hor., Epo. 17.58. et Esquilini
pontifex uenefici.
86. Sen., Med. 471. adice expetita
spolia Phrixi arietis dans nos éditions
modernes.
90. Sen., Oed. 223. Sit, precor,
dixisse tutum uisu et auditu horrida dans les éditions
modernes.
93. Sen., Med. 740. Comprecor
uulgus silentum uosque ferales deos.
94. Sen., Med. 746. (édition de F.-R. Chaumartin pour la CUF) ou 749 (édition d’O.
Sers pour les Classiques en Poche) : Grauior
uni poena sedeat coniugis socero mei dans ces éditions
modernes.
97.
Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2336-2337 et 2340-2341, Le texte édité par Chiara Cignolo (cretico fiet remoto rect[i]us idem iambicus) porte la
marque de cette hésitation transmise par de Maizières entre rectus
et rectius ; rectus est une correction de Micillo dans son édition
de Terentianus Maurus, De syllabis et metris, Francofortiae, apud
Christianum Egenolphum, 1532.
102.
Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2213-2217, Texte édité par Chiara Cignolo : Quid ?
non trochaeus temporum est aeque trium ? / Est, sed trochaeo
longa prior <est> syllaba. / breuis autem iambo, longa
post, cui non potest / longam trochaeus subdere et breuem suas,
/ breui sequentis qu<i>a fit hoc
ionicum.
104. Sen., Herc. Œ. 1590. horreat nec
ulla dominetur aula ; voir apparat
critique.
107. Sen., Troad. 824-825. misit
infestos Troiae ruinis / non semel arcus, =
combinaison hendécasyllabe sapphique + adonien (Liberman )
108. Sen., Troad. 829. Pelion regnum
Protheo superbum
110. Sen., Herc. F. 134-135. Solution qu’adoptent les éditions modernes, (inclita étant une simple variante
orthographique de incluta) : Iām Cād / mēīs / īnclŭtă / Bācchīs
Āspēr / să dĭē / dūmē / tă rŭbēnt (« Déjà les
buissons, qui doivent leur nom aux Bacchantes cadméennes,
rougeoient, inondés de sa lumière » Traduction F.-R. Chaumartin pour
la CUF). Avec aspersa die, préféré par Heinsius, on a bien un
spondée au P1.
118.
Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2135-2140, Il manque quelques mots au dernier vers : adsonet omne uirens late
nemus.
120. Sen., Hipp. 783. Deae
dans les éditions modernes.
125. Sen., Hipp. 1140. circa regna
tonat dans les éditions modernes.
2. Il est question
du tétramètre acatalectique, qui se trouve en série dans les chœurs
tragiques de Pomponius Secundus et de Sénèque. Il était également employé
dans la lyrique, chez Archiloque et Alcman ; voir C. Cignolo, 2002, tome 2
p. 519-520. Vers cités dans
Sq1611_Heinsius_p3.
3. Du traité de
Terentianus.
4. Voir sur les dénominations de la prose et
de la poésie J. Dangel, 1995,
Histoire de la langue latine,
« Que sais-je », PUF, Paris : L’
oratio
soluta, prose quotidienne, s’oppose à l’
oratio uincta qui désigne la poésie. Entre les deux,
l’
oratio numerosa désigne la prose
d’art. Voir également, pour la prose,
Penser la prose dans le monde
gréco-romain. Études réunies et présentées par Jean-Philippe
Guez, Dimitri Kasprzyk, Presses Universitaires de Rennes, 2016.
5. Aulu-Gelle en fait mention en
Noct.
9.4.3, quand il parle de livres qu’il a découverts et acquis en débarquant à
Brindes :
Erant autem isti omnes libri Graeci
miraculorum fabularumque pleni, res inauditae, incredulae, scriptores
ueteres non paruae auctoritatis: Aristeas Proconnesius et Isigonus
Nicaeensis et Ctesias et Onesicritus et Polystephanus et
Hegesias, « C'était une collection de livres grecs remplis de
merveilles, de fables, de récits inouïs, incroyables, dont les auteurs
étaient anciens et d'une autorité considérable : Aristée de Proconnèse,
Isigone de Nicée, Ctésias, Onésicrite, Polystéphane, Hégésias. ». Voir sur
cet épisode Leofranc Holford-Strevens,
Aulus Gellius: An Antonine
Scholar and His Achievement, Oxford University Press, 2003, p.
70 : « In 9.4 Gellius states that on disembarking he took a walk to regain
his land-legs, and then caught sight of some books for sale, including Greek
records of miracula by Aristeas of Proconnesus, Isigonus of Nicaea, Ctesias,
Onesicritus, Polystephanus (meaning Philostephanus), and Hegesias, old and
dirty, but also dirt-cheap. » . Le contenu de ces livres, dont Aulu-Gelle
cite quelques faits remarquables, est donc fait de
mirabilia. S’agit-il d’un auteur nommé effectivement
Polystephanus, qui ne nous est pas connu par ailleurs, ou d’une mention
erronée de l’historien Philostephanus de Cyrène – comme le pense, Leofranc
Holford-Strevens – actif au IIIe s. av. J.-C., qui a écrit un De Cypro, un
De Cyllene, des Epirotica ? Ou bien encore d’un poète comique dont on n’a
conservé que des fragments ? En tout cas nous n’en avons pas trouvé trace
dans l’édition Kassel, R. - C. Austin,
Poetae Comici Graeci,
Berlín, New York, 1983-2000. Ou bien finalement d’un auteur moderne, qui
aurait écrit un traité de métrique ? Car dans les diverses hypothèses
précédemment avancées, il n’est pas question de versification
iambique.
6. Les origines
mythologiques du mot ïambe sont multiples, comme nous pouvons le voir
ici. Cependant, étymologiquement, le mot latin
iambus, dérivé du grec
ἴαμϐος (ïambos), vient du verbe
ἰαπτω qui signifie « lancer, envoyer » (« The word
‘iambus’ was derived from
ἰαπτω ‘I
hurl’ » : Rudd N., 1989,
Horace Epistles, Book II and Epistle to
the Pisones (‘Ars Poetica’), Cambridge, Cambridge University
press).
Voir encore Plin.,
Nat. 1.22 ; Diom.,
Ars
3.477 ; Sacerdos 3.498
Iambé est la fille de Pan et de la nymphe Écho ; elle était servante à
Eleusis, dans la maison de Céléos et de Métanira, lorsque Déméter y
passa, cherchant Perséphone. Imbéciles l’accueillit et la fit rire par
ses plaisanteries. Ce rôle est parfois attribué, non à Iambé, mais à
Baubô (Grimal P., 1969,
Dictionnaire de la mythologie grecque et
romaine, Paris, PUF). Dans la scholie à Nicandre, 130, c’est
Hippothoon (et non Céléos) qui est l’hôte de Déméter, dans sa quête de
Perséphone : "130a".1
νηστείρης Δηοῦς·
<ἱστορία G 1>· ἰστέον <οὖν
C> ὅτι τῆς Κόρης, ἤγουν
τῆς Περσεϕόνης, ἁρπαγείσης ὑπὸ
τοῦ Πλούτωνος, ἡ μήτηρ αὐτῆς ἡ Δηὼ
νῆστις περιήρχετο ζη-
τοῦσα αὐτήν, <καὶ δὴ περιερχομένη καὶ
ζητοῦσα αὐτήν G 1>,
<ϕθάσασα τὴν ’Ελευσῖνα τῆς ’Αττικῆς G
2>, ὑπεδέχθη <δὲ
BRvAld> ἐν τοῖς οἴκοις
τοῦ ‘Ιπποθόωντος· <ὃς ἦν υἱὸς
τοῦ Ποσειδῶνος ἐξ ’Αλόπης τῆς
Κερκυόνος X>· <οἱ δὲ Κε-
λεοῦ m>, ὑπὸ τῆς γυναικὸς αὐτοῦ
Μετανείρας· ἥτις Μετά-
νειρα παρέθηκεν αὐτῇ τράπεζαν καὶ ἐκέρασεν
αὐτῇ οἶνον "130a".10 [<ἐπὶ τῇ θλίψει BRvAld>]. ἡ δὲ θεὸς οὐκ
ἐδέξατο, λέγουσα
μὴ θεμιτὸν εἶναι πιεῖν αὑτῇ οἶνον ἐπὶ τῇ θλίψει
τῆς θυγα-
τρός. ἀλϕίτων δὲ <αὐτὴν X> κυκεῶνα ἐκέλευσεν
<αὑτῇ
G 1> κατασκευάσαι, ὃν δηξαμένη ἔπιεν. ’Ιάμβη δέ τις
δούλη
τῆς Μετανείρας ἀθυμοῦσαν τὴν θεὸν ὁρῶσα γελοιώδεις λό-
γους καὶ σκώμματά τινα ἔλεγε πρὸς τὸ γελάσαι τὴν θεόν.
ἦσαν δὲ τὰ
ῥηθέντα ὑπ' αὐτῆς ἰαμβικῷ μέτρῳ ῥυθμισθέντα,
ὅπερ αὐτὴ πρῶτον
εἶπεν· ἐξ ἧς καὶ τὴν προσηγορίαν ἔλαβον
ἴαμβοι λέγεσθαι. ’Ιάμβη
δὲ θυγάτηρ <ἦν G 1> ’Ηχοῦς καὶ
τοῦ Πανός, Θρᾷσσα τὸ γένος G
1X νηστείρης] τῆς ἀπάστου f "130c".1 μορόεν <δὲ X>
<κακὸν C> ποτόν· τὸ ἐν κα-
κοπαθείᾳ δοθέν. ὅτι δὲ διὰ
γλήχωνος ἔπιεν ἡ Δημήτηρ <τὸν
X> κυκεῶνα καὶ διὰ τὴν χλεύην
<τῆς G 1C> ’Ιάμβης ἐγέ-
λασεν ἡ θεά, ἐν τοῖς εἰς ῞Ομηρον
ἀναϕερομένοις ὕμνοις (h.
Cer. 192 ss.)
λέγεται G 1X "130d".1 μορόεν] ἐπώδυνον, ἢ τὸ μετὰ
πόνου γινόμενον καὶ
ἑψόμενον G 1 "130e".1 ᾧ ποτε Δηώ] ᾧ τινί
ποτε ἡ Δημήτηρ G 1
De Maizières ne tient pas compte de Métanire et fait un raccourci en
faisant de Iambè l’épouse d’Hippothoon, alors qu’elle n’en est que la
servante, si l’on considère – par raccourci encore – qu’elle tint le
même rôle auprès de lui qu’auprès de Céléos.
9.
Francesco Filelfo (1398-1481) philologue, poète et orateur italien, a
traduit principalement du grec au latin des œuvres de Platon, Xénophon,
Dion Chrysostome et Pétrarque. Il a en outre écrit un recueil poétique
et un traité sur les arts libéraux.
Sur la dérivation de l’ïambe vers le driambe : voir Jean-Louis Charlet,
« La métrique latine de Filelfo : épopée, satire, élégie, ode », dans De
Keyser J., 2019,
Brill’s studies in intellectual history 289,
Francesco Filelfo, Man of letters, Leiden, Brill. [ensemble
de l’article p. 191-238] : « Alors qu’Horace rattache ses Épodes aux
iambes violents d’Archiloque, même s’il dit ne pas user de la même
violence ou rage (Hor.
Epod. 6.11-16 ;
Epist. 1. 19. 23-25 ;
Ars 79), Filelfo
rattache ce pied au triomphe (PhE·29.24) : “Iambus uero pes est qui (ut
scis) duabus constat syllabis, prima correpta, altera producta. Nam
iambicis uersus in eius [renvoie à triumphus] celebritatis carminibus
utebantur.” ».
12. Un thébain, qui avait refusé sa fille
Néobulè à Archiloque ; celui-ci en réponse composa des iambes si violents
qu’il les réduisit à se pendre. Voir Hor.,
Epo. 6.13 :
qualis Lycambae spretus infido gener,
« comme le gendre qu’avait méprisé l’infidèle Lycambès » (traduction F.
Villeneuve).
13. L’adjectif
proprius recèle une ambigüité : qualifie-t-il
Archiloque ou la rage ? L’édition anglaise récente de H. Fairclough Rushton,
Horace, Satires, Epistles and Ars poetica, Cambridge,
Harvard University Press, 1978, opte pour la première solution en traduisant
« Rage armed Archillochus with his own iambus » (p. 147), tandis que N.
Rudd,
Horace Epistles, Book II and Epistle to the Pisones (‘Ars
Poetica’), Cambridge, Cambridge University Press, 1989, choisit
la seconde : « Rage armed Archilochus with her proper weapon the iambus »
(p. 164).
19. Traduction de l’édition de référence de cette lettre
d’Ausone à Paulin de Nole, Amherdt D., 2004,
Ausone et Paulin de
Nole : correspondance, Suisse, Sapheneia, dont le texte est le
suivant :
Iambe Parthis et Cydonum spiculis / Iambe
pinnis alitum uelocior / Padi ruentis impetu torrentior / Magnum sonorae
grandinis ui densior etc.
20. Voir la citation qui suit.
21. La
logique de l’explication est la suivante : le vers s’appelle iambique, parce
qu’il est composé à base d’iambes, mais il peut admettre plusieurs combinaisons.
Commence ensuite en effet un développement sur les mètres iambiques, de diverses
longueurs.
23. L’énumération est logique mais se termine par des types de vers
qui n’existent pas !
28. Le traitement consacré
au trimètre iambique pur adopte la forme d’une apostrophe à l’iambe, invoqué
pour sa rapidité ; cette caractéristique est également évoquée v. 1383
(
erit iambus, pes uirilis, acer, et raptim
citus) ; voir C. Cignolo, 2002, tome 2, p. 522.
29. La troisième syllabe
d’
alterius est normalement brève, mais ici
elle est longue, ce qui permet d’avoir un sénaire uniquement composé d’iambes.
31. Il est toujours question de Terentianus Maurus,
parfois nommé Terentius.
32. Traduction italienne de Chiara Cignolo : « o ancora l’una
superarà, col valore di un tempo e mezzo, il tempo simplice dell’altra ».
Commentaire (tome 2 p. 439) :
sescuplo : scil.
tempore ; singulum : scil. tempus.
35. L’hipponactéen est en effet un sénaire scazon, où le
sixième pied était un trochée ou un spondée.
36. Il s’agit de la
source Hippocrène, créée par un coup de sabot de Pégase, au sommet du Mont
Hélicon.
37. Commentaire de
Chiara Cignolo (tome 2 p. 539-540) :
hic : scil in
hoc metro claudo. Reddidit : scil. Hipponax. Paenultimam… trahit
longam : la caractéristique du vers, une pénultième longue au
lieu de brève, produit une inversion de rythme dans la clausule.
39. Commentaire de
Chiara Cignolo, 2002, tome 2 p. 539 : l’adjectif
claudus, comme le verbe
claudo, est fréquemment employé par les métriciens latins à
propos des vers catalectiques, mais n’a pas encore le sens spécifique de
σκάζων (terme technique du lexique
métrique signifiant « boiteux », par opposition à
ὀρθός, et désignant le choliambe, trimètre caractérisé par
une pénultième syllabe longue) ; celui dont il est question ici est anormal
dans sa partie finale, comme les mètres catalectiques, mais autrement
(
aliter). Terentianus parle de « ces
vers » qu’il est en train de commenter dans cette partie de son traité.
41. Traduction de H. Izaac,
Martial,
Épigrammes, Tome I. Livres I-VII, Paris, Les Belles
Lettres, 1930, qui édite :
Si non molestum est teque
non piget, scazon,/νostro rogamus pauca verba Materno/ δicas in aurem
sic ut audiat solus.
43. Sur les œuvres de Politien, Federica
Rossetti (voir note 42) a bien voulu nous proposer les éléments suivants : «
Politien avait fait un cours sur Perse en 1483/1484 et nous gardons une
praelectio de son cours (publié en 1489
dans l’édition des
Opera omnia de Politien), un commentaire
et quelques observations dans les
Miscellanea, publiés aussi
en 1489. L’opinion de Politien sur le problème
melos/nectar vient d’être connue parmi les humanistes surtout
après la publication des
Miscellanea, parce que le
commentaire (publié par Cesarini Martinelli-Ricciardi en 1985) est gardé
seulement par la tradition manuscrite, dans un manuscrit de la Bayerische
Stadtbibliothek, Mon. Lat. 754, qui était un manuscrit de travail de
Politien ».
44. Commence ici une digression faite
d’exemples de scazons.
45. Ce dernier vers du prologue comporte en effet une
variante :
Cantare credas Pegaseium nectar /
melos. Ces variantes ont donné lieu à un vaste débat chez les
humanistes, dont Federica Rossetti a fait état dans sa thèse sur le
commentaire de Perse de Giovanni Britannico (
Il commento a Persio di
Giovanni Britannico e le sua ricezione nel Cinquecento europeo :
edizione critica e studio introduttivo), p. 58-60. Nous
remercions vivement Marie Jeannot qui nous l’a signalé et nous a transmis le
résumé des étapes du débat qui se pose dans les termes suivants (nous citons
Federica Rossetti) : « Les deux variantes étaient bien représentées et dans
la tradition manuscrite et dans les scholies (déjà chez le
Commentum
Cornuti les deux variantes sont signalées). Néanmoins, à
l’époque humaniste la variante plus connue (transmise par la
vulgata) et imprimée dans toutes les éditions de
Perse était ‘
melos’. La variante ‘
melos’ est acceptée sans discussion dans tous
les premiers commentaires humanistes de Perse (Tommaso Schifaldo, Guarino
Veronese, Martino Filetico, Cristoforo Landino, Bartolomeo Della Fonte),
même si elle créait un problème métrique (parce qu’à la fin d’un choliambe
il faudrait avoir un spondée, mais le me- de ‘
melos’ est une syllabe brève). Giovanni Britannico, chez sa
première édition du commentaire de Perse (1481), signale qu’il y a un
problème métrique, mais il propose comme solution de géminer le ‘l’ de
‘
melos’ pour allonger la syllabe :
Britannicus
in Pers. Chol. 14, p. 23, 1-8: «
MELLOS cantum. Melos priorem habet correptam. Lactantius:
fitque repercusso dulcior aura melo, sed hoc loco geminauit l ut
scazonis stet ratio, ut Vergilius: Relliquias danaum ». Ange
Politien, et dans son commentaire et dans les
Miscellanea,
propose de lire ‘
nectar’. Dans le passage
des
Miscellanea il déclare lire cette variante dans un
‘manuscrit très ancien’ et il dit aussi que l’humaniste romain Pomponio Leto
possédait aussi un manuscrit de Perse qui confirmait cette lecture. Raffaele
Regio chez son commentaire de Perse, conservé dans le manuscrit Firenze,
Bibl. Laurenziana, Pl. 46.16 et qui date d’environ 1485/1486, défend aussi
la variante
nectar, mais on ne sait pas
s’il était arrivé à cette conclusion de manière indépendante à travers la
lecture des scholies (qu’il connaissait très bien et qu’il cite plusieurs
fois dans son commentaire) ou s’il était influencé par la position de
Politien (peut-être connaissait-il le contenu du cours de Politien à travers
des recollectae). Après quelques années, Ermolao Barbaro intervient aussi
dans le débat dans ses
Catigationes Plinianae : il défend la
variante ‘
melos’, parce qu’il déclare que
la première syllabe de
melos peut être
longue, comme dans les
Hymnes Homériques (H. Merc. 502).
Comme alternative, Ermolao déclare aussi qu’on peut résoudre le problème en
plaçant ‘
credas’ en dernière position
(
cantare Pegaseium melos credas à la
place de
cantare credas Pegaseium melos).
Le débat a eu une grande résonance dans la période humaniste : tous les
commentateurs de Perse postérieurs prennent position d’un côté ou de l’autre
et même le poète Michele Marullo écrit une épigramme sur cet épisode, où il
se moque d’Ange Politien et défend la variante
melos. C’est dans ce contexte qu’il faut lire les passages de
l’édition de Manuce (qui ajoute le témoignage de l’
ἑλώρια du prologue de l’
Iliade, qui aurait eu
la première syllabe longue, même si Politien avait déjà écarté cette
possibilité dans son chapitre des
Miscellanea) et de Maserius
(qui fait référence aussi au passage des
Miscellanea de
Politien). »
46. Alde a déjà réfléchi à la
scansion de melos dans son édition de 1501, où il écrit en toute dernière
page :
Melos unico l non sine ratione imprimendum
curauimus, quia non aliter producitur quam ἑλώρια apud Homerum [
Iliade, 1,
4], et
μέλος [
Hymne à
Mercure, v. 502]
apud eundem ratione
immutabilis ; il a en effet édité le v. 502 de l’
Hymne
à Mercure avec un epsilon long puisqu’il commence le dactyle
cinquième. Certains, comme Christianus Becman dans son
Manuductio ad
latinam linguam au début du XVIIe (voir l'édition de 1629, p.
841), renvoient à ce passage des hymnes homériques pour ce problème
métrique. Nous remercions Marie Jeannot, à qui cette note est redevable,
pour ses recherches sur ce point.
47. De Maizières semble pencher pour la leçon de Politien qui place
justement (
recte) un spondée en fin de vers
avec
nēctar alors que dans l’absolu c’est Alde
qui est plus fiable ; mais en l’espèce, la leçon de ce dernier (un
mēlos improbable puisque c’est
mĕlos en latin) s’avère moins pertinente.
49. Oetha est en effet spondaïque.
50. En
ce qu’il fournit un iambe, parfaitement
conforme.
51. Commence ici une digression faite d’exemples, que
de Maizières fermera en disant en incise, quelques lignes plus loin
ut unde digressi sumus, reducamur.
52. Fin de la digression faite d’exemples.
54. Le trimètre
tragique ne doit en effet (utilisation technique du terme culpatur en
contexte de critique littéraire) ni être pur ni comprendre de substitutions
aux pieds pairs : C. Cignolo, 2002, tome 2, p. 527.
56. Voir Chiara
Cignolo, 2002, tome 2, p. 526 :
tantum… tribrachys :
scil. in locis paribus. Aux pieds pairs, seule est admise la
résolution d’une longue et donc la substitution de l’iambe par le tribraque,
qui a la même valeur temporelle.
60. C’est alors le titre que porte les manuscrits de la branche
A, pour la pièce qui deviendra les
Troyennes après que
l’
Etruscus aura été découvert et
exploité par Gronov en 1611.
61. De Maizières donne donc
deux exemples (dans un trimètre, puis dans un hexamètre) d’abrègement en
hiatus d’une longue au temps faible, dans des mots grecs, comme le permet la
métrique grecque :
Aēăcĭ / daĕ ār / mīs cūm / fĕrōx /
lāevā / mănū
62. Si l’on scande
īnsŭl(aĕ) ĭ / ōnĭŏ / īn māg / nō, quās / dīră Cĕ /
lāenō (alors que Bailly indique un i long initial et un o
central bref), avec un abrègement de la finale de Ionio en hiatus au temps
faible). On peut aussi scander (mais ce n’est pas ce qu’indique de
Maizières)
īnsŭlaĕ / īŏnĭ(ŏ) / īn māg / nō, quās /
dīră Cĕ / lāenō, avec là encore un abrègement à la grecque,
mais cette fois de
insulae (scansion à la
grecque permise par le hiatus avec le mot grec
Ionio). Voir M. Niedermann
Phonétique historique du
latin sur cette possibilité pour les mots grecs de ne pas
appliquer la règle
uocalis ante uocalem
corripitur, p. 76.
63. Dans ce dernier exemple, l’abrègement, à la césure et ne portant
pas sur un mot grec, est rare chez Sénèque :
tāntāe /
dărī / vīrtū / tĭ. Ān / mĕrŭīt / părūm Précisons que la
correction de Peiper en
uirtutis, adoptée
par L. Herrmann puis F.-R. Chaumartin pour la CUF contre l’ensemble des
manuscrits, ne permet plus cet abrègement en hiatus.
65. Lāērtĕ(s) sīc
tē iŭvĕnĭs ēxcĭpĭāt tŭŭs = spondée / iambe / dactyle / iambe / anapeste
/ iambe. L’élision de la finale de
Laertes permet en effet d’avoir un iambe au P2 au lieu d’un
spondée. Les éditions modernes ont en effet retenu
Laerta.
66. Un note marginale indique en effet :
S
absumatur ut stat uersus ; aut melius lege Laerta.
68. tĭbĭ vīr / tŭs īl / lă quāe / tŏt ē / lĭsīt /
mălā. De Maizières considère qu’avec la chute du s la finale
de
uirtu(s) peut être brève – alors que
nous scandons vīrtūs – puisqu’elle se trouve désormais en hiatus et qu’il
peut y avoir abrègement.
69. On ne
voit pas de quoi il s’agit : leçon indue dans le texte d’Ennius ? celui de
Sénèque ?
70. Pour de Maizières, cet ordre des mots – qu’ont adopté les
éditions modernes – est fautif. Le vers se scande alors ainsi :
tĭb[i] īl / lă vīr / tūs quāe / tŏt ē / lĭsīt /
mălā.
71. Il a sans doute regardé des
manuscrits écrits dans des écritures différentes, en onciales et en caroline
par exemple, qui portent cependant tous la même leçon.
81. Plus haut l’ordre des mots était différent. De
Maizières s’appuie ici sur un autre manuscrit.
84. C'est-à-dire : "je ne me fais pas
juge", en référence au père de Pélée qui était devenu juge aux
Enfers.
85. La
paragoge « est un
métaplasme qui repose sur l’adjonction d’un phonème ou d’une syllabe à la
fin d’un mot : une licence poétique permet, par exemple, d’écrire avecque au
lieu de avec pour gagner une syllabe dans le décompte métrique », M. Aquien,
Dictionnaire de poétique, LGF, 1999, p. 612.
87. Le mot parietibus ne
figure pas dans le vers cité, mais il fait partie des exemples fréquemment
cités par les grammairiens pour illustrer la synizèse.
89. Pāllĭ / dī fāu / cēs Ă / vērnī
/ vōsquĕ / Tāenărĕ / ī spĕ / cūs. Le vers est en effet composé de
huit pieds (quatre trochées, deux spondées, un dactyle) mais le dernier est
catalectique, et ne compte que la longue finale de
specus.
91. De Maizières utilise une tradition manuscrite où
la pièce est intitulée ainsi.
95. De Maizières édite en effet :
Poena grauior
sedeat usto coniugis socero mei.
96. Un spondée… ou un dactyle comme dans son
exemple.
98. Voir Chiara Cignolo, tome 2, p. 535 : (répétition de ce qui a
déjà été dit aux vers 2309 et suiv.) si le mètre trochaïque est pur, sera
également pur le vers iambique qu’on obtient en éliminant le crétique
initial.
99. Une brève entre deux longues. Il faut comprendre les
adjectifs
integer et
rectus par référence à la structure du vers holoiambique.
100. Péon quatrième : trois brèves suivies d’une longue ; péon
premier : une longue suivie de trois brèves.
101. Une more est l’unité de
mesure minimale du pied, une brève comptant une more, une longue en comptant
deux.
103. Voir Chiara Cignolo, 2002, tome 2, p. 526-527 : Terentianus imagine une
question de son lecteur sur la substitution de l’iambe par le trochée, tous deux
de trois temps. Elle est impossible à cause de la séquence syllabique que cela
créerait. En disant ensuite
fit hoc ionicum,
Térentianus sous-entend que la série iambe-trochée serait encore suivie d’un
iambe (u / – – u u / –), car sinon la combinaison simple d’un trochée et d’un
iambe ne produit pas un ionique mais un choriambe (u – – u).
105. Voir
Harold B. Segel,
Renaissance culture in Poland : the rise of
humanism : 1470-1543, Ithaca, London, Cornell, University Press,
1989, p. 109-110 : poète et enseignant qui prolongea le travail de Conrad
Celtis à l’Université de Cracovie. Personnage mentionné dans
Sq1511_Maserius_p6.
106. Divers personnages sont
candidats à l’identification de ce nom : il est question dans Baudrier d’un
Q. Ioannis Noctuini Germanie Nationis in almo
parisiorum Gymnasio questoris Iambicü Trimetrù Scajon, qui se
serait occupé de métrique, mais dont le prénom semble différent. Un autre
Noctuinus, Ioannes (Regiomontanus), apparaît dans
The Catalogue of
the Book Collection of the Jesuit College in Braniewo held in the
University Library in Uppsala 69:188 2285 (M) 6 juin 1513 dont
la période d’activité et la sensibilité religieuse ne jureraient pas avec le
contexte. À partir du surnom Regiomontanus, on est guidé vers un personnage
plus connu qui le porte également, Johannes Müller von Königsberg (1436
–1476), mathématicien, astrologue et astronome, actif à Vienne et Nuremberg,
dont les domaines d’activité l’éloignent de celles de De Maizières. Nous
avons enfin trouvé un Luscus Joannes Noctuinus, qui aurait été recteur
d’Université, mentionné dans le Catalogue général des manuscrits des
bibliothèques publiques de France. Université de Paris et universités des
départements, dont on voit les armes peintes à l'intérieur d'une initiale,
mais dont le prénom et l’activité en France n’orientent pas vers celui de
notre texte. La précision de l’origine du personnage,
patria pruteni, confirme en effet l’ancrage russe. Car
Pruteni est une commune du district de Făleşti, en Moldavie. Ou c’est
peut-être simplement une variante renvoyant aux Ruteni, une tribu slave,
également nommés Pruteni.
109. C'est-à-dire Gellio Bernardino Marmitta, chez qui nous
n’avons pas retrouvé de référence précise.
112. La base
n’est pas toujours spondaïque, mais iambique ou trochaïque, comme d’ailleurs
dans l’exemple qu’il donne. La question de savoir quelle série des deux on a
ici demeure.
113. Ce qui donne
fātă sī lĭcĕāt
mĭhĭ.
115. Ce deuxième chant du chœur de
Phèdre est en effet composé d’hendécasyllabes sapphiques,
mêlés à des adoniques et à des asclépiades mineurs. Le vers cité est un
sapphique :
fūgĭt īnsānaē sĭmĭlīs
prŏcēllāe.
116. Ce sont des tétramètres dactyliques, nommés d’après les
fragments du poète archaïque Alcman, où le troisième vers de la série insère
au début des spondées mais finit sur des dactyles.
117. Il s’agit très vraisemblablement de Franciscus Niger
ou Pescennio Francesco Negro / Francisco Nigro, né vers 1450 à Venise et
mort en 1510. Compositeur, il a produit une œuvre musicale intitulée
Brevis grammatica. Tempora labuntur, sur les
Fastes d’Ovide dont il s’est servi comme livret.
Philologue, il a enseigné à Padoue et a collaboré avec Bade notamment à des
Elegantiae sous le titre
Augustini Dathi,... Opusculum in
elegantiarum precepta, cum Jodoci Clichtovei,... et Jodoci Badii
Ascensii commentariis. Ascensii In epistolarum compositione compendium.
Sulpicii de Epistolis Componendis opusculum. Francisci Nigri Elegantie
regularum elucidatio. Magistratuum Romanorum nominum declaratio.
Orthographie regularum Ascentiana traditio. De Grecis dictionibus apex
ex Tortellio depromptus. [Cum tractatu Georgii de Valla de ratione
scribendi.], publiées pour la première fois à Paris en 1501. On
voit qu’est cité un certain Tortellius, sans doute celui dont il est
question précédemment.
119. Voir C. Cignolo, 2002, tome 2, p. 520 : outre le tétramètre inséré dans des
chants polymétriques (comme Sen.,
Ag. 607), on les trouve en
série en deux endroits, Sen.,
Oed. 449-465 et Ps.-Sen.
Herc. Œ. 1618-1606.
122. De Maizières écrit en effet
dee ce qui permet d’avoir un dactyle final (ou un pyrrhique
si l’on scande un choriambe auparavant :
Lāscī / vāe
nĕmŏrūm / dĕĕ)… alors qu’il édite le texte dramatique avec
deae.
123. C'est-à-dire
Sen.,
Hipp. 784 :
mōntĭvăgī / vĕ
pānēs ; seul le premier mot forme un choriambe, comme dans
l’autre exemple cité
īmbrĭfĕrūm / quĕ
Cāurūm, dont le schéma est identique.
124. Les éditeurs modernes proposent
des colométries différentes : pour Mayer c’est un aristophanien
īmbrĭfĕrūm / quĕ Cāurūm ; pour Grimal et
Zwierlein, c’est un dimètre choriambique catalectique. En effet, avec un
choriambe – u u – et un ionique majeur – – u u ou mineur u u – –, il serait
catalectique comme le dit de Maizières, mais il manquerait une brève au
début du deuxième pied et non à la fin comme d’usage.
126. Là encore, les Modernes
interprètent ce vers différemment : pour Grimal, c’est un phérécratéen. Pour
Mayer un glyconique, ainsi que pour Zwierlein, à l’intérieur d’un système
anapestique (v. 1132-1148). Mais cela revient finalement à la même scansion
(
Cīrcā / rēgnă sŏnāt) puisque le glyconique
(octosyllabe) est un phérécratéen (heptasyllabe) augmenté d’une syllabe
finale.
128. Il faudrait scander
Qŭŏnām / crŭēn / tă Māe / nās, et non
quōnăm comme en métrique classique, pour répondre au schéma
de l’anacréontique… qui n’est pas défini sans doute parce que c’était alors
un vers apprécié et connu (c’est un dimètre iambique dont le premier pied
est subsisté par un anapeste). De telles scansions se retrouvent chez
Camerarius.