Georgius Fabricius Chemnicensis
Georgius Fabricius

Présentation du paratexte

Fabricius, l’éditeur, entend compléter le traité métrique d’Avanzi qui figure juste avant ce paratexte : il traite maintenant des autres types de mètres que les vers iambiques, comme l’annonce le titre, mais reprend tout de même la description des vers des parties parlées avant d’aborder les mètres lyriques laissés de côté par son prédécesseur. Particulièrement notable est, dans ce traité, la présence de schémas métriques, avec les signes toujours en vigueur aujourd'hui, pour indiquer les brèves (u) et les longues ( – ), et les possibilités de substitution des pieds matérialisées par diverses lignes pour un même vers. Pour l’histoire de la métrique, il est notable que Fabricius ignore certains points : abrègement iambique, agencement en côla libera des parties lyriques chez Sénèque – notamment dans Agamemnon qu’il cite beaucoup – même s’il perçoit l’influence de la lyrique horatienne dans ces chœurs. Ses exemples sont par ailleurs variés.

Bibliographie :
  • Detlef Carl Wilhelm Baumgarten-Crusius, De Georgii Fabricii Chemnicensis Rectoris Afrani vita et scriptis, praemissa epistola ad Jo. Theoph. Kreyssigium XXV a Professorum Afranum, Misenae : Klinkicht, 1839.
  • Edition de ses lettres, avec un De Vita Ge. Fabricius de gente Fabriciorum : Detlef Carl Wilhelm Baumgarten-Crusius, Epistolae ad W Meurerum et alios aequales, Lipsiae, Sumptu Frider, Fleischeri, 1845
  • Paré-Rey, Pascale, "Les éditions des tragédies de Sénèque conservées à la Bibliothèque nationale de France (XVe-XIXe s.)", in L’Antiquité à la BnF, 17/01/2018, https://antiquitebnf.hypotheses.org/1643
  • Paré-Rey, Pascale, Histoire culturelle des éditions latines des tragédies de Sénèque, 1478-1878, Paris, Classiques Garnier, « Histoire culturelle » 20, 2023
Traduction : Pascale PARE-REY

Georgius Fabricius Chemnicensis.

Georgius Fabricius Chemnicensis

De reliquis carminum generibus

Au sujet des types des vers restant.1

De trimetris sane diligenter Auantius, sed quia in choris carminum genera reliqua non attigit, uidentur ea quoque exponenda : cum in tragicis inueniantur, quae cum poetis caeteris non conueniant, nam ut suam illi seruent grauitatem, legitimis pedibus et uulgata compositione semper non sunt usi, uidelicet Vt sermo pompae regiae capax foret 2 secundum Terentianum.

Avanzi a été très consciencieux au sujet des trimètres, mais, parce qu’il n’a pas touché aux types de vers restant dans les chœurs, il nous semble qu’il faut aussi les exposer : puisqu’on les trouve chez les tragiques, alors qu’ils ne conviennent pas aux autres poètes, pour qu’ils conservent en effet leur solennité, ils n’ont pas toujours fait usage des pieds réglementaires et de la composition habituelle, comme on peut le voir d’après Térentianus: « Afin que leur style retînt mieux la pompe royale ».

In quibus annotandis operam exiguam sumpsi, non exiguo futuram commodo iis, qui cum diligentia et attentione liberali in ueterum scriptis uersari solent.

Et si j’ai assumé un peu de travail dans l’annotation de ces derniers, ce n’est pas en peu de temps que je le consacrerai à l’avenir aux vers qui se trouvent d’habitude dans les écrits des Anciens, sans économiser ni mon soin ni mon attention.

DE IAMBICO.

À propos du vers iambique

I. Iambicum dimetrum catalectum, prima sede constat e spondeo aut anapaesto : duabus reliquis, iambo, cum superflua syllaba.

I. Le dimètre iambique catalectique, en première position, se compose d’un spondée ou d’un anapeste : pour les deux pieds restants, d’un iambe, avec une syllabe supplémentaire.

E tali iambico integer chorus est, in Medea, ante actum quintum.3

Dans Médée, le chœur avant le cinquième acte est intégralement composé d’un vers iambique de ce genre.

Talis uersus in Œdipo, Ophioniaque caede 4 : — — u — u — — u u — u — u

Il y a un vers de ce genre dans Œdipe : Ŏphĭō / nĭā / quĕ caē / dĕ (“et par le massacre d’Ophion”) — — u — u — — u u — u — u 5

Ibidem impurus est ille, mutato altero iambo in spondeum : Solenne Phoebus carmen. 6

Au même endroit, celui-là est irrégulier, le second iambe étant changé en spondée : Sōlēn / nĕ Phœ̄ / būs cār / mĕn (“Phoebus.... <chante> l’hymne solennel”)

II. Iambicum dimetrum acatalectum habet sedibus paribus iambum, imparibus spondeum aut dactylum aut anapaestum ; hoc accinitur iambico trimetro, in Medea7 ; interiicitur eidem in Agamemnone8.

II. Le dimètre iambique acatelectique possède un iambe aux pieds pairs, et dans les impairs un spondée, un dactyle ou un anapeste ; il est associé dans le chant au trimètre iambique dans Médée ; il est intercalé avec le même vers dans Agamemnon.

Miscetur trochaicis et dactylicis unus, in eadem tragoedia : Procella fortunae mouet. 9 u — u— u — u — — — — —

Un dimètre iambique isolé est mélangé à des vers trochaïques et dactyliques dans cette même tragédie : Prŏcēl / lă fōr / tūnǣ / mŏuēt : (“...<aucune> tempête déchaînée de la Fortune <ne> le trouble...”)10 u — u— u — u — — — — —

Impurus est ille in Œdipo : Hederaue frontem bacchifera. 11

Celui-ci est irrégulier dans Œdipe : Hĕdĕrā uĕ frōn / tēm bāc / chĭfĕrā12 (“soit que <tu ceins> ton <doux> front de grappe de lierre”)

Huic uicissim accinitur superius catalectum ibidem : Aut foeta tellus impio Effudit arma partu. 13

En revanche un dimètre catalectique est en outre associé dans le chant à celui-ci, au même endroit14 : Aūt fœ̄ / tă tēl / lūs īm / pĭō Ēffū / dĭt ār / mă pār / tū15 (« ou bien la terre a engendré des armées avec une origine cruelle/féroce »)

III. Iambicum dimetrum hypercatalectum fit, cum ad superius adiungitur pes trisyllabus in fine, nempe baccheus ; e quo genere non constant chori integri, sed aliis alibi, rarissime tamen, interponitur, ut in Œdipo : Sensere terrae Zedacum feroces. 16

III. Il y a un dimètre iambique hypercatalectique quand au précédent un pied trisyllabique est ajouté à la fin, c’est un bacchée17 ; or des chœurs en entier ne sont pas composés à partir de ce type de vers, mais très rarement, cependant, il se mêle aux autres types de vers ici et là, comme dans Œdipe : Sēnsē / rĕ tēr / rǣ zē / dăcūm / fĕrōcēs18 (« et les terres féroces des Daces l’ont senti »)

Habet sede quarta etiam anapaestum, ut in Agamemnone : Non urbe cum tota populos cadentes. 19

Ce dimètre comporte même un anapeste au quatrième pied, comme dans Agamemnon : Nōn ūr / bĕ cūm / tōtā / pŏpŭlōs / cădēntēs (« Ni les peuples tombant avec leur peuple »)

Ibidem : Charusque Pelidae nimium feroci 20 in qua tragoedia tantum unus adhuc generis eiusdem legitur.

Au même endroit : Chārūs / quĕ Pē / līdǣ / nĭmĭūm / fĕrōcī21 (“et l’ami d’Achilles <n’a pas vaincu> par un coup trop féroce”) tragédie dans laquelle on lit jusqu’à maintenant un seul vers de ce même type.

Vt autem apud tragicos iambico dimetro pes trisyllabus additur, ita apud comicos iambico senario ; cuius e Varrone meminerunt, Charisius, Diomedes, Ruffinus22 ; singuli adducunt hunc uersum Terentii ex Hecyra : Nam si remittent quippiam Philumenae Dolores 23 sed nunc non alia persequi, praeterquam tragici nostri, decretum est.

De même que par ailleurs chez les tragiques un pied trisyllabique est ajouté à un dimètre iambique, de même chez les comiques il est ajouté à un sénaire iambique ; ce dont se souviennent, à partir de Varron, Charisius, Diomède et Ruffin ; ils citent chacun ce vers de l’Hécyre de Térence : Nām sī / rĕmīt / tēnt quīp / pĭām / Phĭlū / mĕnǣ / Dŏlō / rēs (« En effet si ces quelques douleurs laissent du répit à Philumène ») Mais en réalité on a décidé de ne pas continuer avec d’autres vers, excepté ceux de notre tragique.

IV. Iambicum trimetrum brachycatalectum scazon , seu claudum, nescio an ulli alii, excepto Seneca, apud Latinos sit usitatum.

IV. Je ne sais si chez quelque autre poète, excepté Sénèque, le trimètre iambique brachycatalectique24 scazon, c’est-à-dire « boiteux25 », est utilisé chez Latins.26

Habet sede prima iambum aut anapaestum, secunda iambum, tertia spondeum, penultima iambum, ultima spondeum, et semel tantum anapaestum : Sonuit reflexo classicum cornu 27 in Œdipo Cum lege mundi Iuppiter rupta 28 in Agamemnone Iussitque Phoebum tardius celeres 29 Ibid. — — u — — — u — — — u u — u — u u —

Il comporte au premier pied un iambe ou un anapeste, au deuxième un iambe, au troisième un spondée, au quatrième un iambe, au cinquième un spondée et une fois seulement un anapeste : Sŏnŭīt / rĕflē / xō clās / sĭcūm / cōrnū dans Œdipe (« le signal d’un cor recourbé a retenti ») cŭm lē / gĕ mūn / dī Iūp / pĭtēr / rūptā dans Agamemnon (« quand Jupiter, la loi du monde ayant été rompue ») Iūssīt / quĕ Phœ̄ / būm tār / dĭūs / cĕlĕrēs au même endroit. (« et il ordonna à Phébus de <lancer> plus tard son <char> rapide ») — — u — — — u — — — u u — u — u u —

Hoc genus scazontis in duabus tantum tragoediis legitur ; nam alia exempla ego ignoro.

On lit ce type de scazon dans deux tragédies seulement ; en effet je n’en connais pas d’autres exemples.

Interdum in eodem non fit collisio, ut : Elisit aere, ante non linguas. 30

Parfois dans ce même type de vers il n’y a pas de synizèse31 , comme dans : Ēlī / sĭt aē / rē ān / tĕ nōn / līnguās.32 (« [et un clairon] d’airain a poussé [des accents stridents], [n’ayant pas mis à l’épreuve] auparavant leurs langues »)

Interdum nulla elisio, ut : Clamore primum hostico experti, 33 in Œdipo.

Parfois il n’y a aucune élision : clāmō / rĕ prī / mūm hōs / tĭcō / ēxpēr / tī,34 dans Œdipe. (« ayant fait l’expérience pour la première fois de leur bouche ignorant la parole avec un cri de guerre »)

Sed hoc uidetur fieri ualde illepide.

Mais cela semble être fait tout à fait sans grâce.

Est et alterum scazon huic dissimile, in quo contra legem communem loco penultimo trochaeus ponitur : Timet aut minaces uictoris iras 35 Tacitumque murmur percussit auras 36 Gemuitque taurus dictaea linquens 37 u u — u — — — — u — — — — — u — u

Et il y a un autre type de scazon différent de ce dernier dans lequel, contrairement à la règle ordinaire, un trochée est placé au quatrième pied / à l’avant-dernier pied : Tĭmĕt aūt / mĭnā / cēs uīc / tōrĭs / īrās (« ou bien elle ne craint pas les rages menaçantes d’un vainqueur ») Tăcĭtūm / quĕ mūr / mūr pēr / cūssĭt / aūrās (« et un murmure sourd a frappé nos oreilles ») Gĕmŭīt / quĕ taū / rūs dīc / tǣă / līnquēns (« et <l’horrible> taureau a gémi en quittant les <champs> de Dictée ») u u — u — — — — u — — — — — u — u

Haec autem rectius inter composita metrorum genera referuntur.

Or on inclut bien ces vers parmi les types de mètres bien composés.

V. Iambicum trimetrum catalectum integrum, satis ab Avantio explicatum uidemus, quod tamen e puris iambis non constat, sed pedum aequalium quasi temperamento conficitur.

V. Nous voyons que le trimètre iambique catalectique régulier est assez développé par Avantius : cependant il ne se compose pas d’iambes purs mais est constitué d’une sorte de combinaison proportionnée de pieds égaux.

Tradit ex antiquis grammaticis Victorinus, improbari uersum e iambis omnem compositum ; nam ut sit amplior et par tragicae dignitati, interponi frequenter, locis uidelicet imparibus, pedum dactylorum numeros, et moras spondeorum : quam sententiam approbat Terentianus.38

Victorinus, chez les anciens grammairiens, rapporte qu’on désapprouve tout vers entièrement composé d’iambes ; que, en effet, pour qu’il soit plus majestueux et conforme à la dignité tragique, y sont intercalés, évidemment aux pieds impairs, des rythmes de pieds dactyliques et des mesures de spondées ; et Térentianus approuve cette opinion .

Quos autem trimetros Graeci, eos Cicero et Quintilianus uocant senarios, et eorundem imitatione Flauius Caper et Aruntius Celsius, Terentii interpretes.39

Par ailleurs, ceux que les Grecs nomment trimètres, Cicéron et Quintilien les nomment sénaires, ainsi que Flavius Caper et Aruntius Celsius, commentateurs de Térentianus, par imitation de ces derniers .

Causam nominis utriusque scite Terentianus reddit, suae uir artis doctissimus : Iambus ipse sex tantum locis manet, Et inde nomen inditum est senario : Sed ter feritur, hinc trimetrus dicitur, Scandendo binos quod pedes coniungimus . 40

Et Térentianus, parfaitement savant en son art, rend compte finement de l’origine des deux appellations : « L’iambe lui-même reste seulement avec six pieds Et de là le nom qui a été attribué au “sénaire” : Mais, il est frappé trois fois, de là on l’appelle “trimètre” Parce que dans la scansion nous groupons les pieds par deux. »

Annotarem et illa ubi collisiones aut elisiones non fierent, uel hiantibus litteris, uel sequente aspiratione ; sed cum id in difficilioribus dicere iam coeperim, et in reliquis generibus sim repetiturus, studiosi id per se obseruabunt quod a praeceptionibus communibus dissidet, et libertatem illam uetustiorum refert.

J’aurais pu noter encore ces cas où il n’y a pas de synérèses ou d’élisions, soit parce qu’on a des lettres faisant hiatus, soit à la suite d’une aspiration ; mais comme j’ai déjà commencé à le dire dans des termes assez compliqués, et comme j’ai l’intention d’y revenir dans les genres de vers restants, les chercheurs observeront par eux-mêmes ce qui s’éloigne des préceptes communs et ce qui rétablit cette liberté de préceptes plus anciens.

VI. Iambicum trimetrum catalectum scazon, constat e solitis trimetri pedibus, iambo, spondeo, anapaesto : sed in fine loco iambi spondeum celebrat, quem tamen antecedit anapaestus aut iambus ; cuius generis duo tantum uersus sunt in Agamemnone : Cum Dardana tecta Dorici raperent ignes. 41 Fatale munus Danaum traximus nostra 42 — — u u — u — u — u u — — — u — — u u — — u — — —

Le trimètre iambique catalectique scazon se compose des pieds habituels du trimètre, l’iambe, le spondée et l’anapeste ; mais il met à la fin, au lieu d’un iambe, un spondée, précédé toutefois d’un anapeste ou d’un iambe ; et il y a seulement43 deux vers de ce genre dans Agamemnon : Cūm Dār / dănă tēc / tă Dō / rĭcī / răpĕrēnt / īgnēs44 (« Lorsque les flammes doriennes dévoraient les toits dardaniens ») Fātā / lĕ mū / nūs Dănă / ūm trā / xĭmūs / nōstrā45 (« nous avons guidé de notre <main> le fatal présent des Danaens ») — — u u — u — u — u u — — — u — — u u — — u — — —

DE TROCHAICO.

A propos du vers trochaïque

I. Trochaicum dimetrum catalectum e trochaeo, item spondeo uel dactylo uel anapaesto, demum trochaeo et syllaba superflua componitur ; quo utitur in Œdipo : Sed quid hoc ? postis sonat. 46

I. Le dimètre trochaïque catalectique est composé d’un trochée, de même d’un spondée, d’un dactyle ou d’un anapeste, à la fin d’un trochée et d’une syllabe supplémentaire ; et il l’utilise dans Œdipe : Sēd quĭd / hōc ? pōs / tīs sŏ / năt.

Item : Pendet instabili loco Quicquid excessit modum. 47 — u — — — u — —u u u — —

De même : Pēndĕt / īnstăbĭ / lī lŏ / cō Quīcquĭd / ēxcēs / sīt mŏ / dŭm48

Chorus enim ille integer est ex hoc genere, quod et aliis choris immiscetur, aut ad eorum extremum adhibetur.

Ce chœur est en effet tout entier dans ce type de vers, qui est inclus dans d’autres chœurs, ou placé à la fin de ceux-ci.

Vnus uersus hypercatalectus est in eodem choro, Vita, decurrente uia ; 49 unus improprium pedem habet, loco trochaei pyrrhychium, in initio : Comes audacis uiae 50 Sed dubito ualde num correcti sint hi ipsi loci.

Il y a un seul vers hypercatalectique dans ce même chœur : Vītă, / dēcūr / rēntĕ vĭ / ā un seul comporte un pied inapproprié, un pyrrhique au lieu d’un trochée, au début : Cŏmĕs / āudā / cīs vĭ / āe Mais je ne suis vraiment pas certain que ces lieux justement soient corrects.

II. Trochaicum dimetrum hypercatalectum constat e trochaeo, item spondeo, iterum trochaeo, demum trochaeo uel spondeo, et syllaba abundante, ut : Nullus hunc terror nec impetus. 51

II. Le dimètre trochaïque hypercatalectique se compose d’un trochée, de même d’un spondée, à nouveau d’un trochée, à la fin d’un trochée ou d’un spondée, et d’une syllabe supplémentaire, comme : Nūllŭs / hūnc tēr / rōr nĕc / īmpĕ / tŭs

Item : Sensit ortus, sensit occasus. 52 —u — — —u —u — —u — — —u — — —

De même : Sēnsĭt / ōrtūs, / sēnsĭt / ōccā / sŭs.53

III. Trochaicum trimetrum brachycatalectum habet loco primo et tertio trochaeum uel spondeum uel dactylum : secundo, quarto, et quinto trochaeum, ut : Protulit tellus aut anguis imis 54 in Œdipo ; Deseruit fugas nomenque genti 55 in Agamemnone ; Te duce concidit totidem diebus 56 ibidem, in qua tragoedia plures uersus eiusmodi, sed sparsim inueniuntur : — u — u — — — u — u — — — u — u u — u u

III. Le trimètre trochaïque brachycatalectique a aux première et troisième positions un trochée, un spondée ou un dactyle ; aux deuxième, quatrième et cinquième positions un trochée, comme : Prōtŭ / līt tĕl / lūs āut / āngụĭs / ĭmīs dans Œdipe ; Dēsē / rvīt fŭ / gās nō / mēnquĕ / gēntĭ57 dans Agamemnon ; Tē dŭcĕ / cōncĭ / dīt tŏtĭ / dēm dĭ / ēbŭs dans la même pièce, tragédie dans laquelle on trouve un assez grand nombre de vers de la sorte, mais épars / en divers endroits : — u — u — — — u — u — — — u u u — u u

Impurus est ille, qui loco secundo spondeum habet : Vicit acceptis cum fulsit armis. 58 Item : Fraude sua capti caderent Pelasgi 59 quamuis post duas mutas, uocalem sequentes, utraque syllaba correpta legi posset, licentia uetere ; ut uersus ille apud Gellium ex emendatione Alciati : Postquam est morte captus Plautus, comoedia luget 60 nam in secundo loco dactylus est, propter pt litteras uocalem sequentes, ut apud Graecos : Θρήνουστ ἀιγυπτίων, 61 sed auctorem nostrum minus horridum, ab hac consuetudine plane abstinuisse arbitror.

Ce vers est impur, qui a un spondée en deuxième position : Vīcĭt / āccēp / tīs cūm / fūlsĭt / ārmīs De même : Frāudĕ sŭ / ā cāp / tī cădĕ / rēnt Pĕ / lāsgī bien qu’après deux occlusives, suivant une voyelle, l’une et l’autre syllabe puissent être lues comme brèves, selon une vieille licence ; comme ce vers chez Aulu-Gelle d’après l’émendation d’Alciat : Pōstqu[am] ēst / mōrtĕ căp / tūs Plāu / tūs, cō / mōe dĭă / lūgĕt Car en deuxième position c’est un dactyle, avec les lettres pt suivant une voyelle, comme chez les Grecs : Θρ̄ήνοῡς / τ’ ἀ̄ιγῠπτί̆ / ω̄ν, Mais je trouve que notre auteur est moins laid, de s’être complètement abstenu de cette habitude.

Impurus itidem ille, in quo sede secunda pro trochaeo ponitur anapaestus, ut Agamemnone : Tradit thalamis uirginem relictam. 62

De la même manière, ce vers est impur, dans lequel un anapeste est placé en deuxième position à la place d’un trochée, comme dans Agamemnon : Trādīt / thălămīs / uīrgĭ / nēm rĕ / līctăm

IV. Trochaicum trimetrum hypercatalectum habet trochaeos admixtis, ut solet, dactylis et spondeis, quod in Agamemnone locis solum modo duobus legimus : Vidimus patriam ruentem nocte funesta 63 Vidimus simulata dona molis immensae. 64 — u — u u — u — — — u — — —

IV. Le trimètre trochaïque hypercatalectique a des trochées mêlés, en général, à des dactyles et des spondées, ce que nous lisons dans Agamemnon à deux reprises seulement : Vīdĭ / mūs pătrĭ / ām rŭ / ēntēm / nōctĕ / fūnēs / tā Vīdĭ / mūs sĭmŭ / lātă / dōnă / mōlĭs / īmmēn / sāe — u — u u — u — — — u — — —

V. Trochaicum tetrametrum catalectum trochaeum recipit locis omnibus, exceptis quarto et sexto, in quibus quasi tibicen fulcitur, spondeus, firmamenti grauitatisque causa.

V. Le tétramètre trochaïque catalectique admet le trochée à tous les endroits, sauf aux quatrième et sixième, dans lesquels le joueur de tibia est pour ainsi dire soutenu, où c’est un spondée, pour apporter une base solide et de la gravité.

Integre purum carmen hoc ponere tragici non solent, nam quod aliis poetis decoro est, in his uitiosum putatur65, Victorino et Attilio testantibus.

Les tragiques ne mettent pas ce vers entièrement pur en général, car ce qui est un ornement chez d’autres poètes est considéré comme un défaut chez eux, au témoignage de Victorinus et d’Attilius .

In prima sede, praeter trochaeum, quem semper ut legitimum intelligo, collocantur dactylus, tribrachys ; in secunda, spondeus, dactylus, anapaestus ; in tertia, tribrachys ; in quarta, unicus spondeus ; in quinta, dactylus et tribrachys ; in sexta, rursus spondeus, et semel dactylus, semel tribrachys, apud hunc uidelicet auctorem ; in septima necessario trochaeus : syllaba abundans (ut in omnis carminis fine) est indifferens.

En première position, outre le trochée, que je considère toujours comme légitime, on place un dactyle, un tribraque ; à la deuxième, un spondée, un dactyle, un anapeste ; à la troisième, un tribraque ; à la quatrième un spondée uniquement ; à la cinquième un dactyle et un tribraque ; à la sixième, à nouveau un spondée et tantôt un dactyle, tantôt un tribraque, naturellement chez cet auteur ; à la septième, un trochée nécessairement : la syllabe supplémentaire est indifférente (comme dans toute fin de vers).

Has pedum diuersitates, obseruare licet in tragoediis duabus, extra chorum, nempe in scenarum exordiis, ut Hippolyto et Medea ; semel tantum in scenae medio, ut in Œdipo.

On peut observer ces variations dans deux tragédies, en dehors du chœur, évidemment dans les sorties de scène, comme dans Hippolyte et Médée ; une fois seulement au milieu d’une scène, comme dans Œdipe.

Nos simplicioris uersus exemplum subiiciemus : Et pias numen precatus, rite submisi manus 66 et illius apud Terentium in Heautontimoroumeno qui est omnium eius comici purissimus : uis amare, uis potiri, uis quod illi des, effici 67 —u — — —u — — —uu —— —u—

Quant à nous, nous soumettons un exemple d’un vers assez simple : Ēt pĭ / ās nū / mēn prĕ / cātūs, / rītē / sūbmī / sī mă / nūs et de celui-ci, emprunté à l’Heautontimoroumenos de Térence, qui est le plus pur de tous chez ce comique : vīs ă / mārĕ /, vīs pŏ / tīrī, / vīs quŏd ĭl / lī dēs, / ēffĭ / cī.

Trochaicorum restant alia quaedam genera, quibus semel aut iterum uti, poeta satis habuit, quae ex impuris et imperfectis composita et quasi conglutinata sunt.

Restent quelques autres types de vers trochaïques, que le poète se contente d’employer une ou deux fois, qui sont composés et comme agglomérés à partir d’éléments impurs et imparfaits.

Primum, pedum quatuor, ut in Agamemnone : Hesperum dici aurora mouit 68 — u — — — — u — —

Un premier, de quatre pieds, comme dans Agamemnon : Hēspĕ / rūm dī c[i] āu / rōră / mōvīt

Alterum, pedum totidem, et semipedis, cuius exempla leguntur duo in eadem tragoedia : Stella quae mutat, seque mirata est 69 Frigidus custos, nescius somni 70 — u — — — — u — — —

Un deuxième, d’autant de pieds, et d’un demi-pied, dont on lit deux exemples dans la même tragédie : Stēllă / quāe mūtāt, / sēquĕ / mīrāt[a] / ēst Frīgĭ / dūs cūstōs, / nēscĭ / ūs sōm / nī.

Tertium, pedum quinque, ut : Semper ingentes educas alumnos 71 — u — — — — u — u — —

Un troisième, de cinq pieds, comme : Sēmpĕr / īngēntēs / ēdŭ / cās ă / lūmnōs

Quartum, pedum totidem cum semipede, in Œdipo : Lucidum caeli decus huc ades uotis 72 — u — — — u u — u — — —

Un quatrième, d’autant de pieds avec un demi-pied, dans Œdipe : Lūcĭ / dūm cāe / lī dĕcŭs / hūc ă / dēs vō / tīs

DE ANAPAESTICO.

À propos du vers anapestique

Anapaesticum complectitur sedes quatuor ; recipit in singulis anapaestum ; in prima pariter dactylum et spondeum ; in secunda solum anapaestum aut spondeum ; in tertia spondeum, dactylum, tribrachym ; in ultima anapaestum, spondeum, tribrachym, et dactylum, sed hunc bis tantum obseruare potui, ut : Mixtaque odoro Lesbia cum thymo 73 in Œdipo ; Qui Styga tristem non tristis uidet 74 in Agamemnone.

Le vers anapestique comprend quatre pieds ; il admet l’anapeste dans chacun ; au premier, également le dactyle et le spondée ; au second, seulement l’anapeste et le spondée ; au troisième le spondée, le dactyle, le tribraque ; au dernier l’anapeste, le spondée, le tribraque et le dactyle, mais je n’ai pu observer ce dernier que deux fois, comme : Mīxtăqu[e] ŏ / dōrō / Lēsbĭă / cūm thўmŏ dans Œdipe ; Quī Stўgă / trīstēm / nōn trīs / tīs vĭdĕt dans Agamemnon.

E solis anapaestis unus legitur in Hercule Furente : Pharetraeque leues, date saeua fero 75 alter in Thyeste, tertius in Hippolyto, quartus in Agamemnone ; nam hoc contra grauitatem tragicam est, ut supra in iambicis et trochaicis, de ueterum auctoritate scripsimus.

On en lit un seul composé uniquement d’anapestes, dans Hercule Furieux : Phărĕtrāe / quĕ lĕvēs /, dătĕ sāe / vă fĕrō un deuxième dans Thyeste, un troisième dans Hippolyte, un quatrième dans Agamemnon ; car ce vers est contraire à la gravité tragique, comme nous l’avons écrit plus haut à propos de l’autorité des anciens pour les vers iambiques et trochaïques.76

Itaque similem uersum reprehenderunt familiares Ouidii, in ipsius tragoedia Medea, qui a Seneca in Controuersiis annotatur : Gelidum boream, gelidumue notum. 77

C’est pourquoi les familiers d’Ovide ont blâmé ce vers, dans la tragédie Médée du même, qui est noté par Sénèque dans les Controverses : Gĕlĭdūm / bŏrĕām, / gĕlĭdūm / vĕ nōtŭm

Anapaestici qui constant e solis spondeis nimium inertes sunt, ideoque a Ruffino uocantur immanifesti , quia in iis uix numerus et uersus intellegi potest, ut Cicero ait : imo plane non intelligitur, si aliis, non sui generis, sunt immixti ; talis est in Œdipo : Nec mortali captus forma, 78 alii duo sunt in Agamemnone.

Les vers anapestiques qui se composent seulement de spondées sont assez mous, et c’est pour cela que Ruffin les dit « inapparents », parce qu’on peut difficilement y discerner le rythme et le vers, comme Cicéron le dit : bien mieux, on ne comprend pas du tout, si ces vers sont mélangés à d’autres qui sont d’un autre type ; tel celui-ci dans Œdipe : Nēc mōr / tālī / cāptūs / fōrmā,79 et deux autres dans Agamemnon.80

Tales spondaici, quamuis aliis itidem generis carminibus inseruntur, tamen in eorum habentur numero, cum quibus coniuncti sunt, etiamsi pedem nullum legitimum habeant ; quod et ueteres grammatici annotarunt, ut diximus, libro de re poetica septimo.

De tels vers spondaïques, quoiqu’ils soient mêlés à d’autres vers du même genre, sont cependant compris au nombre de ceux avec lesquels ils sont liés81, même s’ils n’ont aucun pied légitime ; ce que les anciens grammairiens ont noté, comme nous l’avons dit au livre VII du De re poetica.

Iambum pedem hoc carmen non admittit, nam in illo uersu : Arcus metuit Diana tuos 82 prima in nomine proprio figurate producitur, ut et in illo Ouidii : Ferrum Diana uolanti abstulerat iaculo 83 ita enim in aliquot manuscriptis offendimus.

Ce vers n’admet pas l’iambe, car dans le vers suivant : Ārcūs / mĕtŭīt / Dīā / nă tŭōs la première syllabe est allongée dans le nom propre de façon artificielle84 ; comme encore dans celui-ci, d’Ovide : (sēd sĭnĕ / uūlnĕr[e] ă / pēr) fēr / rūm Dī / ānă uŏ / lāntī Ābstŭlĕ / rāt iăcŭ / lō (līg / nūm sĭn[e] ă / cūmĭnĕ / vēnĭt ainsi en effet que nous l’avons rencontré dans quelques manuscrits.85

Habet hoc carmen post duos pedes incisum, in quo syllaba breuis produci potest, ut : Bis pulsata Dardana Graio 86 in Troade ; Pulsata freta fertur in altum 87 in Octauia.

Ce vers a une coupe après deux pieds, vers dans lequel une syllabe brève peut être allongée, comme : Bīs pūl / sātā // Dārdănă / Grāiō dans la Troade ; Pūlsā / tă frĕtā // fērtŭr ĭn / āltŭm dans Octavie.

Interdum non fit elisio, ut in Octauia : Viuere matrem impius, ingens. 88 Neque fit collisio, ut iambico : Priamo Agamemnon, 89 in Agamemnone. Aeacidae armis, 90 in Troade. Item in anapaestico : Contenta sono, Hectora flemus, 91 Canuit Ide, Ide nostris. 92 quod tribus aliis praeterea eiusdem carminis locis animaduertimus.

Parfois il n’y a pas d’élision, comme dans Octavie : Vīvĕrĕ / mātrēm / īmpĭŭs, / īngēns. Et il n’y a pas de synizèse, comme c’est le cas dans le vers iambique : Prĭăm[o] Ă/gămēm / nōn quīs / quĭs ād/ Trōjām/ jăcĕt) dans Agamemnon ; Aēăcĭ / daē [a]rmīs, dans la Troade ; il n’y en a pas non plus, dans le vers anapestique : Cōntēn / tă sŏnō, / Hēctŏră / flēmūs, Cānŭĭt / Īdē, / Īdē / nōstrīs93 Ce que nous avons remarqué en trois autres endroits en outre, de ce même chant.

Est huius carminis bonitas et elegantia praecipua, si pedibus singulis, singulae partes orationis finiantur ; altera, si dimensiones ipsae parte orationis terminentur.

Ce vers a une qualité et une élégance supérieures, si chaque partie du discours se termine par des pieds particuliers ; secondairement, si les mesures ont les mêmes clausules que la partie du discours lui-même.

Talis est autem solita eius constitutio : u u — uu— uu— uu— —— —— —— —— —uu —uu —uu —u uuu

D’ailleurs une telle composition de ce vers est usuelle : u u — uu— uu— uu— —— —— —— —— —uu —uu —uu —u uuu

Admittit aliquando pedes alienos, seu (ut Seruius) ignobiles 94 (ut Cicero De oratore) abiectos 95 ; nos hactenus impuros uocauimus, quod et numerum et uersum uicient.

Il admet parfois des pieds qui lui sont étrangers, soit (selon Servius) « manquant de noblesse », « plats » (selon Cicéron, De oratore) ; nous, nous les avons appelés jusque-là « impurs », parce qu’ils déforment et le rythme et le vers.

In prima sede paeonem tertium, ut in Œdipo : Niueique lactis candida fontes 96 quorum tamen uersuum ultra octo in his tragoediis non sunt.

À la première position, il admet un péon troisième, comme dans Œdipe : Nĭvĕīquĕ / lāctīs / cāndĭdă / fōntēs vers dont il n’y a cependant pas plus de huit occurrences dans ces tragédies.

In secunda sede baccheum, ut in Octauia : spernit superbos humilesque simul. 97 cuius alibi similis nullus est.

À la deuxième position, un bacchée, comme dans Octavie : spērnīt / sŭpērbōs / hŭmĭlēs / quĕ sĭmŭl dont il n’y a nul équivalent ailleurs.

Obseruatione dignum est quod Cicero anapaestum pedem, pro ipso carmine anapaestico ponit, ut de Finibus : Graeci qui hoc anapaesto citantur 98, id est, hoc carmine anapaestico.

Mérite l’attention le fait que Cicéron mette « anapeste » à la place du vers anapestique lui-même, comme dans le De finibus : « les Grecs invoqués dans ces anapestes », c'est-à-dire dans ce vers anapestique.

DE SAPPHICO.

À propos du vers sapphique

I. Sapphicum brachycatalectum, quod constat molosso, anapaesto, baccheo, id inseritur choro cuidam in Agamemnone : Qui uultus Acherontis atri 99 — — — u u — u — —

I. Le vers sapphique brachycatalectique, qui se compose d’un molosse, d’un anapeste, d’un bacchée, est inséré dans quelque chœur, dans Agamemnon : Quī vūltūs / Ăchĕrōn / tĭs ātrī

II. Sapphicum integrum pedibus constat certis : trochaeo, molosso, anapaesto, et amphibrachy uel baccheo, propter syllabam uultimam communem.

II. Le vers sapphique acatalectique se compose de pieds fixes : trochée, molosse, anapeste, et amphibraque ou bacchée, à cause de la dernière syllabe, indifférente.

Habet usitate caesuram post alterum pedem, quam tragicus semper obseruat, Catullus non admodum accurate, Horatius accuratius, praeterquam in locis paucis, et in initio Carminum, libro primo : Mercuri facunde, nepos Atlantis 100 Oda. 10 Quem uirum aut Heroa, lyra uel acri 101 Oda 11

Il a, selon l’usage, une césure après le deuxième pied, que notre tragique observe toujours, Catulle pas tout à fait scrupuleusement, Horace plus scrupuleusement, excepté en quelques endroits, et au début des Odes, au livre I : Mērcŭ / rī fācūn / dĕ, nĕpōs / Ătlāntĩs Ode 10 Quēm vĭ / r[um] āut Hērō / ă, lўrā / vĕl ācrĩ Ode 11102

In oda de Pindaro utitur undecies ; in Carmine Saeculari uno minus uigesies ; alias non nimium.

Dans une ode de Pindare il est utilisé onze fois ; dans le Carmen Saeculare dix-neuf fois ; ailleurs pas tellement.

In hoc genere grauiter cadunt uersus, qui desinunt in dictionem quadrisyllabam, ut : Iam silet murmur graue classicorum. 103

Dans ce cas, les vers qui terminent sur l’expression d’un quadrisyllabe finissent lourdement, comme : Iām sĭ / lēt mūrmūr / grăuĕ clās / sĭcōrŭm

Nonnunquam propter caesuram syllaba correpta extenditur, idque semel tantum apud Horatium, sed saepius apud hunc tragicum, ut : Et uir et Pyrrha mare cum uiderent 104 in Troade ; Vxor impendit animam marito 105 In Medea.

Parfois, à cause de la césure, une syllabe brève est allongée, et ce une fois seulement chez Horace, mais plus souvent chez notre tragique, comme : Ēt uĭr / ēt Pȳrrhā106 // mărĕ cūm / uĭdērēnt dans la Troade ; ūxŏr / īmpēndīt107 // ănĭmām / mărītō dans Médée.

Est autem ueri et integri sapphici constitutio eiusmodi : — u — — — u u — u — — Disce fortunam bene ferre magnam 108 Constant chori integri e sapphicis, apud nostrum tragicum.

Par ailleurs, une composition de la sorte est celle d’un sapphique véritable et entier : Dīscĕ / fōrtūnām / bĕnĕ fēr / rĕ māgnăm Des chœurs entiers se composent de sapphiques chez notre tragique.

Obseruauimus in saphico pedes illegitimos plures, quam in aliis, eosque in sedibus omnibus, ultima tantummodo excepta ; ut in prima sede, spondeus pro trochaeo, quod quia semel factum, legem non facit : Solus contemptor leuium deorum 109 in Agamemnone.

Nous avons observé dans le sapphique un plus grand nombre de pieds incorrects que dans d’autres, et cela à toutes les positions, sauf à la dernière ; ainsi à la première, un spondée au lieu d’un trochée, unique occurrence qui ne fait pas loi : Sōlūs / cōntēmptōr / lĕvĭūm / dĕōrŭm dans Agamemnon.

In altera sede pro molosso, interdum creticus collocatur, interdum choriambus ; de cretico constat ; de choriambo, nos exempla afferemus, quia inusitatum est, et ab alio, quod equidem sciam, factum nemine.

À la deuxième position, à la place du molosse, est placé parfois un crétique, parfois un choriambe ; pour le crétique, c’est clair ; pour le choriambe, nous apporterons des exemples, parce que ce n’est pas usuel, ni, que je sache du moins, pratiqué par personne d’autre.

Creticus inuenitur sine omni controuersia, et ueteres sapphicos tales fuisse, Iulius Scaliger sentit.

On trouve des crétiques sans discussion aucune, et Jules Scaliger pense que les anciens sapphiques étaient ainsi.

Catullus : Pauca nuntiate meae puellae. 110

Catulle111 : Pāucă / nūntĭā / tĕ mĕāe / pŭēllāe

Sappho certe, quae huius carminis inuentrix est, in quadam oda, continenter eo pede utitur : Ποικιλόθρον' ἀθάνατ' Αφροδίτα, ωαῖ Διὸς δολοπλόκε, λισσομαὶ σε μή μ' ἄταισι μηδ'ἀνιασι δάμνα πότνια θυμόν. 112

Sappho bien sûr, qui a inventé ce vers, utilise dans une ode ce pied dans plusieurs vers successifs : Ποῑκῐ / λό̄θρο̆ν' ἀ̄ / θά̆νᾰτ' Ᾱ / φρο̆δί̄τᾰ, ωαῑ Δῐ / ὸ̄ς δο̆λο̄ / πλό̆κε̆, λῑσ / σο̆μαὶ̄ σε μή̄ μ' ἄ̆ / ταῑσῐμη̄ / δ'ἀ̆νῐᾱ / σῐ δά̄μνᾰ πό̄τνῐ / ᾱ θῠμό̄ν.

Choriambus in eadem sede, uni tragico nostro est usitatus : extant plura exempla, ne quis possit dubitare ; qualia sunt : Sumere innumeras solitum figuras 113 Medea ; An ferax uarii lapidis Carystos 114 Troas quamuis in manuscripto Regiomontani legitur rari lapidis, quod tamen repudio, ut et Scaligeri σχῆμα συμφωνητικὸν, quod esse in dimensione ipse iudicat.

À la même position, le choriambe est employé par notre tragique seul : il en reste d’assez nombreux exemples, pour qu’on ne puisse pas en douter ; tels que ceux-ci : Sūmĕ / r[e] īnnŭmĕrās / sŏlĭtūm / fĭgūrās (Médée) ; Ān fĕ / rāx vărĭī / lăpĭdīs / Cărȳstŏs (la Troade) bien qu’on lise dans le manuscrit de Regiomontanus115 rari lapidis116, que je rejette cependant, comme je rejette chez Scaliger le « schéma d’équivalence phonétique », dont il pense, lui, qu’il entre dans la mesure métrique.117

Similiter in Thyeste : Cuncta diuitias metuitque casus 118 sed et hunc uersum aliter legit Beza, ut in Lectionis diuersitate dicemus , rursus alibi : Te caput Tyria cohibere mitra 119 in Œdipo ; Sidus Arcadium geminumue plaustrum ; 120 in Agamemnone ; Troia qua iaceat regione monstrans 121 in Troade.

De façon semblable dans Thyeste : Cūnctă / dīvĭtĭās / mĕ tŭīt / quĕ cāsũs mais Bèze122 lit autrement ce vers aussi, comme nous le dirons dans À propos des variantes123 ; à nouveau ailleurs : Tē că / pūt Tўrĭā / cŏhĭbē / rĕ mītrā dans Œdipe, Sīdŭs / Ārcădĭūm / gĕmĭnūm / vĕ plāustrŭm dans Agamemnon ; Trōiă / quā iăcĕāt / rĕgĭō / nĕ mōnstrāns dans la Troade.

Exempla nondum in libris corrupta tot enumero, ne temere affirmare uidear rem nouam.

Je ne vais pas encore énumérer tant exemples corrompus dans les textes, pour ne pas sembler soutenir une nouveauté aveuglément.

Ille autem uersus in Hercule Œteo : Habeat, nec ulla dominetur aula 124 ut et alter in Agamemnone : Triplici cathena tacuit, nec ullo 125 plane sunt illegitimi, in quibus loco primo anapaestus, altero baccheus ponitur, quos inter sapphicos ausus non essem recitare, nisi tragicus eis per medium immisceret, aut propinque annecteret.

Par ailleurs ce vers dans Hercule sur l’Œta : Hăbĕāt, / nĕc ūllā / dŏmĭnē / tŭr āulā et cet autre dans Agamemnon : Trĭplĭcī / căthēnā / tăcŭīt, / nĕc ūllō sont complètement incorrects, dans lesquels au premier pied on met un anapeste, au deuxième un bacchée, que je n’oserais pas prononcer au milieu de sapphiques, si le poète tragique ne les y mêlait, ou ne les y liait étroitement.

Satis de prima et altera sede huius carminis.

En voilà assez à propos des première et deuxième position de vers.126

In tertia sede spondeus contra artem et usum collocatur, ut : Argos iratae carum nouercae 127 cuius etiam ut in pede priore exemplum aliud nescio.

À la troisième position, on place un spondée contre l’art et l’usage, comme : Ārgŏs / īrātāe / cārūm / nŏuērcāe dont je ne connais pas d’autre exemple, même pour le pied précédent128 .

Spondeus iste interdum resoluitur, ut : Si qua feruenti subiecta cancro 129 in Hippolyto ; Dum luem tantam Troiae atque Achiuis 130 in Troade, qualis illa διάζευξις Horatiana : nunc mare nunc siluae 131 et ista : Heu quantus equis, quantus adest uiris 132 ita in manu scripto, et Heu dissylabum esse133 non negat Seruius.

Ce spondée peut parfois se résoudre, comme : Sī quă / fērvēntī / sūbiēc / tă cāncrō134 Dans Hippolyte ; Dūm lŭ / ēm tāntām / Trōi[āe] āt / qu[e] Ăchīvīs135 dans la Troade, telle cette disjonction horatienne : (nĭvēs / quĕ dē / dŭcūnt / Jŏvēm ;) nūnc / mărĕ, nūnc / sīlŭāe136 et celle-ci : Hĕū / quāntŭs ĕquīs, / quāntŭs ădēst / vĭrīs ainsi scandé dans le manuscrit, et Servius accepte que Heu soit dissyllabique .

Eadem resolutione Caecilius in Plocio, apud Terentii interpretem : Patere quod datur, quando optata non danunt dii 137 in hoc trochaico, quando est trissyllabum.

Par la même résolution, Cécilius dans le Plocium, selon le commentateur de Térence138 : Pătĕrĕ / quōd dă / tūr qŭ / ānd[o] ōp / tātă / nōn dă / nūnt dī / ī dans ce vers trochaïque, quando est un trisyllabe.

Sumptum hoc de Graecis ; Homerus : ἀφνειόν τε Κόρινθον ἐϋκτιμένας τε Κλεωνάς 139 Appollonius : Οὐδὲ μὲν οὐδ’ αὐτοῖο πάις μενέαινεν Ἄκαστος. 140

C’est emprunté aux Grecs ; Homère : ἀ̄φνεῑ/ό̄ν τε̆ Κό̆ / ρῑνθο̆ν ἐ̆ / ῡκτῐμέ̆ / νᾱς τε̆ Κλε̆ / ω̄νά̄ς Apollonios : Οὐ̄δὲ̆ μὲ̆ν / οὐ̄δ’ αὐ̄ / τοῖ̄ο̆ πά̆ / ῑς με̆νέ̆ / αῑνε̆ν Ἄ̆ / κᾱστο̆ς.141

Aliter in carmine sapphico distinguunt pedes Bassus, Diomedes, Attilius, Terentianus, Seruius, et alii, nam inter composita id numerant ; sed qui simplicem rationem sequuntur, quam nos sequimur, ad tragici huius compositionem spectant, quae sine dubio e Graecorum fluxit institutionibus.

Dans le vers sapphique, Bassus, Diomède, Attilius, Térentianus, Servius et d’autres, adoptent diverses distributions des pieds, car ils le mettent au nombre de compositions poétiques ; mais ceux qui suivent un raisonnement isolé, que nous suivons personnellement, l’envisagent pour la composition de ce tragique précisément, qui découle sans nul doute des fondements grecs.142

Horatius in hoc genere semel atque iterum utitur dissectione, ut Thracio Bacchante magis sub inter- lunia uento 143 Lib. 1 ; Grosphe non geminis neque purpura ue- nale nec auro 144 Lib. 2 ; sed nullum est exemplum in tragicis.

Horace pratique la coupe de mots deux fois en tout et pour tout dans ce genre145, comme : Thrācĭ / ō Bācchān / tĕ măgīs / sŭb īntēr- lūnĭ / ă vēntō Livre I ; Grōsphĕ / nōn gĕmĭnīs / nĕquĕ pūr / pŭrā uē- nālĕ / nĕc āurō Livre II ; mais il n’y a aucun exemple chez les tragiques.

DE CHORIAMBICO.

À propos du vers choriambique

I. Choriambicum dimetrum constat choriambo et baccheo. —uu— u—— Imbriferumque corum 146 in Hippolyto ; Puluereamque nubem 147 in Agamemnone.

I. le dimètre choriambique se compose d’un choriambe et d’un bacchée : Īmbrĭfĕrūm / quĕ cŏrūm dans Hippolyte ; Pūlvĕrĕām / quĕ nūbĕm dans Agamemnon.

II. Choriambicum trimetrum, e spondeo, choriambo, et pyrrhichio, ut : Pax est Herculea manu, Auroram inter et Hesperum 148 — — —uu— uu

II. Le trimètre choriambique d’un spondée, d’un choriambe et d’un pyrrhique, comme : Pāx ēst / Hērcŭlĕā / mănŭ, Āurō / r[am] īntĕr ĕt Hēs / pĕrŭm

Ex hoc facti sunt chori integri in Thyeste et Hercule Œteo ; finis cuiusdam chori in Hercule furente ; medium in Medea.

Des chœurs entiers de Thyeste et de l’Hercule sur l’Œta sont faits de ce vers ; la fin d’un chœur de l’Hercule Furieux ; le milieu, dans Médée.

Habet primo loco interdum trochaeum, ut apud Seuerum Septimum : Purpurae leguli senes 149

Il a en en premier lieu parfois un trochée, comme chez Septime Sévère : Pūrpŭ / rāe lĕgŭlī / sĕnĕs

Interdum creticum, ut in Hercule Œteo : Quatuor praecipitis deus 150 nisi fiat collisio.

Parfois un crétique, comme dans Hercule sur l’Œta : Quātŭōr / prāecĭpĭtīs / dĕŭs à moins qu’il y ait synizèse.151

Prima enim in nomine quatuor apud bonos poetas semper producta legitur : quater, semper correpta.

La première syllabe en effet dans le mot quatuor est toujours lue longue chez les bons poètes ; quater toujours brève.

III. Choriambicum tetrametrum fit e spondeo, duobus choriambis et pyrrhichio ; quo genere frequentissime utitur, hoc suaue est si incisum habeat post pedem alterum : —— —uu— —uu— uu Res est forma fugax, quis sapiens bono Confidit fragili ? dum licet, utere 152

III. Le tétramètre choriambique est fait d’un spondée, de deux choriambes et d’un pyrrhique, type de vers dont il se sert très fréquemment ; il est doux s’il a une césure après le deuxième pied : Rēs ēst / fōrmă fŭgāx, // quīs săpĭēns / bŏnō Cōnfī / dīt frăgĭlī? // dūm lĭcĕt, ū / tĕrĕ.

Ex hoc passim integri chori compositi.

Il y a des chœurs entiers composés de ce type de vers.

Idem inter duos trimetros et totidem tetrametros in Œdipo interposuit.

Il a inséré ce type de vers entre deux trimètres et autant de tétramètres dans Œdipe.

Sunt praeterea genera choriambicorum minus nota.

Il y a d’autres types de vers choriambiques moins connus.

1. Primum, quod e choriambico dimetro constat, et duobus pedibus iambi, cum syllaba superflua : — u u — u — — — — u —u Indomitumue bellum perrumpet omne. 153

1. Le premier, qui se compose d’un dimètre choriambique, et d’iambes dans deux pieds, avec une syllabe supplémentaire : — u u — u — — — — u —u Īndŏmĭtūm / vĕ bēl / lūm pērrūm / pĕt ōm/ nĕ

2. Alterum, quod e choriambo, anapaesto, et iterum choriambo. — u u — uu— —uu— Extimuit manus insueta pati. 154

2. Le deuxième, qui se compose d’un choriambe, d’un anapeste et à nouveau d’un choriambe : Ēxtĭmŭīt / mănŭs īn / sētă pătī155

3. Tertium, quod prioribus est magis uulgatum, e spondeo, choriambo, anapaesto, tribrachyo. — — —uu — uu— u—u156 Vt quondam Herculae cecidit pharetra. 157

3. Le troisième, qui est plus répandu que les précédents, se compose d’un spondée, d’un choriambe, d’un anapeste et d’un tribraque : ūt quōn / d[am] Hērcŭlăē / cĕcĭdīt / phărĕtră

Reperiuntur plura in Agamemnone huius generis.

On en trouve d’assez nombreux de ce type dans Agamemnon.

4. Quartum, quod e choriambis in sede prima et ultima, in secunda iambo, in tertia spondeo constat ; cuius unicum extat exemplum in Œdipo : —uu— u— —— —uu— Quae tibi nobiles Thebae Bacche tuae. 158

4. Le quatrième, qui se compose de choriambes en première et dernière positions, d’un iambe à la deuxième et d’un spondée à la troisième ; mais nous il n’en reste qu’un seul exemple, dans Œdipe : Quāe tĭbĭ nō / bĭlēs / Thēbāe / Bācchĕ tŭāe

5. Quintum, quod est priore breuius syllaba, et loco choriambi finitur dactylo, ut in Agamemnone : —uu— u— — — —uu Perdidit in malis extremum deus. 159

5. Le cinquième, qui est plus court que le précédent d’une syllabe, et se termine par un dactyle au lieu d’un choriambe, comme dans Agamemnon : Pērdĭdĭt īn / mălīs / ēxtrē / mūm dĕŭs

DE DACTYLICO.

À propos du vers dactylique

Dactylicum dimetrum catalectum, conficitur e duobus dactylis, ut : Non acies feras 160 Ceruaque Parrhasis 161 —uu —uu

I. Le dimètre dactylique catalectique est constitué de deux dactyles, comme : Nōn ăcĭ / ēs fĕrăs Cērvăquĕ / Pārrhăsĭs

II. Dactylicum trimetrum, e dactylo, spondeo et dactylo, ut : Coeruleum erexit caput 162

II. le trimètre dactylique, d’un dactyle, d’un spondée et d’un dactyle, comme : Cōerŭlĕ / [um] ērē / xīt căpŭt163

III. Dactylicum tetrametrum acatalectum, fit e solis dactylis, socio pede adiuncto spondeo, qui admittitur sedibus omnibus, excepta postrema ; quod carminis genus appellatur nomine bucolicon, et idem interponitur modo sapphicis et choriambicis, quales sunt tres in Hippolyto ; modo heroicis, quales multi in Œdipo, ante actum tertium : —uu —uu —uu —uu —— —— Et tumidum Nereus posuit mare 164 Item : Brachia prima cadunt praedonibus 165

III. Le tétramètre dactylique acatalectique est fait seulement de dactyles, auxquels on ajoute le spondée, un pied qui leur est associé, qui est admis à toutes les places sauf à la dernière ; ce genre de vers est appelé du nom de « bucolique » et est inséré de même parfois dans des vers sapphiques et des choriambiques, tels trois dans Hippolyte, parfois dans des vers héroïques, tels beaucoup dans Œdipe, avant le troisième acte : Ēt tŭmĭ / dūm Nē / rēus pŏsŭ / īt mărĕ Brāchĭă / prīmă că / dūnt prāe / dōnĭbŭs

De hoc uersu ita scribit Terentianus, diligens grammaticus : In tragicis iunxere choris hunc saepe diserti,Annaeus Seneca, et Pomponius ante Secundus 166 eodemque in loco hos e Pomponio uersiculos adducit : Pendeat ex humeris dulcis chelys, Et numeros edat uarios, quibus Assonet omne, uirens late nemus, Et tortis errans qui flexibus 167

Terentianus, grammairien attentif, a écrit à propos de ce vers : « Dans les chœurs tragiques ce vers fut souvent inséré par les habiles poètes Annaeus Sénèque et auparavant Pomponius Secundus »168 et il a ajouté au même endroit ces petits vers de Pomponius : « Que la lyre pende de mes tendres épaules Et produise des rythmes variés, dont Résonne au loin chaque bosquet verdoyant Alors que je vais çà et là en ayant fléchi les cordes »

Hi uersus si e solis componuntur spondeis, minus sunt sonori, minus accommodati, ut in Œdipo : et Phoebo laurus carum nemus 169 quod in aliis praeterea duobus in hoc poeta deprehendimus.

Ces vers, s’ils sont composés seulement de spondées, sont moins sonores, moins adaptés, comme dans Œdipe : ēt Phōe / bō lāu / rūs cā / rūm nĕmŭs ce que nous avons relevé encore en deux autres endroits chez ce poète.

Nam dici dactylicus potest, auctore Attilio, qui pedes omnes spondeos habet170 ; dici iambicus, qui spondeis maxima e parte abundat, quod in Plautinis Camerarius annotauit171 ; dici anapaesticus, eadem de causa, de quo dictum paulo ante est.

De fait, on peut qualifier de vers dactylique, selon Attilius , celui qui a des spondées à tous les pieds ; qualifier de iambique celui qui a une très grande majorité de spondées, ce que Camerarius a noté pour les vers plautiniens ; qualifier d’anapestique, pour la même raison, celui dont il a été question un peu plus haut.

Ratio est (ut idem Attilius) quia pes spondeus metra omnia ordinat atque disponit.

La raison en est (selon le même Attilius) que c’est le spondée qui ordonne et dispose tous les mètres.

IV. Dactylicum pentametrum superiori simile est, quod uno pede excedit, id olim uocatum Aeolicum, eoque librum integrum scripsit Sappho.

IV. Le pentamètre dactylique est semblable au précédent, qu’il excède d’un seul pied, appelé autrefois « éolien » et Sappho en a écrit un livre entier.

In his tragoediis unus tantum inuenitur in Agamemnone : Heu quam dulce malum mortalibus additum 172 ita enim e manuscripto Regiomontani eum restituimus, cum in uulgatis, in choriambicum mutatus sit, ut esset sequenti in eodem loco similis.

Dans ces tragédies, on en trouve un seul dans Agamemnon : Hēu quām / dūlcĕ mă / lūm mōr / tālĭbŭs / āddĭtŭm nous l’avons en effet ainsi restitué d’après le manuscrit de Regiomontanus, alors qu’il a été changé en un choriambique173 dans les manuscrits répandus, de sorte qu’il fût semblable au vers suivant au même endroit, dans ces autres manuscrits.

Sunt huius generis multa composita.

Il y a beaucoup de compositions de ce type de vers.

1. ut incipiens a caesura trochaica ; in Agamemnone : Aut iniqua flamma Tonantis 174 Item a solo pede trochaeo : Pendet / instabili / loco. 175

I. comme celui commençant par une césure trochaïque176 dans Agamemnon : āŭt // ĭ / nīqŭă / flāmmă Tŏ / nāntīs de même par un seul pied trochaïque : Pēndĕt / īnstăbĭ / lī lŏ / cō.177

II. a caesura sapphica ; in Agamemnone : Fortiter uinci restitit amnis 178 Tales leguntur tres in Œdipo, in choro confuso, e plurimis carminum generibus.

II. par une césure sapphique ; dans Agamemnon : Fōrtĭ / tēr vīn / cī // rēstĭtĭt / āmnĩs On en lit trois de tels dans Œdipe, dans un chœur composé d’un mélange de très nombreux vers.

III. item a caesura iambica, uel e solis iambis facta, ut Inauspicata de boue tradidit 179 in Œdipo ; uel e spondeo et iambo, ut : Par ille regi, par superis erit 180 in Agamemnone, postremo desinens in colo sapphico ; Ibid. : Et licuit uersare dolos, ut ipsi. 181

III. et encore par une césure iambique, ou produite à partir de pieds iambiques uniquement, comme : Ĭnāus / pĭcā / tā // dē / bŏvĕ trā / dĭdīt dans Œdipe ; ou à partir d’un spondée et d’un iambe, comme : Pār īl / lĕ rē / gī, // pār sŭ / pĕrīs / ĕrīt. dans Agamemnon enfin, tombant dans un côlon sapphique ; au même endroit : Ēt lĭcŭ / īt vēr / sārĕ // dŏ / lōs ŭt / īpsī182

DE HEXAMETRO.

A propos de l’hexamètre

Hexametrum (quod a materia heroicum, ab orationis genere epicum) componitur e dactylis et spondeis, ita tamen ut sedem quintam dactylus, sextam et ultimam spondeus possideat.

L’hexamètre (dit « héroïque » à partir de son contenu, « épique » à partir du genre d’expression) est constitué de dactyles et de spondées, de sorte cependant que le dactyle occupe la cinquième position, et le spondée la sixième et dernière.

In prioribus enim ambo pedes sine ullo discrimine ponuntur.

Dans les précédentes en effet, on place ces deux pieds parfaitement indifféremment.

Huius exemplum est optimus ille poetae optimi uersus : discite iustitiam moniti et non temnere diuos. 183

Cet excellent vers, d’un excellent poète, en est un exemple : dīscĭtĕ / jūstĭtĭ / ām mŏnĭ / t[i] ēt nōn / tēmnĕrĕ / dīvōs

Hoc carminis genere celebrantur res gestae Bacchi in Œdipo et Medea ; item oraculum, quod Œdipo datum est.

C’est dans ce type de vers qu’est célébrée la geste de Bacchus dans Œdipe et Médée ; de même l’oracle qui est rendu dans Œdipe.

Oraculum refertur in scenae medio, Bacchi facinora inseruntur choris.

L’oracle est rapporté au milieu d’une scène, les actes de Bacchus dans les chœurs.

In antiquissimis tragoediis frequentem fuisse huius uersus usum, intelligitur e libro de re poetica, qui inter Aristotelicos legitur.184

On comprend d’après le livre La Poétique, qu’on lit parmi ceux d’Aristote, qu’on faisait un usage fréquent de ce vers dans les plus anciennes tragédies.

DE MONOMETRO.

A propos du monomètre

Monometrum est, quod e duobus fit pedibus, estque aut acatalectum, quod integrum est, ut ex anapaestico, ut : Fortuna ferat. 185 Item : Noua nupta faces. 186 item, ex dactylico, ut : Non acies feras. 187 Item : Cingi floribus. 188

Le monomètre est celui qui se compose de deux pieds, et il est ou bien acatalecte, parce qu’il est entier, formé d’un pied anapestique, comme : Fōrtū / nă fĕrāt. de même : Nŏvă nūp / tă făcēs. de même, formé d’un pied dactylique, comme : Nōn ăcĭ / ēs fĕrăs. de même : Cīngī / flōrĭbŭs.189

Catalectum, cui syllaba aliqua deest.

Ou catalectique, auquel il manque une syllabe.

Hypercatalectum, in quo abundat syllaba, ut in trochaico : Troia bis quinis 190 in Agamemnone ; in iambico : Religare frontem 191 in Œdipo ; in choriambico : Quo non nata iacent 192 in Medea.

Ou hypercatalectique, dans lequel une syllabe est en plus, comme dans ce vers trochaïque : Trōjă / bīs quī / nīs dans Agamemnon ; dans ce vers iambique : Rĕlĭgā / rĕ frōn / tĕm dans Œdipe ; dans ce vers choriambique : Quō nōn / nātă jă cēnt193 dans Médée.

Quia autem tales finiunt plerunque sententiam, aut etiam carminis genus, ideo antiqui monometra, clausulas appellarunt, ut Varro tradidit.194

Par ailleurs, c’est parce que de tels vers déterminent généralement la phrase, ou même le genre de vers, que les anciens ont appelé les monomètres des clausules, comme Varron l’a rapporté .


1. C'est-à-dire ceux que n’a pas abordés Avanzi dans son traité métrique. L’ensemble sera assez technique, parfois déroutant pour le Moderne. Nous remercions vivement toutes les personnes ayant aidé à la rédaction des notes, à la compréhension de la scansion proposée et des liens entre théorie et exemples, en particulier Antoine Foucher et Christian Nicolas, même si certains passages nous demeurent obscurs.
2. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2205.
3. Sen., Med. 855-878.
4. Sen., Oed. 485.
5. Fabricius indique les quantités des pieds dans des schémas, ce qui est assez rare, et propose plusieurs lignes afin de montrer les diverses possibilités.
6. Sen., Oed. 498-499. Sollemne Phoebus / carmen infusis humero capillis dans l’édition de référence.
7. Sen., Med. 855-878.
8. Sen., Ag. 759-774. Dimètres iambiques, au milieu de deux sections en trimètres iambiques (v. 693-758 et 775-807).
9. Sen., Ag. 594.
10. F.-R. Chaumartin, dans l’édition de référence, en ajoutant aut iniqui, analyse ce vers comme un sapphique avec adjonction d’une brève initiale : [Nullus hunc terror nec impotentis]procella fortunae mouet [aut iniquiflamma Tonantis.] « Aucune terreur, aucun orage soulevé par l'aveugle Fortune, aucun éclat de la foudre injuste de Jupiter ne troublent cet asile » Le chant est polymétrique et se prête à des interprétations variées de la colométrie.
11. Sen., Oed. 414-415. hederaue mollem / Bacifera religare frontem dans l’édition de référence, fondée sur l’Etruscus, tandis que Fabricius utilise la famille A de manuscrits.
12. Ce vers a donc bien un iambe aux pieds pairs, un spondée au P3 mais toujours un iambe au P1.
13. Sen., Oed. 731a-731b.
14. « Associé dans le chant à celui-ci » : à un dimètre acatalectique ; « au même endroit » : dans Œdipe.
15. Seul le dernier vers est catalectique. Il y a donc des iambes aux pieds pairs et des substitutions possibles aux pieds impairs, ce qui rend ces deux vers « réguliers ».
16. Sen., Oed. 472. Sensere terrae Zalacum feroces dans l’édition de référence.
17. Pied composé d’une brève et de deux longues, la brève initiale pouvant être remplacée par une longue ou par deux brèves. Chaque longue peut être monnayée en deux brèves. Finalement, le pied peut comporter de trois à six syllabes.
18. On retrouve en effet ici le bacchée final.
19. Sen., Ag. 601.
20. Sen., Ag. 616.
21. Même scansion que le vers précédent, avec le même bacchée final.
22. Diom., Ars 515.3, Dans ce dernier passage, où l’on voit que la référence à Charisius et à Varron vient de Rufinus : Charisius sic ‘septenarium uersum fieri dicit Varro hoc modo, cum ad iambicum trisyllabus pes additur, ut praefatum est, et fit tale ‘quid inmerentibus noces, quid inuides amicis?' similis in Terentio uersus est: ‘nam si remittent quippiam Philumenae dolores’.
23. Ter., Hec. 348.
24. Vers auquel un manque un pied.
25. Trimètre iambique dont le dernier pied est un trochée ou un spondée.
26. Remarque curieuse, car le scazon n’est pas brachycatalectique.
27. Sen., Oed. 732.
28. Sen., Ag. 814. cui lege mundi Iuppiter rupta dans l’édition moderne de référence.
29. Sen., Ag. 816-817. iussitque Phoebum / Tardius celeres agitare currus dans l’édition moderne de référence.
30. Sen., Oed. 734-735. vers corrompus (ainsi édités dans la CUF, et de même dans l’édition de Töchterle, avec un premier côlon d’hendécasyllabe alcaïque) : Elisit aere / ***** / Non ante linguas agiles et ora.
31. Heinsius fait bien la différence entre deux cas de rencontre vocalique – collisio, écrasement de deux voyelles entre elles, et elisio, chute d’une voyelle – dont il sera encore question ci-dessous.
32. Sans élision de aere devant ante.
33. Sen., Oed. 736-737. uocis ignotae clamore primum / hostico experti dans l’édition de référence.
34. Là où nous aurions fait une élision de hostico devant experti.
35. Sen., Ag. 597.
36. Sen., Ag. 634. aures dans l’édition de référence.
37. Sen., Ag. 834.
38. Rufin. Gramm., Metr. Com. 557, Rufin cite Victorinus.
39. Rufin. Gramm., Metr. Com. 556, . L'énumération se trouve encore chez Rufinus .
40. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2191-2194.
41. Sen., Ag. 612-612bis. nocte funesta, cum Dardana tecta / Dorici raperetis ignes dans l’édition de référence.
42. Sen., Ag. 626-627. Molis immensae Danaumque / Fatale munus duximus nostra dans l’édition de référence.
43. Vers rares, puisque scazons, et puisqu’on y attend un iambe final, alors qu’ils comportent un spondée.
44. Cas du vers avec spondée final, précédé d’un anapeste.
45. Cas du vers avec spondée final, précédé d’un iambe.
46. Sen., Oed. 911. Sed quid hoc? postes sonant dans l’édition moderne de référence.
47. Sen., Oed. 909.
48. Il n’y a pas d’exemples de vers avec un anapeste au P2.
49. Sen., Oed. 891. Corrigé en Vītă, / dēcūr / rēns vĭ / ā dans l’édition de référence moderne, ce qui n’en fait plus un vers hypercatalectique.
50. Sen., Oed. 908. finis audacis uiae dans l’édition de référence.
51. Sen., Ag. 593. Nullus hunc terror nec impotentis dans l’édition de référence.
52. Sen., Ag. 824.
53. Fabricius donne ainsi un exemple pour chaque cas de figure au P4.
54. Sen., Oed. 725b-726. Dans l’édition de référence : protulit tellus / aut anguis imis uallibus editus
55. Sen., Oed. 723.
56. Sen., Ag. 865.
57. Si l’on considère que Fabricius donne un exemple pour chaque cas de figure au P1, dans l’ordre annoncé : trochée, spondée, dactyle, nous laissons de côté la scansion Dēsĕrŭ / īt fŭ / gās nō / mēnquĕ / gēntĭ qui semblait plus naturelle.
58. Sen., Ag. 617.
59. Sen., Ag. 632. Fraude sua caderent Pelasgi dans l’édition de référence.
60. Gell., Noct. 1.24.3. pōstqu[am] ēst / mōrt[em] āp / tūs Plāu / tūs, Cō / mōedĭă / lūgĕt dans l’édition de référence (Paris, Belles Lettres, A. Marache, 2002), où l’émendation d’Alciat supprime le problème de l’abrègement de la voyelle devant deux consonnes.
61. Orph., H. Argonautica. 32. ὄργια Πραξιδίκης, καὶ † ἀρείνης νυκτὸς Ἀθήνης † / θρήνους τ’ Αἰγυπτίων καὶ Ὀσίριδος ἱερὰ χύτλα. / Ἀμφὶ δὲ μαντείης ἐδάης πολυπείρονας οἴμους
62. Sen., Oed. 489.
63. Sen., Ag. 625-626. Dans l’édition de référence : Vidimus simulata dona / molis immensae Danaumque.
64. Sen., Ag. 611-612. Dans l’édition de référence : Vidimus patriam ruentem / nocte funesta, cum Dardana tecta.
65. Rufin. Gramm., Metr. Com. 557, Il s’agit peut-être également de [Marius Victorinus], De metris omnibus, 2.80 (que reprend Rufin) : improbatur autem apud tragicos versus ex omnibus iambis compositus ; nam quo sit amplior et par tragicae dignitati, interponunt frequentius in locis dumtaxat imparibus pedum dactylicorum moras et spondeum.
66. Sen., Oed. 226.
67. Ter., Haut. 322.
68. Sen., Ag. 821-821bis. seque mirata est Hesperum dici / Aurora mouit dans l’édition de référence.
69. Sen., Ag. 820-821. nomen alternis stella quae mutat / seque mirata est Hesperum dici dans l’édition de référence.
70. Sen., Ag. 856.
71. Sen., Ag. 810.
72. Sen., Oed. 405-406. Lucidum caeli decus huc ades / uotis quae tibi nobiles dans l’édition de référence.
73. Sen., Oed. 496. et mixta odoro Lesbia cum thymo dans l’édition de référence.
74. Sen., Ag. 607.
75. Sen., Herc. F. 1117. pharetraeque graues, date saeua fero dans l’édition de référence.
76. Voir section 26 pour le vers iambique et section 42 pour le vers trochaïque.
77. Sen. Rhet., Contr. 2.12.2. Il s’agit du passage où Sénèque le Père note que la préférence d’Ovide va aux suasoires et qu’il n’a pas tant manqué de jugement que de volonté de dompter sa licence poétique. Entre ces deux jugements critiques, il relate une scène où les amis d’Ovide lui demandent de supprimer trois de ses vers, et ils écrivent ceux auxquels ils pensent, tandis que lui écrit de son côté ceux qu’il veut garder… et les trois se recoupent ! Le vers des Amours est le second cité (le troisième manque, soit par ignorance du rhéteur soit par défaut des manuscrits). Nous n’avons pas conservé un tel fragment ; le vers se trouve en revanche sous une forme approchante dans les élégies ovidiennes, Ov. Am. 2.11.9 : Et gelidum Borean egelidumque Notum ?
78. Sen., Oct. 217.
79. Avant et après ce vers en effet entièrement composé de spondées, il y a des dimètres anapestiques « classiques », mêlant les combinaisons possibles données par Fabricius plus haut : Sēcū / ră tŏrō / māxĭmă / Jūnō, dēsĕrĭt / āltām / Jūppĭtĕr / āulām.
80. Il y a en réalité 10 vers anapestiques entièrement composés de spondées, dont 8 dans l’Octavie.
81. C'est-à-dire qu’on les considère comme des vers anapestiques bien qu’ils ne comportent aucun anapeste.
82. Sen., Hipp. 72.
83. Ov., M. 8.353-354. sed sine uulnere aper ; ferrum Diana uolanti / abstulerat iaculo, lignum sine acumine uenit.
84. Si cela n’avait pas été le cas, on aurait en effet eu un iambe : Ārcūs / mĕtŭīt / Dĭā / nă tŭōs.
85. Nous devons la note suivante à Antoine Foucher, que nous remercions pour son éclairage : Fabricius ne fait sans doute pas allusion à des manuscrits comportant des indications de longueur, mais se trouve gêné par les deux scansions possibles en latin du i dans Diana, et note cette double possibilité. Elle se trouve chez les poètes classiques comme Virgile, chez qui on trouve les deux scansions dans l'Enéide (i bref en fin de vers, plus fréquent que i long, par exemple 1, 499). Niedermann (Phonétique historique du latin, p. 76) rappelle que certains noms propres latins (c'est mieux connu pour les noms propres grecs et de façon plus générale, les mots d'origine grecque) n'abrègent pas nécessairement une voyelle devant une autre voyelle. Il faut ajouter que le i long est la forme la plus ancienne, et revêt une coloration archaïsante chez les poètes classiques (il n'y a pas donc pas d'allongement artificiel).
86. Sen., Troad. 135. L'édition moderne donne Bis pulsari dardana graio
87. Sen., Oct. 314. L'édition moderne donne resonant remis pulsata freta / fertur in altum prouecta ratis
88. Sen., Oct. 362-363. D>ans l’édition de référence : uiuere matrem / impius ingens geminatque nefas, ce qui supprime la possibilité d’une élision de matrem.
89. Sen., Ag. 514. Dans l’édition de référence : Agamemno Priamo: quisquis ad Troiam iacet, ce qui supprime le problème de la collisio dont parle Fabricius.
90. Sen., Troad. 46. Dans l’édition de référence, avec une correction de Henneberger, au lieu de Aeacis dans E et Aeacide dans A, famille qu’utilise Fabricius : Aeacius armis.
91. Sen., Troad. 114-115. Dans l’édition de référence : Non sum solito contenta sono, / Hectora flemus.
92. Sen., Troad. 73-76. Dans l’édition de référence : Decies niuibus canuit Ide, / decies nostris.
93. Alors qu’il y aurait pu avoir synizèse de sono devant Hectora et de Ide devant Ide.
94. La référence demeure introuvable.
95. Cic., De or. 3.150. In propriis igitur est (uerbis) illa laus oratoris, ut abiecta atque obsoleta fugiat, lectis atque inlustribus utatur, in quibus plenum quiddam et sonans inesse uideatur, bien qu’il s’agisse ici de prose et non de poésie.
96. Sen., Oed. 495. Dans l’édition de référence : Niueique lactis candidos fontes.
97. Sen., Oct. 89.
98. Cic., Fin. 2.18. aut, si magis placeret suo more loqui quam ut "Omnes Danai atque Mycenenses, Attica pubes", reliquique Graeci qui hoc anapaesto citantur […].
99. Sen., Ag. 606 (CUF)/607 (Tarrant).
100. Hor., O. 1.10.1.
101. Hor., O. 1.12.1.
102. Dans ces deux vers, il y a exception puisque la césure n’est pas après le P2 mais au milieu du P3.
103. Sen., Thyest. 574.
104. Sen., Troad. 1039.
105. Sen., Med. 663. uxor impendes animam marito dans l’édition de référence.
106. Et non Pȳrrhă à cause de la césure qui suit.
107. De même, au lieu d’īmpēndĭt (alors que īmpēndēs de l’édition de référence ne pose plus de problème).
108. Hor., O. 3.27.74-. L’exemple n’est pas tiré de Sénèque mais d’Horace, dans l’édition de référence : Bene ferre magnam / disce fortunam.
109. Sen., Ag. 604-605. Dans l’édition de référence : Solus seruitium perrumpet omne / contemptor leuium deorum.
110. Catul., Ep. 11.15.
111. Contrairement à ce qu’il annonçait, Fabricius donne tout de même des exemples pour les deux cas particuliers, crétique et choriambe, au P2.
112. Sapph., Frag. 1.1-3.
113. Sen., Med. 636.
114. Sen., Troad. 836.
115. Surnom donné 58 ans après sa mort, en 1534, par Philipp Melanchthon, pour Johannes Müller von Königsberg (1436–1476), astronome, mathématicien et astrologue allemand.
116. C’est curieux puisque cela donnerait un molosse au P2 ān fĕ / rāx rārī / lăpĭdīs comme mentionné dans le vers modèle. Le vers sera commenté par Delrio (1576), Rapheleng (1589), Farnaby (1613), dont les remarques sont compilées dans l’édition de Thys, 1651 :
117. C’est dans sa Poétique II, chapitre XVI que Scaliger, étudiant les types de mètres, cite celui-ci au nombre des Composita Aeolica : Nam uetustus sapphicus talis fuit, non autem e spondaeo secunda sede ; sic etiam usus est Seneca : “An ferax uarii lapidis Carystos”, neque enim dactylus est, sed trochaeus ; duae namque uocales in unam coaluere. Scaliger ne voit donc ni un spondée ni un dactyle au P2 mais un trochée rāx vă, et un choriambe avec riī lăpĭdīs ensuite, qui peut en effet continuer le sapphique.
118. Sen., Thyest. 605. Dans l’édition de référence : cuncta diuinat metuitque casus
119. Sen., Oed. 413.
120. Sen., Oed. 477. Il s'agit d'Œdipe – et non Agamemnon – v. 477, dans l’édition de référence : Sidus Arcadium geminumque plaustrum.
121. Sen., Troad. 1051.
122. Théodore de Bèze (Novum D.N. Jesu Christi Testamentum : a Theodoro beza versum, ad veritatem graeci sermonis è regione appositi : cum ejusdem annotationibus, in quibus ratio interpretationis redditur, Bâle, 1560), commentant l’équivalence entre dynasas et potentes, remarque en effet que le mot grec est employé chez Cicéron et Sénèque dans le troisième chœur de Thyeste et il cite : Anxius sceptrum tenet, et mouentes cuncta dynastas. Mais le vers ainsi lu cūnctă / dўnāstās / mĕ tŭīt / quĕ cāsũs ne permet pas le choriambe au P2, contrairement à la leçon de Fabricius avec diuitias. Lipse, dans ses Animadversiones in tragoedias quae L. Annaeo Senecae tribuuntur (Leyde, 1588) commentera également ce vers en critiquant la leçon dynastas (contra uersum legem) et propose dīvīnāt, molosse qui serait accepté par Fabricius comme dit plus haut (Sapphicum integrum pedibus constat certis : trochaeo, molosso, anapaesto, et amphibrachy uel baccheo).
123. Il s’agit de la Georgii Fabricii Chemnicensis in Senecae tragoediis lectionis diuersitas, composée d’une adresse au médecin Henricus Paxmanus, d’un bref de periochis et des notes à chaque tragédie, figurant dans cette édition de 1566.
124. Sen., Herc. Œ. 1590.
125. Sen., Ag. 860.
126. Fin des cas particuliers signalés.
127. Sen., Ag. 809.
128. Un P2 spondaïque.
129. Sen., Hipp. 287.
130. Sen., Troad. 853.
131. Hor., Epo. 13.2. Dans nos éditions modernes : nivesque deducunt Iovem; nunc mare, nunc siluae.
132. Hor., O. 1.15.9.
133. Serv., En. 2.69. HEV modo una est syllaba, sed interdum propter metrum, duae fiunt.
134. Fabricius considère une résolution de sŭbĭēc en sūbiēc, c'est-à-dire d’un anapeste en spondée, qu’il rejette. Les exemples d’Horace illustrent ensuite cela.
135. Voir https://www.jstor.org/stable/43613064, où J. Soubiran indique dans sa note 56 p. 69 qu’il faut « scander Troiae (u u —), ou plutôt admettre, comme cela arrive quelquefois chez Sénèque, la substitution d’une longue au groupe u u des vers éoliens (cf. Tro. 824) ».
136. La διάζευξις, mot que nous avons traduit par « disjonction », consiste ici dans la séparation en trois syllabes de la silvae avec un u consonne traité comme un u voyelle (ce que matérialise le tréma sur silüae dans la graphie de Fabricius). Cette interprétation est validée dans le De orthographia de Tortelli (Rome / Venise, 1471) qui cite le vers d’Horace (un ïambélégiaque) à l’appui, et souligne bien que siluae est trisyllabique : Ita et nostri quandoque ipsum u consonans pro uocali correpta assumpserunt, ut Horatius siluae trisyllabum protulit in epodo hoc uersu, “Niuesque deducunt iouem, nunc mare nunc siluae”, quod teste Prisciano dimetrum est. L'exemple horatien est sans doute emprunté à Victorinus, 4, 173 De metribus omnibus spondeus “ducunt”, iambus “Iovem”, duo dactyli <cum syllaba> “nunc mare nunc siluae”… qui scande donc autrement toutefois.
137. Erasme, Adagia 4040, On trouve ce vers dans la Collection des sententiae de Publilius Syrus, n. 542 et chez Érasme, qui attribue à Nonius Marcellus la citation du Plocium de Caecilius : « Nonius Marcellus citat hunc versiculum e Caecilii Plotio : Patiere quod dant, quando optata non danunt. »
138. Il cite sans doute l’édition d’Estienne des poèmes fragmentaires parue en 1564 , où le vers est édité ainsi et se scande comme un sénaire iambique. De quel commentateur s’agit-il si ce n’est Donat ? Or on ne trouve pas cette citation dans son commentaire mais un autre fragment du Plocium de Caecilius où le mot quando apparaît également : « Caecilius in Plocio : “uiuas ut possis, quando nequit ut uelis”. »
139. Hom., Il. 2.570.
140. A. Rh., Arg. 1.224.
141. Dans ces exemples, ce sont respectivement les diphtongues de ἒυκτιμθμαςε et de πάἵς qui sont scandées en deux syllabes. Mais c’est sans réel rapport avec l’acrobatique scansion de qu/an/do en trois syllabes !
142. Fabricius oppose la théorie et ses nombreuses variations (déployées chez les autres auteurs cités), et la théorie appliquée à la seule réalisation pratique des tragédies de Sénèque, plus simple, car découlant des règles grecques.
143. Hor., O. 1.25.
144. Hor., O. 2.16.
145. Voir encore J. Soubiran, « Pauses de sens et cohésion métrique dans les vers lyriques latins (I) »,
146. Sen., Hipp. 1131.
147. Sen., Ag. 599. Dans l’édition de référence : non acies feras puluereamue nubem. Le vers est encore cité en sections 109 et 130.
148. Sen., Herc. F. 882-883.
149. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2635.
150. Sen., Herc. Œ. 1095.
151. Ce qui ferait alors quātuōr et donnerait à nouveau un spondée.
152. Sen., Hipp. 773-774.
153. Sen., Ag. 603-604. Dans l’édition de référence : indomitumque bellum. / Perrumpet omne seruitium.
154. Sen., Ag. 853. Dans l’édition de référence : extimuit manus insueta carpi.
155. On a donc ici un P3 molosse, substitution non mentionnée en théorie, mais qui semble possible, sa durée étant la même que celle du choriambe.
156. Le tribraque est noté ainsi alors que nous écririons u u u.
157. Sen., Ag. 614.
158. Sen., Oed. 406-407. Dans l’édition de référence : uotis, quae tibi nobiles / Thebae, Bacche, tuae.
159. Sen., Ag. 622. Dans l’édition de référence : perdidit in malis extremum decus.
160. Sen., Ag. 599. Dans l’édition de référence : non acies feras puluereamue nubem.
161. Sen., Ag. 831.
162. Sen., Oed. 729. Avec une inversion des deux mots en gras dans l’édition de référence, ce qui modifie la scansion : ē / rēxīt / cōerŭlĕŭm / căpūt.
163. À noter qu’ici ne figure pas le schéma métrique
164. Sen., Oed. 450.
165. Sen., Oed. 461.
166. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2135-2136, Elle sera reprise vers la fin du traité à propos des vers alcmaniens, employés parfois par les deux tragiques dans leurs chœurs.
167. Ter. Maur., De Litteris, De Syllabis, De Metris 2137-2140.
168. Il est question du tétramètre acatalectique, qui se trouve en série dans les chœurs tragiques de Pomponius Secundus et de Sénèque. Il était également employé dans la lyrique, chez Archiloque et Alcman ; voir C. Cignolo, 2002, tome 2 p. 519-520. Vers cités dans Sq1589_Plantinus_p5 et Sq1611_Heinsius_p3.
169. Sen., Oed. 453.
170. La référence demeure introuvable.
171. La référence demeure introuvable.
172. Sen., Ag. 589.
173. Hēu quām)/ dūlcĕ mălūm / mōrtālĭbŭs āddĭtŭm.
174. Sen., Ag. 594-595. Il édite iniqui. Dans les éditions modernes : procella Fortunae mouet aut iniqui / flamma Tonantis. Ce n’est pas du tout la scansion que les Modernes retiennent, avec deux trochées liminaires. Son analyse de la coupe trochaïque (une diérèse après ces deux trochées) aurait pu être judicieuse s’il n’avait pas considéré ce vers comme dactylique. Mais c’est sans doute cette clausule d’hexamètre bien connue qui le conduit à interpréter ainsi ce vers. Licence signalée dans Lateinische Grammatik : auf der Grundlage des Werkes von Friedrich Stolz und Joseph Hermann Schmalz / Manu Leumann, p. 133 (et exemple d’Hor. Epo. 16.32)
175. Sen., Oed. 910.
176. Des pieds trochaïques et une fin dactylique sont normalement incompatibles. Il y a une opposition des deux rythmes, dactylique et trochaïque, qui seule peut justifier la terminologie de « césure trochaïque ».
177. On verrait plutôt ici un vers glyconique, composé de trochée, choriambe, iambe. Fabricius a déjà cité ce vers au chapitre des vers trochaïques catalectiques.
178. Sen., Ag. 623. Fortiter uinci restitit annis dans l’édition de référence. Hendécasyllabe saphique.
179. Sen., Oed. 724. Hendécasyllabe alcaïque avec base iambique.
180. Sen., Ag. 609.
181. Sen., Ag. 631. Indiqué comme hendécasyllabes alcaïques avec côla inversés – notés ici en gras – dans la CUF, ce qui entraîne une élision modifiant la scansion : ēt lĭcŭ / īt dŏ / lōs vēr / sār[e] ŭt / īpsī
182. C’est en effet la fin d’un hendécasyllabe saphique.
183. Virg., En. 6.620.
184. La référence demeure introuvable.
185. Sen., Troad. 735.
186. Sen., Med. 839. Vers construit ainsi dans l’édition de référence : flagrante coma noua nupta faces, mais parfois interprété aussi comme un monomètre, dans l’édition Loeb par exemple.
187. Sen., Ag. 599.. Ce n’est pas un monomètre dans les éditions modernes : non acies feras puluereamue nubem.
188. Sen., Oed. 412. Le vers se rapproche de ce passage mais ne se rencontre pas tel quel dans les éditions modernes : Te decet cingi comam floribus uernis.
189. Les deux pieds formant le monomètre peuvent être identiques, comme dans les deuxième et troisième exemples, ou non (premier et dernier vers cités) : Fabricius entend donc que le monomètre est formé d’un pied anapestique ou d’un pied dactylique au sens large, puisque les premier et dernier monomètres comprennent, à côté, des spondées. Tous les exemples cités ici sont inspirés par la lyrique horatienne, non donnés comme des monomètres dans les éditions modernes de Sénèque.
190. Sen., Ag. 623-624. Non interprété comme un monomètre dans les éditions modernes : Troia bis quinis unius noctis / peritura furto.
191. Sen., Oed. 415. Non interprété comme un monomètre dans les éditions modernes : bacifera religare frontem.
192. Sen., Troad. 408. Monomètre répondant à la question du chœur Quaeris quo iaceas post obitum loco ?
193. Ici on ne voit pas de syllabe supplémentaire, sinon à considérer que la dernière syllabe cent s’ajoute au dactyle nata ia précédent. En outre, dans la poésie lyrique latine, il n’existe pas de monomètre de six syllabes (l’adonique est de cinq syllabes, et ensuite il y a un minimum de sept syllabes).
194. La référence demeure introuvable.