Présentation du paratexte
Il s’agit d’une seconde épître dédicatoire aux mêmes frères Saraeus, qui expose la méthode choisie par Davantès pour cette édition scolaire des comédies de Térence. Le titre courant porte la mention PRAEFATIO.
Bibliographie :- Bovier, Kevin, « Rétablir la métrique de Térence au xvie siècle : le cas du Iudicium de Glaréan (1540) », Anabases Traditions et réceptions de l’Antiquité, 29-2019, 93-106.
- Huguet, Émeline, « Macé Bonhomme, un imprimeur lyonnais du XVIe siècle », mémoire de master (Lyon 2, dir. R. Mouren), disponible sur https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/64689-mace-bonhomme-un-imprimeur-lyonnais-du-xvie-siecle.pdf
- Van Rooy, Raf, « The diversity of Ancient Greek through the eyes of a forgotten grammarian. Petrus Antesignanus (ca. 1524/1525-1561) on the notion of ‘dialect’ », Histoire Épistémologie Langage, Année 2016, 38-1, pp. 123-140 (en ligne sur https://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2016_num_38_1_3547).
Hac autem editione ubi huiusmodi lectionis uarietatem e nuda probatiorum exemplarium collatione collegeramus, id litteris Al. aut Ali. quae alias sic legi indicent, denotauimus.
Dans cette édition où nous avions différentes leçons issues de la collation brute des exemplaires valables, nous avons désigné les variantes avec les lettres Al. ou Ali. pour indiquer les autres leçons.
Verum codices ab Aldo Manutio, et nunc nuper a Mureto Venetiis summa cura emendati, maioris apud nos fuerunt auctoritatis ; quos circa illos litteris Ald.et Mu. designauimus.
Mais ce sont les livres révisés avec le plus grand soin par Alde Manuce et depuis peu par Muret à Venise qui ont eu à mes yeux la plus grande importance et que nous avons marqués des sigles Ald. et Mu.
At ubi idoneum diuersae lectionis habebamus auctorem, qui ita legendum suis scriptis testatum reliquisset, illum una aut altera littera compendii gratia designantes protulimus ; ueluti in secunda pagina est demonstratum.
Mais là où une leçon différente était proposée par un auteur valable qui a laissé trace dans ses écrits de l’explication de la leçon, nous l’avons signalé en abrégé par une ou deux initiales ; c’est ce que l’on voit en page 2.
Adduximus tamen non paucas tum castigationes tum annotationes e uariis diuersorum aliorum auctorum libris, qui ex professo non sunt Terentium commentati, ut ii, qui ea pagina enumerantur, sed in his citandis integrum ipsorum nomen praeponitur.
Cependant, nous avons ajouté en grand nombre tantôt des corrections, tantôt des notes issues de plusieurs livres d’auteurs différents qui, ouvertement, n’ont pas commenté Térence, comme ceux qui sont listés dans cette page1 ; mais quand on les cite, on met leur nom complet.
Cum uero (ut saepe fit) horum aut illorum adducta lectio numeros a metrica comicorum uersuum ratione tollit aut ita interturbat, ut praeter litteras pedum indices quippiam aliud e nostro fuerit addendum quo id excuteremus, litteram A quae Antesignanum indicet, apposuimus.
Mais quand (chose fréquente), l’ajout d’une leçon de tel ou tel supprime la scansion de la métrique comique ou la perturbe tant que, en plus des sigles symbolisant les pieds, nous avons ajouté de notre crû de quoi régler le problème, nous avons apposé la lettre A pour indiquer Antesignanus.
Annotationes autem et argumenta ex omnibus iisdem auctoribus ea ratione collegimus, et una cum uersuum dimensionibus, distinctionibus, castigationibus, ac lectionum uarietate ad sex Terentii comoedias apposuimus, ut quauis enchiridii formam non excedant, iustorum tamen in easdem commentariorum uicem facile praestent.
Quant aux notes et aux arguments, nous les avons pris de tous ces mêmes auteurs et les avons signalés en même temps que les scansions, les précisions, les corrections et les variantes textuelles pour les six comédies de Térence, sans dépasser le format du manuel mais dans l’idée qu’ils puissent jouer auprès de ces pièces le rôle des commentaires proprement dits.
Argumenta enim non solum comoediarum, actuum, et singularum scenarum occasionem, et oeconomiam, orationisque dispositionem ac distributionem, necnon partium fabulae ordinem et distinctionem planissime demonstrant, atque rerum summam complectuntur, sed etiam quid ex his, quod ad formandos hominum mores faciat, depromere debeant studiosi adolescentes ob oculos apertissime proponunt.
Car les arguments non seulement pour chaque pièce, acte et scène, développent très complètement les événements, l’économie, la disposition et la distribution de la parole, également l’ordre des rôles de la pièce et leurs particularités et embrassent la situation globale, mais aussi ils mettent sous les yeux avec beaucoup de clarté ce que de jeunes écoliers doivent en retirer pour la formation de la morale humaine.
Annotationes uero et uocum non paucarum, et multorum difficilium poetae nodorum explicationem continent, et artificium ostendunt oratorium, notatis ubique fere principalibus argumentorum et amplificationum locis, et uerborum tropis, orationumque figuris et ornamentis passim demonstratis.
Quant aux notes, elles expliquent nombre de termes et de difficultés noueuses du poète, montrent le travail oratoire en notant presque à chaque fois les lieux principaux de l’argumentation et des amplifications et en signalant les figures de mots, de pensée et les ornements qu’on y trouve un peu partout.
At quoniam non pauci fortassis erunt, quibus animum haec compendia non abunde expleant, en eis uno hoc atque eodem tempore perfectos omni ratione commentarios offerimus, in quibus nihil omnino desiderent (sicuti neque in argumentis) quod ab iisdem et aliis non paucis auctoribus e Terentii comoediis fuerit enarratum.
Mais comme il y en aura peut-être dont l’esprit ne saurait se satisfaire de ces bribes, à leur intention nous offrons dans le même temps des commentaires complets de tout type, où ils trouveront absolument tout (comme dans les arguments) de ce que ces mêmes auteurs et plusieurs autres ont pu écrire en exégèse des comédies de Térence.
Nec uero longiori nunc retardabuntur disquisitione in euoluendis eorum commentationibus, quae hactenus separatim excusae diuersis uoluminibus, aut dissitis eiusdem libri partibus continebantur.
Et l’on ne perdra plus un temps trop long à chercher à lire ces annotations qui, jusqu’ici, se trouvaient imprimées dans plusieurs livres ou, dans le même livre, dans des passages disséminés.
Illas enim in singulis paginis una cum auctoris dictione eo ordine disposuimus, ut per arithmeticas numerorum notas sibi respondentes, uno intuitu lector statim uideat quid eorum quisque in quemlibet uersum ea pagina comprehensum dixerit.
Car ces commentaires, nous les avons disposés sur chaque page avec la mention de leur auteur de manière que, grâce à un système d’appel de note chiffré, le lecteur d’un seul regard voie ce que chacun d’eux, sur n’importe quel vers de cette page, a dit globalement.
Ceterum etsi priori huius praefationis parte, de metrica Terentianorum uersuum ratione ita disseruimus, ut, si cum dimensione quam ad unumquodque carmen apposuimus, conferatur, necessarium nihil in ea desiderari possit, quia, tamen id quam breuissime fieri potuit praestitimus (ne uidelicet egrederemur extra certos enchiridii fines, quos nobis in edendo minori forma Terentio constitueramus), rati sumus non defuturos, qui breuitati, quae obscuritatis est mater, nos plus aequo studuisse quererentur, quocirca et ante singulas scenas genera uersuum, quibus constant, summatim particulatimque expressimus et in eo Terentio quem cum amplioribus commentariis emittimus, libellos de ea re docte et perite ab Erasmo2, Riuio, Scaligero, Goueano et Glareano scriptos huic epistolae subiciendos curauimus.
Par ailleurs, même si la première partie de cette préface3, nous avons évoqué la métrique de Térence de manière que, si l’on se réfère à la scansion proposée à chaque vers, on soit forcé d’admettre qu’il n’y manque rien, mais comme nous l’avons fait le plus brièvement possible (évidemment pour ne pas sortir des limites du manuel que nous nous étions fixées dans cette édition en petit format de Térence), nous avons supposé qu’il ne manquerait pas de lecteurs pour se plaindre que nous ayons par trop sacrifié à cette brièveté, laquelle est la mère de l’obscurité, raison pour laquelle, avant chaque scène, nous avons aussi signalé le type de vers utilisé, globalement et dans le détail, et dans le Térence que nous éditons avec des commentaires plus amples, nous nous sommes attaché à ajouter à cette épître les traités savants et experts d’Érasme, Rivius, Scaliger4, Gouveia et Glaréan5.
Satisfacturi praeterea Galliae pueris latinitatis rudibus, qui ipsius discendae studio Terentii comoedias circunferunt, necdum tamen in ea tantos fecerunt progressus, ut uel hos doctorum uirorum commentarios nedum ipsas comoedias ipsi per se possint intelligere, maiorum illorum commentariorum loco (in quibus difficiliora duntaxat ab interpretibus delibantur potius fere quam explicantur, quin et multa non ita facilia ab illis omnibus intacta, ne dicam dissimulanter praetermissa, quasi per se satis forent nota, etiam num remanserunt), Gallicas et ad eorum captum accommodatas interpretationes ad tres priores comoedias apposuimus.
Dans l’idée, en outre, de donner satisfaction aux écoliers français débutant le latin et qui, pour l’apprendre, font circuler en classe les comédies de Térence sans toutefois y faire encore de tels progrès qu’ils puissent lire par eux-mêmes ces commentaires des savants ni non plus les comédies mêmes, à la place de ces longs commentaires (dans lesquels les difficultés sont seulement effleurées par les exégètes plutôt que vraiment expliquées ; et encore, nombre de passages pas si faciles et qu’ils n’ont pas traités mais laissés pour compte, je ne dirais pas par souci de dissimulation, comme si la chose relevait de l’évidence, sont encore aujourd’hui en l’état), nous avons ajouté aux trois premières comédies des traductions en français, adaptées à leur compréhension.
Vt autem minori negotio uoti compotes essent, faciliusque linguae Latinae notitiam assequerentur, in eis edendis haec nobis prima cura fuit, ut sententia ubique integra manente, uerba uerbis ita redderentur, ut eorum singulorum uis et etymologia seu ueriloquium quam apposite et quoad eius fieri posset, exprimeretur.
Or, pour réaliser leur souhait à moindres frais et pour qu’ils acquièrent plus facilement le latin, dans cette édition mon premier souci a été, dans le respect complet du sens, de faire des correspondances terme à terme, en sorte que la valeur propre de chaque mot et son étymologie (ou veriloquium6) soient sensibles de la façon la plus appropriée et autant qu’elles peuvent l’être.
At quia operosum nimis, immo, ex quorumuis doctorum iudicio, fieri non potest, quin, si hoc ipsum coneris, ea quae in auctore quem transfers, apparebat uis affectuum, gratia figurarum, lepor, uenustas, concinnitas, dignitas et acumen plerumque depereant, totque orationis lumina et uirtutes extinguantur, Gallicae huic ad uerbum translationi alias interpretationes, ubi res id uisa est expetere, annexuimus, in quibus nonnumquam minori uerborum cura adhibita, sententiam germanumque sensum liberius ac diligentius expressimus.
Mais comme il est trop pénible, voire comme, au jugement de n’importe quel savant, il est impossible que, si l’on s’y emploie, ce qui apparaissait chez l’auteur qu’on traduit en fait de sentiments, de beauté dans les figures, de charme, d’élégance, d’harmonie, de décence et d’esprit disparaisse et que s’effacent tous les traits et qualités oratoires, à cette version littérale en français nous avons ajouté d’autres traductions, quand la chose paraissait le réclamer, dans lesquelles parfois, sans trop nous préoccuper des mots, nous avons cerné l’idée et le sens authentique plus librement et avec plus d’attention.
Aliquando etiam his breues annotationes inseruimus, quae quo debeant referri, alphabeti litteris inter se respondentibus est indicatum.
Parfois même, nous y avons inséré de courtes notules auxquelles on doit se référer au moyen des appels de notes alphabétiques qui se correspondent.
Eorum enim uerborum quae in continuata illa ad uerbum translatione, aliqua concluduntur alphabeti littera paululum supra reliquos eiusdem lineae characteres extante, atque hac nota. ||, paulo post subsequente, innuitur plenior diuersaue interpretatio ; aut quaedam annotatio, quaerenda in columna opposita minutioribus characteribus excusa, qua parte eadem littera et in margine, et in linea ceteris paulo eminentior apparet.
En effet, parmi les mots qui, dans cette traduction littérale continue, pour certains, se terminent avec un sigle tiré de l’alphabet légèrement au-dessus des caractères de la même ligne et avec ce signe ||, légèrement à la suite, on indique une traduction plus complète et différente ; ou alors un signe, à chercher dans la colonne opposée et imprimée en tout petits caractères, là où la même lettre se trouve en marge et sur la ligne, apparaît légèrement au-dessus.
Quae uero his notis ᴄ ᴐ comprehenduntur, in Latino exemplari non continentur quidem ; sed ex utriusque linguae proprietate, in Gallicis supplenda esse, facile quiuis assequetur.
Quant à ce qui est inclus entre ces signes ᴄ ᴐ, il ne se trouve pas dans le latin ; mais, du fait des spécificités de chaque langue, il faut le suppléer en français, chacun le comprendra facilement.
Quod autem ad accentuum appositionem attinet, idem nunc dicendum quod et in priori editione.
Pour ce qui est de l’indication des accents, il faut redire ce qui valait pour la première édition.
Eadem enim in utraque fuit consilii nostri ratio.
Car, dans la première et la seconde, c’est la même intention.
Terentii comoedias, proborum sane, et doctorum consensu in omnibus fere scholis proponi uidebam ediscendas puerulis, ad eorum os tenerum ad linguam Latinam informandam.
Les comédies de Térence, selon l’avis unanime des honnêtes gens et des savants, est au programme (je le vois bien) de presque toutes les écoles pour très jeunes gens, pour que leur bouche malléable se forme au latin.
Hic uero iudicatu difficile, puerine magis, an eorum paedagogi torqueantur, hi dum singularum dictionum hyperdisyllabarum tonum clamore summo, cum maxima molestia balbutientibus, et diuersum a uernacula lingua tonum dediscere non ualentibus, sexcenties coguntur inculcare, illi uero quod permoleste ferant aures sibi reddi surdas clamosis his ac odiosis rei eiusdem repetitionibus.
Mais là, il est difficile de savoir si ce sont les enfants ou leurs enseignants qui souffrent le plus, ces derniers, quand ils doivent mille fois inculquer l’accent tonique de chaque mot de trois syllabes ou plus à haute voix à des élèves qui balbutient à grand peine et ne parviennent pas à apprendre un ton qui diffère de leur langue vernaculaire, les premiers parce qu’ils doivent tenter de supporter que leurs oreilles s’assourdissent à force de ces odieuses répétitions criardes de la même matière !
Vt igitur labore hoc utrosque leuaremus, accentus hyperdisyllabis harum comoediarum dictionibus apposuimus ; disyllabis et monosyllabis non item.
Donc pour soulager les uns et les autres de cette peine, nous avons indiqué l’accent tonique de chaque mot de trois syllabes ou plus de ces comédies ; c’est différent pour les dissyllabes et les monosyllabes.
Nam de harum tono dubitari non potest : illae accentum priori syllabae semper habent annexum, nisi in iis quae differentiae causa ultimam acuunt, ut doctè aduerbium, ut differat a uocatiuo docte.
De fait, pour eux il n’y a pas de doute sur l’accent : les premiers ont toujours l’accent sur la première syllabe, sauf ceux qui, pour désambiguïser, l’ont sur la dernière, comme doctè adverbe, à différencier de docte vocatif7.
Harum acutus mutatur in grauem, nisi cum ultimum in clausula locum occupant.
Pour les premiers, l’accent aigu se mue en grave, sauf quand ils occupent la toute dernière place de la phrase, dans la clausule.
Idem iudicium in hyperdisyllabis, ut maxime nomen, et maximè abuerbium.
Même décision dans les mots de trois syllabes, comme maxime adjectif et maximè adverbe.
Sed pauci sunt hodie qui hoc discrimen obseruent in uoce.
Mais peu de gens aujourd’hui observent cette distinction à l’oral.
Eodem enim modo proferunt doctè aduerbium et docte nomen, maximè et maxime.
Car ils prononcent identiquement doctè adverbe et docte adjectif, maxime et maximè8.
Ideo praeter accentum illum quo ultima differentiae gratia afficitur, natiuum quoque in hyperdisyllabis uocabulis apposuimus, maximè, et in fine periodi aut clausulae, maximé.
Aussi, outre cet accent distinctif de la finale, nous avons noté aussi l’accent originel sur les mots de trois syllabes et plus : maximè et en fin de période ou de clausule, maximé.
Nam dictiones pollisyllabae, quarum paenultima breuis est aut anceps, antepaenultimam acuunt.
Car les mots polysyllabiques dont la pénultième est brève ou indifférente ont un aigu sur l’antépénultième.
Quarum uero paenultima est longa, in ea ipsa tonum habent circunflexum quidem, si et ea non sola positione, sed natura producatur et ultima sit aut breuis, aut anceps, aut sola positione producta ; alias acutum paenultima obtinebit.
Ceux dont la pénultième est longue ont l’accent circonflexe sur cette syllabe, si d’une part elle est longue non par position mais par nature et d’autre part la finale est brève ou indifférente ou longue par position ; sinon, ce sera un aigu sur la pénultième9.
Hinc excipiunt dictiones quasdam compositas, quae, non compositae uideantur, antepenultimam acuunt, licet penultima producatur : ut enímuero, quápropter, alíquando, néquando, nímirum, támetsi, déinde, périnde, próinde, alíunde, alícunde, répente, éxtemplo et similes.
Il faut traiter comme des exceptions certains composés, lesquels, paraissant non composés, ont un aigu sur l’antépénultième même quand la pénultième est longue : ainsi enímuero, quápropter, alíquando, néquando, nímirum, támetsi, déinde, périnde, próinde, alíunde, alícunde, répente, éxtemplo et d’autres similaires.
Hic illud lectorem monitum uelim, nos quoties uersus ratio alium tonum, uel aliam accentus sedem uideretur exigere, quam naturalis usus in aliqua dictione postularet, non quid uersus, sed quid prosa oratio requireret spectasse.
Ici je voudrais avertir mon lecteur que, chaque fois que la métrique semble exiger un accent autre ou une place autre pour l’accent que ce que l’usage naturel postule dans un mot, j’ai suivi non les exigences de la métrique mais celles de la prose.
Nam in ténebrae, méretrix, et similibus, antepaenultimam acuimus, quanuis paenultima, quae natura est anceps, a poeta producatur ; contra in genitiuis in îus, ut illîus, istîus, paenultimam oratorum more circumflectimus, etiam si a poeta uel corripiatur, uel omnino absorbeatur.
Car dans ténebrae, méretrix et autres similaires, nous mettons l’aigu sur l’antépénultième bien que la pénultième, indifférente par nature, soit allongée par le poète ; au contraire, dans les génitifs en -îus, comme illîus, istîus, nous mettons le circonflexe sur la pénultième à la façon des orateurs, même si le poète l’abrège ou l’élide carrément10.
Ad haec in amâbo, amândo, et similibus paenultimam accentu circunflexo notamus, quamuis ultima quae natura est anceps, in metro producatur.
À cet égard, dans amâbo, amândo, et autres cas similaires, nous accentuons la pénultième d’un circonflexe, même si la finale, qui est indifférente par nature, est allongée métriquement.
Nec te moueat quod in amândo, paenultimam positione longam circunflectamus ; non enim sola positione, sed et natura quoque producitur ueluti et in amâbo.
Et ne t’émeus pas si dans amândo nous mettons le circonflexe sur une pénultième longue par position : c’est qu’elle n’est pas seulement longue par position mais aussi par nature11, comme dans amâbo.
Iterum ualete, carissimi Saraei, XII. Calendas Decembres Anno ab orbe redempto. M. D. LIX
À nouveau adieu, très chers frères Saraeus, le 20 novembre de l’an de grâce 1559.