Clarissimo ac ornatissimo uiro domino Ioanni Dynchin, iurium interpreti dignissimo Reuerendissimique in Christo patris ac illustrissimi principis et domini domini Iacobi Episcopi Treuirensis Cancellario bene merentissimo Ioannes Adelphus Mulingus Argentinensis sese commendat.
Ioannes Adelphus Mulingus

Présentation du paratexte

Cette édition est la première édition de Plaute publiée hors d’Italie. Elle est l’œuvre d’un humaniste strasbourgeois, médecin, traducteur et polygraphe, Johannes Adelphus, auteur de la présente lettre liminaire.

Le volume, paru sous les presses de Johannes Gruninger en 1508, donne à lire, après la lettre d’Adelphus, le De vita Plauti publié dans l’édition princeps de Merula (Venise, 1472) ; il se clôt, après le texte plautinien donné sans commentaire, sur le poème de Dominicus Palladius Soranus adressé à Bernardus Saracenus, publié pour la première fois dans l’édition plautinienne de ce dernier (Venise, 1499).

Dans son épître dédicatoire, Adelphus fait d’abord l’éloge de l’éloquence (ph. 1 à 37), propose un discours épidictique puis didactique sur Plaute (38-63), la comédie (64-85) et sa métrique (86-107), loue enfin les qualités de son dédicataire (108-124). Partout, Adelphus manifeste une certaine maîtrise du réemploi : chacun de ses développements est dominé par un ou plusieurs textes sources qu’il reprend mot pour mot, adapte, condense ou complète à sa guise (sans jamais le dire). Son éloge de l’éloquence reproduit ainsi de longs développements de la Declamatio an Orator sit philosopho et medico anteponendus de Philippus Béroalde ; ses exposés théoriques sur Plaute, la comédie ou la métrique s’appuient sur l’exposé que Johannes Petrus Valla a publié dans son édition des comédies de Plaute en 1499 ; enfin, l’éloge du dédicataire se nourrit des deux liminaires épidictiques publiées par Valla et Bernardus Saracenus dans le volume de 1499.

Bibliographie :
  • Joannes Adelphus, Ausgewählte Schriften, éd. B. Gotzkowsky, Berlin-Boston, De Gruyter, 1974-2008 (4 t.).
  • Eis, Gerhard, « Adelphus, Johannes », Neue Deutsche Biographie 1 (1953) (en ligne : https://www.deutsche-biographie.de/pnd118500643.html#ndbcontent)
  • B. Gotzkowsky, « Johannes Adelphus Muling », Schaffhauser Beiträge zur Geschichte 58 (1981)
  • C. Schmidt, Histoire littéraire de l'Alsace à la fin du XVe et au commencement du XVIe siècle, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1879 (« Jean Adelphus Muling », p. 133-148)
Traduction : Mathieu Ferrand

Clarissimo ac ornatissimo uiro domino Ioanni Dynchin, iurium interpreti dignissimo Reuerendissimique in Christo patris ac illustrissimi principis et domini domini Iacobi Episcopi Treuirensis Cancellario bene merentissimo Ioannes Adelphus Mulingus Argentinensis sese commendat.

Au très fameux et très distingué seigneur Joannes Dynchin1, très honorable professeur de droit, chancelier très méritant de notre Révérendissime père en Christ et très illustre prince et seigneur Jacobus, évèque de Trèves2, Joannes Adelphus Mulingus de Strasbourg3.

Magna et uenerabilis res est eloquentia, uirorum ornatissime, cuius bono nihil praestabilius, nihil utilius, nihil iucundius, cuius beneficio sit ut tanto hominibus ipsis praestent eloquentes quanto homines ceteris animantibus antecellunt qui a prima sui originis creatione, muti paene conticuissent nisi ad eloquentiae adminicula confugissent.

L’éloquence est une grande et vénérable chose, très distingué seigneur ; rien n’est plus remarquable, plus utile, plus charmant. Si grands sont ses bienfaits que les hommes éloquents l’emportent sur les autres hommes autant que l’humanité l’emporte sur les animaux, elle qui, depuis sa création, serait restée quasi muette si elle n’avait cherché dans l’éloquence un secours.

Sine cuius nitore philosophia omnis sordescit, disciplinaeque multae obsolescunt et quasi incultae rubiginant adeo necessaria est atque conducibilis omnibus omnium ingenuarum doctrinarum eloquentia cuius denique utilitati maiestatique nihil est comparandum, quoniam una est de summis uirtutibus nobis utilissima.4

Sans son éclat, toute philosophie paraît négligée, de nombreuses disciplines tombent en décrépitude et, comme abandonnées, se couvrent de rouille, tant est nécessaire et précieuse en toute science libérale l’éloquence, dont l’utilité et la grandeur sont inégalables. Car de toutes les plus grandes vertus , elle est pour nous la plus utile5.

Quod adeo clarum est adeoque in confesso et palam omnibus ut probatione non egeat.

C’est si évident, si bien admis et reconnu par tous que nul n’est besoin de preuve.

Nam cum orator finiatur uir bonus dicendi peritus 6 , rhetorica uero bene dicendi scientia 7 , utilem esse eam confitendum est quae bonitate constat, elegantia pollet, nitore splendescit.

De fait, puisque l’orateur est défini comme un « homme de bien maître du discours », que la rhétorique est l’« art de faire de bons discours », il faut admettre que l’éloquence est utile, elle qui se fonde sur le bien, tire sa puissance de son élégance, resplendit par son éclat.

Cuius opere et opera praeclara omnia fiunt et magna siquidem ut Cicero noster auctor est libro I. nouae Rhetoricae : non parum fructus habet copia dicendi et commoditas orationis si recta intelligentia et definita moderatione animi gubernetur 8 .

Par elle, tout devient clair et grand puisque, comme le dit notre grand homme, Cicéron, au livre I de la Nouvelle Rhétorique : « L’abondance et le bon usage du discours n’ont pas peu de fruits si l’on se laisse gourverner par une droite intelligence et une juste modération dans le jugement ».

Conditores enim urbium non tam philosophica doctrina quam elegantia oratoria et illicio facundiae pellexerunt dispalatos et disgregatos homines ad ciuilitatem politicamque uiuendi rationem.

En effet, ce n’est pas tant par leur enseignement philosophique que par l’élégance du discours et le charme de leur faconde que les fondateurs de cités ont conduit des hommes, vivant isolément et séparément, à la civilisation et à la vie civique.

Consimiliter constitutores legum – quibus nihil paene emunctius, limatius et sententiosum magis – adminiculati atque adiuti fulturis eloquentiae leges saluberrimas eloquentissimasque condidere quas mox interpretes barbari foedauerunt interpretamentis.

De la même façon, c’est avec le soutien et le secours de l’éloquence que les premiers législateurs – et rien ou presque ne fut plus subtil, plus civilisé et plus sage qu’eux – ont fondé les lois les plus salutaires et les plus éloquentes ; bientôt pourtant, des interprètes barbares les flétrirent de leurs interprétations.

Formatores quoque rerum publicarum, imperatores bellicorum exercituum regere consiliis et moderari res magnas sine docta uoce et oratoris ui haudquaquam potuissent.

De même, les fondateurs de l’Etat, les généraux d’armées en guerre, n’auraient pu en aucune façon diriger de leurs bons conseils ou conduire de grandes affaires sans une voix maîtrisée et la force de conviction d’un orateur.

Denique scriptores fere omnes in omni doctrinarum genere uel eminentissimi sine pigmentis oratoriis, sine dolatorio rhetorico statim lectori nauseam faciunt et bilem mouent, adeo scriptio omnis citra elegantiam est proxima fastidio, tantamque uim habet illa quae recte a poeta prisci saeculi dicta esset anima atque omnium regina rerum oratio 9 .

Enfin, presque tous les auteurs, dans tout genre de disciplines, même les plus éminents, sans couleurs rhétoriques, sans la dolabre de l’orateur, susciteraient sans tarder, chez leur lecteur, nausée et rejet, tant toute forme d’écriture suscite presque le dégoût si l’on ne se préoccupe pas d’élégance, « tant est grande la force de celle que le poète des temps anciens avait appelée ‘l’âme et la reine de toute chose : l’éloquence’ ».

Merito apud Romanos, qua republica nulla unquam maior, nulla sanctior, nulla bonis exemplis ditior extitit, summa semper oratoribus dignitas fuit.

A bon droit, la république romaine, dont nul autre régime n’a égalé la grandeur, la vertu et n’a proposé de bons exemples en plus grand nombre, a toujours accordé aux orateurs la plus grande considération.

Et ut auctor est Cornelius Tacitus : Nullus magnam potentiam sine eloquentia est consuquutus10.

Et comme l’a écrit Tacite : « Personne n’a jamais acquis de pouvoir sans éloquence ».

Quod ut de aliis taceam nonne M. Tullius ille, orandi regula et dicendi lex, cuius ingenium Romano imperio par fuit, qui latinae facundiae pomerium promouit, ad consulatum usque amplissimamque dignitatem ex humilitate natalium et loci euectus est ?

Et cela encore, pour ne rien dire du reste : n’est-il pas vrai que le grand Cicéron, mesure du bien dire et législateur de la parole, dont le génie égala en puissance l’empire romain et qui repoussa les frontières de la langue latine, s’éleva, depuis la condition et le milieu les plus humbles, jusqu’au consultat et les plus grands honneurs ?

Quo quid utilius in Romana republica excogitari potest quo suadente legem agrariam hoc est alimenta abdicarunt romanae tribus 11 ; cuius linguae fulmen Catilinae infregit audaciam12 et ipsum proscripsit Antonium13 ; cuius nomine supplicationes a senatu decretae sunt qui maximus honor uictoribus bello ducibus datur : qui rogato ante Ciceronem habitus est nemini.14

Que peut-on imaginer de plus utile à la république romaine que Cicéron prenant la parole, « et les tribus romaines de renoncer à la loi agraire, c’est-à-dire, à leurs moyens de subsistances » ; que Cicéron, dont la foudre du langage brisa l’audace de Catilina et obtint la proscription d’Antoine ; que Cicéron au nom duquel le Sénat décréta des prières publiques, suprême honneur réservé aux chefs de guerre victorieux, dont aucun magistrat ne fut jamais gratifié avant lui.

Demosthenem quoque admirabatur Graecia, obseruabat rex Persarum et plurimus de eo apud Philippum regem sermo habebatur cuius gloria tam celebris, tam per ora omnium uolitans extitit ut anicula aquam ferens ita insusurrauerit alteri : « Hic est ille Demosthenes ! 15 ».

La Grèce admirait aussi Démosthène, le roi de Perse l’honorait et chez le roi Philippe, on tenait bien des propos sur lui ; sa gloire fut si grande et se répandit si largement qu’un jour, une petite vieille portant de l’eau chuchota à l’oreille d’une autre : « C’est le fameux Démosthène ! ».

Et olim Gorgiae rhetori Leontino a Graecia Delphis soli statua non inaurata sed aurea dedicata erat.16

Jadis, Gorgias, rhéteur de Leontium, fut le seul à qui la Grèce consacra, sur le site de Delphes, une statue non pas dorée, mais en or massif.

Tantus honos habebatur oratoriae artis professoribus.

Tant on accordait d’honneurs à ceux qui faisaient profession de l’art oratoire ! 17

Tantum etiam ea ars quae ab eloquentia proficiscitur adeo semper exculta ab Atheniensibus fuit ut neminem doctum existimarent qui caruisset eloquentia sermperque eis uiris omnis magistratus omnisque aditus ad rempublicam patuit quemadmodum de Demosthene ac Demade dicitur qui nullo generis splendore sed eloquentiae gloria ad summam dignitatem euasere.

Mieux, cet art qui procède de l’éloquence fut si constamment cultivé par les Athéniens que personne n’était tenu pour savant qui manquât d’éloquence ; toutes les magistratures et toutes les carrières dans l’état furent constamment ouvertes à ces orateurs comme il est dit à propos de Démosthène et Démade qui obtinrent les plus grands honneurs non par l’éclat de leur origine, mais par leur glorieuse éloquence.

Atheniensium quippe status popularis erat eoque accessere quique ex infima etiam plebe uiri, dummodo ea laude pollerent quam Athenienses maximum ac praestantissimum decus existimabant.

Car le régime politique des Athéniens était démocratique ; n’importe quel individu pouvait parvenir aux honneurs, quand bien même il était issu du petit peuple, pourvu qu’il tirât sa puissance de cette gloire que les Athéniens considéraient comme la plus grande et la plus prestigieuse des parures.

Vnde euenit ut tot clarissimi uiri in omni genere laudis effulserint, qualis Plato qui diuinitatis nomen acquisiuit ; qualis eius discipulus Aristoteles qui rhetoricae magister euasit ; qualis Xenophon in cuius labiis musam atticam sedisse tradunt ; qualis Theophrastus qui eloquentia suum nomen commutauit18 ; qualis Isocrates qui dicendi magister appellatus est19, ac infiniti paene alii ;

De là vint que tant d’hommes de très grand renom brillèrent de divers motifs de gloire, tel Platon qui acquit le statut d’un dieu, Aristote son disciple, qui devint un maître en rhétorique, Xénophon, sur les lèvres duquel les muses attiques, dit-on, s’établirent, Théophraste qui échangea son nom contre celui de l’éloquence, tel Isocrate que l’on a appelé le maître du discours, et une infinité d’autres auteurs.

qualis denique fuit ex Locris Timaeus et ex Tarento Archita, ad quos audiendos peruenit ea tempestate Plato ipse20 de quo diximus eamque pulcherrimam ac prope diuinam, ut in homine gentili, cum ipsorum altero disputationem habuisse constat quae fuit de mundi constitutione quam etiam Timaeum inscripsit ;

tels encore Timée de Locres et Archytas de Tarente auprès desquels, à cette époque-là, se rendit, pour les écouter, Platon lui-même dont nous venons de parler – et il est établi qu’il eut une discussion très belle et quasi divine, pour autant qu’il est possible à un païen, avec le premier des deux, qui porta sur la création du monde ; il la publia sous le titre Le Timée – ;

qualis etiam ex Syracusis Archimedes et ex illa Italiae parte Charundas, ex Locris Seleucus e quibus Platonem ipsum plura didicisse ex suis Legibus constat.21

tels Archimède de Syracuse, Charundas, de cette région-ci de l’Italie, et Seleucus de la cité de Locres dont il est établi, d’après Les Lois, que Platon lui-même a beaucoup appris.

Hos sequuti Romani quorum auctoritatem tantam fuisse existimem ut omnium pulcherrimam rerum quas aut natura nobis peperit aut auxit industria non dubitem ab ea ciuitate maturitatem et incrementum cepisse ; cum alibi orta sit eloquentia, hic uero consummata.

Les Romains les ont suivis ; j’estime que leur autorité fut telle que, sans nul doute, la plus belle de toutes les choses que la nature a produites pour nous ou bien que l’activité humaine a fait croître doit à cette cité son accomplissement et son développement : quoique l’éloquence fût née ailleurs, c’est bien là qu’elle s’est pleinement épanouie.

Nec nulla fuit respublica, quae tot ac tantis tamque illustribus exemplis, in quouis genere laudis floruerit, postquam ceterae artes summa cum dignitate semper fuerint a Romanis excultae, unde et Numa ex Sabinis ad regnum est erectus et ex Arpinatibus Cicero ac ex Tusculo Cato ad senatorium usque ordinem summumque consulatum sunt euecti.

Et il n’y eut aucun régime qui ait vu fleurir de si nombreux, de si grands et de si beaux exemples et motifs de gloire, en tout genre. Les Romains ont toujours cultivé avec les plus grands honneurs tous les talents ; et c’est ainsi que Numa, un Sabin, est devenu roi, que Cicéron, depuis Arpinium, Caton, depuis Tusculum, ont été élevés jusqu’à l’ordre sénatorial et au consulat suprême.

Tardius autem a nostris ea ars cognita fuit. Quandoquidem Italia ipsa grauioribus ab initio intenta studiis aut rei militaris disciplina detinebatur in qua ceteris gentibus praeesse operae pretium existimabat, aut philosophiae cupiditate omniumque humanarum rerum et diuinarum inuestigendaeque naturae desiderio et ueritatis cognoscendae amore afficiebatur.

Pourtant, cet art fut reconnu trop tardivement par les nôtres, car l’Italie elle-même, tournée, depuis le début de son histoire, vers des questions plus graves, soit se préoccupait de science militaire – en quoi elle estimait bon de l’emporter sur les autres peuples – soit se livrait à son goût pour la philosophie, à son amour pour les sciences humaines et naturelles ainsi qu’à sa passion pour la Vérité.

In homine quippe duo sunt praecipua ratio scilicet et oratio.

Car, en l’homme, il y a deux éléments principaux : la raison bien sûr, et la parole.22

Vnde ab Apuleio homines finiuntur ratione plaudentes oratione pollentes 23 .

Dès lors, chez Apulée, les hommes sont définis comme « applaudissant à la raison, dominant par la parole ».

Sed ratio sine oratione prope mutila est et manca.

Mais la raison sans la parole est presque mutilée et estropiée.

Quare si nihil ab illo parente rerum fabricatoreque mundi deo melius oratione accepimus, sic utilissimum esse nemo non nouit eloquentia pollere senatum, populum, exercitum, mortalesque omnes in quae uelit orator ducere, si uiribus orandi tantum assequi potest ut fulgere fulminare tonare quod Pericli contigit uideatur orator.24

C’est pourquoi si, de Dieu, le père de toute chose et le créateur du monde, nous n’avons rien reçu de mieux que la parole, de même nul n’ignore combien il est utile de pouvoir diriger par l’éloquence le sénat, le peuple, l’armée, tous les mortels là où l’orateur veut les mener25, s’il est vrai que l’orateur, par la puissance de son discours, peut obtenir de paraître « fulminer, gronder, tonner », comme ce fut le cas de Périclès.

Effectus namque eloquentiae est audientium approbatio 26 ut Cicero scribit in secunda Tusculana.

Et de fait, le but de l’éloquence est l’approbation des auditeurs, comme l’écrit Cicéron dans la seconde Tusculane.

Eloquentiae itaque studendum est, etsi ea quidam et priuatim et publice abutuntur peruerse, sed eo quidem uehementius ne mali magno cum detrimento bonorum et communi omnium pernicie plurimum possint, cum praesertim hoc sit unum quod ad omnes res et priuatas et publicas maxime pertineat, hoc tuta, hoc honesta, hoc illustris, hoc eodem uita iucunda fiat.Nam hinc ad rempublicam plurima commoda ueniunt 27 ut poeticum illud uerum fiat :

« Il faut donc se consacrer à l’éloquence, même si certains, dans les affaires publiques et privées, en font un très mauvais usage, et cela avec d’autant plus de zèle qu’il faut éviter que les méchants, au grand dommage des gens de bien et pour la ruine de tous, l’emportent, parce que surtout elle est le seul art qui s’applique au plus haut point à toutes les affaires privées et publiques et qui rende notre existence sûre, digne, glorieuse et agréable. En effet, d’elle la République tire de très grands avantages ». Ainsi s’impose cette vérité poétique :

Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci. 28

« Il a enlevé tous les suffrages celui qui a mêlé l’utile à l’agréable »

Parum enim prodest eloquentia sine sapientia.29 Petrarcham testor in de remediis aduersae fortunae.

Car l’éloquence sans sagesse n’est guère utile ; j’en prends à témoin Pétrarque, dans ses Remèdes à la mauvaise fortune.

Si moderatrix omnium rerum praesto est sapientia hinc ad ipsos qui eam adepti sunt laus eos et dignitas confluit. 30

« Si la sagesse, modératrice de toute chose, l’accompagne, grâce à elle, ceux qui la pratiquent accumulent gloire et honneurs.

At mihi quidem uidentur homines, cum multis rebus humiliores et infirmiores sint, hac re maxime bestiis praestare quod eloqui possunt.

De plus, il me semble que les hommes, alors qu’ils sont plus misérables et plus faibles sur bien des points que les animaux, l’emportent surtout sur eux par leur capacité de parler.

Quare praeclarum mihi quiddam uidetur adeptus is qui qua re homines bestiis praestet ea in re hominibus ipsis antecellat. 31

C’est pourquoi il me semble avoir atteint un résultat remarquable celui qui, par là où les hommes l’emportent sur les bêtes, lui-même l’emporte sur les hommes ».

Haec ex prooemio ueteris rhetoricae Ciceronis ad uerbum colliguntur.

Je cite mot pour mot la préface de l’Ancienne rhétorique32 de Cicéron.

Sed quorsum tam multa de eloquentia ?

Mais pourquoi parler si longuement de l’éloquence ?

Vt intelligatis quantum mortalibus cunctis Plautus latinae linguae parens, Romani eloquii tuba praestet, ueteribus et neotericis etiam scriptoribus.

Pour que vous compreniez combien Plaute, le père de la langue latine, trompette du parler romain, l’emporte sur tous les autres mortels, sur les anciens comme sur les nouveaux auteurs.

De quo ita scripsit Laertius.

Diogène Laërce a écrit sur ce sujet :

Plautus poeta comicus Tullii discipulus Romae claruit ; fuit autem eloquentissimus. 33

« Plaute, le poète comique, se distingua à Rome comme élève de Cicéron ; il fut très éloquent ».

Vnde ex eius cognitione eximia quaedam multis emanauit utilitas.

Ainsi, la connaissance de cet auteur se révèle des plus utiles pour beaucoup.

Nam, ut Augustinus inquit, ad eloquentiam comparandam plus confert eloquentes ipsos consulere et saepe manibus uersare quam circa artis praecepta sese occupare.34

En effet, comme le dit Augustin, pour acquérir l’éloquence, il importe davantage de consulter les hommes éloquents eux-mêmes et de les feuilleter souvent plutôt que de se préoccuper des préceptes de l’art.

Quare non mediocrem a nobis praestitam fuisse diligentiam pii lectores sciant ut Plautina lectio iuuaretur, sales quoque ac ioci sensusque iucundissimi lepidissimi poetae innotescerent, cum ob incognitam uetustatem tum maximam rerum caliginem in qua re Sisenna alioqui grauis auctor et Varro qui undecumque doctissimus est cognominatus, nedum Donatus, Seruius et plerique alii grammatici non parum inuigilauerunt ut nobis Plautum ex incognito cognitum facerent.

Aussi, que les lecteurs dévoués sachent que nous avons accordé, tant à cause de son exceptionnelle ancienneté qu’à cause de sa très grande obscurité, un soin non négligable à ce que la lecture de Plaute leur agrée, à ce qu’ils connaissent aussi le sel, les plaisanteries et l’esprit très plaisants du plus spirituel des poètes ; en la matière, Sisenna, auteur très important, Varron qui partout est dit « très savant », ainsi que Donat, Servius et beaucoup d’autres grammairiens se sont donné beaucoup de peine pour nous faire comprendre ce Plaute si mal compris.

Iam enim punice, iam graece, iam latine loquitur.

En effet, il s’exprime tantôt en punique, tantôt en grec, tantôt en latin.

In quibus quaedam fortassis deprauata sese offerunt quae studiosis interpretibus committenda duxi, contentus hoc uno ut uerborum series elegantissimaque structura quantum possibile erat omnium oculis exponeretur atque ob uenerandam antiquitatem castigatius annotaretur et hoc elegantiore typo exprimendo publicaretur.

Des passages corrompus peuvent se présenter, que j’ai cru devoir confier à de studieux interprètes, en me souciant de cela seul : que la succession des mots et la structure très élégante des phrases, autant qu’il était possible, soient offertes aux yeux de tous, qu’elles soient corrigées, en raison de leur vénérable antiquité, de manière à les rendre plus convenables et qu’on les publie avec ces caractères plus élégants.

Quali uero stilo et grauitate in scribendo uti soleat, quis est qui satis digne explicare posset.

Mais quel style et quelle énergie Plaute a coutume d’employer dans l’écriture, qui est celui qui saurait l’expliquer dignement ? 35

Non illum uarietas rerum confusum ; non simplicitas fastidientem reddit ; nec in tenui atque humili materia exanguis ac ieiunus est.

La variété des sujets ne le rend pas confus, leur simplicité ne le rend pas ennuyeux ; et dans les matières légères et humbles, il n’est ni exsangue ni faible.

In copia uero ac magnitudine non turgescens ac uastus exit.

Dans l’abondance et la grandeur, il ne se montre ni enflé ni démesuré.

Verum ipse citra tumorem plenus et lenis. citra mollitiem permanet nec luxuorise effluit.

Au contraire, sans enflure il reste abondant et reste doux sans mollesse ; il ne s’épanche pas avec excès.

Nec nimia sterilitate tabescit ; in asperis rebus non salebrosus nec languens in mollibus ; non uiolenta et coacta oratione subsultans ; non ita tamen copiosus ut nimius ; neque ita suauis ut lasciuus, neque adeo lenis ut remissus, non sic tristis ut horridus, neque ita simplex ut nudus.

Une excessive sécheresse ne l’affaiblit pas ; dans les matières difficiles, il n’est pas âpre, ni languissant dans les matières légères ; dans les discours violents et resserés, son style n’est point saccadé ; il n’est point abondant jusqu’à l’excès ; il n’est point doux jusqu’à l’affectation, ni tendre jusqu’au relâchement, ni affligé jusqu’à sembler désagréable, ni simple jusqu’à sembler nu.

Nec ita comptus ut affectasse compositione uideretur. Par uerbis materiae ; par sententiis rebus.

Il n’est pas soigné jusqu’à sembler affecté dans son effort de composition ; il se montre à la hauteur des événements dans ses paroles ; à la hauteur des propos tenus dans les faits.36

Dies me profecto deficeret, si omnes orationum suarum uirtutes enumerare uellem.

Le temps me manquerait si je voulais énumérer toutes les qualités de son style.

Siue enim rhetorica sit persuandendi opifex ac suadae medulla 37 , ut ab initio diximus, siue persuadere siue benedicere finis sit et summum in oratore bonum, utrumque id munus impleuisse uidebitur atque apud uos persuasibiliter dixisse qui hoc ipsum enixe obseruauit quod inter eloquentiae praecepta potissimum obseruari perceperat rhetor ille nobilissimus Demosthenes, ut testis est Valerius libro VIII, pronuntiationem scilicet, quam secundo et tertio obseruandam eloquenti respondit.38

En effet, que la rhétorique soit ouvrière et « moelle de la persuasion » comme nous l’avons dit depuis le début, ou que le but et le bien suprême de l’orateur soit de persuader ou encore de bien parler, il semblera avoir rempli chacune de ses deux missions et s’être exprimé de façon persuasive auprès de vous celui qui a suivi avec beaucoup d’effort le principe même dont, parmi ceux de l’éloquence, Démosthène, le très illustre orateur, selon le témoignage de Valère Maxime dans son livre VIII, avait éprouvé l’importance majeure, à savoir l’action, dont il répondit par trois fois qu’elle devait avoir toute l’attention de l’orateur.39

Taceo nominum etymologiam, quae in comoediis introducuntur quibus nihil grauius, nihil sapientius et ex arti locatum reperitur.

Je passe sur l’étymologie des noms qui sont introduits dans les comédies. On ne trouve toutefois rien de plus important, de plus savant ni de plus conforme à ce qu’on attend d’un traité.

Et licet diuus Hieronumus super Eusebio dicat : « Plautus ex umbria Sarsinas Romae moritur qui propter annonae difficultatem ad molas manuarias se ac operam suam pistori locauerat : ibi quotiens ab opere uacaret scribere fabulas et uendere solitus consueuerat. 40 »

Je citerai en revanche ce que dit saint Jérôme traduisant Eusèbe : « Plaute, né à Sarsina, en Ombrie, est mort à Rome ; à cause de difficultés pour subvenir à ses besoins, il avait loué ses services à un boulanger pour pousser ses meules à bras ; là, à chaque fois qu’il avait un moment libre, il avait pris l’habitude d’écrire des pièces et de les vendre »41.

Quarum tres eum in pistrino conscripsisse Gellius ex Varronis sententia affirmat.42

Aulu Gelle affirme, d’après Varron, qu’il écrivit trois d’entre elles au moulin.

Nempe tantum a fortuna uexatus ut Homerus, ut plerique alii uiri doctissimi !

Oui, il fut vraiment accablé par le sort, comme Homère et un très grand nombre d’hommes de savoir !

Nihil tamen de diuina eius minuitur eloquentia quandoquidem doctissimorum uirorum consensu, in eo dicendi genere primas tenet.

Cependant, il ne perdit rien de sa divine éloquence puisqu’assurément, selon l’avis unanime des savants, il tint les premiers rangs dans son domaine.

Caecilio et decem comicis latinis ob grauitatem solum primus tribuitur locus.Ceteros in secundo loco superare facile conceditur, 43 ut non iniuria dixerit Varro Musas (Epistonis sententia44) Plautino sermone loquuturas fuisse, si latine loqui uellent 45 .

Parmi dix comiques latins, on attribue la première place à Cécilius, pour sa gravité. À la seconde place, on convient que [Plaute] surpasse aisément tous les autres, puisque Varron a dit, non sans raison, que les Muses, selon l’avis d’Aelius Stilon, « parleraient la langue de Plaute, si elles parlaient latin ».

Cui etiam accedere uidetur Quintilianus, astipulari Aulus Gellius quandoquidem Plautum Romani eloquii delicias appellauit46, Macrobius quoque cum animaduerto inquit duos quos eloquentissimos antiqua aetas tulit comicum Plautum et Oratorem Tullium in iocorum uenustate aliis procelluisse 47 .

Quintilien semble d’accord avec cela, comme Aulu-Gelle puisqu’il il appelle Plaute « délices de la langue de Rome », de même Macrobe lorsqu’il dit « je remarque que deux des auteurs que l’Antiquité a tenus pour les plus éloquents, Plaute le comique et Cicéron l’orateur, l’emportent par le charme de leurs plaisanteries ».

Plautus etenim ea re clarus fuit, ut comoediae quae post mortem eius incertae ferebantur de iocorum copia dicendique uenustate Plautinae notae fuerint ac de Plauto hactenus.

De fait, Plaute fut aussi célèbre en cela, si bien que certaines des comédies, dont après la mort de Plaute l’auteur demeurait incertain, lui furent attribuées car les plaisanteries y étaient nombreuses et l’expression en était agréable ; mais c’est assez à propos de Plaute.

Iam de comoedia paucula colligamus.

Maintenant, rassemblons le petit nombre des informations que nous avons collectées sur la comédie.

Quarum uiginti Plauti nomine circumferuntur nam plures ista tempestate non comparent.

On attribue généralement à Plaute vingt comédies ; de fait, aujourd’hui, on n’en possède pas davantage.

Comoedia autem ipsa poemata dicuntur quae initio in uicis iuuenes cantare soliti essent crebro conuenientes. 48

On appelle comédies les poèmes qu’au départ auraient eu l’habitude de chanter, pour gagner un peu d’argent, les jeunes gens qui régulièrement se réunissaient pour cela dans les villages.

Est autem comoedia poematis notum genus in quo humiles fere personae introducuntur, quamuis antiqua comoedia et grandis et elegans et uenusta erat. Nullaque aut similior oratoribus aut ad oratores faciendos aptior. Praecipui eius auctores Aristophanes, Eupilus et Cratinus fuere.49

La comédie est un genre bien connu de poème qui met en scène des personnages d’humble condition, quoique la comédie antique soit élevée, élégante et plein de charme. Il n’y a rien de plus semblable à l’art de l’orateur ou apte à former les orateurs. Ses principaux auteurs furent Aristophane,Eupilus50 et Cratinus.

Hanc quidam ita difiniuerunt :

Certains l’ont définie ainsi :

Comeodia est priuatae ciuilisque fortunae sine periculo uitae comprehensio. 51

La comédie est une représentation de la fortune privée et publique sans péril pour la vie.

Et nomen a uino seu comessatione quod olim in huiusmodi fabulis amantium iuuenum compotationes et conuiuia canebantur.52

Elle titre son nom du vin ou des cortèges parce que jadis dans ce genre de pièces on célébrait les chants et les banquets de jeunes gens amoureux.

Et differt a togata qui in comoedia Graeci ritus inducuntur Graecaeque personae, in illa uero Latinae. 53

Et elle diffère de la comédie en toge parce que dans ce type de comédie, on représente des pratiques et des personages grecs ; dans la togata, ils sont latins.

Comoediam uero Aristotelis sententia Megarenses sibi asciuerunt. Illic siquidem erat poeta Epicarmus et Phormis. Principium namque ex Sicilia uenit sicut apud Athenienses Crates primus incepit. Comoedia inquit Aristoteles est improborum imitatio non per omne uitium scilicet dumtaxat eorum pars ridicula.54

D’après Aristote, les habitants de Mégare prétendaient que la Comédie était née chez eux. Car ils comptaient parmi eux les poètes Epicharme et Phormis. Ainsi elle a pris son origine en Sicile ; de même chez les Athéniens, Cratès fut le premier à en composer. Aristote dit que la comédie est une imitation des hommes sans vertu, prenant pour objet non pas le vice dans son ensemble, mais leurs ridicules.

Tradunt alii comoedias, tragoedias et satyras initium a rusticanis hominibus habuisse apud Athenienses diuitum conquerentibus iniurias, et primo uersus confixisse Susarionem et inde consecutos qui Priscam scripsere comoediam.

Certains rapportent que la comédie, la tragédie, la satire tirent leur origine des paysans, autour d’Athènes, qui se plaignaient des injustices sociales, que Sussarion, le premier, composa des vers comme ceux qui, ensuite, firent l’ancienne comédie.

Secundo tempore successit mitior comoedia ut Menandri et Philemonis.

Dans un second temps, vinrent des comédies moins virulentes, comme celles de Ménandre et Philémon.

Alii a diuinis rebus principium fuisse putauerunt.

Certains ont pensé que la comédie avait une origine religieuse.

Successit uetus his comoedia non sine multa Laude sed in uitium libertas excidit et uim. 55

« Vint à leur suite l’ancienne comédie, accueillie avec beaucoup de faveur, mais la liberté y tomba dans l’excès et la violence ».

Comoediarum aliae motoriae id est turbulentae, aliae statariae, id est quietiores, mixtae aliae ex utroque consistentes. Comoediae partes quattuor : Prologus, hoc est praefatio ; prothesis, primus actus; epithasis, incrementum processusque turbarum. Catastrophe conuersio rerum ad iucundos exitus.56

Parmi les comédies, les unes sont dites motoriae, c’est-à-dire agitées ; les autres statariae, c’est-à-dire calmes ; d’autres sont dites mixtes et participent des deux. La comédie a quatre parties : le prologue est une préface ; la protase correspond au premier acte ; l’épitase présente le développement et le progrès des embarras ; la catastrophe offre un renversement de situation qui aboutit à une fin heureuse.

Membra comoediarum tria : diuerbium, canticum et Chorus.

La comédie est constituée d’une triple matière : le dialogue, le chant, le chœur.

Argumentum est res ficta quae tamen fieri potest, uelut comoedia 57 ; per quod a fabula et historia differt quarum alterum factum est, alterum fieri non potest.

L’argument est une matière fictive mais qui pourrait se produire comme la comédie ; en cela, elle diffère de la fable et de l’histoire : cette dernière s’est déjà produite, la première ne le peut pas.

Comoediarum propemodum omnium carmen certe iambicum est.

Le vers de presque toutes les comédies est le vers iambique.

Sed cum iambici carminis innumerabiles sint species, utuntur comici in prologis trimetro.

Mais tandis que les types de vers iambiques sont innombrables, les auteurs comiques utilisent le trimètre dans les prologues.

Vbi autem ad concertationem sermonum deuenitur, aliquando tetrametro, quandoque etiam pentametro.

Quand ils en viennent aux joutes verbales, ils utilisent parfois le tétramètre, parfois même le pentamètre.

Est enim iambicum metrum multiplex.

Car il y a diverses formes de vers iambiques.

Monometrum quod duobus pedibus constat, dimetrum quod quaternis.

Le monomètre, qui contient deux pieds ; le dimètre, qui en contient quatre.

Trimetrum autem appellatur quod senis conducitur pedibus ; tetrametrum octonis ; Pentametrum denis ; hexametrum duodenis.

Le trimètre est ainsi appelé parce qu’il comporte six pieds ; le tétramètre huit ; le pentamètre dix, l’hexamètre douze.

Quod breuitas iambi efficit ut duo pedes pro uno habeantur.

Car la brièveté de l’iambe fait que deux pieds sont comptés pour un.

Est et aliud metrum iambicum Acatalecticum nempe integrum. Catalecticum cui deest ; brachycatalecticum58 ubi syllaba uel tempus deest ; hypercatalecticum ubi superest uel syllaba uel pes dimidius.

Il y a aussi le vers iambique acatalectique, c’est-à-dire complet ; le vers catalectique, à qui il manque une syllabe ; le vers brachycatalectique, quand manque une syllabe ou un temps ; le vers hypercatalectique, quand une syllabe ou un demi-pied s’ajoute.

His utuntur comici omnibus generibus.

Les comiques utilisent tous ces genres de vers.

Dictum est autem carmen iambicum a iambizo quod est conuicior, quamuis Polystephanus a Iambe ancilla nomen habuisse estimet.

Le vers iambique a tiré son nom de « iambizo », c’est-à-dire, « j’injurie ». Toutefois Stephanus estime que son nom vient de la servante Iambe.

Alii ab Archiloco carmen illud originem habuisse ferunt ut testatur Horatius :

D’autres rapportent qu’il tient son origine d’Archiloque, comme l’atteste Horace :

Archilochum proprio rabies armauit iambo. 59

« La rage arma Archiloque de l’iambe qui lui était propre ».

Aristoteles tamen existimat inuentum quod plus ceteris pedibus sermonibus congruat omnibus quandoquidem loquendo etiam impendenter in iambicum incidamus metrum.60

Mais Aristote pense qu’il a été inventé parce qu’il convient plus que les autres pieds à tous les genres de propos. En effet, quand nous parlons, nous prononçons incidemment, même sans le savoir, des vers iambiques.

Ad tardandam itaque iambi celeritatem locis imparibus spondeus admissus est61 ut testatur Horatius et quia longa in breues resoluitur.

C’est pourquoi, pour ralentir le rythme de l’iambe, un spondée est admis en position impaire, comme Horace l’atteste et parce qu’une longue équivaut à deux brèves.

Resoluta iambi longa in duas breues etiam tribrachus admittitur in locis paribus.

La longue de l’iambe se résolvant en deux brèves, le tribraque est admis en position paire.

Resoluta spondei prima anapaestus ; resoluta secunda dactylus ; resolutis ambabus proceleusmaticus.

Quand la première longue du spondée se résoud en deux brèves, on a de même un anapeste, et quand c’est la seconde, on a un dactyle. Quand ce sont les deux, on a un procéleusmatique.

Quare in iambico quidem carmine pedes admittuntur, iambus pater et ad tarditatem inuehendam spondeus ; ob resolutionem dactylus, anapaestus, proceleusmaticus et tribrachus.

C’est pourquoi dans un vers iambique sont admis les pieds suivants : l’iambe, le père ; le spondée, pour le ralentir ; par résolution le dactyle, l’anapeste, le procéleusmatique et le tribraque.

Pyrrhichius autem propter indifferentem ultimam syllabam in fine recte collocatur.

Le pyrrhique aussi trouve sa juste place à la fin car la syllabe est alors indifférente.

Ephestion uero de iambico locutus carmine iambicum inquit metrum in primis recipit in regione impari (hoc est locis imparibus : prima, tertia et quinta) iambum tribrachum spondeum dactylum anapaestum.

Mais Hephestion parlant du poème iambique dit que le vers iambique reçoit principalement en position impaire (c’est-à-dire aux places impaires : les première, troisième et cinquième) un iambe, un tribraque, un spondée, un dactyle, un anapeste.

Pari uero hoc est secunda quarta et sexta iambum trabrachum et anapaestum.

En position paire, c’est-à-dire en seconde, quatrième et sixième position, un iambe, un tribraque, un anapeste.

Hoc apud comicos perpetuo obseruatur.

On observe toujours cela chez les comiques.

Qui in aliis sedibus quam quas diximus locant non ex arte loquuntur.

Ceux qui placent en d’autres positions que celles que nous avons dites ne s’expriment pas selon les règles de l’art.

Sed his omissis ad finem properat oratio.

Mais laissons cela de côté, notre discours touche à sa fin.

Percurrens igitur, uirorum humanissime, has Plauti comoedias, in re hac enim te hominem doctissimum, eloquentiae studio ac laude eminentem, prudentia grauissimum reliquisque uirtutibus insignem iudicem mihi constituendum ratus sum, quam facile sit coram doctis et litterarum humanitatis sectatoribus comoediarum tenorem excusatum iri, quae cum libidinosa non numquam et obscena intromiscent.

En parcourant, toi le plus affable de tous les hommes, ces comédies de Plaute – car en cette affaire j’ai pensé que je devais faire de toi, homme, au savoir remarquable, éminent par le soin que tu accordes à l’éloquence et par tes mérites, de toi dont la sagesse fait la noblesse et les autres vertus l’insigne valeur, mon juge de paix –, comme il te serait facile, auprès des doctes et des amateurs de belles lettres, de disculper le contenu des comédies, qui mêlent parfois le libidineux et l’obscène !

Exploratum tamen est poeticae lectoribus non ideo ea esse a comicis adducta ut uitia persuadere adolescentesque ueneno lasciuae inficere conentur,

Cependant il est certain, pour ceux qui lisent des vers, que les comédies ne se réduisent pas, sous la plume de leurs auteurs, à tenter d’inspirer le vice aux jeunes gens et de les infecter du venin de la luxure ;

sed ut bonarum litterarum studia colant, otia caueant, mores bonos addiscant et amplectantur, malos uero mores ut eligendo euitare possint, sicque aetatem uirilem cum honore attingant et barbari esse desistant.

elles les conduisent au contraire à cultiver les belles lettres, à se méfier de l’oisiveté, à apprendre les bonnes manières, à les choyer, à savoir éviter les mauvaises en les extirpant et ainsi, à atteindre l’âge adulte dans l’honneur et à cesser de se comporter en sauvageons.

Quae abs te laudari certo cognoui cum id ipsum tua non modo circa excellentissimas quasque res elegantia sed etiam magnitudo animi et benignitas cuperet.

Et je sais assurément que tu loues tout cela puisque cela même, non seulement ton goût pour l’excellence, mais aussi ta grandeur d’âme et ta bonté le désirent.62

Quare ego qui tibi omnia debeo commitendum non statui ut isti tuo honestissimo desiderio non satisfacerem, sed liberalis hospitis more qui ientacula modo poscenti amico ipsum nisi saturum dimittere noluerit non solum ea sed alia etiam pluscula utut a tirunculo anno tari poterint edenda curaui.

C’est pourquoi moi qui te dois tout, j’ai jugé qu’il ne fallait pas prendre le risque d’ignorer ton désir, tout à fait estimable, mais, à la manière d’un hôte libéral qui, à l’ami réclamant seulement un repas, ne permet pas de partir autrement que rassasié, j’ai pris soin de faire publier non seulement ces pièces, mais un peu plus encore, dans la mesure où elles ont pu être annotées par le débutant que je suis. 63

Nhil enim praetemittere est animus quod utile credamus futurum.

Mon intention en effet est de ne rien omettre qui me semble pouvoir être utile.

Plautinas ergo fabulas, uir dotissime, cui potissimum dicaremus, cuius sincerum, prudens ac doctum subiremus iudicium, omnino aliquamdiu reputantibus nobis, occurrit nemo quem apud nos tibi praeferendum esse existimaremus, cui hanc nostram industriam (si qua modo est) inscribendam mancipandamque statuerem, quem tibi non modo anteferrem, sed ne compararem quidem siue tuae domus claritate multis anteferanda, siue sanctissimae religionis nostrae obseruantia siue doctrinae eximiae acerrimo iudicio, quae omnia mentem meam prius pendulam confirmauerunt, stabiliuerunt ut minime dubitauerim tibi esse destinandas has lucubratiunculas Plautinarum comoediarum nec immerito.

Ainsi, quand, très docte seigneur, je songeais à part moi à quelle personnalité offrir d’abord les comédies de Plaute, dont je puisse apprécier l’honnêteté, la clairvoyance et la sagesse de jugement, je n’ai vu personne qu’il fallût te préférer, à qui je jugeasse devoir consacrer et confier le fruit de mon travail (s’il en est un), que je pusse non seulement te préférer, mais même te comparer, en vertu soit de l’éclat de ta maison, qui l’emporte sur beaucoup d’autres, de ton respect scrupuleux pour notre très sainte religion, ou bien encore du jugement très sûr que permet ton exceptionnel savoir : de fait, tout cela a affermi et confirmé mon opinion, d’abord peu sûre d’elle-même, si bien que nous n’avons guère hésité à te dédier le modeste résultat de nos veillées sur les comédies de Plaute ; et nous avons eu raison.

Erectam enim ad omnem aequitatem mentem tuam omni laude dignissimam, tuamque erga studia nec iurium modo quarum doctor peritissimus haberis et es, sed omnium bonarum disciplinarum uigilantiam, satius mihi duco silentio praetereundam, quam paucis perstringendam.

Mais ton esprit, tout à fait digne d’éloge, soucieux de justice, et l’attention que tu donnes à l’étude, non seulement du droit (dont on te dit - et dont tu es - un maître des plus compétents) mais aussi de toutes les disciplines, je considère qu’il vaut mieux les passer sous silence plutôt que de les évoquer trop rapidement.

Quae enim prudentia quae probitas, quae iustitia tanta fuit quae tuis exemplis non posset illustrari ?

Quelle sagesse en effet, quelle probité, quel sens de la justice y eut-il jamais de si grands, que ton exemple ne puisse illustrer ?

Quae si tibi placuerint, uiro nostra hac aetate non illiberali animo tuo et mentis magnitudine ac religionis cultu sed etiam doctrina eximia ac propemodum singulari non parum me profecisse putauero.

Certes, si ces comédies t’agréent, à toi qui montres, parmi nos contemporains, un esprit libéral, une âme généreuse et un grand souci de la religion, mais encore une extraordinaire et singulière culture, je croirai avoir obtenu quelque résultat.

In quibus si quid minus ornatum aut non omnino elaboratum compereris, aut forte incuria omissum (non enim potest lippus quantum contendere Lynceus64) uel ignoscas, uel emendes.

Mais si tu y trouves quelque chose qui te semble moins heureux, ou en tout cas moins achevé, ou bien peut-être un oubli, à cause d’une négligence (parce que le chassieux ne peut rivaliser avec Lyncée), pardonne-moi, ou bien corrige.

Haec autem si tui acerrimi iudicii stabunt incudi, nullius formidabo Rhinocerontis nasum65, quamquam nihil moror quod si quid boni factum fuerit bonis, inuideant non boni.

Mais si l’ouvrage est remis sur l’enclume de ton très rigoureux jugement, je ne craindrai le nez d’aucun rhinocéros ; du reste, je ne me préoccupe pas de ce que, si l’on a fait du bien aux bonnes gens, les mauvaises puissent se montrer envieuses.

Proinde cum his tantis uirtutibus praeditus sis, ubi gentium quoue in loco nostrarum frugum primitae sedem sibi potuere firmiorem praestantioremque uendicare, quam apud te tuamque familiam tam multipliciter illustrem. Qui tantopere eis nec oblecteris quique nec quemquam (ut de Mecenate Horatius inquit) naso suspendis adunco66.

Ainsi, puisque tu es doté de si grandes vertus, où, en quel lieu nos premiers fruits auraient-ils pu obtenir de terrain plus ferme et plus éminent qu’auprès de toi et de ta maison, illustre à tant d’égards ? Toi que charment tant ces fruits et qui, devant aucun d’eux, ne « fronces dédaigneusement le nez », comme Horace le dit de Mécène.

Si igitur eas tibi placuisse cognouerimus, non exiguam uidebimur apud omnes laudem consecuti, qui eiusmodi scripta ab indoctis, incultis et inuidis ueteratoribus quotidie defensitas adeo ut nullae sint litterarum deliciae, nulla Germaniae musa quae non in tuas laudes merito aspiret, te tuamque illam nobilem familiam non in caelum usque summis efferat praeconiis.

C’est pourquoi il nous semblera avoir obtenu un grand motif de gloire auprès de tous si nous apprenons qu’ils t’ont plu, à toi qui as l’habitude de défendre chaque jour ce genre d’écrits face aux ignorants, aux incultes et aux madrés jaloux, si bien qu’il n’est nulle beauté littéraire, nulle poésie allemande qui n’aspire à bon droit à prononcer tes louanges et ne t’élève, toi et ta noble famille, par leurs suprêmes éloges, jusqu’aux cieux.

Sed hoc in omnium nostrum uotis est uno assensu ac simili uoluntate ut optemus : Deus optimus maximus longo aeuo te nobis et litterariae reipublicae prospere beneque ualentem conseruare dignetur.

Mais voici ce que, parmi tous nos vœux, nous souhaitons tous unanimement et d’un commun accord : Que Dieu tout puissant daigne te garder longtemps en bonne santé pour notre bien et notre bonheur et pour ceux de la république des lettres.67

Ex Argentoraco, kalendas aprilis, anno redemptionis nostrae Octauo supra quindecentesimum.

A Strasbourg, aux calendes d’avril, en l’an de grâce 1508.


1. Heinrich Duyngen, mort à Nüremberg en 1524, chancelier de l’évèque-électeur de Trèves de 1503 à 1524.
2. Jacques de Bade, évèque-électeur de la cité allemande de 1503 à 1511
3. Médecin humaniste originaire de Strasbourg, il collabora notamment, en tant que correcteur et prote, avec l’imprimeur Johannes Gruninger ; il est l’auteur de divers ouvrages de morale, d’histoire ou de géographie, en allemand et en latin ; il traduisit notamment Ficin et l’Enchiridion militis Christini d’Erasme (voir bibliographie).
4. Cic., De or. 3.55.
5. A partir de cette allusion à Cicéron, et jusqu’à la phrase 16, le texte d’Adelphus reprend mot pour mot la Declamatio an Orator sit philosopho et medico anteponendus de Philippus Béroalde (Bologne, 1497).
6. Quint., I.O. 12.1.1. Formule célèbre, notamment reprise par Quintilien citant Caton.
7. Quint., I.O. 2.15.34.
8. Cic., Her. 1.1. Cette citation de la Rhétorique à Herennius est un ajout par rapport au texte de Béroalde que suit ici Adelphus.
9. Cic., De or. 2.187. Cicéron cite ici l’Hermione de Pacuvius.
10. Tac., D. 37.3.
11. Plin., Nat. 7.117.
12. Quint., I.O. 2.16.7.
13. Plin., Nat. 7.117.
14. Quint., I.O. 2.16.7.
15. Cic., Tusc. 5.103.
16. Cic., De or. 3.129.
17. Ici s’achève la longue reprise de la Declamatio de Béroalde.
18. Cic., Or. 62.
19. Cic., De or. 2.94. Dans le De oratore, il est présenté plus concrètement comme « magister disertorum omnium ».
20. Cic., Rep. 1.10.16.
21. Cic., Fin. 5.29.87. Les Lois mentionnent bien la ville de Locres et ses habitants « les mieux policés (εὐνομώτατοι) de [leur] contrée » ; mais c’est Cicéron qui évoque le voyage de Platon auprès des pythagoriciens de Locres.
22. Avec cette phrase commence le second emprunt à la Declamatio de Béroalde, qu’Adelphus reprend là où il l’avait laissée. Cet emprunt se poursuit jusqu’à la phrase 28.
23. Apul., Socr. 4.126.
24. Quint., I.O. 2.16.19. Une partie de cette phrase – la dernière de Béroalde que cite, en la modificant dans sa structure, Adelphus – est démarquée de Quintilien.
25. En toute rigueur, les accusatifs sont compléments de ducere ; nous transposons en français
26. Cic., Tusc. 2.3.
27. Cic., Inv. 1.5.
28. Hor., P. 343.
29. Cic., Inv. 1.1.
30. Cic., Inv. 1.5. Adelphus reprend ici sa longue citation du De inventione ; le texte de Cicéron donne « honos » au lieu de « eos » qui, de fait, ne convient guère ici.
31. Cic., Inv. 1.5.
32. C’est-à-dire le De inventione.
33. Sur l’origine d’une telle affirmation, voir H. Knust, Gualteri Burlaei liber de uita et moribus philosophorum, Tubingen 1886, p. 332-334. On la retrouve à la fin du manuscrit plautinien Vat. Lat. 2831 et dans diverses éditions, complètes ou partielles, des Vitae de Diogène (e.g. Margarita poetarum, 1502).
34. Aug., Doctr. Chr. 4.3. facilius adhaeret eloquentia legentibus et audientibus eloquentes, quam eloquentiae praecepta sectantibus.
35. Cette phrase, et celles qui suivent, est la reprise mot pour mot d’un discours de Bohuslaus von Hassenstein en l’honneur de Peter Schott, humaniste strasbourgeois, publié dans le recueil de la correspondance de ce dernier (Petrus Schott, Lucubraciunculae, Strasbourg, Martin Schott, 1498 ; édition moderne par M. A. et M. L. Cowie, The works of Peter Schott, 1460-1490, vol. I, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1963, p. 318). Adelphus, son compatriote strasbourgeois, a pu facilement consulter l’ouvrage. Cependant, la suite de ce texte, à partir de la phrase 48 et jusqu’à la phrase 52, est empruntée par Bohuslaus lui-même à la lettre introductive de Giovanni Andrea Bussi, évèque d’Aleria, qui publia en 1469 son editio princeps de Tite-Live. Signalons que cet éloge du style de Tite-Live par Jean d’Aleria, qu’Adelphus applique ici à Plaute, a été repris par Juan Vivès dans son De ratione dicendi, III, 3, 24 (1533), à propos de l’écriture de l’histoire. Cf. Juan Luis Vivès, De ratione dicendi, éd. et trad. E. Mattioli, Naples, La Città del Sole, 2002.
36. Ici s’achève la longue reprise de l’éloge de Tite-Live par Jean d’Aléria, par le truchement du texte de Bohuslaus
37. Cic., Br. 59. Cicéron reprend cette formule chez Ennius.
38. Val. Max., Dictorum factorumque memorabilium libri 8.10. ext.1.
39. Adelphus adapte dans cette phrase la péroraison de la Declamatio de Béroalde qu’il a citée longuement supra ; étonnement, cette phrase fait allusion à l’actio de l’orateur, qui parle de lui à la troisième personne – mais celui qui en fait usage ici est Adelphus, alors que son texte ne semble pas, à la différence du modèle béroaldien, avoir fait l’objet d’un discours public. On pourrait aussi comprendre que Plaute est l’orateur, mais le propos se rattache mal à ce qui précède.
40. Hier., Eus. Chron. 145, Jérôme a traduit le deuxième livre de la Chronique d’Eusèbe de Césarée ; Adelphus cite, après d’autres, la 145e olympiade.
41. La suite de l’exposé sur Plaute, la comédie et la métrique reprend, en le réagençant toujours, le condensant souvent et l’enrichissant parfois, l’exposé de Joannes Petrus Valla dans son édition plautinienne de 1499 (« Johannis Petri Vallae in plautinas comoedias commentationes »)
42. Gell., Noct. 3.3.14.
43. Gell., Noct. 15.24. Aulu-Gelle cite ici Volcatius Sedigitus.
44. Ici Adelphus écrit un nom abrégé qui peut se lire Epistonis, mais il faut lire Aeli Stilonis.
45. Quint., I.O. 10.1.99.
46. Gell., Noct. 19.8.6. Nous n’avons pas trouvé cette expression à propos de Plaute dans l’œuvre d’Aulu-Gelle, qui fait en revanche du Sarsinate le « latinae linguae decus » (dans un passage où Aulu-Gelle évoque précisément l’usage que fait Plaute du mot delicia ; la rencontre de ces termes dans la même phrase peut-elle expliquer le lapsus de Valla ?).
47. Macr., Sat. 2.1.10.
48. Fest., De uerborum significatione 3.
49. Quint., I.O. 10.1.65.
50. Sic pour Eupolis
51. Diom., Ars 488, .
52. Diom., Ars 488, Voir aussi Evanthius, De fabula, 1.3. On trouve ailleurs des traces de cette étymologie (ici implicite, sans le grec, représenté par le seul commisatione ou compotationes) : Fest., 35, 1-2 (Lindsay) (par κῶμος, variante plus habituelle de κώμη) et 36, 1-2 (Lindsay) (par commissatio), Cassiod., Var. 4, 51, 7, etc.
53. Diom., Ars 490, .
54. Arstt., Poet. 1448a31-1449b9. Ces phrases, démarquées du texte cité de Joannes Petrus Valla, sont un centon d’Aristote, que le père de Valla, Giorgio Valla, avait traduit en latin.
55. Hor., P. 281-282.
56. Evanthius, De fabula 4.4-5, .
57. Cic., Her. 1.13.
58. Nous corrigeons ici la coquille vrachacatalectum.
59. Hor., P. 79.
60. Arstt., Poet. 1449a24-25.
61. Hor., P. 254-258.
62. Dans cet éloge final du dédicataire, Adelphus reprend formules et périodes de la lettre de Johannes Valla à Scaramuza Trivultius, placée en tête de son édition plautinienne de 1499, ainsi que de la lettre finale de Bernardus Saracenus à Franciscus Marcellus, dans le même volume ; nous renonçons à signaler tous les emprunts, dont les textes sources sont mêlés et réagencés.
63. L’édition en question n’est pas commentée ; le mot « annotari » est celui de Valla, qui commente, lui, le texte de Plaute ; il faut donc comprendre qu’Adelphus, ici, fait allusion à l’appareil paratextuel que constituent ses liminaires.
64. Erasme, Adagia 1054, .
65. Erasme, Adagia 722, . Le nez (dont le nez du Rhinocéros) évoque la moquerie sournoise. La formule clot la liminaire citée de Saracenus.
66. Erasme, Adagia 722, .
67. Cette péroraison, depuis la phrase précédente, reprend celle d’une liminaire de l’édition des Scenica progymnasmata de Reuchlin, publiés en 1498 : un élève fait l’éloge de l’évèque de Worms, Johann von Dalberg, devant lequel la pièce a été jouée.