De Tragico Carmine et illius praecipuis authoribus apud Graecos.
Ioachimus Camerarius

Présentation du paratexte

Joachim Camerarius revient ici sur la naissance de la tragédie (§1-12), l’origine du nom (§13-14), la définition du genre (§15-18) et les différentes parties (§19-25). La deuxième partie du texte est consacrée à l’évocation des trois poètes tragiques et mêle comparaison entre les auteurs et éléments biographiques.

Certains passages du texte seront repris ou légèrement réécrits dans d’autres paratextes de Camerarius : en 1546 le De auctoribus Tragoediae ; en 1556 le De genere scripti et le De auctore harum tragoediarum ; en 1584 le De auctoribus Tragoediae.

Bibliographie :
  • Anastasia Daskarolis, Die Wiedergeburt Des Sophokles Dem Geist Des Humanismus. Studien Zur Sophokles-Rezeption in Deutschland Vom Beginn Des 16. Bis Zur Mitte Des 17. Jahrhunderts., pubPlace, publisher, date
  • Voir Opera Camerarii
Traduction : Christian NICOLAS

De tragico Carmine et illius praecipuis auctoribus apud Graecos.

Sur la poésie tragique et ses principaux auteurs en Grèce.

Tragoediam antiquissimum carminis genus, a praemio quod poetae daretur, hircum autem fuisse ut tum non contemnendum, nomen habere, perhibent.

La tragédie est le plus ancien genre poétique et tire son nom, à ce qu’on dit, de la récompense donnée au poète (or c’était un bouc, cadeau appréciable à l’époque).

Huius inuentum Thespidi adscribitur.

L’invention du genre est attribuée à Thespis.

Nam quod aliqui ad uetustiorem multo Epigenem retulerunt, non reperit assensores.

Car l’opinion de certains de remonter à un plus ancien Epigénès1 n’a pas rencontré l’adhésion.

Hic primum oblito ore histrionum minio mox lineis personis uelato, fabulas, ut Horatius ait, plaustris uexit.2

Thespis le premier, le visage enduit du rouge des histrions, puis dissimulé derrière des masques de lin, a transporté le théâtre, comme dit Horace, sur des chariots.

De minio autem et Catullus tradidit his uersibus.

Sur le rouge, Catulle3 aussi a dit quelque chose dans ces vers :

Agricola et minio suffusus Bacche rubenti Primus inexperta duxit ab urbe choros. 4

« Et le paysan, enduit, Bacchus, d’une lie rouge vermillon, le premier mena des chœurs depuis la ville qui n’avait jamais vu ça ».

His enim ludis Bacchum celebrarunt, itaque ad honorem Deorum originem fabularum accommodant, et postea excultis moribus festis semper diebus actae fuerunt, ut Graecae, de quibus loquimur, ληναίοις, διονυσίοις, χύτροις, παναθηναίοις.

Car dans ces jeux ils célébraient Bacchus ; c’est pourquoi, en l’honneur des dieux ils accommodent l’origine des mythes puis, après avoir poli leurs mœurs, ils donnèrent toujours leurs pièces à dates festives fixes, ainsi en Grèce (celles dont nous parlons) aux Lénéennes, Dionysies, Fête des Marmites, Panathénées.

Thespidem secutus Phrynicus primus putatur mulieres introduxisse, et aliis multis modis excoluisse hoc genus poematum.

Après Thespis, Phrynicos, pense-t-on, fut le premier à mettre en scène des personnages féminins et à améliorer ce genre littéraire de multiples façons.

Plato tragoediam Homero propriam, Epicharmo comoediam5 attribuit.

Platon attribue en propre à Homère la tragédie, la comédie à Epicharme.

Alii ex Homericis carminibus utriusque faciendae occasionem datam auctoribus uolunt, ut fuerit Vlyssea quasi fons comoediae, tragoediae Ilias.

D’autres disent que les poèmes homériques ont donné aux auteurs des sujets de faire de l’une et de l’autre, avec L’Odyssée comme source de la comédie, L’Iliade de la tragédie.

Aliis placet utramque tragoediae scriptores excitasse, comoediae uero aliud quoddam scriptum Homericum, cui nomen esset Margitae, compositum iambicis uersibus. 6

Mais d’autres sont d’avis que les deux textes ont inspiré les auteurs tragiques alors que la comédie a pour source un autre texte homérique intitulé Margitès et composé en iambes.

Aeschylum etiam ferunt dicere solitum, sua scripta esse μικρά τινὰ τεμμάχια τῶν μεγάλων Ὁμήρου δείπνων, quod significat particulas de magnis coenis Homeri7.

Eschyle aussi avait coutume de dire, raconte-t-on, que ses œuvres étaient μικρά τινὰ τεμμάχια τῶν μεγάλων Ὁμήρου δείπνων, ce qui signifie « des miettes des grands festins d’Homère ».

Inditum autem huic ab hirco poëtae praemio nomen, ipsum quoque uocabulum ostendit.

Que son nom procède de celui du bouc, récompense du poète, le mot lui-même le montre.

Quod enim Horatium aliqui docere uolunt, et Athenaeus scripsit τραγῳδίαν esse quasi τρυγῳδίαν8, quam canerent agerentque peruncti faecibus ora, non uerum arbitror, cum et comoediam τρυγωδίαν9 dici inueniam, et τρυγικοὶς χόροις10 de antiqua comoedia.

Car la doctrine que certains prêtent à Horace et le fait qu’Athénée a écrit que tragoedia venait de trygoedia, parce qu’ils la chantaient et jouaient le visage enduit de lie, n’est pas vrai, selon moi, puisque je lis que la comédie est dite τρυγωδία et l’expression τρυγικοὶς χόροις pour l’Ancienne Comédie.

Sed hanc definiunt repraesentationem magnarum rerum et horribilium ac incredibilium.

Mais on la définit comme une « représentation de grandes choses, horribles et incroyables ».

Alii breuiter comprehensionem fortunae heroicae.

D’autres, brièvement, parlent de « condensé de fortune héroïque ».

Alii prolixius, imitationem rerum grauium et ingentium, quarum exitus grata oratione explicentur, ita ut singulae partes conuenientem habeant actionem, desinentibus uniuersis in misericordiam et terrores. 11

D’autres, plus longuement, la définissent comme « représentation de choses graves et grandes, dont les dénouements se déroulent par un discours agréable, en sorte que chaque partie a son action spécifique, tout finissant en pitié et en terreur ».

Argumenta autem tragoediarum quae quasi materia sunt, non modo a ueritate, sed etiam similitudine ueri abhorrent.

Or les arguments des tragédies, qui en sont comme le matériau, sont incompatibles avec la vérité ou même la vraisemblance.

Caeterum omnium fabularum sex fere partes tradidere, argumentum, personas, elocutionem, sententiam, actionem, modos.

Par ailleurs toutes les pièces passent pour avoir absolument six parties : l’argument, les personnages, le discours, la pensée, l’action, les modes.

Quae sunt Graece μῦθος, ἤθη, λέξις, διάνοια, ὄψις, μελοποιΐα.12

C’est-à-dire en grec μῦθος, ἤθη, λέξις, διάνοια, ὄψις, μελοποιΐα.

Tragoedias autem proprie absoluunt, prologo, exodo, episodio, choro : quae lubet nunc sic, contra atque aliquos fecisse scio, exponere, ut prologus sit incipientis fabulam personae locutio. Exodus histrionum post choris carmina. Episodium quicquid inseritur non flagitante argumento. Chorus autem carmen inter actus solebat accinere.13

Les tragédies sont proprement constituées de prologue, exodos, épisode, chœur, notions que je souhaite maintenant (au contraire de ce que je sais que d’autres ont fait) définir, à savoir le prologue comme le discours du personnage qui commence la pièce, l’exodos le chant des acteurs après les chœurs, l’épisode tout ce qui prend place sans que l’argument le réclame. Quant au chœur, il chantait d’ordinaire entre les actes.

Non fuerit, ut opinor, ineptum, tragoedias docendi caussa etiam in eas partes distinguere, in quas comoediae solent.

Il ne sera pas vain, je pense, pour enseigner des tragédies, de les subdiviser de la même façon que les comédies.

Eae sunt πρότασις, ἐπίτασις, καταστροφή.14

Les subdivisions sont la protase, l’épitase et la catastrophe.

Initium, Incrementum, Finis.

Le début, le développement, la fin.

Non ignoro auctorem libri de Poetica, qui Aristoteli ascribitur, duas partes quoque tragoediae facere δέσιν et λύσιν, quae uidentur communes esse inuentionum omnium.

Je n’ignore pas que l’auteur du livre La Poétique, prêté à Aristote, subdivise la tragédie en deux parties, nœud et dénouement, qui semblent partagés par toutes les sortes d’inventions.

Cum autem hoc genus expositionis contineat res singulares et minime quotidianas, ideo requirit et orationis grandidatem, ac quasi tumorem.

Or comme ce type d’exposition contient des événements singuliers et pas du tout quotidiens, il requiert du grand style et presque de l'emphase.

Vnde sicut de atrocibus casibus, ita et de uerborum relatione prouerbium usurparunt, ut dicerent tragicum exitum aut dictum, hoc est, πάθος ἢ λόγον.

C’est pourquoi, tant pour les événements atroces que pour les paroles de récit, elles tournent en proverbe, au point qu’on parle d’issue ou de parole tragique, c’est-à-dire πάθος ou λόγος (passion ou langage).

Et Luciano ξυμφορὰ τραγῳδικὴ 15 , summa calamitatum, ita enim mutauit hoc Euripideum ξυμφορὰ θεήλατος 16 et, tragice loqui 17 .

Et chez Lucien c’est le « malheur tragique », la pire des calamités . Car c’est ainsi qu’il a adapté le ξυμφορὰ θεήλατος (malheur envoyé par les dieux) d’Euripide et l’expression « parler tragique ».

Hoc laudem alicubi habet, ut sola Sophoclaeo tua carmina digna cothurno 18 , quod ad tragoedias forte factas ab Octauiano referendum.

Et c’est ici ou là un compliment, comme dans « seuls tes vers méritent le cothurne de Sophocle », en référence à des tragédies faites peut-être par Octavien.

Erat autem cothurnus calceamentum tragoedorum, ut comoedorum soccus.

Le cothurne, quant à lui, était la chaussure des acteurs tragiques comme le socque celle des acteurs comiques.

Quae pro poematis etiam ponuntur, Horatio, Hunc socci coepere pedem grandesque cothurni. 19

Par métonymie le mot désigne les poèmes : Horace, « Les socques empruntèrent ce pied ainsi que les immenses cothurnes ».

Sed cothurnus cum ad utrunque et pedem et sexum quadraret, locum dedit prouerbio, ut ipsius appellatione notarentur uersuti, et ueteratores, atque ita dictum Theramenem unum triginta Tyrannorum Atheniensium accepimus.20

Mais comme le cothurne allait aux deux pieds et aux deux sexes, il donna lieu au proverbe qui consiste à appeler ainsi les malins et les vieux routiers et ainsi appelait-on Théramène, l’un des trente tyrans d’Athènes, dit-on.

Apud Platonem uero Socrates ait κινδυνεύειν τραγικῶς λέγειν21, significans se minus usitatis uerbis uti, et quasi figurate loqui.

Et chez Platon, Socrate dit « prendre le risque de parler tragiquement », signifiant par là qu’il utilisait des termes rares et parlait par figures.

Atque hactenus de generis huius poematum appellatione, inuento, natura, disseruisse, quasi praefantes nostris commentariolis sufficiat.

Mais sur le nom de ce genre poétique, son invention, sa nature, qu’il nous suffise de nous arrêter là dans cette sorte de préface à nos notes.

Auctores autem fuere tragoediae tres eximii, Aeschylus, Sophocles, Euripides.

Quant aux auteurs tragiques, il y en eut trois excellents, Eschyle, Sophocle, Euripide.

Aeschylus horum antiquissimorum iussus per quietem a Baccho tragoedias componere, ut aiunt, scenam personarum uarietate et decore instruxit.

Eschyle, le plus ancien d’entre eux, ayant reçu de Bacchus dans son sommeil l’ordre de faire des tragédies, dit-on, équipa la scène de plus de personnages et de décor.

Ipse non poeta solum bonus, sed bellator etiam fuit, fortitudinis laudem Marathonio proelio adeptus.

Lui-même n’était pas seulement un bon poète mais aussi un soldat courageux, qui se couvrit de gloire à la bataille de Marathon.

Huic aetate inferiores Sophocles et Euripides elegantiora poemata fecerunt, referentes in scenam pleraque Aeschyli perpolita, et tanquam correcta, cum illius fabulae decreto ciuitatis agendae essent.

Plus jeunes que lui, Sophocle et Euripide firent des pièces plus élégantes, traitant à nouveau sur scène plusieurs sujets qu’Eschyle avait élaborés, et les améliorant puisqu’on fit jouer les pièces de Sophocle par un décret de la cité.

Vnde gloriatur apud Aristophanem, non interiisse secum poesin, quemadmodum cum Euripide. 22

Aussi se glorifie-t-il chez Aristophane que sa poésie n’ait pas péri avec lui, au contraire du cas d’Euripide.

Faciunt autem Sophoclem natu minorem Æschylo annis nouem, uiginti quator Euripidem.

On considère Sophocle plus jeune qu’Eschyle de vingt ans, Euripide de vingt-quatre.

Quorum ille grauior simpliciorque putatur, hic uersutior et disertior.23

Sophocle est, dans l’opinion, plus grave et plus simple, Euripide plus ingénieux et plus bavard.

Atque ad hunc modum Aristophanes illos ἐχαρακτήρισε.

Et c’est ainsi qu’Aristophane les a caractérisés.

Aeschylus collapsis inter ludos quibus ille fabulam dedisset spectaculis, Athenas deseruit, et in Sicilia paulo post mortuus est, ictus testudine.

Eschyle, alors qu’au milieu des jeux les gradins du théâtre dans lequel il avait représenté sa pièce s’étaient effondrés , quitta Athènes et mourut en Sicile peu de temps après, frappé par une tortue.

Cuius tale fertur epitaphium :

On connaît son épitaphe, qui dit :

Αἰσχύλον Ἐυφορίωνος ἀθηναῖον τόδε κεύθει μνῆμα καταφθίμενον πυροφόροιο Γέλα. ἀλκὴν δʹἐυδόκιμον Μαραθώνιον ἄλσος ἂν εἴπῃ, καὶ βαθυχαιτήεις Μῆδος ἐπιστάμενος 24

« Eschyle fils d’Euphorion, Athénien, repose dans ce tombeau ; il s’est éteint dans la féconde Géla. Sa force glorieuse, le bois de Marathon pourrait en parler ainsi que le Mède aux longs cheveux, en connaissance de cause. »

Euripides et rhetores et philosophos, inque primis Anaxagoram audiuerat, cuius casu etiam territum, putant philosophica studia reliquisse.

Euripide avait été auditeur de rhéteurs et de philosophes, particulièrement d’Anaxagore, dont la mort l’avait terrifié et incité à abandonner la philosophie.

Sunt igitur in hoc omnia argutiora, et pleraque sententiae philosophicae, ut Cicero quoque testatur exponens hanc e Theseo :

Il y a donc chez lui beaucoup d’arguties et de maximes philosophiques, comme Cicéron aussi l’atteste en citant ce passage du Thésée :

Ἐγὼ δὲ τοῦτο παρὰ σοφοῦ τινὸς μαθὼν, εἰς φροντίδας νοῦν συμφοράς τʹἐβαλλόμην, φυγάς τʹἐμαυτῷ προστιθεὶς πάτρης ἑμῆς, θανάτους τʹἀωρους, καὶ κακῶν ἄλλας ὁδοὺς ὡς εἴ τι πάσχοιμʹὧν ἐδόξαζόν ποτε, μή μοι νεαρὸν προσπεσὸν μᾶλλον δάκοι. 25

Ἐγὼ δὲ τοῦτο παρὰ σοφοῦ τινὸς μαθὼν, εἰς φροντίδας νοῦν συμφοράς τʹἐβαλλόμην, φυγάς τʹἐμαυτῷ προστιθεὶς πάτρης ἑμῆς, θανάτους τʹἀωρους, καὶ κακῶν ἄλλας ὁδοὺς ὡς εἴ τι πάσχοιμʹὧν ἐδόξαζόν ποτε, μή μοι νεαρὸν προσπεσὸν μᾶλλον δάκοι.

Nam qui haec audita a docto meminissem uiro, Futuras mecum commentabar miserias, Aut mortem acerbam, aut exilii moestam fugam, Aut semper aliquam molem meditabar mali : Vt si qua inuecta diritas casu foret, Ne me imparatum cura laceraret repens. 26

« Car depuis que j'ai appris cette leçon de sages lèvres, j'ai médité dans mon cœur les maux à venir : à la mort prématurée, à la fuite maussade de l'exil, ou à tout autre poids du malheur j'ai réfléchi à chaque instant, afin que si un hasard redoutable devait apporter la calamité, aucun souci soudain ne me prenne au dépourvu. ».

Huic obiecta ignobilitas generis fuit a comicis, quod multi refellerunt.27

Lui fut reprochée par les Comiques la bassesse de sa naissance, ce que beaucoup ont démenti.

Fabulas edidit, ut alii septuaginta quinque, ut alii nonaginta tres.28

Il a donné des pièces au nombre de soixante-quinze selon les uns, quatre-vingt-treize selon d’autres.

Palmam quinquies obtinuit, atque adeo quater in uita tantum, nam quinta iam defuncto uita obtigit

Il a eu cinq fois la palme mais seulement quatre fois de son vivant car la cinquième lui fut octroyée à titre posthume.

Sophoclem ualde multas fabulas edidisse tradunt, uicisseque XXIV.29

Sophocle, dit-on, écrivit de nombreuses pièces et obtint vingt-quatre victoires.

Hoc mortuo cum esset hostilis excercitus Lacedaemoniorum in Attica, uidere uisum Ducem tradunt assistentem sibi dormienti Bacchum mandare, ut conuenientibus inferiis prosequeretur Nouam Sirena ; hoc illum cognita morte poetae, de ipso et poematis eius interpretatum. 30

A sa mort, alors que l’armée des ennemis Lacédémoniens était en Attique, on raconte que leur général crut voir Bacchus lui demander en songe de suivre la nouvelle Sirène pour des obsèques convenables et que, ayant appris la mort du poète, il interpréta qu’il s’agissait de lui et de ses pièces.

Solent autem orationum uim laudantes cum Sirenum cantibus conferre.31

D'ordinaire, quand on loue la force des discours, on la compare au chant des Sirènes.

Inuenio et μέλιτταν ἀττικήν, hoc est, Atticam apiculam nominatum, deque morte eius tradi, quod Anacreonti Valerius attribuit. 32

Je vois aussi qu’on l’appelle μέλιττα ἀττικὴ, c’est-à-dire l’abeille d’Attique et qu’on raconte de sa mort ce que Valerius attribue à Anacréon.

Et reprehensam quandam in huius scriptis ἀνωμαλίαν, ut λαλιάν in Euripidis.33

Et on reproche à ses œuvres une certaine anomalie comme à celles d’Euripide du bavardage.

His expositis ad interpretationem fabularum accedamus. Inter quas et in hoc opere primas retineat Oedipus Tyrannus.

Après cet exposé, venons-en à la traduction des pièces. Parmi les premières et dans ce volume, commençons par Œdipe Roi.

Cuius argumentum tale est.

En voici l’argument.


1. On doit à Epigène de Sicyone d’avoir osé le premier affronter des sujets non dionysiaques et d’ouvrir donc à la tragédie tout le champ de la mythologie. Cf. Tragoedia dans le Daremberg-Saglio.
2. Hor., P. 274-276.
3. Confusion ou sans doute simple lapsus calami entre Catulle et Tibulle.
4. Tib., El. 2.1.55-56. Le texte habituel donne ab arte au lieu de ab urbe.
5. Plat., Theaet. 152e.
6. Aristt., Poet. 1428b34. Ὥσπερ δὲ καὶ τὰ σπουδαῖα μάλιστα ποιητὴς Ὅμηρος ἦν (μόνος γὰρ οὐχ ὅτι εὖ ἀλλὰ καὶ μιμήσεις δραματικὰς ἐποίησεν), οὕτως καὶ τὸ τῆς κωμῳδίας σχῆμα πρῶτος ὑπέδειξεν, οὐ ψόγον ἀλλὰ τὸ γελοῖον δραματοποιήσας· ὁ γὰρ Μαργίτης ἀνάλογον ἔχει, ὥσπερ Ἰλιὰς καὶ ἡ Ὀδύσσεια πρὸς τὰς τραγῳδίας, [1449a] οὕτω καὶ οὗτος πρὸς τὰς κωμῳδίας.
7. Ath., Deipn. 8.39.
8. Suid., Lexicon 1068. Τρυγῳδία: κωμῳδία· ἤτοι διὰ τὸ τρύγα ἔπαθλον λαμβάνειν, τούτεστι νέον οἶνον· ἢ διὰ τὸ μὴ ὄντων προσωπείων τὴν ἀρχήν
9. Ath., Deipn. 2.11.. ἀφ’ οὗ δὴ καὶ τρυγῳδία τὸ πρῶτον ἐκλήθη ἡ κωμῳδία.
10. Ar., Ach. 628. L’expression est chez Aristophane : ἐξ οὗ γε χοροῖσιν ἐφέστηκεν τρυγικοῖς ὁ διδάσκαλος ἡμῶν. Et la scolie ad loc. propose τρυγικοῖς· κωμικοῖς.
11. Arstt., Poet. 1449b24.. On a là à peu près la traduction de la définition aristotélicienne : Ἔστιν οὖν τραγῳδία μίμησις πράξεως σπουδαίας καὶ τελείας μέγεθος ἐχούσης, ἡδυσμένῳ λόγῳ χωρὶς ἑκάστῳ τῶν εἰδῶν ἐν τοῖς μορίοις, δρώντων καὶ οὐ δι᾽ ἀπαγγελίας, δι᾽ ἐλέου καὶ φόβου περαίνουσα τὴν τῶν τοιούτων παθημάτων κάθαρσιν, « la tragédie est la représentation d’une action sérieuse et achevée, dotée d’une durée, dans un langage agréable et séparé pour chaque partie qui la compose, en action et non en récit, réalisant par la pitié et la terreur la purgation des passions de ce type ».
12. Arstt., Poet. 1450a9. Les six catégories grecques sont listées dans cet ordre chez Aristote. Les équivalences de traduction vers le latin ne sont pas partout évidentes. Notamment ἤθη/ personae (on attendrait mores ‘caractères’, calque sémantique traditionnel), ὄψις/ actio (on attendrait plutôt spectaculum), μελοποιΐα/ modi (on attendrait musica).
13. Arstt., Poet. 1452b14. On ne reconnaît pas complètement la liste et les définitions d’Aristote : Μέρη δὲ τραγῳδίας οἷς μὲν ὡς εἴδεσι δεῖ χρῆσθαι πρότερον εἴπομεν, κατὰ δὲ τὸ ποσὸν καὶ εἰς ἃ διαιρεῖται κεχωρισμένα τάδε ἐστίν, πρόλογος ἐπεισόδιον ἔξοδος χορικόν, καὶ τούτου τὸ μὲν πάροδος τὸ δὲ στάσιμον, κοινὰ μὲν ἁπάντων ταῦτα, ἴδια δὲ τὰ ἀπὸ τῆς σκηνῆς καὶ κομμοί. Ἔστιν δὲ πρόλογος μὲν μέρος ὅλον τραγῳδίας τὸ πρὸ χοροῦ παρόδου, ἐπεισόδιον δὲ μέρος ὅλον τραγῳδίας τὸ μεταξὺ ὅλων χορικῶν μελῶν, ἔξοδος δὲ μέρος ὅλον τραγῳδίας μεθ᾽ ὃ οὐκ ἔστι χοροῦ μέλος· χορικοῦ δὲ πάροδος μὲν ἡ πρώτη λέξις ὅλη χοροῦ, στάσιμον δὲ μέλος χοροῦ τὸ ἄνευ ἀναπαίστου καὶ τροχαίου, κομμὸς δὲ θρῆνος κοινὸς χοροῦ καὶ ἀπὸ σκηνῆς.
14. Evanthius, De fabula 4.5, Il s’agit des notions véhiculées par Evanthius (De fabula), texte qui sert de préface au commentaire térentien de Donat, lequel utilise également les trois notions dans chaque pièce commentée.
15. Luc., J. tr. 1.11. Οὐκ ἔστιν οὐδὲν δεινὸν ὧδ’ εἰπεῖν ἔπος,/ οὐδὲ πάθος οὐδὲ συμφορὰ τραγῳδική,/ ἣν οὐκ ἰαμβείοις ὑπερπαίω δέκα.
16. Eur., Or. 1-3.
17. Erasme, Adagia 1439, .
18. Virg., B. 8.8-9.
19. Hor., P. 79.
20. Erasme, Adagia 94, .
21. Plat., Rsp. 413b4.
22. Ar., Ran. 868-870.
23. Ar., Ran. 830-904.
24. Anth. Gr. « Appendice » 17. Le texte est dans la Vie d’Eschyle avec une variante insignifiante : Αἰσχύλον Εὐφορίωνος Ἀθηναῖον τόδε κεύθει/ μνῆμα καταφθίμενον πυροφόροιο Γέλας/ ἀλκὴν δ’ εὐδόκιμον Μαραθώνιον ἄλσος ἂν εἴποι/ καὶ βαθυχαιτήεις Μῆδος ἐπιστάμενος
25. Eur., Frag. 964. Avec quelques variantes par rapport au texte cité par Camerarius : ἐγὼ δὲ ταῦτα παρὰ σοφοῦ τινος μαθὼν / εἰς φροντίδας νοῦν συμφοράς τ’ ἐβαλλόμην, / φυγάς τ’ ἐμαυτῷ προστιθεὶς πάτρας ἐμῆς / θανάτους τ’ ἀώρους καὶ κακῶν ἄλλας ὁδούς, / ἵν’ εἴ τι πάσχοιμ’ ὧν ἐδόξαζον φρενί, / μή μοι νεῶρες προσπεσὸν μᾶλλον δάκοι.
26. Cic., Tusc. 3.29. Vu les petites nuances, il est possible que Cicéron ait eu sous les yeux un texte légèrement différent.
27. La référence demeure introuvable.
28. La référence demeure introuvable.
29. La référence demeure introuvable.
30. Paus., Description de la Grèce 1.21.1. La Vie de Sophocle raconte ainsi l’épisode : « On raconte que l’on mit une Sirène de bronze (ou une enchanteresse) sur son tombeau. Et comme les Lacédémoniens avaient mis là une fortification pour empêcher les Athéniens, Dionysos apparut en songe à Lysandre et lui demanda de laisser mettre le corps au tombeau. Lysandre n’en tint pas compte et Dionysos lui apparut de nouveau pour lui faire la même demande. Lysandre demanda alors qui était le défunt et apprenant qu’il s’agissait de Sophocle, envoya un héraut pour laisser passer le mort ».
31. La référence demeure introuvable.
32. Val. Max., Dictorum factorumque memorabilium libri 9.12.8. Parmi d’autres hypothèses sur sa mort, Sophocle se serait étouffé avec un grain de raisin : c’est précisément ainsi que serait mort Anacréon.
33. La référence demeure introuvable.